L’été musical a été, comme chaque année, très chargé dans notre région varoise, nous vous nous en avons offert quelques reportages et interviewes. Mais si la variété a été à l’honneur avec la venue de nombreux chanteurs, la musique classique est souvent un peu oubliée.
Heureusement, nous avons une lyonnaise qui la met en lumière en nous offrant chaque année depuis cinq ans à Sanary, un festival intitulé «Sanary en musique». Il s’agit de Françoise Gneri qui a créé le Collectif Fractales.
« Fractales… il va falloir nous expliquer ce nom, Françoise !
Une fractale est un objet qui se reproduit et se diffuse à l’infini avec toujours la même forme initiale.
J’ai trouvé que ça définissait bien ce que je voulais faire avec la musique classique à qui je voulais faire retrouver sa place sur le territoire en présentant des concerts, des musiciens de qualité qui ne sont pas nécessairement des stars. Pour moi la musique de chambre est l’un des meilleurs vecteurs pour faire connaître et reconnaître cette musique.
Pourquoi avoir choisi Sanary, alors que vous êtes enseignante à Lyon ?
Je suis souvent venue en vacances à Sanary. J’y ai des amis, de la famille et je me suis rendu compte que le maire offrait tout l’été des concerts de toutes sortes. Je suis donc allé le voir pour lui proposer un concert. Mais il a trouvé que c’était trop cher. Je me suis donc adressé à la paroisse qui a été intéressée. Du coup, il a revu le projet et nous a finalement donné nos premiers 3000€. De fil en aiguille le projet s’est développé, la SACEM, Musique Nouvelle en Liberté, le département du Var, Spedidam, le mécénat musical de la Société Générale et la Mairie de Sanary nous ont aidés et voilà cinq ans que nous proposons «Sanary en musique» et que nous avons pris notre rythme de croisière.
Le but du jeu ?
Réunir deux choses qui me tiennent à cœur : faire de la musique et l’enseigner, la populariser, la faire évoluer et faire évoluer les mentalités, leur en montrant l’accessibilité. Nous n’avons pas de gros moyens ni de stars, même si quelques-unes se prêtent au jeu. Nous nous adressons à toutes les écoles supérieures de musique européennes pour réunir de jeunes talents, les faire connaître. Et nous faisons de l’éducation populaire en allant à la rencontre des élèves des écoles de Toulon, nous organisons de petits concerts dans les églises et même dans la rue. Je ne peux pas dissocier jouer et enseigner. Si je ne faisais qu’un ou l’autre, il me manquerait quelque chose.
Avez-vous une équipe de musiciens régulière ?
Un gros noyau d’une douzaine de musiciens mais il y a aussi un renouvellement et des invités vedettes comme Kazimiertz Olechovski, violon solo à l’Opéra de Lyon, Frédéric Audibert magnifique violoncelliste, Elio Ditana, superbe pianiste avec qui j’ai joué l’an dernier à Dieppe, grâce à qui nous avons eu Francis Huster cet été, qui est venu dire «Pierre et le loup»…
Huster a tout de suite été d’accord. C’est un personnage à part, attachant, fascinant, un hyper actif qui possède le talent, la culture, l’humour. Ça a été une belle rencontre.
Je voudrais aussi souligner que, dès que j’ai pu le faire, j’ai salarié ces jeunes musiciens et pas seulement défrayés. J’estime qu’ils doivent vivre de leur travail. Trop de festivals font venir des stars qu’ils payent grassement et «oublient» de payer les jeunes musiciens qui les accompagnent, ce que je trouve anormal.
Chaque année donc vous proposez ce festival à Sanary. Comment se fait le choix du programme ?
Je trace les grandes lignes, je demande aux musiciens ce qu’ils ont envie de jouer et nous en discutons et décidons tous ensemble. Quant aux invités, ils sont choisis selon nos affinités artistiques et musicales. Nous n’oublions pas d’ajouter dans notre programme une création contemporaine.
Parlons du bilan de ce festival 2019
Il est magnifique ! Avec cinq concerts, trois ou quatre animations, Nous avons réussi à fidéliser un public et avec pour principe de jouer sur les places et dans les rues, il y a de plus en plus de monde à nos concerts et pas seulement des mélomanes. Quant aux églises, elles sont toujours remplies. La presse s’intéresse de plus en plus à nous, nous avons donc une visibilité en hausse. C’était le but recherché, aujourd’hui on existe Notre équipe est soudée, nous nous entendons bien et passer une semaine ensemble sur ce festival a tissé et resserré les liens.
Donc vous allez continuer ? Des projets ?
Oui, nous allons continuer ce festival, ce travail avec les écoles et nous avons l’envie de nous développer ailleurs, dans d’autres régions, en travaillant avec d’autres associations… Nous voulons nous «fractaliser» ! Nous avons cet été travaillé avec «Les Voix Départementales» en donnant quatre concerts dans le Haut Var, ce qui nous a donné plus de visibilité et on commence à nous demander ailleurs.
Paris ?
(Elle rit) Pourquoi pas ? Mais on n’en est pas encore là !
Alors… heureuse ?
Bien sûr ! Je me bats pour ma passion et c’est très excitant.
Propos recueillis par Jacques Brachet