Archives mensuelles : octobre 2021

France 3 – Mardi 9 novembre à 21
Sophie Cross Série inédite – 3 x 90 min

SOPHIE CROSS

Écriture : Paul Piedfort
Adaptation et dialogues : Marie-Anne Le Pezennec
Réalisation : Franck Van Mechelen
Avec Alexia Barlier (Sophie Cross), Thomas Jouannet (Thomas Leclercq), Cyril Lecomte (Gabriel Deville), Mariama Gueye (Amina Dequesne), Oussama  Kheddam (Fred Fontaine), Wanja Mues (Alexander Brandt), Aurélien Recoing (Olivier Breton), Fred Bianconi (Maxime Lecomte), Olivier Soler (Olivier Marchand), Frédéric Van Den Driessche (Paul Renaud), Naïma Rodric (Estelle Renaud), Frédérique Tirmont (Edith Mueller)…

Sophie Cross, brillante avocate, et son fils de six ans Arthur profitent d’une belle journée dans les dunes de la mer du Nord qui bordent leur maison. Quelques secondes d’absence de Sophie suffisent pour que son fils disparaisse. Le cauchemar commence alors pour elle et son mari Thomas, pourtant commissaire de police, mais impuissant face à ce drame et anéanti de ne pouvoir retrouver leur fils.
Trois ans plus tard, Sophie et Thomas restent dévastés. Alors qu’il est convaincu qu’ils ne reverront jamais Arthur, elle se refuse de perdre espoir et, après une formation, se prépare à intégrer la police afin de retrouver la trace de son fils.
C’est dans l’unité criminelle dirigé par son mari Thomas que Sophie va devoir se faire une place parmi les membres de l’équipe plus ou moins heureux d’accueillir cette nouvelle recrue.

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Alexia Barnier & Thomas Jouannet

Episode 1
A la suite de la disparition d’Arthur, son fils de six ans, Sophie Cross brillante avocate, n’arrive plus à exercer son métier qui la conduit à devoir parfois défendre des criminels. Trois ans plus tard et après avoir passé son équivalence d’officier de police avec succès, Sophie intègre l’unité criminelle dirigée par son mari Thomas. Alors qu’il est convaincu qu’ils ne reverront jamais Arthur, elle refuse de perdre espoir et passe ses nuits à chercher la vérité.
Dès son arrivée au commissariat Sophie doit trouver sa place dans une équipe qui apprécie peu son statut de femme du patron. Sous les ordres du Capitaine Gabriel Deville et avec ses coéquipiers Amina et Fred, Sophie va se trouver rapidement projetée dans une enquête où les meurtres se succèdent étrangement.
Episode 2
Sophie a reçu par mail une photo d’Arthur qui prouverait qu’il est vivant. Méfiante, suite à de nombreuses désillusions, elle enquête en secret sur l’origine du mail sans en parler à Thomas qui pense que cette obsession est destructrice.
Le corps sans vie d’un professeur est découvert sur le parking d’un lycée par sa toute jeune compagne. L’enquête progresse difficilement : entre jalousies, mensonges et secrets de famille, l’équipe tourne en rond, ce qui provoque la colère de Deville. Sophie, à qui on reproche d’avoir joué solo, se heurte à l’autorité.
L’équipe va-t-elle pouvoir se ressouder pour trouver le coupable ? Et la piste d’Arthur va-t-elle confirmer qu’il est encore en vie ?

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Mariama Gueye – Cyril Lecomte – Mark Grosy – Wanja Mues

Episode 3
Désespérée par la perte de la seule piste réelle qu’elle possédait dans la recherche de son fils, Sophie se confie enfin à Thomas qui décide de l’épauler.
L’équipe est chargée d’enquêter sur la mort d’un détective privé. Aucun élément concret ne permet d’avancer jusqu’à ce que le légiste, en livrant son analyse, fasse repartir l’enquête cinq ans en arrière. Mystères, secrets, fausses pistes et IGPN ralentissent l’équipe.
Sophie et Thomas ont trouvé des informations importantes concernant un trafic d’enfants. Arriveront-ils à retrouver leur fils Arthur ?

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TPM… Silence, on tourne !

20211014 Inauguration Bureau des Congrés et Tournages TPM (c) O Pastor TPM 2

Outil de développement de l’attractivité touristique, économique et culturelle du territoire, le Bureau des Congrès et des Tournages TPM, créé le1er janvier 2021, permet l’élaboration d’une stratégie cohérente et efficace de promotion et de communication destinée aux professionnels de l’industrie cinématographique et audiovisuelle au niveau national et international, ainsi qu’aux organisateurs d’événements et de congrès. Il inscrit la destination TPM dans le nouveau tourisme d’affaires.

Le bureau des Congrès
Le bureau métropolitain des congrès et des tournages constitue une nouvelle porte d’entrée de la Métropole TPM, en complément des 12 communes, pour répondre de façon opérationnelle et accompagner la réalisation des projets sur le territoire afin de faciliter leur réussite : accompagnement adapté des professionnels en termes administratif, hôtelier, restauration, logistique…
Ce bureau est constitué d’un accueil physique place Besagne à Toulon et d’un accueil dématérialisé via un site présentant la destination TPM. Un plan de communication est élaboré et la participation régulière à des salons professionnels dédiés au tourisme d’affaires et aux tournages est mise en place.
Pour être au plus près des projets, le Bureau des Congrès offre un éventail de services sur mesure.
Promouvoir la destination auprès des organisateurs en France et à l’étranger
Être la porte d’entrée unique sur la destination en matière de congrès et d’événements et livrer du « clé en mains » aux organisateurs de tous ces horizons
Être un interlocuteur privilégié, disponible, pour faciliter l’organisation des événements en qualifiant le cahier des charges et en étudiant sa faisabilité.
Simplifier les démarches administratives
Mutualiser les compétences de tous les lieux et acteurs du tourisme d’affaires et de l’événementiel
Organiser des visites de repérage
Gestion des hébergements, restauration, transports, … un dispositif hôtelier de qualité pour les congressistes.

20211014 Inauguration Bureau des Congrés et Tournages TPM (c) O Pastor TPM

Le Bureau des Tournages
Répondant à l’objectif de développer la filière cinéma et audiovisuelle sur le territoire, le Bureau des Tournages est constitué d’un accueil physique Place Besagne à Toulon et d’un accueil dématérialisé via le déploiement d’un site présentant la destination TPM :
www.congres-tournages-tpm.fr
Ses missions sont de :
Développer et organiser l’offre de décors par la mise en place de partenariat (communes, armées, département…) – TPM est un territoire très apprécié pour ses décors balnéaires mais aussi militaires, ses maisons et demeures XIXe siècle, bénéficiant d’une grande variété de paysages à valoriser.
Faire l’interface entre les sociétés de production et les institutions et apporter une réponse rapide et coordonnée.
Développer des partenariats avec les institutions, les entreprises, les professionnels
Promouvoir le territoire au plan national voire international, via une présence dans des festivals tels que : Salon Paris Images ; Festival de Cannes ; Salon Focus London. Et organiser des «Reper-Tour» auprès de producteurs.
Début 2022, le Bureau des Tournages proposera
Un tiers lieu d’accueil des équipes de production – bureaux, stockage et ateliers ;
Un fonds d’aide à la production cinématographique et audiovisuelle doté de 100 000€ pour soutenir les tournages sur le territoire en lien avec la Commission Régionale du Film.

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TPM Terre de tournages, en chiffres
43 demandes reçues par le Bureau des tournages depuis le 1er janvier 2021 et 16 concrétisations.
Quelques réalisations :
Unitaire TV – 3 jours de tournage – 24 500 € de retombées économiques
La série suédoise Agent Hamilton – 2 jours de tournage – 4 150 € de retombées économiques
Accueil d’un long-métrage en mai au PAM à Saint-Mandrier- 13 jours – 92 640 € de retombées économiques
Film britannique d’époque – 1 mois sur le territoire cet été – Tournages au Pradet, La Seyne et Hyères – Base logistique à Toulon : mise à disposition de bureaux et du Zénith pour le stockage – Plus de 100 000€ de retombées économiques

Quelques films tournés dans la métropole
«Une autre vie» tourné  à Hyères en 2014
«Un homme idéal» tourné à Toulon en 2015
«C’est beau la vie quand on y pense» tourné à la Seyne en 2017
«Proxima» tourné à Carqueiranne en 2019
«C’est quoi cette mamie ?» tourné aux Sablettes en 2019
«Ma famille et le loup» tourné à la Seyne en 2019
«Divorce Club» tourné au Pradet en 2020



Six-Fours – CapSein – Elles sont épatantes !

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Elles se prénomment Solène, Karin, Magali, Isabelle, Hélène, Michèle.
Et elles ont osé !
Osé quoi ? Poser pour le photographe Daniel Pelcat, seins nus.
Vous me direz que de nos jours, rien de plus banal. Mais il faut savoir que ces femmes émergent toutes d’un cancer du sein.
On sait ce que cette pathologie peut accumuler de sentiments contraires, du déni au doute en passant par la peur de ne pas s’en sortir, de rester mutilée, et ce que ça entraîne de douleurs pour s’en sortir, de la chimiothérapie  à la radiothérapie, sans compter nombre de troubles et d’effets secondaires comme la perte des cheveux par exemple, pour ne parler que de l’effet le plus visible.

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Même entourée de famille et d’amis, la femme est confrontée à la solitude et c’est pour cela que Béatrice Métayer, coordinatrice du réseau CapSein, appuyée par Christine Castello qui en est la présidente et aussi par le maire de Six-Fours, Jean-Sébastien Vialatte et Stéphanie Guillaume, médecin, adjointe à la santé, se sont tous réunis autour de ce réseau.
On en a déjà parlé, celui-ci accompagne les femmes atteintes du cancer du sein dans toutes les étapes, du dépistage à la guérison. Ce qui leur donne beaucoup d’énergie pour appréhender la maladie et beaucoup de courage… et de culot quelquefois comme cette exposition au grand jour de leurs corps malmenés.
Oui, elles ont osé poser pour montrer qu’elles restent d’abord des femmes «normales» , vivantes, debout, gardant toute leur féminité dans cette épreuve traumatisante.
Vendredi soir, dans les jardins de la Maison du Cygne, l’on pouvait rencontrer ces femmes en chair, en os et ainsi qu’en photos et il était à la fois joyeux et émouvant de voir leur sourire et leur pêche.

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Un sourire de combattantes, mélange de joie, de force, de courage, d’humour aussi et de fierté pour cette lutte de chaque instant, bel exemple de résilience.
Elles peuvent être fières de cette démarche qui, pour paraphraser Neil Amstrong, est un petit pas pour la femme mais un grand pas pour l’Humanité.

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Stéphanie Guillaume : communiquer, échanger, travailler ensemble.
Le lendemain, même lieu, Stéphanie Guillaume organisait une rencontre qui fera date dans la commune de Six-Fours.
En effet, elle a eu l’idée de réunir tous les médecins, praticiens, spécialistes, pharmaciens, infirmiers, tous les acteurs du médical qui viennent s’installer à Six-Fours.
«On sait – me confie-t-elle – que le secteur médical, entre autre touchant à la médecine générale, est un secteur vieillissant et que dans nombre de secteurs, les médecins se raréfient. Avec Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours nous avons voulu réunir tous ces corps de métiers dont le public a besoin et qu’il doit souvent aller chercher loin de chez lui. Nous avons décidé de les inciter à venir s’installer chez nous en leur offrant des aides comme des mises à disposition de locaux à vendre ou à louer. Déjà nous avons reçu des propositions de gens voulant revenir auprès de leur famille et d’autres ayant envie de s’installer chez nous.
Cette réunion était surtout de mettre en rapport  tous ces nouveau venus, ces acteurs du soin, les présenter afin qu’ils se connaissent et qu’ils puissent travailler ensemble en bonne intelligence.

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Afin aussi de créer un réseau de compétence qui permettra aux six-fournais de pouvoir se faire soigner chez eux plutôt que d’avoir à se déplacer. Aujourd’hui, par exemple, de moins en moins de médecins se déplacent ce qui est un grave handicap pour les malades, que ce soient des enfants, des adultes et surtout les personnes âgées. Il nous faut aujourd’hui une dizaine de médecins libéraux dans un proche avenir. Déjà 29 médecins généralistes et 16 spécialistes  ont répondu présent et cet événement permet de les aider à s’insérer, à faire savoir qu’ils sont là et à les faire collaborer ensemble
Nous travaillons déjà avec des associations comme Sport Adapté Santé 83 animée par Cécile Limier, ou le réseau CapSein créé par Béatrice Metayer  car nous sommes tous concernés par le cancer.

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Un tel événement est difficile à mettre en place et je remercie le maire mais aussi Pierre Rayer, directeur de cabinet du maire pour leur aide ».
Passionnée par ce qu’elle fait, Stéphanie Guillaume ne peut qu’être heureuse de cette journée conviviale qui s’est déroulée dans le cadre enchanteur de la maison du Cygne et a permis à tous de communiquer, d’échanger et elle ne compte pas en rester là en envisageant de renouveler très vite cette expérience  en organisant des colloques, des rencontres sur différents thèmes.
Cette grande première est la preuve que la communication n’est pas un vain mot, permettant aux gens de se rapprocher, de se connaître, de pouvoir travailler ensemble… Qui plus est dans une ville on ne peut plus belle et conviviale.
A suivre donc, avec intérêt !

Jacques Brachet





TOULON – Pathé Liberté : Gigi et Jeannot crèvent l’écran !

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Nous avions Bosso. Nous avions Pujol.  Nous avions Mado. Nous avions Zize…
Et puis nous avons Gigi !
Qu’ont-ils en commun ? En dehors du fait d’être comédiens, il ont l’accent que, comme le chante Mireille Matthieu, l’on prend du côté de Marseille, de Nice, d Toulon.
Et Ghislaine Lesept, alias Gigi la Toulonnaise, fait aujourd’hui partie de ces artistes qui se sont construits avec leur accent, sans gêne, sans honte, au contraire, avec force et talent, comme au bon vieux temps des Mayol, Raimu, Fernandel et bien d’autres.
Aujourd’hui, notre accent n’est plus considéré avec hauteur mais il ensoleille, non seulement notre région mais toutes les autres qui manquent sacrément de cet atout majeur.
Revenons donc à Gigi, qui est un feu d’artifice d’énergie, de rires, dont j’ai l’honneur et la joie d’être l’ami depuis ses premiers one woman shows jusqu’aux dernières pièces de théâtres qu’elle écrit et joue avec un certain Fabrice Schwingrouber… un «estranger du dehors» qui nous vient des Cévennes et qui, bien avant ce monstre étrange qu’est le Covid a fait «s’estransiner» de rire la France entière avec «Noces de rouille».
«Noces de rouille» est une pièce qui a aujourd’hui une suite «Noces de rouille 2» et une re-suite «Noces de rouille sauce thaï» que l’on découvrira ce week-end au Théâtre de la Porte d’Italie.
Et par-dessus tout ça, comme chantait un autre toulonnais Gilbert Bécaud, on vous donne en étrenne… un film !

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Et oui, Gigi et Jeannot ont franchi le pas, mis en commun leur talent, leur énergie… et leurs sous, pour nous concocter la version filmée. Ils y ont mis trois ans car faire un film est une tout autre aventure qu’une pièce de théâtre !
Après trois essais infructueux pour présenter ce film qui a été reculé trois fois toujours à cause du Covid, avec Yassine Ben-Chadli, directeur du Pathé Liberté, ils ont enfin conjuré le mauvais sort et jeudi 14 octobre, devant une salle pleine, nous avons été conviés à ces «Noces de rouille» qui n’ont pas engendré la mélancolie, loin de là !
On y retrouve cet inimitable duo mais cette fois, entouré d’excellents comédiens, dans un petit village provençal où tous se connaissent, boulangère, barman, fleuriste, institutrice, postière… Toutes ces petites gens qui font vivre un village, qui se connaissent, qui cachent des secrets de Polichinelle, qui s’aiment, se fâchent, se rabibochent…
Et au milieu, Gigi et Jeannot qui vont connaître une crise, Jeannot ayant fauté avec la boulangère, Gigi qui voit revenir son amour de jeunesse qui l’a quittée il y a 20 ans pour la fleuriste à qui il a fait un gosse… Bref, des histoires de tous les jours revues et corrigées par nos deux comédiens qui ont l’imagination débordante et l’art de faire vivre des gens de tous les jours, comme au bon vieux temps de Marcel Pagnol auquel on ne peut pas ne pas penser tant ils ont avec lui de points communs : l’art de filmer, avec des maladresses qu’on oublie très vite, une histoire qui a d’abord été écrite pour la scène mais qui, avec le génie du verbe, nous fait entrer de plain-pied dans l’histoire, les histoires, grâce aussi à de beaux comédiens qui sont venus prêter mainforte bénévolement, simplement pour le plaisir de participer à cette incroyable aventure.
Inutile de dire que le public fut enthousiaste, applaudit haut et fort et fit la queue pour se faire signer le livre tiré du film, les DVD du spectacle et du film.
Inutile aussi de préciser que nos deux auteurs-comédiens étaient heureux de voir se concrétiser avec succès ce qui leur a pris du temps, de l’argent, des frayeurs mais aussi une grande joie.

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«Tu sais – me dit-elle – au-delà de tout ça, nous avons vécu une aventure humaine magnifique. Nous étions, durant un mois, dans ce petit village à Sénas, comme dans une bulle. Le lieu était idyllique et tous les magasins dont nous avions besoin étaient autour du notre, spécialisé dans les olives dénoyautées mais… totalement faux, lui, puisque installé dans une ancienne boucherie que nous avons complètement décorée. Il faisait tellement vrai que des gens y entraient pour acheter nos olives !
Je ne te dis pas les crises de rires qui nous faisaient arrêter le tournage, au grand dam de Jacques Bigay, le réalisateur, qui s’inquiétait, car chaque arrêt était du temps perdu.
Les comédiens, comment ont-ils été choisis ? Car il y en a !
Ce sont tous des copains ou des relations mais tous comédiens professionnels*, qui, étonnés et par ce projet hors du commun, sont venus donner de leur temps sans rien demander. Nous étions tous dans le même bateau et je crois que, sans problème de cachet, il y a eu une ambiance amicale tout au long du tournage. Tout le monde était là pour le plaisir, il n’y avait aucun intérêt pécuniaire, donc on était tous soudé.
Passer du théâtre au cinéma, de deux sur scène à nombreux sur le tournage… Ça doit changer les donnes !
Evidemment puisque dans la pièce, on parle de tous ces personnages mais on ne les voit jamais. Là, tout à coup, ils prennent vie et l’on dialogue avec eux.
– Par ailleurs – intervient Fabrice – on n’a pas la même façon de jouer. S’adressant à un public, il faut porter la voix et lorsqu’il y a des rires, on doit arrêter quelques secondes. Au cinéma, il n’y a pas de public autour de nous et au départ ça n’est pas évident de jouer sans entendre les rires.
– Et puis – rajoute Ghislaine – Il n’y a pas la même façon de jouer, il y a des gros plans et il faut moduler sa voix car on ne doit pas la porter loin, sinon ça deviendrait vite caricatural.
Sans compter que faire un film a été un énorme défi, la schizophrénie n’était pas loin, on devait être à tous les postes, on était dans la réflexion permanente.
Nos métiers, c’est de raconter des histoires, les jouer et ça, on sait. Après, on entrait dans la résistance, dans l’inconnu mais en toute humilité. Et quand on voit notre travail aujourd’hui, malgré les imperfections, on se dit qu’on a réussi un petit miracle. C’est une nouvelle histoire à partager.

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Avec Yassine Ben-Chadli, directeur du Pathé Liberté

Jacques Brachet
*Parmi les comédiens : Catherine Sparte (Plus belle la vie, Sous le soleil, Caïn, Un balcon sur la mer, film de Nicole Garcia…) – Serge Guberne,  auteur de nombreux one man shows et pièces de théâtre – Anne-Marie Ponsot (Meurtre à la Ciotat, Demain nous appartient, La stagiaire, Plus belle la vie) – Edmonde Franchi (Gazon maudit – Lucie Aubrac – Camus) – Louise Bouriffe (one woman show) – Christiane Conil (Boudu – La promesse de l’aube – L’enquête corse…. avec de nombreux prix à la clé)…




Six-Fours – Six N’Etoiles
Christian PHILIBERT nous fait découvrir Germain NOUVEAU

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Ils furent trois mousquetaires : Rimbaud, Verlaine… et Germain Nouveau !
Né et mort à Pourrières dans le Var après une vie romanesque et mouvementée, Nouveau   est le plus méconnu des trois. Il faut dire qu’il était un poète fantasque qui refusait d’être édité, d’où, déjà, la cause de la méconnaissance de l’homme et de son œuvre, pourtant célébrée par les surréalistes Breton et Aragon.
C’était un personnage singulier et ambigu, se disant athée mais célébrant Dieu, vivant une histoire avec Rimbaud mais amoureux d’une certaine Valentine. Ambiguité également sur son œuvre car, les années passant et les recherches aidant, il y a des doutes sur l’œuvre de Rimbaud «Les illuminations» qui pourrait être en partie écrite par Germain Nouveau.
L’argent ne l’intéressant pas. Il voyagea dans le monde entier et vécut la fin de sa vie à Pourrières où il était revenu, vivant de mendicité jusqu’à sa mort. Il était devenu «Le poète vagabond»

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Des trois mousquetaires pourtant, c’est lui qui vécut le plus vieux (1851-1920)
Entouré d’ombres et de mystère, ce héros des mots a intrigué et fasciné le réalisateur Christian Philibert, qui, durant près de 30 ans ans, entre deux films, a continué ses recherches sur lui.
Il s’y est collé dès 1990, cherchant obsessionnellement, allant de bibliothèques en musées, rencontrant nombre de personnes susceptibles de le mettre sur des voies, jusqu’enfin à en tirer ce film remarquable aujourd’hui sur les écrans, réhabilitant cet immense poète pourtant méconnu.
Jacques Lovichi, poète et chercheur ayant écrit une thèse arguant que Nouveau avait collaboré aux «Illuminations», thèse rejetée, le philosophe Eddie Breuil, Jean-Philippe de Win et Pascale Vandegeerde éditeurs, Guillaume Zeller, co-auteur-éditeur des premiers cahiers Germain Nouveau et Cyril Lhermelier docteur ès littérature française  ont tous été rencontrés et filmés par Christian Philibert. Se sont rajoutés au film le comédien Philippe Chuyen qui a monté un spectacle autour de l’œuvre de Germain Nouveau et Jean-Louis Todisco qui a mis ses textes en musique, spectacle intitulé «Le mendiant magnifique».

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Habitué des lieux, je retrouvais l’ami Christian Philibert au Six N’Etoiles où il venait présenter son film, invité par Noémie Dumas.
«Christian, comment as-tu découvert Germain Nouveau qu’en fait peu de gens connaissent ?
Je l’ai découvert grâce à mon ami qui savait que je cherchais à faire un film sur un poète maudit. Il m’a parlé de lui, que ne connaissais pas plus que nombre de gens et lorsque j’ai lu ses poèmes magnifiques, que j’ai vu qu’il avait croisé Rimbaud, qu’il avait vécu près de chez moi, sans compter que je me retrouvais dans cette phrase qu’il a écrite : «Je ne suis qu’un rêveur. Et je n’ai qu’un désir : Dire ce que je rêve !»  Tout ça a fait que je me suis dit que ce serait lui… Il y a trente ans de ça !
Et puis, en parlant de lui avec ma grand-mère Denise, elle m’a dit qu’il y avait encore des gens qui l’avaient connu et de la famille, dans les environs. Avec mon collaborateur Patrick Barrat, nous avons commencé à assembler des documents, à rencontrer des gens…
Mais quelques mois après, nous partions dans l’aventure d’Epigoule et tout s’est enchaîné. Entre deux films, nous parcourions les musées, les bibliothèques, cherchions des gens qui pouvaient nous apporter leur aide.

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Philippe Chuyen et Jean-Louis Todisco – Christian Philibert et Noémie Dumas

Et quelques décennies après, le film est là. Quel a été le déclencheur ?
Ma curiosité de mieux approfondir la rencontre Nouveau-Rimbaud, qui me semblait un point important. Ont-ils été amants ? Rimbaud a-t-il profité de Nouveau ? Nouveau s’est-il contenté de mettre en forme les écrits de Rimbaud ? Beaucoup de questions se  posent encore. Et puis, ma rencontre – curieux hasard – avec le comédien Philippe Chuyen qui m’a dit qu’il montait un spectacle autour des poèmes de Germain Nouveau pour célébrer les cent ans de sa mort, «Le mendiant magnifique». Je me suis dit que c’était le moment, d’autant que la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence montait une grande exposition. Tout a pris du retard à cause du covid mais expo et film sont je crois, les deux temps forts de cette commémoration, même si c’est un an après ! Entretemps, hélas, Jacques Lovichi est mort en 2018.
Un tel film, carrément documentaire, est pour la plupart du temps plus monté pour la télé que le cinéma…
C’est vrai et au départ, c’était ainsi prévu : un 90’ pour la télé. Mais le temps passant, plus j’accumulais des images, des rencontres, des interviewes, plus je sentais que j’avais de quoi faire un long métrage, surtout lorsque, après avoir filmé le spectacle de Philippe Chuyen, je pouvais en incorporer des extraits. Il faut dire aussi que mes rapporta avec la télé sont un peu compliqués et j’ai toujours mieux su m’exprimer au cinéma, où je suis totalement maître de mon film.
Et en faire un film de fiction, y as-tu pensé ?
J’y ai pensé et j’y pense encore mais c’est déjà beaucoup plus onéreux, d’autant que ce serait un film d’époque, en costume. Donc plus compliqué.
C’est un film à présenter dans les écoles car si l’on parle de Verlaine et Rimbaud, Nouveau est totalement absent des programmes !
Tu as raison et c’est en projet que de le présenter dans les lycées. D’autant qu’en ce moment la poésie revient un peu avec le slam. J’ai l’impression qu’il y a un renouveau pour la poésie.
Il serait temps que Germain Nouveau ne soit pas seulement considéré comme un poète provençal, un poète varois mais un grand poète, un poète essentiel de la langue française.
C’est ce que j’espère en ayant fait ce film.»

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Jacques Lovichi

Jacques Brachet



NOTES de LECTURES

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Catherine CUSSET : La définition du bonheur (Ed Gallimard – 348 pages)
Catherine Cusset, auteur à succès, publie un nouveau livre mettant en scène deux femme, des années 80 à nos jours. Les vies de Clarisse et d’Eve sont menées en parallèle jusqu’à ce qu’on découvre ce qui les lie.
Clarisse est une jeune femme libre et non conformiste. Traumatisée dans son adolescence, elle vit au jour le jour et cherche le bonheur en multipliant les voyages dans les pays asiatiques et en allant de bras en bras d’hommes rencontrés au cours de ses pérégrinations. Divorcée, elle vit à Paris et élève ses trois garçons avec difficulté.
Eve, mariée avec un américain, vit à New York avec ses deux filles. Elle trouve son épanouissement dans sa famille et son entreprise de recettes culinaires mais n’échappe pas à la routine et l’ennui.
A travers ce récit croisé, l’auteur aborde les multiples sujets qui concernent les femmes : viol, avortement, vie sexuelle, sensualité, éducation des enfants, vieillissement, violences conjugales, place du père. Elle associe ces thèmes aux évènements historiques des années évoquées : sida, attentats du 11 septembre, élection de Trump, coronavirus.
La narration est donc large dans un style fluide et simple. On pourra trouver l’histoire prévisible par moments, mais la question est posée : Qu’est-ce que le bonheur ? Le trouve-t-on dans la stabilité et la continuité ou dans la fragmentation des moments de la vie ?
Chaque lectrice donnera sa réponse
Charif MAJDALANI : Dernière oasis (Ed : Actes Sud – 269 pages)
Un expert libanais en archéologie oriental,e est invité par un général irakien à donner son analyse sur plusieurs magnifiques sculptures. Une fois sur place, le temps et l’espace perdent leur réalité, les jours passent, l’expertise est toujours repoussée à plus tard, l’environnement majestueux du désert agit, séduit l’expert. La figure impressionnante du général Ghadban, personnage imposant par sa taille, ses yeux clairs, rend l’expert dubitatif, puis très vite c’est l’enthousiasme qui l’emporte. La vision de la reconstruction d’un paradis terrestre dans la plaine de Ninive grâce à la vente d’énigmatiques têtes de gypse sculptées et d’une frise assyrienne, éblouit l’expert, tout en le faisant douter.
Cette oasis reculée semble hors du temps, mais est pourtant menacé par l’avancée des troupes de Daech qui clament haut et fort et à renfort d’assassinats monstrueux et médiatisés, la future et imminente installation de l’État Islamique. L’attentat qui a entrainé la mort du général Ghadban est-il le fait de Daech, des kurdes ?
Charif Majdalani analyse avec rigueur les interrogations de l’expert en mesurant la dangerosité et l’instabilité des factions sur place.
Le désert agit dans sa majestuosité, «une immense plaine bordée de montagnes elles-mêmes figées dans une immobilité séculaire, traversée par un fleuve monumental pétrifié sous le ciel éclatant, épuisant de lumière».
Un roman qui suit pas à pas la montée d’une puissance islamique qui a fait et fait toujours trembler le monde.
Un roman qui exerce sur le lecteur une attraction mais aussi une répulsion pour un univers que les occidentaux connaissent peu et donc redoutent.
Charif Majdalani développe avec brio l’idée que «l’Histoire n’avance qu’à tâtons, que ses acteurs jouent à colin-maillard avec des évènements alors que nous les croyons toujours dans une brillante partie d’échec. Nous essayons de donner cohérence aux faits en reproduisant les affabulations télévisées qui nous inondent et finissent par transformer notre manière de voir la réalité. »
A lire et à relire.
Mariam MADJILI : Pour que je m’aime encore (Ed. Seul – le nouvel Attila – 210pages)
C’est un livre à deux voi : celle de la petite fille iranienne arrivée en France dans les années quatre-vingt, installée  à Drancy dans la banlieue parisienne avec ses parents réfugies politiques, et celle de son double qui va la regarder de l’extérieur, se moquer, la juger lorsqu’elle va se confronter à ce milieu hostile si différent du sien quand on a un physique typé de brunette rondelette et qu’on se heurte à d’autres mœurs, à d’autres habitudes d’existence, à d’autres canons de beauté, à l’âge où tout doit se construire
Elle se bat, s’impose aux autres par sa vivacité d’esprit et son intelligence à vaincre les embûches. Elle explose en contraignant son corps, en stimulant sa pensée et rejoint la voie royale d’intégration : Lycée Fénelon, Khagne, agrégation. C’est la réussite intellectuelle malgré tous les traquenards que lui à imposé la vie de la cité mais dans laquelle elle se reconnait et s’épanouit.
Et c’est aussi là qu’elle va vivre et être heureuse
Belle réussite d’une battante pleine d’amour et de vie et qui se livre avec une joie pleine d’humour dans ce deuxième roman  pétillant et vivifiant.

4 5 Timothée Stanculescu

 Pascale ROBERT-DIARD – Joseph Beauregard : Comprenne qui voudra.
(Ed. l’Iconoclaste – le Monde- 162 pages)

Ce livre est l’histoire de Gabrielle Russier, professeure de lettres à Marseille Nord. Elle fait sa rentrée pour l’année scolaire 1967-1968, elle semble émancipée pour l’époque, elle a les cheveux courts, elle fume des gauloises, elle est divorcée avec deux jeunes enfants, il y a l’avant 68 où règne l’ordre avant tout et l’après 68 où les mœurs vont quand même changer.
Elle tombe amoureuse de son élève qui n’a que 16 ans, la majorité est à 21 ans, c’est le début d’une grande passion et les parents du jeune homme portent l’affaire devant les tribunaux, la professeure est emprisonnée ! Avant son procès en appel, elle craque et se suicide au gaz le 1er septembre 1969. La France entière ne parle que de cela et se déchire.
Dans ce livre, les auteurs s’en sont tenus aux faits, avec beaucoup de témoignages de ce drame, il  y a à  la fin  des photos et des textes de Gabrielle Russier ; en 1971 un film d’André Cayatte sort avec Annie Girardot qui tient son rôle, le titre en est «Mourir d’aimer».
En fait c’est bien ce qu’on lui reproche !
« Comprenne qui voudra » est le titre de ce livre, c’est une phrase du poète Paul  Eluard, citée par  le Président de la République de l’époque : Mr Pompidou, interrogé par les journalistes sur «l’affaire». Hélas, il y aura toujours ceux qui ne comprennent pas, ceux qui n’ont pas compris et ceux qui ne comprendront jamais, la Justice peut alors devenir un instrument de torture.
Sarah DIFFALA- Salima TENFICHE : Beurettes, un fantasme français (Ed. Seuil – 305 pages)
Préface d’Alice Zéniter
Ceci n’est pas un roman mais un essai écrit par deux éblouissantes femmes : l’une chercheuse et enseignante à l’Université Paris Diderot, l’autre journaliste au Nouvel Obs. C’est une réponse à l’emploi de ce terme «Beurette» pour désigner ces femmes issues de l’immigration d’Afrique du Nord dans les années soixante et qui se sont fait une place dans leur nouveau pays.
Toutes deux s’insurgent et pensent qu’il faut revoir et remettre à sa place ce terme désuet. Elles entreprennent de revoir le parcours de beaucoup d’entre elles à travers leurs réussites intellectuelles, professionnelles, et parfaitement intégrées, occupant des postes-clés dans la vie autant que d’autres plus effacées mais bien loin des clichés de » Bimbo plantureuses » ou de femmes voilées réduites à des rôles familiaux. Ce sont les femmes d’aujourd’hui qu’elles présentent et qu’elles ont interviewé, remettant à leur place, à l’aide d’explications fondées, la vision de ces femmes mal comprises par une grande part de la population
Par cet essai elles ont pour but, simplement, de mettre en lumière les difficultés, les préjugés les non-dits, les maladresses que presque toutes doivent affronter.
C’est encore difficile et seul le temps pourra un jour rendre les choses plus naturelles.
La valeur est intrinsèque à la femme, quelle qu’elle soit.
Timothée STANCULESCU : L’éblouissement des petites filles
(Ed Flammarion – 362 pages)
Timothée Stanculescu a 30 ans. Elle a grandi en Charente Maritime et publie son premier roman.
C’est l’été à Cressac, justement en Charente Maritime. Justine, âgée de 16 ans, vit avec sa mère, divorcée. Son père réside à Tours et s’occupe peu d’elle. Elle va passer sans enthousiasme ses vacances dans ce village paumé où elle est arrivée quand elle avait 6 ans. Mais voilà qu’Océane, une jeune fille du village, qu’elle apercevait de loin au lycée, a disparu depuis quelques jours. La télé régionale s’est déplacée dans le village. Une enquête de police est ouverte, une battue va avoir lieu puis une marche blanche.
De tels évènements ébranlent la jeune fille mais c’est surtout la rencontre avec l’homme que sa mère a embauché pour des travaux de jardinage qui troublent Justine qui s’éveille à la sexualité. Dans une écriture simple et limpide, l’auteur aborde avec beaucoup de justesse et de finesse les rêves et les désirs adolescents. Les relations avec les copines, fumer ou boire en cachette, les premiers baisers, la première fois où «on le fait», l’envie de partir loin avec un garçon, le besoin d’être écoutée même si on n’est pas toujours comprise, la difficulté de passer d’une petite fille à une jeune fille : tout cela est parfaitement décrit et mis en scène avec délicatesse.

7 8 Véronique de Bure

Cécile COULON : Seule en sa demeure (Ed L’Iconoclaste – 334 pages)
Cécile Coulon vit à Clermont Ferrand. Elle a déjà écrit huit ouvrages et un recueil de poésie.
Dans ce nouveau roman, elle déroule une histoire se passant dans le Jura, qu’elle place sans doute au cours du XIXème siècle.
Candre Marchère, riche propriétaire terrien qui a perdu sa mère à cinq ans et dont la jeune épouse est morte d’une pneumonie six mois après leurs noces, cherche à se remarier. Âgé de 26 ans, c’est un homme sérieux et pieux. Il a été élevé par la servante du domaine, Henria.
A la foire aux chevaux, il rencontre Mr Deville et sa fille Aimée, âgée de 18 ans. La jeune fille accepte d’épouser cet homme dont elle apprécie les qualités. Elle part alors s’installer dans le château au cœur de la forêt du vaste domaine Marchère. L’ambiance de la demeure, la présence invisible d’Angelin, le fils d’Henria, le souvenir d’Aleth, la première épouse troublent Aimée.
Pourquoi Candre lui a-t-il menti ?Ccomment Aleth est-elle morte ? Quel est le rôle d’Henria et de son fils ?
L’auteure crée une ambiance mystérieuse et angoissante. Elle ménage un certain suspens au fil des découvertes d’Aimée, elle brouille les pistes.
Le lecteur voudrait croire à ces péripéties mais on n’est pas dans un livre de Daphné du Maurier.
Richard FORD : Rien à déclarer (Ed de l’Olivier – 375 page)
Traduit de l’américain par Josée Kamoun
Richard Ford réunit dans son recueil de nouvelles dix pépites à déguster
Ces nouvelles captent des instants où deux personnages, toujours un homme et une femme remontent dans leur passé et imaginent un futur qui aurait pu être mais qui justement n’a pas eu lieu. Aujourd’hui, ils sont tous mariés, ou l’ont été, certains veufs et très souvent divorcés. C’est l’enchainement inéluctable du quotidien, du non-dit, des personnalités parfois trop imposantes. Dans la nouvelle qui porte le titre du livre, Mc Guiness reconnait une femme éblouissante, Barbara, une femme qu’il a aimée, avec laquelle il aurait pu construire une vie stable.
Les années ont passé, c’est le constat ni triste ni joyeux d’une histoire qui ne devait pas être.
La nouvelle  « En route » remonte le temps. Cathleen va accompagner dans sa fin de vie Ricky, un garçon qu’elle a aimé ou peut-être cru aimer. C’est la fidélité à une quête de soi qui motive Cathleen, Ricky va mourir, elle doit poursuivre sa route et apaiser ce garçon qui a fui la conscription, l’a entrainée au Canada pour éviter la prison et ne pouvait que l’emprisonner à son tour. Dans   Langue seconde» Jonathan est heureux en ménage avec Charlotte mais il sait qu’il ne comprend pas tout, il accepte simplement un quotidien qu’il ne dirige pas et ça lui convient parfaitement, alors pourquoi Charlotte décide –t-elle de le quitter ?
Il y a beaucoup de clins d’œil à la littérature anglaise classique, et c’est très agréable, ainsi Tess d’Uberville et Mrs Dalloway de Virginia Woolf font partie d’un paysage fin XIXème, début du XXème, une bascule du temps chronologique qui rappelle la bascule inexorable des personnages de Richard Ford.
Tout est ciblé, en douceur, avec l’ironie de celui qui en a déjà beaucoup vu en Irlande, en Louisiane, au Canada, à New York, tout sonne juste, Richard Ford fait vivre ses « non héros » avec aisance et beaucoup de lucidité.
Véronique de BURE : L’amour retrouvé (Ed.Flammarion – 288pages)
Véronique jeune femme mariée et mère de famille entretient avec sa mère, veuve depuis quelque temps, des rapports fusionnels lors de ses visites à la campagne ou par téléphone.
Elle est pleine d’empathie pour le couple réussi qu’ils avaient formé. jusqu‘au jour où celle-ci lui fait part d’un évènement qui vient bouleverser sa vie : Son premier amoureux, perdu de vue depuis des années, se manifeste et souhaite renouer leur relation. L’amour n’a pas d’âge et les sentiments s’installent. Mais quel choc pour cette fille  qui entourait sa mère et qui va devoir prendre des distances afin de laisser la place à l’autre, celui qui prend la place de son père disparu.
S’ensuivent des heurts, des remises en questions, des places à gagner. Mais n’est-il pas normal de «refaire sa vie» plutôt que de vieillir seule ? C’est ce que l’écrivaine nous expose avec beaucoup de délicatesse, les différences entre les élans physiques du désir et les réalités de l’âge.
C’est plus un soulagement que l’autonomie de cette vieille dame qui lui laisse plus de temps pour sa propre vie de femme et de mère
Beaucoup de sentiments et de tendresse tout au long du récit, qui prouvent une relation filiale exceptionnelle.
Très beau livre plein d’amour et de justesse, parfaitement rendu par une écriture vive et spontanée. Roman qui va droit eu cœur d’une vieille mère

 


Toulon – Pathé Liberté
Pascal ELBE, homme-orchestre mais conteur avant tout !

PASCAL ELBÉ

Antoine (Pascal Elbé), est professeur. C’est un homme assez solitaire, qui a l’air tout le temps «à l’ouest», qui se préoccupe peu de ses élèves, qui n’a que peu de rapports avec ses collègues, semblant vivre dans une bulle. Écoutant la musique à fond, laissant sonner son réveil, Claire, sa voisine (Sandrine Kiberlain), passe son temps à monter frapper à sa porte et gueuler après lui.
Il a toujours l’aire surpris de la réaction des gens, jusqu’au jour où il découvre qu’il est malentendant. Il se fera poser des prothèses qui le font basculer dans un autre monde de bruits et de fureur.
Du coup, sa façon d’appréhender la vie va changer, avec sa mère, Angèle (Marthe Villalonga), qui a la maladie d’Alzheimer, sa sœur Jeanne (Emmanuelle Devo) avec qui se chamaille souvent, Francis, son meilleur ami (François Berléand) et jusqu’à sa voisine et sa petite fille Violette (Manon Lemoine) muette depuis la mort de son papa.
Ses rapports avec les autres vont changer mais il devra vivre une autre vie, l’appréhender et se l’approprier. Il va pouvoir entendre les autres, s’entendre avec eux.
C’est une très jolie comédie romantique comme, jusqu’ici, seuls savaient le faire les Américains.
Pascal Elbé, qui l’a écrite, qui la met en scène et s’octroie l’un des rôles titres, a su le faire avec tact tendresse, émotion et rire mêlés et de plus, il sait de quoi il parle, étant lui-même un malentendant.

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Lors de son passage à Toulon, au bord de l’eau, sous le soleil (tout ce qu’il aime !), il nous fait ses confidences.
«Pascal, c’est votre première comédie romantique en tant que réalisateur…
C’est vrai mais j’avais envie de changer de registre et l’âge passant je voulais écrire et réaliser un film plus personnel
Ca ne peut être plus personnel puisque c’est un peu votre histoire… et c’est en quelque sorte un coming out !
(Il rit), ! Effectivement, c’est une chose que je n’ai pas crié sur les toits, même si ce n’est pas honteux. Mais je suis plutôt discret. Il se trouve que j’ai eu l’occasion de lire le livre de David Lodge «La vie en sourdine» et que j’y ai vu beaucoup de similitudes. Il met les mots sur ce que je vis et je ressens. Ce sont mes fils qui m’ont dit : «Tu cherches un scénario ? Tu en as un tout trouvé, il est sous ton nez!»
Un sourd, à l’inverse d’un aveugle, ça peut prêter à des situations risibles mais aussi à des situations de rejet, de non intégration, d’exclusion. Il y avait de quoi faire une histoire sans tomber dans le drame ou le pathos.

PASCAL ELBÉ 5

Comment fait-on un tel métier avec ce handicap ?
Je ne me suis pas laissé le choix. Comme pour tout le monde, il y a eu une phase de déni, d’incompréhension, et puis la chose acceptée, je me suis appareillé.
Vous avez un casting cinq étoiles !
C’est vrai et j’en suis heureux. Avec Sandrine Kiberlin, nous sommes amis depuis vingt ans et j’avais envie depuis longtemps de travailler avec elle. Tout comme Emmanuelle Bedos. C’est une magnifique comédienne. François Berléand, je ne le connaissais pas. J’aimais le comédien mais j’en cherchais un plus jeune. En fait, je me suis dit que ce n’était pas indispensable et je l’ai appelé. Il y a eu une complicité immédiate entre nous. Il sait tout jouer ce type ! La petite Manon, ce n’était pas mon premier choix et pourtant c’était une évidence. Jouer une petite fille muette, ce n’était pas facile mais elle a tout de suite choppé le truc. Je pense qu’on la retrouvera très vite. Marthe, je trouve qu’elle ressemble à ma grand-mère ! Elle ne voulait plus jouer mais j’ai su la convaincre. Elle joue avec finesse une femme qui a d’évidence la maladie d’Alzheimer mais qui sait en jouer quelquefois…
J’ai envie de travailler avec des personnes sensibles et d’avoir en moi cette petite musique.
J’ai envie de travailler avec des gens que j’admire et que j’aime. Former une famille autour de moi.
C’est un film qui parle de la solitude, de l’incompréhension…
C’est surtout un film qui parle de nous tous, de ces passages de vie qu’on traverse, de situations qu’on a tous eue ou qu’on peut vivre, auxquelles on a pu être confrontés. Ça parle aussi du rapport à soi-même, à sa façon d’apprendre à s’estimer, à se respecter.
Moi-même, j’ai beaucoup appris de moi, j’ai pu et je peux apprécier le silence, j’ai appris à être attentif au regard des autres.
L’aide auditive peut être très agressive. Certains ont renoncé. Tout est amplifié, même tous les bruits alentours qui sont autant d’agressions .On a du mal à s’adapter.  Il faut persister, se laisser le temps. J’ai dû mettre quelque trois mois à m’adapter.
Etre scénariste, réalisateur, comédien… Vous accumulez les difficultés !
C’est vrai qu’il y a quelques difficultés à se filmer soi-même ! Ça rend un peu schizophrène !
Mais il faut faire la part des choses : réaliser en ne pensant qu’aux comédiens, jouer sans penser à la caméra. Mais après des années de métier, c’est un pur plaisir et à chaque fois un petit miracle !
A chaque séquence tournée, je retrouvais ma place de comédien ou de réalisateur sans problème.

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Vous accumulez aussi les handicaps: un sourd, une muette, une malade d’Alzheimer !!!
C’est vrai que je charge la mule !!! Mais ce sont trois mondes de solitude où chacun est enfermé dans une bulle. Il y a beaucoup de similitudes. Mais ça crée aussi des situations où chacun se fait comprendre autrement. Entre la gamine et le type, il y a le regard, le sourire. Avec la mère, il y a cette façon de crier, de ne pas reconnaître sa maladie et de faire comprendre aux autres leur importance. Et puis, chacun aussi profite de son handicap. Antoine il n’entend que ce qu’il veut entendre et peut ainsi profiter du silence. Violette ne parle que lorsqu’elle en a trouvé la nécessité. Angèle peut se permettre de dire des choses qu’elle pense sans que ça prête à conséquence. Chacun se joue de son handicap.
Pourquoi le héros est professeur, alors que vous êtes acteur ?
Au départ ce devait être un acteur mais je le trouvais trop égocentrique. Ça pouvait devenir trop biographique. J’ai choisi un professeur car avec lui, on parle de transmission. Et j’avais envie de travailler avec des enfants
Scénariste, comédien, réalisateur… Que préférez-vous ?
C’est toujours l’histoire qui prime et, scénariste ou acteur, mon métier c’est de raconter des histoires. En fait, je suis conteur. Ecrire, faire un film, c’est une histoire à partager. Je suis en réflexion permanente et je le fais en toute humilité car un film est une aventure qui peut être ratée. Etre réalisateur, c’est entrer en résistance, ce n’est pas un travail innocent.
Aujourd’hui, j’ai des années de métier, ce qui m’a rendu confiant pour la suite. Jouer est un pur plaisir. Avant je ne savais pas, j’étais inquiet. Aujourd’hui je sais.
Lorsqu’on est à tous les postes, est-ce qu’il n’y a pas le risque de ne plus avoir de proposition ?
Ça ne m’est pas arrivé mais si c’est le cas, dommage pour ceux qui ne font pas appel à moi. Mes portes sont ouvertes, entre qui veut. Celui qui ne veut pas… Tant pis pour lui !

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Propos recueillis par Jacques Brachet
Photocréations.fr




Six-Fours – Six N’Etoiles
Clovis CORNILLAC revient à la maison!

FILM SI ON CHANTAIT

Clovis Cornillac est devenu un habitué du Six N’Etoiles. Il y est d’autant plus chez lui qu’une des salles porte son nom, face à celle de Claude Lelouch !
Et chaque fois qu’il le peut, il y revient pour présenter un film.
Et le voilà, entraînant le réalisateur Fabrice Maruca que j’ai plaisir à retrouver, lui aussi, après une rencontre au Festival de la Rochelle où il présentait sa série iconoclaste et drôle «La minute vieille».
Il signe aujourd’hui son premier long métrage «Si on chantait»* dont l’un des personnages principaux est Clovis, entouré d’Alice Pol, Artus, Jeremy Lopez et Chantal Neuwirth.
On pourrait dire que c’est un film musical puisqu’il est émaillé de chansons des années 70/80 où se mêlent Julien Clerc bien sûr, qui a donné l’autorisation pour être la chanson générique du film éponyme et aussi une version chorale de nos cinq artistes, mais on y retrouve aussi Aznavour, Dassin, Pagny, Gainsbourg, Montagné, Fugain et même K Maro !
Tout démarre dans une usine en grève où quelques grévistes ont monté une petite chorale pour protester contre sa fermeture.

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Mais l’usine fermera et quatre d’entre eux (Clovis Cornillac alias Jean-Claude, Alice Pol alias Sophie, Artus alias José, Franck, alias Jérémy Lopez)  vont se retrouver à galérer pour retrouver un boulot. Jusqu’au jour où Franck, fan de chanson française, a l’idée de monter une entreprise de chansons à domicile. Le but : aller chez des particuliers chanter une chanson choisie par un ami, un intime, pour son mariage, son anniversaire ou tout autre événement. Ils vont encore pas mal galérer mais, aidés par une énergique mamie qui loge Sophie (Chantal Neuwirth) tous les cinq vont faire de cette petite entreprise, un malheur devant des milliers de spectateurs à la mi-temps d’un match de foot dans le stade de Valenciennes.
Nos cinq pieds nickelés sont à la fois drôles et attendrissants, Clovis Cornillac avec son aspect coincé de cadre moyen, barbiche, mèche tombant sur ses petites lunettes, Sophie Pol amoureuse transie d’un mec marié que se fiche d’elle, Jérémy Lopez (de la Comédie Française s’il vous plaît !) lui aussi amoureux transi de Sophie qui n’ose se déclarer, Artus, qui veut à tout prix chanter mais qui chante comme une casserole et Chantal Neuwirth,  la mamie débrouillarde qui va leur faire connaître les réseaux sociaux et qui nous offrira une interprétation de «Femme like U» de K Maro, irrésistible.
C’est un film à la fois drôle et tendre, nostalgique aussi car toutes ces chansons nous rappellent des souvenirs et l’on a envie de les chanter avec eux.
Fabrice Maruca signe là son premier long métrage après nombre de courts, de pubs, de séries comme «La minute vieille» et de scénarios pour «Un gars, une fille», «Samantha oups !» et bien d’autres.
Belles retrouvailles donc au Six N’Etoiles pour parler de ce film inclassable et qui donne la pêche.

FILM SI ON CHANTAIT FILM SI ON CHANTAIT

«Fabrice, d’où t’es venue cette idée originale ?
Plus jeune, dans ma commune de Quievrechain…
– Ah – le coupe aussitôt Clovis en riant – il va encore nous parler de Quievrechain ! Il ne peut pas faire une phrase sans glisser son nom. C’est une obsession !
– Bon, je reprends si tu veux bien. Donc… à Quievrechain, j’écoutais une émission de radio où les auditeurs dédicaçaient une chanson à une personne de leur choix. J’aimais beaucoup cette émission. D’un autre côté, je viens d’un milieu ouvrier et j’ai eu envie de parler de tout ça en m’inspirant de cette idée américaine d’apporter une chanson à domicile.
Le choix des chansons…
J’ai toujours aimé la variété française, le spectre est assez large puisqu’il survole les années 70/80 et même un peu plus. Et j’ai essayé de les adapter aux situations des films lorsque c’était possible. Au départ, la chanson générique était «Vous les copains» de Sheila mais je trouvais que le «Et doo wha didi…» ne s’adaptait pas au moment où tous les cinq chantent dans le stade.
Et il a préféré les «La la la la» de Julien Clarc et c’est vrai que ça s’adapte mieux à la situation et ça entraîne les gens à chanter.
Julien Clerc était d’accord ?
Oui, évidemment, il a fallu l’autorisation pour toutes les chansons qu’il y a dans le film. Et à part ceux qui sont décédés, tous ont dû donner leur accord.
Clovis, comment es-tu venu sur ce film ?
C’est une rencontre avec un producteur avec qui je travaillais, qui m’a parlé de cette histoire. Je ne connaissais pas Fabrice mais il se trouve que nous avions beaucoup de gens en commun. J’ai donc lu le scénario et je lui ai trouvé une force d’évidence, beaucoup d’originalité mais aussi une honnêteté, une sincérité et j’ai trouvé en Fabrice un vrai désir de cinéma. Il y a quelque chose de vrai dans cette histoire. C’est drôle mais ce n’est jamais du second degré. Je me suis dit : si ce film c’est ça, ce que je lis, ce sera chouette. Et c’est une belle réussite.

5 FILM SI ON CHANTAIT

Fabrice, content de ton acteur ?
De «mes» acteurs ! Quant à Clovis, il donne beaucoup de choses de lui. D’ailleurs beaucoup de choses qu’il a donné n’étaient pas prévues…
– C’est ça notre boulot – ajoute Clovis – Qu’on y apporte notre personnalité, nos idées mais qu’en même temps le réalisateur arrive à nous mener dans ce qu’il voulait.
Alors, en fait, qui chante ?
Tous chantent. Je n’avais pas besoin de chanteurs professionnels puisque dans le film, ce sont tous des amateurs. Je voulais simplement qu’ils chantent juste, ils ont été coachés, et à l’opposé, Artus a pris des cours… pour chanter faux !
Mais toutes les chansons ont été enregistrées en studio pour qu’il n’y ait pas de problème durant le tournage.
Le reste du casting s’est fait comment ?
Seuls Jérémy et Artus l’ont passé. Jérémy, c’est son premier rôle au cinéma. Il fait une merveilleuse carrière à la Comédie Française et je voulais être sûr qu’il puisse s’immiscer dans ce rôle qui est à la fois une comédie sentimentale et musicale. Je connaissais Artus par ses one man shows et je voulais savoir ce qu’il donnerait avec des partenaires.
Comment as-tu rempli l’immense stade de Valenciennes ?
(Il rit). Avec… 120 spectateurs !!! Le reste c’est du trucage. Je me faisais un peu de soucis mais lorsque j’ai visionné les rushes, j’ai trouvé ça complètement bluffant !
De toute façon, avec le Covid, je n’aurais pas pu l’avoir plein.

8 FILM SI ON CHANTAIT

Vous êtes partie sur une longue tournée avant-premières. Quelle est la réaction des gens ?
Clovis : C’est une tournée très gaie et découvrir l’enthousiasme du public est un grand plaisir.
Fabrice : Et pour moi, c’est à la fois une joie et un soulagement. C’est mon premier long métrage et en plus, ce n’est pas un sujet banal. Donc aujourd’hui je suis rassuré.
Clovis : J’ai été très étonné de voir que le public, jeune ou vieux, réagisse à ces chansons qui, pour certains, ne sont pas des chansons de leur époque. Il y a un vrai engouement pour ces chansons qui commencent à dater mais qui sont toutes dans les souvenirs des gens… et des plus jeunes qui les écoutaient avec leurs parents, je vois que chez moi, mes filles qui ont une vingtaine d’années et mon fils qui a cinq ans, adorent danser sur ces musiques… Ce qu’ils ne peuvent pas faire avec le rap.
C’est un film intergénérationnel car ces chansons traversent les époques.
Clovis, quel effet ça fait de revenir dans une salle qui porte ton nom ?
C’est top ! Et c’est aussi très touchant de voir qu’à côté des multiplex il y a des gens qui aiment le cinéma et qui, avec passion et énergie, le défendent dans de petites villes et des salles qui sont à échelle humaine.
Je me souviens, lorsque j’étais jeune, d’adorer aller dans les cinémas de quartiers. C’est dans celles-ci que j’ai découvert le ciné des années 70. Et c’est grâce à des gens comme Noémie Dumas, qui gère ce cinéma, que l’on garde le plaisir de découvrir des films, que ce soient des blog busters ou des films intimistes. Il faut beaucoup d’énergie et d’investissement et j’admire beaucoup ces gens.
J’ai une maison pas loin d’ici et j’y reviendrai à chaque fois qu’on me le demandera».

FILM SI ON CHANTAIT

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photocréations.fr
* Date de sortie : 3 novembre




Marseille – Théâtre des Bernardines
Macha MERIL, lumineuse sorcière

MACHA MÉRIL

Macha la belle.
Macha l’impériale.
Macha la fantasque.
Depuis «Les années nouvelle vague», Macha Méril nous subjugue, nous charme, nous fait rire ou pleurer. Sa voix-musique, son visage de madone slave, sa grâce hiératique, son élégance et son talent font mouche au théâtre comme au cinéma ou à la télévision.
«Sorcière». Voici un titre qui lui va bien, titre tiré de textes de Marguerite Duras, l’une des plus brillantes romancières du XXème siècle, qu’elle défend seule en scène, avec l’aide de Stéphan Druet et de Michel Legrand dont elle fut l’épouse, qui sertit ces mots ciselés de sa musique somptueuse.
Au demeurant, on ne peut imaginer deux femmes, deux artistes plus dissemblables et pourtant, les mots de l’une dits par l’autre, sont en totale osmose… Elles se connaissaient.
C’est un spectacle à la fois original et surprenant.
Une femme parle, quelquefois dans la souffrance, quelquefois exaltée ou ironique et passe  d’un sujet à l’autre comme l’enfant mort, l’algérien sans papier à qui on enlève son maigre gagne-pain,  les sorcières, premières femmes qui veulent être libres mais sont brûlées, la femme qui fait les bébés, les élève, les change, les mène à l’école, entre deux lessives, trois courses et la cuisine mais qui «à part ça», ne travaille pas…  tout tourne souvent autour de la femme, de l’enfance, de l’amour maternel et puis voilà un texte iconoclaste sur… la mouche ! Qui, à part Marguerite Duras, peut écrire un tel  texte et qui, à part Macha Méril, pourrait nous l’envoyer avec un tel humour ?

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Avec ces deux femmes, l’on passe du rire au drame dans un décor on ne peut plus dépouillé (2 tapis, une chaise) au milieu duquel évolue Macha avec grâce, entre deux images et la sublime musique de Michel Legrand.
C’est à la fois du théâtre, du cinéma, de la littérature, de la musique et une sacrée performance d’actrice qui, comme une funambule, se déploie sur des textes pas toujours faciles mais qu’elle dit avec une facilité renversante… apparemment du moins.
Macha rayonne et nous subjugue.

C’est avec joie que je retrouve mon amie Macha au Théâtre des Bernardines de Marseille, pour une série de représentations jusqu’au 16 octobre. L’on ne compte plus les années d’amitié mais c’est avec un évident plaisir que je la retrouve, volubile, et passionnée, comme toujours.
«Macha, comment est venue cette idée d’un tel spectacle ?
Après la disparition de Michel, Philippe Terron, directeur du Théâtre de Poche, m’a proposé de monter un spectacle-hommage autour de son œuvre «Michel for ever». Noud étions en 2019 et nous avons juste eu le temps de le jouer avant le couvre-feu. C’est Stéphan Druet qui en avait fait la mise en scène et j’avais adoré son travail. Du coup, lorsque Phlippe a proposé un spectacle autour des œuvres de Duras, j’ai tout de suite dit oui à condition que ce soit avec Stéphan

MACHA MÉRIL MACHA MÉRIL

L’œuvre de Duras est énorme. Comment en expurger ces textes ?
Tu sais, elle écrivait romans, textes, articles de presse, réflexions et elle gardait tout. Nous avons alors pensé à «La mer écrite» mais nous nous sommes très vite rendu compte que ça n’allait pas. J’ai aimé la phrase de Stéphan : « On est à marée basse» ! Puis nous avons trouvé ce texte bouleversant «L’enfant mort» et tout est parti de là. Stéphan a fait un travail d’orfèvre.
Ca ne doit pas être facile de monter un tel spectacle !
C’est vrai, mais il a eu l’idée de lier les textes avec des images, qu’on a tournées dans les bois, qui s’adaptaient parfaitement et on y a ajouté des musiques de Michel qui viennent s’immiscer entre deux scènes.
Le texte est colossal, tu as d’infimes respirations et tu fonces !
Effectivement et c’est là que je me suis rendu compte que j’étais une grande actrice !!! (me dit-elle en riant).
J’ai horreur des spectacles où, des acteurs derrière une table, lisent un texte. C’est emmerdant au possible. Nous, nous avons fait un vrai spectacle théâtral, visuel, musical, avec des apparitions, des disparitions, je dois me mouvoir dans le noir et être à la seconde près, raccord avec les images, la musique… Je risque à chaque fois de me casser la gueule ! Mais Stéphan a fait un travail magnifique. Désormais c’est décidé : je ne fais plus rien sans lui ! C’est Michel qui nous a réunis».
Stéphan vient nous rejoindre, timide, discret et souriant à ce que dit Macha. Et il approuve !

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«Pourquoi le titre «Sorcière» ?
Le spectacle tourne autour des premières femmes qui ont voulu être libres, indépendantes, qui ont bravé les hommes ont été brûlées et c’est un texte de Marguerite Duras qui l’évoque, à la fois symbolique et d’actualité hélas. Marguerite, dans son genre, était une sorcière et je crois que je le suis aussi !
Et il y a la musique de Michel Legrand, indissociable de toi aujourd’hui !
Evidemment, Michel est omniprésent et je trouve que sa musique, à la fois classique et très peu connue, ajoute une puissance évocatrice tangible.
Alors justement, on a déjà beaucoup parlé ensemble de tous tes projets autour de Michel. Où en sont-ils ?
Ça avance, mais avec le Covid, tout a été stoppé ou tout le moins ralenti. Mais, pour marquer le coup, j’ai voulu lancer cette année, le prix Michel Legrand qui s’est fait hélas sans public. J’y ai convié dans le jury des amis, Jacques Perrin, Mathilda May, Jean-Claude Petit, Stéphane Lerouge et nous avons remis le prix à Gabriel Yared. Ça a été en fait l’année zéro. Le festival aura lieu l’an prochain dans le château de Michel dans le Loiret, autour de la fondation Michel Legrand afin d’aider les jeunes musiciens. Il s’y passera beaucoup de choses autour de la musique et de sa musique. Il y a de telles possibilités ! Avec sa maison de disques,  nous allons éditer ses œuvres classiques, j’ai retrouvé deux comédies musicales que je vais tenter de monter, il y a plein de chansons que je vais proposer à des chanteurs… Tu vois, j’ai plein de projets joyeux !
Je tiens à honorer Michel de façon vivante. Je repars donc à la charge et je crois qu’il en serait très heureux.

MACHA MÉRIL

Propos recueillis par Jacques Brachet
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