Archives de catégorie : Musique

John GADE… « Je suis un éternel romantique » !

Il a tout du romantique : cheveux longs et frisés, regard sombre, tout de noir vêtu.
John Gade est cannois, il est pianiste, violoniste et à 27 ans, il a déjà une longue série de prix, de festivals, de concerts. Il vient de publier son premier album « Opium » (Scala Music) consacré à 8 sonates pour piano d’Alexandre Scriabine. Une petite merveille de douceur et d’exubérance, d’énergie et de mystère. J’avoue que ne connaissant pas ses œuvres, j’aurais pu penser à Chopin, par sa fougue et son romantisme qui va très bien à notre pianiste virtuose
J’ai voulu en savoir plus sur artiste talentueux.

« John, d’où vient ce nom qui, malgré votre naissance, ne fait pas très « cannois » ?
 (Il rit) Effectivement, il est américain pour le prénom et hébreux pour le nom.
D’où vous vient cet amour de la musique ?
Mes parents étaient mélomanes et j’écoutais beaucoup de musique grâce à eux. Mais j’ai eu le coup de foudre pour le Requiem de Mozart  à en devenir schizophrène. A tel point que je jouais à être Mozart !
Du coup je suis entré au conservatoire de Nice où, je me suis partagé entre violon et piano durant trois ans et où j’ai eu le prix. J’ai fait mes études de piano au Conservatoire National Supérieur de Paris où j’ai eu mon master J’ai commencé très vite à composer pour un trio avec piano à cordes. D’ailleurs lorsque je compose je suis synesthésique…
C’est-à-dire ?
Pour moi, chaque note, chaque instrument porte une couleur. La musique de Scriabine est pour moi quelque chose d’obsessionnel et de très coloré. Elle me fait voir beaucoup de couleurs car c’est pour moi elle est mystique, poétique, addictive, explosive… Narcotique et hypnotique ! D’où le titre de l’album « Opium » consacré à 4 sonates des plus emblématiques sous le label Scala Music. C’est vraiment une musique qui me transporte.
La découvrir a été un énorme choc, ça a nourri mon imaginaire. Ces sonates, cela commence en douceur, très romantique, comme un rêve contemplatif et peu à peu ça va crescendo, de plus en plus vite,  à la huitième ça devient très cosmique, c’est même diabolique !

Ce qui est fou, c’est que votre premier prix, vous l’avez remporté au concours international… Scriabine !
Oui, j’étais très jeune, et j’avais découvert le compositeur vers 18/20 ans. De ce jour j’ai alors délaissé les autres compositeurs que je jouais.  Il a cette âme russe romantique dans laquelle je me reconnais.
Vous avez eu de beaux professeurs au conservatoire national de Paris et vous avez déjà joué avec les grands.
Oui, j’ai eu la chance d’avoir Bruno Rigutto, Misha Katz, Igor Lazko, Denis Pascal, Franck Braley. Et j’ai joué sous la direction de Philippe Bender et Jean-Jacques Kantorov…
Vous êtes aussi allé jouer à Rome et au festival de musique de film. En avez-vous composé ?
Alors, j’ai joué au Palais Farnèse de Rome où j’ai été invité par l’Ambassadeur d’Italie. Puis en Sacile pour un festival de pianos prestigieux. C’était à la Grande Fabrique Fazioli où j’ai rencontré son créateur Paolo Fazioli qui m’a dit qu’il n’avait  jamais entendu un aussi bon pianiste depuis Trifonov. J’ai tes ses pianos devant lui pour en choisir un lors d’un concert. Quant au festival du film en question il s’est déroulé à Lambersart. C’est un festival de musiques de films muets et j’ai joué sur « A film Johnny » de Charlie Chaplin devant son petit-fils
Une belle rencontre.
Oui mais j’ai aussi rencontré le petit-fils de Rachmaninov…
Racontez
Etant cannois je suis allé au festival de Cannes, invité par un producteur qui devait faire un film sur ce compositeur. Il était accompagné du petit-fils de Rachmaninov et il m’avait proposé de jouer le compositeur jeune aux côtés d’Adrian Brody qui devait jouer le compositeur adulte. Le film ne s’est jamais fait mais j’ai eu le plaisir de rencontrer son petit-fils. D’ailleurs, je serai le 25 mai à la Scala de Paris pour « Opium » et un concerto de Rachmaninov sur le thème de Paganini, quoique tous deux de la même époque mais de tempéraments très différents.
Ce sera une version inédite pour piano et percussions avec Pierre-Olivier Schmitt.

Vous avez été invité dans nombre de festivals. Et obtenu de nombreux prix…
Oui, j’ai cette chance et je suis ambassadeur de la Fondation Banque Populaire. Et j’ai été invité dans de nombreux festivals.
Mon prochain concert sera le jeudi 3 avril à la Scala Provence d’Avignon. J’y interprèterai des extraits d »Opium » « La pensée des morts » de Liszt, la sonate N°5 de Scriabine et « Alborada del gracioso » de Ravel.
Des projets ?
Oui, mon second album « Mémento » dédié à Schubert avec David Moreau, toujours chez Scala Music John gade déjà un immense pianiste… Peut-être le verrons-nous un jour au festival « La Vague Classique » de Six-Fours ?
Jacques Brachet

DALIDA au « Grand Echiquier »… Désenchanté

MIDEM à Cannes

Lorsque il a été annoncé un « Grand Echiquier » consacré  à Dalida, moi qui l’aimais et la connaissais bien, j’ai été enchanté de voir qu’une telle émission de prestige était consacrée à une telle icône qui 38 ans après sa disparition, continuait à traverser les décennies, chantée par la jeune génération, étant présente dans nombre de films jusqu’à se retrouver en générique de « James Bond !
J’avoue donc que je m’attendais à beaucoup de joie et d’émotion avec une émission brillante, chaleureuse en la retrouvant.
Hélas, je fus, comme le dis Mylène Farmer, on ne peut plus désenchanté, d’abord parce que, rendant hommage à la chanteuse, je m’attendais à la retrouver avec des documents, alors que la grande absente de l’émission était… Dalida elle-même ! Quant aux chanteurs venus soi-disant l’honorer, à part quelques exceptions, ils ont massacré les chansons. Marc Lavoine, fringué comme s’il allait au sport, avec un survêt, des baskets rouges et un manteau dans lequel il nageait, a massacré « 18 ans » et en a fait une chanson gay ! Barbara Pravi a pas si mal chanté « Bambino », malgré ses croix noires scotchées sur les seins et les fesses à l’air. On a fait venir Dave pourquoi ? Le seul qui, à part Orlando, connaissait Dalida et a souvent chanté avec elle, n’a eu que deux minutes de paroles. Ne pouvait-on pas passer un duo avec elle ? Il y en a eu plusieurs chez les Carpentier. Et que dire de la mezzo-soprano Farrah el Dibany vêtue en choucroute-chantilly qui a fait de Dalida une chanteuse d’opéra. Emma Peters a chanté « Mourir sur scène » comme si elle-même allait y mourir à la fin. Alain Chamfort, lui, est juste venu faire la promo de son nouveau disque. Manoukian, lui, a fait du Manoukian en s’emberlificotant, comme à chaque fois, dans ses discours incompréhensibles. Même Orlando, qui est d’habitude volubile lorsqu’il s’agit de sa sœur, était comme éteint. Il faut dire que Claire Chazal ne lui a pas beaucoup laissé la parole.

En tournée
Rose d’Or d’Antibes
Hyères, dernière rencontre

Heureusement Luz Cazal, voix merveilleuse et émouvante a fait une merveilleuse version de « Fini la comédie » et Vladimir Kornéev qui a chanté « Le temps des fleurs » à la manière slave. Il a donc fallu deux étrangers pour vraiment honorer notre Dalida.
Il y avait plein d’autres personnes à inviter : Lara Fabian qui a merveilleusement chanté Dalida, ou encore Michèle Torr qui a fait une émouvante reprise de « Pour ne pas vivre seule ».
Il y avait le couple Lama-Dona qui a écrit et chanté « Je suis malade ». Il y avait Ibrahim Maalouf qui a consacré un superbe disque aux musiques de Dalida. Il y avait Catherine Rihoit qui, sur les instances d’Orlando, a écrit la biographie de la chanteuse « Mon frère, tu écriras mes mémoires ». Il y avait Lisa Azuelos (fille de Marie Laforêt) qui a signé le magnifique biopic « Dalida…
Bref, il y avait beaucoup de gens, en particulier des femmes, qui auraient pu être de cet hommage, plutôt que ces artistes qui ne l’ont pas connue et ont pour certains « estropié » ses chansons
Et du coup, on s’est cordialement ennuyé à cet hommage qui n’en était pas un et nombre de fans ont dû être déçus.
Moi en premier.

Texte et photos Jacques Brachet

Olympia

Herbert LEONARD : Ce fut un plaisir

Nous sommes en 1968, en plein dans les années dites « yéyé » et voilà qu’un chanteur beau comme un dieu à la voix puissante débarque dans la chanson.
Herbert Léonard qui fait aussitôt un tube avec « Quelque chose en moi tient mon cœur », suivi de « Pour être sincère ». Il devient une des idoles des jeunes et de « Salut les copains ».
Le succès de ce chanteur prometteur va se fracasser avec un accident de voiture qui va le laisser dans un triste état.
Il ne reviendra pas sur le devant de la scène et changera de métier. Il deviendra journaliste spécialisé dans l’aviation, sa passion.

Première rencontre

Mais voilà qu’arrive une certaine Vline Buggy. Elle est parolière et a signé de nombreux succès pour CloClo dont le fameux « Belles, belles, belles » et de nombreux autres jusqu’au presque dernier « C’est comme ça que l’on s’est connu ». Mais elle a signé plein de tubes pour d’autres chanteurs : Sardou « Et mourir de plaisir », Hugues Aufray « Céline », Johnny Hallyday « Le pénitencier… Chamfort, Vartan, Nicoletta, Pétula Clark, Hervé Vilard, et même Paul Anka et bien d’autres, dont Anne-Marie David qui gagne l’Eurovision  en 73 avec « Tu te reconnaîtras.
Je la rencontre pour la première fois aux disques Flèche, y allant voir Claude François.
De son côté elle rencontre en 70 un animateur compositeur nommé  Julien Lepers et ils commencent à écrire des chansons. Mais à qui les donner ?

C’était de l’eau !

C’est alors qu’Herbert refait surface et ils décident de faire un album pour lui. Album dont aucune maison de disques ne veut entendre parler, Herbert ayant disparu depuis trop longtemps. Du coup, Vline décide de produire son album dans lequel il y a entre autres « Pour le plaisir » qui, dès sa sortie sera un carton.
Ils décident de partir en tournée et c’est là que je retrouve Vline et Herbert et fais connaissance avec Martine Clémenceau et Julien Lepers.
La tournée est un vrai succès et remet Herbert sur les rails qui va se retrouver en tête des ventes avec des chansons comme « Puissance et gloire », de la série « Chateauvallon » ou encore « Amoureux fous » en duo avec Julie Pietri.

Je les retrouverai tout au long des tournées « Âge Tendre », toujours aussi beaux, aussi sympathiques et avec Herbert, on se retrouve comme sur la tournée 70.
Entre les deux spectacles de la journée, on a le temps de manger ensemble, de discuter, de rire car Herbert était un joyeux drille. Nous avons passé des heures à rire avec Patrick Topaloff que je retrouvais aussi après une tournée avec Stone et Charden, C.Jérôme, Michel Jonasz, Charlotte Jullian. Qu’est-ce qu’on a pu rire avec tout ce beau monde. Quelquefois, Julien Lepers venait le rejoindre sur les tournées Âge Tendre, s’emparait du piano et c’était la folie.
On a appris son mal en espérant qu’il s’en sortirait mais hélas le cancer ne l’a pas lâché.
Encore un départ de ces belles tournées, quelques jours après Jean Sarrus des Charlots.
Mais je garde de jolis souvenirs d’un garçon d’une grande gentillesse qui savait survolter les foules avec sa voix de velours et son charme incontestable.

Jacques Brachet
Photos Christian Servandier & Jacques Brachet

Jean-Pierre SAVELLI… Et Peter redevient Jean-Pierre

Il s’appelait Jean-Pierre Savelli, Puis il s’est appelé Peter et le voici redevenu Savelli.
De l’eau a coulé sur les ponts depuis que ce jeune toulonnais est parti conquérir Paris et a rencontré un certain Michel Legrand qui a décidé de le produire.
Michel Legrand avec qui il a gardé jusqu’au bout des liens d’amitié et avec qui il a travaillé tout au long de sa vie, épisodiquement.
Après avoir eu une vie on ne peut plus remplie, le voici, depuis quelques années, revenu plein d’usages et raison dans sa ville natale. Mais ne croyez pas qu’il y soit revenu prendre sa retraite car il n’a jamais autant travaillé, entre spectacles divers, CD tout aussi divers et même un livre qui sortira à la fin du mois.
Il y a presque soixante ans qu’on se connaît, qu’on a sillonné la France en tournées et galas et maintenant qu’il s’est posé chez nous, il était temps qu’on prolonge cette amitié par un portrait d’un artiste à la carrière incroyable.
On aurait dû le retrouver au Théâtre Galli de Sanary ce 26 janvier mais un problème de nodules sur les cordes vocales a dû repousser le concert-hommage à Michel Legrand qu’il nous proposait. Ce n’est que partie remise et si pour l’instant il ne peut plus chanter, il peut à nouveau parler… On en profite !

Avec Eddy Barclay,
Rose d’Or d’Antibes
Avec Nicoletta & Patrick Juvet
au MIDEM
Avec Sloane… Envie de rien, besoin de toi
Avec Michel Hidalgo…
Les rois du sport !
Avec Michel Orso,
deux toulonnais en vadrouille
France-Italie : Avec Bobby Solo

« J’avais trois semaines de répétitions avec les musiciens, du coup, tout est remis en question.
Mais ce n’est que repoussé ?
Oui, j’espère pouvoir jouer avant la fin de la saison.
En attendant, on peut parler d’une activité débordante,
Oui, il y a un coffret de trois CD qui retrace tout ce que j’ai pu faire. Il est sorti chez Marianne Melody grâce à Mathieu Moulin qui a fait des recherches et qui a dû surtout jongler avec les maisons de disques sur lesquelles j’ai enregistré pour avoir les droits. C’est un travail de Titan car il a dû se battre avec certaines et fouiner pour retrouver certains enregistrements que les maisons de disques ne voulaient pas donner au départ. Il m’a même retrouvé des versions italiennes, espagnoles, japonaises et des chansons chez Barclay qui n’étaient jamais sorties. Et puis il a même sorti un album de 18 chansons de mon père, Carlo Cotti.
Comment est née cette idée ?
C’est une idée de Mathieu que j’ai rencontré il y a deux ans sur un concert de chansons françaises des années  60 à 80 auquel je participais et il m’a proposé ce projet auquel évidemment j’ai tout de suite adhéré et à la fin c’est un bel objet qui retrace toute ma carrière.
A côté de ça, tu travailles comme un fou, même depuis que tu as définitivement quitté Paris depuis quelques années !
Je suis revenu définitivement à Toulon en juillet 2017. J’ai ma maison de productions Minuit 10, je fais pas mal de concerts, un peu partout, en solo avec différents spectacles que j’ai montés, il y a aussi, les spectacles que fait ma femme, Sandry, sur les comédies musicales, les spectacles Cabaret, auxquels je collabore, le dernier étant étant « Les décennies » un spectacle qui commence des années 1950 jusqu’aux années 2000,  avec des chanteurs, des danseurs, des musiciens, un transformiste, des sosies… Quatorze personnes sur scène. On fera une tournée cet été. On a monté ensemble les ateliers de comédies musicales pour les enfants, les ados, les adultes, Sandry a monté des cours de zumba et un nouveau cours « Ladies Style », des femmes qui viennent danser en talons et qui a un succès incroyable.
Les cours se font pour certains à la Valette, d’autres à Solliès-Pont. Et le samedi, lorsqu’on n’est pas en concert, on est en studio, où on fait travailler nos élèves avec du vrai matériel, où ils découvrent leurs voix.

Tournée « Âge Tendre » avec Sloane et Jean-Jacques Lafon

Avec tout ça un CD de seize chansons et un spectacle-hommage à Michel Legrand.
Michel, comme tu le sais, a été au départ de ma carrière dans les années 70, c’est lui qui m’a écrit et produit deux disques : « Peau d’Âne » et « Un goût de soleil, de pomme et de miel ».
L’an dernier je suis contacté par le réalisateur David Herzog-Dessites qui me propose de participer à son film-hommage avec une petite interview  et une chanson de Michel que je chante. Il a choisi « Il était une fois l’espace ». Il me dit «  s’il y a quelqu’un de crédible pour chanter Legrand, c’est toi ». Pourquoi pas ? Du coup j’ai monté un spectacle autour de chansons de Michel, celle que j’ai chantées, d’autres que j’aime, j’ai pris des musiciens du conservatoire de Toulon, une choriste et j’ai enregistré 14 chansons dont « Un parfum de fin du monde »  du film de Lelouch « Les uns et les autres », « Mon amour sans concession, sans mensonges » que m’avait écrit Michel pour le festival de Tokyo, les musiques des « Demoiselles de Rochefort, « Les parapluies de Cherbourg » et des succès comme « Les moulins de mon cœur », « L’été 42 », « La valse des lilas » et quelques autres. De nombreuses dates commencent à arriver.
Pourquoi n’a-t-il pas continué à te produire ?
D’abord parce que je suis parti 16 mois au service militaire et lorsque je suis revenu, il commençait à travailler aux Etats-Unis. Comme sa maison de production était un petit label, il a arrêté. Mais nous avons toujours gardé le contact et il a souvent fait appel à moi.
Il avait sorti cinq 45 tours de moi quand même. Il m’a recommandé chez Barclay et mon premier disque « Ciel » a gagné la Rose d’Or !
Mais beaucoup, soit ne connaissent pas Michel Legrand soit ne savent pas que c’est moi qui ai chanté certaines de ses chansons. On me dit alors : « Ah, c’était vous ? ». Je l’ai tellement entendu que ça failli être le titre de mon livre. Finalement on a choisi « Regarde, le jour se lève » car c’est plus sur cette intro de « Besoin de rien, envie de toi » qu’on me connaît.

Alors, justement, ce livre…
… Il sortira le 15 mars, distribution sur Amazon ; j’y parle de ma vie, de Toulon, du stade Mayol, des sportifs avec qui j’ai joué comme Ginola, Olmetta… Bref, je parle de toutes les aventures que j’ai vécu tout au long de ces nombreuses années, mes rencontres avec Michel, ma belle aventure avec Claude-Michel Schonberg avec qui j’ai fait la comédie musicale « La révolution française », Barclay et la Rose d’Or d’Antibes que j’ai gagnée avec « Ciel », les tournées Renzulli où nous nous sommes rencontrés, toutes mes rencontres qui ont semé ma carrière, ma famille bien sûr et mon père Carlo Cotti qui était chanteur.
Il y a donc eu aussi « La Révolution Française »
Un jour en 73, je terminais une tournée avec Serge Lama, Claude-Michel Schonberg et Alain Boublil me contactent, me proposant de faire un casting. Ils cherchaient des voix pour la comédie musicale orchestrée par Jean-Claude Petit. Ils m’ont joué au piano « Charles Gauthier », « Les droits de l’Homme », j’ai fait ma voix… Ils m’ont choisi et on a enregistré le double album. C’est un magnifique souvenir et c’est dommage que ça n’ait pas pris autant que « Les misérables » du même Schonberg, car il y a de merveilleuses chansons. Et puis on retrouvait Bashung, Chamfort, les Martin Circus, les Charlots, Antoine, Daniel Balavoine, Jean-François Michaël, Jean Schulteis, Claude-Michel Schonberg… Il y avait du beau monde dans cette aventure !
Après ça, il y a eu la série des mangas !
Figure-toi que je suis dans un bureau de la maison d’édition Intersong qui me fait signer un contrat d’édition, il produisait Noam, qui avait alors 13 ans, m’invite dans son bureau où tu croisais alors Patrick Bruel pas encore connu, Alain Prescurvic qui allait travailler avec lui, Renaud entre autres. Il m’appelle pour me faire enregistrer la suite de « Goldorak » dont le premier avait été chanté par Noam. C’était la version japonaise… Une catastrophe. Je refuse. Du coup il va chercher Pascal Auriat pour refaire les titres avec Pierre Delanoé. Là, ça prend tout de suite une autre tournure et j’accepte pour les deux et trois. Mais ma productrice, Carla, refuse que je les chante. Du coup, je le ferai quand même sous le pseudonyme des Goldies.

Pourquoi ce nom ?
Tout simplement parce que je vais boire un café en bas des bureaux et qu’il y a une bijouterie qui s’appelle Goldies. Voilà… J’avais trouvé le nom ! Après on a quand même su que c’était moi qui chantait. On a vendu 1 million 800.000 45 tours !
Tu viens aussi de ressortie un CD des dessins animés !
J’ai repris tous les génériques que j’avais enregistrés et des reprises d’autres mangas. Je suis invité dans tous les salons mangas et j’en vends à chaque fois des centaines !
Il y a quatre/cinq ans, jérémy Cerrone, le fils de Marc me dit qu’il veut produire un spectacle sur Goldorak et me demande venir chanter mes génériques. Il a rempli le grand Rex. 2500 personnes l’après-midi, 2000 le soir ! Il a récidivé avec le même succès. Les gens viennent avec les costumes de Goldorak et ils achètent tous l’album !
Bon, difficile de ne pas parler de Peter et Sloane !
Déjà, lorsque le 45 tour sort vous êtes tous les deux de dos !

Toujours pareil : Carla ne veut pas entendre parler de ça, du coup, on le fait quand même en se servant du pseudonyme : Peter pour Pierre et Slow, sur un titre que j’avais écrit et Anne.
Il y a alors eu l’avènement de Canal + et la création du Top 50 où nous avons été les premiers durant quatorze semaines, puis troisièmes et encore premiers durant neuf semaines.
Aujourd’hui on donne un disque d’or pour 50.000 ventes, nous c’était un million et platine deux millions ! Ce sont des scores qui ne se font plus sauf chez les stars américaines. Du coup, après déjà 3.000 45 tours, la prod a tourné la pochette !

Et ça a duré combien de temps ?
Le disque est sorti en 84, tournée en 85 avec Michel Leeb on a fait un album de six titres mais ça n’a rien donné. En 2011 On a fait la tournée « Âge Tendre » puis « Stars 80 », accompagnée par les deux films. Mais j’avais envie de reprendre mon nom et de redevenir soliste. Je n’étais pas heureux, on ne se parlait plus et se retrouver à deux, main dans la main, j’en ai eu marre et j’ai repris ma liberté. C’était en 2016. Terminé.
Depuis, avec ma femme on est revenu ici, on fait plein de choses, on est très heureux dans notre vie.
Travailler sous le ciel bleu, que demander de mieux ? »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon & Jacques Brachet

En famille !

Andrée BONIFAY… En souvenir de Fernand

Andrée Bonifay, c’est une boule d’énergie qui ne reste pas cinq minutes en place, qui a mille idées à la seconde, qui est une femme multitâches, qui passe son temps à créer, animer, s’occuper de différentes animations, peindre ; femme on ne peut plus passionnée, volubile, défendant aussi bien les gens dans le besoin que la chanson française qui est sa passion.
Passion aussi pour son petit cousin, auteur, compositeur de près de trois mille chansons et dont elle porte le nom : Fernand Bonifay.
De Johnny Hallyday à Dalida, de Pétula Clark à Michèle Torr, d’Annie Cordy à Bourvil, de Luis Mariano à Georges Guétary, de Georges Brassens à Maurice Chevalier, de Sacha Distel à Henri Salvador, de Frank Alamo à Richard Anthony, de Gloria Lasso à Sidney Bechet… Bon on arrête là car on ne peut pas citer tous les artiste qui l’on chanté sur plusieurs génération.
« Souvenirs, souvenirs », « Maman la plus belle du monde », « Je me suis souvent demandé », « 24.000 baisers », « Jambalaya », « Romantica », « Petite fleur »… Là encore je m’arrête car la liste des succès est longue.
Qu’il soit auteur, compositeur ou les deux, la vie de Fernand Bonifay est émaillée de ce qu’on n’appelait pas encore des tubes mais des succès.
Ce seynois né en 1920 et décédé en  1993, est encore vivant dans l’esprit des gens d’un « âge certain », ses chansons vivaces et Andrée en est l’artisan, tant elle se démène pour qu’il soit toujours présent dans la chanson française car les chansons sont toujours là, longtemps, longtemps après que l’artiste ait disparu. Et elle le fait savoir.
Son appartement est rempli de photos, de disques, de partitions, d’articles de presse, d’écrits d’artistes, de quoi constituer un musée.
Andrée a pris en main l’association « Les amis de Fernand Bonifay », à la suite de Jacques Suzanne qui l’a créé et elle y anime des conférences, des rencontres, des soirées dansantes et fait venir de jeunes chanteurs d’aujourd’hui pour interpréter les chansons de son cousin, avec des orchestrations qui en font des chansons intemporelles. Elle en a même fait un CD qui prouve l’intemporalité de ces chansons remises au goût du jour.
Elle méritait bien un portrait, même si, depuis les décennies qu’on se connaît, j’ai déjà eu l’occasion de le faire.

« C’est vrai que j’ai très peu connu Fernand. Je suis peut-être celle de la famille qui l’a le moins rencontré…. Mais qui le connaît le mieux et qui en parle le plus !
Pourquoi ?
Je me suis prise de passion pour lui, pour son répertoire. Lorsque j’étais petite, mon père chantait ses chansons. Il se cachait de mes grands-parents pour les chanter Mais déjà, j’aimais ses chansons. Il faut savoir que les Bonifay, c’est une grande famille très nombreuse et éclatée, il y avait toujours des histoires de famille. Sa tante Jacqueline avait un peu la main mise sur lui, du coup j’ai entendu parler de lui par hasard, lorsque je travaillais au service des eaux : un jour il appelle le service pour un problème, il se présente : « Je suis Mr Bonifay et j’ai un problème ». Je lui réponds « Je suis Andrée Bonifay, je suis votre cousine et je vais essayer de résoudre votre problème ! ». C’est ainsi qu’on s’est connu. Nous avons eu le temps de nous rencontrer quelquefois puis il est tombé malade et il a disparu.
Du coup, j’ai commencé à découvrir ses chansons, je me suis prise de passion.
Jusqu’à créer l’association des Amis de Fernand Bonifay ? Non, c’est Jacques Suzanne qui a créé l’association en 2003, que j’ai reprise en 2011 lorsqu’il s’est arrêté. On avait déjà fait l’inauguration du chemin en 2001 et grâce à l’association, j’ai fait des connaissances qui m’ont permis de découvrir des côtés du personnage que je ne connaissais pas, comme d’apprendre qu’il avait un diplôme d’aviateur que j’ai retrouvé sur Ibay !
A l’époque, tu n’avais rien de lui ?
Que quelques photos et des coupures de journaux afin de le découvrir sa vie d’artiste. Peu à peu, en cherchant, je trouvais des photos, des interviewes, entre autre celle de Jacqueline Lenoir où il raconte pourquoi il est né à Paris.
Il n’est donc pas né à la Seyne ?
Non. Son père était cheminot, il voyageait souvent et il était à Paris lorsqu’il est né. Mais la maison familiale était à la Seyne. On l’a d’ailleurs mis en internat et il était déjà un peu rebelle… Tu vois de qui je tiens ! D’ailleurs Jacques Suzanne me fait un immense plaisir lorsqu’il me dit : « Tu es aussi casse c….s » que ton cousin ! Comme lui, je suis perfectionniste à l’extrême. Lorsque j’organise quelque chose, il faut que ce soit toujours au carré… Même si ça me stresse !

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Donc, tu découvres Fernand et tu commences à collectionner…
…Tout ce que je trouve sur lui, je commence à découvrir ses chansons. Il faut dire qu’il y en a plus de 2.300 dont 120 Succès. Internet m’a beaucoup aidé. J’ai récupéré des tonnes de partitions, d’articles, de documents, de courriers. On m’en a beaucoup donné aussi
Tu savais qui chantait quoi ?
Pas forcément car il y a des artistes que je ne connaissais pas comme Yvette Giraud qui chantait « Je me sens si bien ». Mais ma chanson préférée est « Je me suis souvent demandé » que chantait Richard Anthony. Dalida a beaucoup chanté de chansons de Fernand, « Romantica », « Je pars », « Tu n’as pas très bon caractère »… Michèle Torr a fait une merveilleuse interprétation de « Jimbalaya » qu’ont aussi chanté Mireille Mathieu, Hugues Aufray, Eddy Mitchell, Lucienne Delyle… Nombre de chansons ont été reprises par plusieurs chanteurs et chanteuses. Comme « Maman, la plus belle du monde »… Roberto Alagna, Dalida, Henri Salvador, Mathieu Sampéré, Luis Mariano, André Claveau, Vincent Niclo, Karen Cheryl, Tino Rossi, Michèle Torr… Et j’en passe.
Ils savent que ce sont des chansons ou des paroles de Fernand ?
Pour certains, je ne crois pas. Tu sais les auteurs et compositeurs sont des artistes de l’ombre. On dit que c’est la chanson de tel chanteur, rarement de celui qui l’a écrite ou composée. Ce sont ceux que l’on oublie le plus vite. On se souvient de la chanson, de celui ou celle qui la chante mais pas de leurs créateurs.
Fernand a commencé d’écrire à quelle époque ?
Très jeune, à l’école mais il a vraiment commencé à écrire à 15/16 ans, dans les années d’après-guerre et il a continué jusqu’à sa mort.
Tu as une photo de Fernand avec Brassens. Etaient-ils amis où ont-ils travaillé ensemble ?
Ils ont écrit « sur mon phono ». A la base, je crois qu’elle était écrite pour Bourvil qui l’a chantée. Chez Bourvil le titre est « Mon vieux phono ». Mais ce sont les mêmes paroles. Pour Bourvil il a aussi écrit « T’épier »… Tu vois le jeu de mots ?! Il adorait les jeux de mots et a été à bonne école car il a fait de l’art dramatique avec Raymond Devos.

Alors, tu as réalisé un CD avec la jeune génération !
Jacques Suzanne était encore président de l’association et lorsque j’ai annoncé que je voulais faire un CD. Personne n’a cru cela possible ! Je suis allée voir Fred Ambroggi de la Fabrique Sonore qui m’a dit qu’il allait m’aider, j’ai rencontré de jeunes chanteurs comme Laurent Lenne, Jennifer Marchiona, Cyril Wajnberg, Gilles Gaignaire et quelques autres artistes de la région et le CD est sorti sous le titre « 20 ans après »
Tu as dû avoir nombre d’apprentis chanteurs pour le disque.
Oui, j’en ai même eu un qui se prenait pour Mike Brant, il avait une assez belle voix mais il chantait faux et est arrivé tout de blanc vêtu… La chanson était un carnage ! Il s’est présenté à « The voice », bien sûr il n’a pas été retenu et… il s’est pendu dans la loge !!!
Aujourd’hui, donc, tu continues ?
Dans la mesure de mes moyens, le Covid a bousculé pas mal de choses, la salle Guillaume Apollinaire est fermée, louer une salle – et il y en a peu ! – devient très cher mais bon, je continue tant que je peux faire des choses. J’ai beaucoup mis de ma poche mais je me faisais plaisir. Et surtout, j’ai fait connaître Fernand que personne ne connaissait dans sa propre ville. Pour moi, c’est une belle satisfaction. Mon rêve serait que la Seyne fasse quelque chose… C’est peut-être naïf, par contre, je ne crois pas que ça intéresse beaucoup la ville. Qu’est-ce que je vais faire de tous ces documents ? Je ne sais pas…
Tant que je suis là, ça va… Mais après ?
A qui vont les droits d’auteur de Fernand ?
Ils tournent pendant 70 ans après la mort de l’auteur et ceux de Fernand vont à… sa compagne qu’on a découverte ! Déjà personne ne savait qu’il avait été marié, entretemps il avait divorcé et s’était mis en ménage avec une autre femme qui a hérité de tous ses biens et de ses droits d’auteur. Toute la famille a été en procès pour détournement de l’héritage.
Moi, je ne l’ai jamais rencontrée, elle ne m’a jamais fait d’histoire… et pour cause, puisque chaque fois que je fais quelque chose, c’est elle qui encaisse !
Ce que j’ai su plus tard c’est qu’au départ l’association avait été créée pour le procès. J’ai tout de suite mis le holà car ce qui m’intéressait c’était de faire connaître le patrimoine de Fernand, pas d’entrer dans ces combines.
Ce qui me fait plaisir, c’est d’avoir pu nommer une rue à la Seyne et une à Six-Fours, entre Jacques Brel et Edith Piaf et de faire connaître son œuvre. »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon et collection personnelle d’Andrée Bonifay
Les Amis de Fernand Bonifay – 06 60 39 43 33

Gilles DREU… Une alouette s’est envolée

Tournée Âge Tendre

C’est en 68 que Gilles Dreu explose avec « Alouette, alouette ».
Et c’est cette année-là que je fais sa connaissance lors d’une tournée que je suivais avec Sylvie Vartan en 68.
Le garçon était d’une grande gentillesse, très discret et surtout très heureux de son succès.

Tournée 68

La même année il se retrouvait à l’Olympia, dans le spectacle d’Yvan Rebroff, cet immense chanteur russe à la voix de stentor.
De là, durant un temps, il accumula les succès comme « Descendez l’escalier », « Pourquoi Bon Dieu ? », « Ma mère me disait » que Dalida lui emprunta.
C’est grâce au producteur Norbert Saad, qui produisait Hugues Aufray, que tout a commencé et Jean-Paul Chapuisat devint alors Gilles Dreu du nom de la ville où il est né : Dreux, le x en moins. C’est François Deguelt qui fut son parrain de chanson, parrain qu’il retrouva sur les fameuses tournées « Âge Tendre », où je le retrouvai avec plaisir tant il avait gardé sa gentillesse et cette voix si particulière.
Durant ces dix années de tournées, nous nous retrouvions avec un autre chanteur : Alain Turban  qui devint un ami et dont l’Ardèche devint notre lieu de résidence.
En effet, Ardéchois « Cœur fidèle », j’y ai ma maison de famille,  Alain me dit qu’il vivait entre Montmartre et cette région qui est la mienne et qui est devenue la sienne. Ce qui fit qu’on s’y retrouvait, n’étant pas loin l’un de l’autre.
Un jour, invité comme journaliste pour le spectacle « Super mamies » qui se déroulait à Vals-les-Bains, j’y retrouvais dans le jury des amis comme Fabienne Thibeault, Thierry Wilson, alias Zize du panier, Alain Turban et… Gilles Dreu qui était devenu un habitant de cette ville thermale.
Nous étions donc en bonne compagnie.

Super Mamie avec Thierry-Zize et Sophie Darel
Avec les super mamies, Zize et Christian Montagnac (Cie Créole)

L’été dernier nous devions tous les trois nous retrouver à la ferme de Marc Moutet qui a créé une scène où passent de nombreux artistes dont me deux acolytes.
Hélas, la femme d’Alain était malade et Gilles était déjà affaibli par le cancer.
Rendez-vous en partie raté puisque nous nous sommes retrouvés seuls avec Marc.
Gilles et Alain étaient devenus très amis et ont très souvent partagé la scène. Ils ont même enregistré  un CD avec des chansons, qu’ils ont écrites : « Saint-Pierre-du-Chemin », « Des plumes et ma guitare avec » et cette superbe chanson du québécois Raymond Levesque « Quand les hommes vivront d’amour »

A l’Olympia avec…
… Alain Turban

Gilles avait donc 90 ans et avait fêté ses 80 ans en nous offrant une compilation de ses succès dont, pour la circonstance une chanson de circonstance que lui avait offert Didier barbelivien « 4 fois vingt ans ». On y retrouvait de beaux noms d’auteurs-compositeurs comme Pierre Delanoé, François de Roubaix, Yves Desca, Jean-Pierre Bourtayre, Jacques Datin, Alice Dona, Vline Buggy, Boris Bergman, Jean-Michel Rivat, Franck Tomas… Bref, le nec plus ultra de la chanson française, avec ce très beau duo qu’il partageait avec notre amie Nicole Croisille : « Moïse ».
Les années Âge Tendre s’amenuisent de plus en plus… Ah, nostalgie, quand tu nous tiens !
Je garderai le souvenir d’un homme simple, discret, peut-être trop mais tellement gentil.
Je suis heureux de l’avoir connu mais peut-être pas assez pour en devenir un ami.
Et je le regrette.

Jacques Brachet


Hugues AUFRAY… On the road again !

Hugues Aufray fait partie de ces artistes que j’ai toujours rencontrés au fil des décennies puisque, démarrant mon métier dans les années 60, il était déjà connu. Je l’ai donc très souvent rencontré dans les galas, les tournées qui alors duraient deux mois d’été. Et toujours il m’a reçu, on a fait beaucoup d’entretiens, de photos car, au contraire de ces pseudo-stars d’aujourd’hui, il n’a jamais refusé une rencontre.
Le retrouver cette semaine au théâtre Galli de Sanary a été un nième plaisir de pouvoir bavarder avec lui.

« Alors, Hugues, à 94 ans passés, vous voilà toujours en tournée ?
Une mise au point : Une tournée, ça ne veut plus rien dire pour moi aujourd’hui. Avant, les tournées étaient comme un cirque. On allait de ville en ville durant deux mois… Aujourd’hui je fais des concerts, je prends le temps entre deux dates mais je ne prends jamais de vacances. Je ne sais pas ce que c’est car en fait, je ne travaille jamais… Je joue ! Je m’amuse car pour moi, chanter c’est un jeu.
Jamais le trac ?
Le trac ? Je ne sais pas ce que c’est. Je suis peut-être un imbécile mais je n’ai jamais compris qu’on puisse, comme Brel, avoir le trac de faire ce qu’on a choisi de faire. J’ai été un athlète, un champion universitaire du 4×100 mètres et là, je peux vous dire qu’on a le cœur qui bat.
Alors que monter sur scène a toujours été un immense plaisir.
Je vous avoue que je suis un mélange de courage et de paresse. La seule chose pour moi qui n’est pas un travail, c’est la scène, les galas, les potes avec qui je pars. J’ai ma guitare, je chante et c’est là la vraie vie.
Après, il faut écrire et ça, c’est le boulot car me retrouver face à moi-même c’est plus dur que de couper les arbres, monter un mur… ou un cheval !

Premières rencontres… A Toulon…
… Au MIDEM à Cannes

Vous rappelez-vous de la première fois où vous êtes monté sur scène ?
Oui, c’était vers 40/41, après mon service militaire.
Et vous avez tout de suite eu envie d’en faire un métier ?
Mais pas du tout, je n’avais jamais rêvé de gagner ma vie en chantant ! D’ailleurs à l’époque, je ne pensais pas qu’on pouvait être payé pour chanter !
Mais je détestais l’école, j’étais incapable de faire des études, les maths, même l’orthographe, j’avais envie de faire de la peinture, de la sculpture.
Et la chanson alors ?
J’avais toujours avec moi un instrument qu’on appelle la guitare et dont je jouais, comme seuls, alors, le faisaient Félix Leclerc et Gorges Brassens. Et les gitans. C’était alors un instrument rare. Je jouais mais je ne pensais pas à en faire mon métier. J’étais attiré par les arts plastiques. D’ailleurs, aujourd’hui, après avoir abandonné longtemps, je reviens à la sculpture. Je vis à Marly-le-Roi dans la maison d’un des plus grands sculpteurs : Maillol. Ça m’a donné l’envie de m’y remettre… Et même de faire une exposition, chose que je n’ai jamais osé faire. La seule chose que je n’ai jamais exposé c’est un portrait de Dylan.
Revenons en arrière… Voilà que vous décidez de chanter et que vous allez rencontrer Gainsbourg, alors pas connu.
Je m’étais marié très jeune, j’avais déjà deux filles et il fallait que je gagne ma vie. J’ai commencé à chanter dans les cabarets et un jour j’entends Gainsbourg qui chantait deux chansons. J’ai aimé ce qu’il faisait même si pour lui, ça ne marchait pas mais j’ai compris que si je devais chanter, il fallait que je me crée un répertoire. Je lui ai alors demandé si je pouvais chanter ses chansons, dont « Le poinçonneur des Lilas ».
Malheureusement, cela m’a mis en marge du métier car Gainsbourg avait mauvaise réputation à cause de l’alcool et du tabac. Or, ni je busvis, ni je fumais. De ce fait, nous n’avons pas créé des liens permanents.
Et puis j’ai concouru aux « Numéros uns de demain » à l’Olympia et j’ai gagné.
Ente autres rencontres, il y a eu Vline Buggy, qui écrivait déjà des chansons pour Claude François et qui en a écrit pas mal avec vous.
J’ai été présenté à Vline par Jean-Pierre Sabard qui était alors le pianiste de Claude. Je l’ai rencontrée et je venais de récupérer une chanson du folklore américain : « If I had a hammer » que je voulais chanter en français. C’est devenu « Si j’avais un marteau »… Que Vline a donné à Claude ! On s’est quand même accordé et on a fait « Allez, allez mon troupeau » qui a été un vrai succès, malgré Daniel Filipacchi qui ne voulait pas la passer à « Salut les copains ». Mais, le succès aidant, il a bien dû s’y résigner !
Comme passer sur la photo célèbre de Jean-Marie Périer avec tous les yéyés du moment !!!

Vous avez continué à écrire avec Vline … « Céline », « Adieu Monsieur le professeur », « Hasta luego » entre autres…
Oui mais je veux faire une mise au point : Je lui dois autant que ce qu’elle me doit. On a partagé ces chansons et… je n’y suis pas pour rien ! Je pense lui avoir aussi apporté beaucoup !
Autre rencontre : Bob Dylan
Oui, je l’ai rencontré, j’ai tout de suite aimé son style,  ses chansons, et j’ai eu envie de les traduire en français pour les chanter. Et j’ai demandé à Pierre Delanoé de les adapter. Il l’a fait pour me faire plaisir car il n’aimait ni l’artiste, ni ses chansons !
Vous traversez donc les années dites « yéyé » alors que vous êtes totalement à contrecourant… Et ça marche car vous collectionnez les succès !
C’est vrai que je n’ai jamais été « yéyé » et d’ailleurs je déteste ce mot qui ne veut rien dire. J’avais dix ans de plus qu’eux mais c’est vrai que j’ai été incorporé à ces jeunes, moi « le vieux » de la troupe. Mais ça m’a permis de connaître Johnny. Et dans les hits, j’étais devant lui. Il était un peu dans le creux de la vague. Du coup j’ai été pris pour faire ses premières parties.
Et quelques années après, c’est lui qui vous aider à revenir sur le devant de la scène.
Lorsque ma maison de disques m’a lâché parce que je n’étais plus assez vendeur, j’ai décidé de me produire mais hélas, ça a mal tourné car si vous n’êtes pas soutenu par un label, on ne vous reçoit pas. Mais je vous précise que n’ai jamais arrêté de faire des spectacles car le public m’est toujours resté fidèle. Ce sont les médias qui n’ont plus parlé de moi. C’est Johnny qui m’a présenté  à Mercury et je suis ressorti de la boîte.

Et il y a l’Eurovision en 64. Inattendu, non ?
Oui. Il se trouve que, voyant mon succès, Maritie et Gilbert Carpentier me proposent de m’y présenter  pour le Luxembourg avec une chanson de Robert Gall, le père de France : « Lorsque le printemps revient ». Ils me trouvaient beau garçon, aimaient ma voix et mon originalité. D’autant que tout le monde chantait avec un orchestre symphonique alors que je me suis présenté avec trois musiciens : mon Skiffle Groupe. En face de moi il y avait Romuald  pour Monte-Carlo et Gigliola Cinquetti pour l’Italie. Je suis arrivé 4ème et j’avais dit à Gigliola : « Tu vas gagner ». Ce qu’elle a fait !
Et ce beau garçon n’a-t-il pas eu envie de faire du cinéma ?
Oui. J’en ai fait… trois jours ! J’avais fait des essais pour le film « La vérité » avec Bardot, qui était une fille adorable. J’avais d’ailleurs été pris mais je n’ai tenu que quelques jours avec Henri-Georges Clouzot qui n’arrêtait pas d’insulter les gens. Je suis parti avant de lui mettre mon poing dans la figure !
Avez-vous toujours votre maison en Ardèche ?
Oui mais elle n’est plus à moi. Lorsque ma première femme est décédée, je l’ai donné à mes deux filles, Marie et Charlotte et elles y habitent encore.
Et vous êtes installé à Marly-le-Roi !
Oui, avec ma seconde épouse. Je dois vous avouer qu’elle est belle et beaucoup plus jeune que moi, ce qui a un peu fait jaser. Mais je m’en fiche ! Aujourd’hui, les concerts vont se terminer et j’ai pour projet de me remettre à la sculpture et de présenter enfin mon travail que je n’ai jamais montré ».
On va donc enfin découvrir une autre face du talent de l’artiste très bientôt.
Hugues Aufray n’a pas fini de nous surprendre !

Et déjà, il nous a surpris avec un spectacle de plus d’une heure et demi, où il chante autant qu’il parle (comme durant l’interview !, où il raconte ses chansons et nous assène, avec ses cinq remarquables musicien, des succès que tout le monde chante, de « Quand le printemps revient » en passant par « Céline », « Le petit âne gris », « Stweball », « Hasta Luego », « La fille du Nord », « A bientôt nous deux », «L’épervier », « Adieu Monsieur le professeur » que tout le monde chante avec lui les larmes aux yeux, terminant par « Santiano »repris debout par la salle entière. Plein de moments d’émotion et d’humanité  dont cette version de « Je vous salue Marie » de Brassens C’est un cadeau que nous offre cet artiste exceptionnel qui, à 94 ans, n’a perdu ni sa voix, ni sa superbe.
Bravo l’artiste !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon… et Jacques Brachet !

Isabelle AUBRET… La voix de l’amour

Thérèse Coquerelle , ouvrière à 14 ans  comme bobineuse dans l’usine où travaille son père, a toujours eu la chanson dans la voix, dans le sang, dans le cœur. En parallèle de ce métier, elle tente tous les concours de chant qui se présentent dans sa région lilloise, jusqu’à ce que Bruno Coquatrix la remarque en 1960 lors d’un concours à l’Olympia. Très vite elle va enregistrer dont une chanson qui vient de gagner l’Eurovision 1961, grâce à Jean-Claude Pascal : « Nous les amoureux ». Et c’est elle qui, un an plus tard, gagne l’Eurovision avec « Un premier amour ».
De là, elle ne cessera de chanter dans le monde entier, même si, les « yéyé » auraient pu la déstabiliser. Pourtant elle va bousculer les barrières et se faire une place entre Sheila, Sylvie Vartan, Johnny Hallyday, Richard Anthony et les autres.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que, dans les années 2000, on la retrouve au milieu de certains de ces artistes dans les tournées « Âge Tendre ».

Invitation à la Seyne-sur-mer
Avec Gérard Meys en tournée

Quant à moi, c’est dans les années 60 que je la rencontre pour la première fois. En 65 exactement, lors de la tournée que je ferai en tant que journaliste, où elle partage la vedette avec Adamo. Je la retrouverai plus tard sur les tournées Âge tendre où des liens d’amitié se noueront entre elle, Gérard Meys, son mari et producteur, producteur également d’un certain Jean Ferrat, et moi.
En 2010, je les inviterai à la Seyne-sur-Mer pour un hommage à Ferrat, chose qu’elle n’avait alors jamais faite. Sur le thème « Les écrivains et la chanson », ils seront entourés par mon autre amie Alice Dona, venue rendre hommage à Gilbert Bécaud, Claude Lemesle avec qui les deux chanteuses ont chanté des chansons de cet auteur-compositeur, orchestrées par Jean-Claude Petit.
Ce furent des journées de ferveur, d’amour, d’amitié et aussi de beaucoup de rires.
Au départ, Gérard m’avait demandé à ce qu’elle ne chante pas. Mais Isabelle, ayant tout prévu, avait apporté une bande sur laquelle elle chanta et nous offrit en prime un poème « Sur le boulevard Aragon ».
C’est grâce à Gérard que je pus rencontrer Jean Ferrat pour la sortie de son disque « Dans la jungle et dans le zoo », qui nous reçut  chez lui à Antraigues où j’ai moi aussi ma maison de famille à quatre kilomètres de chez lui.
Mais, revenons à Isabelle avec qui j’avais fait une longue interview durant les tournées « Âge Tendre », surpris de la retrouver entourée de ces artistes dits « Yéyé », loin de ce qu’elle défendait dans la chanson française.

Age Tendre avec Herbert Léonard
AgeTendre avec Bobby Solo
Age Tendre avec Michel Orso

Elle se mit à rire : « Mais figure-toi qu’à cette époque, je gagnais l’Eurovision en 62,  je rencontrais Ferrat » qui m’offrit « Deux enfants au soleil » puis plus tard « C’est beau la vie » ! En 63 je faisais l’Olympia avec Jacques Brel, en 65 je partais en tournée avec Adamo et j’ai même raté un film : « Les parapluies de Cherbourg » que me proposait Jacques Demy, à cause de mon accident. Et j’ai toujours eu quelque chose qui me bouleverse encore : l’affection et la fidélité du public ».
On a pu le voir lors de ces tournées où elle arrivait sur scène après que Jean Ferrat lui-même, qui avait enregistré un petit clip, la présentait. Et après son tour, sept mille personnes l’acclamaient debout.
Isabelle, deux rencontres ont compté plus que les autres : Brel et Ferrat…
C’est Brel qui m’a choisie alors que je ne le connaissais pas. Il devait partir en tournée avec Michèle Arnaud et il a dit au producteur : « C’est la petite que je veux ». Je croyais rêver. Grâce à cette rencontre, nous sommes devenus amis, je l’ai beaucoup chanté, je lui ai même consacré un disque. Autre jolie histoire : Lorsque j’ai eu mon accident, j’étais explosée de partout, il est venu me voir à l’hôpital et a dit à mon entourage : « Je lui donne « La Fanette »
Puis vient la rencontre avec Jean Ferrat, que tu as toujours appelé Tonton !
Gérard Meys est un jour venu me voir pour me proposer une chanson de Ferrat. C’était « Deux enfants au soleil » qu’il chantait lui-même. J’allais faire l’Eurovision et je lui ai dit : « On en parle après ». J’ai gagné l’Eurovision, on en a parlé, j’ai enregistré « Deux enfants au soleil » sur le même album que « Un premier amour »… Et elle est restée 27 semaines en tête des hitparades ! De ce jour, une amitié indéfectible est née. Tonton a écrit de magnifiques choses sur moi qui m’ont fait pleurer de joie. Il savait toujours choisir le mot qu’il fallait en toutes circonstances, lui qui était si pudique.


Parle-moi de ta première rencontre.
Lors de l’enregistrement de « Deux enfants au soleil », il passe dans le studio, me fait un petit signe mais, aussi timides l’un que l’autre, ça en reste là. Je pars en tournée avec Brel, j’ai mon accident et Jean n’ose pas venir me voir. Lorsque je recommence à marcher, je me rends compte à quel point c’est beau la vie. Ça donne l’idée à Michèle Senlis, qui avait déjà signe « Deux enfants au soleil » de faire une chanson et qui me propose la chanson « C’est beau la vie » en me faisant écouter la version de Jean à la guitare. Dans la foulée nous l’avons enregistrée tous les deux ainsi que « Nuit et brouillard », chanson polémique qui fut interdite d’antenne, surtout venant d’une femme qui venait de gagner l’Eurovision ! Mais on connait le succès et l’impact qu’a pu avoir cette chanson par la suite et de là est née notre amitié. J’ai enregistré quelque 80 chansons signées Ferrat.

Hommage à Ferrat

Dans la foulée, tu rencontres Aragon…
C’était après mon accident. Il m’avait invité à son anniversaire. J’étais très émue et honorée et lors de cette rencontre, il me propose de lire un de ses poèmes « Aimer à perdre la raison ». De ce jour des liens se sont créée et je ne me suis pas privée de le chanter grâce à Tonton. Je te précise que j’ai lu toute son œuvre, dont son dernier poème « L’épilogue ». C’est tellement fort et déchirant que Jean a mis trois ans pour le mettre en musique. « J’ai l’impression de lire son testament, plus jamais de ne mettrai l’un de ses poèmes en musique », m’avait-il dit.
Isabelle, difficile de ne pas parler de son Ardèche, qui est la mienne et qui est devenue la tienne.
C’est le directeur de la Maison de la Culture de Nice, Gabriel Monet, qui parle à Jean d’Antraigues où il a de la famille. Il cherchait un coin tranquille pour se reposer de ses quelque 250 galas, et surtout pas sur la Côte d’Azur. Gabriel l’y emmène et c’est le coup de foudre. Il appelle alors Gérard Meys et lui dit : « Il y a deux maisons à vendre, la belle est pour moi, l’autre est pour toi ! » Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés là-bas. Nous avions envie de le rejoindre, d’habiter pas loin de lui… mais assez loin au cas où nous nous serions fâchés ! Nous sommes à notre tour tombés amoureux de cette belle région.

Première dédicace
Première rencontre en tournée avec Adamo

Et il s’est totalement investi dans celle-ci.
Oui et ce qui est beau, c’est qu’il ne s’est pas considéré à Antraigues comme une vedette. D’ailleurs un jour, un habitant m’a dit : « Ce n’est pas un artiste mais un homme qui chante ». Il a été heureux dans ce village… »
Isabelle m’avoue qu’aujourd’hui elle a du mal à y retourner sans pouvoir y retrouver Tonton.
Elle y a fait quelques incursions pour lui rendre hommage lors de sa disparition où elle a chanté au milieu de milliers d’admirateurs qui pleuraient. Puis elle y venait fêter ses 86 ans
Elle qui fut une gymnaste avant son terrible accident puis qui en eut un second en pratiquant le trapèze, s’est payé pour la seconde fois un saut en parachute !
« Allez, allez la vie », elle est si belle et en même temps « on ne voit pas le temps passer » !
Je t’embrasse Isabelle.
Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

Age Tendre avec Georges Chelon et Stone
A la Seyne-sur-Mer avec Alice Dona

Michel MONACO… Romantiques… pas morts !


Comme son nom ne l’indique pas, Michel Monaco est né… à Cannes !
Ce n’est pas loin mais quand même. !
J’ai connu Michel en 2003 grâce à une autre presque Michel : Mick Micheyl.
Pour les moins de vingt ans qui pourraient ne pas la connaître, Mick était chanteuse, auteure, compositrice, productrice d’émissions de télévision, plasticienne. Il fallait la voir manier l’acier avec un engin plus grand qu’elle et en tirer des œuvres incroyables.
Côté chanson, elle créa son énorme succès « Un gamin de Paris » puis d’autres nombreuses chansons dont « La Joconde » que reprit Patachou avec succès.
Je l’ai connue grâce à Claude François qui m’avait invité sur un tournage dans une émission de Mick aux Buttes Chaumont. Et ce fut le coup de foudre entre nous. Jusqu’à sa mort nous ne nous sommes plus quittés.
Et c’est en 2003 qu’elle m’envoie le disque de Michel Monaco, dont elle est la marraine et qui lui consacre ce CD « De Mick à Michel ». Elle me propose de le rencontrer… Les amis de mes amis…
Et c’est ainsi que depuis plus de 20 ans, nous le sommes devenus et restés. Tout comme avec Mick, la fidélité… Un mot qui a tendance à disparaître chez les artistes !
Nous nous voyons peu mais nous appelons à chaque événement comme cette tournée dans les églises qu’il a faite avec notre amie commune d’alors, Michèle Torr.

Il a un talent fou, une voix chaude de crooner, il a travaillé avec les plus grands , de Barbelivien à Claude Lemesle en passant par Jean-Jacques Lafon, Alain Turban, Jean-Paul Cara, Frédéric Zeitoun et s’il a fait en 2015, la tournée des églises avec Michèle Torr, il a récidivé en 2018 avec Natasha Saint Pier.
L’artiste est talentueux et romantique, l’homme aussi attachant que discret et s’il n’est pas une star, il est un superbe chanteur qui n’arrête pas de chanter un peu partout, dont dans mon pays, en Ardècese, où il était du 8 au 13 avril, à Vogüe pour le festival « 1, 2, 3 musette » et où encore à la ferme théâtre de Lablachère (voir article) où il est passé le 16 août.
On pourra encore le retrouver sur « La grande croisière de l’accordéon » du 28 septembre au 5 octobre, à bord du Costa Pacifica. Départ Marseille le 28 septembre. Puis au 15ème festival de Lloret de Mar en Espagne du 14 au 19 octobre.
Pour fêter ses déjà 30 ans de carrière, il nous offre un très beau CD justement intitulé « Mes plus belles chansons d’amour ». Une vie d’amour et de passion pour la chanson et beaucoup d’inédits qu’il nous offre de sa voix chaude et qui nous invite à danser joue contre joue comme au bon vieux temps de notre jeunesse et ça fait plaisir d’entendre ce bouquet de belles mélodies romantiques, sur des orchestrations actuelles et efficaces.
Allez… On en parle avec lui !

« Michel, ce disque est fait d’inédits et de chansons plus anciennes remastérisées…
C’est un album pour fêter mes 30 ans de carrière avec des chansons que mon public connaît et d’autres toutes nouvelles. 17 chansons dont six inédites.
On y retrouve des auteurs-compositeurs qui t’accompagnent depuis un certain temps et quelques nouveaux noms qui apparaissent à tes côtés.
Oui, il y a les fidèles et d’autres que le hasard a mis sur ma route, accompagnés par les arrangements de Guy Mattéoni pour certaines, Raimy Bailet, Thierry Sforza qui ont signé « vingt ans, six mois et deux jours » et avec Jean-Paul Cara (L’oiseau et l’enfant) « Où sont passés les slows d’été ? ». Il a écrit aussi quelques chansons avec moi comme, « Mamans sourire » et « Vieillir ensemble ».
On trouve aussi Eric Charden… C’est donc une vielle chanson !
Oui, écrite avec Frank Thomas « Une rose, un baiser et c’est tout » qu’il chantait d’ailleurs sur la tournée « Âge Tendre ». Frank Thomas, on ne compte plus les artistes pour qui il a écrit, de Gréco à Polnareff, en passant par Bécaud, Mitchell, Dassin, Juvet, Gall, Bardot…
C’est le producteur de la tournée « Âge Tendre », Michel Algay, qui m’a dit que je devrais la chanter, qu’elle m’irait bien. Ce que j’ai fait. Aujourd’hui tous trois sont morts et c’est un peu un hommage que je leur offre.

Paul Glaeser et Thierry Sforza sont aussi présents sur cet album…
Auteur, compositeur, manager, écrivain, Paul est aussi décédé et a écrit avec Patrick Jaymes « Ma plus belle chanson d’amour ». Il a aussi collaboré avec Ruquier dans l’émission « Rien à cirer », écrit des livres, enregistré des musiques bretonnes et même une comédie musicale « Van Gogh »
Quant à Thierry Sforza, auteur-compositeur, il a écrit pour Michèle Torr, Rika Zaraï, Lorie, Gilbert Montagné…
Tu ne choisis pas les moins bons !
C’est le hasard et le bonheur des rencontres. Certains viennent vers moi et me proposent des chansons. Comme Remy Bailet, le mari de Liza Angell, avec qui j’ai chanté et qui a fait les arrangements sur certains titres dont « Week-end en amoureux ». Mais j’ai aussi la chance de partager des scènes avec  des artistes comme Aznavour, Isabelle Aubret, Hervé Vilard, Fabienne Thibault, et bien d’autres.
Tu n’arrêtes pas de tourner, en France, en Belgique, en Suisse et même en Espagne !
J’ai cette chance d’avoir un public fidèle avec qui  je vis des moments privilégiés d’amour et de partage. C’est pour ça que je chante ».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier & photos de l’artiste
www.michelmonaco.net
Tel.06 31 82 71 70


Christine MANGANARO, femme de musique et de passion

Cela fait 30 ans que nous nous connaissons.
Nous avons été voisins, nous promenions notre chien ensemble (Ça crée des liens !) puis en tant que journaliste j’ai suivi ses pérégrination musicales, un coup chanteuse, un coup responsable communication.
Elle a une pêche, une énergie folles, elle est belle et elle a une voix exceptionnelle, qu’elle chante Croisille ou Sanson, Scorpions ou Percy Sledge, France Gall ou Aretha Franklin, Amy Winehouse ou Santa… Et j’en passe.
Elle a une tessiture et une puissance incroyables dans la voix.
Elle était ces jours-ci en concert à la crêperie le Saint-Malo à Six-Fours où elle a fait le plein.
Une occasion de se retrouver et faire un portrait de cette femme qui aurait pu faire une belle carrière mais que ça n’intéressait pas particulièrement car sa vie c’est chanter donner et se donner du plaisir.

« La chanson… Comment ça a commencé ?
Très tôt. En fait, ça a commencé par la musique grâce à un papa mélomane qui touchait à n’importe quel instrument, petite j’ai bien sûr hérité de ça, dans la famille on adore chanter, danser… J’ai baigné dans cet esprit festif et musical et puis un jour, j’ai vu quelqu’un jouer de l’orgue Hammond comme Rhoda Scott, j’ai eu envie de jouer de cet instrument et ça m’a beaucoup plu. J’ai appris à en jouer sans faire de solfège, tout d’oreille et j’ai commencé à composer des chansons et à chanter mes textes. J’avais 12/13 ans et dans les fêtes de famille il fallait que je chante !
Mais bon, ça n’allait pas encore très loin ?
Un ami de la famille, qui était chanteur professionnel m’a écouté et m’a conseillé d’aller plus loin. Il m’a prise avec lui dans des spectacle et c’est comme ça que j’ai démarré « officiellement ».
Vers 16 ans je devais payer mes études, j’ai cherché un job au pub Saint-Michel à Paris, à côté de Notre-Dame. C’était un café-concert  à l’époque – on était en 85 – et les musiciens alors tournaient de cafés concert en cafés concert jouaient dix morceaux et changeaient de lieu, se faisaient rémunérer au chapeau.
Et toi dans ces lieux ?
Dans l’un deux j’étais serveuse, il y avait un pianiste et une chanteuse que j’admirais, je suis allée les voir, leur ai demandé si je pouvais chanter quelque chose. J’ai chanté du Véronique Sanson et j’ai commencé comme ça.  Les patrons qui m’ont entendue, m’ont proposé de chanter un quart d’heure chaque soir. A l’étage il y avait une brasserie et les gens descendaient pensant que c’était Véronique Sanson !

Et alors ?
Ça m’a donné de l’assurance, j’ai commencé à faire la tournée des piano bars, j’animais des karaokés et je prenais un plaisir énorme à chanter, à partager. J’ai toujours chanté pour le public, jamais en me regardant le nombril ou à me prendre pour une diva ! Je donne autant que je reçois, je reçois autant que je donne. C’est pour ça que je chante, c’est la communion du cœur.
Tu étais donc parisienne… Ça te gène, ça te gène ??
(Elle rit) Non mais je n’aimais pas la vie parisienne. J’étais mariée à un policier qui s’est fait muter dans le Sud à ma demande car j’en avais marre de Paris. J’étais alors journaliste à Paris pour le Parisien mais lorsque j’ai eu ma fille j’ai eu envie de quitter la capitale
Et te voilà à Six-Fours ! 
Oui. J’étais OK pour arrêter un temps le journalisme… mais pas la chanson.
J’ai écumé les petites annonces pour trouver un groupe et je suis tombée sur l’orchestre Eclipse, j’ai découvert ce qu’était le baloche et j’ai adoré. Nous étions une douzaine sur scène. Puis je suis passée chez Albert Jean où, avec l’autre chanteuse, on se changeait 17 fois dans la soirée ! Ça a été une très bonne école. J’ai rencontré le chanteur américain à la voix d’or, Rudy Wilburn, avec qui j’ai travaillé 5/6 ans avec lui et c’est ce qui m’a fait me lancer dans le r’n’b, la soul et ça, c’était ma tasse de thé.
Avec tout ça, n’as-tu jamais voulu te lancer dans une carrière de chanteuse ?
Non, parce que j’avais trouvé un métier de journaliste car entretemps j’étais entrée à RTL, j’ai travaillé pour France 3 et ce métier me passionnait. Je n’avais pas envie de le sacrifier pour une aléatoire carrière de chanteuse. Je ne voulais pas que ça devienne mon gagne-pain mais que ça reste une passion. Je n’avais pas envie d’avoir ce rapport à la musique, à l’argent. Ceci dit, aujourd’hui je viens d’avoir un bousculement dans ma vie et je me demande si je ne vais pas devenir intermittente. C’est peut-être fou mais je crois que c’est ce que je vais faire… Et je ne sais pas si je ne vais pas tenter le concours de « The Voice » !!! Je n’ai pas encore lancé ma carrière de chanteuse !

Tu composes et écrit des chansons ?
Oui, tu parles d’une autre vie. J’étais adolescente et je chantais « Je t’aime, je t’aimerai toute ma vie »… Tu vois, ça n’allait pas loin. Autant je suis une musicienne vocale, j’ai une très bonne oreille mais je ne suis pas une technicienne, je ne joue pas d’instrument de musique.
Mais aujourd’hui je suis en espèce d’état d’urgence et je veux prendre tout ce qui passe.
Tu as aussi été attachée de presse…
Oui, c’est un peu la logique de mon métier de journaliste. Lorsque j’étais à France 3, j’avais été repérée par le Président Bessudo de la Chambre de Commerce qui voyait que j’étais une journaliste qui posait des questions un peu sensées (même si ça peut paraître prétentieux !) J’étais alors la plus jeune journaliste titularisée à 19 ans lorsque j’ai démarré. J’ai appris mon métier avec de vrais grands journalistes. J’ai gardé un amour pour ce métier.
C’est donc le président Bessudo qui m’a proposé d’être attachée de presse. Étant des deux bords, je connais les attentes des journalistes et ça m’a beaucoup servi.
Aujourd’hui le métier de la presse a beaucoup changé hélas.
Tu as travaillé sur le festival de jazz à Toulon et aujourd’hui te voilà à celui de la Londe…
Pour la Londe, l’organisateur Christophe Dal Sasso avait entendu parler de moi par un ami commun avec qui j’avais collaboré chez Tandem. Le festival a 15 ans, il fait des choses étonnantes avec beaucoup de bénévoles, de petits moyens avec de grandes ambitions. Le festival est aujourd’hui à la fois professionnel et ambitieux. Ça a été ma première et une belle aventure humaine où tout le monde s’investit à fond et j’espère que ça va continuer ».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon