Louis-Alexandre Clément de la Compagnie Professionnelle «Les sacrifiés du Dernier Monde», est invité par l’association «La joie par les Arts» à donner une conférence sur «Le Grand Shakespeare».
Mais il y a un hic : le comédien, tout en l’admirant, le déteste, le jalouse car il sait pertinemment qu’il ne sera jamais à la hauteur de ce grand dramaturge… qu’il ne sera jamais Shakes… nom qu’il ne peut prononcer en entier. Alors il le vilipende, il le critique, il le nomme le boulet gothique, le demeuré du théâtre qui écrit sous lui.
Bref, la conférence monte d’un ton au fur et à mesure jusqu’à tourner au règlement de compte.
La pièce s’intitule : «Merde à Shakespeare»
Derrière Louis-Alexandre Clément, ne se cache même pas Xavier-Adrien Laurent, dit XAL, comédien fougueux et haut en couleur qui nous entraîne dans le monde du théâtre, un monde difficile, surtout pour ceux qui ne réussissent pas mais qui reste le plus beau métier du monde. Soliloque est signé Henri-Frédéric Blanc et superbement mis en scène par Olivier Pauls , plein de trouvailles dans le décors de Fred Bothorel et superbement interprété par un Xal au mieux de sa forme pour ce nouveau spectacle qu’il est venu présenter à l’Espace Comédia à Toulon, qui est un peu son fief, puisqu’il fit partie de la compagnie d’André Neyton, maître des lieux.
Si le spectacle débute en demi-teinte, très vite il enfle, au fur et à mesure que l’acteur n’énerve sur celui qu’il ne sera jamais, sur le théâtre, sur la vie d’un artiste, les rêves de gloire. Cette crise qui, une fois atteint son paroxysme, se dégonfle pour laisser place avec une belle émotion sur une réflexion sur l’état de comédien que nous propose Xal avec maestria.
En fait, la question est : être ou ne pas être… Comédien !
Xal, je le suis depuis les débuts de sa carrière et d’année en année, il s’affirme comme un grand comédien, par son talent et sa démesure. Et là, il atteint encore un palier avec ce spectacle seul en scène où il excelle.
Heureux de le retrouver nous parlons bien sûr de ce tout nouveau spectacle :
«Henri-Frédéric Blanc, qui est romancier et auteur de nombreuses pièces, qui a créé avec Gilles Ascaride, le Mouvement Littéraire Overlittérature m’avait approché lors de mon spectacle «Xavon de Marseille» qu’il avait aimée. Il avait cette pièce sous le coude mais en préparait une autre, «Zoé» et m’a demandé si je ne voulais pas monter «Merde à Shakespeare», ce qu’il appelle une conférence-bouffe. Ce monologue m’a séduit, d’autant qu’il formait en fait une sorte de trilogie avec mes deux autres spectacles, «Textuellement transmissible» et «Xavon de Marseille» qui parle, chacune d’elle d’un loser magnifique. Là, c’est un comédien qui n’arrive pas à exister car il est écrasé par Shakespeare, emprisonné dans cet objet théâtral. C’était intéressant à interpréter. Donc j’ai accepté et j’ai demandé à Olivier Pauls de me mettre en scène.
Tu viens de la créer. Vas-tu tourner avec ?
Peut-être pas tout de suite à part quelques dates par-ci, par-là, Mais je la jouerai au Théâtre Toursky à Marseille le 25 janvier. Car je vrais créer une autre pièce «Poésie et punch line», que j’ai écrite et dont je devrais faire une lecture en septembre à Marseille.
C’est quoi ?
C’est une poésie gesticulée où il devrait y avoir 5% d’impro. Mais en septembre, il pourrait y en avoir 40% ! Elle a failli s’appeler «Poésie à poil»… Mais ça a changé en cours de route !
Mais avant ?
Je vais «monter» à Paris car j’ai quelques rendez-vous pour pouvoir y jouer ma trilogie. Je vais donc m’y atteler. Je dois construire ma propagande parisienne !
Mais entretemps, j’écris aussi un solo pour Hervé Masquelier. C’est un grand comédien qui a une imposante carrière au théâtre, au cinéma, à la télévision (Plus belle la vie) il fut directeur du Théâtre de Charenton durant 13 ans et a une carrière impressionnante. Il m’a demandé de lui écrire un spectacle solo.
Enfin, durant une semaine, en février, je serai en résidence au Liberté à Toulon avec la compagnie Théâtre de l’Exploitation et le comédien et metteur en scène Jesshuan Diné. Nous allons travailler sur une pièce de Thomas Bernard».
Nous suivrons comme toujours les pérégrinations de ce comédien original et talentueux et luis souhaitons bonne chance à Paris.
Jacques Brachet