Archives mensuelles : février 2016

Sanary – Théâtre Galli
Julia Duchaussoy. Profession : comédienne-plongeuse !

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En entrant dans la loge du Théâtre Galli, nous avons eu un moment d’émotion avec Julia Duchaussoy.
Le 10 février, cela fera un an que sa maman, Corinne le Poulain nous a quittés. Et c’est dans cette même loge que nous nous étions entretenus quelques mois auparavant.
Et puis, Julia, devenue blonde, ressemble tellement à Corinne !
Trois ans auparavant, c’est son papa, le comédien Michel Duchaussoy qui disparaissait.
Ca fait beaucoup en peu de temps mais, comme on dit dans le métier « The show must go on » et en bon petit soldat, Julia a donc repris le flambeau de ses célèbres parents et triomphe, auprès de Michel Leeb et ce, depuis 2014, dans la pièce de Robert Lamoureux « Le tombeur »

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« Nous sommes – me confie-t-elle – à pas loin de trois cents représentations puisque nous voilà à la seconde tournée après Paris et que les salles sont toujours aussi pleines.
Pas de lassitude ?
Oh que non, d’abord, parce que nous formons une équipe formidable, qu’avec le temps nous formons aujourd’hui une petite famille, nous sommes très complices, nous partageons notre quotidien. Nous sommes cinq nanas et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, nous nous entendons à merveille. Et la famille s’agrandit puisque Coralie nous avait quittée pour faire un bébé, remplacée par Brigitte,qui, à son tour a fait un bébé… Ce doit être le rôle qui veut ça… Mais ils ne sont pas de Michel !
Justement, Michel, parle-nous de lui
C’est un comédien formidable, très précis, très régulier, un vrai pro qui a beaucoup de respect pour ses partenaires. De temps en temps il nous offre une impro mais nous sommes tellement complices que tout de suite, nous enchaînons dans l’impro avec lui. Le tout est de faire en sorte que, si l’on s’amuse, cela amuse aussi le public. Il faut qu’il soit avec nous et ça marche toujours.
Tu as longtemps présidé aux destinées de Vaison la Romaine… Où cela en est-il ?
J’ai dû arrêter le festival en 2007 parce que ma carrière commençait à prendre de l’importance et, pour cela, je ne pouvais pas garantir la constance de qualité du festival. C’était un choix à faire, même si je l’ai fait avec regret. Ca a été une belle aventure… qui risque de repartir car j’en ai parlé à Pascal Legros, qui est le producteur de la tournée et ça lui a donné envie de le faire renaître… Si ça se fait, il y a de fortes chance que j’aille y jouer !

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Depuis, pour toi, ça n’a pas arrêté…
J’ai cette chance. J’ai longtemps joué « Occupe-toi d’Amélie » de Feydeau, avec Bruno Putzulu et Hélène de Fougerolles, je suis passée au « Tombeur », deux gros succès et entre temps… et même, en même temps que « Le tombeur », je jouais à Paris « Le chant des oliviers », de Maryline Bal, avec « Jean-Claude Dreyfus à 19h au Splendid et à 21h je partais en courant rejoindre le Théâtre des Nouveautés pour « Le tombeur »… Ca a été une folle cavalcade. Je suis venue jouer « Le chant des Oliviers » à Avignon et j’ai aussi mis en scène le premier one-woman show de Shirley Souagnon et nous enchaînons sur son second spectacle, « Free » où elle joue, chante, danse avec un orchestre de jazz-funk les Krooks. C’est le premier spectacle interactif…
C’est-à-dire ?
Eh bien, on propose aux internautes de recevoir le spectacle dans leur ville, de se regrouper et lorsqu’il y a un nombre important d’internautes qui sont désireux de le recevoir, le producteur cherche un lieu en étant assuré que le public sera au rendez-vous… Et ça marche !
As-tu encore du temps de libre ?
Oui… pour faire de la plongée sous-marine ! J’ai passé un diplôme aux Etats-Unis où je suis moniteur de plongée. Et je réalise des films sous-marins depuis près de trois ans, sous les Tropiques, aux Philippines, à Bali, en Corse, dans un but écologique. Je suis en train de les monter et j’espère qu’une chaîne en voudra. J’ai une passion des requins et j’ai tourné aux Philippine, un film sur les requins-renards. Je pars en juin et janvier et, la tournée se terminant à l’Ile Maurice et à la Réunion, je pense m’offrir une dizaine de jours pour tourner là-bas. »
Que voilà une demoiselle bien occupée, d’autant que comédienne-plongeuse… c’est rare !

Jacques Brachet

VERDICT sur France 5

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Troisième affaire diffusée ce samedi sur France 5 dans la nouvelle saison de VERDICT.

La collection documentaire plonge une nouvelle fois les téléspectateurs au sein de cours d’assises pour découvrir 6 nouvelles affaires peu médiatisées.
Cette nouvelle saison inédite se pose la question du rôle éventuel de la victime dans un passage à l’acte criminel. La victime est souvent perçue comme étant innocente mais les liens entre auteur et victime sont parfois complexes. Les victimes jouent-elles un rôle dans les passages à l’acte criminel ?
L’affaire Duplessis (3/6) : le samedi 6 février à 17.10 

Le 8 septembre 2008, Alyette Nief découvre le cadavre atrocement mutilé de sa mère, Lucienne, 90 ans. Le corps gît dans le garage attenant à la maison, située dans un petit domaine appartenant à la mère, dans un quartier bourgeois du Bois-Plage, sur l’Ile de Ré. Des quatre filles de Lucienne Nief, seule Alyette vit encore au village : c’est une artiste qui expose et vend des galets peints sur le marché. Elle vit, à l’autre extrémité du village, avec Michel Duplessis, 60 ans, un personnage assez excentrique : libertaire, un peu hippie sur le retour et adepte du cannabis, ce qui lui a valu une condamnation en 1996 à 18 mois d’emprisonnement.
Rapidement, plusieurs témoignages indiquent que, la veille de la découverte du crime, Michel Duplessis a traversé le village du Bois-Plage les vêtements et les mains tâchés de sang. A son domicile, les gendarmes saisissent un « pantacourt » portant des traces de sang de la victime. Duplessis reconnaît être allé chez madame Nief la veille en fin d’après-midi mais y avoir été assommé par un inconnu avant d’aller récupérer dans le garage le « pantacourt », sans voir le cadavre de la vieille dame. Niant toujours mais en se défendant maladroitement, il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle en décembre 2011 par la cour d’assises de la Charente-Maritime. Ayant fait appel, il est rejugé en septembre 2013 à Poitiers.
Auteur : Jean-Charles Marchand. Réalisation : Olivier Galy-Nadal
Rediffusion de l’épisode le lundi 15 février 2016 à 15h35 et dans la nuit du mardi 23 au mercredi 24 février 2016 vers 00h20.
L’affaire Carneiro (4/6) : le samedi 13 février à 17.10
L’affaire Colnot (5/6) : le samedi 20 février à 17.10
Un Crime dans les Vosges (6/6) : le samedi 27 février à 23.30

La Seyne-sur-mer – Villa Tamaris
Isabelle AGNEL-GOUZY
Un anniversaire somptueux

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Il y a 20 ans, je découvrais les « robes-tableaux » d’Isabelle Agnel-Gouzy et j’écrivais son premier papier.
Vingt ans après, la boucle se boucle : je suis le premier à découvrir à ses côtés, son exposition rétrospective qui a investi la Villa Tamaris.
Une exposition incroyablement riche, qui retrace vingt-cinq années d’un travail original, d’un cheminement exceptionnel, d’une oeuvre passionnante construite jour après jour.
Professeur aux Beaux-Arts de la Seyne depuis plus de vingt ans, cette Toulonnaise n’a jamais cessé de chercher, ressentir, exprimer, évoluer avec ténacité, curiosité, excitation, s’essayant à de nombreuses disciplines, à nombre de supports, de la toile au tissus, du papier au bois,dle l’huile à l’encre et en créant entre autres des robes peintes uniques et superbes.
Tout a commencé en 1991, avec sa première exposition à Marseille, au sortir de son diplôme, suivie, en 1992 de sa première vraie exposition à l’Hôtel de Claviers à Brignoles, invitée par le Conseil Général.

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C’est d’ailleurs le départ de cette rétrospective où, de salle en salle, chronologiquement, l’on va suivre son parcours, ses chemins de traverses, ses 25 ans de peinture à l’huile, ses 20 ans de peinture-couture.
La première salle couvre les années 91/92. Le démarrage. Les œuvres hélas sont assez dispersées parce que vendues et Isabelle ne sait par qui ! Restent les photos, les carnets de croquis et quelques œuvres mais c’est déjà intéressant puisque ce sont les prémices d’une œuvre véritable en devenir.

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Le talent, la démarche sont là, avec l’habitude qu’elle a gardée de créer des séries de dix à quinze pièces. Et vingt ans après, elle utilise toujours cette formule écriture-graphisme-couleurs. C’est ce qu’elle nous dit en ayant retrouvé ces archives avec émotion.
« Je me rends compte que si j’ai heureusement évolué, je travaille toujours de la même façon. Je n’ai pas changé, j’ai toujours cette même liberté, je travaille toujours avec mon polaroïd à portée de main, même si cela fait sourire certains ! »
Dans la seconde salle, nous parcourons les années 93 à 98 dans laquelle il y a eu sa première exposition à la Villa Tamaris en 1995.

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On y retrouve son travail sur le corps car elle revendique de faire une œuvre très sexuée. Le corps, le mouvement, son travail raconte une histoire. Avec un clin d’œil à Sophie Bonus, danseuse de flamenco, avec qui elle a alors travaillé.
1996, c’est aussi le début de sa collaboration avec Pébéo pour le premier défilé de ses robes. Des robes évidemment uniques puisque chacune est peinte à partir d’un premier travail sur la toile. On retrouve d’ailleurs sa robe créée en 2000 en hommage à l’œuvre de Sonia Delaunay.
Ses inspirations viennent de ces artistes qu’elle aime, dont elle a vu les expositions, mais de ses voyages aussi. Des œuvres gestuelles, pulsionnelles, dans quelque domaine que ce soit.
Dans la troisième salle justement, sont accolées ses essaiss sur bois, inspirés de ces pays lointains qu’elle a traversés et la robe dont on retrouve le thème de la peinture.
« Je peins… et ça devient quelque chose », nous dit-elle simplement.

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Nous passons dans la quatrième salle et l’année 1997 où l’on se rend compte que son travail se poursuit dans la même direction tout en évoluant, avec ces toiles qui ne sont jamais montées sur châssis, ce qui lui donne cette liberté, jouant sur la verticalité qui fait toujours penser au corps, dans diverses mises en scène.
Et voilà que l’on traverse un long couloir et que la verticalité se transforme… en horizontalité !
« C’est nouveau pour moi et c’est un essai que je tente après avoir lu « Splendeurs et misères des courtisanes » de Balzac, ces courtisanes qui étaient toujours – et pour cause ! – à l’horizontale. Je ne sais d’ailleurs pas où ça va me mener… »
Nous voici en 2013 avec les réminiscences de l’exposition faite à St Mandrier. Des huiles sur papier pleines de force, d’énergie, de couleurs, dont ce fameux bleu qui est un peu le fil conducteur de son oeuvre. Et l’on découvre aussi ce qu’elle appelle son « exposition Pébéo » :
« C’est un travail sur toile mais sur châssis et cela m’a intéressé parce que c’était la première fois que j’étais prise dans un cadre, pour un travail resserré, par la force des choses, ce qui m’a fait avoir une gestuelle différente ».¨

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A cette époque, elle découvre l’œuvre multiple du plasticien hongrois Simon Hantaï qui, entre autres, a créé ces toiles peintes sur lesquelles, pas encore sèches, il fait des nœuds, ce qui, une fois défaits, donne des impressions inattendues. Ce travail fait, Isabelle crée la robe qui garde ses froissures, ses plis et ces mélanges étonnants de couleurs et de taches.
L’on voit que les méandres des chemins qu’elle prend, amènent à chaque détour un travail nouveau, inattendu, toujours intéressant.
Et ce n’est pas fini puisque germe, dans son esprit fourmillant, une nouvelle idée. Tous ses carnets de croquis qu’elle garde précieusement, sont un malstrom de petits chefs d’œuvres qu’elle ne peut pas tous exploiter « en grand ». alors, elle a l’idée de les garder tels quels et d’imprimer sur une robe, ces feuilles multiples faites de croquis, de mots et de pensées écrits dans un coin, d’essais de couleur. Voilà donc qu’est née la « robe des 20 ans » et que c’est du plus bel effet !

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Si elle travaille toujours sur le corps des femmes, la voici lancée sur deux idées : les jambes et le torse des hommes. Et cela nous réserve encore des surprises, d’abord parce que, pour la première fois, l’on découvre sur la toile… des jambes ! Je veux dire par là qu’avec une technique mixte elle nous propose des jambes figuratives dans tous leurs états, ce qui est nouveau pour elle. Pour les torses des hommes, elle fait des juxtapositions, des superpositions et de ce travail, elle crée… des foulards !
Que diriez-vous d’arborer un torse d’homme autour du cou ?!
Et c’est encore original et superbe.

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On arrive à la fin du voyage dans le temps, de 25 ans de vie de femme et d’artiste, avec une espèce de rétrospective en miniature sur des grandes toiles de bâches où se retrouvent pêle-mêle ses toiles en miniature, ses dessins, ses croquis, ses écrits, les photos des mannequins qui ont porté ses robes et ont défilé avec…
Une oeuvre magistrale qui a envahi avec jubilation et un bonheur inégalable, la majeure partie de cet écrin superbe qu’est la Villa Tamaris qui met en valeur un talent à l’état pur.
Merci Isabelle, de m’avoir fait ce beau cadeau d’anniversaire – même si c’est le tien ! – de remonter le temps à tes côtés et de me faire redécouvrir ton travail dans l’intimité de l’installation de cette exposition.
Cela restera pour moi un moment inoubliable !

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Jacques Brachet
Photos : Monique Brachet
Exposition à la Villa Tamaris – La Seyne-sur-mer
Du 6 février au 13 mars

TOULON – Espace Comédia
Les mémoires d’Hadrien

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Vendredi 26 Février 2016 – 20h45
D’après Marguerite Yourcenar & Antinoùs de Fernando Passoa

L’Empereur Hadrien (76-138 ap J.C.) se meurt. Il rassemble ses dernières forces pour dicter ses mémoires au jeune Antoine, fils ambitieux de notables romains, qui lui succèdera. L’imminence de la mort accentue l’intensité des confidences, des souvenirs, des valeurs qu’entend transmettre un homme de pouvoir, affaibli par la maladie. Une véritable tension parcourt le récit d’Hadrien dont la voix réfléchie et posée est absolument pénétrante. L’expérience s’oppose à la jeunesse et à la fougue d’Antoine. Huis-clos où quatre personnages sont confrontés à l’urgence d’une fin de vie. Fin pressentie d’une civilisation ?

La tension intérieure du roman de Marguerite Yourcenar se mue ici en tension orageuse soutenue par un Hadrien encore virulent et incisif. Aux joutes philosophiques des personnages vient s’inviter, inattendu, l’univers poétique de Fernando Pessoa évoquant le jeune berger Antinoüs, amour déifié d’Hadrien.

Distribution
Cie Bacchus – Adaptation et Mise en scène : Jean Pétrement – Assistante mise en scène : Lucile Petrement.
Avec : Jean Petrement, Clio Van de Walle, Maria Vendola, Slimane Yefsah. Création lumière : Baptiste Mongis. Décors : O. Branget. Accessoires et costumes : R. Van de Maal.

TOULON – Théâtre Liberté
Les mardis Liberté

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En ce février de douceur climatique cinquième mardi avec la chanteuse sud-africaine Sibongile Mbambo découverte et présentée en corrélation par l’association « Jazz à Porquerolles », festival où elle fit des débuts remarqués en 2015.
On nous la présente comme une « artiste plurielle (danseuse, chanteuse, percussionniste et peintre) ». En ce mardi de mi journée c’est la chanteuse que nous découvrons, et quelle chanteuse ! Belle présentations scénique, elle est assise, très touchante, derrière le micro, entourée de ses percussions sud africaines avec lesquelles elle s’accompagne : le Udu, sorte de jarre sophistiquée et la Bongi-Box, sorte de tambour de basse. A côté d’elle, le guitariste Fred Salles, parfaitement à l’aise dans cette musique de tradition zoulou, le Maskanda, musique basée sur des ostinatos comme presque toute les musiques africaines. Il accompagne la chanteuse avec discrétion et efficacité, soit avec ces ostinatos, soit en contrechant, plus rarement en accords rythmés, toujours à l’écoute, en osmose avec le chant,
Sibongile chante avec un engagement total dans son idiome natal, le Xhosa (langue d’une des onze ethnies d’Afrique du Sud), langue qui fait entendre par moments des claquements de langues très secs, qui ponctuent en somme la mélodie. Elle possède une voix grave, puissante, ce qu’on appelle une voix noire, avec du grain, de l’émotion. Elle chante sur une tessiture resserrée, grave médium, probablement la tessiture de ces chants-là, mais on sent qu’elle peut monter dans les aigus. Certaines phrases se brisent sur un jodel très africain. Sa puissance et son timbre feraient assez penser à la voix de Mahalia Jackson, sans pourtant la même puissance émotionnelle.
Les chansons évoquent le quotidien : par exemple provoquer la pluie ; un premier rendez-vous d’amoureux qui se verront pour la première fois ; une prière poignante à dieu en lui confiant « Tu es mon seul espoir » ; pour chasser la peur en lui disant « You don’t exist » ; une femme dont le mari est souvent absent car il va travailler dans une mine d’or : elle lui crie « Si tu pars encore tu reviendras dans une maison vide » ; et quelques autres sujets. Et l’artiste fait preuve d’un bel humour, ce qui ajoute encore à son charme.

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Les rythmes, les tempos, les inspirations, les atmosphères sont variés. Sibongile Mbambo fera chanter le public dans sa langue, par répons, fantastique participation du public : on se serait cru dans un chœur zoulou !
Certes quand on évoque le chant sud-africain on pense à la grande Miriam Makeba. Mais les deux chanteuses ne sont pas sur le même répertoire.
Sibongile Mbambo, une belle et forte découverte offerte par le Théâtre Liberté et Jazz à Porquerolles.

Serge Baudot

Six-Fours : 11 artistes varois à la Batterie du Cap Nègre

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C’est une exposition particulièrement réjouissante que nous offre, jusqu’au 21 février, la Batterie du Cap Nègre.
Une exposition originale, drôle, inventive, insolite, quelquefois iconoclaste qui réunit onze plasticiens varois choisis par Olivia Moelo, artiste elle-même, oh combien plurielle, qui vient de s’installer à la Garde-Freinet dans un lieu qui lui ressemble, plein de fantaisie.
Elle l’a appelé le B’Art à crêpes… tout simplement parce que, tout en s’émerveillant sur les oeuvres proposées, l’on peut se régaler aussi les papilles !
Touche-à-tout de talent, elle aime découvrir les disciplines artistique diverses et s’y essayer, souvent avec talent et en y apportant sa personnalité.
Mais, très souvent, la création est synonyme de solitude et Olivia a eu envie de n’être plus seule, d’échanger, de rencontrer, de partager. Aussi, elle est allée fureter un peu partout pour découvrir des artistes varois et rassembler ses coups de cœur autour d’elle.
C’est donc ce qu’elle a fait dans ce superbe lieu qu’est la batterie du Cap Nègre, en nous proposant onze artistes varois – dont elle – qui méritent le détour.
Le responsable du Pôle Arts Plastiques, Dominique Baviéra, avait demandé aux artistes de venir rencontrer le public. Ainsi, quatre femmes et un hommes ont pu converser avec lui et faire connaître leur cheminement.
Olivia nous propose ses « bonnets tétons ». Devenue une spécialiste des fils de laine, elle s’est mise à tricoter des dizaines de bonnets hybrides, entre bonnets pour la tête et bonnets de soutien gorge, aux mille couleurs. C’est très drôle à voir mais derrière ces bonnets il y a aussi un but : parler de la femme, du cancer du sein et aider les associations qui se battent contre cette maladie. et puis, voici une robe de mariée engluée dans des fils, comme prise dans une toile d’araignée… symbole oh combien ambigu du mariage !

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Un seul homme mais… quel homme ! Talentueux sculpteur Philippe Gallego nous offre des superbes poissons de bronze mais d’une finesse incroyable, tant il travaille la matière comme de la dentelle alors que celle-ci s’y prête peu. Et puis, il y a toujours une connotation féminine et même érotique, certains poissons s’offrent, lèvres pulpeuses ouvertes. Hommage à la femme, hommage aussi à la mer car il a toujours rêvé de porter un bonnet (lui aussi !) mais le fameux bonnet rouge d’un certain Cousteau. Il nous explique cela avec humour car il est très pince-sans-rire.
Valmigot, elle, est une amoureuse de l’écrit, du livre et ne peut concevoir les toiles sans livres ni les livres sans toiles et dit que l’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme. Du coup, elle recrée des livres en papier mâché d’où s’évadent des mots, des lettres, des pensées, des croquis (dont un de Cocteau). Livres écornés, froissés, à demi ouverts, homme-papier lisant son journal… C’est à la fois symbolique et poétique.
Nathy Paccalet est la championne de la récupération. Elle aime fouiner dans les greniers et forte de l’adage « rien ne se perd, tout se recrée », elle transforme (aujourd’hui on dit : customiser !) et fait revivre aussi bien un extincteur qu’une poupée ou un miroir brisé qui revient à la vie et devient… une tête de mort !
Cette belle Hollandaise aux yeux bleus qui a choisi de s’installer dans le Var se nomme Marian Williams et son choix s’est porté sur le collage. Ce sont souvent des oeuvres pleines d’humour, comme ces portraits de femmes sur lesquels elle ajoute des éléments comme des fleurs, des bigoudis, des papillons ou qu’elle transforme en leur ajoutant des perruques, tels ces portraits de Bardot et Signoret… C’est drôle mais c’est aussi, dit-elle, une critique de l’environnement de la femme d’aujourd’hui qui oblige à regarder autrement et à interpréter.
Foisonnement de talents, d’idées, oeuvres passionnantes et surprenantes, artistes qui sortent des sentiers battus… une exposition aussi intéressante qu’extravagante.

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Jacques Brachet