Le hasard fait bien les choses : Au moment où Jacqueline Franjou, présidente de «Objectif Seyne» et Cyril Bruneau, directeur artistique invitent Yann Arthus-Bertand pour le 16ème festival international de photographie «L’œil en Seyne» pour une rétrospective de ses œuvres intitulée «Legacy», voilà que Charles Berling et son équipe proposent leur premier Théma de la saison intitulé «Passion Bleue», autour de la mer, et invitent le photographe-réalisateur-activiste en ouverture en nous proposant une journée qui lui est dédiée.
C’est donc en sa présence que le Liberté a inauguré ce Théma en proposant trois de ses films : «Human», «Terra» et «Planète océan» en sa présence.
Malgré les handicapants gestes barrière, ce jeudi soir, le Liberté refusait du monde, tant ce bel artiste-aventurier est populaire et nous propose depuis des décennies, des films et des photos vus du ciel, célébrant la nature de cette terre mais également montrant ce que le monde en fait depuis pas mal de temps sous prétexte d’économie et de rentabilité.
Mers polluées, forêts dépeuplées, animaux mourants ou disparus.
C’est ce qu’on a pu voir dans ce troisième volet «Planète océan» qui démarre sur une ode à la Nature telle qu’elle était il y a des millions d’années et que, depuis pas mal de temps et de plus en plus rapidement, ce que l’humain en fait. Il tire le signal d’alarme car, même si ce film est très pessimiste, il espère encore que tous prennent conscience que notre planète est exsangue, qu’on la fait souffrir et mourir à petit feu et que si rien n’est fait, les éléments vont de plus en plus se déchaîner. On le voit déjà où tempêtes, tornades, inondations, sècheresse prennent tour à tour le relais pour abîmer ce qui fut un Eden et devient peu à peu l’enfer.
Il a longuement discuté avec un public horrifié par les images qui nous ont sauté aux yeux et qui posent la question : que faut-il faire pour arrêter le carnage ? Est-ce déjà trop tard ?
«Le pétrole – nous dit-il – a changé notre vie à tel point qu’il nous est aujourd’hui difficile de revenir en arrière tant il nous fait à la fois vivre et mourir. Aujourd’hui, on est atterré par l’incapacité à tout changer. Surproduction, surconsommation font qu’on abîme tout, que les animaux, les terres, l’environnement sont maltraités. Le dérèglement climatique est de plus en plus flagrant, La banquise fond, les forêts brûlent, les déchets plastiques font des ravages. On a débloqué 1500 millions d’Euros pour le Covid, on n’en a jamais autant dépensé pour le sort de la planète. Les gouvernements ne vivent que dans l’immédiat alors il faut que «nous» agissions car agir rend heureux. C’est vrai, ce film est pessimiste et angoissant mais c’est la réalité. Nous vivons dans le monde du confort, on a ce désir de vouloir toujours plus, on passe notre vie à acheter, à consommer.
Je vais souvent à la rencontre des élèves et j’ai eu cette question d’un écolier qui donne froid dans le dos : C’est quand la fin du monde ? 60% des enfants y croient. Il est donc temps que l’on comprenne qu’on ne va pas mourir mais qu’on doit s’adapter, décider que ça change, même si les politiques ne veulent pas le voir.
L’Homme est intelligent… N’est-il pas capable de trouver des solutions ? Aujourd’hui, on fait le climat qu’on aura dans vingt ans. Les enfants en sont de plus en plus conscients et il faut que les parents en prennent eux aussi conscience car ce sont eux le plus bel exemple. Ne plus penser qu’à soi, penser aux autres, faire quelque chose ensemble, je pense qu’on en est capable».
C’est avec des gens comme Arthus-Bertrand, des films comme ceux qu’il fait, que les consciences doivent s’ouvrir avant qu’on atteigne le point de non-retour.
C’est pour cela que ce Théma est important car, jusqu’au 19 décembre, le Liberté recevra d’autres magnifiques personnalités pour nous parler de cette passion bleue et de leurs expériences.
L’équipe du Liberté-Châteauvallon
On attend donc le philosophe Edgar Morin, les navigatrices Catherine Chabaud et Isabelle Autissier, le politique Jean-Louis Borloo qui s’occupe activement du devenir de l’Afrique, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik,, l’océanographe et plongeur François Sarano, l’explorateur Jean-Louis Etienne… Nombre de films, seront proposés, pour tout public, pour faire prendre conscience à tous de notre richesse et de ce qu’on en fait. Nombre d’expositions éclatées aussi, au Liberté, à Chateauvallon, à Tamaris, au Musée de la Marine, à la maison de la photographie, à Ifremer, sur le port de Toulon où Michel Beerens créera une fresque, place Monsenergue où Tadashi Kawamata installera une sculpture monumentale… Débats, rencontres… Bref, la mer dans tous ses états.
Et c’est à la Villa Tamaris de la Seyne, qu’on retrouve Yann Arthus-Bertrand, Jacqueline Franjou et Cyril Bruneau pour cette exposition qui célèbre les 50 d’activités de ce grand artiste qui a traversé le monde et nous l’a offert vu du ciel. Mais pas que…
Un lieu magnifique où, sur trois étages, notre artiste nous offre 50 ans de pérégrinations, photos magiques, expo somptueuse sur trois étages, où l’on se rend compte qu’il a traité tous les sujets les plus divers, des paysages au visages, des animaux aux célébrités mais surtout des personnages humains, qu’ils soient artistes, bouchers, paysans, gendarmes, curés, mineurs, éleveurs il sait à chaque fois en tirer la substantifique moelle et chaque photo raconte une histoire, qu’elle soit prise dans un pays lointain, au salon de l’agriculture, dans un décor inventé, dans des lieux féériques et quelquefois moins, toutes nous parlent et c’est avec passion et volubilité qu’il nous raconte sa vie et ses histoires à travers ses photos, toutes plus magnifiques les unes que les autres… Quand on pense qu’à ses débuts, aucune galerie ne voulait l’exposer car ses photos faisaient trop «cartes postales»… Il a fallu qu’il les expose dans la rue pour que public, lui, ne se trompe pas et fasse de lui l’un des plus grands photographes du monde… Et pas seulement vu du ciel !
Jacqueline Franjou et Cyril Bruneau, sont les instigateurs de cette Seizième exposition. A la Villa Tamaris.
Nous nous connaissons depuis des années, grâce à l’ami Jean-Claude Brialy, qui en a fait sa présidente du festival de Ramatuelle. Cyril les a rejoints plus tard, devenant le photographe du festival.
Jacqueline me raconte sa découverte de ce lieu :
«Au départ, je ne savais pas qu’il existait un lieu aussi extraordinaire et c’est le maire de la Seyne Arthur Paecht qui me l’a fait découvrir et j’ai aussitôt été attirée par sa lumière. J’ai alors commencé à m’y intéresser, à en parler à Micheline Pelletier, mon amie photographe. Elle a été d’accord pour dire que ce serait un lieu de la photographie. Du coup, nous avons créé «L’œil en Seyne» et voici seize ans que nous invitons de grands photographes à y exposer, l’idée étant de rester dans l’actualité mais aussi d’aider ces derniers, car avec le numérique, ils ont plus de mal à présenter et vendre leurs œuvres. Et nous leur offrons leurs tirages. Ainsi avons-nous abordé des thèmes divers : la mer, la mode, Paris Match, Micheline Pelletier bien sûr, le journal l’Equipe, et nombre de grands créateurs. Micheline Pelletier s’étant retirée, j’ai fait appel à Cyril Bruneau qui en est devenu le directeur artistique».
Cyril nous précise que durant cinq semaines par an, à cette époque, il propose un thème, un ou plusieurs photographes et qu’il travaille beaucoup avec les scolaires :
«Nous recevons quelque huit cents scolaires et offrons cent kits afin qu’ils puissent travailler avec leurs professeurs Cela dans un but pédagogique et pour faire découvrir et aimer cet art».
Déjà Cyril a des idées pour les expositions à venir et il n’est pas difficile de trouver des thèmes et des artistes, tous étant heureux de découvrir cet espace ensoleille, lumineux de 1000 m2 sur trois niveaux. La pérennité est donc assurée pour, comme la surnomme Jacqueline, cette «belle endormie» et elle a beaucoup d’idées pour la réveiller encore plus.
Jacques Brachet