Il était une fois un petit garçon de quatre ans, prénommé Yves, dont le père était passionné de cirque. De cirques, devrais-je dire car il partait avec son fils, un peu partout où s’installait un cirque. Et le petit Yves suivait avec joie ce père vagabond qui lui faisait découvrir des merveilles.
C’est ainsi que des noms comme Bouglione, Jean Richard, Pinder, Rancy, Amar, Gruss et bien d’autres faisaient partie de la magie de son quotidien.
Hélas, à onze ans, le rêve s’effondre avec la disparition de ce père original, lui laissant dans une malle un trésor d’affiches, de programmes, de diapositives et jusqu’à deux maquettes qu’il avait réalisées.
Cette malle, était restée dans un coin de la maison. Durant le Covid et tournant en rond, Yves Lambert l’ouvre enfin et redécouvre tout un pan de son enfance qui remonte à la surface.
Yves est aujourd’hui journaliste et animateur de radio et il décide de dédier un blog sur Internet à ce père regretté.
Il se trouve qu’au milieu de ce trésor, il découvre trois cassettes audio que son père a enregistrées en allant voir le cirque Jean Richard. Il se pose alors la question : «Que deviendra tout ça lorsque je disparaîtrai ?» Et là, lui vient l’idée de réaliser une émission puis de faire un livre. Pour cela il va restaurer les deux cirques construits par son père, développer les diapos qu’il a réalisées tout au long de ses pérégrinations… Mais un album photo, qui cela peut-il intéresser ? Sans compter les «anti» qui aujourd’hui veulent écarter tous les animaux des cirques !
Alors, il commence à rechercher des témoins de cette époque et le premier contact qu’il retrouve est Jean Arnaud qui fut commercial au cirque Pinder durant trente ans. Ce sera sa première interview. Grâce à lui, il prend contact avec Carmino d’Angelo qui fut le chef de l’orchestre du même cirque. De fil en anguille, de contact en contact, il rencontre ainsi directeurs de cirques, dresseurs, techniciens, caissières, comptables, artistes de tous bords et même le Monsieur Loyal du cirque Amar, Stephan Gistau.
A droite Alexis Gruss au cirque Jean Richard (1975) –
Achille Zavatta au cirque Pinder-Jean Richard (1974)
C’est ainsi qu’il collecte un grand nombre de témoignages et qu’avec tout ça, il est prêt à écrire ce livre en hommage à la fois au cirque et à son père.
Et le voilà, ce livre, intitulé «En toute circonscience» (Ed Domino), qui sortira le 18 avril, livre qui permettra à toutes générations confondues, de connaître ou de revivre ce que furent ces années magnifiques de cet art à la fois difficile et superbe. Ce temps où les cirques faisaient florès et attiraient des foules innombrables. Il nous entraîne aussi dans les coulisses qui sont le cœur battant d’un cirque, là où tout se joue, tout se prépare.
Mais cela ne s’arrête pas là car, s’il évoque le côté magique et romantique, il parle aussi de côté philosophique, sans compter qu’il raconte aussi l’histoire de son enfance qu’il a retrouvée en ouvrant cette malle, sorte de boîte de Pandore.
Il veut aussi sensibiliser les gens qui pensent que dans un cirque, les animaux sont maltraités, ce qui est loin d’être le cas.
«Avant de juger, il faut connaître, il faut comprendre» me dit-il.
Pour cela, il contacte Jean Arnaud avec qui les échanges commencent, qui va le faire entrer dans le monde circassien. Puis, par l’intermédiaire de Dominique Bragard, auteure du livre « Le cirque et Monsieur Loyal Stephan Gistau », il rencontre Jacques Bruyas, auteur, président des écrivains de la région Rhône-Alpes/Auvergne et défenseur des arts du cirque, qui lui raconte sa passion des animaux.
Stéphane Gistau, qui fut un grand Monsieur Loyal, explique les rituels du cirque, les symboliques de cet art en fait peu connus en dehors des spectacles.
C’est un livre-album magnifique illustré de 250 clichés inédits, signés de son père pour la plupart, ce père qui est en fait le fil rouge de cette histoire émaillée de souvenirs d’enfance et de nombreux témoignages de ceux qui ont contribué à faire du cirque un art total et unique.
Les anciens y retrouveront aussi des tas de souvenirs où, inconfortablement assis sur des planches, ils découvraient la folie des clowns, la force et l’élégance des circassiens, le courage des dresseurs d’animaux, la folie de cette musique reconnaissable entre toutes et le panache de Monsieur Loyal.
Le 18 avril, on fêtera le centenaire de Jean Richard et le 26 juin, sera inaugurée l’école communale de la forêt qui portera son nom à Ermenonville dans l’Oise où celui-ci avait créé un parc plein d’animaux. Évidemment qu’Yves ne manquera pas cet événement !
En attendant, plongez-vous dans l’histoire du cirque avec ce petit garçon de quatre ans qui découvrait avec émerveillement, grâce à son père, un des arts les plus difficiles et les plus populaires du monde.
Jacques Brachet