Robert HOSSEIN
Un de nos derniers monstres sacrés

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Décidément, cette année n’aura pas épargné nos artistes en fin d’année.
Sans spectacles passés et à venir, sans rencontres, on fait des nécrologies à n’en plus finir.
Le dernier en date est Robert Hossein.
Je ne l’ai rencontré qu’une seule fois dans ma carrière et au départ, ce n’était pas en tant que journaliste.
J’étais alors responsable du festival du premier film de la Ciotat et chaque année, nous rendions hommage à un grand : Claude Lelouch, Annie Cordy, Françoise Fabian, Vladimir Cosma, Claude Pinoteau…
Et j’avais demandé à Robert Hossein de venir pour rendre hommage à une carrière exceptionnelle, tant au théâtre qu’au cinéma, tant en tant que comédien que réalisateur. Hommage qu’il refusa.

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Lorsque je le joignis au téléphone, il me dit qu’il n’était pas très friand de ce genre d’honneur car cela prouvait qu’il avait un certain âge et pas loin de disparaître !
Il me le dit avec drôlerie et gentillesse mais, comme chaque année, nous rendions aussi hommage à un musicien et compositeur qui avait écrit des musiques de films, il se trouve que sortait alors un CD regroupant les musiques de films de son père, André Hossein, grand musicien et compositeur natif d’Iran.
Il avait signé entre autres, les musiques de «Le chant du monde», «J’ai tué Raspoutine», «Un été 42» et des films de son réalisateur de fils «Toi le venin»,  «La mort d’un tueur», «Les misérables», «Point de chute» avec Johnny Hallyday.
Et Robert venait de réenregistrer une musique de son père pour son spectacle théâtral titanesque «Ben Hur».
Et c’est par là que j’ai pu le convaincre en lui demandant de venir recevoir le trophée posthume pour son père.
Et là, il me dit aussitôt oui et fit mieux en m’envoyant l’enregistrement de la symphonie qu’il utilisa pour «Ben Hur» et qui n’était pas sortie !
Il arriva donc en toute simplicité à la Ciotat, me remerciant chaleureusement de cet hommage à son père que personne alors ne lui avait rendu. Il fut d’une gentillesse extrême et chaque fois qu’on lui proposait quelque chose, ou qu’il désirait quelque chose, il était très gêné, ne voulant pas nous importuner.

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Le soir où l’on rendit hommage à son père et où nous passâmes donc ses musiques, il ne put se retenir de verser une larme et ce fut un moment très émouvant.
Il était heureux de se trouver parmi nous, de retrouver des amis communs que j’avais aussi invités, Macha Méril et Laurent Malet et ce fut une magnifique soirée où l’on découvrait un homme tout aussi magnifique.
Il repartit deux jours après avec le trophée de son père et, dès son arrivée à Paris, il fit parvenir à mon épouse un énorme bouquet pour nous remercier de l’accueil que nous lui avions fait.
Ce fut un joli moment, une belle rencontre et le regret de n’avoir pu mieux le connaître.

Jacques Brachet