Elle est belle, hiératique, lorsqu’elle apparaît à l’écran avec ce physique longiligne, cette voix sensuelle, comme Fanny Ardant, ou plus jeune, Jeanne Moreau, il se passe quelque chose.
Elle a la classe incarnée et, avec tous ces atouts, a souvent interprété des rôles forts qui lui vont comme un gant.
Et lorsque Laure Killing m’est apparue à la Rochelle, alors qu’elle n’était d’aucune distribution. il n’était pas question que je rate l’occasion de la rencontrer et, grâce à une amie commune, Brigitte Bel, agent d’artistes, ce fut chose faite.
Elle a une petite mais intéressante carrière cinématographique, une carrière de télévision que beaucoup pourraient lui envier et voilà qu’elle vient de tourner avec Christian Faure, « La loi », pour commémorer de 4Oème anniversaire de la loi sur l’avortement. Elle tient le rôle de Françoise Giroud auprès d’Emmanuelle Devos qui interprète Simone Veil.
« C’est Christian Faure, avec qui j’avais déjà tourné « La mort est rousse » qui est venu me chercher pour interpréter ce rôle. Il y a également nombre de comédiens comme Michel Jonasz, Lorant Deutsch…
C’est l’histoire de la naissance de cette fameuse loi imposée par Simone Veil, qui a été épaulée par nombre de personnalités dont Françoise Giroud.
Comment aborde-t-on le rôle d’une femme aussi célèbre et toujours vivante ?
Je n’ai pas eu l’honneur de la rencontrer. En fait, je l’ai rencontrée à travers des documents de l’INA, des livres que j’ai pu lire. Il n’était pas question que j’en fasse une imitation. Je l’ai jouée comme je l’ai ressentie, à travers tout ce que j’ai vu et lu en étant la plus sincère possible dans ses idées afin de ne pas la trahir.
Avez-vous des difficultés , des appréhensions?
Non, ça a été assez facile car j’ai découvert son parcours que j’ai beaucoup apprécié et partagé, ce qui m’a beaucoup aidée.
Ce n’est d’ailleurs pas le personnage principal, ar beaucoup d’autres personnalités tourne autour d’elle mais elle est étonnamment présente dans ce film qui devrait passer d’ici novembre/décembre.
Vous avez déjà tourné avec Christian Faure ?
Effectivement, au Portugal avec Bernard Giraudeau et j’en gardais un beau souvenir.
J’aime beaucoup travailler avec lui car c’est un réalisateur exigeant, dans le bon sens du terme, ce qui me plaît beaucoup car, s’il ne l’est pas, on a l’impression de ne pas servir à grand chose. Sur le plateau, il ne vous passe rien, il a l’œil de Moscou, il voit tout ! Et pour moi, c’est d’un confort extraordinaire.
En dehors de ce film, quelle est votre actualité ?
J’ai tourné il y a quelques mois pour ce cinéma un film de Philippe Claudel, « Avant l’hiver » où j’ai pour sœur Christin Scott Thomas.
Vous tournez plus beaucoup pour le cinéma. Est-ce toujours aussi cloisonné ?
C’est vrai qu’en France, on ne peut le nier, ce cloisonnement existe même si cela commence à s’ouvrir, peut être plus dans l’autre sens : les comédiens de cinéma glissent vers la télé, le contraire est un peu moins flagrant.
Plus jeune, j’ai tourné quelques beaux films. J’ai d’abord fait des pubs avec Gainsbourg, Rappeneau. Ce sont ces pubs qui m’ont amenée au cinéma grâce à Maurice Dugowson qui m’a offert mon premier rôle de télévision et j’ai aussitôt enchaîné sur le cinéma. J’ai tourné avec Godard, Altman, Zulawski, Lautner, Deray, Diane Kurys, James Ivory… Et puis la télé a pris le dessus.
Mais cela ne me gène pas parce que je fais toujours ce que j’ai envie de faire : jouer. Et je ne vois pas vraiment de différence entre cinéma et télévision. C’est toujours le même travail d’équipe, c’est ce que j’aime cr on ne fait pas un film tout seul.
Mais vous savez, il y a quelque temps, il y avait le même cloisonnement entre le cinéma et le théâtre. C’est très français ! Là aussi ça s’estompe. J’aime aussi faire du doublazge car je parle couramment l’Anglais et je tourne souvent en Angleterre avec la BBC.
Alors, pourquoi la Rochelle ?
Pour moi, ce sont des vacances. C’est mon amie Brigitte qui m’y a entraînée et je me suis laissée faire, ce que je ne regrette pas car c’est une ambiance très agréable, l’on y voit de beaux films et même si je ne suis pas là pour travailler, je rencontre des gens avec qui on parle métier.
C’est très enrichissant.
Si je vous dis que la première fois que je vous ai vue à l’écran, j’ai pensé à Fanny Ardant, qu’avez-vous à me répondre ?
Que je susi ravie que vous m’ayez comparée à cet actrice que j’adore et je préfère que vous ayez dit son nom plutôt que celui de de Funès !!! (Rires)
Je pense que c’est très flatteur tout comme lorsqu’on me compare à Merryl Streep ou Sigourney Waever, ce qui est déjà arrivé. Mais j’espère aussi me ressembler un peu !
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier