Au XIXème siècle, celles qu’on appelait « Les Horizontales » étaient des demi-mondaines, des femmes de petite vertu, les maîtresses de luxe de la Belle Epoque.
Rassurez-vous, notre belle Toulonnaise qu’est Isabelle Agnel-Goury n’en n’est pas une !
Diplômée des Beaux-Arts de Toulon et de Marseille, elle est aujourd’hui une plasticienne connue et reconnue mais aussi professeur d’Arts Plastiques aux Beaux-Arts de la Seyne-sur-Mer.
Alors pourquoi a-t-elle sous-titré cette exposition- accrochée jusqu’au 20 janvier dans ce lieu magnifique qu’est la Batterie du Cap Nègre – « Les Horizontales » ?
Parce qu’elle découvre en 2015, au Musée d’Orsay à Paris, une exposition justement intitulée « Les Horizontales ». Et elle se rend compte alors que, depuis qu’elle a entrepris ce travail de plasticienne, elle n’a créé que des toiles à la verticale.
Il lui a alors semblé judicieux de s’y intéresser en pensant tout d’abord à la terre, la mer, les paysages méditerranéens qui ont toujours été les siens. Puis elle s’est rendu compte, lors d’un voyage à Venise, que cette ville vivait à l’horizontale, « C’est une allongée », dit-elle en riant, tout comme Majorque, pays où elle a des racines.
Et voilà qu’elle se met à travailler sur ce concept, d’autant qu’elle avait momentanément ralenti, suite à une grave maladie qu’elle combat avec acharnement. D’ailleurs, cette exposition est arrivée à point nommé pour lui donner une bouffée d’air pur, une envie de retravailler et cela, grâce à Dominique Ducasse, adjointe aux Affaires Culturelles de Six-Fours et Dominique Baviéra, directeur artistique du Pôle Arts Plastiques qu’elle n’oubliera pas de remercier chaleureusement.
Isabelle, je l’ai connue alors qu’elle préparait une exposition sortant des sentiers battus et pour le moins originale, intitulée « Peinture-Couture », qui était simplement une collection de vêtements peints de sa propre main, chacune de ses robes n’ayant pas sa pareille, et qu’elle présenta au cours d’un mémorable défilé.
Isabelle avec Dominique Ducasse et Michel Dufresne, plasticien qu’on retrouvera du 8 au 23 décembre chez Pierre Dutertre et Stéphanie Gamby au Tandem Céramique d’Ollioules
Depuis, Isabelle n’a pas cessé d’évoluer, de trouver de nouveaux supports, de nouvelles façons de travailler, passant de l’huile à l’acrylique, du dessin au polaroid et par les techniques mixtes.
Cette fois encore, elle nous offre une exposition forte, riche, en éternelle évolution, en ce lieu où se lovent ses œuvres en toute liberté, en toute créativité, en mille éclats de couleurs éclatantes ou de camaïeux tout en douceur, dans des lignes épurées où notre imagination peut trouver des danseurs, des fleurs, des ciels, des vagues, et même des silhouettes ressemblant étrangement aux robes qu’elle avait créées. Le tout dans des lignes épurées ou de grands aplats et une grande énergie, où se mêlent l’immensité et le minimalisme mais toujours avec le même bonheur que l’on ressent fortement.
Elle y marie les deux avec une justesse et une ordonnance très pensées. D’ailleurs, avant de ce lancer dans ce projet, elle a habité ce lieu magique un bout de temps afin d’y faire habiter ses œuvres qui ne sont pas accrochées là par hasard, nous offrant des étapes, des balises sur ce chemin qu’elle a choisi de nous offrir.
C’est un hymne à la vie, c’est beau, c’est chaleureux et c’est en quelque sorte une renaissance, dans le cheminement qui mêle sa vie de femme et d’artiste.
A la verticale ou à l’horizontale, Isabelle nous offre là une œuvre aboutie, remarquable, exceptionnelle.
Jacques Brachet