Patrik Cottet-Moine, c’est une silhouette longiligne surmontée d’un visage mobile, une espèce de masque en caoutchouc qui se déforme à sa convenance, un être qui pourrait être un assemblage de Bourvil, Sim, Courtemanche et Jim Carey. Un long cou, un regard on ne peut plus expressif, une mobilité et une énergie à toute épreuve… Sur scène, difficile à suivre tant il est speed et surtout, difficile de se remettre à respirer normalement entre deux salves de fous-rires dus à ses gags, ses bruitages, ses onomatopées et ce visage qui change à chaque minute.
C’est un grand show man à l’humour décapant, inventif, qui joue avec les situations qu’il s’invente en disant un minimum de mots puisqu’il s’est lui-même catalogué comme mime mais, ajoute-t-il, « un mime rock’n roll » nouvelle génération. Ce n’est pas pour rien que son spectacle, le premier qu’il ait écrit en 2002 et qu’il proposait à nouveau ce soir-là au Théâtre Daudet, s’intitule « Mime de rien » !
Un spectacle qui n’a rien perdu en force, bien au contraire !
J’ai rendez-vous au théâtre avec lui pour une interview et très vite, l’idée lui vient de la faire sur le divan du hall du théâtre… étendu, comme chez Chapier ou aujourd’hui Marc-Olivier Fogiel.
Me voilà donc assis devant lui, lui, couché comme il se doit, et moi prenant mes petites notes comme un psy !
« Patrik, ce spectacle a 15 ans. En 15 ans il n’y en a eu qu’un autre , intitulé « Chez lui »… Pas prolixe le mec !
(Miracle, il parle normalement !) Mais c’est que je ne me suis pas arrêté depuis ce premier spectacle. Sache que je l’ai jusqu’alors joué 11.000 fois sur les 5 continents, dans 30 pays ! C’est l’avantage d’être mime, on est compris dans le monde entier ! Entre temps quand même j’ai donc écrit un second spectacle, j’ai fait de la musique, des pubs, un peu de cinéma….
Bon, par quoi on commence ? C’est avec la musique que tu as commencé ?
Oui, en jouant dans le groupe « Ankara » puis avec « les Zablocks ». J’ai toujours vécu avec la musique mais déjà, avec Ankara, le spectacle était émaillé de quelques sketches que je faisais en solo ou en duo. Ca marchait bien, c’était très structuré, on a fait beaucoup de spectacles, beaucoup de festivas de musique mais aussi d’humour, on est passé par Avignon, on a joué dans des cafés-théâtres et puis comme j’ai vu que les sketches marchaient bien, j’ai décidé de me lancer seul, avec Patricia Jean qui, depuis quinze ans est ma metteuse en scène et mon éclairagiste.
Quelles ont été tes influences ?
J’ai toujours aimé les « Histoires sans paroles » qui passaient à la télé, tout comme Benny Hill, Tati, Charlot…
Tu ne parles pas de Marceau, qui est pourtant la référence dans le mime.
C’est vrai, c’était un grand monsieur que j’admirais, comme j’admirais le film « Les enfants du Paradis », mais c’était une autre époque même si c’est devenu intemporel. Marceau, c’était un mime poétique, moi je suis plutôt rock’n roll et je suis plus proche de Farid Chopel que j’adorais, ou de Courtemanche. Un mime de situation plus humoristique.
Avec sa complice, Patricia Jean
A propos de Courtemanche, tu as travaillé avec lui ?
Oui, et ça a été une grande joie. J’ai toujours admiré son travail et j’ai eu la chance d’aller présenter ce spectacle à Montréal où je l’ai rencontré. J’ai osé lui demander de travailler avec moi pour mon second spectacle. Il a été OK. Aujourd’hui, il a arrêté le spectacle, il écrit, produit et met en scène.
Donc tu joues en alternance tes deux spectacles… Est-ce qu’au fil de temps, ils se modifient ?
Pas vraiment même s’ils se nourrissent de toutes les expériences que j’ai vécu de par le monde, avec des publics différents. Par exemple, j’ai joué la veille à l’Oméga Live de Toulon « Chez lui » et le lendemain « Mime de rien » à Daudet. Tant qu’on me les demande !
Par contre j’ai un nouveau spectacle, musical cette fois, qui s’intitule « Au Quai (de la Gare) ». C’est un duo piano-chansons, des chansons que j’ai moi-même écrites et je suis accompagné par Patrick Gondolf, qui est pianiste et accordéoniste. Je jouerai ce spectacle à la 7ème Vague, à la Seyne sur Mer les 15 et 16 mars. C’est un mélange d’histoires et de chansons autour de gens qui attendent leur train dans une gare.
Entre temps, tu as aussi fait des incursions à la télé pour des pubs et au cinéma… As-tu envie d’y aller plus souvent ?
Je ne sais pas, si ça se présente, pourquoi pas ? J’ai fait quelques castings, ça m’a permis de jouer avec Jean Reno dans « Avis de Mistral », avec Besson pour « Valérian et la cité des mille planètes », j’ai eu un petit rôle dans « Couleur locale » de Coline Serreau, grande bonne femme… Voilà, c’était sympa, rigolo mais j’ai fait ça en passant. Si je voulais continuer il me faudrait travailler plus et je n’ai pas beaucoup de temps. La preuve : je viens de refuser un rôle dans « Plus belle la vie », faute de temps.
On t’a vu aussi dans des pubs…
Oui, j’ai fait Royco, le loto, la 106 et je viens d’en tourner une pour Mercedes pour l’Allemagne. On a tourné en Estonie. Je ne sais pas si elle viendra en France….
J’anime quelquefois des ateliers, je donne des cours dans les écoles, je continue à faire quelques spectacles avec les Zablocks… En fait, je suis une sorte de « comédien couteau suisse », je fais tout pour éviter l’usine !!!
Et tu vis toujours à Cuers ?
Et comment ! Quand je vois la vie et le climat qu’on a ici par rapport à Paris où c’est de plus en plus encombré, où ça pue de plus en plus… Le choix est vite fait !
Propos recueillis par Jacques Brachet