Fréderic SOJNER : Fac off. (Ed.Léo Scheer – 184 pages )
Ce roman raconte « l’envers et l’enfer du décor de l’enseignement supérieur ».
L’auteur, Belge et professeur à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, nous raconte avec beaucoup d’ironie, ce milieu dans lequel il vit et évolue.
La vie d’un universitaire n’est pas de tout repos : 58 suicides au sein de l’Education Nationale pour l’année 2018-2019 !
L’auteur parfois sarcastique nous fait revivre avec beaucoup d’ironie ses quarante ans de vie active. Sa vocation devient carrière, il passe des bancs de l’école à l’estrade, la passion d’enseigner se transforme en ambition quitte à harceler les autres ou délaisser sa famille à cause d’un système de nomination géographique imposé.
Tous ces sacrifices pour obtenir le titre de Professeur d’Université.
Parfois la passion revient comme une drogue,
Margaret WILKINSON SEXTON : Les sœurs de Fillmor. ( Ed. Actes- Sud – 396 pages)
Une incursion dans le quartier de Fillmore, le Harlem de l’ouest en Nouvelle Orléans, où vivent les trois sœurs Ruth, Esther et Chloe, apprenties danseuses coachées par leur mère Vivian, une infirmière qui consacre son temps libre en dirigeant leur carrière musicale qui se déroule dans les clubs de Jazz de leur quartier noir. Le jour où un célèbre manager promet d’en faire des vedettes leur mère est aux anges. Mais c’est compter sans la perspicacité et l’allant des trois filles qui réagissent différemment et d’une façon très personnelle et inattendue On veut plaire à sa mère mais on ne peut pas renoncer à ses propres aspirations d’adultes. Des conflits familiaux en perspective doublés par l’influence de promoteurs blancs qui jettent leur dû sur ces nouveaux quartiers pleins de vie.
Beau roman célébrant l’ambition, la solidarité familiale, la résilience d’une communauté attachante, palpitante saga familiale aux accents jazzy, un bel aperçu de la vie de ces Afro-Américains rendu d’une plume alerte et passionnée ; très agréable à lire malgré une écriture un peu relâchée mais qui donne de la vie et à laquelle on s’habitue.
Marilyse TRECOURT : L’envol des lucioles (Ed.Eyroles – 300 pages)
« J’ai officiellement vingt- sept ans et il me reste trente jours à vivre ; grand max ! ». Léa est persuadée qu’elle sera la prochaine victime d’une malédiction familiale, sa mère a été emportée accidentellement, sa grand-mère et arrière-grand-mère de même, le sort les a frappées peu après leur vingt-septième anniversaire. L
éa sent la mort autour d’elle, elle phantasme, elle la voit, lui parle, elle ressemble à une chanteuse célèbre vêtue d’une longue robe noire. Léa semble se résigner alors que son entourage lui conseille de se rebeller. La peur s’installe . Gina, sa grand-mère paternelle va l’héberger suite à l’incendie de sa maison. Elles sont en contradiction, l’une est peureuse et prisonnière de sa vie, l’autre a des allures de hippies et aime la vie. Léa sera-t-elle influencée ?
C’est la partie la plus amusante de ce roman et qu’il est bon de découvrir. Un roman lumineux, une ode à la vie et à l’amour, une belle écriture pleine de belles de personnages attachants qui vont étonner.
Melissa DA COSTA : La faiseuse d’étoile (Ed Albin Michel – 233 pages)
L’atmosphère de la maison est bizarre et devant l’air interrogatif d’Arthur cinq ans, sa mère Clarisse lui révèle qu’elle va partir en mission secrète sur Uranus et qu’il doit garder le secret. Seuls son père, sa tante et sa grand-mère sont au courant et entretiennent par leur silence les propos de Clarisse.
C’est en fait l’histoire d’une mère qui déborde d’imagination pour cacher à son fils une dure réalité la concernant, et elle n’aura de cesse de magnifier son récit tel un conte. En attendant ce départ sur Uranus elle passe beaucoup de temps avec son trésor de fils et constitue ainsi des souvenirs empreints de douceurs, d’odeurs, d’amour… et plus encore.
A sept ans l’enfant doute, s’accroche aux propos de sa mère puis vit la douloureuse réalité et réagit. Histoire bouleversante d’amour d’une mère qui veut protéger son fils d’une douleur proche.
Roman court mais intense, pudique, plein de douceur et de sensibilité émotionnelle. La couverture découpée et dessinée rappellent les dessins du petit prince de Saint Exupéry.
Mélissa Da Costa nous plonge dans les souvenirs d’un enfant devenu père à son tour avec simplicité mais profondeur et justesse.
Viktor LAZLO : Ce qui est pour toi, la rivière ne l’emporte pas
(Ed-Robert Lafont – 240 pages)
Elle s’appelle Oividia, on entend « oubli » et ce roman sera l’évocation de cette vie oubliée de tous.
D’abord de sa mère, esclave noire dans une propriété martiniquaise où elle voit le jour, au service de l’épouse de celui qui l’a violée. Elle va connaitre le travail des champs de coton, de dur labeur jusqu’au jour où elle sera elle-même violée par son propre père, le maitre absolu, qu’elle assassinera.
Restée auprès de sa mère adoptive elle s’expatrie et va connaître l’exil en France et se confronte à la Révolution française et à l’abolition de l’esclavage.
Une épopée historique passionnante, pleine de feu, d’action, de revirements. Cette vie inventée par l’auteure au vu d’une gravure de jeune femme noire assise derrière un éminent personnage de la Convention nous passionne.
Une histoire dans l’Histoire que l’auteure a magistralement animée et parfaitement décrite.