Archives mensuelles : juillet 2017

Franck SEMONIN, comédien et homme de cœur

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Chaque année, sur le tournage de la série TV de TF1 « Section de recherches » qui se tourne dans les environs de Grasse, nous essayons de rencontrer un des protagonistes qui tourne autour du héros de la série, l’ami Xavier Deluc, que je retrouve toujours avec le même plaisir.
L’an dernier, si nous avions pu déjeuner avec Xavier et Franck Sémonin, alias le lieutenant Lucas Auriol, le tournage très serré ne nous avait pas permis de l’interviewer.
On avait promis d’y réussir cette année… Voilà qui est fait !
Ce beau ténébreux dont les sourires sont rares dans la série est dans la vie un garçon sympa, drôle, volubile… et, je vous le jure, il possède également un beau sourire !
Entre deux scènes et un changement à vue de costume, il nous a parlé de son chemin fait de hasard, de chance et de talent.

A B

Franck, on t’a découvert dans la série « Plus belle la vie » mais avant, il y a eu une grande période théâtrale.
C’est vrai, j’ai commencé dans une école de théâtre-chant-danse, appelée à juste titre « Fame ». C’était en 98. En 2002, j’ai rejoint la compagnie Acthalia, créée par Olivier Couasnon, qui m’a beaucoup appris et avec qui j’ai joué plein de pièces durant dix ans. J’ai aussi créé le site Internet de la compagnie pour annoncer toutes les pièces et en parler. Enfin, en 2006, j’ai rejoint Robert Hossein. Ca a été une belle surprise et un grand bonheur.
Pourquoi une surprise ?
Parce que j’ai passé les auditions pour « Ben Hur et Messala » qu’il devait monter mais c’est Anthony Delon qui a été choisi. Puis il s’est désisté et… jackpot !, c’est moi qui ai eu le rôle de Messala.
La télé est venue après ?
Tu sais, lorsqu’on travaille pour un bonhomme comme Hossein, on commence à avoir du crédit et les portes qui s’ouvrent. J’ai joué dans « Cyrano » auprès de Jacques Weber et mon agent m’a trouvé des rôles dans des séries comme « Julie Lescaut », « Diane, femme flic », « No limit ». En 2012, j’ai été appelé sur « Plus belle la vie ». Là encore, au casting, j’ai été coiffé au poteau par un autre comédien. Mais il était trop gourmand. Du coup, on m’a appelé pour le remplacer !
J’ai donc intégré l’équipe le 8 février 2012. Le 23, Olivier Couasnon décédait et n’a donc pas pu me voir dans la série. C’est l’un des grands regrets de ma vie car c’était un homme magnifique.

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Tu vas donc quitter Marseille pour Nice… Comment cela s’est-il fait ?
C’est encore une chance : Marie-Anne le Pezennec, scénariste entre autres de « Section de recherches », ne manquait jamais un soir « Plus belle la vie » dont elle était fan. Elle m’y découvre et appelle aussitôt la productrice Dominique Lancelot en lui disant qu’elle veut créer un personnage pour moi dans la série, qui, de Bordeaux, venait s’installer à Nice. Je n’ai aes au beaucoup de chemin à faire pour les rejoindre !
Sans regrets de quitter Marseille ?
Bien sûr que oui car j’ai rencontré des techniciens et des comédiens formidables. Je me suis fait des amis dont Philippe Caresse avec qui j’ai fait beaucoup de musique. C’est un type extraordinaire. Mais bon, intégrer la série de TF1 qui est la meilleure série française, ça ne se refuse pas !
Donc… heureux ?
(Rires) Oui… et à la fois très angoissé !
Pourquoi ?
Je ne sais pas pourquoi, j’avais une peur énorme que la série s’arrête car elle était déjà très haut et souvent, ça ne peut que redescendre. J’ai emm… dé Xavier avec cette idée durant trois ans !
Et aujourd’hui ?
Me voilà enfin rassuré de voir que la série continue à faire des scores incroyables… même pendant les élections !
Et toujours pas de lassitude ?
Comment en avoir lorsqu’on te propose toujours de bons scénarios, que tu as vraiment un rôle fort à jouer, avec toujours de belles surprises. Avec Laurent Perrier et Elise Castel, les scénaristes, nous collaborons étroitement et souvent notre vie, nos histoires, nos anecdotes sont incorporées dans les sscénarios. C’est toujours un bonheur que de venir « travailler » sur ce plateau.
Je crois savoir que tu as aussi la musique pour passion ?
Oui, c’est vrai. Gainsbourg disait qu’il avait raté sa vie de peintre pour la musique. Moi j’ai raté ma vie de musicien en devenant comédien !
J’ai eu ma première guitare à 14 ans et pour mes 40 ans, ma femme m’en a offert une magnifique. Je suis devenu un élève assidu et un vrai fou. J’ai aujourd’hui 13 guitares ! J’ai fait de la scène avec des groupes comme « Glamour » avec Lionel Aubet ou encore avec « Miss América » avec Tommy Rovs. C’est un groupe de pop-rock qui va faire mal !
D’autres passions ?
Oui mais je me suis surtout investi dans une superbe association créée par Frédéric Gamet, qui travaille à l’hôpital Larcher à Nice et qui s’appelle « Sourire et partage ». Elle a pour but d’aider moralement, affectivement et financièrement les enfants gravement malades et leurs parents, souvent très démunis devant la maladie de leurs enfants. Nous organisons des opérations diverses, des spectacles, faisons venir des artistes ou des sportifs, recevons les plus valides sur le tournage, leur offrons des cadeaux… Je me suis totalement investi et j’appelle tous tes lecteurs à nous aider.
Nous passons l’info *
Encore deux questions
Vas-y !
Ne peux-tu pas demander à tes scénaristes de te faire un peu plus sourire ?!
(Il s’esclaffe) D’abord, c’est mon personnage qui veut ça et puis, avec Xavier nous avons eu une idée : Tu te souviens de Roger Moore et Tony Curtis dans « Amicalement votre » ? Eh bien nous avons voulu jouer sur ce duo où Xavier est le flegme et l’élégance et moi le bourru, l’impulsif. Et je crois que le duo contrasté est efficace et marche bien !

E F

Entre temps, on vient apporter à Franck son costume pour la prochaine scène. Et le voilà qui, en riant, nous offre un strip-tease tout en continuant la conversation comme si de rien n’était, disant à Christian, le photographe, qu’il pouvait continuer à faire ses photos ! C’est aujourd’hui chose surprenante et rare lorsqu’on voit combien certains artistes font attention à leur « image de marque » !
Alors, ta dernière question ?
Qu’est-ce que vous faites, Xavier et toi, pour que toutes les comédiennes désertent la série ? (Chrystelle Labaude, Manon Azem, Julie Fournier, Valérie Kaprisky et bientôt Raphaëlle Bouchard) ?
(Il rit et avec un regard plein d’humour) Après qu’elles soient passées dans ma loge, on ne les revoit plus… Va savoir pourquoi ?!

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier
*www.sourireetpartage.com

Il était une fois…Nicole CROISILLE

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Nicole Croisille aurait dû être Américaine.
Elle est incontestablement l’une des plus belles voix de la chanson française, elle a fait du music-hall, du mime, de la chanson, du jazz, du théâtre, du cinéma, de la télévision. Elle a même été meneuse de revue…
Mais elle a mis du temps pour faire comprendre à un show biz français quelque peu borné que, savoir tout faire n’était pas un délit, bien au contraire.
Alors qu’elle était faite pour la comédie musicale, il a d’abord fallu que la France « imagine » que cela pouvait se faire en France et pas seulement en Amérique. Aujourd’hui, il y a pléthore de comédies musicales, du meilleur comme du pire. Mais ça marche, alors tout est bon, même les sujets les plus éculés.
Nicole a quand même été une pionnière du genre en jouant en 57 « L’apprenti fakir » avec Jean Marais, « Comme la neige en été » avec Régine et « Hello Dolly », en anglais en 92.
Aujourd’hui, elle enchaîne ce genre de spectacles… Il était temps !
« Follies » de Stephen Sondheim, créé à l’Opéra de Toulon, « Irma la douce » de Marguerite Monot, « L’Opéra de quat’sous » de Bertold Brecht et Kurt Weill et la voici avec « Night in white Satie », créé au théâtre du Rond Point à Paris, qu’elle jouera au festival off d’Avignon, jusqu’au 30 juillet, avec la compagnie des Gens qui tombent, mis en scène par Pierre Notte. Sur la musique d’Erick Satie, évidemment.

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Encore une belle étape pour cette belle artiste qui reste toujours curieuse d’aborder une originale et nouvelle aventure.
Et puis, côté CD, je lui avais dit mon regret, lors d’une rencontre (Et Dieu Sait s’il y en a eu depuis 50 ans !) de ne pas entendre de nouvelles chansons. Et elle m’avait répondu :
« Pourquoi faire un nouveau disque qui ne passera nulle part, d’autant qu’aujourd’hui, à de rares exceptions près, les CD ne se vendent plus ? Je ne vois donc pas l’intérêt, d’autant qu’on me demande toujours les mêmes chansons et que j’ai un répertoire assez étoffé pour continuer à faire des spectacles ».
L’intérêt ? Celui de ne par perdre cette voix unique, d’une pureté et d’une étendue inégalables.
Alors il faudra se contenter de réécouter, ses succès de redécouvrir des chansons qui l’on moins été et des versions étrangères inédites en France.
Et tout ça, on va le retrouver dans un superbe double album « Il était une fois… Nicole » édité par United Music Foundation, qui regroupe 33 titres remastérisés, 12 titres bonus dont 4 inédits et des versions anglaises et espagnoles de ses succès. Sans compter un magnifique livret de 40 pages qui raconte la genèse de chansons intemporelles comme « Une femme avec toi », « Téléphone-moi », « La valse des lilas », « Parlez-moi de lui », « Vivre pour vivre » ou le fameux « Da ba da ba da » du film de Lelouch « Un homme, une femme ». Ces chansons, on les retrouve en français, en anglais ou en espagnol, car on oublie qu’elle a fait une carrière internationale et ces versions ne sont jamais sorties en France. Quelques chansons inédites, des reprises qui, si elles n’ont pas été des tubes, sont des fleurons de la chanson française comme « Léo », bel hommage à Ferré signé Barbelivien et qu’elle a eu la joie de chanter devant lui.
On retrouve de grandes pointures d’auteurs compositeurs qui tous, à un moment ou à un autre, ont eu l’envie de s’entendre chanter par elle : Bergman, Delanoé, Gaubert, Cosma, Legrand, Barouh, Lai, Marnay, Bachelet, Barnell et bien d’autres.
Au cours de l’écoute de ces deux disques, on s’émerveille de l’ampleur de sa voix, de la richesse de son oeuvre car, au fil des décennies, elle a construit une oeuvre et c’est vrai que deux CD et 40 chansons, ce n’est presque qu’un échantillon de sa vie d’artiste… Et ce n’est pas fini !
Ce disque, qu’elle a supervisé de bout en bout, sort à l’occasion de la journée mondiale du patrimoine audiovisuel, proposé par l’UNESCO.
L’intégralité des recettes de la vente de cet album hors normes servira à réaliser d’autres projets de sauvegarde, de restauration, de mise en valeur de notre patrimoine musical dont Nicole est l’un des fleurons.
Ce disque nous permet de retrouver notre Croisille éternelle et c’est un beau témoignage d’une carrière exceptionnelle.

Jacques Brachet

Un Toulonnais à Avignon : Frédéric ANDRAU

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Frédéric Andrau est Toulonnais. Il a d’ailleurs fait ses classes au Conservatoire de Toulon avant d’être engagé dans la Comédie de St Etienne.
Comédien de théâtre et de cinéma, il a réalisé un court métrage et mis en scène nombre de pièces.
Il n’a jamais oublié sa ville, où vit sa famille et où il vient sporadiquement mettre en scène un opéra.
Durant l’été c’est à Avignon qu’on pourra le voir, jusqu’au 30 juillet, dans le cadre du festival off, au Ninon Théâtre., – 5, rue Ninon Vallin.
Il y joue et met en scène « Intégral dans ma peau ou le monde selon Josh » de Stéphanie Marchais. Auprès de lui : Sylvie Amato, Geoffrey Dahm, Benoît Giros, Sophie Tellier.
« Intégral dans ma peau » est une fable qui explore cette période troublante, parfois crépusculaire de l’adolescence où l’on touche à la frontière entre les rêves absolus de l’enfance et l’âge adulte.
Il y a Josh, adolescent brillant, atypique, solitaire et désorienté, qui s’investit d’une mission : éradiquer tous les cons, en commençant par ceux de son lycée par esprit de logique, et par amour pour sa prof, Christine, qui évoque en cours “un problème de surpopulation”…
Il y a aussi la question de ses parents qu’il rêve de séquestrer, de son père, absent, rigide et paumé qui finit parfois par hurler, frapper, à la demande de sa femme désemparée pour que tout rentre dans l’ordre…
Il y a Christine D, obèse et généreuse, qui subit des interrogatoires au commissariat et raconte sa version des faits et sa vision passionnée du personnage de Josh… Christine, que l’on retrouve en cours avec Josh, qui, lui, rêve les yeux ouvert en la regardant pendant qu’elle essaie de retenir son attention…
Josh croise le chemin de Tite et Sson, 7 ans et Tutite, 5 ans, des enfants qu’il regarde avec nostalgie, comme par le trou d’une serrure, et dont l’histoire se déroule en parallèle de la sienne. Ils décident de fuguer la nuit de chez leurs parents et de partir en Afrique. Ils veulent jouer à l’amour, comme “les grands”. Leur projet est d’organiser le mariage de Tite et Sson dont Tutite sera le témoin, mais d’abord il leur faut apprendre à faire “le baiser qui scelle”..
Un beau moment de théâtre sous le soleil d’Avignon

Jacques Brachet.

 

NOTES DE LECTURES DE L’ÉTÉ
Par les Plumes d’Azur

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Véronique OVALDE & Johann SFAR : A cause de la vie : (Ed Flammarion)
C’est un conte moderne qui se déroule en 1984 à Paris dans un immeuble où habitent deux adolescents Nathalie et Eugène, que leur différence avec les autres enfants va rapprocher : Nathalie, qui s’est rebaptisée « sucre de pastèque » s’ennuie avec les enfants de son âge tous nuls selon elle et Eugène dont les autres se moquent parce qu’il bégaie
Leur rencontre se fait autour d’une pompe à vélo qu’Eugène vient demander à sa voisine, il est subjugué par cette grande fille si sûre d’elle et elle pense retrouver le chevalier de ses lectures dont le bégaiement devient un » intéressant maléfice ».  Elle décide de lui imposer des épreuves comme dans l’amour courtois au terme desquelles le chevalier pourra obtenir les faveurs de la dame. Eugène obéit et remporte vaillamment trois épreuves mais « à cause de la vie », les choses ne se passent pas comme dans les livres.
Au-delà d’un conte moderne, de nombreux problèmes actuels sont évoqués : difficultés des rapports entre enfants, entre adultes, le poids des préjugés mais toujours avec légèreté et humour
L’originalité vient également de la bande dessinée qui n’est pas seulement illustrative mais qui, par ses couleurs, ses personnages attachants et peu conventionnels donne, avec humour, une lecture complémentaire du roman.
Tous ces éléments font de « A cause de la vie », roman doublé d’une BD, une œuvre originale et d’une très grande richesse.

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Jeanne BENAMEUR : L’enfant qui (Ed Actes Sud)
C’est l’enfant qui, depuis le départ de sa mère marche dans la forêt avec son fidèle compagnon, un chien que nul ne voit mais qui le guide et le protège. C’est l’enfant dont le père a mal aimé la mère, la femme à la jupe rouge délavée rencontrée un jour de marché à bestiaux et qui lui a lu les lignes de la main. La femme qui a toujours marché sur les routes. La femme qui a expliqué à l’enfant ,dans sa langue incompréhensible pour les autres, la maison de l’à-pic. Cette maison qu’il faut atteindre, cette maison au fond de chaque être, cette maison d’où il faudra redescendre sans peur pour reprendre la marche de la vie.
C’est l’enfant dont la grand-mère n’a jamais su ni voulu communiquer avec la mère, cette grand-mère violée dans sa jeunesse qui affronte sa blessure profonde et désormais relève la tête.
C’est l’enfant dont le père a perdu sa liberté le jour où il a giflé la mère, cette liberté insoutenable au village, cette liberté qui est la vie et que le père n’a pas vécue.
C’est l’enfant qui a entendu sa mère parler de grande ville, de bateau, de mât. C’est l’enfant qui, sans parler, a su retenir les noms innombrables enfouis à jamais, la langue qui appartient à tous, la langue de l’enfant, la mère, le père, la grand-mère. La langue de l’univers.
Un nouveau petit bijou d’écriture de Jeanne Benameur, plein de beauté, de poésie, d’imaginaire mais aussi d’une violente réalité.
Un livre d’espérance porté par l’enfant qui marche vers la liberté, vers son horizon lointain. Magnifique.
Denis BENEICH : D’accord (Ed Actes Sud)
Dans ce petit livre de seulement 95 pages, l’auteur parle à la première personne.Il se souvient des coups de gueule fréquents et souvent incohérents de son père.
Il lui rend visite dans sa maison de retraite et y a emmené son fils.
Le père a débranché d’avec le monde qui l’entoure. Encore quelques ruades verbeuses dans lesquelles il cherche ses mots et son souffle. Le fils a un contact plus facile avec le grand père.
En repartant ils tombent sur une vieille dame en roue libre qui semble s’enfuir en robe de chambre … et le récit devient moins sinistre ….
Avec une écriture d’une étonnante justesse l’auteur raconte une histoire totalement contemporaine, malheureusement banale.
A lire de préférence avant le quatrième âge !

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Joolz DENBY : Billie Morgan (Ed du Rocher) – Traduction Thomas Bauduret
Nous sommes en Angleterre dans le Yorkshire, de nos jours. A Bradford.exactement.
Billie Morgan raconte ses mémoires, « La vérité telle qu’elle existe dans mon souvenir » dit-elle en préambule.
Nous sommes alors entraînés dans un thriller infernal mêlant étude sociologique et parcours personnel où le réalisme dérangeant et le style particulièrement adapté de l’auteur nous captive.
Certes nous savons que Billie a assassiné. Elle dit : « J’ai pété un plomb, j’ai mis fin à sa vie, je l’ai éliminé ». Elle s’en est sortie.
Mais elle porte toujours en elle le fardeau de ses secrets.
L’intrigue se résume donc à : Qui ? Comment ? Pourquoi ?
Les dernières pages nous le révèleront alors que peu à peu nous avons été amenés à cerner l’univers de la délinquante.
Née d’une famille dysfonctionnelle, d’un petit milieu anglais, abandonnée très jeune par son père, rejetée par sa mère, l’adolescente rebelle rejoindra un groupe de bikers, le Devil’s Own.
Dans cet univers dérangeant et violent elle trouvera un mari, Micky, membre du gang, qui aurait pu la protéger et la sauver.
Le destin basculera un soir… Il ne lui restera de cet univers artificiel et sans projet que l’affection qu’elle porte à Nat l’enfant de Jas, une jeune noire inconséquente.
Parce qu’il est cru et réaliste, profond dans le regard porté sur l’humanité, ce thriller autorise le lecteur à s’attacher à ses personnages en déshérence.
Le livre refermé, Billie Morgan nous manque déjà.

Stéphanie DES HORTS   : Paméla (Ed Albin Michel )
Paméla, petite aristocrate anglaise sans le sou, a épousé dans les années 50, le fils de Winston Churchill. C’était un bon à rien, ils ont eu un fils et ont divorcé . Par contre elle a toujours été appréciée et soutenue par son beau père .
Ambitieuse , intelligente et très belle, elle va se marier plusieurs fois à des hommes importants dont elle espère de l’amour et de l’argent. Devenue américaine elle va contribuer à l’élection de Bill Clinton qui la nommera ambassadrice à Paris.
A part les nombreuses amours de Paméla, on a droit à une impressionnante liste de personnages plus ou moins célèbres, plus ou moins connus qui ont tous fait la joie des potins mondains et des tabloïdes du XXème siècle.
L’auteure est très documentée .
La personnalité de Paméla est évidemment assez extraordinaire pour justifier qu’on s’y attarde mais tout ça finit par devenir lassant.

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Emmanuel DONGALA : La sonate à Bridgetower (Ed Actes Sud)
On est surpris dès le départ par les personnages de ce roman : un jeune violoniste de neuf ans, polonais par sa mère et dont le père est originaire de la Barbade. Un métis donc que son père pousse et exhibe dans les cours aristocratiques de Vienne, de Paris puis de Londres. Un prodige qui galvanise son public et qui met en lumière un noir.
Une autre idée que l’on avait alors d’un esclave ou d’un domestique.
Le roman est passionnant par l’évocation de la vie de cet enfant, d’abord exploité par son père mais qui s’émancipe vite, assez opportuniste pour se libérer de ce joug. C’est l’occasion pour de côtoyer des personnages connus des cours aristocratiques d’Europe, ouvertes au progrès et la culture et au mécénat mais aussi à l’existence d’un certain racisme.
C’est l’occasion de bâtir un roman historico-musical où le jeune prodige, élève de Haydn au départ, va devenir l’ami de Beethoven qui lui a d’abord dédié cette « Sonata Mulatica » avant de se fâcher et de l’offrir à Kreutzer qui ne l’interprètera jamais.
Emmanuel Dongala brosse un tableau fort bien documenté du siècle des lumières, de la passion des princes pour la musique, mais aussi de l’évolution des sciences avec la définition du mètre étalon et, toujours en filigrane, le grave sujet de l’esclavage que l’auteur a sans doute lui-même vécu. Un style coloré, enlevé, une foule de personnalités, de détails historiques et musicaux en font une épopée richement documentée.

Arthur LOUSTALOT : Ostende 21 (Ed Les escales)
Ce roman est l’histoire passionnelle et passionnée d’un jeune couple même pas trentenaire. La passion de deux jeunes vies qui s’ennuient un peu à Paris parmi leurs amis et qui, suite à une escapade à Ostende vont tomber amoureux de cette ville un peu désuète et grise et de ses vieux hôtels charmants. Ils reviendront plusieurs fois et ivres de sensations fortes ils s’essayeront au jeu, au casino, au Black Jack en se promettant de ne jamais déraper, de garder le sens de la mesure à ne pas dépasser. Mais ils joueront avec le feu et le croupier qui les suit dans leurs aventures va nous faire partager leurs engouements puis leur addiction jusqu’à la remise en question de leur couple.
De très belles descriptions des paysages du Nord autant que de la fougue de ces jeunes gens passionnants, ponctuent le récit très enlevé.

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Santiago PAJARES : Imaginer la pluie (Ed Actes Sud) – Traduit par Claude Bleton
Suite à un accident d’avion dû à un cataclysme, une mère, et son fils qui vient de naître se retrouvent seuls au milieu du désert. La mère construit une baraque rudimentaire, creuse un puits au pied d’un palmier. Elle enseigne à son enfant toutes les connaissances du monde d’avant car cet enfant doit survivre à sa mère qui retournera à la poussière. Elle décrit un monde détruit par la folie des hommes, un monde qu’il devra affronter pour l’aventure de la vie sans mode retour.
Le lecteur pense tout de suite au Petit Prince de Saint Exupéry, merveilleusement illustré par la couverture de Carole Henaff. C’est l’innocence de l’enfant qui ne peut imaginer la pluie !
Ce roman de Santiago Pajares apporte espérance, joie, bonheur ; le lecteur ne lâche pas le livre, il reste captivé par ce petit d’homme découvrant le monde, un monde qui n’est pas seulement un puits, un appentis, deux palmiers et un potager minuscule.
Non le monde est à ceux qui sauront le sauvegarder.
Beaucoup d’émotion, de poésie dans ce roman très contemporain.

Baptiste ROSSI : Le roi du Sud (Ed Grasset)
Ce deuxième long roman écrit par un jeune auteur de 22 ans, est certes très documenté et très travaillé. Il met en scène un lieu indéfini et où sont mêlés faits réels et romanesques mais certainement très fondés. Le narrateur, jeune homme né dans une famille désunie par l’abandon du foyer par la mère et du désintérêt d’un père qui l’abandonne à des internats, réapparait donc à 20 ans dans la vie de son père originaire du Nord de la France mais solidement installé sur la Côte entre Monaco et Marseille, ville dont il est le maire. Livré à lui-même dans l’aisance et l’oisiveté, il va faire son apprentissage de la vie aux côtés de son père parmi toutes les magouilles et les intrigues, dans ces années 70/80, dans une ville qui ressemble à Toulon. Tout y passe : sombre panorama autour du SAC, intrigues pour obtenir le pouvoir et être au top de la renommée, de la puissance et de l’argent.
Un très long roman qui ne nous épargne rien, très documenté car on reconnait les évènements mais écrit avec une certaine maladresse dans le détail et une écriture fastidieuse, criblée d’une abondance de virgules qui cassent et ralentissent encore la lecture très longue de cette triste reconstitution.

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Jean-Christophe RUFIN : Le tour du monde du roi Zibeline (Ed Gallimard )
Un couple vient raconter à tour de rôle l’histoire de leurs aventures à Benjamin Franklin, immobilisé dans un fauteuil et soumis à la vigilance de sa fille qui veut lui éviter toute fatigue. Mais l’histoire d’Auguste et d’Aphanasie est fabuleuse
Parti de Hongrie où Auguste a vu le jour et d’où il s’enfuit vers la Sibérie, il y rencontre sa femme. ils rejoignent à travers mers et océans des contrées hostiles et peu civilisées avant d’arriver à Madagascar où les attend un destin fabuleux . C’est l’occasion d’évoquer rapines et colonisatio, de revisiter une époque où le but était d’établir des relations commerciales et d’installer des bases territoriale , avec, souvent, le désir d’éclairer le monde et d’y apporter les lumières de ce XVIIIème siècle .
Roman intéressant comme toujours avec Jean-Christophe Rufin, où l’on retrouve les finesses de l’auteur, sa connaissance à la fois de l’Histoire, de la Géographie et de l’Homme. Au fil de la lecture on se sent redevenir un enfant aussi enthousiaste qu’on l’était en lisant « Les enfants du capitaine Grant » !

Michel TREMBLAY : Conversations avec un enfant curieux ( Ed Léméac /Actes Sud)
« 
Michel, commence pas avec tes « questionnages », là ! » est la phrase qui résume le dernier roman de Michel Tremblay.
Tout d’abord, parce que l’auteur rapporte les interrogations qu’il formulait petit garçon, jouant avec la patience de ses proches et, aussi parce que le vocabulaire utilisé dans le texte est issu du parler populaire québécois.
L’ensemble réunit, sous forme d’une trentaine d’instantanés, les échanges que Michel, alors âgé de dix ans, a eu avec ses parents, ses grands-mères et tantes, ses amies, ses enseignantes.
Avide de connaissances, le gamin pose sans cesse des questions.
Et pourquoi ? Et pourquoi ?
Les questions sont percutantes. S’il s’intéresse au « Bambi » de Disney, au couronnement de la Reine Élisabeth II, il lui faut aussi comprendre les usages de la langue ou les mystères de la religion. Avec opiniâtreté et rationalité, l’enfant provoque.
Que répondre ? Les tentatives de digression et la mauvaise foi des adultes n’y mettent pas un terme.
De ces anecdotes le lecteur retiendra la formidable énergie, la pertinence et la vitalité de ce jeune esprit.
En revanche si certains mots nous deviennent familiers au cours du récit, il est, pour des européens, bien difficile de lire le « joual « dans le texte !
Parce qu’inspiré de sa vie privée, il reste ce regard critique mais attendri de l’auteur sur le peuple ouvrier du quartier de Montréal dont il est issu.
Un peu lassant tout de même parfois dans sa formulation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jazz à Toulon du15 au 23 juillet 2017

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Pour sa 28ème édition « Jazz à Toulon », festival gratuit, ne change pas une formule qui a fait ses preuves, ô combien ! Le but étant d’amener le jazz dans quelques quartiers de Toulon, afin de faire entendre cette musique en direct aux habitants du coin, aux amateurs alléchés par des concerts gratuits, ainsi qu’à des touristes. Certains prennent même leurs vacances dans la région pour suivre ce festival. Ce sont chaque année des milliers de spectateurs qui répondent présents.
Programme alléchant cette année avec :
– Un grand concert chaque soir. Cette année nouveauté avec un concert (Jo Harman Band : une chanteuse anglaise à découvrir) sur la nouvelle place de l’Equerre qui borde la rue des arts (galeries, boutiques d’art, club de jazz, bistros).
En tête d’affiche pour ces grands concerts du soir: Roy Hargrove Quintet – Olivier Ker Ourio Quintet – Trio Ponty-Lagrène-Eastwood – Richard Bona Mandekan Cubano. Du jazz au sommet.
-Les concerts de 17h30 qui donnent leur chance à des groupes débutants, locaux, ou moins connus, sur des places centrales très fréquentées à ces heures-là. Du lourd avec le Claude Basso Quintet, et d’autres moins connus mais qui valent le détour.
– Une déambulation parade de 10h à 12h30 le 18 juillet dans les quartiers du centre ville avec Freaks Band et d’autres musiciens, amateurs et professionnels.
Jazz in the city : Scènes ouvertes de 13 à 16h du 18 au 21 juillet avec le trio Jazz In The City (Marc Tosello (b), Lucien Chassin (dm) et un pianiste) qui accueille sur une place du centre ville les musiciens qui veulent s’exprimer en groupe ou recevoir des conseils.
En tout 15 concerts d’un choix éclectique, donnant une belle place aux femmes.

Serge Baudot
Renseignements et programme détaillé: jazzatoulon.com 
réseaux sociaux – offices de tourisme – cofstoulon.fr – 04 94 09 71 00

GRASSE… Les recherches continuent !

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Stéphane Soo Mongo – Marine Sainsily – Franck Semonin –
Xavier Deluc – Félicité Chaton – Raphaël Bouchard

Depuis six ans, nous avons pris l’habitude d’aller faire une visite à Grasse dans une gendarmerie pas comme les autres puisque c’est celle qui sert de cadre au tournage de la série TV de TF1 « Section de recherches », où je retrouve toujours avec le même plaisir, mon vieil ami Xavier Deluc, alias major Martin Bernier et ses acolytes, qui rempilent pour une douzième saison. La série a démarré en 2006 à Bordeaux et a rejoint la Côte d’Azur en 2014.
Si Xavier est le pilier de la série, nombre de personnages ont tourné depuis les débuts et changent au fil des saisons. Entre autres les femmes qui, depuis leur installation à Grasse se succèdent à la vitesse grand V : Chrystelle Labaude, Julie Fournier, Manon Azem, Valérie Kaprisky et Raphaëlle Bouchard qui va quitter la série bientôt.

C F
G D
H E

Pour ce 132ème épisode intitulé « Avis de tempête », il est donc entouré de Franck Sémonin, Raphaëlle Bouchard, Félicité Chaton, Stéphane Soo Mongo et Marine Sainsily.
Nous sommes début juillet, la chaleur est aussi intenable sur la terrasse en plein soleil que dans cette ancienne école transformée en gendarmerie, sous les feux des projecteurs.
Si l’ambiance est toujours très studieuse, elle est aussi décontractée et chaleureuse (dans tout le sens du terme !), que ce soit au niveau de l’équipe technique que du réalisateur Jean-Marc Thérin ou encore des comédiens, tous souriants, abordables et patients. Six scènes seront répétées, tournées et retournées durant la journée, pour cinq minutes maximum que vous verrez à l’écran.

K

Xavier est toujours aussi heureux d’être le héros de cette série dont le succès, d’année en année, ne se dément pas, même si, tourner 14 épisodes dans l’année, ne lui laisse pas beaucoup de temps pour respirer. D’autant qu’entre temps, il a pris le temps de tourner un épisode de la série « Meurtres à… ». pour France 3. Vous retrouverez donc à la rentrée, Xavier sur TF1 puis sur France 3 pour « Meurtres dans les Landes » auprès de la belle Barbara Cabrita avec qui il forme un duo très glamour.
Tourner en costume avec cette chaleur est très éprouvant pour tout l’équipe, ce qui n’empêche pas le tournage des scènes qui s’enchaînent sans que personne ne s’énerve, tout en buvant beaucoup d’eau entre deux prises et en reprenant les maquillages qui résistent difficilement à l’étuve dans laquelle nous sommes baignés.
Mais aucune lassitude ne se lit sur l’équipe transpirante qui se remet en place après chaque prise.

I J
Jean-Marc Thérin

Silence… moteur demandé… ça tourne…
Et ça tournera jusqu’à 18 heures.
Quant à nous, nous disparaîtrons discrètement ente deux séquences… au plaisir de les retrouver l’an prochain !

Jacques Brachet
Photos : Christian Servandier – Jacques Brachet

 

La seyne-sur-Mer : Centenaire du Pont Levant

vila 236 526 Jours : nouvelles et poèmes pour les 100 ans du pont transbordeur

Le pont levant, basculant, transbordeur – on le nomme de ces trois noms selon les auteurs – des Chantiers Navals de La Seyne sur Mer fête ses 100 ans en cette année 1917.
Petit rappel historique : Ce pont qui avait pour but d’éviter que les trains ne traversassent le centre ville fut commandé à la Société Daydé en 1913. Il entra en service en 1920. Les travaux furent achevés en 1917, date qui est retenue pour les commémorations. Après la disparition des Chantiers le Pont fut abandonné et laissé dressé et inutile à l’entrée du port, jusqu’à ce qu’il soit inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 1986 pour être restauré en 2007, devenant mémoire des Chantiers, emblème de la Ville, et attraction touristique. De grandes fêtes et animations sont prévues en ce mois de juillet pour rendre un digne hommage à cet hymne de fer, gloire du travail humain.

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Donc « Cet été on fait tous le pont ! ». C’est ainsi que l’écrivain et journaliste Jo Dechiffre, cheville ouvrière de l’association Passions d’Auteurs, eut l’idée de proposer à des écrivains et autres artistes vivant à La Seyne sur Mer, ou tout près, de produire des œuvres ayant quelque rapport avec le Pont, mais sans sombrer dans la relation historique, ce qui est le travail des historiens. Pour ce faire il s’associa avec Nello Tammaro de la Librairie Charlemagne. Les voilà lancés dans cette aventure pour produire un recueil de 104 pages, sans aucune aide officielle, édité par Passions d’Auteurs, intitulé « 36 526 Jours » avec une couverture de Laurent Guérin, et l’amical soutien de Boris Cyrulnik. Pourquoi 36 526 jours? On s’en doute, c’est l’âge du Pont à la date anniversaire de la fin des travaux le 26 juin 1917.
Ce sont 13 volontaires : Véronique Adam, Serge Baudot, Adrien Biscos, René Caplan, Jo Dechifre, Erick Demeurs, Drör, Elyane Deslondes, Denise Hémery, Marcus Malte, Jean-Paul Piazza, Jean-Christophe Vila et Jean-Marc Vincenti qui ont, avec des imaginations diverses et multiples, déployés souvenirs et aventures allant du quotidien au fantastique, en passant par l’érotique et la fantaisie, sans oublier l’humour, pour rendre hommage à ce centenaire qui a trouvé une nouvelle jeunesse à l’entrée du port de La Seyne sur Mer.

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Serge Baudot
Livre en vente à la Libraire Charlemagne : 27 quai Gabriel Péri – La Seyne sur Mer
(tel 04 94 06 01 10)