70 ans après, on a fêté le débarquement des troupes alliées en Normandie. Pompes, chefs d’états, spectacle, illuminations, feux d’artifice… La France a, comme on dit « mis le paquet », tout comme les télévisions qui ont multiplié reportages, hommages, évocations, direct… Et ce n’est que justice.
Mais pourtant, à des milliers de kilomètres du débarquement, il s’en préparait un second, en Provence, qui aurait lieu le 15 août 1944. Et celui-ci, il a toujours été à l’ombre du premier et pourtant…
Pourtant, des milliers de soldats français, algériens, marocains, africains sont tombés pour libérer cette partie de la France et chasser les Allemands de la région et de France. Et on n’en parle peu.
Si nombre de films ont vu le jour au cours de ces 70 années sur le premier, aucun film n’avait jusqu’alors évoqué ce second événement.
Voilà qui est fait grâce à France 3 PACA qui a proposé à notre beau méridional qu’est Christian Philibert (Les quatre saisons d’Espigoule, Afrikaïoli) d’évoquer ce débarquement. Ce qu’il a fait en compagnie de Laurent Moënard, journaliste, historien et scénariste, en imbriquant des images d’archives émaillées de témoignages de ces vétérans qui, aujourd’hui, ne sont plus qu’une poignée de ces acteurs libérateurs, avec en voix off, celle de Charles Berling.
Il était donc tout naturel que la première de ce film de 52 minutes qui passera le 14 juin sur France 3 et le A6 juin dans l’émission « La case de l’oncle doc » et sortira en DVD, se fasse au Théâtre Liberté que dirigent Philippe et Charles Berling. Charles qui n’était pas là, retenu par son travail.
« Provence, 15 août 1944, l’autre débarquement » est le premier hommage à tous ces soldats venus du pourtour de la Méditerranée et un témoignage de ce qu’endurèrent toutes ces villes varoises lors de ces années sanglantes. On se laisse totalement emporter par le film, les histoires dans l’Histoire, c’est un très beau film, superbement émouvant, que nous offre l’ami Christian Philibert, lui qui a pour habitude de nous faire rire.
Mais le moment le plus émouvant fut certainement lorsque, après que le film nous ait cueilli et laissés dans un grand état de bouleversement, de voir monter sur scène trois héros de cet instant crucial de notre Histoire : Juliette Giraudy, résistante de la première heure, le lieutenant-colonel Jean-PierreSorensen, l’amiral Jean-Paul Turc, qui, lui, a vécu les deux débarquements, entourant l’équipe du film, Marc Ripoll et l’équipe de France 3 et l’historien Jean-Marie Guillou, fil rouge de ce film.
Une ovation leur fut rendue à juste titre car de sont des personnes de courage, de passion, qui ont risqué leur vie pour une France libre. Ce fut un immense moment d’émotion.
Christian Philibert nous avoue que, lorsqu’on lui a proposé ce travail, il l’a pris comme un film de commande, que tout en ayant entendu parler de l’événement, il n’en connaissait pas le quart et que, pris au jeu, c’est devenu pour lui un film passion.
Et on le comprend lorsqu’on le visionne et on le remercie, ainsi que tous ceux qui ont participé à cette oeuvre, d’avoir quelque peu rétabli l’équilibre par rapport au débarquement en Normandie qui, évidemment, n’en reste pas moins un événement majeur de notre Histoire.
On laissera le dernier mot à Juliette Giraudy, cette résistante magnifique, au bel accent qui ne s’en laisse pas compter, qui voudrait que, grâce à ce film, la jeunesse d’aujourd’hui sache et n’oublie pas.
Car c’est grâce à de telles belles personnes que nous sommes là aujourd’hui.
Hubert Falco, maire de Toulon, évoqua ce film qu’il trouve admirable et met enfin en lumière cet événement qui marqua le Var et la Provence, rendant hommage à tous ces étrangers » qui ont rallié l’armée française, qu’il nomme « les soldats de le liberté. Il précisa d’ailleurs que le 15 août à Toulon aurait lieu la revue navale, en présence du Président de la République et de nombreuses personnalités, pour rendre hommage à ceux qui défendirent la paix, la dignité, le respect, la tolérance. Un film qui -dit-il – participe pleinement à la mémoire de notre pays.
Un film pour ne pas oublier.
Jacques Brachet