A l’instar de Marcel Pagnol, Jean Giono est un écrivain prolixe qui a su porter la Provence au sommet, qui en a chanté la beauté, la force, la rudesse.
Né à Manosque en 1895, il y est toujours revenu «plein d’usage et raison», totalement enraciné dans sa ville natale, Manosque, où il s’est éteint en 1970.
Il a su peindre magnifiquement le monde paysan provençal et ses romans au souffle romanesque, sont souvent inspirés de la tragédie grecque.
C’est adolescent qu’il commence à écrire des poèmes, des nouvelles, qu’il fait alors lire à Elise, jeune professeure à Manosque. C’est elle qui le pousse à continuer dans cette voie. C’est d’ailleurs elle qu’il épousera après la première guerre, en 1920
Cette guerre, il la fera contre sa volonté car il est un grand pacifiste. Il en reviendra traumatisé mais heureux – écrit-il – de n’avoir tué personne.
Il devient donc un écrivain engagé et subira évidemment la seconde guerre, où il sera accusé de «collabo». Ce qui, roman après roman, ne l’empêchera pas d’avoir tous les honneurs dont la légion d’honneur en 1932, de nombreux prix pour des romans comme «Regain», «Colline», «Le hussard sur le toit».
Il sera élu à l’Académie Goncourt en 1954, nommé président du jury du Festival de Cannes en 1961. Car entretemps, le cinéma s’est emparé de ses œuvres. Entre autres son confrère provençal, Marcel Pagnol, qui en a tiré les scénarios de «Regain», «Joffroy», «Angèle», «La femme du boulanger», tous ces films faisant la part belle à des comédiens provençaux dont les plus célèbres sont Raimu, Fernandel, Charpin.
Mais il n’est pas que Pagnol qui s’intéresse à ses œuvres. Marcel Camus tournera «Le chant du monde» avec Hardy Kruger, Charles Vanel, Catherine Deneuve et Ginette Leclec, la fameuse femme du boulanger. Jean-Paul Rappeneau nous offrira un flamboyant «Hussard sur le toit» avec Olivier Martinez, Juliette Binoche, François Cluzet et même Raoul Ruiz qui tournera «Les âmes fortes» avec Laetitia Casta, Arielle Dombasle, Frédéric Difenthal, Charles Berling, John Malkovitc, présenté à Cannes en 2001.. Henry Villiers tournera «L’eau vive» dont le scénario est signé Jean Giono, qui révèlera la comédienne Pascale Audret, sœur d’Hugues Aufray, disparue trop tôt, et Guy Béart dont la chanson éponyme deviendra un grand succès. Giono signera également le scénario du film de François Leterrier «Un roi sans divertissement» avec Charles Vanel et Colette Renard. Il réalisera «Crésus », aidé par Claude Pinoteau et Costa Gavras
A propos du cinéma, Giono avouait que si la rencontre avec Pagnol était inévitable, aboutissant à la réalisation des quatre films cités, les rencontres furent orageuses, leur vision de la Provence n’étant pas vraiment la même et il ne se reconnaissait pas dans les films à succès du réalisateur et ce qu’il appelait «son petit théâtre». Il aurait préféré un cinéma plus ample, plus lyrique, plus subjectif, à l’opposé du naturalisme théâtral de Pagnol, écrit Jacques Mény
En 87, on découvrait au Festival de Cannes, un magnifique film d’animation tiré de son œuvre «L’homme qui plantait des arbres» signé Frédéric Back et dont on reconnait la voix de Philippe Noiret.
Pourtant, s’il fut à la fois écrivain, scénariste, réalisateur et même producteur à ses heures, il précisait que, s’il aimait le cinéma, ce n’était pour lui qu’une récréation qui lui apportait le mouvement et les paysages que la lecture n’apportait pas. Ça restera pour lui, à la fois «un amusement et une frustration d’écrivain qui s’est presque toujours senti trahi par les réalisateurs»
Dès 1929, il achètera à Manosque «sa maison» qu’il nommera le Paraïs, qui deviendra son refuge et où il écrira la majorité de ses œuvres. A sa mort, sa fille et sa femme créeront l’association des amis de Jean Giono et sa maison en deviendra le siège.
Le grand prix Jean-Giono, créé en 1990 par la femme et la fille de l’écrivain à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort, est un prix littéraire qui distingue chaque année l’ensemble de l’œuvre d’un auteur de langue française qui a défendu la cause du roman ; le prix du jury distingue quant à lui un roman en particulier. Ces prix sont hébergés par la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent.
Parmi les lauréats ayant obtenu ce prix : François Nourissier, Félicien Marceau, Michel Déon, Jean d’Ormesson, Jean-Marie le Clezio, Jean Raspail, Amélie Nothomb, Jean-Luc Coatalem…
A noter que l’équipe des «Notes de lectures» d’Evasion Mag a l’honneur et le privilège de faire partie chaque année du jury.
Aujourd’hui cette association est très active puisqu’elle propose des stages «Patrimoine et littérature» qui nous proposent la découverte du patrimoine de la Haute Provence à travers l’œuvre de Giono, avec des randonnées, des rencontres avec des écrivains, avec des témoins, héla de moins en moins nombreux, qui ont connu l’auteur.
Sont également proposés des ateliers d’écriture et de calligraphie, art qu’appréciait particulièrement Giono. Il employait d’ailleurs indifféremment les mots «écriture» ou «calligraphie» pour évoquer son geste d’écrivain. Geste qui lui procurait d’immenses plaisirs car il avait découvert que l’écriture pouvait être un dessin. Elle ajoutait chez lui un pouvoir de fascination, de volupté pour ce qu’il appelait «une jonglerie».
«Je n’écrivais pas bien – disait-il – j’écrivais beau. Qu’on me passe le mot, il peut paraître fat, j’entends dire tout simplement que les lignes de mon écriture me donnent un plaisir esthétique après m’avoir donné une joie d’exécution»
Au cours d’une ballade, on part sur les traces d’Angelo Pardi, le héros du «Hussard sur le toit», jeune colonel de hussards piémontais qui se réfugie en France suite à un duel politique lors de la lutte du Piémont contre la domination autrichienne qui, pour se cacher, se réfugiera de temps en temps sur les toits de Manosque.
Ces balades nous font découvrir des paysages, des lieux dits, des hameaux aux noms fleurant bon la Provence : St Martin des Eaux, Dauban, Vachères, le pont du Largue, le col de Montfuron, le col de l’homme mort, les gorges de la Méouge, Forcalquier….
Sur les pas de Giono, c’est retrouver la Provence, la vraie, la terre âpre mais oh combien belle et si magnifiquement décrite par l’auteur.
Jacques Brachet
CHATEAUVALLON – Ollioules – HOMMAGE à GIONO
Mercredi 1er juillet 19h – Soirée Jean Giono
Giono méditerranéen / Jacques Meny (Conférence)
Claire Chazal et Charles Berling lisent Jean Giono (Lecture)
Crésus de Jean Giono (Cinéma)