Archives mensuelles : février 2019

Toulon – Le Liberté : Eh bien, dansez maintenant

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Texte Alexandra Cismondi et Emilie Vandenameele
Mise en scène Emilie Vandenameele

La compagnie Vertiges donnait son spectacle, « Eh bien, dansez maintenant », joué de main de maître par Alexandra Cismondi, écrit par elle-même et Emilie Vandenameele ; c’est un one woman show époustouflant tant le don physique de la comédienne-danseuse est total, ainsi que toutes ses facettes expressives abracadabrantesques.
La première partie est un long monologue (peut-être un peu long), encore que les variations d’intensité, de personnages, d’accents, de situations, créent un monde complet, teinté d’humour, avec des jeux de langages et des rapprochements de mots ou de situation imprévus qui attisent l’attention. Alexandra Cismondi, seule en scène, avec pour tout décor une chaise, une table sur laquelle est posé un drap blanc (qui va s’enfler et occuper toute la scène à la fin du spectacle) côté cour, et trois rideaux transparents en fond de scène, donc Alexandra va faire vivre toute une saga familiale, se développant sur une trentaine d’années, entre Limoges et la Seyne sur Mer, et autres lieux. Alexandra Cismondi est truculente en Seynoise avec un parfait accent du cru, véritable Tata Magali ! Elle passe d’un personnage à l’autre en moins d’un éclair, jouant surtout des intensités verbales, et bien sûr des poses du corps et des mimiques adéquates. Le tout avec un naturel remarquable.
Tout y passe, les problèmes de la famille, les enfants, les joies, les mésententes, les différences d’origine, le baptême, l’éducation d’adolescents, les tromperies du mari ; en fait c’est une dizaine de personnages qui prennent vie devant nous par la force de persuasion et l’art de la scène de la comédienne. Au passage il faut citer la qualité de la mise en scène qui place l’action au présent, sans oublier la direction d’acteur ; bel exploit dans un tel contexte minimaliste.
Dans la deuxième partie la diseuse devient danseuse. Là encore par des procédés simples – changements de juste haut corps de couleurs différentes – les spectateurs entrent dans les différents moments de la vie de cette famille. La relation mère fille est souvent pathétique, cette fille anorexique, pour des raisons qu’on nous laisse deviner. La danseuse est alternativement l’élève ou le professeur. Les figures dansées deviennent plus fortes que l’expression verbale. Tout le vécu, le passé qui revient, l’avenir incertain, les non dits qui font mal, tout passe par ce corps bouillonnant qui virevolte et tourbillonne avec force sur la scène.

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La dernière partie est tragique. La danseuse en juste haut corps noir, perruque rose, et haut talons, accomplit une danse tragique et suicidaire, elle se renverse sur la tête le seau d’un produit rouge, qui dans une autre scène était le sang d’un sanglier ; elle va tomber et se baigner, se rouler dans ce sang jusqu’au spasme final, nous laissant sur de multiples questionnements.
Explosion d’applaudissements.
Ajoutons que toute la technique était à la hauteur de la prestation.
La compagnie Vertiges, basée à la Seyne sur mer, était en résidence au Théâtre Liberté, scène nationale, pour la réalisation de « Eh bien, dansez maintenant ».
Alexandra Cismondi est diplômée da la Sorbonne, elle a étudié la danse sous toutes ses formes. Elle a déjà une belle carrière avec de nombreux metteurs en scène et différents artistes
Emilie Vandenameele, auteure et metteuse en scène, possède une licence d’arts du spectacle. Elle a dirigé une vingtaine de spectacles et performances. Elle enseigne et anime des Workshops.
Deux fortes personnalités à suivre. De splendides bêtes de scène, qui ont beaucoup de chose à dire, ou plutôt à faire sentir et ressentir.

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Serge Baudot

OPÉRA DE TOULON

VENDREDI 1er mars 20h, En partenariat avec le Festival de Musique de Toulon et sa Région
«LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ»
Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon, dirigé par Maxim Emelyanychev
Chœurs de femmes de l’Opéra de Toulon dirigé par Christophe Bernollin
Avec Alexandre Kantorow, piano – Roxane Chalard, soprano, Pauline Sabatier, mezzo
Johannes Brahms (1833-1897 : )Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur, Op. 83
Felix Mendelssohn (1809-1847) : Le Songe d’une Nuit d’Été (Musique de scène)

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Maxim Emelyanychev direction musicale
Né en 1988 dans une famille de musiciens, Maxim Emelyanychev étudie le piano et la direction d’orchestre à l’école de musique de Nijni-Novgorod avant d’intégrer le Conservatoire Tchaïkovski de Moscou dans la classe du légendaire Gennady Rojdestvenski. Lauréat de nombreux concours internationaux, comme claveciniste, chef ou les deux à la fois. Il reçoit en 2013 un « Masque d’or », prix le plus prestigieux de Russie, pour sa participation au clavecin à la production des Noces de Figaro à l’Opéra de Perm (CD). Depuis ses débuts de chef d’orchestre à l’âge de 12 ans, il se produit avec le même bonheur à la tête d’orchestres baroques et d’orchestres symphoniques. Il est chef principal de l’orchestre «Il Pomo d’Oro» et de l’Orchestre de jeunes de Nijni-Novgorod. Il collabore avec de nombreux artistes tels que Riccardo Minasi, Max Emanuel Cencic, Xavier Sabata, Julia Lezhneva, Sophie Karthäuser, Franco Fagioli, Dmitry Sinkovsky, Marie- Nicole Lemieux, Alexei Lubimov, Teodor Currentzis, Patrizia Ciofi, Katia et Marielle Labèque, Joyce Di Donato.
La saison 2016/17 est marquée par une grande tournée internationale avec Joyce Di Donato, après la sortie de leur CD intitulé In War and Peace, Harmony through music qui remporta un Grammophon Award 2017 ; ses débuts à l’Opéra de Zurich, pour L’Enlèvement au sérail ; ou encore son concert à la tête de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse.
Parmi les temps forts de la saison 2017/18, citons son retour à Toulouse et à Séville, ses débuts avec l’Orchestra della Svizzera Italiana de Lugano et ses engagements à la tête de l’Orchestre national de Lyon, de l’Orchestra Sinfonica di Milano – Guiseppe Verdi, du Royal Liverpool Philharmonic, de l’Orchestre national de Bordeaux et de l’Orchestre Symphonique de Saint-Pétersbourg.
La saison 2018/19 le verra diriger le Netherlands Philharmonic Orchestra, le Real Orquesta Sinfonica de Sevilla, l’Orchestra della Svizzera Italiana, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, le Belgian National Orchestra, le Tokyo Symphony Orchestra, le Royal Philharmonic Orchestra et l’Orchestra of the Age of Enlightenment au Festival de Glyndebourne.
Maxim Emelyanychev a déjà dirigé l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon en mars 2017.

Alexandre Kantorow piano
Alexandre Kantorow a commencé à se produire très tôt, à 16 ans il était invité aux folles journées de Nantes et de Varsovie avec le Sinfonia Varsovia et il a depuis joué avec de nombreux orchestres tels que le Kansai Philharmonic Orchestra avec Augustin Dumay, le Taipei Symphony Orchestra, l’ONPL, l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, l’Orchestre de Genève, l’Orchestre de Berne …
En 2015, il a participé à la saison inaugurale de la Philharmonie de Paris avec l’Orchestre Pasdeloup, ce dernier l’ayant réinvité en 2017 pour un concert à la salle Gaveau.Passionné par la musique de chambre, ses derniers concerts l’ont amené à se produire notamment avec le quatuor Talich et avec Roland Pidoux mais aussi avec Shuichi Okada, Aurélien Pascal et Amaury Viduvier.
Parmi ses prochains engagements, des récitals à travers l’Europe dont ses débuts au Bozar de Bruxelles, au Konzerthaus à Berlin, au festival d’Heidelberg mais aussi avec l’ONDIF à la Philharmonie de Paris.
En 2018/19, il jouera pour la première fois au Concertgebouw d’Amsterdam, retournera à Toulouse avec l’Orchestre du Capitole, sera également l’invité de l’Orchestre de Nancy et donnera à nouveau de nombreux récitals : Liège, Limoges, Clermont, Nohant, Metz, Royan…
Alexandre Kantorow est lauréat de la fondation Safran.
Il a enregistré les concertos de Liszt, Saint-Saëns ainsi qu’un CD consacré à la musique russe (Choc Classica 2017) Alexandre Kantorow est nommé dans la catégorie «Soliste instrumental» des Victoires de la musique classique 2019.

La Seyne sur Mer – Cercle des Travailleurs
Jazz à la Philharmonique

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Le Cercle des Travailleurs, association créée en 1878, très active jusque dans les années 70, relance depuis une dizaines d’années des activités en organisant des concerts, des repas hebdomadaires le jeudi midi, en mettant également ses locaux à la disposition d’autres associations.
En 2016, Le Cercle des Travailleurs déménage et s’installe sur la place Bourradet où il crée le bar associatif La Quadrature, qui continue les mêmes activités.
Depuis Novembre 2018, grâce à un partenariat avec la Société Philharmonique La Seynoise, présidée par Frédéric Denoyer, Le Cercle organise des « Concerts A La Philharmonique », clin d’œil à Norman Granz et son « Jazz at the Philharmonic », tous les 1er samedis du mois, plus 2 samedis supplémentaires, dont le deuxième sera le 23 mars 2019. Ces concerts reçoivent le nom, selon le type de musique, de Jazz à la Philharmonique (JALP), Rock à la Philharmonique (RALP), Chanson à la Philharmonique (CALP) …
Cette salle est la propriété de la Société Philharmonique La Seynoise qui se prépare à fêter le centenaire de sa construction en 2021. La Seynoise a été créée en 1840. Avec le Cercle des Travailleurs, ce sont les deux plus anciennes associations de la Seyne sur Mer.
Lors des « Concerts à La Philharmonique » un décor et des lumières intimistes procurent une ambiance chaleureuse de cabaret. Les bénévoles de l’association proposent une petite restauration légère et tiennent une buvette.
La programmation vise à valoriser la scène locale et régionale, y compris quand les musiciens locaux ont acquis une audience internationale.
Nous voulons souligner également que beaucoup d’artistes qui sont programmés le fond à titre amical, pour soutenir l’association du Cercle des Travailleurs.
La saison s’arrête au mois de juin, quand commence le programme municipal des Vendredis de Bourradet..
Ajoutons que la vie du Cercle est assurée par 15 bénévoles passionnés et généreux.
Pour ce qui est de la musique la programmation est proposée par Eric Marro, et plus particulièrement le jazz.

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Virginie Teychené & Gérard Maurin – Lionel Belmondo

Pour 2019 rien que des grosses pointures :
* le 2 mars : La chanteuse Virginie Teychené, l’une des meilleures chanteuses de jazz d’aujourd’hui, encensée par toute la presse spécialisée ; elle a connu de magnifiques succès dans les grands festivals. Elle sera accompagnée par deux autres musiciens de poids, Gérard Maurin à la contrebasse et à la guitare, Stéphane Bernard au Fender Rhodes, pour un nouveau répertoire, du blues avec « I gotta right to sing the blues ».
*le 23 mars : « In the Mood for Chopin » avec Jean Cortes à la contrebasse, Claudio Céléda au piano, Piero Iannetti à la batterie. Jean Cortes connaît Chopin sur le bout des doigts ; il a osé interpréter le grand Frédéric en jazz par des arrangements exceptionnels. Pari gagné, c’est une grande réussite. Un « bœuf » ouvert à tous les musiciens se tiendra après le concert. Avis aux amateurs.
*le 6 avril : Lionel Belmondo, Thomas Bramerie + Feat. Ils sont archi connus, et comptent parmi le gotha du jazz. Ce sont des enfants du pays, venant de l’école de musique d’Yvan Belmondo, le père.
*le 4 mai : Christophe Dal Sasso Syvian Ghio + Feat (invités). Christophe Dal Sasso se fit connaître avec le « Grand Huit ». Il est maintenant reconnu comme un des meilleurs arrangeurs pour Big Band ; il est à la tête d’une belle discographie.
*le 1er juin : La chanteuse Missko & Friends pour de la grande chanson française.
Comme on le voit, c’est une programmation à faire pâlir de jalousie les grandes scènes. Cet exploit repose sur l’amitié ; les artistes perçoivent 30% de la recette, ce qui est généreux si la salle d’une jauge de 150 places était pleine à chaque fois. Hélas on en est loin. Si on veut continuer à voir venir à la Seyne sur Mer de tels artistes, il est vital qu’un public nombreux assiste à ces concerts, afin également de permettre au Cercle des Travailleurs de développer ses activités. Alors…ils vous attendent !

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Serge Baudot
La Philharmonique – salle Edouard Aillaud, 7 boulevard Charles Gounod à La Seyne sur mer.
Les concerts ont lieu à 20h.
Réservation par texto au 06 42 33 11 33 – Tapez code CALP10 et indiquez votre nom et le nombre de personnes. On peut venir sans réservation.

Barcelone, suite
Le Park Guëll, un jardin extraordinaire

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Eusebi Güell était un riche industriel, mécène et ami du célèbre architecte Antoni Gaudi.
En 1900, il demande à celui-ci d’édifier une cité-jardin sur une colline du nord-ouest de Barcelone nommée El Carmel.
Le domaine s’étend sur 17 hectares et Guëll, influencé alors par les jardins anglais, propose à l’architecte de concevoir ce lieu en y pensant, lui donnant pour le coup le nom de Park Guëll.
Gaudi imagine alors d’y bâtir une chapelle et une soixantaine de maisons résidentielles, le lieu y offrant une vue exceptionnelle sur Barcelone, ville alors riche et en plein développement.

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Il imagine également un projet ambitieux avec en plus, des fontaines disséminées sur un sixième de domaine, le reste restant un lieu de promenades et de forêts. Ces fontaines seront, comme souvent dans les créations de l’architecte, porteuses de symboles, comme le dragon ou encore la salamandre qui lui est inspirée par l’emblème de la ville de Nîmes, qu’il découvre lors d’un de ses voyages.

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Il y ajoutera des allées, des tunnels, des sculptures, des escaliers, la colline ayant des dénivelés dont il ne veut pas changer la nature, trois croix disposées à chaque point cardinal dont la plus haute dédiée à Dieu, une incroyable salle hypostyle dites « des cent colonnes » qui n’en possède en fait que quatre-vingt-six, de six mètres de haut et un mètre vingt de diamètre, dont le dessus recueillera l’eau pour les jardins et les voûtes seront décorées de rosaces en trancadis.
Le trancadis est une technique ancestrale de mosaïque faite de morceaux de faïence et de verre, que l’on retrouve également sur un incroyable banc qui ondule comme un serpent sur cent-dix mètres de long, ce qui en fait le plus long banc du monde.

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Si, durant les premières années, la construction va bon train et évolue à un rythme soutenu, le développement de Barcelone fait que le prix des terrains grimpe très vite, comme tous les matériaux nécessaires à ce pharaonique projet.
En 1914, Eusebi Guëll jette l’éponge et décide d’arrêter les travaux. Gaudi n’aura que le temps d’ériger quatre maisons autour de tout ce qui est déjà sorti de terre.

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A la mort de Guëll, en 1922, ses héritiers vendront le lieu à la ville de Barcelone qui, quatre ans plus tard, l’ouvrira au public, y offrantt un lieu de promenade très prisé des barcelonais et des espagnols.
Entre temps, une maison y fut construite par l’architecte Francisc Berenguer, qui fut la demeure de Gaudi jusqu’à sa mort. Elle est devenue un musée dans lequel on retrouve des meubles créés par lui, nombre d’objets et l’on peut y voir sa chambre restée en l’état.
En 1984, le Park Guëll sera inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et en fera un lieu de visite incontournable des visiteurs du monde entier.

Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Toulon – le Royal
Tom BOOTHE : L’incroyable aventure des Food Coops

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Un jour de 1975, en pleine crise économique, est né à New-York, et plus particulièrement à Blooklyn, la coopérative alimentaire de Park Slope. Un supermarché autogéré par aujourd’hui 17.000 membres qui, en plus d’être des actionnaires, donnent 2h45 de leur temps, une fois par mois, pour faire tourner ce magasin auquel personne ne croyait au départ car vu par les capitalistes américains, ce mouvement émane des socialistes donc… du diable ! D’autant que c’était aussi une mauvaise nouvelle pour la grande distribution, le but de cette coop étant d’offrir aux adhérents des produits à la fois de qualité, naturels ou bio, et bien moins cher qu’ailleurs.
Cette conception nouvelle est due entre autres à son co-fondateur Tom Boothe qui est également réalisateur et nous proposait vendredi soir au Royal, le film qu’il en a fait, invité par la coopérative varoise « Coop sur Mer » , présidée par Monique Tardy.
L’idée a depuis fait son chemin un peu partout et Tom est aussi le co-fondateur de la coopérative créée à Paris en 2016, « La Louve », de 1.500 m2 de superficie, qui possède aujourd’hui 4.400 membres.
Tom est donc venu témoigner à Toulon et encourager l’équipe toulonnaise qui n’en est qu’à ses balbutiements, puisque créée en janvier 2017, avec un local de 80 m2, Mais avec déjà 850 adhérents et 150 membres actifs. Le local est ouvert quatre demi-journées par semaine, chacun donnant à son tour trois heures par semaine de son temps.
Lorsqu’on découvre ce qu’est devenue la coop de Brooklyn on est ahuri de voir la discipline militaire qui y règne, même s’il n’y a aucun patron, aucune hiérarchie et qu’on se rend compte de l’atmosphère à la fois studieuse et amicale dans laquelle chacun évolue.
Tom nous précise qu’il en est de même à la Louve, dans une atmosphère moins drastique, plus calme, peut-être plus sereine.
« Chacun est actionnaire du lieu et aujourd’hui l’association est devenue un vrai business. Mais chaque actionnaire est libre à tout moment de revendre ses parts et de s’en aller. Ce qui, en fait, n’est jamais encore arrivé car en dehors des prix bas et de la qualité des produits venant de nombreux producteurs, il s’est instauré une vie dont le contact humain est primordial, convivial, fait de rencontres, de liens sociaux qui se créent, dont le manque aujourd’hui se fait sentir, dont les gens ont besoin et où les gens venus d’univers différents se côtoient, qu’ils soient ouvriers ou cadres. Une mixité sociale s’y est instaurée.

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C’est en fait une autre manière de consommer où l’humain a toute son importance. C’est un lien social par excellente, c’est aussi un projet éducatif et surtout pas moralisateur, sans jugement, chacun pensant et vivant le lieu à sa convenance ce qui manque peut-être un peu aux USA ».
Bien sûr, à la vue de ces deux cas, Toulon est encore une toute petite structure mais les projets sont ambitieux et pas si utopiques que certains pourraient le croire.
Monique Tardy nous explique ces projets :
« Nous espérons que d’ici un an, nous pourrons envisager de créer un supermarché, le problème majeur étant l’impossibilité de s’implanter en cœur de ville dans la mesure où nous avons besoin d’un local de 1.500m2 et d’un grand parking gratuit pour nos adhérents. C’est le premier problème. Le second est que le Var est un département essentiellement viticole et les maraîchers se font rares. Les petits producteurs quant à eux, n’ont pas assez de produits pour fournir en quantité un supermarché. Souvent, ils les vendent sur les marchés à des prix déjà intéressants, donc difficile de leur demander de faire des efforts et de les faire baisser. L’intérêt pour nos adhérents est de tout trouver sur place sans être obligé de courir d’un lieu à un autre pour trouver ces produits, à la fois naturels, locaux ou bio mais aussi à des prix attractifs ».
Tom nous précise que la Louve est locataire d’un bail social avec un loyer progressif et qu’elle est soutenue par la ville. Quant à Toulon, la coop a dû acheter le local et espère obtenir également le soutien de la ville, des approches et des promesses ayant été faites par l’élue au développement durable de la mairie de Toulon. Mais elle doit encore trouver de vraies ressources en dehors des adhésions, ce qui n’est pas aussi facile.
Mais avec le courage, l’envie, la persuasion, la Coop de la Mer voit l’avenir avec sérénité, même si elle sait qu’il y aura des obstacles à franchir.
L’optimisme est de rigueur !

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Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Toulon – Oméga Live
Magic Buck, le Blues à la française.

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Le var et sa région sont depuis longtemps Terre de Blues. Certes le Mississippi n’y coule pas, mais la Méditerranée les enchante ; et puis le Blues et universel.
Parmi les bluesmen et women de ce Sud de la France se détache Magic Buck qui a fêté ses 20 ans de carrière par la tournée « 20ième anniversaire » inaugurée à Lyon le 8 mars 2008 pour se terminer en beauté à Toulon à l’Omega Live le 8 décembre 2018, par un concert de 3 heures; Magic Buck rayonnant était entouré de ses potes du blues venus de tous les coins, avec entre autres: Mike Green (drôme) et Lou Brazzi, qui avait reformé leur trio « Medecine Men », Alain Augustyniak (nord), La Môme Emily (Toulon), Michele Biondi (Italie), The Gospel choir, Marc Poveda (Toulon), Tony Zombi (La Seyne sur Mer), Marc « Hanta Yo » Lozzino (Méounes), Poupa Claudio, l’autre grande figure du blues varois et personnage haut en couleurs (Toulon), sans oublier les trois enfants de Magick Buck , Théo, Colin, et Emmylou : l’aventure continuera encore longtemps.
Le concert s’est terminé avec « Shankila Washte », titre Lakota de son premier album il y a 20 ans.

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To the roots-Nord – Hommage à ma fille

La particularité de Magic Buck c’est qu’il écrit et compose ses propres blues, ce qui évidemment lui donne une touche très personnelle qui le détache des bluesmen accros aux thèmes classiques. C’est ainsi que tout en restant ancré dans la tradition il peut chanter l’époque actuelle, et créer en somme un blues à la française avec une sincérité, et une vérité profondes. Quand tant d’autres singent une vague tradition. Il ne s’interdit pas non plus d’aborder des thèmes classiques de temps en temps, pour les interpréter à sa façon.
Il a débuté dans des groupes rock ce qui lui donne son assise rythmique, le background rentre-dedans. Il choisit le plus souvent de se produire seul en accompagnant son chant à la guitare et à l’harmonica, rien d’original, mais en produisant la rythmique avec un instrument de son invention réunissant sur un tabouret un tambourin et une planche dont il joue avec les pieds pour assurer la partie de batterie ; rappelons que les esclaves du Sud des Etats-Unis fabriquaient leurs instruments avec des caisses, des manches à balais, des cordes et des fils de fer.

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Magic Buck a déjà enregistré 5 albums sous son nom, et ce n’est pas fini. (Bootstompin’ The Blues -1998 ; Thankful – 2008 ; Love & Light – 2011 ; This Magic will Buck you up – 2015 ; Soul confidence – 2017).
Magick Buck ne se repose pas sur ses lauriers. Il reprend la route des concerts dès le 22 février à Marnes-la-Vallée (78) ; le 23 février à Ivoy le pré (18) ; Le 8 mars à Vienne (38) ; le 9 mars à Rompm (07), Le 2 mai à l’Isle d’Abeau (38), le 21 juin à Lyon (69) dans sa ville de résidence.
Long and happy life with the blues, sir Magic Buck.

Serge Baudot

Toulon – Le Colbert
Yves PUJOL… overbooké !

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C’est pour moi un plaisir que de retrouver l’ami Pujol, sympathique comédien « bien de chez nous » puisque Toulonnais, même s’il est né par hasard à Lille, venant d’Algérie mais très vite émigré chez nous, qui est devenu son « chez lui ».
C’est au Colbert que je le retrouver, où il joue à guichets fermés (et même un peu plus !) « J’adore ma femme », spectacle de circonstance en cette soirée de St Valentin, même si sa femme en prend un coup, suivi d’ailleurs – parité oblige – par les hommes qui en prennent tout autant !
Et ce ne seront pas les seuls : comme les gendarmes, qui vont toujours par deux, qu’il surnomme les 421 (quatre bras, deux têtes, un seul cerveau !), les people qui adoptent sans problèmes des petits enfants de couleur, les vieux ou encore l’inénarrable sketch sur sa coloscopie… Ceux qui l’ont vécu le revivent !
Dix ans de scène déjà et, dit-il en riant, une carrière qui l’a mené de la Seyne, où il a joué pour la première fois à… Toulon ! Que de chemin parcouru !
Mais entre temps il y a eu la musique, le théâtre, le cinéma, la télé et les tournées qui l’on mené bien au-delà de Toulon.
En dix ans, trois one man shows : « Une affaire de famille », « J’adore ma femme » suivi de « J’adore toujours ma femme » et « Pujol sort les dossiers ».
Bien sûr, entre deux rires – Et Dieu sait s’il y en a durant une heure et demi – il rend hommage à Wolinski, avec qui il a écrit « J’adore ma femme », disparu lors de l’attentat de « Charlie Hebdo ». « Ils sont morts pour nous – dira-t-il – nous sommes vivants pour eux ».
A une heure du spectacle, je le retrouve donc pour une mise au point sur ses projets, véritable planning de star et surtout d’artiste populaire.

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« Je viens de terminer le second volet du film des Chevaliers du Fiel » « Les municipaux », que nous avons tourné à Port-Vendre. Il sortira en octobre. Je les retrouverai d’ailleurs pour un téléfilm que nous tournerons en avril, sur un certain Jean-Pierre Mouniès, homme politique pas très catholique qui va faire campagne dans le Sud-Ouest sous la bannière « Le Sud aux Sudistes » !
J’imagine que ce ne sera pas triste !
Certainement ! Il a été plusieurs fois mis en examen dans des affaires pas très catholiques, il a un programme complètement dingue… Bef, c’est du Chevaliers du Fiel !
Et dans tes projets pas tristes, qu’y a-t-il encore ?
La reprise de la pièce de théâtre « Le secret des cigales », écrite par Patrick Sébastien, que nous allons reprendre à partir du mois d’octobre. Patrick est un pote de longue date, c’est lui qui avait mis en scène « J’adore ma femme ». On a très peu joué cette pièce car il était très pris par ses émissions à la télé. Aujourd’hui, la télé va s’arrêter pour lui et du coup, nous allons tourner en France durant un an.

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Tu vas être donc très occupé ?

Oui, d’autant que ce n’est pas tout puisque je prépare un DVD pour 2020 qui va rassembler les sketches qui ont le mieux marché de mes trois spectacles. Ce n’est pas pour rien que ça s’appellera « Le meilleur du mieux ! ». On y retrouvera les sketches comme « La coloscopie » ou « Pôle Emploi »…
Dans la foulée, je vais aussi tourner un DVD de mon dernier spectacle « Pujol sort les dossiers ». Il sera capté d’ailleurs au théâtre Daudet de Six-Fours le 23 Mars lors des deux séances, à 19h et à 21h. La soirée sera chaude !
Jouant tes trois spectacles en alternance, tu ne t’embrouilles pas les pinceaux ?
Ça peut arriver mais d’abord je commence à les connaître mais surtout j’essaie de rester concentré.
Et la musique dans tout ça ?
Justement, je viens d’enregistrer un CD avec le groupe Aïoli. Ce sont des chansons que j’ai écrites et on les fait exister ensemble. On va tourner tout l’été, de Juin à août dans tout le Var car j’y suis mondialement connu, comme tu le sais !

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Et pendant que tu es mondialement connu et que tu as un programme chargé, durant ce temps, que font-ils ?
Ils n’arrêtent pas. Ils sont tous de très bons musiciens et jouent tous dans des groupes. Et puis, ils sont tous également professeurs de musique, métier qu’ils adorent car ils aiment transmettre. Entre nous, c’est quand même mieux d’enseigner la musique de travailler chez Mc Do, non ?
Et à part ça ?
Je serai à la télé le 16 février dans l’avant-dernière émission de Patrick Sébastien « Les années bonheur ».
Ca t’arrive de t’arrêter ?
Oui… pour dormir ! Mais c’est vrai qu’en ce moment c’est chaud. Je passe mon temps entre Toulon, Paris, la province… D’ailleurs, j’envisage, d’ici deux ou trois ans, de revenir définitivement m’installer à Toulon… Je ne veux pas mourir à Paris !!!

Propos recueillis par Jacques Brachet

Sanary – 1er Festival Jeune Public

Festival Jeune Public _ 14 au 17 fev-1

Le Festival Jeune public se déroulera du 14 au 17 février, et se tiendra chaque année pendant les vacances de février. Ce nouvel évènement s’inscrit dans la volonté de la ville d’offrir des animations à destination de la jeunesse, au cours de chaque vacance scolaire.
Une programmation artistique et culturelle
A travers ces différentes animations et créations artistiques à destination d’un public familial, le Festival a pour vocation d’éveiller la curiosité, l’invention, le rêve, susciter l’imagination et l’interrogation du public et donner toute sa place aux enfants dès le plus jeune âge.

Du 14 au 17 :
« La placette des mots doux » – Place des pénitents blancs – Accès libre
Katia Polles, l’atelier des Simone, Créactions
Jeudi 14
À 14h30 et 15h30 – Kiosque à musique. + 7 ans : Pour l’ouverture du festival, rendez-vous au kiosque à musique pour un départ en histoires. Et comme c’est la Saint Valentin, Colette nous emmènera vers un endroit lové au creux des rues piétonnes pour découvrir « la placette des mots doux » : Conte-atelier « Filles d’argile » de Fatiha Sadek, par la Compagnie « Conte sur moi »À 16h et 19h au Petit Galli. + 5 ans : Il était une fois une femme qui n’avait jamais eu d’enfant. Un jour l’idée lui vint de se fabriquer une poupée d’argile. Elle créa donc une jolie poupée à qui elle ne cessait de parler comme on le ferait avec un enfant… Et si le cœur vous en dit ce sera au tour de vos mains de s’exprimer et de dire. A partir de l’argile, vous ferez naître, à votre tour, votre petite créature.
Vendredi 15
Théâtre d’ombres par La Compagnie des Montreurs d’Ombres
À 15h et 17h – Petit Galli. + 3 ans – 40 mn : « La maison de Zacharie ». Une histoire toute en finesse d’une maison mobile, qui réveillera peut être votre envie de voyage suivie d’un atelier de manipulation de 20 à 30 minutes pour quelques-uns.
À 19h – Petit Galli. + 7 ans – 60 mn : 3 histoires en théâtre d’ombres trois univers bien différents, de quoi se laisser emporter dans un monde noir et blanc mais pas que.
Trois histoires, ; « La maison de Zacharie », la maison mobile – « La plongeuse » une plongeuse qui explore les fonds marins à la recherche de vestiges engloutis – « Les trois petits cochons courent toujours » une parodie du conte des trois petits cochons dans un contexte contemporain

7 février_ Festival Jeune Public

Samedi 16
Impro-minots spectacle interactif et familial par Lily, la ligue d’improvisation de Lyon
À 15h et 18h – Petit Galli. + 5 ans – 50 mn
« Range ta chambre ! Finis ton assiette ! Dépêche toi !…» Les parents n’ont jamais le temps, c’est bien connu. Heureusement le génie des histoires, complice espiègle des enfants n’est jamais loin. Ce spectacle improvisé se déroule grâce à l’imaginaire des enfants. Chaque représentation devient ainsi unique !
« II était une oie » : déambulation du troupeau d’oies et contes associés par la Compagnie Dog Trainer. C’est avant tout une histoire de complicité entre les hommes, les chiens et les oies. Spectacles dandinants et gracieux.
14h sur le port :Paroles d’oies, une déambulation améliorée
15h30 Allées d’Estienne d’Orves : les Oies et le Renard, une adaptation de l’œuvre des frères Grimm, quiproquos et jeux de mots
16h30 sur le port : La légende des oies du Capitole, un conte qui leur fait honneur
Dimanche 17
11h et 15 h – Parvis de la mairie : La fox compagnie « La légende de Verbruntschnek »
Nous sommes à quelques minutes du début du spectacle. Le décor est monté, les costumes sont en place, la sono est branchée mais pas de comédiens. Heureusement le public est chaud, grâce à lui le spectacle aura bien lieu ! (Au Petit Galli en cas de mauvais temps)
12h sur le port : La Compagnie Dog Trainer – Paroles d’oies. Une déambulation améliorée
14h30 Allées d’Estienne d’Orves : Les Oies et le Renard . Une adaptation de l’œuvre des frères Grimm. Quiproquos et jeux de mots
16h30 sur le port : La légende des oies du Capitole

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Six-Fours – Théâtre Daudet
Patrik COTTET-MOINE sur le divan !

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Patrik Cottet-Moine, c’est une silhouette longiligne surmontée d’un visage mobile, une espèce de masque en caoutchouc qui se déforme à sa convenance, un être qui pourrait être un assemblage de Bourvil, Sim, Courtemanche et Jim Carey. Un long cou, un regard on ne peut plus expressif, une mobilité et une énergie à toute épreuve… Sur scène, difficile à suivre tant il est speed et surtout, difficile de se remettre à respirer normalement entre deux salves de fous-rires dus à ses gags, ses bruitages, ses onomatopées et ce visage qui change à chaque minute.
C’est un grand show man à l’humour décapant, inventif, qui joue avec les situations qu’il s’invente en disant un minimum de mots puisqu’il s’est lui-même catalogué comme mime mais, ajoute-t-il, « un mime rock’n roll » nouvelle génération. Ce n’est pas pour rien que son spectacle, le premier qu’il ait écrit en 2002 et qu’il proposait à nouveau ce soir-là au Théâtre Daudet, s’intitule « Mime de rien » !
Un spectacle qui n’a rien perdu en force, bien au contraire !
J’ai rendez-vous au théâtre avec lui pour une interview et très vite, l’idée lui vient de la faire sur le divan du hall du théâtre… étendu, comme chez Chapier ou aujourd’hui Marc-Olivier Fogiel.
Me voilà donc assis devant lui, lui, couché comme il se doit, et moi prenant mes petites notes comme un psy !

GFE

« Patrik, ce spectacle a 15 ans. En 15 ans il n’y en a eu qu’un autre , intitulé « Chez lui »… Pas prolixe le mec !
(Miracle, il parle normalement !) Mais c’est que je ne me suis pas arrêté depuis ce premier spectacle. Sache que je l’ai jusqu’alors joué 11.000 fois sur les 5 continents, dans 30 pays ! C’est l’avantage d’être mime, on est compris dans le monde entier ! Entre temps quand même j’ai donc écrit un second spectacle, j’ai fait de la musique, des pubs, un peu de cinéma….
Bon, par quoi on commence ? C’est avec la musique que tu as commencé ?
Oui, en jouant dans le groupe « Ankara » puis avec « les Zablocks ». J’ai toujours vécu avec la musique mais déjà, avec Ankara, le spectacle était émaillé de quelques sketches que je faisais en solo ou en duo. Ca marchait bien, c’était très structuré, on a fait beaucoup de spectacles, beaucoup de festivas de musique mais aussi d’humour, on est passé par Avignon, on a joué dans des cafés-théâtres et puis comme j’ai vu que les sketches marchaient bien, j’ai décidé de me lancer seul, avec Patricia Jean qui, depuis quinze ans est ma metteuse en scène et mon éclairagiste.
Quelles ont été tes influences ?
J’ai toujours aimé les « Histoires sans paroles » qui passaient à la télé, tout comme Benny Hill, Tati, Charlot…
Tu ne parles pas de Marceau, qui est pourtant la référence dans le mime.
C’est vrai, c’était un grand monsieur que j’admirais, comme j’admirais le film « Les enfants du Paradis », mais c’était une autre époque même si c’est devenu intemporel. Marceau, c’était un mime poétique, moi je suis plutôt rock’n roll et je suis plus proche de Farid Chopel que j’adorais, ou de Courtemanche. Un mime de situation plus humoristique.

C B
Avec sa complice, Patricia Jean

A propos de Courtemanche, tu as travaillé avec lui ?
Oui, et ça a été une grande joie. J’ai toujours admiré son travail et j’ai eu la chance d’aller présenter ce spectacle à Montréal où je l’ai rencontré. J’ai osé lui demander de travailler avec moi pour mon second spectacle. Il a été OK. Aujourd’hui, il a arrêté le spectacle, il écrit, produit et met en scène.
Donc tu joues en alternance tes deux spectacles… Est-ce qu’au fil de temps, ils se modifient ?
Pas vraiment même s’ils se nourrissent de toutes les expériences que j’ai vécu de par le monde, avec des publics différents. Par exemple, j’ai joué la veille à l’Oméga Live de Toulon « Chez lui » et le lendemain « Mime de rien » à Daudet. Tant qu’on me les demande !
Par contre j’ai un nouveau spectacle, musical cette fois, qui s’intitule « Au Quai (de la Gare) ». C’est un duo piano-chansons, des chansons que j’ai moi-même écrites et je suis accompagné par Patrick Gondolf, qui est pianiste et accordéoniste. Je jouerai ce spectacle à la 7ème Vague, à la Seyne sur Mer les 15 et 16 mars. C’est un mélange d’histoires et de chansons autour de gens qui attendent leur train dans une gare.

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Entre temps, tu as aussi fait des incursions à la télé pour des pubs et au cinéma… As-tu envie d’y aller plus souvent ?
Je ne sais pas, si ça se présente, pourquoi pas ? J’ai fait quelques castings, ça m’a permis de jouer avec Jean Reno dans « Avis de Mistral », avec Besson pour « Valérian et la cité des mille planètes », j’ai eu un petit rôle dans « Couleur locale » de Coline Serreau, grande bonne femme… Voilà, c’était sympa, rigolo mais j’ai fait ça en passant. Si je voulais continuer il me faudrait travailler plus et je n’ai pas beaucoup de temps. La preuve : je viens de refuser un rôle dans « Plus belle la vie », faute de temps.
On t’a vu aussi dans des pubs…
Oui, j’ai fait Royco, le loto, la 106 et je viens d’en tourner une pour Mercedes pour l’Allemagne. On a tourné en Estonie. Je ne sais pas si elle viendra en France….
J’anime quelquefois des ateliers, je donne des cours dans les écoles, je continue à faire quelques spectacles avec les Zablocks… En fait, je suis une sorte de « comédien couteau suisse », je fais tout pour éviter l’usine !!!
Et tu vis toujours à Cuers ?
Et comment ! Quand je vois la vie et le climat qu’on a ici par rapport à Paris où c’est de plus en plus encombré, où ça pue de plus en plus… Le choix est vite fait !

H

Propos recueillis par Jacques Brachet

NOTES DE LECTURES

van heemstra bonidan

Marjolijn VAN HEEMSTRA : Le prénom de mon oncle (Ed.Les Escales – 223 pages)
Traduit du néerlandais par Emmanuèle Sandron

Récompensé en 2017, par le prestigieux prix néerlandais BNC Bank Literatuurprijs, ce premier roman de Marjolijn Van Heemstra écrit à la première personne du singulier, surprend par son fond comme par sa forme.
Nous sommes à Amsterdam ; le texte rapporte l’histoire de Marjolijn, jeune trentenaire enceinte de son premier fils alors qu’elle a décidé de faire porter à son enfant le prénom de son grand oncle, héros de l’après guerre.
Un prologue nous apprend que la promesse a été faite à sa grand-mère en échange d’une belle chevalière que la narratrice porte à son doigt depuis douze ans déjà. L’enfant mâle, se dénommera Frans en hommage au grand oncle, décoré en son temps par le Général Montgomery.
L’essentiel du récit rapporte donc, sous forme de compte à rebours, la naissance programmée du bébé élu, tout en portant un regard sur le mythique personnage de l’oncle. Nous passons des «encore vingt sept semaines», puis vingt, puis huit, aux  «plus que trois semaine », puis deux, puis… etc. et X jours pour enfin annoncer le jour  j et la déclaration aux services civiques.
Parallèlement l’auteur, non sans ignorer la charge psychologique d’un tel héritage se met en quête de reconstruire le passé du personnage légendaire. C’est alors que, mêlant l’enquête sur le plan familial et personnel aussi bien qu’historique, les certitudes se délitent et la mythologie familiale en prend un coup !
Une bombe, un attentat, des morts à l’actif de ce héros (?), alors que la paix est revenue. L’enquête révèle une personnalité proche du «délire psychotique de l’illégalité», qui refuse «de s’adapter à l’ennui d’un monde en paix».
L’enfant à naître aura-t-il à porter le poids d’une telle légende ?
Si le récit s’organise simplement et de manière chronologique autour de ce destin, le lecteur s’étonnera cependant des nombreuses digressions autour de considérations, à juste titre, sur la transmission, le travail de mémoire, mais aussi sur l’avortement, la fécondation in vitro, la participation des hommes à l’expérience de grossesse, évoqués en des termes plutôt crus, jusqu’au récit du combat nocturne contre l’invasion des moustiques !
Une expérience de lecture différente qui n’est peut être pas étrangère à la nationalité et l’éducation libérale, avant-gardiste, de l’auteure.
Cathy BONIDAN : Chambre 128 (Ed de la Martinière – 284 pages)
Une femme trouve dans un hôtel de Bretagne, un manuscrit oublié par le précédent occupant de la chambre. Curieuse, elle le lit et s’aperçoit que la fin du roman n’a pas été écrite par la même personne. Intriguée, elle essaie de remonter, tout d’abord à l’auteur du manuscrit à qui elle le renvoie, aussi surpris qu’elle que la seconde partie ne soit pas de lui. Et elle se met en quête de  la longue liste des personnes ayant pu être l’auteur de ce livre.
Et de lettres en lettres, parfois des e mails, elle déplacera les montagnes pour rencontrer de nombreuses personnes, dont les écrits ont parfois modifié radicalement leur vie, pour finalement résoudre l’énigme de la chambre 128.
Une technique utilisée par l’auteure qui peut amuser ou lasser, mais rend la chose peu crédible.

Portrait de Jean-Christophe Rufin Arnaud

Jean-Christophe  RUFIN. Le suspendu de Conakry (Ed Flammarion – 309 pages)
Étonnant et atypique, ce consul de France à Conakr !
Natif de Roumanie dont il a gardé l’accent, au passé de pianiste de bar, amateur de Mozart et de Tokay bien glacé, il est méprisé par ses collègues dont il est la risée par sa garde-robes inadaptée au climat de la Guinée.
Il s’ennuie fort jusqu’au jour où on découvre non loin de la marina, un plaisancier blanc, mort, suspendu au mât de son voilier.  En l’absence de sa hiérarchie, il est trop content de sortir de son rôle potiche de consul pour mener cette enquête criminelle. Il a cinq jours. Les conclusions trop rapides des institutions locales ne le satisfont pas. Avec subtilité, malgré sa sensibilité à fleur de peau et à grands coups de Tokay glacé, il arrivera  à ses fins.
Avec son talent de conteur, son écriture fluide, l’auteur décrit bien l’ambiance africaine avec ses traditions, tenant compte de la hiérarchie administrative mêlée aux relations familiales entre autre.
Avec son talent d’écrivain, ses expériences de médecin et de diplomate, Jean-Christophe Rufinnous offre là un excellent roman policier, distrayant, bien ficelé, avec quelques observations caustiques sur le monde des consulats et des ambassades, mettant en lumière la réalité de la Guinée entre insécurité et trafics de drogue
Alain ARNAUD : Le festin des lanternes (Ed BoD – 190 pages)
Si certains se révèlent en se rasant le matin, Alain Arnaud a quant à lui, ressent, «l’éveil de la mémoire» en … urinant au pied d’un grand chêne ! Et pourquoi pas !
Il nous livre en ce début d’année, un roman en partie autobiographique dans lequel nous sont posés, à la croisée des âges, les réflexions et le questionnement propres à chacun d’entre nous, alors que notre parcours de vie parait déjà engagé.
Ainsi, selon le jeu subtil de sa miction, sa mémoire en réponse, flashe, par vagues, sur les épisodes marquants de sa vie.
Reproduits dans le roman en une cinquantaine de courts chapitres, nous voilà donc plongés dans la vie de l’auteur qui évoque l’évènement marquant de son adolescence et ses conséquences.
Sous les traits de son héros, journaliste publiciste, le narrateur vient de quitter Paris et se dirige vers Marseille en voiture.
Nous apprenons qu’une mauvaise piqure d’oursin à l’index droit, infectée, l’avait obligé à subir plusieurs interventions en milieu hospitalier, à Marseille justement, alors qu’il n’avait que dix sept ans. Ce doigt devenu «festin» pour l’appareil masticateur de l’échinoderme devient le fil conducteur du texte.
L’auteur rapporte des anecdotes, fait part de son ressenti, raconte les médecins, la cohorte des intervenants, les patients. Il décrit cet environnement si particulier, avec sincérité. Malicieux, il joue avec les champs lexicaux, ce qui rend le texte attachant et riche d’un humour subtil.
Certes, l’épreuve est longue et douloureuse mais c’est un autre monde que le narrateur observe avec curiosité, une jungle un peu loufoque. Il s’attache aux autres patients, s’inquiète pour eux. Ses nouveaux amis se nomment Nenesse, Paulo, Nightingale, plus âgés certes mais si solidaires.
Et puis il y a Marise, belle et jeune infirmière qui lui offre ses escapades et sa liberté assumée. Il est conquis !
Alors en retournant à Marseille, l’écrivain voudrait les retrouver tous. Mais le temps a métamorphosé la ville, dispersé les amis, perdu Marise. Tel un détective, il part à la reconquête de cet amour perdu.
En résumé, un roman touchant, riche d’une écriture pétillante.
Un joli moment de lecture avec en prime un coup de cœur pour la région méditerranéenne, la mer, la forêt, les odeurs, les bourrasques de vent racontées avec tendresse et poésie.

Paris2-® Didier Gaillard-Hohlweg pascal camille

Gilles PARIS : La lumière est à moi et autres nouvelles (Ed  Gallimard – 199 pages)
« La lumière est à moi » est le titre du dernier recueil de nouvelles de Gilles Paris et résume à lui seul l’approche délicate de l’auteur sur des sujets graves vus et vécus par des enfants ou des adolescents.
N’oublions jamais qu’un enfant voit, entend, souffre, aime et peut aussi haï. Heureusement, il garde son âme d’enfant et peut s’échapper du quotidien difficile, parfois brutal par le rêve, la communion avec la nature, un arbre, des oiseaux ou la mer.
Dans ces nouvelles, l’enfant épie, tâtonne, joue avec une sexualité naissante, est plein de questionnements devant des situations complexes à gérer, se réfugie auprès d’un frère protecteur, pare les coups des adultes qui grognent et paraissent si grands et si forts et pèsent si lourdement.
La force de ces nouvelles douces-amères est dans l’apparente légèreté des propos et la profondeur des blessures des enfants. Il leur faudra parfois des années pour trouver la paix. « La lumière est à moi », se dit Lior en hébreu, et c’est le prénom d’une petite fille généreuse, discrète, qui, par un sublime acte d’amour, redonnera vie à sa mère. Ce prénom prémonitoire éclaire et irradie autour de lui. C’est certainement le propos de l’auteur délicieusement pervers parfois comme peuvent l’être les enfants mais si magistralement perspicace quand le monde des adultes parait si complexe, dur, incompréhensible à l’enfant.
Ces nouvelles font parfois sourire, elles font surtout réfléchir et pourquoi pas, affronter la réalité. Il faut remarquer la superbe photo de Didier Gaillard-Hohlweg qui illustre la première page de ces nouvelles, reflet doux, lumineux mais si secret d’un enfant.
Camille PASCAL : L’été des quatre rois (Ed Plon – 622 pages)
Dans ce roman historique, couronné par le grand prix de l’Académie Française, Camille Pascal, agrégé d’Histoire et haut fonctionnaire, nous raconte en détail les mois de juillet et août 1830, au cours desquels vont se succéder sur le trône de France, Charles X, Louis XIX, Henri V et Louis- Philippe.
Le récit est découpé en journées qui portent chacune un titre et dont le cours est relaté par tranches avec indication en caractères gras des lieux où se déroulent les faits,.
Cette forme facilite la compréhension du lecteur et soutient son intérêt.
Le roman commence le 25 juillet 1830 date à laquelle le roi Charles X prend des ordonnances réduisant la liberté de la presse, prononçant la dissolution de la Chambre devenue trop libérale, réservant le droit de vote aux notables fortunés et ordonnant de nouvelles élections.
Il se termine le 16 août 1830 alors que Charles X s’embarque avec sa famille et sa cour à Cherbourg pour l’Angleterre.
Entre ces deux journées, l’auteur nous décrit comment ces ordonnances vont entrainer la perte de la dynastie des Bourbons. Pour cela, il nous plonge dans l’univers de la cour royale, des ministres en place, des députés et hommes politiques, qu’ils soient démocrates, ultraroyalistes ou opportunistes, des journalistes, des intellectuels, des salons mondains et enfin des bourgeois et du petit peuple parisien.
C’est ainsi que le lecteur rencontrera entre autres Talleyrand, La Fayette, Adolphe Thiers, Benjamin Constant, Hugo, Chateaubriand, Vigny, Stendhal ou Dumas.
Ce roman, d’un style classique et soutenu, est une lecture agréable et instructive