Tous les deux ans, c’est devenu une habitude : on retrouve les trois mousquetaires accompagnés d’une gente dame. Nos trois mousquetaires sont Philippe Lellouche, qui signe aussi cette nouvelle pièce «Le temps qui reste», et ses deux complices inamovibles : Christian Vadim et David Brecourt. Et la petite dernière arrivée, la lumineuse Mélanie Page.
Comme à chacune des pièces qu’ils ont créées ensemble, passage obligé à Ramatuelle où l’ami Boujenah, directeur artistique du festival, nous dit que c’est devenu une tradition et que c’est comme une série qui voit le retour de l’équipe, pour le plus grand plaisir du public.
Rendez-vous à 15h30 sous le chaud soleil estival. Rencontre… à 19h30 pour cause de piscine et encore seuls Philippe et Mélanie prendront le temps de nous répondre, les deux autres on les «coincera» dans les loges pour quelques brèves confidences !
Mélanie, comment entre-t-on dans un trio de mâles bien soudés et si complices ?
(Grand sourire) Bien, très bien même ! J’ai vraiment été accueillie les bras ouverts, ça a été très agréable et très rapide.
Philippe, comment s’est fait le choix de Mélanie ?
Je l’ai découverte au théâtre de la Madeleine où elle jouait «L’heureux élu» d’Eric Assous. Je l’ai trouvée remarquable et j’ai ressenti tout de suite qu’elle correspondait à tout point de vue au rôle.. J’ai découvert avec bonheur une grande actrice Je ne me suis pas trompé. C’est un Stradivarius, une vraie personnalité… Un soleil !
Quel effet cela vous fait-il de vous retrouver ici ?
Je me sens chez moi et, comme le dit Michel, qui, avec Jacqueline Franjou, nous accueillent magnifiquement.il semble qu’à chaque fois on propose un nouvel épisode d’une série. De plus, l’accueil est très chaleureux et c’est un vrai plaisir que de s’y retrouver. Lorsqu’on a joué pour la première fois, c’était avec «Le jeu de la vérité». C’était encore au temps de Jean-Claude Brialy qui était venu nous voir à Paris et avait eu cette belle phrase : «Visconti adorait jouer au jeu de la vérité. Je vais faire pareil. Ecris-moi une pièce». Hélas, ça n’a pas pu se faire. Ce festival est tellement agréable, c’est chic, c’est à la fois un plaisir et une certaine nostalgie et c’est un honneur que d’y venir et revenir.
Comment s’est formé le trio ?
Ca fait plus de 15 ans qu’on travaille ensemble.
J’ai découvert Christian dans une série TV et j’ai découvert en lui une vis comica incroyable que j’avais envie d’exploiter. David et moi nous connaissions car nous étions voisins à Barbizon. Je l’avais découvert dans la série «Sous le soleil». Lorsque j’ai écrit ma première pièce, j’ai très vite pensé à eux et nous sommes aussitôt partis en pilote automatique.
David me dira plus tard :
«Notre rencontre a été guidée par le hasard. Il se trouve que Philippe et moi habitions tout près l’un de l’autre à la campagne. On ne se connaissait pas mais on s’est retrouvé autour d’une table chez des amis communs. A la fin du repas, il m’a proposé sa pièce «Le jeu de la vérité». Il a fait de même avec Christian».
As-tu vite dit oui ?
…Oui ! la pièce était percutante et je découvrais un véritable auteur avec beaucoup de talent, une grande intelligence, une grande vivacité d’esprit… Avec Philippe, on a touché le gros lot et depuis, nous sommes engagés dans la même aventure !
Nous avons donc joué avec succès «Le jeu de la vérité». C’est la première pièce que nous avons créée, puis il y a eu sa suite «Le jeu 2 la vérité» et «Boire, fumer et conduire vite», «L’appel de Londres»… il y a eu les films et enfin «Le temps qui reste»
Christian m’avoue
«Ca fait 17 ans qu’on est ensemble, aussi bien au théâtre qu’au cinéma et avec eux on sait que ce n’est jamais la dernière, on sait déjà qu’il y aura une suite. Donc ce soir nous sommes joyeux, heureux,
Philippe… Auteur, scénariste, réalisateur, metteur en scène, comédien, journaliste, chanteur… Qu’est-ce que vous n’avez pas encore fait ?
La météo ! Blague à part, tous ces métiers sont les mêmes, chacun est la prolongation de l’autre, c’est en fait raconter des histoires de diverses manières.
Lorsque vous écrivez, vous pensez toujours à eux ?
Oui, très souvent lorsqu’il y a plusieurs personnages. Mais j’ai écrit pour Gérard Darmon «Tout à refaire» et au départ, je n’avais même pensé à y jouer. Sinon, je pense à eux, évidemment. Nous sommes amis, nous avons le même âge, les mêmes préoccupations, je développe des thèmes d’actualité qui les intéressent. En fait, nous sommes la seule troupe de théâtre privé existant en France !
Et si entre eux c’est «à la vie à la mort», ils n’en continuent pas moins leur carrière chacun de son côté, David ayant cette année tourné pour la télévision dans «Léo Mattei» et ayant joué au théâtre « En ce temps là, l’amour » de Gilles Ségal. Philippe ayant joué et mis en scène «L’invitation» d’Hadrian Raccah, Christian ayant tourné dans le film de Pascal Thomas, «A cause des filles».
Et ce soir, sur la scène de Ramatuelle, on les a retrouvés, ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait autres David dans des scènes désopilantes où il avoue son homosexualité et son amour pour Christian, toujours à côté de la plaque aussi naïf que blagueur, Philippe, le plus sérieux, touché par la mort de leur ami qu’ils viennent d’enterrer et se retrouvant chez sa femme qui va les épater par ses révélations. D’ailleurs, bien des secrets vont être dévoilés au cours de la soirée. La crise des 50 ans éclate dans toute sa splendeur où chacun commence à se poser des questions sur le temps qui leur reste à vivre et comment le vivre.
C’est émouvant par moment, drôle très souvent, les dialogues sont ciselés et percutants et, comme le veut la tradition, les coussins ont plu à leur salut.
Belle soirée sous les étoiles devant une salle pleine à craquer.
Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier