Cela fait des décennies que Patrick Préjean et moi entretenons une amitié fidèle… sans scène de ménage ! Que je suis sa carrière foisonnante de théâtres en plateaux de cinéma ou de télévision et jusque dans les vignes provençales, de rôles dramatiques ou comiques, classiques ou modernes, sans parler de ses nombreux doublages de films où sa voix est reconnaissable entre toutes. Bref, une carrière bien remplie. Et voilà qu’aujourd’hui on le retrouve dans la célèbre série de M6 « Scènes de ménages », où, s’il ne remplace pas notre regrettée Huguette, alias Marion Game, il devient le voisin de Raymond, alias Gérard Hernandez. Bien entendu, j’ai voulu en savoir un peu plus sur cette arrivée dans cette série qui n’en finit pas de faire rire le public.
« Alors Patrick, te voilà embarqué dans « Scènes de ménages » ! (Il rit) oui, avec des scènes mais pas en ménage avec Patrick Hernandez ! D’abord, je retrouve ce vieil ami avec lequel j’ai plaisir à partager l’écran. Nous avions joué ensemble avec Annie Girardot dans « La vie de château » et nous sommes amis depuis longtemps. De plus, j’ai découvert une équipe bienveillante qui m’a très bien accueilli et très vite adopté. Je suis heureux d’être entré dans cette famille. Quel est ton rôle ? Je dois tout de suite préciser que je ne remplace pas Marion Game mais que je suis un vieil ami de Raymond qui vient habiter dans le même immeuble. D’ailleurs, je suis entré dans la série avant que Marion ne disparaisse. Elle était déjà malade mais on espérait qu’elle allait s’en tirer. Hélas, ça n’a pas été le cas. Du coup, mon personnage s’est étoffé. Ce sont deux vieux amis qui se retrouvent, je viens habiter au-dessus de chez Raymond et nous passons notre temps à rigoler et à nous engueuler. Raymond a un caractère plus bougon et ombrageux que moi qui suis plutôt sympa mais je me fais chambrer par lui. Mais rien ne dit que je ne riposterai pas, que je n’aurai pas ma revanche ! En fait ce ont des scènes que l’on retrouve dans des couples comme chez des amis ou en famille. Donc, dans la vraie vie, tout se passe bien entre vous ? Oui, nous sommes très complices, nous aimons nous renvoyer la balle et même si les dialogues sont très précis, nous nous permettons de petites improvisations. Le réalisateur laisse tourner la caméra. Après quoi, il en fait ce qu’il veut ! Lorsque j’ai appris la nouvelle de la disparition de Marion, j’étais en plein tournage.
Tu tournais quoi ? « Cocorico », un film d’Hervé Julien avec Christian Clavier, Didier Bourdon et Sylvie Testud qui sortira en février 2024. Je dois dire qu’en lisant le scénario j’ai rarement autant ri et qu’on a beaucoup ri en le tournant. Je crois que ça va être très drôle et que ça fera rire le public autant que nous ! Il y a peu, tu as aussi tourné « Le défi de Noël » de Florian Hessique… Oui, c’était l’année dernière et j’avais déjà tourné avec Florian « La légende », présenté à Cannes, en Italie, en Angleterre, à Los Angeles et qui a reçu quelques prix dont le meilleur second rôle… pour moi ! Là, il m’a proposé le rôle du Père Noël… Ça ne se refuse pas ! Je pense que Florian est un réalisateur talentueux qui devrait faire son chemin. Tu fais toujours du doublage ? Oui, j’en fais beaucoup. Les derniers : « Samouraï Academy », « Bugs Bunny », « Le Muppet Rock » et toujours « Titi et Grosminet ». Figure-toi qu’à la convention du dessin animé, des gens sont venus me voir les larmes aux yeux pour me remercier. Et je te jure que je ne mens pas : j’étais ces jours-ci en vacances à Sète, je déjeunais dans un restaurant lorsque des gens se sont retournés et venus me voir pour me dire qu’ils avaient reconnu la voix de Sylvestre, alors qu’ils ne connaissaient pas mon visage ! Ça fait chaud au cœur.
Tu étais à Sète. Sais-tu que trois comédiens de la série « Une famille formidable » jouent dans la série « Demain nous appartient » : Kamel Benghazi, Jennifer Laurent et Alexandre Thibault ? Pour les deux premiers, je le savais. Pour Alexandre je ne le savais pas. Mais je n’ai pas eu le temps d’aller les voir. Bon, en dehors du cinéma, de la télé, des doublages… Et le théâtre ? Figure-toi qu’il m’arrive une chose exceptionnelle. Je suis en train de lire un scénario tiré d’une pièce américaine de Jef Baron : « Visite à Monsieur Green ». La pièce devrait se jouer à Paris mais aujourd’hui… rien n’est signé ! Ce qui veut dire qu’elle risque de ne pas être jouée ou que je n’aie pas le rôle. Mais j’y crois tellement fort que je me suis jeté sur le scénario et que j’apprends le rôle ! C’est une chose qui ne m’est jamais arrivée, d’apprendre un rôle sans savoir si je le jouerais. Mais je prends le risque car le rôle est magnifique. Je croise les doigts ».
C’est le 29 août 1993 que notre ami toulonnais l’auteur-compositeur Fernand Bonifay est parti rejoindre tous les artistes à qui il avait écrit de si belles chansons comme « Maman, la plus belle du monde », « Jambalaya », « Petite fleur », « 24.00 baisers », « Arivederci Roma » et des centaines d’autres.
Dalida, Annie Cordy, Danielle Darrieux, Johnny Hallyday, Luis Mariano , Mouloudji, Dario Moreno, Gloria Lasso, Colette Renard, André Claveau, Bourvil, Georges Guétary, Marcel Amont… La liste est longue de nos chers disparus qui ont chanté Fernand. Mais d’autres, encore parmi nous (heureusement !) comme Pétula Clark, Hugues Aufray, Mireille Mathieu, Vincent Niclo, Eddy Mitchell, Thomas Dutronc, Michèle Torr, ont pris la relève. Quand la chanson est bonne, elle ne meurt jamais et renaît à chaque fois, toujours aussi belle. Surtout si, comme Andrée Bonifay, sa cousine fait tout pour qu’on ne l’oublie pas, en ayant créé l’association « Les amis de Fernand Bonifay », en organisant des repas, des spectacles, des conférences et en aidant de jeunes chanteurs comme Jimmy Bregy (Photo) qui, grâce à elle, ont pu chanter au Théâtre Galli de Sanary. Ou encore en éditant un CD des chansons de son cousin chantées par la jeune génération varoise. Pour ce trentième anniversaire, elle ne pouvait donc pas passer à côté et organise, le 4 septembre au restaurant l’Escale aux Sablettes, une belle soirée faite de joie et d’émotion, d’abord parce à qui le public sera reçu par le maître des lieux, Bernard Benet, qui fut un ami de Fernand et avec qui il organisa « Le tiercé de la chanson » dont ce dernier fut le président du jury en 91 et 92 un peu avant sa disparition. La soirée débutera à 19h par une messe dite par Laurent Lenne, qui a la singularité d’être auteur, compositeur, chanteur… et prêtre ! A 20h un repas sera servi, suivi d’un concert où de jeunes chanteurs varois viendront rendre hommage au poète en interprétant ses chansons Par contre, il vous faudra réserver au 06 60 39 43 33 ou par mail à : amis.fernand.bonifay@gmail .com (30 € le repas). 30 ans déjà… On se souvient
On connaît ce trublion plein d’énergie qu’est Marc Jolivet. Un trublion génial car il n’est jamais là où on pense le trouver, commençant en duo humoristique avec son frère Pierre, il fera plus tard cavalier seul mais on le retrouve comédien au théâtre, au cinéma, où il est aussi scénariste, réalisateur et retrouver avec son frère dans un des films de celui-ci. Mais il est aussi écrivain puisqu’il a huit livres à son actif, son neuvième venant de sortir. Il a été brièvement dans la politique, puisqu’il s’est présenté aux élections municipales de 86 comme candidat écologiste ! Il faut dire qu’il a de qui tirer puisqu’il est le fils de la comédienne Arlette Thomas et du comédien Jacques Jolivet. Mais là encore, avec son sixième livre « Tueur hors-série » (Ed Plon), il est là où on ne l’entend pas : un thriller sanglant retraçant l’histoire d’un petit garçon rieur, Paul, qui, entre un père incolore et une mère étouffante, suite à une varicelle, va se retrouver criblé de pustules. Là il ne rit plus, devient « le grêlé » et ce qu’on ne sait pas, c’est qu’il possède les gênes MAOH qui en fait un homme violent et CDH13 qui lui occasionne un trouble du contrôle de l’impulsivité. Les deux mêlés sont une bombe qui va très vite exploser et en fera un tueur en série recherché dans toute la France mais jamais pris. Et l’on va suivre, à la fois avec horreur et curiosité, le cheminement de ce monstre, jusqu’au jour où… On n’en dira pas plus mais l’histoire est faite de coups de théâtre, de violence mais aussi de moments de pauses qui font que, malgré ses actes macabres, on s’attache peu à peu à ce Paul… Et on a envie de savoir le mot de la fin ! Un livre qui nous tient en haleine, où, si l’on ne reconnaît pas le Jolivet rieur et plein de drôlerie, on y retrouve des réminiscences d’humour, de jeux de mots et de petites histoires dignes d’un one man show. Et avec sa compagne, Julie Guinard, il nous offre un roman haletant qu’ils ont écrit à quatre mains. On devait se rencontrer à Aix-en-Provence mais rendez-vous manqué et voilà qu’en l’appelant au téléphone il dit être à Hyères, avec « son amoureuse » comme il l’appelle, au bord de l’eau… Où nous les rejoignons au Robinson à l’Almanarre. Et où nous rejoindront quelque amis dont le chef d’orchestre Alain Chiva, chef de l’Harmonie Hyèroise et Fabrice Drouelle journaliste sur France Inter où il anime l’émission « Affaires sensibles » avec qui on va trinquer et grignoter !
Marc, ton personnage est horrible et pourtant, au fil des pages, on s’y attache ! Mais c’est exactement ce que voulais faire. Je voulais qu’on finisse par l’aimer. Julie : Et moi, je ne voulais pas ! Mais il a eu gain de cause. Quand on te connait, tu es drôle, sympa, plein d’humour et rigolard. Comment peut-on écrire un roman aussi noir ? Je suis venu sur terre pour réaliser le maximum de mes désirs. L’un d’eux était d’écrire un roman policier… Et je l’ai fait à 72 ans ! Je me suis tourné vers mon amoureuse qui est auteure et je lui ai demandé de l’écrire avec moi. Pendant un an, j’ai cherché un sujet. Je suis en admiration devant les films des frères Cohen et j’ai remarqué qu’avec le nombre de séries télé, tout avait été fait. Julie me disais que, tout étant fait, je n’y arriverais pas. J’ai alors décidé de tout arrêter et je suis parti sur un pamphlet sur la gauche « Ma gauche à moi » Et à ce moment là – on était au début septembre – j’allume ma télé et je tombe sur un reportage : « Un ancien policier, tueur en série, vient d’être découvert trente ans après ».Je dis à Julie : « Ca y est, j’ai trouvé mon sujet ! ». Je le dépose à la SACD et décide de romancer cette histoire. Il y a trois temps dans ton roman : l’histoire que toi tu racontes, celle que « Le grêlé » alias Paul raconte, et les cauchemars qu’il en fait. Comment tout s’est-il imbriqué ? J’ai tout de suite pensé à sa rédemption, même si Julie ne voulait pas. Il y avait donc son cheminement psychologique. J’ai bien sûr changé son nom, vu des amis avocats pour savoir ce que je pouvais écrire et j’ai aussi pensé à sa famille et à sa souffrance. Le vrai policier était pédophile. Je n’ai pas voulu en faire un pédophile mais un meurtrier qui opère sur impulsion. Je ne me suis intéressé à sa vie que lorsqu’il devient policier. Une policière va, durant des mois, s’acharner à le retrouver sans jamais penser qu’il était des leurs. Mais l’arrivée de l’ADN va changer la donne. A noter, et c’est important, que Nous avons décidé de partager les droits d’auteur à 50% Avec l’association « France Victimes » Comment travaille-t-on à deux ? Julie : Marc a beaucoup d’idées, ça bouillonne dans sa tête et lorsqu’il les déverse, il faut trier ! Mon métier de traductrice c’est quand même les mots et la transcription de ceux des autres. On est en fait très compatible. Marc : C’est notre quatrième roman qu’on écrit ensemble ! Julie : Du coup, je relis, je réécris certaines choses, je lui dis quelquefois des choses pas très gentilles ! Marc : Lorsque je lui apporte une scène, elle peut me lancer : « C’est du niveau de CM2 » ! Comme j’ai confiance, comme à l’école, je repars travailler ! Julie : Ce qui est bien c’est qu’il n’a jamais peur de se remettre en question ! Marc : C’est ça un travail d’équipe ! Dans ton livre, on retrouve ton humour car tu ajoutes quelques blagues mais surtout on peut imaginer que ce roman fasse l’objet d’un film. France Info m’a dit que c’était digne des frères Cohen ! Ça ne pouvait pas me faire plus plaisir. Mais tu ne crois pas si bien dire puisque ça va d’abord devenir une pièce de théâtre et c’est Fabrice Drouelle qui sera le narrateur. On cherche les comédiens. Ce pourrait être Éric Métayer pour le rôle du grêlé. Pour le film, ce sera plus long et si l’on ne trouve pas de producteur… Je le produirai moi-même !
En fait, tu sais tout faire ! As-tu des projets avec Pierre, ton frère ? Aucun. Je ne sais pas pourquoi il ne veut pas m’aider pour le film. Peut-être a-t-il peur que je fasse une m…e ou alors que je le surpasse ! Il faudra lui demander. C’est son problème. Et le one man show ? Alors là, note : Le 23 octobre je serai au Casino d’Hyères, le maire me prête la salle, je serai accompagné par l’orchestre d’Alain Chiva et des choristes. Avec aussi quelques invités surprise. La soirée sera dédiée à l’association Doc4Ukraine. Auparavant je serai le 27 septembre à Vitrolles, et le 11 octobre au Mucem de Marseille et là, j’ai convié Poutine à vouloir se mettre à genoux et à demander pardon à Zelinsky… Et grâce à moi la guerre s’arrêtera ! On peut rêver !!! Autre corde à ton arc : tu es écolo à fond ! Aujourd’hui je ne veux plus qu’on me dise ça car l’écologie c’est Sandrine Rousseau, les fascistes verts, le futur quarteron stalinien. Je suis amoureux de ma planète depuis toujours et l’Europe Ecologiste les verts c’est le drame absolu. Je crois qu’ils sont responsables d’une partie du drame de la planète La preuve c’est qu’à chaque élection le meilleur candidat a été Noël Mamère avec… 5% des voix ! C’est bien la preuve qu’ils sont nuls et inadaptés.* Mais il n’empêche que je suis le président d’honneur d’Ecologie sans frontières, ambassadeur de la nouvelle association de Nicolas Hulot et de mon association Rire pour la planète. C’est ce qui t’a amené à te présenter aux législatives en 86 ? Je suis allé me présenter chez les verts sans prendre la carte. Face à Jacques Chirac dans le cinquième arrondissement. Au premier tour j’ai fait le meilleur score mais Tibéri a annoncé « Marc Jolivet, non élu ». J’ai fait un procès que j’ai gagné… Six ans après ! Ainsi s’est terminée ma carrière politique ! Moi qui espérais devenir président des Etats-Unis… C’est raté ! En fait, je ne suis qu’un vieux clown, non pas pathétique mais qui fait les choses à son niveau. Mais la planète mérite mieux que Médine… Tu ne crois pas ?
Propos recueillis par Jacques Brachet Photos Patrick Carpentier *Avec l’autorisation de l’artiste
Depuis que Gilbert Bécaud a chanté que sur les marchés de Provence l’accent se promène, il s’est tellement promené qu’il a fait des émules. Sans être jamais ringard ni vulgaire, il a servi à Mado la Niçoise, Gigi la toulonnaise, Zize du Panier de Marseille et… Yves Pujol, toulonnais bon teint qui a créé un groupe qui est devenu « le groupe toulonnais le plus mondialement connu… dans le Var » !!! Et ça fait trente ans que ça dure avec Aïoli. André de Santos, Franck Pantin, Julien Pierre, Sylvestre Etienne et la belle Carie Libessant parcourent les routes du Var et d’ailleurs avec l’énergie, le soleil, l’humour qu’on attrape en naissant du côté de Toulon, sans oublier la mer et les cigales, tout ça faisant l’objet de chansons « avé l’assent » qui n’ont rien de folkloriques, puisque chantées en français sur des rythmes rock ou reggae… toutes pleines d’humour et de galéjades comme « Y a pas de hasard, je suis du Var », « Touche pas aux cigales », « Moi si j’étais breton », « Non, pas à l’oignon », « L’arsenal » ou encore « Qui mange un chien chie ouah ouah ». Bien sûr, ce n’est pas du Molière ou du Musset et ça ne veut surtout pas l’être puisque ce sont des chansons « pour de rire » et l’on rit bien, croyez-moi ! Ce qui est le but du jeu ! Lorsqu’il nous offre un « tribute », genre très à la mode, c’est pour nous offrir des simili-sosies de Mike Brant qui rêve de voler, Claude François dans sa baignoire, ou Johnny Hallyday qui a une furieuse envie… Et même si ses musiciens crient au scandale en criant « On ne se moque pas »… ça devient drôlissime.
Et comme Fregoli, l’homme au tennis vert et au tennis rouge, change à chaque fois de tenue, de perruque pour mieux incarner un personnage haut en couleur. Complicité totale avec ses quatre musiciens et la belle Carine avec qui il chante souvent en duo. Ça fait donc trente ans que ça dure, j’étais aux balbutiements du groupe et Yves Pujol est devenu un ami au fil du temps, je l’ai suivi dans ses folies musicales mais aussi dans ses one man shows, au théâtre, au cinéma car en plus, il sait tout faire et aime varier les plaisirs. Pour la nième fois je le retrouve au Brusc, en plein cagnard de l’après-midi mais, chance, le vent vient de s’arrêter pour laisser place à une soirée de rêve, malgré la fraîcheur qui descend des étoiles ! Auparavant juste une mise au point avec l’ami Pujol.
« Yves, trente ans d’Aïoli »… Aurais-tu cru que ça dure autant ? Oui, trente ans, on attaque la trente et unième année ! Et non, je ne pensais pas que ça durerait. Au départ, on a fait ça pour s’amuser, et jouer avec les copains des morceaux qu’on avait écrits, mais je ne me suis jamais projeté dans l’avenir, je n’ai jamais, jamais pensé à en faire carrière. Franchement. Sérieusement ! Même maintenant, je fais mon métier d’une année sur l’autre, ça roule, ça me va. Après, ça roule cent ans c’est magnifique, ça roule trente ans c’est magnifique, on fait un disque qui devient disque d’or, j’en suis ravi, mais ce n’est jamais avec le but de devenir « vedettes » !. Et le but alors ? C’est de voir mes amis, de travailler ensemble. Comme tu le vois, on est une belle équipe. Pour moi c’est mieux que d’avoir une belle voiture et ça suffit à mon bonheur En plus, tu as su varier les plaisirs ! Oui, j’aime ça. J’aime écrire alors je « me » suis écrit des one-man shows : « Une affaire de famille », « J’aime ma femme », « J’aime toujours ma femme », « Pujol sort ses dossiers », « Pujol, le meilleur du mieux » Et puis il y a eu la pièce avec Patrick Sébastien « Le secret des cigales »… Comment ça s’est passé avec lui ? A la fois bien et mal. Bien parce que ça avait bien démarré et mal parce qu’on a dû arrêter en plein vol à cause du covid. On avait trente dates à faire, on n’a pu en faire que dix. J’espère qu’il aura envie de reprendre la pièce et qu’on puisse à nouveau la jouer.
Et encore, le cinéma ! Oui, grâce aux Chevaliers du Ciel grâce avec qui j’ai joué leurs deux films sur « Les Municipaux, « Ces héros » et « Trop c’est trop » ; je serais ravisde les retrouver et s’ils m’appellent je suis partant pour un troisième épisode ! Et les one man shows ? C’est toujours d’actualité ! Je laisse mes camarades d’Aïoli se reposer l’hiver, vaquer à leurs occupations puisqu’ils sont professeurs de musique, jouent dans des groupes, Chacun fait sa route et on se retrouve tous l’été pour le plaisir. Cet été nous avons fait une trentaine de spectacles. C’est pas mal ! Je prépare mon quatrième spectacle et j’ai quelques spectacles de mon Best off à venir en décembre, à Gonfaron à Lyon, à Saint-Etienne et pour le jour de l’An je serai au Théâtre Daudet à Six-Fours ! Comment s’appelle ton prochain spectacle ? Je ne sais pas encore… Si tu le sais, tu me le dis ! Mais il y a déjà des sketches de prêts. Et tes projets avec Aïoli ? On est en train de finir un album qui sortira l’année prochaine. Ce sera le sixième et on prépare la saison prochaine avec des dates à venir. On travaille sur de nouvelles compos. Il faut qu’on reste actif pour que ça continue d’avancer ».
Et on le lui souhaite ainsi qu’à ses petits copains de 30 ans (Une fille en plus !) qui nous font passer de joyeux moments… A suivre… Propos recueillis par Jacques Brachet Photos Patrick Carpentier
J’ai connu Christophe, Hervé Vilar et Michèle Torr au tout début de leur carrière, tous trois étant partis sur une tournée ensemble, l’année de leur éclosion, première tournée que je suivais en tant que journaliste. J’avais connu Michèle l’année d’avant en tournée avec Claude François et les deux autres l’année d’après, tout trois bondissant au sommet du hit-parade. Pour l’anecdote, Hervé avait alors une secrétaire-habilleuse nommée Nicole Grisoni, qui changea de nom quelques temps plus tard pour s’appeler… Nicoletta. Mais ça, c’est une autre histoire ! On sait comment s’est terminée la tournée, Michèle attendant un bébé de Christophe, Romain, qu’alors il n’a pas reconnu. Chacun a continué sa vie d’artistes et je les ai rencontrés souvent. Michèle et Hervé sont devenus des amis. Avec Christophe c’était plus laborieux car, taciturne et pudique, les interviewes qu’il ne me refusait pas, étaient toujours très courtes car il détestait ça. Mais on s’est toujours très amicalement croisés, comme avec Hervé, plus avec Michèle qui habitait souvent dans le sud, avant qu’elle n’y vive définitivement. Je la rencontrais plus souvent, la suivant de maison en maison. Je vis donc grandir Romain que Jean-Sauveur Vidal, le mari de Michèle, avait adopté et Émilie qui arriva un peu plus tard. Mais jamais on ne parla de cette paternité, ni d’un côté, ni de l’autre. C’était leur vie privée et j’ai toujours occulté le sujet. J’ai toujours respecté ce coin de vie privée… Même si certains journaux ne s’en sont pas… privés !
Le livre s’appelle « Christophe, mon père inconnu » (Ed Robert Laffont), livre qu’il a écrit avec sa mère, le journaliste Bernard Pascuito, ses compagnes, Gérard Bevilaqua, le frère aîné de Christophe, son autre frère, Yves qui a fait beaucoup pour le rapprochement du père et du fils avant qu’il ne fut emporté par un cancer et quelques intimes dont l’ami Daniel Mecca, musicien et régisseur de Michèle, Frédérick Planke l’ami de Romain. Un livre on ne peut plus émouvant où, pour la première fois, Michèle, Gérard et Romain se livrent et font un portrait d’un Christophe mystérieux, fantasque, instable, qui a l’impossibilité de s’engager, de se projeter dans l’avenir, dans une vie de famille, d’assurer ses responsabilités. Ceci est peut-être dû à une vie de famille dans laquelle les trois frères vivaient avec des parents qui se déchiraient. Michèle, droite dans ses bottes, a accepté le fait d’élever seule Romain, comprenant très vite qu’elle ne pourrait pas compter sur Christophe. Courageuse dans sa solitude, elle dût assumer la mort de sa mère, et du coup dût élever Brigitte, sa jeune sœur, l’absence de son père qui préféra s’éloigner devant « le déshonneur » de sa fille (On était dans les années 60 et être « fille-mère » était honteux), ainsi que sa carrière débutante.
Heureusement, deux ans après, elle rencontrait celui qu’elle a toujours appelé « Vidal », qui adopta Romain qui fut un vrai papa, avant que ce dernier ne découvre à 6 ans à l’école que son père n’était pas son vrai père mais une vedette comme sa mère. Évidemment, tous les journaux ayant parlé de l’histoire, il était difficile qu’elle ne parvienne pas aux oreilles de l’enfant. Ce fut pour Romain un cataclysme qui changea sa vie de petit garçon qui martelait : « De toutes façons, mon papa c’est celui que j’aime ». Une blessure que personne ne pouvait guérir et que Romain, enferma dans son mutisme car il ressemble à son « père de sang », il ne parle pas beaucoup et surtout ne se confie pas, se cachant derrière un sourire de façade car Romain sera traumatisé à vie, même si, après un très, très long chemin semé de difficultés, il arrivera en partie à retrouver ce père, grâce aux frères de Christophe et surtout grâce à Yves qui a tout fait pour réunir les deux hommes. Des rencontres furtives chargées de secrets, de non-dits, de timidité de part et d’autre, tout aussi mutiques l’un que l’autre. Michèle aussi ouvre son cœur pour la première fois sur cette histoire qui fit couler beaucoup d’encre et dont la presse fit des choux gras. Tout ce qu’elle n’a pu dire à son fils, elle l’écrit dans ce livre chargé d’émotion. Quant à Romain, lui aussi s’ouvre à ce qu’il a vécu à la recherche du père perdu que la femme de celui-ci tenta d’empêcher par tous les moyens, jalouse de l’histoire d’amour que Christophe vécut avec Michèle, de ce fils qui encombrait sa vie, peut-être ayant peur qu’il lui prenne une part d’héritage, alors qu’elle était séparée mais pas divorcée de l’artiste. D’autant que Romain ne demanda jamais rien sinon de se rapprocher de ce père et qu’ils se connaissent un peu.
C’est peut-être à cause de tous ces chocs, ses peines, ses drames que Romain a vu se développer en lui cette sclérose en plaque qu’il doit affronter chaque jour avec un courage exemplaire. Chacun avait tant à se dire mais la pudeur et la timidité ont fait que le père et le fils n’ont pas pu aller au bout de leur histoire et la mort de Christophe a tout interrompu hélas. Ni l’un ni l’autre n’a pu vraiment briser la glace. Et pourtant ils avaient tant à se dire ! J’ai vécu beaucoup de moments avec Michèle et Romain, je les ai accompagnés durant plus de cinquante ans, sans qu’il ne soit jamais question de parler de Christophe. Même malgré le nombre d’interviews que j’ai pu faire d’elle. Tout comme avec Christophe, je n’ai jamais parlé de Michèle et de Romain. Ils étaient tous trois trop discrets pour aborder ces sujets. Avec Michèle, j’ai vécu des moments magnifiques, tout comme des moments difficiles comme le jour de la mort de Vidal où le soir même elle chantait à Saint-Raphaël, et où elle a fait monter Émilie et Romain sur scène. Moment émouvant où tout le public, debout, les a applaudis. J’ai vécu aussi par intermittence, l’évolution de la maladie de Romain qui, quoiqu’il se passe, a toujours gardé sa gentillesse, sa patience, son sourire. Je ne l’ai jamais entendu se plaindre une seule fois.
Ma dernière rencontre avec Christophe date de 2010 où nous avions passé un grand moment ensemble à Sanary. Je l’avais eu au téléphone, il m’avait invité à le rejoindre et bizarrement, ce soir-là, il m’a beaucoup parlé, ce qui était rare mais jamais nous n’avons évoqué leurs histoires. Romain n’a pas eu la vie facile. Abandonné par son « père de sang », perdant son père adoptif qui était en fait son vrai papa, puis, perdant Yves avec qui il avait tissé de vrais liens d’oncle et neveu, et grâce à qui il devait d’avoir pu enfin de rapprocher de Christophe, toujours en secret malgré cette femme qui mit toujours entre eux des bâtons dans les roues… Cette dernière lettre qu’il adresse à Christophe pour clore ce livre est bouleversante, poignante et je n’en aime que plus encore cet homme blessé qui a vécu sa vie à rechercher ce père perdu, avec pugnacité, avec courage, malgré les écueils qui ont barré sa route. Ce livre est un grand cri d’amour.
Avec Dave, c’est une rencontre qui date de son premier énorme succès qu’est « Vanina ». Nous nous sommes souvent croisés sur la route des tournées qui, à l’époque, duraient trois mois d’été. Je l’avais même invité aux journées culturelles que j’organisais à la Foire de Toulon qui a aujourd’hui disparu. Puis nous nous sommes retrouvés sur les tournées « Age Tendre » où, en coulisse, retrouvant tous les artistes de ces années-là et plus, nous nous marrions bien ! Mais le covid est venu et l’on n’a plus vu personne. Aujourd’hui chacun reprend sa route et comme tous les artistes, Dave retrouve le chemin des scènes. Le voici au Pradet où je ne pouvais pas le rater. Une interview ? Non, plutôt une conversation complice que nous retrouvons aussitôt. Même si nous avons quelque peu vieilli, je retrouve avec plaisir son humour, sa gentillesse. La première question et de savoir comment il va car on se souvient qu’il a eu un grave accident en chutant dans ses escaliers en 22.
« Eh bien écoute, ça ne va pas trop mal depuis cette petite – non, disons grosse – chute. Je me suis remis mais le problème est que je n’ai plus récupéré le goût et l’odorat et qu’à mon âge – j’ai 79 ans – le plaisir physique se faisant rare (enfin, presque !) il ne me restait plus que le plaisir de manger et ça, ça me pénalise vraiment. Manger et boire deux fois par jour, c’est très désagréable de ne plus avoir ce plaisir. Sinon, il reste de beaux moments d’oubli comme la lecture, les voyages, les rencontres et surtout retrouver la scène et le public qui est toujours sympa. Ça reste de beaux moments à vivre. De toute façon, comme on sait comment ça va se terminer pour tous, c’est bien de vivre ces moments-là. Et tu as une longue tournée cet été ! Oui. Après deux ans de confinement, je suis heureux de repartir sur les routes, de retrouver la scène et le public. Tous mes copains, chanteurs ou comédiens, comme mon ami Daniel Auteuil, sont restés sans travailler durant deux ans et nous aimons tous notre travail, qui n’est pas un travail comme les autres. On ne pense jamais à partir à la retraite. On n’arrête pas… Tu connais ça toi aussi même si, à côté de moi, tu es un gamin ! Je te signale qu’on n’a que deux ans de différence ! Mais c’est énorme ! Si l’on avait été à l’école ensemble, avec deux ans de moins que moi je ne t’aurais même pas parlé… Même si depuis on s’est rattrapé !
Bon, alors, cette tournée. Comment se passe-t-elle ? Tu sautes toujours autant sur scène ? Mais oui, je continue à sauter… Mais je saute doucement, disons que je sautille mais je vais toujours dans le public… Tout en regardant où je mets les pieds afin que ça ne se termine pas mal ! Tu sais, lorsqu’on est sur scène on est envahi par quelque chose et parfois on ne fait pas attention à ce qu’on fait. Je ne vais pas demander un escalier comme Line Renaud. Mais elle, elle est âgée !!! Tu parlais de Daniel Auteuil. Le vois-tu toujours ? Que penses-tu de sa « carrière » de chanteur ? Eh oui, aujourd’hui il fait carrière de chanteur ! Depuis la fin du confinement il commencé une nouvelle carrière. Je devrais dire « recommencé » car nous avons débuté ensemble dans une comédie musicale « Gospel » fin 71… Mon Dieu que c’est loin ! Puis il a eu sa carrière d’acteur et a toujours regretté de ne plus avoir le temps de chanter. C’était toujours dans sa tête et il réalise un rêve. Mais il n’a pas arrêté son métier de comédien. D’ailleurs il prépare un film produit par une de ses filles et il jouera avec une autre de ses filles… C’est rigolo ! Figure-toi que j’ai découvert que tu avais failli représenter ton pays à l’Eurovision… Je ne le savais pas ! Là aussi, il y a très… très longtemps ! On m’avait demandé de représenter mon pays et au premier tour je me croyais bien placé et je pensais que les jurés étaient tous pour moi… Mais c’est une fille qui a gagné. Alors qu’on a été concurrent, se retrouver animateur de ce concours, qu’est-ce que ça fait ? On m’a proposé ça en 2003 et c’est là que j’ai eu la joie de rencontrer Olivier Fogiel. Nous avons réitéré l’année d’après puis on nous a virés car nous disions trop de conneries ! Dommage car c’était d’autant plus drôle que, avouons-le, le concours est plutôt… Oui, je vois ce que tu veux dire ! Mais ça n’a pas plu à tout le monde, c’était pour certains un peu trop caustique… Un peu beaucoup, même, je l’avoue. Mais j’étais avec Marco tout-à-l’heure. Il était de passage avec son compagnon et ses deux enfants. Il partait en Sicile chez ses beaux-parents. Ce qui est drôle avec lui, c’est que, pendant qu’on parle, il ne quitte pas son Iphone. Il est directeur général de BFM TV et il est occupé 24 heures sur 24.
Tu es un des rares chanteurs de ces années 70 à ne pas avoir eu de trou dans ta carrière… Non, j’ai eu, comme tous les chanteurs, de moments, disons, de calme. Je ne suis pas toujours resté au premier plan. Ce qui m’a sauvé c’est qu’on aimait m’inviter par ce que j’étais spontané, je faisais rire et du coup, je n’ai pas trop à me plaindre. Mais pour les nouvelles générations, je suis plus un animateur qu’un chanteur, ce qui est normal. Ils connaissent tous « Vanina » parce qu’à chaque fois on me demande de la chanter. Mais à mon époque, quand je voyais Tino Rossi, je me demandais ce qu’il foutait là ! Donc, la roue tourne ! »
Et le voici sur scène avec toujours la même pêche, le même rapport avec le public qui a vieilli avec lui. C’est vrai, il saute moins haut, ce qui ne l’empêche pas de sauter au milieu du public… Avec un peu de difficulté pour remonter ! Il est magnifique, la voix est toujours là et il enchaîne tube sur tube : « Sugar baby love », « Mon cœur est malade », « Dansez maintenant », « Du côté de chez Swann », « La décision », adaptation d’une musique de Brahms, « Est-ce par hasard ? », « Lettre à Hélène », « Allo Elisa »… Pas de « Vanina » à l’horizon ? Mais si, bien sûr car après une fausse sortie ou le public le rappelle et scande le titre de la chanson, le revoici qui vient la chanter avec toujours cette haute voix que lui seul peut donner. Et il enchaîne avec la chanson de Piaf-Aznavour « Jézabel » pour terminer avec l’Ave Maria de Schubert, superbement soutenu par l’orchestre de Richard Gardet. Le parc Cravero était plein à craquer et l’Ami Dave a prouvé que, comme le chantait « presque » Brassens, le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est bon… on est bon !
Il se nomme Laurent Lescaret, se prénomme Dorian mais, afin qu’on ne l’appelle « Doriann » il a ajouté à son prénom un D, devenu son nom d’artiste « Doriand ». Sur la couverture de son livre « Un homme de paroles » paru aux éditions Léo Scheer, il apparaît en dandy mâtiné Gainsbourg, regard sûr de lui, presque arrogant. Dans la vie c’est tout autre : timide, peu sûr de lui, doutant sans arrêt. Parolier talentueux, homme de l’ombre, il eut aimé être chanteur dans la lumière mais l’auteur a pris le pas sur le chanteur qui a écrit avec bonheur et succès pour Lio, Etienne Daho, Julien Doré, Héléna Nogueira, Camélia Jordana, Sylvie Vartan, Mika, Michel Polnareff, les L5… La chance et le hasard vont lui faire se rapprocher de ses idoles : Lio, qu’il adore tout jeune, qui possède ses poster dans sa chambre et qui, par miracle va venir s’installer près de chez lui. Il ira sonner à sa porte et elle le recevra en toute simplicité, alors qu’elle n’a pas la réputation d’être simple ! Il adore Daho et a beaucoup de points communs avec ce chanteur qui, découvrant une de ses chansons; lui laisse un message… sans coordonnées. Et voilà qu’un peu plus tard il se retrouve à ses côtés dans un bar ! Au fil du temps, il deviendra l’un de ses plus fidèles amis. Pareil pour Bashung, pour Mika, pour Polnareff ! Ce dernier tient tête depuis 20 ans à sa maison de disques pour finir un album. Alors que nombre d’auteurs se sont fait virer, on l’envoie à Palm Spring se frotter à lui… Et c’est la chance. Outre qu’il ne se fait pas virer, il va travailler avec lui et devenir son ami ! N’oublions pas sa rencontre avec Karen Ann avec qui il collabore depuis des années, complice et amie. Et ça dure ! Si Doriand a une carrière en dents de scie en tant que chanteur, qu’il doute toujours autant de lui et de son talent, il se rend compte de la chance qu’il a eu de rencontrer de beaux artistes avec qui il a collaboré. Malheureux en amour, heureux en amitié. Malheureux en chanteur, heureux en parolier, un métier qui se perd aujourd’hui.
Aujourd’hui il nous raconte cette vie d’artiste dans ce livre à la fois drôle et émouvant, évidemment superbement écrit où il nous parle de ses rencontres, ses chemins de traverse, ses joies et ses peines, ses succès et ses déceptions, avec une certaine naïveté, car il est resté fan et est à la fois surpris, heureux de ces rencontres, lui le « petit parolier de l’ombre » qui est si rafraîchissant, si étonnant, si détonnant dans ce show biz sinistre, superficiel et sans pitié. A le lire, on a comme Mika, Michel, Etienne et les autres, très envie d’être son ami. D’autant qu’après avoir écrit, il accepte qu’on en parle.
« Alors, cette couverture « à la Gainsbourg », pourquoi ? (Il rit) Vous n’êtes pas le premier à me le dire et pourtant, lorsqu’on l’a fait, on n’a pas du tout pensé à Gainsbourg mais à… Lucky Luke ! Au départ il avait une cigarette mais il dû la changer pour une paille et moi je l’ai transformée en stylo, ce qui me représente mieux. Et quoique j’adore Gainsbourg, ce n’est pas un hommage ! Sur les photos ou les pochettes de disques, vous ne souriez jamais… Pourquoi ? Et pourtant je crois sourire souvent et même rire mais sur les photos… Je souris intérieurement ! Ce n’est pas si facile de sourire devant l’objectif. Disons que je suis le nouveau Sardou ! (Et là il rit carrément !) Bon, vous êtes timide mais vous osez quand même aller frapper chez votre idole : Lio. Et en plus, elle vous reçoit ! Je crois que lorsque je suis motivé, j’ose, je ne veux passer à côté de ce que j’ai envie de faire. Je crois que c’est une force qui me pousse malgré ma timidité et la situation complexe. J’avais passé une heure et demie de route en voiture, j’étais devant la porte et je ne pouvais plus reculer. On était en pleine campagne, ce qui est déjà plus facile que de trouver une maison dans une ville. Par contre j’étais dans le froid et la neige, on se serait cru dans un film suédois ! Au départ ce n’était pas gagné mais je crois que Lio et son mari ont eu pitié de nous. Le rêve se concrétisait et finalement je n’étais pas plus surpris que ça et ce qui m’a fait le plus plaisir c’est que je sentais que j’existais dans leurs yeux. La chance est avec vous puisqu’à la sortie de votre premier disque c’est Etienne Daho « in person » qui vous téléphone pour vous dire qu’il a aimé ! Daho faisait aussi partie de mes idoles et, alors que j’étais absent de chez moi, il me laisse un message sans laisser ses coordonnées. Ça a été un grand regret. Trois semaines plus tard, je monte pour la première fois à Paris avec deux copains, nous allons boire un verre aux Folies Pigalle… et je tombe sur Daho ! Pourquoi on est venu là ? Le hasard, la chance… La vie vous attend quelque part !
Encore une chance : On vous envoie à Palm Spring essayer de convaincre Polnareff de finir l’album que sa maison de disques attend depuis… vingt ans ! D’autres auteurs se sont fait virer, vous, vous vous installez chez lui et vous terminez ce disque ! C’est vrai que je pratique un métier de l’ombre, que je manque souvent d’assurance mais quand je veux quelque chose, je m’accroche. Ça devient pour moi un défi, je ne laisse pas ma place. J’avais décidé ! Facile de travailler avec lui ? C’est un peu comme les montagnes russes, un jour tout va bien, le lendemain tout est à refaire. Mais si ce n’est pas toujours simple, c’est envisageable ! Sans compter que si j’aime l’artiste, l’homme me touche. Il faut faire le dos rond, mettre son égo dans la piscine et comme elle est à 50°, on n’a pas froid ! Alors que dans ce métier on se tutoie très facilement, vous vous êtes toujours vouvoyés. Pourquoi ? Ça vient surtout de moi, j’aime qu’il y ait une distance, ça m’est plus facile pour travailler. Je veux garder mon espace, mon territoire et rester « moi » dans une relation. Alors que votre talent est reconnu et pas par les moindres, vous avez toujours l’air surpris qu’on s’intéresse à vous ! C’est vrai que je suis toujours étonné qu’on s’intéresse à mon travail. Comme je suis timide, j’ai toujours peur qu’après une rencontre, les gens ne se souviennent pas de moi. Mais malgré mon manque d’assurance, mes doutes, j’aime répondre aux défis. Vous avez fait de belles rencontres mais il y a eu quelques loupés. Comme Camélia Jordana. Ce n’est pas un loupé puisque sa première chanson, que je lui ai écrite « Non, non, non (écouter Barbara) » a été son premier tube. Mais son succès a fait qu’on ne parlait pas de l’album et elle a fait un rejet et n’a plus voulu la chanter. C’est souvent le cas lorsqu’un premier succès est trop envahissant qu’il occulte tout le reste. Il n’y a que le temps qui fera qu’un jour elle pourra la rechanter.
Et Françoise Hardy ? C’est une de mes chanteuses préférées et, là encore, le jour où j’ai entendu sa voix au téléphone, ça m’a paru bizarre tellement c’était intime. C’était perturbant. Elle m’appelait après avoir entendu la chanson de Julien Doré « Les bords de mer » et voulait que je lui écrive un texte sur une musique d’Alain Lubrano. Elle a aimé le texte mais Lubrano n’aimait plus sa musique et a refusé de la lui donner. Du coup, ça ne s’est pas fait et c’est un grand regret car je crois que le texte lui allait bien. Mais ce sont les aléas du métier. Alors, que voilà un drôle de trio : Philippe Katherine, Mika… et vous ! C’est une drôle d’histoire. Avec Philippe on se connait depuis vingt ans et pour rigoler on écrit un jour une chanson marrante « Danser entre hommes ». Que Barclay refuse, c’était trop rigolo pour lui ! Vingt ans après, on reparle de cette chanson, Mika était là et on décide de l’enregistrer tous les trois ! Vous êtes très éclectique, passer de Françoise Hardy aux L5, de Polnareff à Sylvie Vartan, de Lio à Bashung… Pour moi il n’y a pas de différence tant que c’est de la chanson pop, que ça n’est pas de la variété, ça reste dans mon domaine et que ce soit au second degré si possible. J’ai aimé écrire « Toutes les femmes de ta vie » pour les L5 tout comme j’ai aimé écrire « Elle me dit » pour Mika ou encore « Nos âmes à l’abri pour Bashung… Et votre rencontre avec Emmanuelle Seigner ? Une très belle rencontre. J’avais écrit « Dingue » avec Karen Ann et il se trouve qu’Emmanuelle adore et décide de faire tout un album avec nous. On l’écrit entre Paris, Barcelone, Tel Aviv, on l’enregistre et au moment de sa sortie l’affaire Polanski éclate et il est arrêté en Suisse. La presse s’emballe et plus question de sortir le disque. Un an de travail, un an de notre vie. Il ne sortira que six mois après mais les radios sont frileuses, elles ont peur de prendre parti. On a eu seulement quelques beaux articles. Plus tard, Dani a repris « Dingue ». Ça a été son dernier enregistrement. Alors, avec tout ça, où en est le chanteur ? Il chante toujours ! Il reste stable, dans l’ombre ! Pour moi qui suis très discret c’est un confort de ne pas avoir la notoriété d’un chanteur, je ne le supporterais pas. J’aime faire des disques pour les autres et quelquefois j’en fais un pour me faire plaisir. Le 31 août sortira un single inédit « Himalaya » écrit avec Karen Ann au piano, qui parle de la froideur de l’amour. Mais j’ai toujours besoin des deux. Un jour Etienne Daho m’a dit : « N’oublie pas pourquoi tu es monté à Paris ». Je ne l’oublie pas ».
Nous nous sommes donné rendez-vous, non pas dans vingt ans, ce serait trop pour moi, mais un jour dans le Midi, d’autant qu’il a de très beaux souvenirs de ses premières vacances… à Six-fours !
Propos recueillis par Jacques Brachet Photos Audoin Desforges Photo couv : Ludovic Sarmento
Comme les mousquetaires, ils sont quatre : David Brécourt, Mélanie Page, Clémence Thioli, Benjamin Boyer. Quatre comédiens complices venus à Sanary pour présenter la pièce de Michaël Sadler « Brexit sentimental », mise en scène par Christophe Lidon. C’est dans le cadre de ce festival estival de Théâtre dont l’idée est venue de Claudine d’Arco, directrice du Théâtre Galli, qui a proposé à David de monter celui-ci et d’en devenir le parrain. Boris Soulage, de Prométhée Productions a tout de suite aimé l’idée et s’est associé à eux pour présenter, depuis trois ans, des pièces en plein air, dans le cadre de « Sanary sous les étoiles ». Mais le vent en ayant décidé autrement, c’est en fait au théâtre Galli que les pièces ont été jouées. Avec le succès que l’on sait. Rencontre avec nos quatre complices, qui n’a pas été sans bonne humeur ni rigolade.
« Qui nous raconte l’histoire ? Mélanie : C’est moi qui m’y colle ! Il s’agit d’un couple d’Anglais qui rencontre un couple de Français le soir de l’élection du brexit. Ils vivent en France et c’est le choc des cultures. Ce sont deux couples en crise, en parallèle avec la crise en Angleterre et ils vont vivre des moments savoureux. Quelle est la genèse de cette pièce ? David : Le projet vient du metteur en scène, Christophe Lidon, qui a fait son casting. Mélanie était sur le coup depuis longtemps. Quand elle a vu la taille du rôle, elle s’est dit qu’elle ne pouvait pas passer à côté ! (rires). A partir de là, Christophe a choisi de petits comédiens pour l’entourer : Benjamin, Clémence… Et moi ! On a aussitôt formé une belle équipe et la pièce a eu un franc succès. Cet été nous ferons trois étapes : Sanary, Ramatuelle et Eze. Autre genèse : ce festival. David : J’en suis le parrain depuis trois ans suite à la proposition de Claudine et de la ville de Sanary… Et ça marche de mieux en mieux. Il faut se donner une ligne de conduite pour fidéliser le public. Avec Boris, nous choisissons les pièces et ici nous sommes plus sur un festival de comédies. Nous travaillons tous ensemble en ce sens. Depuis trois ans nous présentons trois spectacles. Nous espérons pouvoir en présenter quatre ou cinq dans les prochaines années. David et Mélanie, vous avez tous deux joué dans la série « Sous le soleil ». Vous étiez-vous rencontrés ? Mélanie : On s’était croisé, on se connaissait mais on n’y jouait pas ensemble. A l’époque, nous n’étions pas amis. Depuis, on s’est rapprochés et c’est notre quatrième pièce ensemble. Maintenant on se connaît très bien et je l’aime fort !
David : Moi aussi ! Mélanie : Redis-le plus fort ! Dans cette pièce, il joue mon mari mais il a tendance, comme tous les Français – c’est ce qu’on dit ! – à draguer sur tout ce qui bouge. Clémence : Et il a bon goût puisqu’il est attiré par moi qui suis une femme très pétillante (dans la pièce !), très extravertie, ce qui va créer des fictions entre les deux couples. Mélanie : Et comme je m’ennuie un peu, je vais aller vers son mari. Et vous, Benjamin ? Je suis un auteur qui a un peu de mal à écrire. Ma femme, qui est très exubérante, m’empêche quelque part de créer. Je cherche l’inspiration que je vais peut-être trouver en me rapprochant de cette jolie Française qui m’apporte un peu d’imprévu. Mélanie et Benjamin, vous avez dû prendre un accent anglais. C’était difficile ? Benjamin : Yes ! On essaie de parler le français comme des anglais mais comme je suis un intellectuel, je m’adapte et j’essaie de me faire comprendre. Mélanie : J’ai la chance d’être franco-anglaise, donc ça m’a été plus facile. Je me suis inspiré de l’accent de ma mère et je parle le français à la façon de Jane Birkin. Mélanie, à vos tout débuts vous avez démarré avec Shakespeare et Molière, excusez du peu ! Pui, j’avoue que ce n’est pas mal pour des débuts. J’ai joué « Roméo et Juliette » puis « l’avare » avec Francis Perrin. C’est beau de jouer des classiques. J’aimerais y revenir d’ailleurs. Justement, nous avons un petit projet tous les quatre. J’espère qu’il se réalisera. Benjamin, parlez-nous un peu de vous. J’ai surtout fait beaucoup de théâtre depuis trente ans. Avec David on se connaît depuis longtemps car nous avons tourné ensemble pour la télévision. Cette année j’ai joué « Le menteur » de Corneille au Petit Montparnasse 280 fois… Un beau succès .
Et vous Clémence ? Moi, je ne joue pas depuis trente ans mais j’ai aussi fait beaucoup de théâtre. J’ai joué avec Stéphane Freiss « Comédie romantique », justement mise en scène par Stéphane Lidon, puis j’ai participé à l’émission de France Inter « Affaires sensibles » que je reprendrai à la rentrée. David : Ce qu’elle ne dit pas c’est qu’elle a plusieurs cordes à son arc ! Clémence : Oui, je suis auteure, metteuse en scène. C’est vrai que j’adore les comédiens et j’aime autant jouer avec eux que les faire jouer ou écrire pour eux. David, quant à toi, tu es débordé de projets ! Déjà je fais ce festival à Sanary, j’en monte « Les Théâtrales d’Eze » où là, la programmation sera plus diversifiée, nous monterons des spectacles dans lesquels on peut rire, sourire, pleurer, être ému… Je serai à la rentrée aux Mathurins avec « En ce temps-là, l’amour » puis je jouerai un seul en scène à la Madeleine. Et « The mandalorian » ? Ah, tu sais ça ? C’est une série tirée de « Stars War » mais je n’y joue pas, je prête ma voix à un comédien de la série. C’est vrai, c’est inattendu mais j’aime varier les plaisirs. On m’appelle souvent à la télé mais ma passion reste le théâtre, jouer, mettre en scène… Avoir des projets divers, travailler avec des copains, être en osmose avec une équipe. Mélanie, on parlait tout-à-l ’heure de Molière et Shakespeare mais vous avez aussi joué avec Robert Hossein, Claude Lelouch, Luc Besson… C’est pas mal non plus ! J’avoue, j’avoue ! Ah, Hossein c’est une rencontre magnifique, aussi bien professionnelle qu’humaine. J’ai eu la chance de jouer deux fois avec lui, entant que metteur en scène mais aussi en tant qu’acteur. Il m’a beaucoup appris. Tous les soirs on jouait différemment, on jouait autre chose selon son humeur du jour. On ne savait jamais comment ça allait se passer. Ce pouvait être une comédie, un drame selon comment il avait vécu sa journée. Mais on le suivait avec plaisir car c’était un renouvellement permanent. Ça a été une très bonne école et il me manque beaucoup. J’avais une très grande tendresse pour lui.
Et pour Besson et Lelouch ? J’avais un petit rôle dans « Jeanne d’Arc » mais de le voir travailler sur un plateau, c’était fascinant. Il tournait, tournait sans jamais couper puis il en extrayait de petits bouts. J’ai eu la même chose avec Lelouch mais là, il y avait beaucoup d’impro. Il laisse tourner la caméra puis il fait faire autre chose aux acteurs. C’est intéressant de travailler avec ces hommes-là. David, toi qui es ami avec Philippe Lellouche, as-tu entendu parler de son accident ? (Il rit) Les réseaux sociaux ont dit n’importe quoi, il n’y a jamais eu de sortie de route. Tout simplement il mangeait de la fêta allongé et a failli s’étrangler. C’est ça sa sortie de route ! Il était sur le point de s’étouffer. Heureusement, quelqu’un a réussi à lui remonter le plexus et il a pu recracher ! Il adore manger… et être couché comme dans les orgies de l’époque !!! Mélanie, on vous a vue dans la série « L’école de la vie » où vous avez un regard à faire peur ! Oui, j’ai adoré cette série et je me suis bien marrée, même si je ne souris jamais et je fais peur ! Dans la saison deux on est allé encore plus loin, il y a limite de la magie dans mon personnage. Elle fait peur à tout le monde et Mme Joubert est un rôle que j’ai beaucoup aimé interpréter. Sans compter que le tournage a été très joyeux » Joyeuse est le qualificatif qui désigne bien cette folle équipe qui a adoré flâner dans les rues de Sanary « une ville apaisante » précise David. Ils ont fait le marché des artisans le soir et David et Benjamin piétinaient pendant que les filles achetaient tout et n’importe quoi mais tout s’est passé dans les rires et la complicité. On a hâte de les revoir. Jacques Brachet