Marion Game & Luq Hamett, le metteur en scène
80 ans passés, bon pied bon œil, bonne humeur, bon humour, je retrouve notre Huguette nationale alias Marion Game, à l’hôtel épuisée par la chaleur mais le regard qui vrille et le rire au coin des lèvres. Elle est accompagnée par Luq Hamett, auteur, comédien, directeur de théâtre, metteur en scène de la pièce , qui veille sur elle comme un fils.
Ils se connaissent depuis des années et se retrouvent au festival «In Situ» de Carqueiranne, elle dans « C’est pourtant simple », la première pièce de Sophie… Brachet, (qui n’est pas ma cousine !) lui, le lendemain dans une pièce de Feydeau « Ciel, ma belle-mère ! » et dans laquelle il joue avec entre autres David Martin (le fils de…) reconverti de cuisinier à comédien… Des chiens ne font pas des chats !
Nous voici donc réunis pour parler d’une pièce désopilante dans laquelle Marion et Geneviève Gil se disputent la vedette avec maestria.
L’histoire est assez compliquée et ce sont nos amis qui essaient de nous la raconter :
« Il y a eu un cambriolage chez les Bordier. Ce qui ne fait pas l’affaire d’Henri Bordier (Emmanuel Vieilly) qui doit recevoir une jeune femme en l’absence de sa femme (Virginie Stevenot). Voici que s’en mêle Madame Pinson (Geneviève Gil), la voisine qui, voyant la situation, veut calmer le jeu. En fait, elle va tout compliquer, envahir le couple puis l’arrivée intempestive de la belle-mère d’Henri, l’ex star Simone Vannier (Marion Game) qui a décidé de faire un comeback hasardeux après dix ans d’absence et auquel elle seule croit, ne va pas arranger les choses ».
S’ensuit quiproquos et mensonges comme au bon vieux temps de Monsieur Feydeau.
Une pièce très réussie pour une première où Sophie Brachet nous prouve son esprit inventif fait de coups de théâtre, de répliques qui font mouche, de situations drolatiques… Lorsqu’on porte un tel nom on ne peut avoir que du talent !
Et nos deux comédiennes se livrent un duel plein d’à-propos et de quiproquos, de situations burlesques, dans cette machinerie bien huilée, les autres comédiens ne déparant pas et apportant aussi leur univers comique. Cette pièce est un délire total qui a fait crouler de rire le public, heureux de retrouver celle qui, chaque soir, rentre dans leur salon pour d’épiques scènes de ménages auprès de Gérard Hernandez.
L’équipe au grand complet : Elisa Aze, Geneviève Gil, Virginie Stevenot, Luq Hamett, Marion Game, Emmanuel Vieilly et Julien… Brachet… Encore un !
Alors, heureuse, Marion, de retrouver cette pièce ?
A la fois heureuse, excitée mais aussi… liquéfiée ! Chaque soir je me dis : «Mais qu’est-ce que tu fais là ? A ton âge, tu ne peux pas rester chez toi ?». Et puis, une fois sur scène, c’est le bonheur. Surtout lorsqu’on joue une telle pièce, si bien écrite, aux ressorts comiques imparables. Évidemment, ce n’est pas du Duras, c’est du boulevard mais c’est tellement drôle !
– Luq : Marion l’a jouée cent fois à Paris dans mon théâtre, le théâtre Edgar et tous les soirs ça a été la même comédie : à peine arrivée, elle veut rentrer chez elle ! Et puis c’est le miracle… heureusement. Sais-tu que, jouant tous les soirs, elle passait la journée à tourner «Scènes de ménage »s, enregistrant une quinzaine de sketches par jour !
– Et à supporter Gérard Hernandez, ce qui n’est pas rien ! Vous rendez-vous compte qu’on en est à la onzième année et que la production ne veut pas nous lâcher !
Vous n’en avez pas assez ?
Ça m’arrive de me le dire mais c’est une aventure magnifique, pleine de joies, de rires, de bons souvenirs avec Gérard qui est un ami, un complice de longue date. Nous avons fait des doublages ensemble et nous nous amusons toujours autant.
Comment votre carrière a commencé, Marion ?
Je suis née à Casablanca et j’ai très vite travaillé au Royal Automobile Club où j’ai vu défiler tous les plus grands pilotes du monde. J’étais secrétaire. Mais un jour il a fallu ficher le camp car nous vivions journellement des violences, des attentats. Ils voulaient leur indépendance, nous l’avons payée.
Et alors ?
Alors je me suis retrouvée secrétaire de direction au Vézinet et j’ai commencé très vite à me dire que je ne pouvais pas vivre cette vie éternellement. J’ai poussé la porte du cours Simon. C’est «le maître» qui m’a reçue. J’avais alors déjà 25 ans. Il m’a dit : «Tu veux jouer la comédie ? Tu as vingt ans, tu viens travailler» Et ça n’a jamais arrêté.
Marion avec Sophie Brachet et son complice Gérard Hernandez, rencontrés au Festival de la Fiction Télé de la Rochelle
On connaît la carrière que vous avez eue et avez encore. Comment êtes-vous arrivée sur «Scènes de ménages» ?
Sur casting où j’ai retrouvé Gérard qui n’est pas toujours facile, qui est bourru, qui n’est pas démonstratif mais qui a une grande élégance intérieure. Et c’est pour moi un couronnement phénoménal. Vous vous rendez compte : 4 millions de téléspectateurs chaque soir !
Et vous Luq, comment avez-vous rencontré Marion ?
J’étais très jeune et j’ai commencé à faire de la post synchronisation : Marion faisait ma maman dans la série «Beverly Hills» ! Je suis ainsi rentré dans la famille car il faut savoir que le monde du doublage est un peu comme une communauté. Pour moi, je me retrouvais avec des caïds, des grandes pointures… C’était Disneyland et j’étais fasciné par ce monde…
Marion : Il faut dire que, même si on est bon comédien, le doublage est un art très difficile. Mais c’est un boulot formidable. J’ai Joué la mère de «Malcolm» durant six ans, c’est très jouissif. Entrer dans les pantoufles de quelqu’un est un vrai bonheur. Mais en même temps, on est toujours sur un fil. Il faut âtre acteur mais il faut en plus une technique que n’ont pas tous les comédiens.
Alors Marion, Théâtre ou synchro ?
Les deux mon capitaine mais bien sûr à choisir c’est jouer. C’est la base du métier. On arrive à poil et l’on doit trouver tous les éléments pour s’habiller, trouver le personnage qui n’est pas tout à fait vous. C’est une performance de tous les instants.
Et pour «Scènes de ménages», comment ça se passe ?
Il y a une brigade de scénaristes qui écrivent des sketches. Avec Gérard on fait une première sélection, puis une seconde avec la production. Si vous saviez le nombre de sketches qu’on reçoit !
Une fois sélectionnés, avec Gérard ont les étudie. Quelquefois on réécrit certains passages, on les modifie. Nous avons les textes trois jours avant »
Après le spectacle, Marion avec Robert Masson, maire de Carqueirenne, Alain Galian et Marie-Thérèse Chevaly, adjoints au maire, Luq Hamett et Sophie Brachet
L’heure avançant, nos amis vont aller repérer la scène dans ce magnifique Fort de la Bayarde et nous les suivons pour les répétitions.
Marion est toujours aussi stressée.
Pourquoi, Martion ?
Parce qu’il y a un moment que je n’ai plus joué cette pièce, que j’ai l’habitude d’un petit écrin, que là c’est une grande salle et en plus en plein air, et en plus avec la chaleur ! Ça fait beaucoup Il va falloir passer de la flûte traversière au hautbois !»
Nous retrouvons Sophie Brachet, son époux, Jacques Pessis et leurs filles. Sophie autant stressée que Marion qui, prenant un accent larmoyant et provençal, s’écrie : «Je veux rentrer à la maison» !
Heureusement pour nous et les spectateurs, elle restera et nous offrira cette magnifique performance, saluée le soir par M le maire en personne, Robert Masson et son adjointe à la Culture, Marie-Thérèse Chevaly, toujours très fidèles dans une ambiance des plus festives.
Encore une belle journée sous les étoiles
Jacques Brachet
Photos Christian Servandier