LES GENS DU NORD (Sony Music)
Belle réunion de ch’tis pour ce CD original qui, sous le titre « Le Ch’ti Fonds », regroupe des chansons on ne peut plus « nordistes », avec flonflons et accordéon à gogo qui va faire danser jeunes et vieux de ce qu’on appelle aujourd’hui les Hauts de France… Et peut-être aussi quelques autres alentour car c’est vraiment un disque pour faire la fête, d’autant qu’elle réunit une affiche on ne peut plus alléchante de chanteurs quelquefois très inattendus, comme par exemple la famille Souchon, Pierre, Alain, Ours et en prime Cécile Hercule qui nous offrent « Perds pas l’Nord ». Souchon qu’on retrouve dans la jolie « Côte d’Opale ». Dany Boon, je crois, ne fera jamais une carrière de chanteur… quoiqu’en fait, avec « Tout in haut deuch terril », il pourrait être le fils de Bourvil et de Fernandel !
Line Renaud ne pouvait pas ne pas être de la fête et retrouve son complice de « La ch’ite famille », Pierre Richard pour « Que j’te ker », version très personnelle de « Que je t’aime »… à faire se retourner son filleul dans sa tombe. Dommage qu’elle n’arrive qu’à la fin de la chanson. Plus émouvante est sa version du chef d’œuvre de Brel « Le plat pays ». Le plus sudiste Enrico Macias reprend avec Pauline, l’incontournable « Les Gens du Nord ». On retrouve aussi « Les Corons » de Bachelet chanté par Guy Lecluyse et Hakob Chasabian, dans une version qui vous fiche toujours le frisson.
Pas loin du Nord est la Belgique et Adamo a choisi l’inaltérable « P’it Quinquin ». Encore une qu’on ne pensait pas trouver là et qui, après nous avoir un CD hommage à Sheila, reprend « Un clair de lune à Maubeuge » que, depuis les débuts de Cloclo, personne n’avait osé reprendre ! Arno et sa voix d’outre tombe, très hard rock, nous propose l’unique tube de Raoul de Godewaesvelde « Quand la mer monte ». N’oublions pas Maxime le Forestier qui se la joue java réaliste avec « Tu n’es qu’un employé ».Yolande Moreau, plus Deschiens que jamais, s’allie à Franck Vandercasteele pour nous offrir « Les tomates ». Attention de ne pas en recevoir ! Avec les Fatals Picards on se boit « I bot un d’mi » qu’aurait pu chanter Renaud !
Et, cerise sur le gâteau, voici cinq miss, Camille Cerf, Maëva Coucke, Elodie Gossuin, Rachel Legrain-Trapani et Iris Mittenaere, qui ont volé le succès de notre Line donnant une seconde jeunesse pleine de charme à cette indémodable « Mademoiselle from Armentières »
Un disque qui représente on ne peut mieux ces gens du Nord qu’on aime pour leur humour et leur joie de vivre mais aussi leur profondeur et leur humanité.
En prime, une pochette et une affiche, absolument délirants et réussis, signés François Boucq.
Et dernière chose : Le Ch’ti Fonds a été réalisé pour financer des projets à caractère humanitaire, médico-social, culturel de protection et de mise en valeur de l’environnement, s’adressant aux habitants des Hauts de France. Raison de plus pour l’acheter !
www.fondationdefrance.org/fr/fondation/le-chti-fonds
Herbert LEONARD « L’essentiel » (Wagram)
Notre chanteur à la voix d’or a traversé les décennies avec plusieurs périodes dans sa carrière. D’abord chanteur des années 60, il démarre avec des groupes comme les Jets, les Lionceaux, il est même guitariste d’Antoine puis, en tant que chanteur solo, il collectionne quelques tubes comme « Quelque chose en moi tient mon cœur », « Si je ne t’aimais qu’un peu », « Pour être sincère », « Une lettre », version française du tube de The Box Tops The letter », autre version, cette fois du Spencer David Group « Keep and running » qui devient « Elle est divine ». Puis en 69, un grave accident de voiture l’éloigne des studios de longs mois. Il n’arrivera pas à revenir en vedette et change de direction : fou d’aviation il devient journaliste spécialisé. Jusqu’en 80 ou il rencontre Vline Buggy et Julien Lepers qui lui font des chansons-tubes sur mesure et limite érotiques : « Pour le plaisir », « Sur des musiques érotiques », « Amoureux fous » qu’il chante en duo avec Julie Pietri « sensuellissime »… Les succès s’accumulent comme « Puissance et gloire », générique de la série « Chateauvallon », « Petite Nathalie »…
Les galas, les tournées se suivent jusqu’aux tournées « Age Tendre ». Et surtout jusqu’au moment où, une fois encore, la santé lui joue des tours. Sorti miraculeusement du coma, le revoici de nouveau sur pied et nous offrant ce double album qui nous propose toutes les facettes d’une carrière originale, riche, même si elle fut chaotique. On y retrouve tous ces succès et quelques jolies surprises. Faisant des infidélités à Julie Pietri, le voici en duo avec Corinne Hermès, autre rescapée, représentant le Luxembourg à l’Eurovision 83 avec « Si la vie est cadeau ». Elle reprend avec lui « Amoureux fous » et « Ces instants magiques ». Et puis, parmi les surprises, les reprises de « Nuit magique » de Catherine Lara, « La dame de Haute Savoie » de Cabrel, « Je vais t’aimer » de Sardou, « Show me » en anglais, tube de Kid Ink, dont Claude François avait fait une version sous le titre de « Cherche ». Quelques autres surprises, en tout 27 chansons en deux CD et pour finir en beauté la magnifique chansons qu’ont chanté Kenny Rogers et Joe Cocker, « You are so beautiful ».
Du rythme, de la sensualité et cette voix magique et restée intacte de ce beau crooner français.
Bernard SAUVAT « Mes silences d’autrefois… » (Universal)
Il est l’un de nos derniers poète-musicien-chanteur et cet ancien professeur reste aussi un éternel rêveur. Il y a mis du temps mais du coup, il nous offre un double album plein d’amour, de tendresse, de nostalgie et nous avoue qu’il fait des chansons pour les gens seuls. Ce qui n’empêche pas que ceux qui ne sont pas seuls peuvent écouter à tête reposée et s’imbiber de cette voix cassée qui parle beaucoup de ruptures, de chagrins d’amour, d’amours brisés, comme cette fille de « Stockholm », « Ingrid », « Je t’aime, oh toi oh toi, je t’aime » sur des musiques simples et belles, une orchestration minimaliste (guitare, piano, accordéon) dirigée par Lucien du Napoli, qui habille ces textes à la perfection. On est ému lorsqu’il nous raconte « Le papa que je suis », où qu’il nous chante « Mon père », il nous fait voyager en « Italia », belle hymne à la ville éternelle. Il a de belles phrases comme dans « L’absence » : « C’est dans ma chambre un peu de désordre qui n’est plus qu’à moi ». Et quand la vie vous cabosse, il se prend à nous dire « Heureusement qu’la vie s’occupe un peu de moi ».
A noter la reprise d’une chanson qui me rappelle des souvenirs : « La pluie ne mouille pas l’été » que chantait une jeune chanteuse en 74 : Monique Pianéa. Lors de son enregistrement j’étais avec elle dans le studio. Elle est aujourd’hui décédée mais cette chanson revit, grâce à Bernard. Et c’est un joli moment d’émotion. Comme tout le disque d’ailleurs.
Mireille MATHIEU « Mes classiques » (Abilène Disc)
Encore une voix française… Et quelle voix !
Celle de Mireille Mathieu qui fut encensée en France puis boycottée on ne sait trop pourquoi mais qui représente la France dans le monde entier, chantant dans toutes les langues, ce qu’aucune chanteuse n’a su faire, même Piaf qui, en dehors des États-Unis, n’a jamais fait le quart du tour du monde qu’a fait, et que continue de faire notre petite avignonnaise.
Voilà que sort chez nous un album magnifique avec des chansons « classiques », musiques empruntées aux plus grands compositeurs du monde et qu’elle chante dans toutes les langues qu’elle maîtrise à merveille.
18 titres dont beaucoup sont des morceaux de bravoure que tout le monde peut reconnaître, sans peut-être savoir qui les a composés.
Ainsi trouve-ton « Le premier regard », signé Tchaïkovski, « Gold falit auf die zeit » sur une musique de Brahms, « Ave Maria » de Shubert », « La barcarolle » d’Offenbach, « Comme une larme » dont la musique est signée Mozart, « Lascia ch’io pianga » de Handel, « La valse des regrets » de Brahms … On pourrait tout citer.
L’une des plus émouvantes est « Après un rêve » sur une musique de Fauré.
Les paroles françaises sont signées Claude Lemesle et Mireille a fait appel aux plus grands auteurs de chaque pays dont elle chante la langue, c’est à dire allemand, italien, russe, espagnol, anglais.
Quelques » traditionnels » comme « Panis Angelicus » ou « Amazing Grâce », « La romance de Maître Patelin »… Un bel éventail de très belles musique que la voix de Mireille sublime et en fait un vrai grand disque qu’on peut classer parmi les « vrais » disques classiques. A noter qu’elle est accompagnée du Prague Symphonic Ensemble, dirigé par Jérôme Kuhn.
Jacques Brachet