Archives mensuelles : avril 2024

Le festival de Ramatuelle a 40 ans !


A-t-il 40 ans ou est-il dans la 40ème année ?
C’est la question que se posait en riant son directeur artistique Michel Boujenah, car il est né en août 1985, créé par Jacqueline Franjou et Jean-Claude Brialy.
Essayez d’y réfléchir !
Mais, trêve de billevesées, aurait dit ma grand-mère, du 29 juillet au 12 août ce sera la fête dans ces gradins recouverts de coussins rouges… qui, chaque soir, se retrouveront sur la scène, jetés aux artistes pour leur montrer la satisfaction des spectateurs ! C’est une tradition qui était née spontanément et qu’essaya en vain d’interdire Jean-Claude suite à quelques petits accidents, certains spectateurs ayant la main lourde pour viser l’artiste !
Bref, les coussins voleront encore, et si cela ne se faisait pas, les artistes eux-mêmes se poseraient la question de savoir s’ils avaient plu ou pas !
Lors du repas de presse de cette saison, Jacqueline revint à l’historique de ce festival qui fut créé en quelque six mois, après que le maire d’alors, Albert Raphaël, eut trouvé un lieu où naquit ce beau théâtre.
Fidèle au poste, lorsque Jean-Claude disparut, la question ne fut pas : « On arrête ? » mais, « Qui prendra la suite ? ». Et ce fut Michel Boujenah qui, fidèle à son créateur, en garda la substantifique moelle tout en y apportant sa patte, entre autre celle d’ouvrir la porte à des humoristes.


Avec Jean-Sébastien Vialatte
Avec Jean-Claude Brialy
Avec Michel Boujenah

Ainsi se continue la tradition, théâtre-musique qui nous apporte chaque été une gerbe de spectacles aussi éclectiques que passionnants.
Jacqueline, qui adore la musique classique, y a, depuis quelques années, ajouté un avant-goût du festival avec trois dates consacrées à cette musique, avec des artistes de haut niveau, « Les nuits classiques », concoctées avec Jean-Michel Dhuez.
A noter que, dans le cadre de « La vague classique », autre festival qui se déroule à Six-Fours entre la Maison du Cygne, la Maison du Patrimoine et le Collégiale, son maire, Jean-Sébastien Vialatte offre, depuis l’an dernier, la sublime Villa Simone à Jacqueline  pour une exposition disséminée dans ce beau lieu. Cette année, elle a choisi un thème élégant puisqu’on y découvrira des photos issues des studios iconiques Harcourt, qui ont photographié le monde artistique international.
L’expo aura lieu du 6 juillet au 15 septembre.
Mais fermons la parenthèse pour vous présenter le programme du festival de Ramatuelle 2024.
JB

 29 juillet : Le Pianiste aux 50 doigts. Pascal Amoyel, héritier spirituel de György Cziffra, offre un spectacle mêlant répertoire classique, piano préparé, et scie musicale, plongeant le public dans la vie du légendaire pianiste hongrois.
30 juillet : Classico Broadway. L’Orchestre de l’Opéra de Toulon, dirigé par Larry Blank, présente une soirée dédiée à la comédie musicale, avec les talents de Jasmine Roy, Margaux Poguet, Sinan Bertrand, et Guillaume Andrieux.
31 juillet : La clôture des Nuits classiques avec la présence exceptionnelle de Roberto Alagna, accompagné du pianiste Yvan Cassar, promet une soirée d’émotion avec une sélection d’airs d’opéra et de mélodies italiennes.
1er août : CHRISTOPHE MAE, Carnet de Voyage. Christophe Maé nous embarque dans un voyage musical aux rythmes solaires et inspirations africaines.
2 août : UNE IDÉE GENIALE. Une comédie hilarante de Sébastien Castro, sur les quiproquos d’un sosie inattendu.
3 août : POIRET SERRAULT – Extraits extra. François Berléand et Nicolas Briançon rendent hommage au duo mythique du théâtre français à travers une série de sketchs irrésistibles et actuels.
4 août : SIMONE VEIL, Les combats d’une effrontée. Cristiana Réali incarne Simone Veil dans une adaptation émouvante et contemporaine de « Une Vie », explorant les combats politiques de cette femme exceptionnelle. Une exposition de photos, qui l’ont accompagnée dans son entrée au Panthéon, seront exposés à Ramatuelle.
5 août : VIDEO CLUB. Yvan Attal et Noémie Lvovsky se confrontent à la transparence totale dans une comédie surprenante de Sébastien Thiéry.
6 août : LE JOUR DU KIWI. Arthur Jugnot, Florence Pernel, et Elsa Rozenknop présentent une comédie surprenante où un simple yaourt peut changer une vie, mise en scène par Gérard Jugnot.

7 août : BUNGALOW 21. Emmanuelle et Mathilde Seigner incarnent Simone Signoret et Marilyn Monroe dans une histoire d’amour, d’orgueil, d’adultère, et de pardon.
8 août : CHERS PARENTS. Une comédie irrésistible d’Emmanuel et Armelle Patron, explorant les liens familiaux et les faux semblants.
9 août : SANDRINE SARROCHE. Un spectacle d’humour féminin et engagé, précédé d’un hommage à Raymond Devos avec la participation de François-Xavier Demaison, Michel Boujenah, et Nicole Ferroni.
10 août : LES PIGEONS. Michel Leeb et Francis Huster partagent rires et émotions dans une comédie sur l’amitié et la rivalité entre deux acteurs de second plan.
11 août : MC SOLAAR. Figure emblématique du rap français, il nous offre une performance exceptionnelle avec son style poétique et ludique.
12 août : MICHEL BOUJENAH, « Adieu les Magnifiques »

Festival de Ramatuelle 2024
Michel BOUJENAH : « Encore une fois »


Le festival de Ramatuelle fêtera cette année ses 40 ans.
Michel Boujenah fêtera, lui, ses 17 ans en tant que directeur artistique du festival, prenant la suite de son créateur Jean-Claude Brialy.
Et comme à chaque année, avec sa présidente Jacqueline Franjou, nos deux amis nos réunissent dans un lieu magnifique, au bord de la mer et au soleil de préférence, pour nous annoncer le programme.
Cette année c’était sur la plage de Tahiti ou mer et soleil était de connivence, un peu chahutés par un vent rafraichissant qui ne nous a pas gênés pour prendre l’apéro, tellement bien au soleil que Michel a failli y rester pour faire la sieste !
Nous étions donc au bar du soleil, reçu par le bien méridional Bernard Silhol avec qui j’ai souvent fait la fête avec notre amie commune Nicole Croisille.
Michel, il faut le dire, était un peu exténué par sa tournée avec « L’avare » de Molière puis l’autre tournée, suite et fin des « Magnifiques » et bien sûr l’organisation du festival qui se déroulera du 29 juillet au 12 août.
Mais c’est devant une glace au citron, abrités du vent, sous le soleil exactement, que nous avons fait notre petit point traditionnel avec l’ami Boujenah.


« Alors Michel, 40 ans… Ça se fête ?
On continue à espérer que la vie continue, qu’on continue à vivre le rêve. Évidemment, c’est une date importante mais ce qui m’importe, c’est que chaque année lorsque j’arrive ici, je me dis « C’est incroyable, encore un an, encore une fois ! » C’est la chanson de Céline Dion qui dit ça. Encore une fois, avant la fin. Je trouve ça très joli et c’est vraiment mon sentiment.
Par exemple, lorsque je joue sur scène, avant d’entrer je me dis « Encore une fois, c’est la dernière fois ». Et lorsque je sors de scène je me dis : « Bon, je l’ai fait encore une fois ». Il y a quelque chose à la fois d’éphémère et d’éternel et ce festival ressemble à ça, parce que c’est de l’art vivant, du spectacle vivant.
Mais 40 ans, c’est quand même important ?
Mais il faut que chaque année soit le 40ème… Ou le premier ! Je n’ai pas dans ma tête une attitude différente que ce soit le 40ème ou le 39ème, je m’en fous, en fait. Ce que je veux c’est que ça soit, que ça existe parce que c’est une belle aventure. Ce festival est une belle histoire. Dans le passé on a pu penser qu’un jour il pourrait s’arrêter. Il y a une phrase de Chaplin qui disait, lorsqu’on lui demandait s’il avait le trac : « Je déteste ce métier, je déteste aussi la vue du sang et pourtant il coule dans mes veines ». Cette phrase est magnifique.
Bon, chez toi, il coule dans tes veines sans problème !
Bien sûr, ce métier coule dans mes veines et ce festival aussi alors qu’au départ ça n’allait pas du tout. Au départ, c’était une greffe et ça fait 17 ans que ça dure… Déjà ! Ça passe à une vitesse incroyable et je suis très content de participer à la pérennité de cette histoire. C’est très important pour moi.
J’adore jouer, évidemment mais j’adore aussi cette idée du partage. C’est quelque chose d’incroyable.


Avec Jacqueline, vous êtes les deux têtes pensantes. Comment ça se passe ?
C’est collégial chacun a ses idées, ses envies, j’ai même des copains qui  me disent « Vas voir ça, c’est génial ». Jacqueline ou moi nous allons « voir ça » ! Il y a des années où l’un en voit plus que d’autres. Cette année j’ai beaucoup été en tournée, alors Jacqueline va voir un spectacle puis on en parle ensemble. On se connaît suffisamment pour savoir ce qu’on aime ou pas,  ce qu’on prendra ou pas. Par exemple le spectacle Simone Veil par Christiana Réali, il y a deux, trois ans je l’avais vu. Nous avions été nommés au Molière tous les deux et je la voulais. Puis il y a des choses que l’on découvre.
Et tu arrives à récupérer les spectacles que tu aimes ?
J’ai toujours le choix de le proposer. Déjà, si on ne le demande pas, on ne l’aura pas, c’est certain. Il y a ceux qu’on ne peut pas avoir, comme Johnny Hallyday qu’on n’a pas pu faire venir car c’étaient des spectacles trop énormes pour le lieu. Et puis il y a de belles surprises comme la fois où ma fille et moi sommes à un spectacle. Elle voit Christophe Maé dans la salle. Elle me dit « Vas lui demander, qu’est-ce que tu risques ? ». Je vais le voir et c’est lui qui me dit : « Je voudrais venir à Ramatuelle ! »
Il y a beaucoup de gens qui veulent y venir… Et y revenir !
Les artistes qui y sont venus une fois en parlent à d’autres artistes. Ca fait boule de neige parce qu’il y a une magie qui opère autour du festival.
Pour revenir au 40ème, il y a peu de festivals aujourd’hui qui tiennent le coup !
Oui et ça prouve une chose : c’est qu’après tant d’années, le festival est vivant. Et moi, ce qui m’intéresse, c’est le cinquantième, le soixantième, c’est tous ces festivals à venir pour que Ramatuelle soit éternel, après Jacqueline et moi quand nous n’y serons plus. Il faut qu’il perdure au-delà de nous.
Quelle a été ta réaction lorsqu’on te l’a proposé ?
Au départ j’ai dit non ! « Vous êtes fous, allez chercher quelqu’un d’autre » !
Tu le sais, je suis un méditerranéen et à partir du mois de juin je ne veux plus travailler !
C’était mal parti !!!
Tu peux le dire mais là, à partir de pas longtemps, j’arrête !

Il faut quand même préparer le festival !
D’accord mais je suis en vacances dans pas longtemps, c’est important pour moi, surtout que l’an dernier je n’ai pas eu de vacances. J’ai fait le film de Lelouch puis j’ai enchaîné avec « Les Magnifiques ». Du coup, cette année, pêche, sieste, re-pèche, re-sieste……
Revenons donc aux « Magnifiques… C’est vraiment terminé ?
Oui, c’est le dernier volet d’un tryptique. A un moment donné, il faut savoir s’arrêter. Je n’ai pas envie de continuer en jouant mal, en n’ayant plus la force. Là j’ai encore la force de bien jouer et ce qui m’a intéressé c’était d’affronter cette nouvelle génération car il y a un tel décalage entre « Les magnifiques » et les petits enfants qui parlent le langage d’aujourd’hui, que ce soit grave, cool, ouf, chelou… Ils sont complètement en décalage avec leurs petits-enfants, comment veux-tu qu’ils comprennent ça ?
C’était en fait intéressant car cette version m’a permis de parler d’aujourd’hui. Le thème du spectacle est toujours le même car on ne peut pas savoir où l’on va si on ne sait pas d’où l’on vient.
Alors, ça se termine quand ?
Dans six mois après cette tournée dans toute la France, avec arrêt à Ramatuelle le 12 août.
Et après ?
Dans l’immédiat, je travaille la prochaine pièce d’Ivan Calbérac qu’on jouera dans un peu plus d’un an, et d’ici quelque temps j’aimerais m’attaquer à « Georges Dandin » de Molière. Mais avant je vais faire l’adaptation des « Magnifiques » au cinéma.
Une suite ?
Non… Un testament ! (Rires)… C’est Yvan Attal qui m’a suggéré de les faire au cinéma. J’ai beaucoup reculé d’abord mais si je fais ça, ce sera ma manière de m’en séparer définitivement mais de ne pas les tuer. Je mettrai le film en scène mais pour la première fois je jouerai dans un de mes films. Je travaille sur le scénario. Et l’année prochaine je viendrai à Ramatuelle avec la pièce de Calbérac. Et ce sera en ouverture car je déteste jouer en clôture.

Retrouvailles avec Jacqueline Franjou
Retrouvailles avec Bernard Sllhol

Pourtant, cette année…
Oui mais je n’aime pas car les spectateurs se tapent Boujenah tous les soirs et ils terminent avec moi ! J’espère qu’ils ne m’enverront pas des tomates !!! »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafont
(Voir programme du festival 24)

Lumières du Sud : Nicolas PABAN
De Toulon à Toulon


« La rivière des Amoureux » est une histoire, enfin, une histoire, un document un peu fiction, une fiction un peu documentaire, en fait, un OVNI difficile à identifier justement mais qui a ces qualités d’être à la fois, surréaliste, poétique, un peu déjanté mais surtout plein d’humanité. Et il fallait tout cela pour qu’un film dans un quartier toulonnais pas vraiment glamour, devienne par la caméra magique de Nicolas Paban, Toulonnais vrai de vrai, un film qui surprend, qui fait rire, qui émeut, qui enchante.
Quelle belle idée Pascale Parodi, directrice de l’association « Lumières du Sud », d’avoir réinvité Nicolas car nous l’avons déjà rencontré et à chaque fois c’est une heureuse surprise.
Bien évidemment, comme chaque spectacle scolaire de fin d’année, nombre de participants et de leur famille avaient rempli le théâtre Daudet !

« Nicolas, Toulonnais pur jus !
Oui, j’y suis né et j’y ai toujours vécu.
Le cinéma est arrivé comment dans ta vie ?
Depuis aussi longtemps que je me souvienne… Tout petit j’étais déjà fasciné par les caméras, j’ai toujours adoré aller au cinéma. Je m’y suis mis un peu tard, à un moment de ma vie où je me suis dit que si j’avais envie de faire du cinéma… Je n’avais qu’à en faire !
J’ai commencé avec mes propres moyens et avec peu de connaissances au départ et j’ai appris peu à peu, sur le tas.
Tu as fait une école ?
Non et je n’ai jamais quitté Toulon, je n’ai pas fait d’école, j’ai fait du cinéma tout à fait en autodidacte. Film après film, j’ai appris de mes erreurs, j’ai continué à écrire, à tourner, peu à peu mes films ont été pris dans des festivals, j’ai commencé à avoir des prix et je n’ai jamais arrêté, pour mon propre plaisir.
Tu en es à combien de courts-métrages ?
C’est difficile de les compter, j’en ai fait beaucoup, plus d’une vingtaine je pense.
Alors, comment te débrouilles-tu pour trouver des techniciens, des comédiens et bien sûr, de l’argent ?
Tout dépend du film, là, en l’occurrence pour « La rivière des amoureux », c’est un lieu culturel « Le Volatil » qui m’a proposé de faire un film sur le quartier dans lequel ils sont, c’est donc une demande particulière, sinon, à chaque fois que je fais un film, je monte une équipe, que ce soit pour les techniciens ou les comédiens. Ce ne sont pas toujours les mêmes personnes, tout dépend de la disponibilité des gens, du hasard de mes rencontres aussi…
Mais il n’y en a pas pléthore sur Toulon ?
Détrompes-toi ! Il y a des tas de techniciens professionnels et amateurs qui ont envie de faire des films…

Il y a beaucoup de compagnies théâtrales et de comédiens amateurs, c’est là que tu vas les chercher ?
Eh bien non, ce sont souvent des gens de mon entourage. Moi-même je faisais partie d’une compagnie de théâtre, « Toutim » qui n’existe plus mais j’avais autour de moi des gens qui étaient comédiens et c’était facile pour moi d’en trouver. D’ailleurs ce sont souvent les comédiens eux-mêmes qui m’inspirent des personnages…
Ce qui implique que tu écris les scénarios ?
Oui, la plupart du temps mais je peux aussi parfois les coécrire, Ça m’est arrivé d’écrire à deux et même une fois à trois.
Ce doit être un peu compliqué, non ?
Oui, parfois mais à deux ça marche bien. Il faut seulement bien s’entendre et avoir un peu le même univers. Notamment avec Guillaume Levil , qui est venu à « Lumières du Sud » et que tu as interviewé d’ailleurs, et avec qui j’ai écrit plusieurs scénarios.
Il est Niçois. Comment l’as-tu connu ?
Dans un festival. Les festivals sont des lieux très importants pour nous car on y fait beaucoup de rencontres. On s’est donc croisé plusieurs fois, chacun aimait ce que faisait l’autre et l’on est devenu amis. On se voit de temps en temps, on s’appelle, on fait des allers-retours par mails… On fait du ping-pong ! On écrit ensemble, il n’y a pas de règle, ça dépend du désir, de l’idée de l’un ou de l’autre, on s’adapte, chacun y apporte sa patte.
As-tu pensé à faire un long-métrage ?
Oui, bien sûr. J’ai des idées, je suis justement en train de coécrire un long-métrage mais on ne peut pas l’autofinancer, il faut beaucoup de temps pour tout : trouver de l’argent, donc, passer par le cursus normal et ça demande un sacré boulot, il faut faire des dossiers, des notes d’intention, plein d’autres choses… Alors je joue le jeu mais pendant ce temps je ne fais pas de films. Tout est très chronophage mais bon, j’aime ça, donc je dois passer par là. Pour l’instant, je suis dans une bonne dynamique, donc, je fonce.

Revenons à « La rivière des amoureux »
« Le Volatil » est un collectif auquel j’appartiens. Il s’y fait tous les ans un festival de musique, danse, théâtre. Je me suis investi et Romain Berthier, qui en est le directeur artistique, m’a proposé de faire un film avec les gens du quartier Aguillon. J’aime bien ce genre de défi. On a déposé des prospectus dans les boîtes aux lettres expliquant ce qu’on voulait faire et qu’on recherchait des participants pour aider au tournage. On a eu une trentaine de réponses, on a monté une équipe et on a réalisé le film en une semaine au début juillet. Et on a fait l’ouverture au festival « Crash et décollage » qui a lieu le dernier week-end d’août. Ça a été un long travail durant tout le mois de juillet mais la projection en plein air a été un moment magique.
Donc ce film va partir dans les festivals ?
Ça a déjà débuté par le festival itinérant « Les Nuits Med », organisé par Alix Ferrari, qui se passe entre Toulon et la Corse. Puis, il y a deux semaines, il est allé aux 42èmes rencontres de Cabestany, près de Perpignan. J’avais peur qu’en dehors de Toulon il n’intéresse pas grand monde… Et il a eu le prix du jury présidé par Bernard Menez !
Donc, ça démarre bien !
Oui, d’autant qu’un film sur un quartier de Toulon, on ne sait pas si ça va plaire ailleurs. Mais il y a un très bon retour du public, donc ça augure de belles choses.
Et maintenant… Que vas-tu faire ?
Je termine un court-métrage, une comédie noire qui s’appelle : « Autres : précisez ». Il est en cours de montage et je suis en train de chercher les financements pour un film  que j’ai coécrit et que je vais coréaliser avec Guillaume Levil. Le titre c’est « Moi » et il faut beaucoup d’argent… Enfin, l’argent qu’il faut !
Mais sans ça, il se fera quand même ! »

Une partie de l’équipe avec Nicolas et Pascale

Jacques Brachet

La Valette – Théâtre Marélios
Bruno PUTZULU, magnifique rital


Bruno, c’est un coup de cœur de 20 ans…
Une rencontre faite autour du livre : lui signant son hommage à Philippe Noiret, moi signant mon hommage à Jean-Claude Brialy.
Côte à côte, ce furent deux jours de rires et de bonne humeur. Depuis, on s’appelle, on se « maile » et on se voit dès qu’il est dans les parages. Et les derniers parages étaient le Théâtre Marélios à la Valette, grâce à Anthony Verchère qui l’accueillait dans sa salle pour « Les ritals » d’après le livre autobiographique de  Cavanna, qu’il a  adapté et qu’il emmène sur les routes depuis plus de trois ans en compagnie de son frère qui signe la mise en scène et de son accordéoniste Aurélien Noël, un génie de cet instrument qui enveloppe les mots de Bruno.
Cette histoire en fait, François, Francesco alias Bruno, il le dit lui-même, ce n’est pas celle des ritals mais de son père, donc du père de Cavanna.
Bruno, durant une heure et demi, se démène, mouille sa chemise , c’est un euphémisme puisqu’il ressort vraiment trempé après nous avoir conté l’histoire de ce petit italo-français, ni vraiment italien, ni vraiment français mais qui cherche sa place entouré de parents aimants, lui tout aussi aimant de ses parents. Bruno devient ce petit garçon magnifique, à la fois tendre et révolté, drôle et émouvant mais toujours prêt à foncer pour réussir sa vie, vivant la vie difficile de ce couple qui lutte au jour le jour avec obstination.
On est très vite pris par l’histoire de ce gamin qui nous fait rire et pleurer et qui est magistralement interprété par l’ami Bruno.


Depuis des mois il est sur les routes avec cette belle histoire et, passionné  et perfectionniste comme il est, il répète chaque soir la pièce entière avant de la jouer devant le public. Bravo l’artiste. Et bravo l’ami que je revois toujours avec joie, comme un petit frère retrouvé.« Depuis quand joues-tu cette pièce, Bruno ?
Depuis 2018, avec l’arrêt forcément à cause du Covid. On en est à 230 représentations !
Pas trop fatigué ?
Non, pas du tout et heureusement car j’en ai encore jusqu’à 2025.
Mais en plus, tu joues une autre pièce ?
Oui, c’est « La lettre ». En fait, je suis associé à la Scène Nationale de Belfort où  Eléonora Rossi, la directrice nous a donné les moyens de créer cette pièce. Nous sommes partis en résidence à Belfort, mon frère Mario a écrit le texte et a fait la mise en scène. Il y a cinq comédiens sur scène. On a déjà donné quelques représentations, nous jouerons à Paris et l’on partira avec en tournée en 2025.
Dès que tu termines cette pièce ?
Non, non… On fera les deux en alternance !
Tu m’étonneras toujours ! Alors parle-moi de cette lettre…
Dans la pièce, le père meurt. La mère veut donner ses vêtements à son fils, qu’il refuse d’abord car il ne se sent pas de porter les affaires de son père. Mais il voit que ça la rend triste et finit par accepter une veste. Rentré chez lui, il trouve une lettre dans la doublure de la veste qui lui annonce qu’il a un frère en Sardaigne. Il va partir pour retrouver ce frère et en même temps sur les traces de son père. Ça se passe donc entre la France et la Sardaigne.

Encore l’Italie !
Eh oui, ça s’appelle d’ailleurs « La lettre d’Italie ». On a changé le titre.
On t’a vu il y a quelque temps dans la série « Ici tout commence » et depuis ?
Je suis très pris par le théâtre mais j’ai un projet de film avec Laurent Vinas-Raymond « Paul emploie » qu’on aurait dû faire en mars mais qui est reporté, la comédienne Emilie Dequenne étant souffrante. Ça devrait se tourner dans la Loire, à Saint-Etienne avec aussi Philippe Torreton, Bernard Lecoq, Fred Testot, Olivier Marchal.
Et la musique ?
Depuis mon album « Drôle de monde » je n’ai rien fait. Avec le théâtre je n’ai pas le temps de faire des concerts. Se consacrer complètement sur une tournée chanson, je n’en ai pas le temps, avec le théâtre c’est difficile. Mais j’aime surtout faire des albums studio…
Et passer à autre chose !
Oui, j’aime mieux jouer. Du coup, pour l’instant j’ai mis la chanson de côté. Je me contente de chanter Tino Rossi dans « Les ritals » !!!
Mais j’ai d’autres projets. Je vais commencer le festival « Culturissimo »…
Qu’est-ce que c’est ?
Ce sont des lectures organisées par les centres Leclerc qui invitent des comédiens comme moi, Pierre Arditi , Philippe Torreton. Ce sont des tournées à travers la France et en Outremer.
Dans les centres Leclerc ?
Non, dans des lieux divers, comme les églises, des médiathèques, les musées, le Frac et l’entrée est gratuite pour tout le monde.
C’est toi qui choisis les textes ?
Non, on m’a proposé de lire « Son odeur après la pluie » de Cédric Sapin-Defour. C’est une histoire d’amour entre un chien et son maître. Jusqu’au jour où son chien meurt.
Et puis je dois venir jouer à Toulon mais je n’ai pas encore de précisions ».

En tous cas, on pourra le retrouver aussi le 5 octobre à la Londe les Maures pour donner une autre lecture : » Le sillage de la baleine » de Francesco Coloane.
Evidemment on sera là !
Et voilà notre ex comédien de la Comédie Française reparti sur les routes de France avec ses ritals qui parlent du père et de l’Italie dont il est un peu issu… Quelque part, même s’il est né à Toutainville !

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon