Entre la belle blonde, Emma Daumas et la belle brune, Nolwenn Leroy, la bataille fut amicale mais néanmoins rude, lors de la finale de la Star Academy 2.
Si Emma dût s’incliner, elle n’en a pas moins démarré sur les chapeaux de roues puisqu’elle a successivement enregistré trois disques : « Le saut de l’ange », « Effets secondaires », « Le chemin de la maison »‘ ainsi qu’un album pour enfants « Les larmes de crocodile », qu’elle a conçu, écrit, et chanté en compagnie de divers artistes : Alain Chamfort, Marcel Amont, Elodie Frégé, Caroline Loeb, Gérard Darmon.
Et puis l’engouement s’est émoussé, Emma a pris le temps de vivre, de prendre du recul, de donner naissance à un enfant, tout en continuant de travailler dans l’ombre, en toute liberté – me dit-elle – puisque sa maison de disque, Polydor, l’a lâchée en cours de route.
Mais elle, elle n’a rien lâché, continuant à écrire des chansons, épaulée et encouragée par celui qui est devenu son ami, Maxime le Forestier et son autre amie Maïdi Roth.
L’an dernier est sorti un single « Bahia en été » et voilà qu’elle nous fait la surprise, non pas d’un CD mais d’un roman « Supernova » (Ed ScriNeo). Même si, à sa sortie de la Star Ac’, elle nous avait offert un livre qui racontait sa fabuleuse aventure « Au jour le jour », ce n’est pas là qu’on l’attendait.
Il est vrai que c’est l’histoire d’une toute jeune Avignonnaise qui se présente à une émission de télé réalité « Starcatcher », qui la gagne et qui, après avoir été fêtée, le show biz la rejette et la voici prise, après la magie des projecteurs braqués sur elle, dans l’enfer d’un « univers impitoyable ». Evidemment on ne peut pas ne pas penser à sa propre histoire mais cela va beaucoup plus loin car lorsque la télé réalité ne devient que dramatique réalité, nombre de ces stars d’un jour s’y sont brûlé les ailes.
C’est superbement écrit et l’on se prend d’affection pour Annabelle, son héroïne devenue Bella. C’est chargé d’émotion mais Emma écrit avec le recul nécessaire pour faire de sa propre histoire un roman, une fiction qui vous tient jusqu’au bout de l’histoire.
« Evidemment – me dit-elle – cette histoire est ancrée dans ma vie mais ce n’est pas une autobiographie, ça reste une fiction. C’est au départ l’idée de mon éditeur, Jean-Paul Arif, car si c’est en partie mon histoire, je m’en suis détachée et je l’ai écrite comme un phénomène de société puisque depuis la Star Ac’, le phénomène n’a fait que s’amplifier. Et je précise encore que c’est moi qui l’ai écrite en transpirant du front, des mains, des méninges ! J’ai mis 14 mois pour l’écrire.
Peut-on vraiment se détacher d’une histoire aussi forte ?
Ce n’est pas facile mais il faut arriver à la digérer en l’intégrant dans sa propre vie. J’ai d’ailleurs pensé qu’en écrivant ce roman, ça me ferait prendre de la distance, accepter totalement mon histoire et d’en faire quelque chose de positif.
Emma, pourquoi passer à l’écriture d’un livre ?
C’est le fruit d’un long processus, d’une réflexion qui a dû mûrir en moi. En 2010/2011, je me suis retrouvée sans attache professionnelle et j’en ai profité pour faire un enfant et une remise en question : avais-je envie de continuer ? Si oui, comment ? J’avais envie de faire quelque chose qui me soit aussi spontané que personnel car j’avais perdu la flamme. j’étais essoufflée et je sentais que je me perdais. Et la flamme est revenue par l’écriture.
Maxime le Forestier y a été pour quelque chose, je crois ?
Nous nous sommes rencontrés sur la Star Ac’ où nous avons chanté quelques chansons ensemble. Michel Haumont, son guitariste, s’est d’abord intéressé à moi parce sa fille était fan de moi ! Il s’est créé des liens et Maxime, qui préparait un album, m’a proposé une chanson qu’ils ont écrite ensemble « La racaille » qui est sur mon premier CD.
Nous sommes toujours restés en contact, nous nous retrouvons quelquefois pour travailler.
Il m’a dit un jour : « Je veux qu’en sortant de chez moi, tu sois capable d’écrire » Ce que j’ai fait.
Et lorsque j’ai pensé écrire ce livre, j’ai repensé à cette phrase en me disant qu’écrivant des chansons, je serais peut-être capable d’écrire un roman.
Je trouve que votre style est très cinématographique…
Vous ne pouvez pas me faire plus plaisir car j’ai pensé et écrit ce livre dans cette optique et je rêve qu’il soit adapté. J’ai, je crois, une écriture très visuelle et c’est quelque chose que je partage avec Maxime le Forestier. On en a d’ailleurs parlé
Est-ce difficile de se présenter avec un roman quand on est une chanteuse issue d’une télé-réalité ?
Je suis une enfant des bals et des concours de chant et il me semblait logique de faire cette émission.
La Star Ac’ a été une aventure à la fois incroyable et très étrange. J’ai vécu un tourbillon de huit ans. il y a eu ce mouvement de rejet que beaucoup ont lorsqu’on sort d’une telle expérience. Ll’étiquette est très forte mais i faut arriver à tuer le père, à s’affirmer, ce qui n’est pas facile. Moi-même, j’ai eu à un moment un phénomène de rejet, mais peu à peu j’ai assimilé qu’en fait, ça faisait partie de moi, qu’il fallait que je trouve un nouveau chemin.
C’est pour cela que, sans arrêter de travailler, je l’ai fait dans l’ombre et surtout sans pression, en toute liberté. Libre de ne pas lâcher et de me reconstruire .
Beaucoup de ces artistes venus de cette émission, ont connu une gloire éphémère et surtout n’ont pas été libres de sortir des disques aussi personnels qu’ont été les vôtres…
Vous savez, ça n’a pas plus été facile pour moi mais j’ai quand même un caractère qui m’a permis de lutter, car j’ai dû lutter pour faire admettre les chansons que je voulais chanter Très jeune, je n’avais pas vraiment d’identité et j’ai dû me battre pour affirmer certaines choses.
Vous êtes revenue à la chanson avec « Bahia en été »
Oui, c’était un single avec lequel j’ai fait quelques show cases l’an dernier et ce 20 mai sort un mini-album de six chansons intitulé « Vivante ». où l’on retrouvera cette chanson.
Le Brésil, c’est un pays que vous aimez !
C’est un pays qui, dès la première approche, m’a tout de suite attirée. Ca a été pour moi une révélation;
J’ai la chance d’avoir de la famille qui y a un pied à terre et je vais m »y ressourcer. C’est d’ailleurs là que j’ai recommencé à écrire. Ces paysages, cette culture ont joué un grand rôle dans mon inspiration..
Alors aujourd’hui… écrivaine ou chanteuse ?
(rires) D’abord je ne me considère pas comme une écrivaine et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, je crois que je suis incapable d’inventer complètement une histoire. Donc, si le livre marche et si je persiste, il faudra que la nouvelle histoire vienne de ma vie, de mes expériences afin que cela me donne des envies ou des idées. Peut-être n’y aura-t-il pas de suite, il faudra voir si ce livre marche. Ca part bien puisque les retours média ont l’air positifs et qu’il y a déjà un retirage de prévu ! Mais ce ne sont que des signaux.
Et vous, en êtes-vous satisfaite ?
Oui car j’ai mené ce challenge jusqu’au bout, avec une belle équipe qui m’a soutenue, qui a cru en moi. Je me suis attelée à un nouveau territoire d’exploration et j’aimerais qu’il y ait une suite.
Le retour à la scène, c’est pour quand ?
Chaque chose en son temps. Je fais aujourd’hui les choses par étape, en prenant mon temps. Il y a ce livre, ce mini-disque. J’ai encore quelques chansons que j’ai faites en live et cela pourrait faire l’objet d’un disque. Après cela, je vais tenter quelques scènes parisiennes et peut-être que la tournée se fera début 2017″.
C’était… il y a quelques années !
Propos recueillis par Jacques Brachet