
C’est une comédie culte signée et interprétée par Josiane Balasko, qui, avec Richard Berry, fit un triomphe en 1998. Reprise très souvent depuis, notamment avec Michèle Bernier et le regretté Pierre Cassignard, la voici qui renaît une fois encore avec deux magnifiques artistes qu’on n’attendait pas là : Catherine Marchal et Alexandre Brasseur, mis en scène par Eric Laugérias.
C’est l’histoire de deux artistes qui eurent une histoire d’amour Gigi, qui est en pleine dépression et fait une cure de désintoxication à l’alcool et Hugo qui est en panne de succès. Ils se sont séparés et se haïssent depuis et lorsqu’ils vont se retrouver face à face, grâce ou à cause d’un agent qui, faute d’autres comédien, les engage pour interpréter « Un grand cri d’amour », le metteur en scène aura du mal à les diriger.
Autre qu’un grand cri d’amour, ils vont s’expliquer, se disputer jusqu’à en venir aux mains, s’envoyer quelques vérités au visage, et même quelques grossièretés devant le metteur en scène qui s’épuise (Fred Nony) et l’agent qui s’enfonce dans des mensonges (Jean-Marie Lhomme).
Les dialogues sont acerbes et percutants, façon Balasko, notre couple est déchaîné, s’en donne à cœur joie, crie, se chamaille, s’insulte pour à la fin…
Entre temps précisons que nos deux ennemis s’offrent quelques fous-rires qui ont fait de cette soirée un enchantement de rires mais aussi d’émotions, devant un théâtre Galli plein à craquer et surchauffé.
Et c’est avec une pêche formidable que nos deux artistes nous offrent un moment d’entretien avec une gentillesse extrême, malgré l’énergie qu’ils ont déversée sur scène.
Je n’avais jamais rencontré Catherine Marchal et ce fut une jolie rencontre. Alexandre Brasseur, je l’avais déjà vu plusieurs fois, lorsqu’il a sorti son livre « Additionne –Ed Plon) et à la Rochelle durant le festival de la série télé. Où il venait pour la série »Demain nous appartient ». L’homme est toujours aussi sympathique. A chacun sa série puisqu’Alexandre y est toujours et qu’on peut retrouver Catherine dans « Ici tout commence ».
« Claude, Parlons d’abord de cette pièce dans laquelle on ne vous aurait pas imaginé !
Ah oui ? Et pourtant… C’est une pièce qui me plaisait beaucoup et j’ai été heureux qu’on me la propose.
Qu’est-ce qui vous a fait dire oui ?
Ce n’est pas seulement une comédie, il y a aussi du fond, une histoire d’amour compliquée. Je n’avais pas vu la pièce mais j’avais vu le film. Et lorsqu’on me l’a proposée, j’ai dit oui tout de suite car le film m’avait beaucoup fait rire et à la lecture de la pièce, j’ai encore beaucoup ri. Je me suis donc fié, non pas à mes émotions mais à mon premier ressenti.
Depuis quand n’étiez-vous pas monté sur scène ?
Depuis le covid. Juste avant, j’avais fait un seul en scène à Avignon sur « Les enfants du Paradis ». Le temps que tout se soit remis en place, ça prend du temps. D’autant plus que je ne voulais pas jouer à Paris, je préférais jouer en province.
Pourquoi ?
Parce que je trouve que c’est dur de jouer à Paris. De plus je tourne dans la série « Demain nous appartient » et je ne voulais pas être bloqué tout le temps à Paris où l’on doit jouer tous les jours.
Et puis en tournée, j’aime rencontrer les gens qui nous regardent tous les soirs à la télé.
Vous ne les voyez pas à Sète ?
Je les vois plus qu’à Paris et j’avoue que j’aime bien la province… Tout simplement !
Depuis combien de temps êtes-vous dans la série ?
Ça fait déjà sept ans !
Et toujours pas lassé ?
Non, non… tout va bien ! Et je suis content de pouvoir alterner théâtre et télé.
Mais comment arrivez-vous à alterner le tournage et la tournée ?
C’est une question d’organisation. Là j’ai tourné toute la semaine à Sète puis je prends ma voiture et je viens à vous ! Nous avons 90 dates et depuis septembre je fais les allers-retours.
Ce doit être crevant !
Mais non, c’est une chance qu’on a de pouvoir travailler. Il ne faut pas passer à côté. De temps en temps il y a un peu de repos et puis quoi… Je ne vais pas à la mine !
Je suppose que vous connaissiez Catherine. Vous tournez chacun dans une série, pas loin l’une de l’autre.
Oui, on se connaissait mais là-bas on ne se voit pas du tout. On n’a déjà pas le temps de voir ceux avec lesquels on tourne alors vous pensez la série d’à côté !
Vous êtes-vous fait des amitiés sur le tournage ?
Oui… Je m’y suis surtout marié avec une personne qui s’occupe de la communication. Il y a 3 ans.
Aujourd’hui, vous avez d’autres projets ?
Je vous avoue qu’en ce moment j’ai pas mal de boulot. Nous jouons jusqu’au mois d’août plus le tournage, pour le reste on verra après… »« Catherine, même question que pour Claude : On vous retrouve dans une pièce dans laquelle au départ on ne vous aurait pas imaginée… Entre Balasko et vous… il y a un monde !
Ce n’est pas faux ! En fait l’idée vient de d’Eric Laugarias. Au départ j’ai trouvé l’idée un peu surprenante et je vous avoue que j’ai même trouvé que ce n’était pas une très bonne idée ! Mais c’est vrai qu’en fait il a ce sens de savoir quelle pièce monter et trouver les comédiens qui pourront la jouer. Et puis l’écriture de la pièce est tellement efficace, les dialogues tellement forts à relever que j’ai fini par dire oui !
Vous vous êtes donc échappée de « Ici tout commence » pour faire cette tournée ?
Non, comme Claude, j’y retourne régulièrement entre les dates de tournée car nous ne jouons pas la pièce en continu.
Entretemps il y a eu « Brocéliande », il va y avoir « L’art du crime » sur la saison 8.
Le théâtre, c’est un retour !
Oui, ça faisait douze ans que je n’y avais pas joué. C’était en 2012 avec « Rendez-vous au grand café » qui avait très bien marché. Mais avec tous les tournages, on a peu de temps pour le théâtre. Si on joue à Paris c’est tous les soirs et on ne peut plus faire grand-chose à côté. Donc, je tourne !
L’intérêt de la quotidienne comme « Ici tout commence », c’est qu’il y a beaucoup de personnages et que l’on peut s’absenter quelque temps pour tourner autre chose. Les auteurs le savent à l’avance et font en sorte qu’on puisse s’absenter.
Vous y jouez depuis combien de temps ?
C’est la quatrième saison.
Et pas de lassitude ?
Non, car le personnage évolue et c’est un bonheur d’être en sorte une « sociétaire » !
Aujourd’hui, je fais partie des meubles et ça a un côté rassurant, on a formé une famille. J’ai beaucoup de joie à y aller.
Expliquez-moi un peu comment se font les tournages ? Vous savez d’avance ce que vous allez jouer ?
En fait je n’ai pas mon mot à dire, les auteurs écrivent, nous recevons ce qu’ils ont prévu pour nous, après il y a notre interprétation, notre marge artistique est là, on interprète à notre façon. Il faut simplement accepter le jeu de ne pas savoir. C’est une surprise à chaque fois est ça a un côté excitant. Je lis très peu à l’avance et j’aime me faire surprendre. J’ai cette chance d’avoir une mémoire immédiate. Je lis, je sais. On a un peu un métier d’athlète.
Sans compter qu’un coup j’ai une scène de comédie, une autre plus dramatique. J’ai même joué une femme saoule ! C’est un personnage bien dans ses bottes, il y a plein de choses différentes à jouer
Avec Alexandre, vous croisez-vous sur les deux tournages ?
Non, nous tournons à Aigue mortes, ce qui n’est pas vraiment à côté !
Mais nous nous connaissons depuis longtemps et nous n’avions jamais travaillé ensemble. C’est une des raisons pour laquelle j’ai accepté de jouer la pièce ».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon