Hélène SEGARA : le grand retour

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Il y a déjà un moment que l’on n’avait vu Hélène Ségara sur une scène, des ennuis de santé l’en ayant éloignée.
Alors c’est un véritable plaisir que de la retrouver à Hyères, avant-dernière étape d’une tournée d’été en France avec un petit crochet par le Liban.
Après avoir traversé des moments difficiles, aujourd’hui elle va mieux sinon bien, avec toujours quelques problèmes mais elle a retrouvé la pêche, l’optimisme, une certaine sérénité et, plus belle que jamais, elle a été ovationnée par un public venu nombreux, la découvrir dans une somptueuse robe noire.
La voix est toujours limpide et pure comme du cristal et elle a enchaîné tous les succès qu’elle a accumulés depuis plus de vingt ans.
Avant le concert, j’ai le privilège de passer un grand moment avec elle, durant le temps qu’elle se prépare. Une grande amitié nous lie depuis bien avant son premier succès, Six-Fours ayant été notre premier lieu de rencontre, y habitant alors tous les deux.

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«J’ai été heureuse de retrouver mon public durant ces trente dates de tournée, un public qui, malgré mon absence, m’est resté fidèle et je lui en suis reconnaissante. Au Liban, j’ai chanté devant des ruines romaines, c’était magnifique.
Aujourd’hui, comment vas-tu, Hélène ?
Après avoir diagnostiqué des tas de maladies, on ne sait toujours pas ce que j’ai. Tous les trois mois je dois subir un implant dans l’œil. Dieu sait pourtant si j’en ai vu, des professeurs. Pour le moment, donc, je vis avec ça. J’avance, je relativise et j’ai plein de projets.
Par quoi on commence ?
Depuis quelques mois, je prépare un nouveau disque qui va surprendre tout le monde. C’est très différent de ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui.
Jusqu’ici, j’ai enchaîné les disques dans l’urgence, le stress, la pression. Il n’y avait aucun recul, aucune réflexion Il fallait à tout prix produire, que ça sorte même si l’on n’avait pas le matériel nécessaire. Ça, je ne le veux plus. Je sentais que mon public avait besoin d’autre chose, tout comme moi.
Ça s’est donc fait comment ?
D’abord j’ai écrit tous les textes. J’ai pris mon temps, j’avais envie d’aller vers là où on ne m’attendait pas et le résultat est assez surprenant. Ce sera un album spirituel et humain avec une dimension mystique. Je suis à un stade de ma vie où je réfléchis sur ma vie, où je fais le bilan. J’ai donc pris le temps d’enregistrer, en France et aux Etats-Unis surtout car, à la différence de la France, on prend le temps de bien faire, il n’y a pas de pression et si je ne suis pas satisfaite d’un enregistrement, je recommence.
Tu vas travailler avec qui ?
Je ne peux pas te le dire aujourd’hui mais ça va en étonner plus d’un. Ce sera un disque plein d’émotion, d’énergie aussi.
Tu écris de plus en plus !
Oui et d’ailleurs, je suis en train d’écrire un livre. Là encore, je prends du temps pour me poser, pour prendre ce recul dont j’ai besoin.
Quel en est le sujet ?
C’est un livre sur le mental, la pensée positive. Je me suis découverte par rapport à ce que j’ai vécu, à l’importance dont on prend les choses de face.
Ecrire a été une thérapie personnelle. En écrivant, je me suis rendu compte que j’étais en train de me dépasser, à partir du moment où je me suis mis dans la tête que ça irait mieux.
Au départ je l’écrivais pour moi et petit à petit je me suis rendu compte que ça pourrait aider d’autres personnes.
On est donc loin de tes deux livres sur Weight Watchers !
(Elle rit). Oui et non. Ce sera très différent mais en fait ça se rejoint. Manger sainement est une hygiène de vie bon pour le physique et le mental. Weight Watchers m’a beaucoup aidée. Les livres marchent très fort et en plus, je me suis découvert une famille. J’ai une coach qui m’a beaucoup encouragée. Par contre, je lui ai fait découvrir des recettes de chez moi. Un jour, je lui ai fait découvrir les petits farcis provençaux. Après les avoir goûtés, elle m’a appelée et m’a dit : «Mais c’est délicieux ! Et en plus ça ne fait que 7 points !». Je lui ai aussi fait goûter mon gratin de courgettes à la menthe !
Tu me les fais quand tu veux !
Surtout quand j’ai le temps car le programme est chargé. Dans quelques jours je recommence les tournages de «La France a un incroyable talent» avec toujours la même équipe : Sugar Sammy, Marianne James, Éric Antoine.

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Avec toujours le même plaisir ?
Là encore, je retrouve un esprit de famille avec ces amis qui sont drôles, amicaux avec lesquels on rit beaucoup, il y a une vraie complicité. Marianne est une femme hors norme à tous points de vue. Elle est drôle, sincère, très profonde. Nous partageons de belles conversations.
Et puis, tu as pu voir les numéros qui nous sont présentés, quelles que soient les disciplines. C’est toujours de très haut niveau, de grande qualité, on passe du rire à l’émotion. J’ai pleuré plusieurs fois mais beaucoup ri aussi. J’ai été bluffée et j’ai hâte de recommencer d’ici quelques jours.
Il était question d’un gala spécial pour les vingt ans de «Notre Dame de Paris» au profit de la reconstruction de l’édifice ?
C’est vrai mais d’abord, c’est difficile de pouvoir réunir tout le monde sur une même date car on est tous éparpillés. Et puis, ils ont déjà récupéré deux milliard et je me demande s’il n’y a pas d’autres causes à défendre qui méritent autant et qui manquent de moyens. Bien sûr, c’est notre patrimoine mais il y a aussi les enfants malades, les infirmières, les personnes âgées, les retraités qui n’arrivent plus à boucler le mois… Ils méritent tout autant qu’on s’en préoccupe.
Tu me connais, tu sais que je milite beaucoup dans les associations caritatives et j’avoue que ça me pose un problème de conscience».

Il et l’heure de monter sur scène. Le temps de faire quelques photos dans ce qu’elle appelle «sa robe de lumière», de saluer Jean-Pierre Giran, maire de Hyères et la voilà sur scène, ovationnée par un public déjà en délire dès la première chanson.
C’est bien reparti pour Hélène !

Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier