Le peintre Gilbert Conan est né dans le Morbihan mais vit, peint et écrit essentiellement en Normandie. Il a effectué diverses missions dans plusieurs pays, a fréquenté les déserts du Thar, du Sahara et de l’Atacama : déserts qui influencent largement sa peinture. Il peint aussi la Bretagne et le Cotentin. Il a exposé en France, notamment dans le Var, et à l’étranger. Le peintre se double d’un écrivain, dont les réflexions sur sa peinture sont originales et saisissantes.
Au cours de la promenade la lecture devant les tableaux est assurée par Patricia Drouet de la Médiathèque de Coutances et par Gilbert Renouf, écrivain et lecteur émérite, venu spécialement de Toulon. Il est également responsable des éditions Villa-Cisneros et de la revue «La lettre sous le bruit».
Gilbert Conan présente ici ses œuvres récentes. C’est une belle occasion pour ses aficionados de contempler ses nouvelles peintures, et pour les autres de les découvrir. C’est un festival de couleurs, de formes et d’apparitions. On entre dans la fantasmagorie des rêves et des désirs, des appels secrets. Sa peinture force à imaginer, à descendre au fond de soi-même, à communier, voir à communiquer mystérieusement avec le peintre.
Dans cette nouvelle production, Barfleur la charmeuse est très présente dans ses habits de mer, d’ombres et de lumières. On sent, on saisit que c’est là que le peintre est en parfaite osmose avec son environnement.
Dans ses nouvelles œuvres le bleu domine, pas étonnant car on le sait, le bleu, entre autres significations, est synonyme d’évasion, et pour Égyptiens, le bleu était une couleur porte-bonheur liée à l’immortalité et à la vérité. Nous mourons, les œuvres d’art restent.
Gilbert Conan déclare que ses tableaux sont des fenêtres sur la vie. Il tente parfois d’expliquer le cheminement de la fabrique du tableau. On l’a vu, en certaines occasions, partir d’une toile vierge et peindre un tableau devant le public, dans un temps donné, sur une musique choisie.
Refusant l’antagonisme figuratio-abstraction il déclare que c’est le même combat. Il faut au peintre des pigments, de l’huile de lin et du temps pour faire sortir quelque chose de soi, qu’on ne s’attendait pas à y trouver.
Dans le cadre de l’exposition deux déambulations étaient prévues devant quelques œuvres au cours desquelles le peintre faisait part, à un public sous le charme, de ses réflexions sur son œuvre, réflexions techniques, métaphysiques, philosophiques, voire eschatologiques, ou tout simplement empreintes d’humour, insistant sur l’influence du désert dans sa peinture qui oscille entre le rien et le vide. Il dévoila aussi quelques secrets du métier.
Ponctuant les arrêts devant les tableaux, Gilbert Renouf et Patricia Drouet lisaient à tour de rôle des extraits de différents livres du peintre, extraits qui étaient en parfait écho au tableau et au discours de l’artiste. Les deux lecteurs s’emparaient d’un tableau, y faisant résonner leur voix et la charge des mots, nous plaçant nous, regardeur auditeur, au cœur de l’œuvre.
Au passage, notons quelques réflexions du peintre : Comment peindre la tempête intérieure qui n’a plus de sens ? – Que se passe-t-il quand la lumière vient ou disparaît ; comment saisir l’instant ? – Essayer de trouver par la peinture s’il existe toujours des chemins possibles. (Le chemin est une métaphore récurrente dans son œuvre.)
Je ne résiste pas au désir de citer quelques lignes de la Non-Préface de Gilbert Renouf au livre «Parcelles», du peintre, car elles réunissent les trois faces de l’artiste, à savoir, l’homme, le peintre et l’écrivain : «Gilbert Conan est un enfant de l’océan, des côtes hachées et du désert. Des uns aux autres, cela ouvre pas mal de voies. L’océan en se retirant encre le sable de paysages et de visages. Il n’est pas certain d’ailleurs que l’auteur veuille vraiment les sauver de la marée suivante. Et pourtant. Il sait en tout cas que lorsque la mer reviendra, ce ne seront plus les mêmes paysages, et les visages peut-être regarderont ailleurs, et les oiseaux finiront les cadavres.»
Pour Gilbert Conan peinture et écriture sont inséparables, tant l’une influence l’autre qui inspire l’une. « Mes réalisations, c’est de l’écriture picturale qui pousse à la réflexion dans les couleurs. »
Serge Baudot (Correspondant en Normandie)
Les textes lus étaient extraits des ouvrages suivants : « Ombres et Lumière » (Gilbert Conan – éditions La feuille de thé) – « Parcelles » (Gilbert Conan) – « Fenêtres dans l’atelier » (Gilbert Conan – Gilbert Renouf) – « Venant de la nuit » (Gilbert Renouf) – tous trois aux éditions Villa-Cisneros.
Exposition :
Cour du château – Salle du Chartier
samedi et lundi 10h30 -13h / 15h – 18.30 – Du mardi au dimanche : 15h – 18h30