Les Seynois connaissent la Maison Blanche, qui fut, depuis le siècle dernier, l’un des hauts lieux où se retrouvaient les gens de la haute bourgeoisie côtoyant des artistes comme George Sand, Ralph Barton, ami de Charlie Chaplin, Germaine Taillefer, musicienne et compositrice et bien d’autres dont Jean Cocteau qui y peint une superbe fresque sur un mur entier.
Elle y vit défiler quelques propriétaires avant d’être scindée en deux : La Villa Blanche et la Villa des Terrasses. La fresque de Cocteau n’y restant pas longtemps, le propriétaire d’alors ayant la judicieuse idée, de repeindre par-dessus !
Ainsi de propriétaire en propriétaire, un jour Isabelle et Jean-Paul Barry de passage dans la région, eurent un énorme coup de cœur pour les Terrasses, et décidèrent de l’acheter.
Après avoir été une maison de convalescence, elle était mal en point mais, avec acharnement, avec passion, avec leurs trois enfants, ils décidèrent d’en faire des chambres d’hôtes d’exception.
A cinq, durant deux ans, ils devinent maçons, architectes, électriciens, plombiers, sans jamais avoir une fois recours à des artisans. Travail de Titans pour cinq fous qui firent tomber les cloisons, qui refirent charpentes, sols en dalles et même créèrent la piscine en récupérant le bassin historique d’alimentation d’eau potable de la villa. La façade étant intouchable, elle n’eut droit qu’à un coup de neuf mais elle est tellement belle qu’il n’y avait rien à changer. Les jardins furent revus et corrigés, le petit banc de coquillages sur lequel George Sans venir y méditer et écrire, resta à sa place, tout comme cette allée d’oliviers plus que centenaires qui continuent à vous accueillir, comme une haie d’honneur, dans cette sublime demeure restaurée, comprenant cinq chambres, deux appartements devenus chambres d’hôtes où le petit déjeuner et les repas sont concoctés et servis par Jean-Paul Barry.
L’histoire de ce couple est passionnante, lui venant de Marseille, exactement de l’Estaque, elle de Senlis en Anjou, s’étant rencontrés à Paris et ayant fait des enfants dans trois lieux différents.
Car le moins qu’on puisse dire est qu’ils ont la bougeotte !
A 18 ans, après son bac, Jean-Paul partit sac au dos visiter le Pérou et la Bolivie. Revenu plein d’usage et raison, il se remit aux études et obtint un bac +6 IAE à Aix-en-Provence, deux maîtrises et un doctorat d’économie. Avec un tel bagage il obtint vite un poste important dans un grand groupe de distribution… sans jamais continuer à voyager à travers le monde.
Isabelle, elle, après un BTS tourisme et la maîtrise de trois langues, l’Anglais, l’Allemand, l’Italien, s’oriente, avec Américan Express dans la formation, à Paris, où elle rencontre son homme.
Ensemble ils ne resteront jamais vraiment sur un lieu, Ils changeront de villes, d’où les naissances dispersées et surtout ils continueront à voyager.
Ils achèteront à Tourves un ancien moulin à papier du XIIIème siècle où ils animeront des séminaires avant de le revendre à Amma Amritanandamayi, cette magnifique figure humanitaire qui embrasse tous ces gens qui viennent se prosterner à ses pieds.
Avant-dernier ancrage, Bras, où ils achèteront « La Solaire » une bâtisse du XVIème siècle, ebn vente aujourd’hui.
Enfin, les voilà par hasard – si l’on y croit – à la Seyne sur Mer, où, sans avoir visité l’intérieur, ils tombent amoureux de la bâtisse avec lever et coucher de soleil sur la mer. Et ils en feront, ce qu’il est devenu aujourd’hui et depuis trois ans : un havre de paix.
Autre hasard : ils découvrent qu’un ancien maire de la Seyne se nommait… Antoine-Léonard… Barry, nommé sous Napoléon III. Il ne le fut que de 1852 à… 1853 ! Mais il le fut et surtout, il se trouve que c’est son aïeul !
Après que tous les travaux furent terminés, ils en firent aussi la décoration avec un goût extrême, mêlant meubles anciens chinés chez les antiquaires et objet, sculptures et mobilier ramenés de tous les pays traversés jusque chez les tribus Massaï. Ils en ont fait un lieu enchanteur où l’on voit la mer de tous côtés, dont ils sont l’âme, et y reçoivent des gens de tous les pays venus y trouver un cadre de silence, de beauté et d’intimité.
Et encore et toujours le hasard : Leurs murs blancs ne semblaient attendre qu’un artiste vienne y trouver sa place. Et c’est là que ce virus, pour une fois, ne fut pas négatif.
Une artiste de la Seyne, de qui nous vous avons déjà parlé, Christiane Broussard, fut, durant le confinement, quelque peu désœuvrée, et, devant annuler, comme tous les artistes, les expositions à venir, elle décida de créer un blog pour y présenter ses œuvres.
Ce qui devait arriver arriva : nos amis Isabelle et Jean-Paul Barry y tombèrent dessus et aimèrent aussitôt son travail qui s’adaptait on ne peut mieux à ce lieu, puisque Christiane étant seynoise, peint de nombreux paysages de mer de la région. On y retrouve entre autre les fameux deux frères que l’on peut voir de la fenêtre des chambres de la villa.
Aujourd’hui, notre amie y a installé ses belles œuvres qui sont un véritable écrin et donnent une dernière touche d’intimité et de beauté.
On y découvre également une œuvre signée Constant, qui n’est autre que le père de Christiane à qui elle rend hommage.
D’ailleurs son rêve serait de proposer une exposition des œuvres d’elle et de son père.
En attendant, la voilà bien accrochée dans ce lieu qui lui va comme un gant et qui apporte la touche qui lui manquait, dans ce lieu empreint de beauté et de sérénité.
Jacques Brachet
Villa les Terrasses – 1461, chemin de Goran – Corniche Bonaparte – 83500 – Tamaris-La Seyne
www.villa-les-terrasses.com – villa.les.terrasses.provence@gmail.com – 04 94 30 07 33
Christiane Broussard : 06 11 76 43 88 – www.lagaleriedecri.com