Archives mensuelles : décembre 2024

Notes de Lectures

Fréderic SOJNER : Fac off. (Ed.Léo Scheer – 184 pages )
Ce roman raconte « l’envers et l’enfer du décor de l’enseignement supérieur ».
L’auteur, Belge et professeur à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, nous raconte avec beaucoup d’ironie, ce milieu dans lequel il vit et évolue. 
La vie d’un universitaire n’est pas de tout repos : 58 suicides au sein de l’Education Nationale pour l’année 2018-2019 !
L’auteur parfois sarcastique nous fait revivre avec beaucoup d’ironie ses quarante ans de vie active. Sa vocation devient carrière, il passe des bancs de l’école à l’estrade, la passion d’enseigner se transforme en ambition quitte à harceler les autres ou délaisser sa famille à cause d’un système de nomination géographique imposé. 
Tous ces sacrifices pour obtenir le titre de Professeur d’Université.
Parfois la passion revient comme une drogue,

Margaret WILKINSON SEXTON : Les sœurs de Fillmor. ( Ed. Actes- Sud – 396 pages)
Une incursion dans le quartier de Fillmore, le Harlem de l’ouest en Nouvelle Orléans, où vivent les trois sœurs Ruth, Esther et Chloe, apprenties danseuses coachées par leur mère Vivian, une infirmière qui consacre son temps libre en dirigeant leur carrière musicale qui se déroule dans les clubs de Jazz de leur quartier noir. Le jour où un célèbre manager promet d’en faire des vedettes leur mère est aux anges. Mais c’est compter sans la perspicacité et l’allant des trois filles qui réagissent différemment et d’une façon très personnelle et inattendue On veut plaire à sa mère mais on ne peut pas renoncer à ses propres aspirations d’adultes. Des conflits familiaux en perspective doublés par l’influence de promoteurs blancs qui jettent leur dû sur ces nouveaux quartiers pleins de vie.
Beau roman célébrant l’ambition, la solidarité familiale, la résilience d’une communauté attachante, palpitante saga familiale aux accents jazzy, un bel aperçu de la vie de ces Afro-Américains rendu d’une plume alerte et passionnée ; très agréable à lire malgré une écriture un peu relâchée mais qui donne de la vie et à laquelle on s’habitue.
Marilyse TRECOURT : L’envol des lucioles (Ed.Eyroles – 300 pages)
« J’ai officiellement vingt- sept ans et il me reste trente jours à vivre ; grand max ! ». Léa est persuadée qu’elle sera la prochaine victime d’une malédiction familiale, sa mère a été emportée accidentellement, sa grand-mère et arrière-grand-mère de même, le sort les a frappées peu après leur vingt-septième anniversaire. L
éa sent la mort autour d’elle, elle phantasme, elle la voit, lui parle, elle ressemble à une chanteuse célèbre vêtue d’une longue robe noire. Léa semble se résigner alors que son entourage lui conseille de se rebeller. La peur s’installe . Gina, sa grand-mère paternelle va l’héberger suite à l’incendie de sa maison. Elles sont en contradiction, l’une est peureuse et prisonnière de sa vie, l’autre a des allures de hippies et aime la vie. Léa sera-t-elle influencée ?
C’est la partie la plus amusante de ce roman et qu’il est bon de découvrir. Un roman lumineux, une ode à la vie et à l’amour, une belle écriture pleine de belles de personnages attachants qui vont étonner.

Melissa DA COSTA : La faiseuse d’étoile (Ed Albin Michel – 233 pages)
L’atmosphère de la maison est bizarre et devant l’air interrogatif d’Arthur cinq ans, sa mère Clarisse lui révèle qu’elle va partir en mission secrète sur Uranus et qu’il doit garder le secret. Seuls son père, sa tante et sa grand-mère sont au courant et entretiennent par leur silence les propos de Clarisse.
C’est en fait l’histoire d’une mère qui déborde d’imagination pour cacher à son fils une dure réalité la concernant, et elle n’aura de cesse de magnifier son récit tel un conte. En attendant ce départ sur Uranus elle passe beaucoup de temps avec son trésor de fils et constitue ainsi des souvenirs empreints de douceurs, d’odeurs, d’amour… et plus encore.
A sept ans l’enfant doute, s’accroche aux propos de sa mère puis  vit la douloureuse réalité et réagit. Histoire bouleversante d’amour d’une mère qui veut protéger son fils d’une douleur proche.
Roman court mais intense, pudique, plein de douceur et de sensibilité émotionnelle. La couverture découpée et dessinée rappellent les dessins du petit prince de Saint Exupéry.
Mélissa Da Costa nous plonge dans les souvenirs d’un enfant devenu père à son tour avec simplicité mais profondeur et justesse.
Viktor LAZLO : Ce qui est pour toi, la rivière ne l’emporte pas
(Ed-Robert Lafont – 240 pages)
Elle s’appelle Oividia, on entend « oubli » et ce roman sera l’évocation de cette vie oubliée de tous.
D’abord de sa mère, esclave noire dans une propriété martiniquaise où elle voit le jour, au service de l’épouse de celui qui l’a violée. Elle va connaitre le travail des champs de coton, de dur labeur jusqu’au jour où elle sera elle-même violée par son propre père, le maitre absolu, qu’elle assassinera.
Restée auprès de sa mère adoptive elle s’expatrie et va connaître l’exil en France et se confronte à la Révolution française et à l’abolition de l’esclavage.
Une épopée historique passionnante, pleine de feu, d’action, de revirements. Cette vie inventée par l’auteure au vu d’une gravure de jeune femme noire assise derrière un éminent personnage de la Convention nous passionne.
Une histoire dans l’Histoire que l’auteure a magistralement animée et parfaitement décrite.

Renaissance de l’Opéra de Toulon

Paris a vu la renaissance de Notre-Dame…
Toulon voit la renaissance de son Opéra. Un opéra qui date de 1862, qui, après 18 mois d’études, a fermé ses portes depuis 36 mois et qui va renaître à la vie dans le courant de 2027, restauré du sol au plafond, pendant que les spectacles ont continué de se produire, sous l’égide de son directeur, Jérôme Brunetière, entre le Zénith et le Liberté, le Neptune et Châteauvallon, jusqu’au parc de la Méditerranée de Six-Fours.
Lors de notre rencontre avec l’amiral Yann Tainguy, adjoint à la Culture, président du conseil d’administration de l’Opéra TPM, Jérôme Brunetière, Céline Girard architecte de la Fabrica Traceorum de Marseille et toute l’équipe de TPM nous ont fait entrer dans un opéra en chantier qui va retrouver son lustre d’Antan, dépoussiéré, embelli, rénové mais, monument historique oblige, redeviendra au mieux ce qu’il était lors de sa création.

Jérôme Brunetière : «C ‘est un chantier complexe »
« Ce n’est pas en tant que président du Conseil d’Administration de l’Opéra – souligne Jérôme Brunetière, que je suis ici aujourd’hui, mais vous savez que l’Opéra travaille dans un bâtiment qui appartient à TPM (Toulon Provence Méditerranée) et c’est TPM qui a décidé de rénover entièrement ce bâtiment historique qui date de la fin du XIXème siècle. Ce sont des travaux gigantesques qui ont nécessité sa fermeture depuis l’été 2023 et qui est un chantier colossal dans sa complexité et dans son coût. Chantier qui touche la quasi-totalité des espaces, sauf le foyer  de réception Campra qui a déjà été rénové, hors chantier donc et protégé durant les travaux. Il y aura simplement une intervention pour permettre l’accécibilité aux personnes handicapées, ce qui ne pourrait jusqu’alors se faire que par les escaliers. C’est un chantier compliqué car on touche à tout, des décors aux dispositifs techniques de la scène, l’emplacement où jouent les musiciens, , c’est-à-dire la fosse d’orchestre, la salle, le parquet, les fauteuils permettant de donner un meilleur confort au public, on crée un dispositif de chauffage et de climatisation, ce qui n’est pas une simple affaire, on touche également à la partie arrière qu’on ne voit pas, c’est-à-dire les loges, les bureaux, les espaces de répétitions, les ateliers pour les décors, les costumes…
32 lots ont été créés et comme c’est un monument historique, il est surveillé de près ». Nombre de corps de métiers doivent évidemment travailler, sans se gêner, tout en se protégeant de la poussière entre autres, pour retrouver les décors de l’époque qui, au fil des temps, ont été masqués de ce qu’il y avait à l’origine.

Jérôme Brunetière
Amiral Yann Tainguy
Céline Girard

Yann Tainguy : « Nous avons la chance que notre opéra n’ait pas subi de dégâts durant les guerres… »
« Toute la première phase d’étude s’est déroulée sous le contrôle de la DRAC, pour faire tout un ensemble de sondages, de recherches, pour savoir comment c’était à l’époque. On a essayé de tout restituer dans son époque, d’avoir des références, tout en apportant un confort supplémentaire pour tous, dans un respect absolu de l’authenticité historique.
C’est l’un des très rares opéras en France et en Europe qui a encore la configuration de sa salle initiale. Beaucoup ont subi des incendies ou des problèmes divers et ont fait l’objet de restaurations profondes, ce qui n’est pas le cas pour l’Opéra de Toulon qui a eu la chance de ne pas subir d’accidents. Il a résisté, a contrario de certains opéras qui ont subi des dégâts ».

Céline Girard : « Les dernières technologies, pour être le plus performant possible »
« Les chantiers ont donc démarré avec le curage, le désamiantage, il y a eu un gros travail sur les sculptures, ils se poursuivra  avec la rénovation du hall, de la salle de spectacles, les sièges et les balcons,  afin d’améliorer le confort du public, puis la rénovation de la scène , les équipements étant vétuste, et tout moderniser. Entre autre la scène qui est inclinée et qui pourra, selon les spectacles, la rester ou être à plat, afin de pouvoir diversifier les programmes. Cette modularité se fera par un jeu mécanique très simple.

Le hall d’entrée d’aujourd’hui
Le hall d’entrée de demain

Le renouveau se fera aussi par l’agrandissement de la fosse d’orchestre qui gagnera en profondeur et sera plus adapté aux musiciens et équipé d’un plancher élévateur selon les spectacles. Sonorisation et mise en lumière seront dotés d’un équipement plus adapté. La cage de scène descendra de plus de dix mètres en montera à plus de vingt mètres, ce qui va donner un énorme volume parallélépipédique. C’est un volume gigantesque. Cette scène a une formidable acoustique naturelle qu’il faut préserver.
Et indéniablement, on intervient sur des éléments qui peuvent la modifier, comme le changement du parterre, des sièges, de la climatisation… »

Si la façade avant a été rénovée, celle de l’entrée des artistes, donnant sur le boulevard de Strasbourg est en train d’être ravalée. Il faut savoir aussi que, parmi les artisans qui travaillent sur l’Opéra, certains étaient sur le chantier de Notre-Dame. En parallèle de cet énorme chantier, un autre a débuté dans la cathédrale.
Le budget global des travaux se monte à 38.000.000 d’Euros TTC. 1.265.950 Euros de subventions, ont été attribués par l’Etat, la DRAC, la Région Sud. D’autres subventions sont en cours comme le Conseil Départemental du Var et la Fondation du Patrimoine ; comme le Conseil Départemental du Var et la Fondation du Patrimoine.
Décidemment, Toulon fait tout le temps peau neuve pour être plus belle encore.
Et bien sûr, on attend avec impatience, le jour où l’on pourra s’asseoir confortablement dans cet Opéra qui est et restera l’un des bijoux de notre patrimoine Toulonnais où les plus grands artistes sont venus s’y produire… Et pourront nous offrir leurs voix dans un magnifique écrin renaissant

Le plafond en rénovation

Jacques Brachet
Photos TPM et Alain Lafon

Un homme, une femme – Episode 2
Aliénor de CELLES & Luc PATENTRIGER

Sa boutique seynoise, c’est la caverne d’Ali-Baba. Des peintures, des dessins, des vêtements, des objets et bibelots venus du monde entier… C’est dans le calme du 16, rue Evenos, qu’Aliénor de Cellès a installé sa boutique-atelier, « Simona de Simoni », où elle reçoit les clients, où elle crée des tas de choses, où elle anime des ateliers pour enfants…
Et c’est là que Luc Patentriger, président du festival « Femmes ! » l’a découverte et lui a proposé de créer, pour la première fois, une affiche originale que l’on a pu voir dans toutes les villes où le festival s’est posé.
Femme discrète, presque timide, elle nous parle de ses passionsAliénor de Cellès : On va toujours vers les choses qu’on aime
« Aliénor, comment l’Art est-il venu à vous ?
J’ai toujours, toute petite, dessiné et peint D’ailleurs à huit ans j’ai gagné un concours de dessins organisé par la mairie de Saint-Raphaël où j’ai habité jusqu’à mes 15 ans. J’ai aussi gagné un concours de poésie. J’ai toujours eu cette sensibilité et j’ai même été éditée à dix ans, ce qui a fait très plaisir à mes parents ! J’ai toujours « bricolé » puis j’ai fait un BTS d’Art Plastique, de lettres à Troyes. J’ai fait Histoire de l’Art et Sémiologie à Toulouse.

Comment vous êtes-vous retrouvée à la Seyne-sur-Mer ?
J’ai passé toute ma vie à Paris mais mon conjoint est d’ici et il a eu envie de revenir en Provence où il était venu dix ans avant. On avait décidé de revenir ici lorsque notre fils aurait eu son bac. Nous sommes revenus en 2018 à Toulon où nous ne nous sommes pas plus. Nous étions considérés comme des étrangers ! La greffe n’a donc pas pris.
De plus, la mairie proposait des locaux aux artistes en nous faisant des réductions sur la location. Au final, nous avons eu 12… Euros de réduction et… 50.00 Euros de travaux, le sol était en terre battue, pas d’électricité. Lorsque ça ne marche pas, la mairie récupère le local. J’ai trouvé ce comportement un peu limite !
Depuis l’âge de 20 ans, j’ai eu des boutiques et j’ai toujours préféré acheter les murs.
Du coup on a cherché ailleurs et c’est à la Seyne qu’on s’est installé. Et là, c’est chez moi !
Vous êtes quand même un peu isolée ?
J’ai cherché pendant un an, ja’i trouvé cet endroit qui est très calme, j’ai des clientes fidèles. J’ai même d’anciennes clientes que j’avais à Paris, je leur fait visiter les environs, je leur fait prendre le bateau. J’ai du temps pour animer mes ateliers, préparer mes expositions.
Vous avez donc multiplié les plaisirs !
Oui mais c’est toujours le dessin qui est au centre de tout. Et le contact humain aussi qui est important. Je travaille beaucoup avec des enfants, dans les écoles, autour de projets pédagogiques, j’ai travaillé avec la maison de couture « Les blancs manteaux ». C’est l’humain d’ailleurs qui m’a rapprochée de Luc. Nous avons beaucoup de similitudes.

chacun racontant son  histoire. Ce qui lie l’écriture, la lecture et le dessin. Ca a donné des choses extraordinaires.
Et la mode ?
J’ai travaillé pour des compagnies de théâtre. J’ai toujours eu une sensibilité aux textiles. Lorsque j’avais dix ans, chez moi je réalisais des boutiques et ma sœur, qui était plus jeune, était ma cliente ! Elle se lassait très vite et je ne comprenais pas pourquoi !
Je pense qu’enfant, lorsqu’on crée des choses, ces sont souvent ses futures perspectives. La preuve : ma mère enfant avait toujours un boulier à la main… Elle est venue comptable !
J’avais une amie styliste, Sylvie Loussier, la femme du musicien Jacques Loussier, qui avait une marque de vêtement « Petits faunes » et qui se servait de nous comme modèles. J’étais à bonne école ! Et c’est vrai aussi qu’on va vers les choses qu’on aime.
J’avais dit à Sylvie, alors que j’avais 4 ans : « Quand tu seras morte, je prendrai ta place » !!!
Sympa, non ?
Enfin, la peinture ?
J’ai toujours dessiné, peint, ça a toujours été mon moyen d’expression, à part ça, peu de choses me plaisaient. J’ai d’ailleurs payé mes études à Toulouse en peignant et en dessinant, en créant de petits bijoux, des mosaïques. Je n’ai jamais arrêté de créer.
Revenons au festival… Votre rencontre avec Luc …
Je l’ai connu par l’intermédiaire de Christelle, une amie commune et nous avons tout de suite accroché. Il m’a proposé de créer cette affiche et travailler avec lui a été très agréable.  Tout a bien fonctionné et je pense que ma toile représentait bien le thème, l’identité du festival. J’espère qu’on pourra retravailler ensemble.
Des projets ?
Je vais avoir une exposition à Paris, une à la Seyne en avril chez une psychiatre qui m’a déjà acheté des toiles et un énorme projet dont je ne peux pas encore parler ».

L’affiche du festival
La robe sapin créée par Aliénor

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Un homme, une femme- Episode 1
Luc PATENTREGER & Aliénor de CELLES

Lui, c’est le président du festival « Femmes ! » qui s’est déroulé sur plusieurs villes varoises.
Elle est l’auteur de cette originale affiche qui a accompagné le festival.
Pour clore en beauté cette magnifique manifestation, nous avons réuni nos deux amis dans l’atelier magique d’Eliénor de la Seyne « Simona de Simoni », bien caché dans une ruelle synoise, 16, rue Evenos, l’une pour parler d’elle, lui pour parler… de lui et faire un point sur ce festival  pour lequel j’ai eu l’honneur d’être juré.Luc Patentreger : « Je suis un universaliste »
« Luc, 23ème édition de ce festival que tu présides et qui fut cette année un grand succès !
Oui, le film a duré presque un mois, nous avons fait 5.200 entrées, c’est la meilleure édition et au niveau  des diffusions de films, des spectacles et des animations off, nous avons fait très très fort, nous avons des retours très intéressants, que ce soit du public, des institutionnels, des artistes invités. Ça a été une très belle édition.


Tu n’as pas choisi la facilité : Un mois, de multiples lieux…  Comment arrive-t-on à tout concilier ?
La première étape est de trouver le thème de l’année. Cette année ça a été les femmes artistes. La seconde fut de trouver l’artiste qui allait illustrer l’affiche,  ce qui était une innovation puisque depuis le début nous avions le même graphisme. C’est Aliénor qui fut l’artiste élue, ce qui a très bien été perçu puisque les gens ont adoré. La troisième étape – et non la moindre ! – fut bien sûr de trouver les films. Au sein de l’association, nous avons un comité de sélection. Nous avions les films fin juin, un panel de 50 films choisis parmi les 200/250 films vus. Et c’est toute l’équipe qui choisit les films à présenter au festival.
Comment cela fonctionne-t-il pour arriver à ce choix ?
Nous sommes beaucoup aidés par Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles de Six-Fours qui est au courant de tout ce qui se tourne et pour le choix des avant-premières présentées. Cette année nous en avions sept.
Autre innovation : un jury !
Oui, nous avons pensé qu’il serait bien de créer, en parallèle avec le prix du public, un prix d’un jury de professionnels en incorporant les sept avant-premières.
Ca a très bien fonctionné et nous avons eu l’idée d’y ajouter l’an prochain un prix pour une comédienne.*
Et après ?
Après… Juillet/août, c’est là où je m’enferme dans ma tanière où je prends seul les décisions, aidé de quelques personnes, dont mon épouse, Martine et c’est peut-être aussi le moment le plus important : trouver les bons films dans les bonnes salles et aux bons horaires. Nous avons quatre villes différentes, six ou Sept salles différentes, et des publics complètement différents. Chaque salle a son public. Il faut des films qui s’adaptent au public, à la salle et aux événements que nous mettrons autour des films. L’idée également, c’est d’imaginer le mélange, la mixité de la population.
C’est un défi.

Donc, l’été, pas de vacances, pas de bronzage, pas de mer !
Si… Je cogite en marchant beaucoup car je suis avant tout un marcheur, plus qu’un nageur !
Comment toi et ton équipe visionnent autant de films ?
Déjà, il y a le thème. Nous avons, le comité de sélection et des bénévoles qui font des propositions de films. Je ne fais pas partie du comité de sélection pour découvrir les films comme le public. Le problème est que je ne vois pas certains films, s’ils sont sélectionnés, je ne peux pas en parler. Il faudra donc que je les vois où que je trouve quelqu’un pour les présenter.
Mais encore ?
Il y a les plateformes,  mais aussi dans les festivasl car certains, comme Mireille Vercellino, vont à de nombreux festivals, il y a bien sûr le Festival de Cannes et aussi Noémie Dumas qui nous fait des propositions.
C’est cette alchimie de bénévolat qui fait qu’un choix se dessine.
Et les films sélectionnés ne sont pas faits que par des réalisatrices ?
C’est un choix parce que je pense que les hommes ont aussi des choses à dire pour les droits des femmes. C’est donc une vision mixte. Déjà en tant que président et homme donc, je pense que ce combat du droit des femmes doit être porté ensemble. Je suis un universaliste, je suis Charlie et c’est ensemble que nous devons combattre.
Les thèmes choisis sont aujourd’hui moins militants, plus ouverts qu’avant. L’amour, la résilience, les femmes artistes, les droits des femmes passent aussi par tous ces éléments.
Le thème de l’an prochain ?
Je ne peux pas encore le dire !

Comment se fait-il que ce soit un homme président d’un festival féminin ?
Il y a 23 ans, c’est moi qui ai créé ce festival. En tant que médecin et psychanalyste, je me suis toujours posé beaucoup de questions sur les problèmes des femmes. De plus, j’ai vécu dans un univers de femmes et j’ai pu voir leurs problèmes. Durant mes études j’ai découvert toutes les problématiques de mes copines souvent agressées par des mecs, je trouvais ça insupportable. Je suis aussi un enfant de Mai 68, donc écolo-féministe, le planning familial. Devenu médecin, j’ai écouté beaucoup de femmes. Et puis il y a eu la fermeture des chantiers navals et là j’ai encore découvert des femmes dont les maris avaient perdu leur boulot, qui étaient alcoolisés, brutaux, dépressifs, qui les frappaient, avec les enfants au milieu de tout ça. J’ai vu la misère de la condition des femmes.
Avec mon côté militant, devenu adjoint à la Culture, (dix mois, car le maire m’a viré !) l’idée m’est venue de faire un festival dédié aux femmes.
Lorsque, en 2001, j’ai rencontré Loucha Dassa qui avait créé les rencontres « Cinéma et femmes » nous avons décidé de créer ce festival.
En 2020, le covid approchant, il était impensable de réaliser le festival. Elle a décidé d’arrêter le festival. Et je l’ai donc repris avec toute l’équipe ». Et l’on voit ce que ça a donné… Succès amplement mérité avec cette équipe magnifique qui l’entoure et qui nous promet encore des moments intenses de cinéma autour d’une cause on ne peut plus défendable : la femme.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
* Prix du jury : « Mon gâteau préféré » de Maryam Moghadam et Behtash Sanahaeeha
Prix du public : « Prodigieuses » de Frédéric et Valentin Potier


Sanary – Théâtre Galli
Vive les vacances… ou pas !

Six amis. Trois couples.
Ils décident de partir en vacances au bord de la mer pour un séjour idyllique…
Vous avez dit idyllique ? On en est loin car chacun a ses secrets, ses mouvements d’humeur, l’une cherche désespérément à appeler sa fille qui a l’air de mener une vie de débauche, l’autre drague tout ce qui bouge devant sa femme, pour un troisième, il semblerait qu’il aurait un cancer, l’un des trois couples est en passe de divorcer, l’une des trois femmes aurait eu une liaison avec le copain…. Sans compter que lorsqu’on vit en communauté, plein de questions se posent : qui fait quoi ? Qui paye quoi ? Qui décide de ce qu’on va faire ?
Malgré le soleil et la mer, les nuages s’accumulent comme les engueulades et les crises de nerfs et de jalousie. La vérité n’est pas toujours agréable à dire et à découvrir !

Le tout est joué par une équipe énergique dont les vedettes sont Linda Hardy, ex Miss France reconvertie et vue dans la série « Demain nous appartient » et Kamel Belghazi, le chirurgien de la même série.
Ils sont entourés de Stéphanie Colonna, Sandrine le Berre, Erwan Creignou et Jean-philippe Azema, dans cette pièce hilarante de Marilyne Bal, mise en scène par Anne Bouvier « Vive les vacances… ou pas ! »
A l’inverse des chanteurs devenus inabordables, les comédiens de théâtre et de séries refusent rarement une rencontre avec la presse dite « de province ». Ce fut le cas pour nos deux héros. Elle, belle comme… une miss, lui, adorable et volubile, qui nous ont accordé le temps de les photographier en toute simplicité.
Un joli moment de charme et de gentillesse.
Par contre,  leur temps étant compté, ils m’ont promis de faire un phoning… A suivre donc !

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon