Nouveauté : Gut Gut, Album Concept

Musiciens : Markis Sarkis (chant, guitares, basse, bouzoukis, percussion), Barine Droy (Guitares, basse, chœur), Pnine Gefart (guitares, batterie, percussions, chœur). Invités : Hélène Nazabal (violons), Vincent Rudel (Violoncelle, bassecontre).
Photos Isabelle Singer. Pochette et peinture Markis-Sarkis.

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Pour son troisième album Gut Gut a fait appel à de nouveaux musiciens pour développer et approfondir les œuvres de « Gut Gut 5 (2016) » et « OLL (2017) ». Serge Gonnet, alias Markis-Sarkis, poursuit son idée d’album concept, c’est à dire que toutes les compositions sont des mouvements dessinant l’œuvre globale, comme en musique classique. Chaque morceau peut bien sûr s’écouter en soi, et dans l’ordre qu’on veut, mais pour saisir l’œuvre dans sa totalité il faut aller du premier au dernier morceau dans l’ordre établi. L’album n’a pas de titre propre, pour laisser à chacun sa liberté de titrer, selon l’auteur. C’est secondaire, mais un titre aide au classement.
Pour ceux qui ne connaitraient pas Serge Gonnet, petite piqûre de rappel : Il fut le leader de Madame Rose, Kissing Jane (3 albums), MAAM qui produira en 2003 l’album Trans-Hôtel et fera partie du spectacle du même nom, trois groupes qui enflammèrent la scène rock, et particulièrement celle du Sud il y a quelques années.
Rappelons l’une des particularités du groupe : chanter, comme jadis Magma, dans un langage phonétique inventé, en utilisant des harmoniseurs pour les voix, ce qui permet de trouver des sonorités originales et surtout de produire un effet de chœur très étoffé. D’autre part l’utilisation d’une batterie équipée de tambours inhabituels, ainsi que des drum-machines, donnent un piment de plus à l’expression globale. L’utilisation des moyens électroniques mêlés aux instruments acoustiques, dont des guitares 12 cordes électriques et acoustiques, un bouzouki, est une réussite parfaite, aucun hiatus, le trio sonne comme un big band avec brio dans une mise en place au cordeau, sur des tempos d’acier.
Quant à la musique produite, elle est au confluent de multiples influences, rock-funk- ethnique-pop-électro ; mais ce n’est pas un fourre-tout, c’est le vocabulaire à partir duquel Markis-Sarkis invente « sa » musique, qui se dégage de ce qu’on appelle la World-Music. Le trio s’exprime dans son propre univers qui repose sur des figures assez répétitives, en tempo rapide, avec une énergie d’enfer, jusqu’à la chauffe. A remarquer aussi la richesse harmonique dans les développements mélodiques.
Je regrette un peu qu’il n’y ait pas de temps en temps un solo qui apporterait une éclaircie, un répit dans l’orage dévastateur.
Pour en revenir aux influences on trouve un côté David Bowie de « Black Star » dans la façon de chanter, le feeling ; apparaissent aussi dans l’ambiance générale d’autres côtés : Beatles « 18 Nov, » – Pink Floyd « Widom Shaïn » – Rolling Stones « Shoun Daï ». Ceci dit simplement pour aider à faire saisir l’ambiance. Pour l’ensemble on est dans une polyrythmie funk-rock-RandB. Autre élément majeur de cette musique, le goût pour la mélodie, mélodies lancinantes parfois, qui permettent à l’auditeur de d’y installer son écoute, comme par exemple dans « Mikhaâna » qui termine en beauté cette œuvre, qui nous fait traverser divers climats dans une météo en vigilance rouge.

Serge Baudot
markis-sarkis.com –  06 66 32 91 36 gut_gut@yahoo.com