Christian PHILIBERT fête les 20 ans d’Espigoule !

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20 ans…
Déjà 20 ans que nous étions réunis à Ginasservis pour voir naître ce qui, on ne le savait pas encore, allait devenir un film culte.
Avec quatre bouts de ficelle, Christian Philibert et son équipe créait son film au jour le jour, toute la population avait un rôle à jouer dans ce film inclassable mi-doc, mi-fiction. Moi j’étais là en spectateur ou presque parce que invité à écrire un article. 20 ans après, couvert de prix, Christian, qui vit aujourd’hui à la Seyne-sur-Mer mais a quitté son frère devenu maire de Ginasservis, remonte le temps et va dignement fêter ce qui est devenu un OVNI cinématographique.
Toujours souriant et positif malgré beaucoup de problèmes liés à sa façon de pratiquer son métier de scénariste et de réalisateur, il persiste et signe : malgré les difficultés il n’a jamais quitté son terroir, sa région tant il a de choses à dire, à écrire, à filmer.
Passionné de l’Histoire de sa région, il a depuis réalisé des films historiques sur l’Affaire Yann Piat, le débarquement en Provence, tout aussi important qu’en Normandie mais dont on parle peu et sur bien d’autres sujet qui lui tiennent à cœur.
Mais ça, c’était avant. Avant que France 3 ne décide que les films historiques, quels qu’en soient le thème et la région, ne se fassent à Paris qui ont l’air de mieux comprendre la région que ceux qui y vivent.
Mais ça ne lui pas fait baisser les bras et il continue, contre vents et marées parisiennes à tracer son chemin et depuis Espigoule, il n’a jamais cessé de travailler à la force du poignet dans sa région, pour sa région, écrivant, réalisant, produisant : « Afrik Aïoli », « Travail d’Arabe », « Massilia Sound System »… des longs métrages entre les nombreux documentaires et courts-métrages réalisés.
Pour lancer les 20 ans d’Espigoule, c’est au Télégramme, à Toulon, que nous nous retrouvons : Toujours ce regard bleu, ce sourire empli de gentillesse et de fougue avec mille projets dont il vient parler au public. Une salle pleine car il a ses aficionados. Mais auparavant, il va égrener avec nous tous ses projets à venir et ses souvenir d’Espigoule qui fut une grande aventure.

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« Tu te rends compte que le film a fait plus de cent mille entrée, que nous avons eu des critiques dithyrambiques aussi bien dans Télérama que dans Première, qu’on a reçu plein de prix et que le maire de Toulon, Hubert Falco, a décrété qu’Espigoule était la 154ème commune du Var !
Alors qu’on a failli nous classer dans les films folkloriques de Provence ! Quant à l’animal que nous avons inventé, le phacomochère, certains, encore aujourd’hui, croient qu’il existe vraiment. D’ailleurs, il est rentreé au Muséum d’Histoire Naturelle en 2011 ! Il est presque aussi célèbre que la Tarasque !
Ca vaut donc le coup de fêter ces 20 ans ?
Oui, et nous avons frappé les trois coups au Télégraphe. Mais tout au long de l’été, des manifestations sont prévues. A partir du 29 juin, nous allons faire des promos en plein air, comme avant quand le cinéma s’installait sur les places du village à l’heure de l’apéro. A noter qu’en 2009, pour les dix ans du film Ginasservis a été envahi : 5000 personnes; C’était Woodstock ! Ce film a vraiment créé un lien social et nous voulons retrouver cette ambiance « apéro-film-musique ».
De nombreuses villes vont nous accueillir : le 29 juin au théâtre Romain de Fréjus, le 5 juillet au Plan d’Aups, le 25 juillet à Cotignac, le 17 août à Figanière, les 30 et août au Fort Balaguier de la Seyne, durant le festival du court-métrage dont je serai le parrain…

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Et Ginasservis ?
Je le gardais pour la fin car ce sera la fête le 13 juillet avec la projection d’un documentaire sur la genèse d’Espigoule de Jérôme Quadri « Il était une fois Espigoule ». Sera également lancée une double BD réalisée par le scénariste Alex Graisely et le dessinateur Lobé. Ces 2 BD sortent aux éditions Prestance, qui ont déjà réalisé entre autres la série »Gaspard de Besse ». Bien entendu apéro et musique seront au rendez-vous.
Par ailleurs, j’aimerais ressortir le film remasticage, courant novembre au cours de 12 jours à travers le Var, qui se terminerait le 17 novembre au Télégraphe. Tourné en pellicule, il revit et ça a été une grande émotion que de le retrouver ainsi.
Je suppose que malgré ces mois de folie, tu as, comme toujours, quelques projets ?
Evidemment, même si c’est toujours difficile de réunir des fonds car nous ne sommes plus soutenus par la région PACA ! Nous sommes de plus en plus pieds et poings liés par les décisions parisiennes, et le cinéma « Provençal » a de moins en moins d’issue. Nous cherchons donc des mécènes désespérément ! Mais je prépare le troisième volet de la saga après « Les quatre saisons d’Espigoule » et « Afrik Aïoli » : « Un taxi pour Maudou » car cette fois c’est Maudou qui vient chez nous. Une sorte de road movie à travers la Provence. Je prépare aussi un docu-fiction sur le poète Germain Nouveau, pour les 100 ans de sa disparition. Ami de Rimbaud et Verlaine, il circule une information comme quoi ce serait lui qui aurait écrit « Les illuminations ». Je travaille donc là-dessus et je fais beaucoup de recherches. J’aimerais faire ce film, créer une web-doc et une exposition sur l’un des plus grands poètes de l’époque.
Enfin j’ai un gros projet : mettre en place la route du débarquement dont beaucoup de Varois ne savent pas qu’il a existé, occulté par celui de Normandie. La première borne devrait être posée à la Motte le 15 août et d’autres bornes devraient suivre.
Avec le Télégraphe nous allons lancer une rubrique : « L’écho d’Espigoule ».
Après tout ça j’ai un autre projet sur Gaspard de Besse.

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Avec ses complices de la BD : le scénariste Alex Graisely et le dessinateur Lobé

Comme on le voit, l’ami Philibert ne s’ennuie pas une seconde entre projets et rétrospective. Son sourire en dit long sur la passion qui le tient et le fait avancer.
Et l’on va avancer avec lui, comme on le fait depuis 20 ans !

Jacques Brachet