Lorsqu’un groupe d’amis d’enfance se retrouve, à la cinquantaine, devant le décès de l’un des leurs, c’est le choc. Mais après le choc, ce sont toutes les questions de l’existence, de leur vie, qui sont remises sur la table. A-t-on bien vécu ? avons-nous réalisé nos rêves ? En avons-nous encore ? Combien de temps en avons-nous encore ? Le temps qui reste, comment l’employer ?
Ce sont toutes des questions qui vont perturber l’existence de ces quatre quinquagénaires face à une mort qui les touche de près et qui va tout remettre en question.
C’est ce sujet grave que Philippe Lellouche aborde avec, dans cette pièce intitulée « Le temps qui reste », comme toujours dans ses pièces, beaucoup d’humanité, de sincérité, de réalisme. Une comédie douce-amère où se retrouve ce trio inséparable qu’est l’auteur-comédien et ses deux acolytes, David Brécourt et Christian Vadim.
A leurs côtés, exit Vanessa Demouy , arrivée de Noémie Elbaz, qui a déjà une jolie carrière à la télé (elle a été Simone Brassens, on l’a vue dans « Section de recherches », « Femmes de loi », « Camping Paradis » mais aussi dans un autre « Camping », celui de Fabien Otteniente !)
Les trois autres, complices depuis des années, se retrouvent pour la troisième fois dans ce magnifique cadre du fort de la Bayarde, avec le même plaisir mais aussi une émotion particulière car ce soir-là, c’est la dernière.
Inutile de dire que la terrasse des coulisses est une véritable ruche car famille et amis y sont réunis et s’il est facile de trinquer avec eux, plus difficile est celui de les prendre à part, Philippe étant très volubile, dégustant avec gourmandise des gâteaux spécialement apportés pour lui, David s’occupant de son épouse et de son petit Mathurin de deux ans, Christian recevant des amis et Noémie, après être restée un long moment sur son Iphone, disparaissant pour se préparer.
Juste le temps d’accrocher Christian, David qui commence à se concentrer et par contre Philippe, lui, décontracté, prendra le temps de se poser un moment avec moi.
David, comment s’est constitué ce trio qui a l’air aujourd’hui indissociable ?
Notre rencontre a été guidée par le hasard. Il se trouve que Philippe et moi habitions tout près l’un de l’autre à la campagne. On ne se connaissait pas mais on s’est retrouvé autour d’une table chez des amis communs. A la fin du repas, il m’a proposé sa pièce « Le jeu de la vérité ». Il a fait de même avec Christian, quant à Vanessa, ça allait de soi puisqu’elle était alors sa femme.
As-tu vite dit oui ?
…Oui ! la pièce était percutante et je découvrais un véritable auteur avec beaucoup de talent, une grande intelligence, une grande vivacité d’esprit… Avec Philippe, on a touché le gros lot et depuis, nous sommes engagés dans la même aventure !
Nous avons donc joué avec succès « Le jeu de la vérité ». C’est la première pièce que nous avons créée, puis il y a eu sa suite « Le jeu 2 la vérité » et « Boire, fumer et conduire vite »… il y a eu les films et enfin cette pièce qui se termine ce soir « Le temps qui reste »
Christian, dans quel état d’esprit êtes-vous ce soir ?
C’est la dernière… et alors ? Ca fait 17 ans qu’on est ensemble, aussi bien au théâtre qu’au cinéma et avec eux on sait que ce n’est jamais la dernière. Nous venons de faire Paris et la tournée avec cette pièce, cet été nous avons fait les festivals et la suite… elle est à écrire. Mais on sait déjà qu’il y aura une suite. Donc ce soir nous sommes joyeux, heureux, moi je vais prendre des vacances, me trimballer à moto avec des potes, je vais passer un mois de vacances avec mes filles.
Comment s’est fait la rencontre avec les deux comparses ?
Avec Philippe, nous nous étions croisés quelquefois dans le cadre professionnel. Il y a 35 ans, Philippe était journaliste et la première interview qu’il a faite, c’était au festival de Cannes et c’était… moi ! Il travaillait pour un média portugais !
Puis on s’est retrouvé sur une série TV de TF1 « 72 heures » et un an plus tard il me proposait « Le jeu de la vérité. Avec David ils se connaissaient car tous deux vivaient à Barbizon. On s’est retrouvé tous les quatre, avec sa femme, Vanessa Demouy, à Pierres et Vacances à Cogolin… C’est là que tout a démarré… Et que ça dure !
Philippe… Auteur, scénariste, réalisateur, metteur en scène, comédien, journaliste, chanteur… Qu’est-ce que vous n’avez pas encore fait ?
La météo ! Blague à part, tous ces métiers sont les mêmes, chacun est la prolongation de l’autre, c’est en fait raconter des histoires de diverses manières.
Comment passe-t-on de journaliste à comédien et auteur ?
J’étais grand reporter mais le métier, vous devez en savoir quelque chose, est devenu aujourd’hui très compliqué. Du coup, de témoin, j’ai voulu devenir acteur de ce monde. J’ai donc choisi. L’écriture, c’est ce que j’ai toujours aimé faire et lorsque j’ai vu que je n’étais pas prisé par les meilleurs auteurs et réalisateurs français, j’ai décidé d’écrire moi-même des pièces. Ainsi est née la première pièce « Le jeu de la vérité ».
Et comme je voulais être entouré de copains, j’ai choisi David et Christian qui, au fil du temps, sont devenus des amis. Vanessa, ça allait de soi, c’était alors ma femme !
Lorsque vous écrivez, vous pensez toujours à eux ?
Oui, très souvent lorsqu’il y a plusieurs personnages. Mais j’ai écrit pour Gérard Darmon « Tout à refaire » et au départ, je n’avais même pensé à y jouer. Sinon, je pense à eux, évidemment. Nous sommes amis, nous avons le même âge, les mêmes préoccupations, je développe des thèmes d’actualité qui les intéressent. En fait, nous sommes la seule troupe de théâtre privé existant en France !
Et le succès est toujours là, on le voit ce soir où on a refusé du monde !
Oui, c’est à la fois formidable et inconfortable car, c’est vrai, le public nous aime tous les trois, ils nous sont fidèles, ils attendent beaucoup de nous et c’est donc à chaque fois un challenge… Vont-ils aimer ? Je pense qu’ils aiment car j’aborde des sujet où tout le monde se sent concerné. Ca a été les problèmes de la trentaine, de la quarantaine, aujourd’hui de la cinquantaine. D’ailleurs aujourd’hui, on ne pourrait plus jouer « Le jeu de la vérité »… On est trop vieux !
En attendant de retrouver vos acolytes pour certainement un autre projet, les votres vont vers où ?
Oui, il y a déjà un projet qui se dessine mais avant ça, je vais mettre en scène l’avocat Eric Dupont-Moretti pour un spectacle intitulé « A la barre », au théâtre de la Madeleine. C’est évidemment lui qui écrit le texte où il va raconter sa vie d’avocat. Puis je redeviendrai comédien, au cinéma, en septembre, dans le prochain film de Michaël Youn, qu’on tournera à St Tropez et j’enchaînerai avec le prochain film de Lelouch… l’autre ! Et je finalise un scénario.
Et toujours rien avec Gilles, votre frère ?
Il y a longtemps qu’on y pense mais le problème est que nous sommes deux frères et qu’en plus, on se ressemble. Alors, quoi jouer d’autre que deux frères ? Ou alors l’un joue, l’autre réalise ou met en scène. Mais c’est sûr, on trouvera la solution un jour !
Aujourd’hui, avez-vous d’autres envies ?
J’en ai toujours plein. Comme par exemple, j’aimerais chanter. Je m’y suis essayé et j’aimerais aller plus loin, pas simplement pour faire un disque et l’ajouter à mon CV !
Je me donne encore vingt ans pour accéder à mes désirs… Et il y en a !
Propos recueillis par Jacques Brachet