Toulon – La Galerie 15
Jacques Aspert nous livre ses « Démons et merveilles »

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Photographe toulonnais, Pierre-Jean Rey, après avoir créé les studios Baobab à Toulon où nombre d’artistes sont venus se faire photographier, est « monté » à Paris pour continuer sa vie de photographe, toujours avec Baobab.
Puis, l’âge aidant, il est revenu comme Ulysse « plein d’usage et raison », dans sa ville natale, avec son épouse, la comédienne, scénariste et romancière Nicole Jamet.
Aujourd’hui, il est aux commandes d’une belle galerie d’art dans le centre ville de Toulon, là où se concentrent nombres de lieux, galeries, ateliers d’artistes et où la vie culturelle s’épanouit de jour en jour.
Installée dans ce « Port des créateurs », place des savonnières, la Galerie 15 accueille donc exclusivement des photographes et, vient de s’installer jusqu’au 11 août, un autre Toulonnais de souche : Jacques Aspert.
Une exposition originale qui nous interpelle par le souffle chaud et froid qu’il nous procure.
L’on passe ainsi de paysages oniriques aux grands ciels chargés de nuages apaisants à d’autres, beaucoup plus tourmentés . Ce n’est pas par hasard que certaines ouvres se nomment « Démons et merveilles ».
Mais le titre de l’exposition mérite peut-être une explication : « Pareidolies et palimpsestes numériques ». Que se cache-t-il derrière ces moments savants ?
Signification :
Une paréidolie (du grec ancien para « à côté de », et eidôlon, diminutif d’eidos, « apparence, forme ») est un phénomène psychologique, impliquant un stimulus (visuel ou auditif) vague et indéterminé, plus ou moins perçu comme reconnaissable.
Un palimpseste est un manuscrit sur parchemin d’auteurs anciens que les copistes du Moyen Âge ont effacé pour le recouvrir d’un second texte. Numérique en est la version d’aujourd’hui.
C’est donc pour l’artiste, un travail intérieur, conscient ou inconscient, d’où naissent ces images qui, au départ sont de simples et belles photos de paysages et de ciels qu’une fois prises il oublie dans  » le coin d’un tiroir de sa mémoire » et qu’il fait un jour réapparaître et là alors, le travail commence avec le numérique.

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Et il y a plusieurs approches de son travail : la photo exposée que l’on découvre et qui vous apporte une émotion première. Mais plus on avance vers la photo, plus on y découvre des détails, des symboles, des choses enfouies dans sa propre mémoire et qui ressortent au fil du regard.
Et selon son humeur, il nous fait voyager du paradis cotonneux et serein à l’enfer des flammes et des ciels tourmentés. Nous passons de Charybde en Scylla en quelques secondes, le temps d’une photo. Et l’on est quelquefois, dans cette atmosphère sinon mal à l’aise, du moins interrogatif en entrant dans son monde fantastique, étrange quelquefois angoissant.
Il nous parle de fuite, d’errance, de naufrages, de paysages d’après… Lorsqu’on le rencontre, souriant et avenant, même s’il reste discret, le bonhomme n’est certainement pas si serein que cela.

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Jacques Aspert – Nicole Jamet – Pierre-Jean Rey

Mais cela donne un travail maîtrisé, étourdissant, une œuvre magistrale qui ne peut laisser indifférent, et dont les images restent dans notre mémoire, lorsqu’on a franchi la porte de la galerie et qu’on a retrouvé la vie bien réelle de la rue.
On ne sort pas intact d’une telle exposition.

Jacques Brachet
La Galerie 15 – Le Port des Créateurs – Place des Savonnières – Toulon
www.lagalerie15.fr