La Seyne sur Mer – Fort Napoléon
Frédéric Chopin Jazz Project

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Art Bop, l’association qui tout au long de l’année programme d’excellents concerts de jazz, avait fait appel, pour un de ses vendredis chaleureux, à un projet à haut risque, interpréter Chopin en jazz. Pour ce faire, trois kamikazes de la musique s’y sont collés ; Jean Cortes, contrebassiste et auteur des arrangements, Piéro Iannetti à la batterie et Claudio Célada avec tout le poids de Chopin sur son piano. Il s’en tire avec les honneurs
Si le compositeur classique le plus interprété en jazz est sans conteste Jean-Sébastien Bach, Frédéric Chopin se prête tout aussi bien à la confrontation, ou plutôt à la rencontre ; ce que le trio réussit parfaitement depuis 2015.
Jean Cortes a puisé dans les nocturnes, les préludes et les valses du grand compositeur. Ce choix repose donc sur des œuvres assez simples avec une belle mélodie, ce qui donne toute liberté au talent de l’arrangeur pour produire une œuvre exemplaire.
La valse est un rythme qui colle parfaitement au jazz, on ne compte plus le nombre de standards basés sur la valse. Et ce soir, que ce soit la Valse de l’adieu, la Grande Valse, ou la Valse du Regret, on valsait avec les anges.

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Le plus admirable c’est que le trio possède une telle homogénéité qu’on a l’impression d’entendre un ensemble plus étoffé. Je pense que cela repose sur la partie de batterie, écrite (d’ailleurs pratiquement tout est écrit), qui non seulement assure le tempo, mais par un jeu foisonnant et incessant sur les tambours et les cymbales procure un fond à la mesure d’une section instrumentale tout en se fondant dans le jeu du piano, la contrebasse assurant le liant. L’écriture des morceaux et leur interprétation sont si bien conçus qu’on n’oublie pas Chopin dans cette prestation éminemment jazz.
Le leader se plaît avant chaque interprétation à présenter le morceau dans le contexte de son écriture par Frédéric Chopin. Petit côté pédagogique qui enrichit la soirée, et montre que ces musiciens ont travaillé la question et ne se sont pas contentés de collages.
Il reste à souhaiter à ce brillant trio de trouver un producteur pour réaliser un disque, dont le matériau est déjà prêt. Il serait injuste que cette musique n’ait pas les moyens de toucher un vaste public.

Serge Baudot