Didier Bruner, Tatiana Goussef, Damien Bruner, Bruno Salomone, Franc Bruneau
Les films se suivent et peuvent avoir des ressemblances.
Tels «C’est quoi cette mamie ?» la mamie en question étant Chantal Ladesou, recevant petits-enfants et enfants dans le Var du côté de la Seyne sur Mer.
Voilà qu’arrive «Ma famille et le loup» où une autre grand-mère (Carmen Maura) reçoit ses quatre fils, leurs femmes et leurs enfants dans le Var, du côté de la Seyne sur Mer !
Mais là s’arrêtent les ressemblances, le premier film étant totalement déjanté – surtout Chantal Ladesou – le second étant un joli conte où se mêlent les vrais personnages et un dessin animé particulièrement réussi.
Sara (Carmen Maura) va fêter ses 80 ans et à cette occasion demande à tous ses enfants de se réunir car elle va les quitter. Un loup, dit-elle, avec qui, très jeune, elle a fait un pacte, va venir la chercher. Les fils n’ont jamais cru à cette histoire mais les cinq petits enfants vont tout faire pour retrouver ce loup, le tuer, et ainsi garder leur mamie.
Ainsi va se passer un été d’aventures que ces gamins n’oublieront jamais.
Tous les retours en arrière et l’histoire que leur conte la mamie sont illustrés d’un magnifique film d’animation, d’une belle délicatesse.
La distribution est formidable les quatre fils étant interprétés par Bruno Salomone, Pierre Rochefort, Franc Bruneau, Baptiste Sornin les cinq gamins sont épatants, Enzo Ingignoli en tête, jouant le petit Hugo et les deux épouses émouvantes (Tatiana Goussef et Veronika Novak).
Quant au réalisateur Adriàn Garcia, il est espagnol, ne parle pas français, Carmen Maura ayant été son interprète à double titre sur le film, et c’est son premier film hormis deux films d’animation.
C’est un conte moderne plein de joie, de sensibilité, d’émotion avec une Carmen Maura lumineuse, espiècle, au sommet de son art, magnifiquement entourée de toute une famille à laquelle on s’attache très vite.
C’est la belle surprise de cet été, un film inattendu et plein de charme qui plaira autant aux enfants qu’aux parents.
Et surprise, voilà que viennent Bruno Salomone, Tatiana Goussef et Franc Bruneau pour présenter le film au Six N’Etoiles, encadrés de Didier et Damien Bruner, père et fils, deux des trois producteurs, la troisième Christine Ponzevera étant absente.
Damien Bruner (le fils) nous explique la raison de ce tournage dans le Var :
«C’est ma région, ma mère ayant vécu entre la Cadière d’Azur et Bandol, mon beau père étant dans la Marine à St Mandrier. J’ai donc proposé «ma» région au réalisateur. Nous avons rayonné pour enfin trouver cette incroyable maison à Fabrégas. Il nous fallait une grande maison pour loger toute l’équipe car on voulait que tout le monde reste ensemble pour créer des liens, former une véritable famille.
La région est superbe et ça a été un véritable plaisir que de la retrouver… hormis les cigales que le perchman faisait partir à chaque prise !
Je demande aux trois comédiens qu’est-ce qui les a fait accepter de tourner dns ce film :
Bruno Salomone : J’ai adoré la poésie qui se dégageait du scénario, un scénario très bien écrit sur un sujet grave, la mort, traité de façon tellement poétique et surtout vu par le point de vue des enfants. J’ai aussi aimé la maturité de ces enfants plus adultes que les adultes. Ce sont ces derniers qui font des conneries !
Franc Bruneau : Je dirai à peu près la même chose. Ce qui m’a plu c’est le traitement du sujet mêlant film d’animation et personnages réels. C’est aussi un film d’aventures pour enfants, mais aussi pour les adultes, autour d’un sujet culotté.
Tatiana Goussef : J’ai aimé le traitement poétique du thème du deuil à travers la famille. Je trouve que c’est la première fois que c’est abordé de cette façon, le deuil vu par les parents avec un côté plus matérialiste et vu par les enfants qui eux, ont une approche différente de la mort d’autant qu’ils n’arrivent pas à comprendre que cette mamie qui est en pleine forme va mourir.
Comment est venue cette idée de mêler animation et film ?
Didier Bruner : Au départ, Adriàn Garcia voulait faire un film d’animation. Il en a déjà réalisé deux. Mais il n’arrivait pas à le produire et l’on s’est rencontré. Je lui ai alors proposé cette idée originale de mêler les deux car on trouvait que le sujet étant un conte, cela pouvait s’y prêter. Il a d’abord hésité car il n’avait jamais réalisé de films avec des comédiens. Mais au final il a adopté ce projet hybride.
Le choix de Carmen Maura ?
Didier Bruner : C’était notre choix parmi plusieurs autres. Evidemment, Adriàn étant Catalan l’idée d’avoir Carmen Maura lui plaisait. Devant partir sur un tournage, il l’a attrapée au vol avant son départ et très vite ça a collé entre eux. Ce qu’on a aimé chez elle c’est sa profondeur de jeu, cette façon de parler d’un sujet grave avec ce ton et ce sourire légers, son espièglerie, son imaginaire débordant. Elle est tout à fait crédible.
Est-ce que c’est facile de tourner avec un réalisateur qui ne parle pas français ?
Damien Bruner : Il y avait Carmen Maura qui parlait les deux langues, il y avait des coaches et des interprètes. Tout s’est bien passé.
On dit que travailler avec des enfants est difficile…
Tatiana Goussef : Dès le premier jour, s’est installée une complicité avec nous à tel point que les deux gamines qui jouaient nos filles avec Bruno, nous ont appelé papa et maman ! C’était drôle.
Bruno Salomone : J’ai l’habitude des enfants et je suis aussi resté très enfant. On s’est beaucoup amusé, on a beaucoup ri ensemble. On était vraiment sur la même longueur d’ondes.
Connaissiez-vous la région ?
Bruno Salomone : J’ai passé beaucoup de vacances à Carqueiranne et je suis souvent allé me balader sur l’île de Port Cros.
Tatiana Goussef : J’avoue que je la connaissais très peu. Je suis juste venue une année au Festival du Court Métrage de Hyères.
Franc Bruneau : Je suis parisien mais mon père étant venu travailler à Toulon, j’ ai fait ma sixième au collège Marcel Pagnol. L’été je venais quelquefois chez ma marraine à Méounes.
Y a-t-il eu quelques problèmes sur le tournage ?
Damien Bruner : d’abord une pluie incessante durant une semaine alors qu’on était en juin. Il y a même une un orage énorme. Durant dix jours on n’a pas eu une journée complète de soleil.
Et puis le tournage dans la grotte, à Ste Anne d’Evenos où il a fallu descendre Carmen Maura en tyrolienne, faire descendre les enfants et tous les techniciens, encadrés de deux spéléos, en tout plus de 40 personnes, et enfin faire entrer la tête du loup en polystyrène de 150 kilos
Malgré ça tout le monde est heureux de ce tournage qui a rapproché tout le monde au point qu’ils continuent à se voir, s’envoyer des SMS ! Le bonheur total et la cerise sur le gâteau serait que le film trouve son public à sa sortie le 21 août. C’est presque une certitude tant le film est beau, drôle, émouvant, poétique et plein de nostalgie.
Jacques Brachet