Porquerolles – Retour à la Fondation Carmignac

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Revenir chaque année à la Fondation créée par Edouard et Charles Carmignac est un éternel enchantement.
Dès que l’on quitte la Tour Fondue en bateau, tous les sens sont en éveil, des senteurs d’iode aux plantes de Provence, des bleus et verts multiples du ciel, de la mer, aux paysages, du silence qui s’installe (un peu moins l’été !). Se balader dans le parc où se lovent des œuvres monumentales au milieu des paysages somptueux est un émerveillement.
En cette quatrième année d’exposition, le thème choisi est «La mer imaginaire». Une mer dans tous ses états entre photos, sculptures, tableaux, installations, où se mêlent l’art et la science, le naturel et le surnaturel, la beauté et l’humour, le mystère et l’onirisme…
Cette thématique autour de la mer a été conçue par Chris Sharp que Charles Carmignac a nommé commissaire de l’xposition. Artiste, écrivain américain vivant à Mexico, il a monté de grandes expositions de par le monde et chez nous, notamment à Marseille et à Monaco.
Il nous a confié vouloir nous présenter la mer sous diverses formes, la mer rêvée, la mer inspirée, la mer en danger, la mer du dessus et du dessous, la mer fantasmée en en montrant toutes les interactions avec la nature, l’art et la science.
Pour cela, il nous propose une exposition éclectique faite de poésie, de beauté, d’humour, de clins d’œil, de réflexion, où l’humain, l’animal, le végétal ne font qu’un, le monde d’hier et d’aujourd’hui se rejoignent.

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Notre première étape se situe au fort Ste Agathe, l’un des onze forts de l’île, où s’est installé Nicolas Floc’h avec ses photographies en noir et blanc qui nous racontent les fonds marins, monde qui le fascine depuis sa plus tendre enfance où il photographie en apnée, sans flash. Exposition peut-être plus scientifique qu’artistique qu’il nous raconte avec passion, ayant plongé partout dans le monde, de la Bretagne au Japon, des Calanques à la Sicile, entre mers, océans et estuaires.
Il a bien sûr choisi ici la Méditerranée et nous la raconte avec un talent et une science extraordinaires. Il est intarissable !
Ces photos s’imbriquent avec bonheur dans ce fort du XVIIème siècle.
Il nous explique comment et pourquoi les paysages sous-marins ont été modifiés par la pollution, les changements climatiques et préfigurent les paysages du futur.
Par contre, alors qu’on pouvait s’attendre à de la couleur, toutes ses photos sont en noir et blanc et il s’en explique et il y a plusieurs raisons à cela : Tout d’abord c’est pour faire référence aux origines de de la photographie et pour rendre hommage à ses pionniers. C’est en fait pour entrer en résonance avec les anciennes photos qui ont stimulé notre imaginaire. Parce qu’aussi, il a rarement été pris en compte la photographie des fonds marins durant longtemps.

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Et puis, notre visite nous emmène à la Fondation Carmignac  veillée par l’Alycaste, monumentale sculpture de Miquel Barcelo, représentant le dragon légendaire de Porquerolles.
Il faut savoir que, afin de respecter la nature de l’île, la villa a été construite sous terre. La tradition veut qu’avant d’y entrer, on se déchausse pour ne faire qu’un avec celle-ci… Et avec Chris Sharp et Charles Carmignac, nous descendons dans  ses abîmes  où nous attend une exposition à la croisée de l’art et de la science.

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Charles Carmignac & Chris Sharp

On y retrouve l’impressionnante fontaine aux poissons de Bruce Nauman, dont on ne sait si ceux-ci nagent ou volent !
Et puis l’on découvre un gigantesque squelette de baleine qui vogue sur une mer de sel, signé Bianca Bondi Lui faisant face, il faut lever les yeux pour découvrir une nuée multicolore de méduses signée Micha Laury, comme autant de parachute en suspension. Impressionnant.
L’artiste nous explique que la méduse est en quelque sorte le symbole de  la naissance de la vie sur terre, sorte de baromètre et de lanceur d’alarme car à cause du réchauffement climatique elle est de plus en plus prolifique et va rapidement coloniser les mers au fil des années, si l’on n’y prend pas garde.

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A noter encore deux œuvres originales et drôles : un homard en équilibre entre une chaise et une poubelle, signée Jeff Koons et un dauphin installé sur un bac d’école signé Cosima von Bonin. C’est rigolo mais semble-t-il symbolique. Le problème étant qu’il faut le monde d’emploi pour en comprendre le symbole !

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Un regret : qu’il n’y ait pas plus d’œuvres picturales au profit d’installations.
Enfin, dernière étape : une entrée dans une mystérieuse grotte sous-marine, à la fois impressionnante, quelque peu angoissante mais on y découvre la lumière tout au fond avec une œuvre fantasmagorique
Par contre, le chemin est difficile, marchant sur des pierres alors qu’on est nu pieds ! Un chemin de croix en quelque sorte avant de trouver la lumière !

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Ce fut encore un beau voyage, un fantastique voyage dans les profondeurs marines qui, durant ces quelques heures, nous a fait quitter la terre pour rêver mais aussi nous donner à penser qu’il est grand temps de prendre soin de la mer avant qu’il ne soit trop tard.

Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta
Exposition du 20 mai au 17 octobre
reservation@villacarmignac.com