Voilà 12 ans, l’on découvrait à la télé l’émission « TheVoice »
Voilà 12 ans, l’on découvrait ce lui qu’on allait appeler « Le chanteur à la voix d’ange ».
Voilà 10 ans, il sortait son premier album « Perfect stranger », enregistré à Londres.
Il y a dix ans enfin qu’on se rencontrait pas très loin de Toulon, sa ville natale : la Garde.
Et ça fait dix ans qu’on s’aime d’une belle amitié, que si l’on se voit peu on s’appelle souvent et qu’à chaque fois qu’il passe dans son nid d’aigle du Revest, on se revoit pour de longues conversations.
Le regard rieur, la simplicité et la sagesse font partie intégrante de ce garçon qui se partage entre le Var et Paris, le Revest étant son havre de paix où il retrouve ses trois enfants.
Et une fois de plus, nous revoilà dans ce qui est un peu devenu son village pour nous annoncer de bien belles choses.
Et d’abord, avant un album qui sortira en septembre, intitulé « Les mots qui unissent », qu’il est en train d’enregistrer et dont il est l’auteur, le compositeur, le producteur, avec en attendant, un single intitulé tout simplement « Marseille ».
« Atef, explique-moi : Toi qui es toulonnais, qui vit entre Paris et le Revest, pourquoi une chanson sur Marseille ?
En fait, d’abord, Marseille, c’était la sortie du week-end et c’est la ville où mon père est arrivé lorsqu’il a quitté la Tunisie. C’était en 56. Son arrivée a changé son destin… Et il a changé le mien aussi puisque je suis né à Toulon. Pour moi, Marseille est restée « la sortie du week-end ». De plus, j’ai fait mes études à Aix-en-Provence et j’y allais régulièrement. Les docks des Suds, le Théâtre du Moulin, tous ces endroits où passaient alors les grands artistes nationaux. Il n’y avait pas de Zénith à Toulon.
Qu’est ce qui t’attire à Marseille ?
C’est une ville qui a une activité culturelle incroyable et je voulais faire un hymne à cette ville et surtout la défendre car on nous vend tout le temps une ville qui fait peur. Et il n’y a pas que ça : c’est une ville où il y a un million d’habitants et pas un million de délinquants ! Il y a des gens, il y a des vies et c’est ce que je montre dans mon clip, des visages humains, souriants, vivants, amicaux, il y a de belles histoires, de beaux lieux. C’est une immense ville formée de plein de villages, de Cassis à Septèmes-les-Vallons. Bien sûr que, comme toutes les grandes villes, de France et du monde il y a des quartiers où il y a de la délinquance. Ça a toujours existé, les quartiers mal famés. C’est trop facile de dénigrer une ville entière. Stop à ça ! Il y a plein de belles choses à Marseille.
Et Toulon dans tout ça ?
C’est une ville que j’aime, où je suis né. Mais en fait, j’ai plus vécu ailleurs dans le monde, j’ai beaucoup voyagé et je me suis aperçu que lorsque je parlais de Toulon, ça ne leur disait rien. Si j’ajoutais « à côté de Marseille », ils savaient !
Quand, dans ma chanson, je dis « Grande porte ouverte au Sud » c’est aussi le Nord d’une nouvelle vie et ça a toujours été le cas depuis la nuit des temps. On ne parle pas de l’émigration qui va de France en Afrique parce que celle-là rapporte des sous et du bien, toutes les richesses du sol africain. Cette émigration-là n’embête personne… à part les africains ! Il faut être juste.
Donc Marseille reste « ta » ville !
Non, ce n’est pas « ma « ville mais ma vile de cœur.
J’aime autant Toulon, Paris, Londres où j’ai vécu et travaillé, New-York, Dakar, Tunis, Bizerte, New Delhi, de nombreuses villes où je suis allé. Je pourrais faire une chanson sur chaque ville que je t’ai cité.
Tu pourrais même en faire un album !
(Il rit) Justement, « Marseille entre dans le cadre de l’album que je vais sortir « Les mots qui unissent »
Pourquoi ce titre ?
Je trouve qu’on est trop tourné par les mots qui divisent. Lorsque je parle de Marseille multiculturelle avec des gens qui sont bien intégrés, et qu’on ne fait la pub que sur les problèmes, ça m’énerve ! Il y a plein de gens avec qui ça se passe très bien et c’est la majorité. Et j’avais besoin de parler de ça.
Alors, parle-moi de ton album.
C’est mon premier album en Français et chaque chanson a un arrangement des musiques du monde car pour moi celles-ci ont aussi importantes que ma propre culture. Lorsque j’écoute Césaria Evora, pour moi elle est aussi fondamentale que Mickaël Jackson, Jacques Brel, Stevie Wonder, Georges Brassens. Il ’y a pas de différence d’importance dans mon cœur. Ma musique est influencée par tous ces gens et leur culture. D’ailleurs l’arrangement de « Marseille » est un arrangement capverdien qui se rapproche de Césaria Evora. Mais chanté en Français.
Alors, justement, pourquoi aujourd’hui chanter en Français ?
Tu étais là lorsque j’ai fait la première partie de Christophe Mae et dans le public, certains m’avaient reproché de chanter en Anglais. Ça m’avait un peu blessé mais je me suis rendu compte qu’ils avaient raison. A l’époque je n’avais pas « mon » son pour chanter en langue française. Je savais très bien utiliser l’anglais, les musiques du monde puisque j’avais créé un groupe M’Source dans le but de montrer l’unité dans la diversité. Puis je suis parti à Londres, il y a l’épisode Elton John que tu connais, puis je rentre en France… Et on m’inscrit à « The Voice » ! C’est là que je chante pour la première fois en Français « Lettre à France » de Polnareff. La « battle » est pour moi un mauvais souvenir car la chanson n’était pas dans mon style, j’ai eu du mal à me l’approprier. Je n’étais pas sûr de moi, à tel point que j’étais sûr qu’à partir de là je sortirais, j’étais sûr de perdre, d’autant que j’avais en face de moi la gagnante de l’Académie Marocaine. Pour moi, je m’en allais et du coup j’ai abordé la chanson très détendu mais j’ai mis trois semaines à trouver mon son ! Et j’ai continué !
Ce n’est qu’en 2019 que j’ai sorti ma première chanson en Français : « Le soleil se lève »… Sur un arrangement du Mali !
Alors qu’est-ce qu’on va trouver comme sons et comme arrangements dans cet album ?
Des arrangements de Nouvelle Calédonie, d’Afrique du Sud, d’Ouganda, mais ce sera de la chanson française, ce que j’ai voulu faire en tant que producteur. J’ai voulu montrer une fois de plus qu’on pouvait trouver l’unité dans la diversité, en musique.
Ce sera en fait un album universel chanté en français !
Exactement ! C’est un album qui est de la chanson française avec des arrangements venus de tous les coins du monde.
Il y aura d’ailleurs un autre single « Je le vois, je le sens, je le sais » qui a une belle histoire. C’est une chanson brésilienne de Vinicius de Moraes et Tom Jobbins que j’ai adaptée. J’ai donc contacté l’éditeur qui représentait les héritières des deux artistes et qui m’a dit qu’elles ne voudraient pas. Je l’ai supplié de la leur faire écouter… En fait elles ont trouvé ça super et nous ont donné l’autorisation. Je suis le seul et j’en suis très fier !
En tant que producteur, tu vas produire d’autres artistes ?
Oui, je vais m’y essayer, le prochain va être un trio, puis il y un chanteur que j’ai d’ailleurs repéré dans « The Voice ». C’est Goulam. Il est venu un mois ici et l’on a travaillé ensemble. Il vient de Nouvelle Calédonie ».
Il s’est mis à pleuvoir sur le Revest, pendant que sa fille fait la cuisine, que son fils arrive et que les chats se pelotonnent à l’intérieur. Au-dessus le lac du Revest, un aigle plane et notre conversation se fait feutrée, la voix d’ange d’Atef nous parle d’amour, d’amitié, de communion et de musique bien sûr, la passion de sa vie. On resterait bien calfeutré adns ce cocon face à une nature qui est si belle… Même si ce n’est pas Marseille !
Mais Atef nous fait voyager et on est bien
Jacques Brachet
Photos Alain Lafon