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Vincent NICLO : « Ma mission : transmettre »

Avec Vincent Niclo, c’est aujourd’hui une habitude : A chaque disque, une rencontre ou un appel pour en parler.
Et là, c’est pour parler d’un disque somptueux qui sort ces jours-ci : « Opéra Celte » qui, comme son nom l’indique, est composé de musiques celtique dont certaines sont connues et font partie du patrimoine, comme « Greensleeves », « Amazing Grâce », « Tri martelod », « La tribu de Dana », revus et corrigés façon opéra tout en gardant la substantifique moelle de l’esprit et des racines celtes.
La voix de Vincent est un diamant brut dans un écrin qui lui va à ravir de bombardes, de violons, de cornemuses, une ambiance, une fois de plus, très différentes de ses précédents albums. On se souvient des chœurs de l’Armée Rouge, de Luis Mariano, de tangos, de musiques classiques, de comédies musicales… Avec cette voix de ténor, il peut se permettre de tout chanter.
A chacun de ses disques, il nous surprend, il nous émerveille par la façon qu’il a de s’approprier une ambiance musicale, à chaque fois différente.
On ne pouvait donc pas ne pas parler de ce nouvel et magnifique opus.

Vincent, toi le parisien, comment es-tu venu à cette musique ?
Ça s’est imposé en moi car toute ma vie mes parents m’ont fait écouter cette musique et ça faisait très longtemps que j’y pensais. Je connaissais ces titres qui racontent tous une histoire et j’ai pensé que ça pouvait être un bel écrin pour ma voix. Je suis donc entré en studio pour enregistrer « Borders of salt » de Dan Ar Braz et je l’ai envoyé à Dan, car à chaque fois que je m’approprie des chansons des autres, je les leur propose afin de savoir s’ils sont d’accord. Dan m’a très vite répondu que j’allais dans la bonne direction. Il est venu à Paris avec sa guitare et nous l’avons enregistrée.
Dans toutes ces chansons qui font partie du patrimoine celte, comment as-tu fait ton choix ?
J’ai écouté énormément de choses et j’ai fait un choix par rapport à ma voix et mon espace. Il y a certaines que j’ai très vite enlevées et d’autres qui m’ont aussitôt accrochées. Il y avait aussi quelque chose d’important, c’est que les instruments celtes sont très puissants. Lorsqu’on joue avec le Bagad de Quimper il faut s’adapter à cette puissance musicale. J’ai donc dû choisir en fonction de ça. Avec l’équipage de Soldat Louis, nous avons fait des essais dans son moulin à Lorient et c’est là que nous avons enregistré « Fils de Lorient »
Lorsque j’ai contacté Martial j’ai eu envie de remanier le succès énorme de la reprise qu’il avait faite avec « La tribu de Dana » et ça a très bien collé.
Tu as fait une reprise très martiale de « Greensleeves » !
Ca s’y prêtait. C’est une chanson très forte, qui je trouve, développe une incroyable puissance. Lorsque tu l’as écoutée, elle ne t’a pas fait penser à une autre chanson ?
Non… laquelle ?
« Amsterdam » de Jacques Brel ! On y trouve la même puissance et je l’ai interprétée avec cette énergie et cette force.

J’ai été étonné de ne pas retrouver Alan Stivell, que pourtant tu chantes dans cet album.
Oui, j’ai enregistré « Tri martolod », « La suite sudarmoricaine » et, comme avec les autres, je lui ai envoyé les maquettes car je voulais son assentiment. Qu’il m’a donné d’ailleurs mais son planning ne permettait pas qu’il puisse se joindre à nous.
Et Nolwenn Leroy ?
Je n’ai collaboré qu’avec des auteurs et compositeur. Nolwenn, comme moi, n’est qu’interprète.
Evidemment, il y a l’incontournable « Amazing Grâce »
Oui, elle s’imposait à l’espace de ma voix. C’est devenu un cantique international. Ce sera d’ailleurs mon premier single et je la chanterai dans mes récitals.
Parlons-en : tu pars en tournée avec encore quelque chose d’original : les églises et les cathédrales.
Oui, j’avais très envie de faire ça mais pour cela, j’ai dû remanier tout mon répertoire car il y a des choses qu’on ne peut pas chanter dans les édifices religieux. C’est très strict. J’ai donc dû faire un choix et je pars aussi avec une petite formation qui s’adapte aux lieux. Il y aura bien sûr « Amazing Grâce » qui est à la fois un chant celte mais qui a aussi un côté gospel. C’est un vrai cantique chrétien.
Ta tournée ne possède qu’une date près de chez nous : le 25 mai à l’Eglise Notre-Dame de l’Assomption à Nice. Le Breton snobe les Provençaux ?
(Il rit). Non bien sûr mais ce n’est pas moi qui ai choisi les lieux et les villes. Peut-être des dates s’ajouteront-elles à la tournée… Il faudra donc que tu viennes à Nice !
A chaque disque, tu prends des chemins de traverses. Tu m’avais dit un jour : « Je suis un chanteur hybride »… Là tu l’es plus que jamais !
Oui, mais c’est ma façon de concevoir la musique car je suis curieux de découvrir des musiques différentes et tout part aussi du côté humain. Lorsque je m’intéresse à une musique, je découvre aussi l’âme humaine, une façon, un aspect différent et lorsque je découvre quelque chose, j’ai envie de le faire partager, je me donne pour mission de transmettre.
J’ai ainsi fait découvrir à beaucoup de gens la musique russe avec les chœurs de l’Armée Rouge, j’ai fait redécouvrir le tango ou encore Luis Mariano qui est à mon avis l’une de nos plus belles voix et qui fut la première rock star emblématique de la chanson. J’ai travaillé avec Pascal Obispo, avec Michel Legrand… J’aime varier les plaisirs, découvrir des choses nouvelles. Je n’ai pas envie de faire à chaque fois la même chose. Je m’ennuie très vite !

N’as-tu jamais pensé que tu t’éparpillais ?
Non, jamais, d’autant que, si tant est que je prenne des risques, c’est le public qui m’a toujours suivi qui m’a donné raison et je l’en remercie.
Alors, quelle sera la prochaine étape ?
(Il rit) Ah ça, je ne te le dirai pas mais saches que j’ai déjà trois projets pour mes trois prochains albums. Mais tu n’en sauras pas plus !
Comme tu aimes varier les plaisirs musicaux et autres, te voilà présentateur télé et peut-être bientôt comédien !
Animateur est un bien grand mot : Je me contente, depuis quatre ans de présenter l’émission « 300 chœurs » qui réunit des chorales amateurs et des chanteurs. D’ailleurs, nous sommes toujours en recherche de chœurs pour les faire connaître*. Et puis, depuis deux ans, je présente l’émission pour le Sidaction, avec Julia Vignali qui est une femme adorable et solaire. Nous fêterons cette année la trentième édition avec les 50 ans du disco.
Tous les chanteurs feront revivre cette musique festive…
Tiens, voilà une idée de thème pour un prochain album !
Pourquoi pas ? J’adore cette musique, sans compter que c’est une musique très vocale. Mais bon, pour le moment ce n’est pas dans mon actualité.
Alors, il se dit que tu aurais été approché pour devenir comédien. Info ou intox ?
Non, c’est vrai que l’on m’a proposé une pièce de théâtre que j’étudie. Pour l’instant je ne me suis pas engagé car j’ai une actualité chargée. Ce n’était pas prévu dans mon parcours mais pourquoi pas ? »

Pour l’instant, l’actualité est ce très beau disque « Opéra celtique » qui sortira le 31 mars et cette tournée en France avec arrêt à Nice le 25 mai.
Après… suivons la vie d’artiste de Vincent qui mêle la voix, le talent, la curiosité et laissons-nous mener par lui sur ses chemin de traverses  aussi inattendus que passionnants.
Salut l’artiste

Jacques Brachet

* » Bonjour les amis
Je suis ravi de vous voir toujours aussi nombreux à suivre l’émission les 300 CHOEURS sur France 3, une émission à laquelle je participe avec beaucoup de joie, tant j’aime les chœurs et les chorales de notre beau territoire.
D’ailleurs, sur toutes mes dates de tournée en église et cathédrale, j’aimerai inviter un chœur, une chorale de la ville ou de la région qui m’accueille afin de mettre en lumière votre talent !
Pour participer, c’est simple !
Envoyez votre candidature sur choeurs.vincentniclo@gmail.com avec vos coordonnées en ajoutant un lien youtube ou facebook ou encore un extrait audio et on vous recontactera si vous êtes sélectionnés.
J’ai hâte en tout cas de vous croiser sur les routes de France »
Bien à vous tous !

Vincent Niclo

Notes de musique

STÉPHANIE ACQUETTE – Chacun pour soi – Frémeaux & Associés (FA 8599) – 13 titres.
Stéphanie Acquette entre en musique dès l’âge de 8 ans par une pratique peu courante en France : Cornemuse et flûtes irlandaises. Puis elle apprend la guitare et la basse avec des musiciens russes et tziganes, plus des études au conservatoire de Créteil. La voici chanteuse. Si on y ajoute des études à Sciences PO, cela ne pouvait donner que quelque chose de bien : une artiste complète. Elle a fait ses classes dans différents  lieux dont les 3 Baudets, l’Eden, le Volcan, etc.
Une voix vibrante, pleine de charme et de tendresse, de décontraction, ou de punch, et toujours de l’élégance. Et elle chante vraiment, de vraies chansons, avec de bons musiciens et de bons arrangements. Musiciens divers selon les morceaux.
La chanson éponyme qui ouvre l’album « Chacun pour soi » pose d’emblée les qualités de l’artiste. Musique qui coule bien sur une bonne rythmique, paroles fortes : introspection, liaisons amoureuses ou amicales (ce qui en découle), histoire contemporaine, contradictions : Exemple «A croire que seul on n’est plus personne » alors que la chanson s’appelle « Chacun pour soi ». Bravo l’artiste ! Côté paroles on trouve de belles images de poésie : On ne risque plus rien / Que d’être / Un soupir avorté / Par un pas de côté. » Au fond toutes les paroles sont à citer, qu’elles soient de Stéphanie ou de Juan Tabakovic, c’est de la littérature qui donne des images de l’humaine condition et du temps présent, et qui poussent à penser. Les mélodies sont à croquer. Quelques rythmes latinos pimentent le parcours musical. « Je m’en vais » est assez emblématique l’art de Stéphanie Acquette. Avec elle on est dans la belle tradition de la chanson française.
NOGA – Songs That Light The Night – Evidence Musique – 11 titre
Chanteuse, pianiste, auteure, compositrice, improvisatrice, pédagogue, libre penseuse, fantasque, voyageuse de l’âme, c’est ainsi qu’on définit Noga (étoile du matin en hébreu), née à Genève, de parents émigrés d’Israël, élevée en plusieurs langue, elle travaille beaucoup sur le souffle et la voix. Elle a déjà plus de 10 albums comme bagage. « Elle cherche en tout cas à rétablir le lien entre le passé et l’avenir, le visible et l’invisible, pour vivre le présent à cœur ouvert. »
La voici avec son deuxième disque en hébreu, LEV, inspiré par des poèmes, des psaumes, des chansons traditionnelles. Les mélodies s’appuient sur des modes sépharades ou ashkénazes, me semble-t-il, mêlés aux gammes occidentales. Il en va de même pour les rythmes : orientaux, africains, pop. Le choix des instruments accompagnateurs : piano, sanza, flûtes diverses, synthétiseurs, violoncelle, théorbe guitare, contrebasse, sont constitutifs de ce creuset musical. On pourrait craindre un mélange extravagant. Il n’en est rien. Quelques exemples : « Shevet Hachayot » repose sur un rythme africain lancinant, la sanza dans le rôle de la kora. « Honneni » est tout à fait oriental. Etc.
Noga chante avec une voix solide mais flexible sur les modulations, chaude avec une pointe acidulée, du charme et de la conviction. Dommage que je ne comprenne pas l’hébreu pour goûter le sens des textes.
Ce disque vous emporte en plein dans la musique et la poésie sans frontières.
(Ne pas confondre NOGA avec la jeune Noga Erez)

LEO SIDRAN – What’s Trending – Bonsaï Music  (BON230302) – 13 titres
Léo Sidran est le fils de Ben Sidran, pianiste et chanteur de jazz éminent ; voilà qui aide à l’entrée en musique. Encore au lycée il joua de la batterie dans le groupe de son père, même dans les enregistrements, et participa à des shows avec des jazzmen, Richard Davis (b), Frank Morgan (s),et Richie Cole (s). ll est chanteur et multi instrumentiste : claviers divers, batterie, percussions, basse, guitare et vibraphone. Il étudia à l’université du Wisconsin, puis passionné par l’Espagne et sa langue il étudia une année à Séville. On retrouve cette influence dans toute sa production. (Ici dans « Everybody’s Faking Too ») Il vit maintenant à Brooklyn. Il est aussi producteur. Pour son huitième disque il a fait appel à 21 musiciens utilisés à la demande selon les morceaux.
Il possède une voix assez crooner,  chaude et charmeuse, comme celle de son père, mais un peu plus nasale. A noter une diction parfaite et de la douceur dans les inflexions.
Dans l’ensemble on peut dire que c’est du jazz, tant par les arrangements, les solos, même si la rythmique est assez rock sur les quelques tempos rapides. Ecouter « There was a fire » avec Mark Dover à la clarinette solo. C’est une valse lente à écouter allongé devant la cheminée. Le groupe est excellent dans les tempos lents, toute la nostalgie du slow « It’s All Right », ou encore, « Hanging by a Thread », c’est cela, on est pendu au fil du plaisir.
CHRIS CODY – The Outsider –  Chris Cody Music (CCM012) – 9 titres enregistrés en juillet-aôut 2022
Chris Cody est un musicien de jazz australien. Il joue et enregistre dans différents pays, notamment la France où Il a souvent séjourné. Après son diplôme en jazz du Conservatoire de Sydney et quelques récompenses, Chris Cody quitte l’Australie pour jouer aux Etats Unis et ailleurs dans le monde, partageant la scène avec les plus grandes « pointures » du jazz. Il compose également pour le théâtre, le cinéma et la télévision. Il doit être à la tête d’une dizaine de disques sous son nom.
Un jeu de piano (Chris Cody) enthousiasmant, lumineux, qui respire, avec des attaques tranchantes, une main gauche en appui avec des accords très personnels, sur une main droite qui chante. Ses compositions reposent sur de belles mélodies et les arrangements qui entourent et accompagnent les solos sont basés sur les cuivres, phrases toujours mélodiques, le plus souvent en tenues, avec des voicings très proches qui leur confèrent un son d’ensemble très riche. La rythmique swingue avec un vrai batteur de jazz (James Waples) qui donne le tempo, suit et relance, et une contrebasse (Lloyd Swanton) très souvent en contrepoint du piano. Ça roule tout seul.
A noter un ténor charnu (Michael Avgenicos), très en verve, un trombone (Alex Silver) au son grave et puissant, une trompette agile au son cuivré (Simon Frerenci), un percussionniste qui sait se fondre dans le drumming, et un oud au jeu très enlevé, très arabo andalou, comme « La Goutte d’Or », une petite merveille. On n’oublie pas le blues « The Truth », oui la vérité du jazz et un court piano solo « Reflection », un Chopin en mode phrygien!
Un disque parfait pour les auditeurs fatigués des complexifications d’un jazz trop savant, ou trop Musique du Monde. Partir de la source pour arriver à la mer.

Serge Baudot

Christian DELAGRANGE : entre musique et humanitaire

Ce chanteur à la voix d’or qu’est Christian Delagrange, a toujours fait partie de mon univers musical et amical.
De MIDEM en Rose d’Or d’Antibes, des tournées Âge Tendre à un certain « Stars en cuisine » à Saint-Raphaël où nous avons cuisiné… de concert, nous nous sommes toujours amicalement suivis, rencontrés, appelés.
Le voici qui revient avec un double album, l’un où il mêle anciens succès et nouvelles chansons, l’autre où il nous propose des duos, réels ou virtuels avec des gens qu’il a rencontrés sur son parcours de chanteur, qu’il aime et avec qui il a eu envie de partager une chanson.
Ça nous donne un beau double CD intitulé « Ensemble » (disques Wagram) qui sort ces jours-ci.

Christian, parlons donc de ces chansons qui nous rappellent tant de souvenirs. Comment s’est-il constitué ?
Comme tu l’as dit, de mes anciens succès, des reprises comme « Rosetta », « Sans toi je suis seul » « Tendre Cathy », que le public me demande à chaque fois et quelques autres, de cinq nouvelles chansons, plus une signée Claude Barzotti « Dessine-moi ces pages ». Sur le second, il y a des duos que j’ai enregistrés avec des gens que j’aime et d’autres qui sont des enregistrements virtuel, car c’est facile à faire aujourd’hui, pour rendre hommage à des artistes disparus.
On ne peut pas ne pas commencer par Patricia Carli qui a écrit des succès pour un nombre incalculable de chanteurs… dont toi !
Patricia, c’est un amour, je lui dois tout, dont « Rosetta » mon premier succès, Rosetta étant son vrai prénom. Avec son ex-mari aujourd’hui décédé « Léo Missir » nous avons toujours eu une complicité incroyable. Faute de se voir souvent, on s’appelle. Elle a toujours cette voix de petite fille et ce rire éclatant et elle devait partager ce CD avec moi. On a choisi une de ses chansons : « La vie n’est pas facile »
Une surprise : Gloria Lasso ! Ce n’est pas vraiment de ton époque !
(Il rit). Gloria Lasso c’est une rencontre, je dirai incongrue. Une rencontre à rebondissements.D’abord elle voulait acheter ma maison et voilà qu’elle se marie… avec le fils d’un copain !
Nous avons beaucoup ri ensemble, elle avait beaucoup d’humour et surtout une voix qu’on ne pouvait pas ne pas entendre. J’ai donc réalisé un duo virtuel sur un de ses succès : « Volare ».

Patricia Carli & Léo Missir

On retrouve Manu di Bango…
Manu est un ami des vaches maigres. Nous nous sommes connus alors que nous étions totalement inconnus et qu’avec Gérard Tempesti, on se partageait… un coc à trois ! On se disait que ça allait marcher pour nous. Et ça a marché, moi le chanteur, Manu l’un des plus grands sax existant et Gérard devenu producteur. Je suis très triste que Manu nous ait quittés et pour ce duo virtuel j’ai choisi « Le Sud ».
Bobby Solo… C’est la tournée « Âge Tendre » ?
Oui. On se connaissait peu mais à se voir tous les jours un lien d’amitié s’est créé. Un jour il me disait avec regret que la chanson qui l’avait fait gagner à l’Eurovision « Una lacrima sul viso », il ne l’avait jamais chantée en français. C’est Lucky Blondo qui l’avait enregistrée sous le titre « Sur ton visage une larme ». Il avait écrit cette chanson pour sa mère qui avait pleuré lorsqu’elle avait quitté la maison pour aller chanter. Du coup, c’est la chanson qu’on a choisie.
Evidemment, on retrouve le complice, Herbert Léonard !
On se suit depuis des années et on s’est aussi retrouvé sur la tournée « Âge Tendre ». Nous avons une grande complicité et nous avons choisi « A toutes les filles »  de Didier Barbelivien et Félix Gray.

Dave, Michèle Torr lors d’un concert à Pertuis

Bon, on ne peut pas évoquer tous les duos car il y en a 15, où on retrouve Fabienne Thibeault (Ainsi va a vie), Jeane Manson Les larmes aux yeux)(, Corinne Hermès (Pleurer des rivières) David-Alexandre Winter (Et maintenant), Sébastien El Chato (Vous les femmes)…
Mais parlons d’une chanson inédite signée Claude Barzotti : « Dessine-moi ces pages »
Avec. Claude, c’est une amitié très forte qui s’est développée, là encore sur « Âge Tendre ».
On ne s’est plus quitté et lorsqu’il a été très malade, j’allais le voir très souvent. Un jour je lui ai dit : « Finalement, tu n’as jamais écrit pour moi ». Alors il a pris sa guitare et a composé la mélodie, sur laquelle j’ai mis des paroles. Ça s’est fait très vite et je suis heureux qu’il soit sur cet album. C’est une chanson sur l’amitié et sur les problèmes de la vie.

Bon, parlons d’un sujet, loin de la chanson, qui m’a énormément surpris : En 2020, on te retrouve sur une liste municipale, ce à quoi je ne m’attendais pas !
(Il rit). Ne t’en fais pas, je ne me suis pas lancé dans la politique, je n’y comprends rien et ça ne m’intéresse pas. C’est trop compliqué pour un petit bonhomme comme moi !C’est un copain qui se présentait dans un village. Je me suis inscrit sur sa liste écolo, plus pour l’appuyer, parler du bien être des habitants que pour parler politique. Et puis j’ai déménagé et c’est là que cette éventuelle carrière s’est arrêtée !!!
Alors, parlons plutôt de l’association que tu as créée « Assistance Humanitaire Internationale (AHI)*
Ça, c’est plus dans mes cordes ! C’est une association qui a pour crédo : générosité, cœur, altruisme, humilité, empathie. Nous parcourons le monde pour créer des écoles, des maternités et plein d’autres choses dans tous les pays où l’on a besoin de nous, que ce soit en Afrique, en Inde ou ailleurs de par le monde.
Tu as le temps de t’en occuper ?
Oui, quelquefois c’est un peu difficile car je voyage beaucoup, je vais sur place pour vérifier ce qui se passe. Et je précise que c’est une association dont tout l’argent qui rentre des concerts, des manifestations et d’événements qu’on organise, est aussitôt utilisé dans l’association.
Nous sommes tous des bénévoles, tous les voyages que nous faisons sont payés par chacun d’entre nous. C’est la condition  siné qua non.
Avant la création d’AHI, j’ai été dans une association où nombre d’adhérents se faisaient payer frais et voyages. C’est pour cela que je l’ai quittée et qu’on a créé celle-là.


Des projets de concerts ?
Oh, il y en, a toujours, j’en fais une centaine par an et j’essaie de m’organiser au mieux.
Au fait, il y a longtemps que je ne suis venu chanter par chez toi.
Ça me permettrait de voir un peu la mer !

Avis aux organisateurs de concerts ! Et ça nous permettrait aussi de nous retrouver !
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier
*Assistancehumanitaire.org

Marcel… Tu vas nous manquer

Il est né le 1er avril 1929… Après ça, l’on comprend son esprit facétieux !
Il a traversé les décennies comme l’amie Annie Cordy, avec une pêche d’enfer. Les années glissaient sur lui, il a toujours été beau, svelte, jusqu’à la fin, ses cheveux avaient blanchi depuis si longtemps qu’ils faisaient partie de cette silhouette longiligne qui devenait, sur scène, un de ses atouts. D’autant qu’il a sauté, dansé et virevolté durant…plus de 60 ans !!!
Il faisait tellement partie de notre beau paysage de la chanson française que même nos grands-parents parlaient de lui. Lui, il en rigolait et à chaque concert il faisait un malheur, tout comme lors de la tournée » Âge Tendre » où il était plus jeune que nombre d’autres artistes qui avaient 20 ans de moins que lui. Il faut dire que, si sur scène il ne se ménageait pas, il suivait un régime draconien,
condition sine qua non pour continuer cette vie trépidante…
« Ordre de mon médecin après une petite alerte cardiaque… Mais rassurez-vous, tout va bien ! »
Il était disert, volubile et très heureux de vivre, de chanter, chose qu’il n’a jamais arrêté de faire, même durant « sa traversée du désert » en France, où on ne le voyait plus à la télé, poussé par… ceux avec qui il partagea la vedette sur la fameuse tournée et qui, à leur tour, furent poussés par des petits nouveaux… qu’on retrouve aujourd’hui sur la tournée !!! Il en a beaucoup ri :
« J’ai trouvé ça très amusant que l’on se retrouve tous sur un même programme… C’est un clin d’œil du destin !
Ce qui me fait rire c’est lorsque j’entends des gens dire : « Oh la la… il a pris un sacré coup de vieux, celui-là » ! Mais finalement c’était le principe même de cette tournée : que sont-ils devenus ? Comment sont-ils ? Le but était de faire entendre aux gens les chansons de leur jeunesse…. Et l’on vous parle d’un temps… comme disait son ami Aznavour ! Aznavour qui lui a écrit son plus grand tube « Le mexicain » sans compter que Brassens lui a offert « Le chapeau de Mireille »
Nos rencontres ont toujours été un grand plaisir. Il aimait raconter ses débuts

« Je suis « monté » à Paris en 51. J’avais un peu plus de 20 ans et je me destinais à un métier honorable », quelque chose comme enseignant. Mais très vite j’ai eu ll’appel du théâtre puis de la musique et on me voyait plus sur les planches du conservatoire que sur les bancs de la fac. J’ai donc décidé de quitter Bordeaux où il ne se passait rien à cette époque et de tenter Paris. J’ai eu quelques années un peu dures mais j’ai commencé à percer en 56, date de mon premier Olympia, et je suis vraiment devenu une vedette reconnue avec quelques tubes (qu’on appelait alors succès populaires !)… en 60 ! Voyez, on n’en est pas si loin. Et voyez pourquoi ça m’a fait drôle de chanter aux côtés de ceux qui nous ont chassés !
En 60, je n’avais quand même que 30 ans mais avec leur arrivée j’ai fait office de « vieux briscard » ! Tout est relatif !
Tu n’as  jamais arrêté ce métier ?
Non, jamais et j’ai eu du bol car, lorsque les contrats se sont mis à se faire rares en France, j’allais chanter en Allemagne, en Italie et beaucoup plus loin car je chante en huit langues. J’ai animé des émissions et fait beaucoup de galas et de disques ailleurs, entre autres en Italie. J’ai beaucoup parcouru la planète. Même aux jours les plus difficiles, j’ai pu résister et subsister avec ce métier. Je n’ai jamais arrêté de vivre de la chansonnette et puis, j’avais un autre violon d’Ingres : écrire. J’ai toujours écrit des chansons, des textes, des livres, même si je ne me considère pas comme un écrivain. Si je n’avais pas chanté j’aurais peut-être pu être écrivain ou journaliste ».
Il aurait pu mais il fut écrivain, ayant quelques livres à son actif dont son autobiographie : « Il a neigé… ».
Ton autobiographie a été longue à sortir !
Oh la la… Ca a été un long travail… C’est que je n’ai pas dix ans de carrière, mon bon monsieur !!! J’avais quelque deux mètres cubes de doc à compulser !
Lorsqu’il a été question que je fasse mes papiers pour ma retraite et faire valoir mes droits, ma femme a fait des recherches entre disques, programmes, articles de presse, documents divers… Après, il a fallu tout trier. Bien sûr que je ne raconte pas tout, il faudrait plusieurs volumes mais… il a fallu faire un choix ! Sans compter qu’il n’était nullement question que je raconte mes galipettes car ce n’est pas mon genre, même si je sais que ça plait au public »

Je suis de la génération dite «yéyé», mais, dans les années 50, j’étais bercé par les chanteurs que ma mère écoutait : Trenet, Cordy, Amont et autres.
Sans savoir que, des années plus tard, je deviendrais ami avec ces deux derniers…Et que je retrouverais les deux comparses sur les tournées «Âge Tendre» et fêterais avec eux leurs 80 ans. Tout ça ne nous rajeunit pas, ma bonne dame !
« Bleu, blanc, blond», «Tout doux, tout doucement», «Le clown», «Le chapeau de Mireille», «Le mexicain», «L’amour ça fait passer le temps»… Il en a fait des succès, le père Miramon… On n’appelait pas encore ça des tubes !
Le plaisir a été grand de partager ces tournées « Âge Tendre » avec mes deux plus vieux amis : Marcel et Annie
Et de le retrouver une dernière fois au Théâtre Galli de Sanary où il vint chanter.
Il avait alors 92 ans… Pardon… 91et demi, précisait-il en riant !
«Et toujours bon pied bon œil,  lui dis-je en riant de même après la répet’
Bon… disons-le vite… On n’est pas à un mensonge près ! Mais il ne faut pas s’attendre à ce que je fasse des galipettes sur scène… Ça, c’est fini.
On n’aura donc pas droit à ton légendaire équilibre sur la chaise, comme tu le faisais encore sur la tournée «Âge Tendre»… à 80 ans ?
Depuis, il s’est passé quelques années et je suis entré dans une zone de turbulence… Attention : je ne dis pas que je ne suis plus capable de le faire mais ça devient plus dangereux et, il faudrait quelqu’un pour me réceptionner au cas où je me casse la gueule ! Mais je vous jure que je peux encore le faire !

Ça te fait combien d’années de spectacles aujourd’hui ?
Professionnellement, 70 ans. J’ai commencé en 49 à Bordeaux, je suis «monté» à Paris en 50. J’ai galéré quelques années en chantant dans des bals, des cabarets, tous les lieux où je pouvais chanter.
Sans jamais être « démodé » comme le titre de votre dernière chanson !
Cette chanson, je l’ai faite car je ne supporte pas le mot «ringard» trop souvent employé pour des vieux chanteurs. A la limite, je préfère «Has been», c’est plus juste, on a été… et on est toujours là ! Je suis un ancien qui peut être possiblement démodé !
Mais tu chantes toujours, c’est bon signe !
Vous savez, l’énergie vient de l’intérieur et tant que je l’aurai, cette énergie, je continuerai.
Donc, on fêtera tes cent ans sur scène ?
Pourquoi pas… si je ne sucre pas les fraises !»

Malheureusement, il n’aura pas eu le temps de revenir fêter ses cent ans comme promis.
Je garde de lui des souvenirs magnifiques, de belles pintes de rires avec Annie, des repas où il nous passionnait de ses histoires, de sa vie, qui fut une musique perpétuelle.
Je ne l’oublierai pas

Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

Presqu’ile Jazz Impro
Duo Louis SCLAVIS-Bruno DUCRET

Le trio de passionnés (Guy Risbec, Irène Levauffre,Philippe Letimonnier) qui mène allègrement Presqu’île Impro Jazz, invitait en cette soirée du 4 mars 2023 un duo effervescent : Louis Sclavis (clarinettes basse et soprano) et Bruno Ducret (violoncelle).
La belle idée de Presqu’île Impro Jazz est de changer de lieu à chaque concert, afin d’aller avec ce jazz très pointu vers des publics différents. Cette fois on était dans la Halle 901, toute neuve, à Saint Pierre Eglise (près de Cherbourg). La salle était comble. Le public enthousiasmé ; la preuve, les musiciens offrirent trois longs rappels. Dès leur apparition les deux musiciens avaient déjà conquis la salle.
Louis Sclavis est sans conteste l’un des tout premiers clarinettes basse, peut-être le meilleur, et un très grand improvisateur. On ne le présente plus ; il enflamme les publics depuis près de 50 ans.
Bruno Ducret, lui, est encore peu connu. Il termine ses études en 2014 après être passé par plusieurs conservatoires. Il est né dans la musique puisqu’il est le fils de deux très grands improvisateurs bien connus dans monde du jazz, le guitariste Marc Ducret, et la contrebassiste Hélène Labarrière ; tous deux d’ailleurs sont déjà venus à Presqu’île Impro Jazz.
Dès les premières notes on entend que le violoncelliste est au niveau d’un concertiste classique, avec en plus la patte jazz. Il est l’homme orchestre du violoncelle, qu’il tient à la façon d’une viole de gambe, ce qui lui permet de jouer dans différentes positions, car il traite son violoncelle à la fois comme instrument mélodique et percussif, frappant peu la caisse, mais en jouant de toutes les possibilité des cordes, depuis les chevilles jusqu’au cordier. Il joue pizzicato avec les 5 doigts, tout en percutant les cordes en accord. On est époustouflé par tout ce qu’il peut jouer, sans jamais faire de « cirque ».
Louis Sclavis, statue du commandeur derrière sa clarinette basse, fut éblouissant. Un moment grandiose sur « l’Odyssée des Bysantins », ce fut comme si soudain on avait entendu le chant du muezzin. Il avait ôté le bec et chantait dans le bocal sur un mode bysantin ; c’était une caravane de musique qui passait sur la scène.

Leur fonctionnement est simple, on expose le thème tous les deux, et puis quand ça part en solo, l’un accompagne l’autre, de façon assez extraordinaire mêlant rythmique et mélodie. Sclavis avec ses claquements de langue sur la anche. A noter de sa part un long solo en souffle circulaire, ce qui étonne toujours un public non averti.
Ces deux musiciens puisent à des sources diverses. Louis Sclavis est plus essentiellement jazz, il y a du blues à l’intérieur. Il s’est créé un son et un style facilement reconnaissable et envoûtant.
Bruno Ducret en plus du jazz, joue également de la musique de chambre, du rock, de la musique folklorique, pour le théâtre, la danse. Il chante aussi. Lors d’un rappel il nous gratifia d’un traditionnel nivernais étonnant qui définit parfaitement la condition de la femme au temps de la paysannerie : « Je voudrais être mariée, j’irais p’t’être plus aux champs! Voilà la belle mariée, elle va toujours aux champs…elle voudrait être enceinte, accoucher, vieille…Elle va toujours aux champs…Morte, elle est
enterrée dans son champ. » Il le chante seul en s’accompagnant sobrement au violoncelle. Belle idée de reprendre ces chants anciens, ce qu’avaient fort bien réussi les Bretons en les mêlant à la Pop.
Un dernier rappel plein d’émotion et de douceur. Les deux musiciens s’assoient côte à côte pour un blues sobre et intimiste. Fulgurante ovation.
Un grand concert, qui prouve qu’il ne faut pas avoir peur de programmer de la grande musique, même pour un public non initié. Celui-ci sait reconnaître d’instinct le grand art.
Les musiciens arrivait de Bourg en Bresse et n’avait pas encore mangé. Comme quoi la musique permet tous les dépassements.

Serge Baudot

STONE : sa vie dans tous les sens

Ma première rencontre avec Annie Gautrat, (alias Stone) remonte à la tournée “Inventaire 66” qui réunissait Hugues Aufray, Michel Delpech, Pascal Danel, mais aussi Pussy Cat,  Karine, Noël Deschamps, les Sharks (Que sont-ils devenus ?). Ils en étaient tous à leur première tournée et Aufray, Danel, Delpech et Stone et Charden ont fait le chemin que l’on connaît.
De ce jour, on n’a jamais cessé de se croiser,de  se rencontrer, de se voir en tournées

Autre tournée mémorable de rires et de folie avec C Jérôme et Michel Jonasz et un Charden au pied plâtré mais chantant quand même. Il y a eu aussi une tournée avec CloClo et Topaloff qui n’était pas triste non plus.
Si, avec Charden, ce ne fut souvent pas très sympa, avec Annie ça a été l’amitié « A la vie à la mort »… Et ça continue !
Et si, depuis longtemps, c’était terminé avec Charden, on a continué à se voir, car Annie n’a jamais cessé de travailler, devenant comédienne, écrivant une biographie de cette période Stone-Charden qui, en fait, n’a duré que quatre années intenses avec retrouvailles du couple sur les tournées « Âge Tendre ».
Et la voilà qui s’est piquée au jeu de l’écriture et qu’elle nous offre sa « Vie dans tous les sens » (Editions Champs-Elysées) où elle nous parle de beaucoup de choses plus intimes, de sa vie de femme, de mère et pas du tout de sa vie d’artiste.
Elle vit aujourd’hui avec le comédien Mario d’Alba… que j’ai très vite adopté car il est, lui, sympa et drôle. Je les avais d’ailleurs invités à Saint-Raphaël pour « Stars en cuisine », où ils vinrent cuisiner un plat végétarien pendant que je cuisinais de mon côté avec Fabienne Thibeault.
Bon, le livre sorti, il fallait qu’on en parle !

« Alors Annie, tu t’es prise au jeu de l’écriture ?
Au départ, ce n’est pas voulu. C’est durant le confinement que je me suis remise à écriture. Petite déjà, j’écrivais mon journal intime. Je l’ai d’ailleurs retrouvé en rangeant des affaires. J’ai fait ça durant des années et en le relisant j’ai trouvé ça sans intérêt. Mais c’était enfantin et je racontais tout ce qui m’arrivait !
Ce que tu as fait là !
Oui, en écrivant au jour le jour ce qui me passait par la tête, comme ça venait, ce que je vivais avec ma famille, ma mère, ma belle-mère mais aussi mes souvenirs d’enfance et en parlant de plein d’autres sujets. Voilà pourquoi le titre « Ma vie dans tous les sens » !
Par contre tu nous parles de ta vie personnelle et pas de ta vie d’artiste !
Non, je l’ai déjà fait dans mon premier livre, ça n’avait plus d’intérêt d’y revenir.
Par contre au départ, je n’ai pas écrit pour en faire un livre. J’ai toujours aimé écrire et je le faisais pour le plaisir. J’adore aller dans les fêtes de livres pour y rencontrer les auteurs que j’aime. A la Fnac de Montluçon j’ai rencontré Dominique Filleton qui est écrivain et éditeur. Nous avons discuté et il m’a proposé de m’éditer. Ça s’est fait tout naturellement. Et puis, j’ai rencontré une responsable d’un salon animalier et comme j’ai toujours aimé et eu des animaux elle m’a suggéré de parler d’eux. Dominique a trouvé l’idée sympa et ce sera mon prochain livre !
Et écrire des chansons ?
Je n’ai jamais pu. J’ai essayé mais c’était lamentable ! Je suis juste arrivée à écrire un conte pour enfants.
Comment écris-tu ?
Comme je te dis, au jour le jour. Il me vient une idée, un souvenir et j’écris. C’est comme ça que j’ai écrit notre bio même si là, il fallait tout de même écrire dans l’ordre des événements que nous avons vécu.
Mais j’écris toujours sans aide d’ordinateur, je ne sais pas faire. Et c’est ma fille qui s’en occupe !

Dans ton livre, tu ne ménages ni ta mère, ni ta belle-mère !
Même si j’ai de bons souvenirs d’elles et surtout de ma maman adorée, elles ont fini très vieilles et malheureusement dans un triste état. A la fin, elles n’étaient plus les femmes qu’elles ont été et de les voir dépérir ainsi, perdre la tête, se faire dessous, engueuler tout le monde, ne pas vous reconnaître, on finit par espérer qu’elles disparaissent. Aussi bien pour elles que pour nous. Et en fait d’espérer cela, ça nous permet de rendre leur disparition moins cruelle.
Lors d’une des nombreuses discussions que nous avons eues, tu m’avais annoncé ta mort prochaine aux alentours de tes 70 ans… Tu les as passés… Et tu es toujours là !!!
(Elle rit) Oui et j’en suis très heureuse. C’est une voyante qui me l’avait prédit et je l’attendais sereinement ! Je suis ravie qu’elle se soit trompée.
Mais tu sais, dans ma famille, il y a toujours eu des médiums… Dans le Berry on les appelait des sorcières. Et ma grand-mère a été médium. Elle a même vu des choses qui se sont réalisées et elle me les a racontées. Ma mère, qui pourtant, était cartésienne, a été confrontée à des entités. Elle n’en parlait pas de peur de passer pour une folle.
Et toi ?
Moi ? Rien ! Ca a sauté une génération car il est arrivé à ma fille plein de choses étant adolescente. Je m’y suis faite, c’est une vieille habitude dans la famille !
Par contre, je suis persuadée qu’il y a autre chose après la mort et ça, ça vient de l’influence de ma mère. Comme celle de vivre et de manger bio. Déjà, elle tenait une boutique diététique, même si on ne parlait pas encore de bio. D’ailleurs, je n’ai plus jamais mangé de viande depuis quarante ans ! Et je ne m’en porte pas plus mal.
Une chose qui, dans ton livre, m’a fait marrer : ta nuit de noces avec Eric Charden… qui n’a pas été consommée !
Oui parce que, sa mère, qui était très excessive, ne supportait pas de le voir épouser une saltimbanque et le persuadait en même temps de quitter ce métier qu’il pratiquait aussi. Elle lui avait bourré le crâne. D’ailleurs elle s’enfuit juste après le mariage, sans rester au repas, et, se sentant coupable il a passé sa nuit… Dans la salle de bain à pleurer… Charmante la nuit de noces ! Déjà qu’il n’avait pas voulu me toucher avant le mariage… Ca faisait beaucoup. D’autant qu’il ne se gênait pas pour aller batifoler ailleurs ! Enfin, après, on s’est rattrapé !
Tu écris aussi une phrase incroyable : « Il faut que l’Homme disparaisse de la surface de la terre… » Ce n’est pas un peu excessif ?
(Elle rit encore) Je dis l’Homme en général peut-être pas tous les hommes parce qu’en fait, on a besoin d’eux pour la reproduction… Même s’ils peuvent aussi faire des garçons !
C’est un cercle vicieux  ton affaire !
C’est vrai  mais depuis toujours, l’Homme est tout-puissant, la femme est toujours derrière. Tous les malheurs de la terre viennent de l’Homme. OK, aussi de quelques femmes… C’est difficile tout ça !

Aujourd’hui s’est passé un triste événement : l’accident de Pierre Palmade qui, sous l’emprise de la drogue, a blessé et tué. Qu’en penses-tu, toi qui racontes avoir touché à la drogue ?
C’est terrible, ce qui s’est passé, monstrueux ! C’est vrai nous avons pris de la drogue et j’avoue que j’y ai pris du plaisir car on est déconnecté de la réalité, on est dans un trip agréable. Mais d’abord, le peu de fois qu’on l’a fait, on l’a fait à la maison et il n’était pas question de sortir, de prendre un volant. Ce peut être une expérience sympa à condition que ça ne devienne pas une habitude, que ce soit occasionnel car ça devient très vite un piège. C’est comme de boire trop. Prendre une cuite de temps en temps OK mais attention à l’addiction car alors ce peut être terrible. C’est ce qui s’est passé avec Pierre Palmade »…

Je vais laisser ma belle amie à ses chats et ses chiens… En attendant qu’elle continue à raconter longtemps d’autres histoires avec son humour et sa joie de vivre… Puisque la date de sa mort annoncée est passée !!!

Propos recueillis par Jacques Brachet


Une vague classique va déferler sur Six-Fours

Gérald Lerda, Fabiola Casagrande, Colette Gluck, Jean-Sébastien Vialatte

Foule des grands jours au Six N’Etoiles de Six-Fours. Non pas pour parler cinéma mais pour parler de la déferlante de musique classique qui va avoir lieu cet été dans trois lieux devenus aujourd’hui incontournables à Six-Fours : La Maison du Cygne, la Collégiale Saint-Pierre, la Maison du Patrimoine.
Le festival « La vague classique » se déroulera donc à la Maison du Cygne du 27 mai au 18 juin, puis la Collégiale prendra le relais du 1er au 19 juillet et enfin les concerts de la lagune se dérouleront à la Maison du Patrimoine du 2 au 16 juillet.
Ouverture en majeur le 2 avril à la collégiale St Pierre avec l’extraordinaire mezzo-soprano Cécilia Bartoli, qui sera accompagnée par l’ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi. Cécilia Bartoli qui sera parmi nous grâce à Colette Gluck, conseillère municipale déléguée à la culture de la Mairie de Toulon, amie fidèle du festival, précise le maire.
« Le besoin de culture – nous confie Jean-Sébastien Vialatte – a été immense durant le confinement mais en même temps, ça été pour nous l’évidence de recevoir, durant cet enfermement, ces artistes qui ne pouvaient plus travailler et qui ont été heureux de découvrir la Maison du Cygne dans laquelle ils veulent tous revenir ! Malheureusement, nous ne pouvons pas toujours recevoir les mêmes artistes, hormis les frères Capuçon qui sont un peu devenus les parrains du festival ».

C’est ainsi que chacun viendra pour deux soirées : Renaud, le 27 mai accompagné de Paul Zientara, alto, Stéphanie Huang, violoncelle et Guillaume Bellom, piano pour une soirée Mozart. Le 28 mai nous retrouverons les mêmes sauf Paul Zientara, mais complété par Violaine Despeyroux et Manon gay, révélation des Victoires de la Musique Classique 2022, violons, pour une soirée Brahms.
Quant à Gautier, il sera parmi nous le samedi 17 juin, soirée consacrée aux jeunes talents de sa fondation qui l’accompagneront : Anastasia Rizikov, piano, Sarah Jégou, violon, Lisa Strauss violoncelle. On retrouvera au piano Frank Braley l’un des pianistes qui a très souvent accompagné Gautier. Un autre de ses complices, le pianiste Jérôme Ducros, sera à ses côtés le 18 juin, soirée où un mélange savant réunira des musiques de son dernier album « Sensations » de « Singing in the rain » en passant « le magicien d’Oz », « Les moulins de mon cœur » « Les parapluies de Cherbourg » de Michel Legrand, « Mission » d’Ennio Morricone, « Hallelujah » de Léonard Cohen, « Quand on n’a que l’amour » de Brel… Entre toutes ces musiques célèbres, s’immisceront Brahms, Dvoràk, Puccini, Prokofiev… De beaux moments en perspective.
Autour de ces deux frères amis du festival, nommons les pianistes David Kadouch, Alexander Malofeev jeune génie russe, David Fray et bien d’autres artistes de renom qui, aujourd’hui disent oui sans hésiter au trio six-fournais, le Maire, l’adjointe à la culture Fabiola Casagrande et Gérald Lerda, collaborateur du cabinet du Maire.

Fabiola qui nous annonce une saison enthousiasmante à la Collégiale  qui fêtera son dixième anniversaire avec son complice Jean-Christophe Spinosi. Dixième anniversaire qui sera fêté le 16 juillet avec un magnifique concert de l’ensemble Matheus, Jean-Christophe y invitant la sublime contralto Maria Sala où Monteverdi, Vivaldi seront entre autres au programme. Vivaldi dont Jean-Christophe nous offrira « Les quatre saisons » le 18 juillet. Quant à la symphonie N°6, dite « la Pastorale » de Beethoven, elle sera au programme de la clôture du festival le 19 juillet.
N’oublions pas l’invité exceptionnel du 1er juillet : le ténor Rolando Villazon.
On ne peut pas vous citer tous ces programmes si riches et si divers que vous pourrez retrouver sur le site sixfoursvagueclassique.fr dont les abonnements sont ouverts.
Les concerts de la Lagune, concerts gratuits, démarreront le 2 septembre avec le premier lauréat de la Fondation Gautier Capuçon, le pianiste Kim Bernard. Nous retrouverons Benoît Salmon, violon e Pierre Laïk, piano le 9 et l’ensemble Meliphages et l’accordéoniste Julien Beautemps le 16.
« La vague classique – ajoute le maire » est une vague de magie, de bonheur partagé, qui aujourd’hui fait rayonner notre ville et fait d’elle une terre de culture ».

Jacques Brachet

Notes de Musique

ESPRIT JAZZ 01 – France Musique – Wagram 3425992 – Coffret 5 CD
Laurent Valéro anime l’émission « Repassez-moi le standard » tous les dimanches à 19h sur France Musique, émission dans laquelle il propose plusieurs versions du même standard. Il y a parfois plusieurs dizaines de versions. Pour ce coffret « Esprit Jazz » il a choisi des thèmes pour l’excellence de leur interprétation, parmi les centaines qu’il a présentés.
En 5 CD on a un florilège des standards les plus joués et les plus célèbres. C’est à dire 100 interprétations exactement. C’est un magnifique panorama permettant d’entendre quelques unes des riches voix du jazz moderne. On y retrouve des grands noms mais aussi des seconds couteaux qui brillent par leur excellence et ont leur part dans l’histoire du jazz. Ce sont ceux qui, pour différentes raisons, n’ont pas connu la célébrité, mais qui ont œuvré dans leur coin pour l’évolution et la gloire de cette musique.
C’est un éventail époustouflant. La majorité des tendances, des expressions s’y retrouvent, du lyrisme feutré de Ben Webster à la modernité de Richard Galliano, en passant par toutes couleurs de l’arc en ciel du jazz du XX° siècle.
Que vous soyez amateur confirmé, musicien, ou simple curieux, ce coffret est pour vous. C’est plus qu’une compilation, c’est un trésor du jazz dans le meilleur de son esprit. Et à petit prix.
AUREN IL S’EST PASSÉ QUELQUE CHOSE – 9 titres
Auren fut d’abord pianiste et guitariste, avant de se consacrer au chant. Elle fut marquée par le groupe Calexico, qui lui réalisa son deuxième disque « Numéro » à Tucson (Arizona). La voici à la tête de son troisième album, réalisé en collaboration avec Nicolas Dufounet, et dont elle a écrit et mis en musique les textes ;  le tout arrangé par Romain Galland. Elle dit « qu’elle s’adresse à la Terre comme à une putain qu’on écrase dans un Monde fini ». Dommage, les paroles des chansons ne sont pas du tout le reflet de cet engagement, si on excepte « Monde fini », très aéré, où elle chante la désespérance :« On aura vu la beauté du monde ». Ajoutons, ce n’est pas rien, qu’elle a fait les premières parties de Vanessa Paradis, Olivia Ruiz et Benjamin Biolay.
Une voix très sage, souvent nostalgique, avec quelque chose de Vanessa Paradis ;  des arrangements simples avec une rythmique mécanique de poids pour entourer  le chant d’Auren.
Elle chante la nuit, l’ennui, le souvenir. « J’ai eu mon heure, on m‘a aimée ». Par contre « Vivante » en duo avec Jeanne Cherhal chante l’espoir, sur des tenues efficaces de l’orchestre « Vois-tu comme je suis vivante…j’ai fain en moi ». Voilà un gage d’avenir pour cette jeune chanteuse.

BT93 – BT2033 – Dragon Accel / Modulator – 11 titres.
BT93 c’est Bernard Tanguy qui a d‘abord passé 10 ans dans le cinéma, il fut même nommé aux César. Dans ce disque il décrypte le milieu du cinéma, et il n’est pas toujours tendre, ni fair play, avec cependant des hommages comme celui à François Truffaut, « François, I miss You », morceau dans lequel il joue avec les titres des films de Truffaut, avec au piano Patrick Goraguer (qu’on trouve sur d’autres morceaux, également batteur et compositeur), le fils d’Alain qui fut l’un des premiers à composer et jouer du rock en France : « Fais moi mal Johnny » avec Boris Vian et Magali Noël.
Bernard Tanguy possède une voix bien timbrée, du charme, il chante parfaitement en place, entouré, encadré par des synthés, quelques effets de chœurs menés par Sainte Victoire, qui a aussi réalisé cet album, et chante agréablement en duo sur « Tu m’as aimé », le plus « chanson » du CD. La rythmique, plutôt basique et mécanique, est du genre Dance-Hall – DJ, mais colle au propos. L’auteur s’en prend au « CNC » pour ses tonnes de papiers avant d’obtenir quelque chose, ou rien. Et au « Boulet de l’art et essai », en en faisant un clan de l’entre soi (Mais les salles d’art et essai protègent le cinéma et donnent les films en V.O). On traverse divers atmosphères musicales, on se promène à travers des sentiments parfois contradictoires. Tout cela est sérieux mais ne m’enthousiasme pas.
JEAN-MICHEL PILC – SYMPHONY – Justin Time Records JTR 8632-2 – 10 titres
Jean-Michel Pilc est né à Paris en 1960, maintenant Américain. Il s’est mis au piano après avoir été impressionné par Martial Solal. Il joue et a joué avec une foule de grands noms, dès le début, avec Michel Portal, François Moutin, puis avec Roy Haynes, Michael Brecker, Dave Liebman, Marcus Miller, Biréli Lagrène, John Abercrombie, pour ne citer que les plus connus
En 2021, c’est après avoir assisté au Portugal à l’enregistrement de « Contradicto » du saxophoniste espagnol Xose Miguelez que Jean-Michel Pilc fut inspiré par les conditions parfaites des Studios OJM et la vue d’un magnifique Steinway qu’il se dit qu’il était temps pour lui de réaliser son nouvel album en piano solo. Jean-Michel Pilc : « Uniquement porté par la musique j’ai alors commencé. Lorsque l’inspiration s’installe, vous quittez le monde réel et la musique vous entraîne dans un nouvel univers totalement unique ».
Nous voici avec dans les oreilles un album digne des solos de Keith Jarrett, la même faculté d’improvisation sur le vif. Jean-Michel Pilc est un pianiste brillant, prolixe d’une grande invention rythmique et harmonique, avec une sonorité claire, des notes bien détachées même dans les traits les plus rapides. Il sait laisser respirer la musique, jouer du silence, comme sur les romantiques « The Encounter », ou « Understanding ou « Just Get up » assez impressionniste, relevé de coups de tonnerre. Il déclare explorer aussi les possibilités orchestrales du piano, comme par exemple dans « Discovery » ou « Not Falling This Time ». A noter un bel hommage à Xose Miguelez, « Waltz For Xose », qui est une sorte de valse fuguée.
Magnifique. Cinq étoiles, pour tout amateur de piano, jazz ou pas.

Serge Baudot

Notes de musiques

Delphine COUTANT  : 2 systêmes solaires ( LC6 – L’autre Distribution -11 titres)
Delphine Coutant, chanteuse, compositrice, musicienne, se définit comme une Trobairitz (femme troubadour) du XXI°. Que voilà un joli titre ! La voici pour son sixième album, parée des oripeaux de la fonction qu’elle s’octroie. Une voix qui rappelle un peu celle d’Anne Sylvestre, c’est dire un charme certain, avec une diction parfaite.
Elle se promène, relax, entourée de 8 musiciens et chœurs sur des arrangements fleuris qui entourent bien la chanson.
Delphine Coutant s’exprime dans un univers très particulier, et rare dans la chanson. On est dans le minéral, le végétal, l’hiver, la glace, la sculpture, la mythologie (Méduse, Pégase), les plantes rares. Elle sait bousculer la langue et les images assez surréalistes, exemple « …voir la montagne bouger/sur une plage bretonne/l’Himalaya sous les pieds/dans un salon de glace… »
A écouter pour sortir des petites histoires quotidiennes et faire un doux voyage incongru

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LOCO CELLO : Tangorom
(Well Done Simone ! Record – Abbaye de Noirlac WDS003 – 11 titres)
Le « Violoncelle en folie » c’est un trio avec François Salque au violoncelle, Samuel Strouk à la guitare et Jérémie Arranger à la contrebasse, auxquels, pour ce disque s’adjoignent des invités de marque : Biréli Lagrène et Adrien Moignard à la guitare. A la tête de plus de 40 disques et de multiples récompenses le trio Tangorom s’empare du tango avec plusieurs titres d’Astor Piazzolla, du jazz avec des morceaux de Django Reinhardt, et même le classique avec Robert Schumann.
Le disque s’ouvre avec « Oblivion », le tango de Piazzolla le plus sensuel, joué bien dans la tradition mais avec un son nouveau. Une « Csardas » (en deux parties)  avec la guitare dans le rôle du  cymbalum et le violoncelle dans un lyrisme à fond tzigane. Une réussite avec toutes les couleurs du genre. « Tears » de Django et Grappelli, et « Clair de Lune » de Django avec Biréli Lagrène et la contrebasse, du grand art. Le Schumann « Auf einer Burg », ou encore « La Prière » d’Ernest Boch, joués façon tango, permettent à François Salque d’extraire toute la force d’âme que peut exprimer le violoncelle dans toutes ses nuances.
Ce violoncelle n’est pas fou, ou alors fou de musique, pour notre plus grand plaisir.
Élodie RAMA : Constellations ( Label 10h10 – 11 titres)
Fille d’Hilaire Rama célèbre bassiste et chanteur de blues et de musique bretonne, voilà qui lui a permis de s’ancrer dans la musique sans frontières. Elle se réclame de la créolisation conceptualisée par Patrick Chamoiseau dont le poème « Frères migrants » est dit par une voix d’homme sur une rythmique, texte qu’on peut résumer par l’un des vers « Le combat de l’un est le combat de tous ». Ce qui fait d’elle une chanteuse engagée.  Vivant à Marseille elle se frotte au Hip Hop et fait sa place dans ce riche milieu multi culturel. Akhenaton vient en duo avec elle sur « Indigo ».
Un voix nasale acidulée, très particulière et assez étrange. Elle chante avec une décontraction à la Lana Del Rey, mais sans la sensualité ni la diction. Son chant repose sur de belles rythmiques parfois très riches. « Ko » est assez emblématique de son style. Elle se montre plus rock lent dans « Home », une autre facette de son style. Elodie Rama a déjà trouvé sa « façon » et a toute sa place dans la chanson d’aujourd’hui.

Serge Baudot

 

 

 

Notes de musiques

BAIJU BHATT & RED SUN. – PEOPLE OF TOMORROW (Neuklang NCD4269 – 15 titres)
Le violoniste Baiju Bhatt est né de père Indien (Rajasthan) et sitariste, et de mère Suisse. La vie s’ouvrait pour lui sur les mélanges. Ce qu’on retrouve dans sa musique qui repose sur un fond de musiques indiennes qui se mêlent à différents styles musicaux : musiques classiques, traditionnelles, rocks, orientales, vaguement jazz. C’est un arc en ciel de tours du monde, de tourbillons chatoyants, partagés par son groupe habituel : Valentin Conus (ss, ts), Mark Priore (p, clav), Blaise Hommag (eb), Paul Berne (dm), plus quelques invités de marque : Nguyên Lê (g), Raphëlle Brochet (voc) , Robinson Khoury (tb), Prabhu Edouard (tablas) et d’autres.
Baiju Bhatt  a étudié au Conservatoire de Lausanne et à l’École des hautes études de musique. Il découvre le jazz au piano, mais swingue au violon dans les bars. Il a également étudié avec Didier Lockwood et Jean-Luc Ponty ; le jeu de violon de celui-ci, et la sonorité de celui-là, sans parler, et surtout, des inflexions indiennes.
On a affaire ici avec une musique brillante, vibrante, reposant sur 15 nouvelles compositions du leader qui emportent aussi bien le groupe Red Sun en osmose totale qu’un joli nombre d’invités. A noter un morceau duo piano-violon pizzicato « Postlude » très réussi. Et encore le morceau titre, qui décale « The People of Tomorrow » dans lequel le violon marie l’indien au celtique.
Un disque pour amateur de mélanges savants. Mais à mélanger les cultures que restera-t-il à mélanger pour les prochaines générations ?

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LEHMANNS BROTHERS – THE YOUNGLING (vol 2
(Alhambra Studios Live session (10H36) – 5 titres)
Revoici le quintette de base des Lehmanns Brothers avec une kyrielle d’invités. Eux aussi sont des adeptes (air du temps oblige) du mélange des cultures musicales et des influences multiples. Ceci posé ils s’en sortent bien.
Un début à la Beatles. En 2012, cinq Lycéens d’Angoulême se réunissent dans un garage pour créer leur propre son en partant de  leur passion du funk et du hip-hop. Ce sont Clément Jourdan à la basse, Alvin Amaïzo à la guitare, Dorris Biayenda à la batterie, Jordan Soivin au trombone, Julien Anglade au chant et aux claviers.
Ils ont un son de groupe qui fait plaisir à entendre. Julien Anglade est à la charnière du funk, de la soul, du gospel et de Sting, dont il a hérité du timbre de velours et du charme, avec un excellent groove ; écouter par exemple « Rain ». Les Brothers ont su s’accaparer avec maestria des courants actuels, par exemple le Hip-Hop complètement renouvelé dans « Picture Perfect », ou le jazz avec « Far Into The Jungle’s Depth » où domine un beau solo de sax.
Les cuivres des invités, les chanteurs du chœur, tout ce beau monde se lance en background façon big band sur des tenues à l’unisson. Effets garantis, avec une rythmique défonce.
KIMYA ENSEMBLE – BETWEEN MIST AND SKY
(Urborigène Records 005 – Inouïe Distribution – 7 titres)
Amir Amiri (santour) et Olivier Marin (alto et viole d’amour) viennent de la scène montréalaise. A Paris ils fondent le groupe  Kimya en accueillant Roméo Monteiro (perçus indiennes) et Andrew Briggs (violoncelle). Ce quatuor de chambre mêle musiques classique et contemporaine européenne, du Moyen-Orient et de l’Inde. La pochette nous indique que Kimya signifie alchimie en Arabe. Reste à savoir si ces musiciens réussissent l’alliage des musiques pour obtenir de l’or ? Rien n’est moins sûr.  Entre « La brume et le ciel » je reste dans la brume.
Certes ce sont d’excellents musiciens, munis d’une technique sans failles et d’une culture musicale sans reproches. Mais je préfère l’original aux triturations Musiques du monde. Je ne suis pas compétent pour juger du rapport aux musiques indiennes, bien que je les aime beaucoup, ici ça manque de vie, c’est très, trop, appliqué. Seule l’interprétation de « Les folies d’Espagne » de Marin Marais, et « Habib » (parce que j’adore le santour) me titillent l’oreille.

Serge Baudot