Aujourd’hui, beaucoup de séries se tournent dans le milieu hospitalier, séries drôles ou dramatiques, l’hôpital est un lieu inspirant pour les scénaristes car les sujets à traiter sont infinis, que l’on peut y introduire des histoires dans l’histoire, en inventer autour du personnel soignant, des malades et de leur famille.
En voici une qui ne va pas tarder à débouler sur Canal + : « Hippocrate », avec un sujet original et de magnifiques comédiens, connus ou moins connus mais forment une équipe soudée autour d’un sujet peu abordé : la quarantaine.
Non pas l’âge mais la situation puisque ça se passe, évidemment dans un hôpital où est déclarée une quarantaine, suite à des mesures sanitaires. Durant un certain temps, médecins, infirmiers, internes vont donc se retrouver dans un huis clos qui va se prolonger, certains ne se connaissant pas, chacun avec leurs propres problèmes mais devant tous faire front à la situation, à leurs peurs, à leurs appréhendions, pour certains à la découverte de la réalité journalière d’un hôpital. Et aussi à la découverte de l’autre.
Le titre vous dit quelque chose ? évidemment puisque c’est un film sorti en 2014, signé Thomas Lilti, qui a l’originalité d’être médecin, scénariste et réalisateur… Ce qui est une rareté dans le panorama cinématographique aussi bien que médical. Mais qui a le mérite de savoir de ce dont l’auteur parle !
Le film tournait autour d’un étudiant en médecine qu débute son premier internat dans l’hôpital parisien où travaille son père. Il est très vite confronté à une réalité plus difficile qu’il ne l’avait imaginé. Le rôle de Benjamin était tenu par Vincent Lacoste qui, s’il ne fait pas partie de la série, vient de retourner voici quelques mois avec Thomas Lilti dans « Première année ».
« Hippocrate » Le film est un gros succès commercial et critique, puisqu’il remporte aux Césars 2015, le prix du meilleur réalisateur et le prix du meilleur scénario original. lui valant deux nominations aux
Après ce succès, Thomas récidive et reste dans le milieu médical pour son troisième long-métrage, « Médecins de campagne » avec François Cluzet et Marianne Denicourt.
« Pourquoi une série après le film, Thomas ?
Je crois que j’étais frustré de ne pas pouvoir développer certains personnages car on est contraint à tout montrer en une heure et demi et j’avais envie d’approfondir certains personnages, même si ce ne sont pas les mêmes dans le film et dans la série. Je voulais aussi approfondir certains sujets comme les erreurs médicales ou les négligences qui, quelquefois sont désastreuses mais dont on déresponsabilise souvent l’auteur car « l’erreur est humaine ». Et puis il y a également la vie personnelle de chacun qui vient chaque matin avec ses problèmes, ses peurs, ses failles, ses blessures, ses secrets mais qu’il faut soit cacher, soit maîtriser face au travail. C’est un métier où, par le fameux serment d’Hippocrate, le secret est omniprésent dans la vie d’un hôpital. Secrets souvent mêlés à ceux que chacun a dans sa vie personnelle, ce qui n’est pas toujours facile.
La série est forte, grave, certaines scènes sont quelquefois difficiles…
Il y a un mélange entre leur vie professionnelle et leur vie privée, en fait indissociables.
Je voulais à la fois que ce soit le plus réaliste possible afin de montrer vraiment la vie d’un hôpital mais je voulais aussi montrer la vie de ces gens qui sont aussi humains, qui ont leur vie, qui font avec et montrer la trajectoire romanesque de certains des personnages.
Parlez-nous des personnages
Louise Bourgoin joue sur deux tableaux, entre force et fragilité. Chloé doit être à la fois forte devant son équipe, rassurante avec ses malades et elle possède aussi une certaine ambition qui va lui faire prendre des risques.
Karim Leklou se veut un personnage rassurant. Médecin légiste venu en renfort par la force des choses, il en impose par sa stature, sa puissance, qui peuvent être inquiétantes mais est plein de tendresse et de compassion. Il se veut rassurant.
Zacharie Chasseriaud est un jeune interne fougueux, spontané, mais il est à la fois impatient, immature et ambitieux. Il est qui plus est le fils de la chef de service en réanimation ce qui n’est pas toujours facile pour lui.
Alice Belaïdi se sent un peu perdue dans ce milieu où elle manque encore d’assurance. Peu à peu elle va s’émanciper avec obstination et courage ».
Lors d’un cocktail au bord de l’eau, on retrouve certains comédiens qui, on le voit et ils nous le disent, ont vraiment formé une famille tout au long du tournage.
« C’est votre première série, Louise ?
Oui et c’est cela qui m’a attirée car dans une telle série, on a le temps d’investir, de développer son personnage, d’autant que mon rôle est celui d’une femme complexe psychologiquement. En parallèle avec son métier elle ses propres failles, ses secrets. Ça me changeait un peu des rôles drôles et pétillants qu’on m’a souvent proposés. Ici le rôle est plus dramatique, plus en retenue, plus sombre. Elle paraît dure avec son entourage mais, encore jeune, elle a une blessure, une maladie qui font qu’elle semble aride… Elle cache tout cela derrière une certaine autorité, une force apparente et c’est ce qui m’a plu de montrer car je ne voulais pas qu’elle paraisse antipathique.
Au générique, l’on retrouve encore Eric Caravaca, Anne Consigny, Géraldine Nakache, Jackie Berroyer dans cette série de 8 épisodes de 52 minutes, que l’on découvrira bientôt sur Canal Plus.
Travailler avec Thomas qui est aussi un médecin, vous a-t-il aidée ?
Enormément car il a mis le doigt sur une infinité de détails qui ont fait qu’on a tous pu faire le geste précis au moment voulu. Et si le geste était bon, la parole suivait. De plus, il est très attentif aux comédiens et lorsque quelque chose n’allait pas, il le disait toujours avec gentillesse, avec patience, avec respect.
Et puis, il a su vraiment nous mettre face aux réalités d’un hôpital, nous montrer le côté à la fois exaltant et difficile de ses métiers à qui l’on demande d’énormes responsabilités et à la fois de ne pas faire d’erreurs. Et lorsqu’il y en a, c’est souvent dû au manque de moyens, au manque de personnel et à la fatigue qui en découle. C’est pour cela que j’admire beaucoup tous ces gens qui se donnent fond pour leur métier, pour les autres et qui sont dans une telle empathie avec les malades ».
A partir du 26 novembre sur Canal plus
Jacques Brachet