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Andrée BONIFAY… En souvenir de Fernand

Andrée Bonifay, c’est une boule d’énergie qui ne reste pas cinq minutes en place, qui a mille idées à la seconde, qui est une femme multitâches, qui passe son temps à créer, animer, s’occuper de différentes animations, peindre ; femme on ne peut plus passionnée, volubile, défendant aussi bien les gens dans le besoin que la chanson française qui est sa passion.
Passion aussi pour son petit cousin, auteur, compositeur de près de trois mille chansons et dont elle porte le nom : Fernand Bonifay.
De Johnny Hallyday à Dalida, de Pétula Clark à Michèle Torr, d’Annie Cordy à Bourvil, de Luis Mariano à Georges Guétary, de Georges Brassens à Maurice Chevalier, de Sacha Distel à Henri Salvador, de Frank Alamo à Richard Anthony, de Gloria Lasso à Sidney Bechet… Bon on arrête là car on ne peut pas citer tous les artiste qui l’on chanté sur plusieurs génération.
« Souvenirs, souvenirs », « Maman la plus belle du monde », « Je me suis souvent demandé », « 24.000 baisers », « Jambalaya », « Romantica », « Petite fleur »… Là encore je m’arrête car la liste des succès est longue.
Qu’il soit auteur, compositeur ou les deux, la vie de Fernand Bonifay est émaillée de ce qu’on n’appelait pas encore des tubes mais des succès.
Ce seynois né en 1920 et décédé en  1993, est encore vivant dans l’esprit des gens d’un « âge certain », ses chansons vivaces et Andrée en est l’artisan, tant elle se démène pour qu’il soit toujours présent dans la chanson française car les chansons sont toujours là, longtemps, longtemps après que l’artiste ait disparu. Et elle le fait savoir.
Son appartement est rempli de photos, de disques, de partitions, d’articles de presse, d’écrits d’artistes, de quoi constituer un musée.
Andrée a pris en main l’association « Les amis de Fernand Bonifay », à la suite de Jacques Suzanne qui l’a créé et elle y anime des conférences, des rencontres, des soirées dansantes et fait venir de jeunes chanteurs d’aujourd’hui pour interpréter les chansons de son cousin, avec des orchestrations qui en font des chansons intemporelles. Elle en a même fait un CD qui prouve l’intemporalité de ces chansons remises au goût du jour.
Elle méritait bien un portrait, même si, depuis les décennies qu’on se connaît, j’ai déjà eu l’occasion de le faire.

« C’est vrai que j’ai très peu connu Fernand. Je suis peut-être celle de la famille qui l’a le moins rencontré…. Mais qui le connaît le mieux et qui en parle le plus !
Pourquoi ?
Je me suis prise de passion pour lui, pour son répertoire. Lorsque j’étais petite, mon père chantait ses chansons. Il se cachait de mes grands-parents pour les chanter Mais déjà, j’aimais ses chansons. Il faut savoir que les Bonifay, c’est une grande famille très nombreuse et éclatée, il y avait toujours des histoires de famille. Sa tante Jacqueline avait un peu la main mise sur lui, du coup j’ai entendu parler de lui par hasard, lorsque je travaillais au service des eaux : un jour il appelle le service pour un problème, il se présente : « Je suis Mr Bonifay et j’ai un problème ». Je lui réponds « Je suis Andrée Bonifay, je suis votre cousine et je vais essayer de résoudre votre problème ! ». C’est ainsi qu’on s’est connu. Nous avons eu le temps de nous rencontrer quelquefois puis il est tombé malade et il a disparu.
Du coup, j’ai commencé à découvrir ses chansons, je me suis prise de passion.
Jusqu’à créer l’association des Amis de Fernand Bonifay ? Non, c’est Jacques Suzanne qui a créé l’association en 2003, que j’ai reprise en 2011 lorsqu’il s’est arrêté. On avait déjà fait l’inauguration du chemin en 2001 et grâce à l’association, j’ai fait des connaissances qui m’ont permis de découvrir des côtés du personnage que je ne connaissais pas, comme d’apprendre qu’il avait un diplôme d’aviateur que j’ai retrouvé sur Ibay !
A l’époque, tu n’avais rien de lui ?
Que quelques photos et des coupures de journaux afin de le découvrir sa vie d’artiste. Peu à peu, en cherchant, je trouvais des photos, des interviewes, entre autre celle de Jacqueline Lenoir où il raconte pourquoi il est né à Paris.
Il n’est donc pas né à la Seyne ?
Non. Son père était cheminot, il voyageait souvent et il était à Paris lorsqu’il est né. Mais la maison familiale était à la Seyne. On l’a d’ailleurs mis en internat et il était déjà un peu rebelle… Tu vois de qui je tiens ! D’ailleurs Jacques Suzanne me fait un immense plaisir lorsqu’il me dit : « Tu es aussi casse c….s » que ton cousin ! Comme lui, je suis perfectionniste à l’extrême. Lorsque j’organise quelque chose, il faut que ce soit toujours au carré… Même si ça me stresse !

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Donc, tu découvres Fernand et tu commences à collectionner…
…Tout ce que je trouve sur lui, je commence à découvrir ses chansons. Il faut dire qu’il y en a plus de 2.300 dont 120 Succès. Internet m’a beaucoup aidé. J’ai récupéré des tonnes de partitions, d’articles, de documents, de courriers. On m’en a beaucoup donné aussi
Tu savais qui chantait quoi ?
Pas forcément car il y a des artistes que je ne connaissais pas comme Yvette Giraud qui chantait « Je me sens si bien ». Mais ma chanson préférée est « Je me suis souvent demandé » que chantait Richard Anthony. Dalida a beaucoup chanté de chansons de Fernand, « Romantica », « Je pars », « Tu n’as pas très bon caractère »… Michèle Torr a fait une merveilleuse interprétation de « Jimbalaya » qu’ont aussi chanté Mireille Mathieu, Hugues Aufray, Eddy Mitchell, Lucienne Delyle… Nombre de chansons ont été reprises par plusieurs chanteurs et chanteuses. Comme « Maman, la plus belle du monde »… Roberto Alagna, Dalida, Henri Salvador, Mathieu Sampéré, Luis Mariano, André Claveau, Vincent Niclo, Karen Cheryl, Tino Rossi, Michèle Torr… Et j’en passe.
Ils savent que ce sont des chansons ou des paroles de Fernand ?
Pour certains, je ne crois pas. Tu sais les auteurs et compositeurs sont des artistes de l’ombre. On dit que c’est la chanson de tel chanteur, rarement de celui qui l’a écrite ou composée. Ce sont ceux que l’on oublie le plus vite. On se souvient de la chanson, de celui ou celle qui la chante mais pas de leurs créateurs.
Fernand a commencé d’écrire à quelle époque ?
Très jeune, à l’école mais il a vraiment commencé à écrire à 15/16 ans, dans les années d’après-guerre et il a continué jusqu’à sa mort.
Tu as une photo de Fernand avec Brassens. Etaient-ils amis où ont-ils travaillé ensemble ?
Ils ont écrit « sur mon phono ». A la base, je crois qu’elle était écrite pour Bourvil qui l’a chantée. Chez Bourvil le titre est « Mon vieux phono ». Mais ce sont les mêmes paroles. Pour Bourvil il a aussi écrit « T’épier »… Tu vois le jeu de mots ?! Il adorait les jeux de mots et a été à bonne école car il a fait de l’art dramatique avec Raymond Devos.

Alors, tu as réalisé un CD avec la jeune génération !
Jacques Suzanne était encore président de l’association et lorsque j’ai annoncé que je voulais faire un CD. Personne n’a cru cela possible ! Je suis allée voir Fred Ambroggi de la Fabrique Sonore qui m’a dit qu’il allait m’aider, j’ai rencontré de jeunes chanteurs comme Laurent Lenne, Jennifer Marchiona, Cyril Wajnberg, Gilles Gaignaire et quelques autres artistes de la région et le CD est sorti sous le titre « 20 ans après »
Tu as dû avoir nombre d’apprentis chanteurs pour le disque.
Oui, j’en ai même eu un qui se prenait pour Mike Brant, il avait une assez belle voix mais il chantait faux et est arrivé tout de blanc vêtu… La chanson était un carnage ! Il s’est présenté à « The voice », bien sûr il n’a pas été retenu et… il s’est pendu dans la loge !!!
Aujourd’hui, donc, tu continues ?
Dans la mesure de mes moyens, le Covid a bousculé pas mal de choses, la salle Guillaume Apollinaire est fermée, louer une salle – et il y en a peu ! – devient très cher mais bon, je continue tant que je peux faire des choses. J’ai beaucoup mis de ma poche mais je me faisais plaisir. Et surtout, j’ai fait connaître Fernand que personne ne connaissait dans sa propre ville. Pour moi, c’est une belle satisfaction. Mon rêve serait que la Seyne fasse quelque chose… C’est peut-être naïf, par contre, je ne crois pas que ça intéresse beaucoup la ville. Qu’est-ce que je vais faire de tous ces documents ? Je ne sais pas…
Tant que je suis là, ça va… Mais après ?
A qui vont les droits d’auteur de Fernand ?
Ils tournent pendant 70 ans après la mort de l’auteur et ceux de Fernand vont à… sa compagne qu’on a découverte ! Déjà personne ne savait qu’il avait été marié, entretemps il avait divorcé et s’était mis en ménage avec une autre femme qui a hérité de tous ses biens et de ses droits d’auteur. Toute la famille a été en procès pour détournement de l’héritage.
Moi, je ne l’ai jamais rencontrée, elle ne m’a jamais fait d’histoire… et pour cause, puisque chaque fois que je fais quelque chose, c’est elle qui encaisse !
Ce que j’ai su plus tard c’est qu’au départ l’association avait été créée pour le procès. J’ai tout de suite mis le holà car ce qui m’intéressait c’était de faire connaître le patrimoine de Fernand, pas d’entrer dans ces combines.
Ce qui me fait plaisir, c’est d’avoir pu nommer une rue à la Seyne et une à Six-Fours, entre Jacques Brel et Edith Piaf et de faire connaître son œuvre. »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon et collection personnelle d’Andrée Bonifay
Les Amis de Fernand Bonifay – 06 60 39 43 33

Gilles DREU… Une alouette s’est envolée

Tournée Âge Tendre

C’est en 68 que Gilles Dreu explose avec « Alouette, alouette ».
Et c’est cette année-là que je fais sa connaissance lors d’une tournée que je suivais avec Sylvie Vartan en 68.
Le garçon était d’une grande gentillesse, très discret et surtout très heureux de son succès.

Tournée 68

La même année il se retrouvait à l’Olympia, dans le spectacle d’Yvan Rebroff, cet immense chanteur russe à la voix de stentor.
De là, durant un temps, il accumula les succès comme « Descendez l’escalier », « Pourquoi Bon Dieu ? », « Ma mère me disait » que Dalida lui emprunta.
C’est grâce au producteur Norbert Saad, qui produisait Hugues Aufray, que tout a commencé et Jean-Paul Chapuisat devint alors Gilles Dreu du nom de la ville où il est né : Dreux, le x en moins. C’est François Deguelt qui fut son parrain de chanson, parrain qu’il retrouva sur les fameuses tournées « Âge Tendre », où je le retrouvai avec plaisir tant il avait gardé sa gentillesse et cette voix si particulière.
Durant ces dix années de tournées, nous nous retrouvions avec un autre chanteur : Alain Turban  qui devint un ami et dont l’Ardèche devint notre lieu de résidence.
En effet, Ardéchois « Cœur fidèle », j’y ai ma maison de famille,  Alain me dit qu’il vivait entre Montmartre et cette région qui est la mienne et qui est devenue la sienne. Ce qui fit qu’on s’y retrouvait, n’étant pas loin l’un de l’autre.
Un jour, invité comme journaliste pour le spectacle « Super mamies » qui se déroulait à Vals-les-Bains, j’y retrouvais dans le jury des amis comme Fabienne Thibeault, Thierry Wilson, alias Zize du panier, Alain Turban et… Gilles Dreu qui était devenu un habitant de cette ville thermale.
Nous étions donc en bonne compagnie.

Super Mamie avec Thierry-Zize et Sophie Darel
Avec les super mamies, Zize et Christian Montagnac (Cie Créole)

L’été dernier nous devions tous les trois nous retrouver à la ferme de Marc Moutet qui a créé une scène où passent de nombreux artistes dont me deux acolytes.
Hélas, la femme d’Alain était malade et Gilles était déjà affaibli par le cancer.
Rendez-vous en partie raté puisque nous nous sommes retrouvés seuls avec Marc.
Gilles et Alain étaient devenus très amis et ont très souvent partagé la scène. Ils ont même enregistré  un CD avec des chansons, qu’ils ont écrites : « Saint-Pierre-du-Chemin », « Des plumes et ma guitare avec » et cette superbe chanson du québécois Raymond Levesque « Quand les hommes vivront d’amour »

A l’Olympia avec…
… Alain Turban

Gilles avait donc 90 ans et avait fêté ses 80 ans en nous offrant une compilation de ses succès dont, pour la circonstance une chanson de circonstance que lui avait offert Didier barbelivien « 4 fois vingt ans ». On y retrouvait de beaux noms d’auteurs-compositeurs comme Pierre Delanoé, François de Roubaix, Yves Desca, Jean-Pierre Bourtayre, Jacques Datin, Alice Dona, Vline Buggy, Boris Bergman, Jean-Michel Rivat, Franck Tomas… Bref, le nec plus ultra de la chanson française, avec ce très beau duo qu’il partageait avec notre amie Nicole Croisille : « Moïse ».
Les années Âge Tendre s’amenuisent de plus en plus… Ah, nostalgie, quand tu nous tiens !
Je garderai le souvenir d’un homme simple, discret, peut-être trop mais tellement gentil.
Je suis heureux de l’avoir connu mais peut-être pas assez pour en devenir un ami.
Et je le regrette.

Jacques Brachet


Hugues AUFRAY… On the road again !

Hugues Aufray fait partie de ces artistes que j’ai toujours rencontrés au fil des décennies puisque, démarrant mon métier dans les années 60, il était déjà connu. Je l’ai donc très souvent rencontré dans les galas, les tournées qui alors duraient deux mois d’été. Et toujours il m’a reçu, on a fait beaucoup d’entretiens, de photos car, au contraire de ces pseudo-stars d’aujourd’hui, il n’a jamais refusé une rencontre.
Le retrouver cette semaine au théâtre Galli de Sanary a été un nième plaisir de pouvoir bavarder avec lui.

« Alors, Hugues, à 94 ans passés, vous voilà toujours en tournée ?
Une mise au point : Une tournée, ça ne veut plus rien dire pour moi aujourd’hui. Avant, les tournées étaient comme un cirque. On allait de ville en ville durant deux mois… Aujourd’hui je fais des concerts, je prends le temps entre deux dates mais je ne prends jamais de vacances. Je ne sais pas ce que c’est car en fait, je ne travaille jamais… Je joue ! Je m’amuse car pour moi, chanter c’est un jeu.
Jamais le trac ?
Le trac ? Je ne sais pas ce que c’est. Je suis peut-être un imbécile mais je n’ai jamais compris qu’on puisse, comme Brel, avoir le trac de faire ce qu’on a choisi de faire. J’ai été un athlète, un champion universitaire du 4×100 mètres et là, je peux vous dire qu’on a le cœur qui bat.
Alors que monter sur scène a toujours été un immense plaisir.
Je vous avoue que je suis un mélange de courage et de paresse. La seule chose pour moi qui n’est pas un travail, c’est la scène, les galas, les potes avec qui je pars. J’ai ma guitare, je chante et c’est là la vraie vie.
Après, il faut écrire et ça, c’est le boulot car me retrouver face à moi-même c’est plus dur que de couper les arbres, monter un mur… ou un cheval !

Premières rencontres… A Toulon…
… Au MIDEM à Cannes

Vous rappelez-vous de la première fois où vous êtes monté sur scène ?
Oui, c’était vers 40/41, après mon service militaire.
Et vous avez tout de suite eu envie d’en faire un métier ?
Mais pas du tout, je n’avais jamais rêvé de gagner ma vie en chantant ! D’ailleurs à l’époque, je ne pensais pas qu’on pouvait être payé pour chanter !
Mais je détestais l’école, j’étais incapable de faire des études, les maths, même l’orthographe, j’avais envie de faire de la peinture, de la sculpture.
Et la chanson alors ?
J’avais toujours avec moi un instrument qu’on appelle la guitare et dont je jouais, comme seuls, alors, le faisaient Félix Leclerc et Gorges Brassens. Et les gitans. C’était alors un instrument rare. Je jouais mais je ne pensais pas à en faire mon métier. J’étais attiré par les arts plastiques. D’ailleurs, aujourd’hui, après avoir abandonné longtemps, je reviens à la sculpture. Je vis à Marly-le-Roi dans la maison d’un des plus grands sculpteurs : Maillol. Ça m’a donné l’envie de m’y remettre… Et même de faire une exposition, chose que je n’ai jamais osé faire. La seule chose que je n’ai jamais exposé c’est un portrait de Dylan.
Revenons en arrière… Voilà que vous décidez de chanter et que vous allez rencontrer Gainsbourg, alors pas connu.
Je m’étais marié très jeune, j’avais déjà deux filles et il fallait que je gagne ma vie. J’ai commencé à chanter dans les cabarets et un jour j’entends Gainsbourg qui chantait deux chansons. J’ai aimé ce qu’il faisait même si pour lui, ça ne marchait pas mais j’ai compris que si je devais chanter, il fallait que je me crée un répertoire. Je lui ai alors demandé si je pouvais chanter ses chansons, dont « Le poinçonneur des Lilas ».
Malheureusement, cela m’a mis en marge du métier car Gainsbourg avait mauvaise réputation à cause de l’alcool et du tabac. Or, ni je busvis, ni je fumais. De ce fait, nous n’avons pas créé des liens permanents.
Et puis j’ai concouru aux « Numéros uns de demain » à l’Olympia et j’ai gagné.
Ente autres rencontres, il y a eu Vline Buggy, qui écrivait déjà des chansons pour Claude François et qui en a écrit pas mal avec vous.
J’ai été présenté à Vline par Jean-Pierre Sabard qui était alors le pianiste de Claude. Je l’ai rencontrée et je venais de récupérer une chanson du folklore américain : « If I had a hammer » que je voulais chanter en français. C’est devenu « Si j’avais un marteau »… Que Vline a donné à Claude ! On s’est quand même accordé et on a fait « Allez, allez mon troupeau » qui a été un vrai succès, malgré Daniel Filipacchi qui ne voulait pas la passer à « Salut les copains ». Mais, le succès aidant, il a bien dû s’y résigner !
Comme passer sur la photo célèbre de Jean-Marie Périer avec tous les yéyés du moment !!!

Vous avez continué à écrire avec Vline … « Céline », « Adieu Monsieur le professeur », « Hasta luego » entre autres…
Oui mais je veux faire une mise au point : Je lui dois autant que ce qu’elle me doit. On a partagé ces chansons et… je n’y suis pas pour rien ! Je pense lui avoir aussi apporté beaucoup !
Autre rencontre : Bob Dylan
Oui, je l’ai rencontré, j’ai tout de suite aimé son style,  ses chansons, et j’ai eu envie de les traduire en français pour les chanter. Et j’ai demandé à Pierre Delanoé de les adapter. Il l’a fait pour me faire plaisir car il n’aimait ni l’artiste, ni ses chansons !
Vous traversez donc les années dites « yéyé » alors que vous êtes totalement à contrecourant… Et ça marche car vous collectionnez les succès !
C’est vrai que je n’ai jamais été « yéyé » et d’ailleurs je déteste ce mot qui ne veut rien dire. J’avais dix ans de plus qu’eux mais c’est vrai que j’ai été incorporé à ces jeunes, moi « le vieux » de la troupe. Mais ça m’a permis de connaître Johnny. Et dans les hits, j’étais devant lui. Il était un peu dans le creux de la vague. Du coup j’ai été pris pour faire ses premières parties.
Et quelques années après, c’est lui qui vous aider à revenir sur le devant de la scène.
Lorsque ma maison de disques m’a lâché parce que je n’étais plus assez vendeur, j’ai décidé de me produire mais hélas, ça a mal tourné car si vous n’êtes pas soutenu par un label, on ne vous reçoit pas. Mais je vous précise que n’ai jamais arrêté de faire des spectacles car le public m’est toujours resté fidèle. Ce sont les médias qui n’ont plus parlé de moi. C’est Johnny qui m’a présenté  à Mercury et je suis ressorti de la boîte.

Et il y a l’Eurovision en 64. Inattendu, non ?
Oui. Il se trouve que, voyant mon succès, Maritie et Gilbert Carpentier me proposent de m’y présenter  pour le Luxembourg avec une chanson de Robert Gall, le père de France : « Lorsque le printemps revient ». Ils me trouvaient beau garçon, aimaient ma voix et mon originalité. D’autant que tout le monde chantait avec un orchestre symphonique alors que je me suis présenté avec trois musiciens : mon Skiffle Groupe. En face de moi il y avait Romuald  pour Monte-Carlo et Gigliola Cinquetti pour l’Italie. Je suis arrivé 4ème et j’avais dit à Gigliola : « Tu vas gagner ». Ce qu’elle a fait !
Et ce beau garçon n’a-t-il pas eu envie de faire du cinéma ?
Oui. J’en ai fait… trois jours ! J’avais fait des essais pour le film « La vérité » avec Bardot, qui était une fille adorable. J’avais d’ailleurs été pris mais je n’ai tenu que quelques jours avec Henri-Georges Clouzot qui n’arrêtait pas d’insulter les gens. Je suis parti avant de lui mettre mon poing dans la figure !
Avez-vous toujours votre maison en Ardèche ?
Oui mais elle n’est plus à moi. Lorsque ma première femme est décédée, je l’ai donné à mes deux filles, Marie et Charlotte et elles y habitent encore.
Et vous êtes installé à Marly-le-Roi !
Oui, avec ma seconde épouse. Je dois vous avouer qu’elle est belle et beaucoup plus jeune que moi, ce qui a un peu fait jaser. Mais je m’en fiche ! Aujourd’hui, les concerts vont se terminer et j’ai pour projet de me remettre à la sculpture et de présenter enfin mon travail que je n’ai jamais montré ».
On va donc enfin découvrir une autre face du talent de l’artiste très bientôt.
Hugues Aufray n’a pas fini de nous surprendre !

Et déjà, il nous a surpris avec un spectacle de plus d’une heure et demi, où il chante autant qu’il parle (comme durant l’interview !, où il raconte ses chansons et nous assène, avec ses cinq remarquables musicien, des succès que tout le monde chante, de « Quand le printemps revient » en passant par « Céline », « Le petit âne gris », « Stweball », « Hasta Luego », « La fille du Nord », « A bientôt nous deux », «L’épervier », « Adieu Monsieur le professeur » que tout le monde chante avec lui les larmes aux yeux, terminant par « Santiano »repris debout par la salle entière. Plein de moments d’émotion et d’humanité  dont cette version de « Je vous salue Marie » de Brassens C’est un cadeau que nous offre cet artiste exceptionnel qui, à 94 ans, n’a perdu ni sa voix, ni sa superbe.
Bravo l’artiste !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon… et Jacques Brachet !

Isabelle AUBRET… La voix de l’amour

Thérèse Coquerelle , ouvrière à 14 ans  comme bobineuse dans l’usine où travaille son père, a toujours eu la chanson dans la voix, dans le sang, dans le cœur. En parallèle de ce métier, elle tente tous les concours de chant qui se présentent dans sa région lilloise, jusqu’à ce que Bruno Coquatrix la remarque en 1960 lors d’un concours à l’Olympia. Très vite elle va enregistrer dont une chanson qui vient de gagner l’Eurovision 1961, grâce à Jean-Claude Pascal : « Nous les amoureux ». Et c’est elle qui, un an plus tard, gagne l’Eurovision avec « Un premier amour ».
De là, elle ne cessera de chanter dans le monde entier, même si, les « yéyé » auraient pu la déstabiliser. Pourtant elle va bousculer les barrières et se faire une place entre Sheila, Sylvie Vartan, Johnny Hallyday, Richard Anthony et les autres.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que, dans les années 2000, on la retrouve au milieu de certains de ces artistes dans les tournées « Âge Tendre ».

Invitation à la Seyne-sur-mer
Avec Gérard Meys en tournée

Quant à moi, c’est dans les années 60 que je la rencontre pour la première fois. En 65 exactement, lors de la tournée que je ferai en tant que journaliste, où elle partage la vedette avec Adamo. Je la retrouverai plus tard sur les tournées Âge tendre où des liens d’amitié se noueront entre elle, Gérard Meys, son mari et producteur, producteur également d’un certain Jean Ferrat, et moi.
En 2010, je les inviterai à la Seyne-sur-Mer pour un hommage à Ferrat, chose qu’elle n’avait alors jamais faite. Sur le thème « Les écrivains et la chanson », ils seront entourés par mon autre amie Alice Dona, venue rendre hommage à Gilbert Bécaud, Claude Lemesle avec qui les deux chanteuses ont chanté des chansons de cet auteur-compositeur, orchestrées par Jean-Claude Petit.
Ce furent des journées de ferveur, d’amour, d’amitié et aussi de beaucoup de rires.
Au départ, Gérard m’avait demandé à ce qu’elle ne chante pas. Mais Isabelle, ayant tout prévu, avait apporté une bande sur laquelle elle chanta et nous offrit en prime un poème « Sur le boulevard Aragon ».
C’est grâce à Gérard que je pus rencontrer Jean Ferrat pour la sortie de son disque « Dans la jungle et dans le zoo », qui nous reçut  chez lui à Antraigues où j’ai moi aussi ma maison de famille à quatre kilomètres de chez lui.
Mais, revenons à Isabelle avec qui j’avais fait une longue interview durant les tournées « Âge Tendre », surpris de la retrouver entourée de ces artistes dits « Yéyé », loin de ce qu’elle défendait dans la chanson française.

Age Tendre avec Herbert Léonard
AgeTendre avec Bobby Solo
Age Tendre avec Michel Orso

Elle se mit à rire : « Mais figure-toi qu’à cette époque, je gagnais l’Eurovision en 62,  je rencontrais Ferrat » qui m’offrit « Deux enfants au soleil » puis plus tard « C’est beau la vie » ! En 63 je faisais l’Olympia avec Jacques Brel, en 65 je partais en tournée avec Adamo et j’ai même raté un film : « Les parapluies de Cherbourg » que me proposait Jacques Demy, à cause de mon accident. Et j’ai toujours eu quelque chose qui me bouleverse encore : l’affection et la fidélité du public ».
On a pu le voir lors de ces tournées où elle arrivait sur scène après que Jean Ferrat lui-même, qui avait enregistré un petit clip, la présentait. Et après son tour, sept mille personnes l’acclamaient debout.
Isabelle, deux rencontres ont compté plus que les autres : Brel et Ferrat…
C’est Brel qui m’a choisie alors que je ne le connaissais pas. Il devait partir en tournée avec Michèle Arnaud et il a dit au producteur : « C’est la petite que je veux ». Je croyais rêver. Grâce à cette rencontre, nous sommes devenus amis, je l’ai beaucoup chanté, je lui ai même consacré un disque. Autre jolie histoire : Lorsque j’ai eu mon accident, j’étais explosée de partout, il est venu me voir à l’hôpital et a dit à mon entourage : « Je lui donne « La Fanette »
Puis vient la rencontre avec Jean Ferrat, que tu as toujours appelé Tonton !
Gérard Meys est un jour venu me voir pour me proposer une chanson de Ferrat. C’était « Deux enfants au soleil » qu’il chantait lui-même. J’allais faire l’Eurovision et je lui ai dit : « On en parle après ». J’ai gagné l’Eurovision, on en a parlé, j’ai enregistré « Deux enfants au soleil » sur le même album que « Un premier amour »… Et elle est restée 27 semaines en tête des hitparades ! De ce jour, une amitié indéfectible est née. Tonton a écrit de magnifiques choses sur moi qui m’ont fait pleurer de joie. Il savait toujours choisir le mot qu’il fallait en toutes circonstances, lui qui était si pudique.


Parle-moi de ta première rencontre.
Lors de l’enregistrement de « Deux enfants au soleil », il passe dans le studio, me fait un petit signe mais, aussi timides l’un que l’autre, ça en reste là. Je pars en tournée avec Brel, j’ai mon accident et Jean n’ose pas venir me voir. Lorsque je recommence à marcher, je me rends compte à quel point c’est beau la vie. Ça donne l’idée à Michèle Senlis, qui avait déjà signe « Deux enfants au soleil » de faire une chanson et qui me propose la chanson « C’est beau la vie » en me faisant écouter la version de Jean à la guitare. Dans la foulée nous l’avons enregistrée tous les deux ainsi que « Nuit et brouillard », chanson polémique qui fut interdite d’antenne, surtout venant d’une femme qui venait de gagner l’Eurovision ! Mais on connait le succès et l’impact qu’a pu avoir cette chanson par la suite et de là est née notre amitié. J’ai enregistré quelque 80 chansons signées Ferrat.

Hommage à Ferrat

Dans la foulée, tu rencontres Aragon…
C’était après mon accident. Il m’avait invité à son anniversaire. J’étais très émue et honorée et lors de cette rencontre, il me propose de lire un de ses poèmes « Aimer à perdre la raison ». De ce jour des liens se sont créée et je ne me suis pas privée de le chanter grâce à Tonton. Je te précise que j’ai lu toute son œuvre, dont son dernier poème « L’épilogue ». C’est tellement fort et déchirant que Jean a mis trois ans pour le mettre en musique. « J’ai l’impression de lire son testament, plus jamais de ne mettrai l’un de ses poèmes en musique », m’avait-il dit.
Isabelle, difficile de ne pas parler de son Ardèche, qui est la mienne et qui est devenue la tienne.
C’est le directeur de la Maison de la Culture de Nice, Gabriel Monet, qui parle à Jean d’Antraigues où il a de la famille. Il cherchait un coin tranquille pour se reposer de ses quelque 250 galas, et surtout pas sur la Côte d’Azur. Gabriel l’y emmène et c’est le coup de foudre. Il appelle alors Gérard Meys et lui dit : « Il y a deux maisons à vendre, la belle est pour moi, l’autre est pour toi ! » Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés là-bas. Nous avions envie de le rejoindre, d’habiter pas loin de lui… mais assez loin au cas où nous nous serions fâchés ! Nous sommes à notre tour tombés amoureux de cette belle région.

Première dédicace
Première rencontre en tournée avec Adamo

Et il s’est totalement investi dans celle-ci.
Oui et ce qui est beau, c’est qu’il ne s’est pas considéré à Antraigues comme une vedette. D’ailleurs un jour, un habitant m’a dit : « Ce n’est pas un artiste mais un homme qui chante ». Il a été heureux dans ce village… »
Isabelle m’avoue qu’aujourd’hui elle a du mal à y retourner sans pouvoir y retrouver Tonton.
Elle y a fait quelques incursions pour lui rendre hommage lors de sa disparition où elle a chanté au milieu de milliers d’admirateurs qui pleuraient. Puis elle y venait fêter ses 86 ans
Elle qui fut une gymnaste avant son terrible accident puis qui en eut un second en pratiquant le trapèze, s’est payé pour la seconde fois un saut en parachute !
« Allez, allez la vie », elle est si belle et en même temps « on ne voit pas le temps passer » !
Je t’embrasse Isabelle.
Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

Age Tendre avec Georges Chelon et Stone
A la Seyne-sur-Mer avec Alice Dona

Michel MONACO… Romantiques… pas morts !


Comme son nom ne l’indique pas, Michel Monaco est né… à Cannes !
Ce n’est pas loin mais quand même. !
J’ai connu Michel en 2003 grâce à une autre presque Michel : Mick Micheyl.
Pour les moins de vingt ans qui pourraient ne pas la connaître, Mick était chanteuse, auteure, compositrice, productrice d’émissions de télévision, plasticienne. Il fallait la voir manier l’acier avec un engin plus grand qu’elle et en tirer des œuvres incroyables.
Côté chanson, elle créa son énorme succès « Un gamin de Paris » puis d’autres nombreuses chansons dont « La Joconde » que reprit Patachou avec succès.
Je l’ai connue grâce à Claude François qui m’avait invité sur un tournage dans une émission de Mick aux Buttes Chaumont. Et ce fut le coup de foudre entre nous. Jusqu’à sa mort nous ne nous sommes plus quittés.
Et c’est en 2003 qu’elle m’envoie le disque de Michel Monaco, dont elle est la marraine et qui lui consacre ce CD « De Mick à Michel ». Elle me propose de le rencontrer… Les amis de mes amis…
Et c’est ainsi que depuis plus de 20 ans, nous le sommes devenus et restés. Tout comme avec Mick, la fidélité… Un mot qui a tendance à disparaître chez les artistes !
Nous nous voyons peu mais nous appelons à chaque événement comme cette tournée dans les églises qu’il a faite avec notre amie commune d’alors, Michèle Torr.

Il a un talent fou, une voix chaude de crooner, il a travaillé avec les plus grands , de Barbelivien à Claude Lemesle en passant par Jean-Jacques Lafon, Alain Turban, Jean-Paul Cara, Frédéric Zeitoun et s’il a fait en 2015, la tournée des églises avec Michèle Torr, il a récidivé en 2018 avec Natasha Saint Pier.
L’artiste est talentueux et romantique, l’homme aussi attachant que discret et s’il n’est pas une star, il est un superbe chanteur qui n’arrête pas de chanter un peu partout, dont dans mon pays, en Ardècese, où il était du 8 au 13 avril, à Vogüe pour le festival « 1, 2, 3 musette » et où encore à la ferme théâtre de Lablachère (voir article) où il est passé le 16 août.
On pourra encore le retrouver sur « La grande croisière de l’accordéon » du 28 septembre au 5 octobre, à bord du Costa Pacifica. Départ Marseille le 28 septembre. Puis au 15ème festival de Lloret de Mar en Espagne du 14 au 19 octobre.
Pour fêter ses déjà 30 ans de carrière, il nous offre un très beau CD justement intitulé « Mes plus belles chansons d’amour ». Une vie d’amour et de passion pour la chanson et beaucoup d’inédits qu’il nous offre de sa voix chaude et qui nous invite à danser joue contre joue comme au bon vieux temps de notre jeunesse et ça fait plaisir d’entendre ce bouquet de belles mélodies romantiques, sur des orchestrations actuelles et efficaces.
Allez… On en parle avec lui !

« Michel, ce disque est fait d’inédits et de chansons plus anciennes remastérisées…
C’est un album pour fêter mes 30 ans de carrière avec des chansons que mon public connaît et d’autres toutes nouvelles. 17 chansons dont six inédites.
On y retrouve des auteurs-compositeurs qui t’accompagnent depuis un certain temps et quelques nouveaux noms qui apparaissent à tes côtés.
Oui, il y a les fidèles et d’autres que le hasard a mis sur ma route, accompagnés par les arrangements de Guy Mattéoni pour certaines, Raimy Bailet, Thierry Sforza qui ont signé « vingt ans, six mois et deux jours » et avec Jean-Paul Cara (L’oiseau et l’enfant) « Où sont passés les slows d’été ? ». Il a écrit aussi quelques chansons avec moi comme, « Mamans sourire » et « Vieillir ensemble ».
On trouve aussi Eric Charden… C’est donc une vielle chanson !
Oui, écrite avec Frank Thomas « Une rose, un baiser et c’est tout » qu’il chantait d’ailleurs sur la tournée « Âge Tendre ». Frank Thomas, on ne compte plus les artistes pour qui il a écrit, de Gréco à Polnareff, en passant par Bécaud, Mitchell, Dassin, Juvet, Gall, Bardot…
C’est le producteur de la tournée « Âge Tendre », Michel Algay, qui m’a dit que je devrais la chanter, qu’elle m’irait bien. Ce que j’ai fait. Aujourd’hui tous trois sont morts et c’est un peu un hommage que je leur offre.

Paul Glaeser et Thierry Sforza sont aussi présents sur cet album…
Auteur, compositeur, manager, écrivain, Paul est aussi décédé et a écrit avec Patrick Jaymes « Ma plus belle chanson d’amour ». Il a aussi collaboré avec Ruquier dans l’émission « Rien à cirer », écrit des livres, enregistré des musiques bretonnes et même une comédie musicale « Van Gogh »
Quant à Thierry Sforza, auteur-compositeur, il a écrit pour Michèle Torr, Rika Zaraï, Lorie, Gilbert Montagné…
Tu ne choisis pas les moins bons !
C’est le hasard et le bonheur des rencontres. Certains viennent vers moi et me proposent des chansons. Comme Remy Bailet, le mari de Liza Angell, avec qui j’ai chanté et qui a fait les arrangements sur certains titres dont « Week-end en amoureux ». Mais j’ai aussi la chance de partager des scènes avec  des artistes comme Aznavour, Isabelle Aubret, Hervé Vilard, Fabienne Thibault, et bien d’autres.
Tu n’arrêtes pas de tourner, en France, en Belgique, en Suisse et même en Espagne !
J’ai cette chance d’avoir un public fidèle avec qui  je vis des moments privilégiés d’amour et de partage. C’est pour ça que je chante ».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier & photos de l’artiste
www.michelmonaco.net
Tel.06 31 82 71 70


Christine MANGANARO, femme de musique et de passion

Cela fait 30 ans que nous nous connaissons.
Nous avons été voisins, nous promenions notre chien ensemble (Ça crée des liens !) puis en tant que journaliste j’ai suivi ses pérégrination musicales, un coup chanteuse, un coup responsable communication.
Elle a une pêche, une énergie folles, elle est belle et elle a une voix exceptionnelle, qu’elle chante Croisille ou Sanson, Scorpions ou Percy Sledge, France Gall ou Aretha Franklin, Amy Winehouse ou Santa… Et j’en passe.
Elle a une tessiture et une puissance incroyables dans la voix.
Elle était ces jours-ci en concert à la crêperie le Saint-Malo à Six-Fours où elle a fait le plein.
Une occasion de se retrouver et faire un portrait de cette femme qui aurait pu faire une belle carrière mais que ça n’intéressait pas particulièrement car sa vie c’est chanter donner et se donner du plaisir.

« La chanson… Comment ça a commencé ?
Très tôt. En fait, ça a commencé par la musique grâce à un papa mélomane qui touchait à n’importe quel instrument, petite j’ai bien sûr hérité de ça, dans la famille on adore chanter, danser… J’ai baigné dans cet esprit festif et musical et puis un jour, j’ai vu quelqu’un jouer de l’orgue Hammond comme Rhoda Scott, j’ai eu envie de jouer de cet instrument et ça m’a beaucoup plu. J’ai appris à en jouer sans faire de solfège, tout d’oreille et j’ai commencé à composer des chansons et à chanter mes textes. J’avais 12/13 ans et dans les fêtes de famille il fallait que je chante !
Mais bon, ça n’allait pas encore très loin ?
Un ami de la famille, qui était chanteur professionnel m’a écouté et m’a conseillé d’aller plus loin. Il m’a prise avec lui dans des spectacle et c’est comme ça que j’ai démarré « officiellement ».
Vers 16 ans je devais payer mes études, j’ai cherché un job au pub Saint-Michel à Paris, à côté de Notre-Dame. C’était un café-concert  à l’époque – on était en 85 – et les musiciens alors tournaient de cafés concert en cafés concert jouaient dix morceaux et changeaient de lieu, se faisaient rémunérer au chapeau.
Et toi dans ces lieux ?
Dans l’un deux j’étais serveuse, il y avait un pianiste et une chanteuse que j’admirais, je suis allée les voir, leur ai demandé si je pouvais chanter quelque chose. J’ai chanté du Véronique Sanson et j’ai commencé comme ça.  Les patrons qui m’ont entendue, m’ont proposé de chanter un quart d’heure chaque soir. A l’étage il y avait une brasserie et les gens descendaient pensant que c’était Véronique Sanson !

Et alors ?
Ça m’a donné de l’assurance, j’ai commencé à faire la tournée des piano bars, j’animais des karaokés et je prenais un plaisir énorme à chanter, à partager. J’ai toujours chanté pour le public, jamais en me regardant le nombril ou à me prendre pour une diva ! Je donne autant que je reçois, je reçois autant que je donne. C’est pour ça que je chante, c’est la communion du cœur.
Tu étais donc parisienne… Ça te gène, ça te gène ??
(Elle rit) Non mais je n’aimais pas la vie parisienne. J’étais mariée à un policier qui s’est fait muter dans le Sud à ma demande car j’en avais marre de Paris. J’étais alors journaliste à Paris pour le Parisien mais lorsque j’ai eu ma fille j’ai eu envie de quitter la capitale
Et te voilà à Six-Fours ! 
Oui. J’étais OK pour arrêter un temps le journalisme… mais pas la chanson.
J’ai écumé les petites annonces pour trouver un groupe et je suis tombée sur l’orchestre Eclipse, j’ai découvert ce qu’était le baloche et j’ai adoré. Nous étions une douzaine sur scène. Puis je suis passée chez Albert Jean où, avec l’autre chanteuse, on se changeait 17 fois dans la soirée ! Ça a été une très bonne école. J’ai rencontré le chanteur américain à la voix d’or, Rudy Wilburn, avec qui j’ai travaillé 5/6 ans avec lui et c’est ce qui m’a fait me lancer dans le r’n’b, la soul et ça, c’était ma tasse de thé.
Avec tout ça, n’as-tu jamais voulu te lancer dans une carrière de chanteuse ?
Non, parce que j’avais trouvé un métier de journaliste car entretemps j’étais entrée à RTL, j’ai travaillé pour France 3 et ce métier me passionnait. Je n’avais pas envie de le sacrifier pour une aléatoire carrière de chanteuse. Je ne voulais pas que ça devienne mon gagne-pain mais que ça reste une passion. Je n’avais pas envie d’avoir ce rapport à la musique, à l’argent. Ceci dit, aujourd’hui je viens d’avoir un bousculement dans ma vie et je me demande si je ne vais pas devenir intermittente. C’est peut-être fou mais je crois que c’est ce que je vais faire… Et je ne sais pas si je ne vais pas tenter le concours de « The Voice » !!! Je n’ai pas encore lancé ma carrière de chanteuse !

Tu composes et écrit des chansons ?
Oui, tu parles d’une autre vie. J’étais adolescente et je chantais « Je t’aime, je t’aimerai toute ma vie »… Tu vois, ça n’allait pas loin. Autant je suis une musicienne vocale, j’ai une très bonne oreille mais je ne suis pas une technicienne, je ne joue pas d’instrument de musique.
Mais aujourd’hui je suis en espèce d’état d’urgence et je veux prendre tout ce qui passe.
Tu as aussi été attachée de presse…
Oui, c’est un peu la logique de mon métier de journaliste. Lorsque j’étais à France 3, j’avais été repérée par le Président Bessudo de la Chambre de Commerce qui voyait que j’étais une journaliste qui posait des questions un peu sensées (même si ça peut paraître prétentieux !) J’étais alors la plus jeune journaliste titularisée à 19 ans lorsque j’ai démarré. J’ai appris mon métier avec de vrais grands journalistes. J’ai gardé un amour pour ce métier.
C’est donc le président Bessudo qui m’a proposé d’être attachée de presse. Étant des deux bords, je connais les attentes des journalistes et ça m’a beaucoup servi.
Aujourd’hui le métier de la presse a beaucoup changé hélas.
Tu as travaillé sur le festival de jazz à Toulon et aujourd’hui te voilà à celui de la Londe…
Pour la Londe, l’organisateur Christophe Dal Sasso avait entendu parler de moi par un ami commun avec qui j’avais collaboré chez Tandem. Le festival a 15 ans, il fait des choses étonnantes avec beaucoup de bénévoles, de petits moyens avec de grandes ambitions. Le festival est aujourd’hui à la fois professionnel et ambitieux. Ça a été ma première et une belle aventure humaine où tout le monde s’investit à fond et j’espère que ça va continuer ».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon


Antraigues – La Maison Ferrat… En souvenir

La maison d’Antraigues, j’ai eu la chance d’y être invité par Jean Ferrat lui-même en 79, grâce à Gérard Meys, son producteur et compagnon d’Isabelle Aubret, qui sont des amis de longue date.
En 1991 sortant son album « Dans la jungle et dans le zoo » il ne voulait faire qu’une télévision : celle de Michel Drucker et que trois médias : le Dauphiné, la Montagne et… Evasion Mag car il avait appris par Gérard que j’étais mi-ardéchois, mi-varois. C’est ainsi que nous passâmes la journée à écouter chacune des chansons de ce nouveau disque  dont il nous expliquait la naissance et que tout se termina par un repas à la Remise. Inutile de dire la joie que nous avons eue de partager ce moment avec cet immense artiste.
Une fois disparu, je continuais à venir voir Colette, sa femme, avec qui je fis un reportage lorsqu’elle ouvrit ce lieu qu’est la Maison Ferrat, en souvenir de lui.
D’année en année, j’ai continué à venir saluer Colette qui s’affaiblissait, jusqu’à ce 9 mai où elle a rejoint son homme, à l’âge de 88 ans.
Il y a longtemps que je n’étais plus entré dans ce lieu du souvenir, cette année, je m’y décidai et c’est avec un merveilleux sourire que m’y accueillit Anja Wissman, chargée de mission dans ce qui n’est pas un musée mais où des centaines de gens font la queue pour retrouver avec nostalgie, le poète-chanteur qui nous a offert tant de belles chansons.

Coralie Nicolas à l’accueil
avec Anja Wissman
Sa bibliothèque, ses livres, sa guitare...

« Anja, quel est votre rôle dans cette maison ?
Je suis chargée de mission depuis une dizaine d’années mais le lieu est géré par une association, la directrice étant Valérie, la nièce de Colette qu’elle a élevée comme sa fille. La Maison Ferrat existe depuis le 13 mai 2013. On a d’ailleurs fêté ses dix ans l’an dernier.
Expliquez-moi ce qui s’y passe…
Lorsque Colette a créé cette maison, c’était pour offrir un lieu vivant qui ne soit pas seulement un musée statique mais pour qu’il s’y passe des choses. Durant ces années, nous avons accueilli des concerts, proposé des expositions dont celles de Pignon Ernest Pignon qui nous a offert ce magnifique portrait de Jean Ferrat, on a organisé des conférences, nombre de soirées sur la place, des projections, tous les ans nous organisons le Printemps des Poètes. Quant à l’exposition consacrée à Ferrat, on essaie de la renouveler, de ne pas toujours montrer la même chose, nous accueillons de jeunes artistes de l’Ardèche, des expos temporaires en été.
Et il y a  ce festival Jean Ferrat qui vient d’avoir lieu du 17 au 21 juillet
Ce festival a été créé avant la Maison Ferrat en 2011. Au départ c’était la Mairie qui avait initié ce festival puis une association a pris le relais pour le faire perdurer.
Ce sont toujours des concerts autour de Ferrat ?
Au début c’était pour lui rendre hommage. Puis ça s’est élargi au niveau de la durée. D’une journée, nous sommes passés à quatre. Le fil rouge reste bien entendu Ferrat, son esprit, on reste fidèle à ses engagements, on y invite des artistes pas forcément de la chanson française classique, on s’est ouvert à d’autres styles de musiques, le rap, le slam, on a fait aussi un peu de rock mais le point commun au niveau de ces artistes c’est que ça reste 100% francophone ancré dans la personnalité et les idées de Ferrat.

le magnifique portrait dessiné par Ernest Pinon Ernest

Dans ce lieu je reconnais du mobilier que j’avais vu chez Jean…
Lorsqu’il est décédé, il y avait énormément de gens qui erraient dans le village à la recherche de sa maison et du coup, il y avait besoin d’un lieu et c’est pour cela que Colette a eu cette idée de cette place symbolique où on pouvait le voir jouer aux boules. Le lieu, qui était un bar-restaurant – où d’ailleurs Philippe Noiret et Jean-Louis Trintignant venaient lorsqu’ils tournaient le film de Robert Enrico « Le secret » (On le voit d’ailleurs dans le film) – était en vente. Et Colette y a installé des meubles, le piano, sa guitare…
La maison a-t-elle été vendue ?
Non, elle est toujours dans la famille.
Que faisait Jean de ses journées ?
Il continuait à écrire, il passait beaucoup de temps à répondre au courrier qu’il recevait, on a des archives incroyables. Pour lui, c’était important de garder ce contact avec son public, il jouait aux cartes, aux boules avec ses amis, il allait à la pêche.
Est-ce que des artistes connus sont venus jouer ?
Oui, justement nous avons accueilli Jean-Louis Trintignant avec un spectacle libertain, Daniel Auteuil, Arthur H, Francesca Solleville avec qui on a fêté ses 90 ans, son ami Ernest Pignon Ernest, qu’on a accueilli deux fois pour des expositions…

Vous disiez que ce lieu était un bar mais il fut aussi, je crois, un lieu historique ?
Oui, le comédien Gabriel Monnet, né au Cheylard, était un grand résistant, il a inauguré la Maison de la Culture de Bourges en montant une pièce de Pierre Halet « La provocation » sur l’incendie du Reichstag. Pierre Halet, connaissant Jean Ferrat, lui a demandé d’en écrire la musique. Gaby Monnet connaissant Alexandre Calder et Jean Saussac, qui était décorateur de théâtre, leur a demandé d’en faire les décors. Tout ce petit monde s’est donc retrouvé à Bourges puis à Antraigues et c’est grâce à eux que, tous installés dans le village, celui-ci a commencé à être connu artistiquement ».

Il est évident que Ferrat installé, le monde artistique s’est développé autour de lui et aujourd’hui, lorsque vous venez à Antraigues, prenez votre mal en patience pour trouver une place pour vous garer. Mais, armé decourage, vous ne regretterez pas de découvrir la Maison Ferrat mais aussi ce petit village ardéchois tellement beau et vous pourrez vous rendre compte que Ferrat avait raison de dire que la montagne était belle !

Jacques Brachet
La Maison Ferrat – Place de la Résistance – Antraigues sur Volane – 04 75 94 73 49

Six-Fous – Villa Simone
Nicolas FOLMER… En hommage à Michel Legrand


Nicolas Folmer est un musicien de jazz reconnu, trompettiste, pianiste et chanteur… entre autres et « La Vague classique » a eu l’excellente idée de l’inviter pour une soirée dans ce cadre superbe qu’est la Villa Simone. Concert intitulé « Michel Legrand Story », qui sera toute la soirée accompagné du chant des cigales !
Accompagné de trois pointures, Tony Sgro, basse, Luc Fenoli, Guitare, Jérôme Achet, batterie, il nous a offert un Michel Legrand revu et corrigé où l’on reconnait toujours la pâte du compositeur, même dans la voix de Nicolas, plus basse mais dont les intonations sont similaires.
Des « Demoiselles de Rochefort » aux « Dons Juans » de Nougaro, en passant par des chansons moins connues comme « Les enfants qui pleurent » « How do you keep the music play », « Quand ça balance » ou « La belle au bois dormant » du même Nougaro, ou encore « Les moulins de mon cœur » joué en accéléré, ce ne sont que des envolée jazzy menées par quatre virtuoses, Nicolas, lui, passant du piano à la trompette, de la trompette à la voix lorsque ce n’est pas les trois à la fois !
Et comme bouquet final, « Un été 42 » joué en duo à la trompette avec Luc Fenoli… Un moment de grâce
Du grand, du beau jazz, à la fois maîtrisé et d’une grande originalité.
Quelle belle soirée !
Dans l’après-midi Nicolas Folmer m’accordait un moment d’entretien, moment magique avec un musicien hors pair à la carrière foisonnante.

Luc Fenoli
Tony Sgro
Jérôme Achat

« Nicolas, par quoi tout a commencé : musique ? Jazz ?
J’ai débuté dans un grand orchestre de jazz… J’avais 11 ans !
Ça a été formateur car j’étais avec des gens qui étaient plus âgés que moi. Ça a aussi été une aventure humaine qui a révélé chez moi l’envie de connaître et aimer cette musique.
Vous étiez une famille de musiciens ?
Pas spécialement mais mes parents m’emmenaient aux concerts et je m’y suis intéressé. Quant à ce jazz band dans lequel j’ai commencé à jouer, il m’a ouvert les oreilles ! J’ai commencé à jouer avec des copains et tout est parti de là.
Par la suite avez-vous fait des études musicales ?
Oui, j’ai fait le Conservatoire de Paris où j’ai étudié la trompette et la composition où j’ai plus tard enseigné de 2013 à 2016. Sorti de là j’ai eu  un prix de perfectionnement au conservatoire, classique et jazz et tout de suite après j’ai commencé à jouer.
Du jazz seulement ?
J’ai fait un peu de classique mais c’était surtout la musique de jazz et « ses cousines » comme la musique latine où j’ai beaucoup joué avec des musiciens latino-américains, ce qui a beaucoup complété la formation de jazz que je suivais.
Vous avez travaillé avec beaucoup de grands musiciens comme Manu Katché, Herbie Hancock, Richard Galliano, André Ceccarelli… Michel Legrand, c’est arrivé comment ?
Il m’a u jour appelé pour remplacer au pied levé un musicien de son orchestre. Il avait entendu parler de moi. La rencontre s’est très bien passée, on a eu un flash spontané. Dès le premier soir, on a eu du plaisir à jouer ensemble et on a eu l’idée de faire un disque. C’est ainsi qu’est né notre premier album ensemble. C’était en 2009. Après ça, il m’a invité à nouveau dans son orchestre.
Il est décédé en 2020 et en 2022 j’ai fait un album-hommage un peu différent du premier puisqu’il n’était plus là, avec une relecture de ses musiques, différentes de ce qu’on avait fait ensemble.

Vous connaissiez bien sa musique ?
Oui mais surtout ses musiques de films. Lorsqu’on a enregistré ensemble, je venais d’avoir les Victoires de la Musique et j’avais envie de faire un disque de standards mais pas de standards de Broadway car tout le monde le faisait et au moment où je commençais à réfléchir aux musiques que je voulais enregistrer, au moment où je me posais ces questions-là, Michel m’appelle et je me rends compte qu’il a fait de nombreux standards français. Lui était heureux que des musiciens plus jeunes reprennent ses musiques, avec tout le côté improvisations virtuoses qu’il y a dans le jazz. C’est comme ça que ça s’est fait.
Et pour ce second album hommage, le choix des musiques c’est fait comment ?
Dans ce disque, je chante aussi, ce que je ne faisais pas dans le premier opus et il y a à la fois le côté cinéma et chanson, et jazz bien sûr. Il y a un orchestre à cordes, un big band. Je venais de faire un hommage à Miles Davis et, sur le même principe, je croise son univers avec le mien, je ne rejoue pas sa musique texto mais je fais une relecture personnelle en mélangeant nos deux univers. Par contre, j’ai beaucoup tenu compte des beaux textes des chansons, en français, en anglais, notamment du couple Bergman avec qui il a beaucoup travaillé, des chansons de Nougaro dont les paroles sont magnifiques, ce qui rajoute une émotion.

Vous êtes trompettiste et pianiste, chanteur, compositeur, arrangeur, accompagnateur, chef d’orchestre … Que n’avez-vous pas fait ?
(Il rit) Oh, j’ai fait beaucoup de choses, c’est vrai. J’ai aussi travaillé avec des chanteurs comme Diana Krall, Nana Mouskouri, Henri Salvador, Nathalie Cole, Dee Dee Bridgwater, Claude Nougaro, Charles Aznavour… J’ai tourné avec Dee Dee Bridgewater pendant trois ans dans le monde entier, avec André Ceccarelli d’ailleurs. Une magnifique expérience. J’ai fait un album avec Nana Mouskouri. Elle avait fait un album avec Quincy Jones dans les années 60 et elle a voulu refaire un album avec des musiciens de jazz dans le même esprit.
Ces artistes, c’est vous qui allez les chercher ?
Non, en général ce sont eux qui me choisissent et mon travail est divers, Avec Nana j’étais invité comme soliste, avec Aznavour, c’est Yvan Cassar qui avait fait appel à moi, J’ai retravaillé avec lui pour Nougaro. J’étais plus dans le jazz que dans la variété mais souvent les chanteurs aiment « s’encanailler » avec des musiciens de jazz ! J’ai aussi fait des séances pour Laszlo Schiffrin, Nathalie Cole. C’est vrai, je faisais le job mais ce n’est pas ce qui m’éclatait le plus.
Qu’est-ce qui vous éclatait le plus ?
Ce que je voulais, c’était affirmer une pâte sonore personnalisée. Ce qui m’intéresse, c’est de participer en un morceau en  tant que soliste, d’emmener une improvisation qui va transcender ce morceau. C’est ce qui me plaît vraiment.
Vous êtes également compositeur. Pour qui avez-vous écrit ?
Pour moi d’abord ! J’ai sorti vingt albums personnels, mais j’ai fait pas mal de musiques pour l’image, des pubs, des séries pour Netflix, HPO. J’ai écrit des musiques pour des orchestres, notamment un big band que j’ai dirigé pendant treize ans avec un saxophoniste nommé Pierre Bertand avec qui on a fait dix albums. Le batteur était… André Ceccarelli.
Vous faites donc une carrière internationale !
Oui, même si je me suis un peu calmé. Je vis à Toulon depuis sept ans, j’ai vécu à Paris vingt et quelques années. Et je ne regrette pas d’être venu ici ! »


Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon & Kylian Markowiak


Fabienne THIBEAULT : Un disque de toutes les couleurs

Photo Christian Srvandier

Chaque fois que j’appelle ou rencontre mon amie Fabienne Thbeault, je lui pose l’éternelle question : Quand vas-tu nous offrir un nouveau disque ?
Eh bien, voilà qui est fait… Il aura fallu attendre 20 ans, avec entretemps la publication de son livre « Mon Starmania » dont on a longuement parlé.
Car, malgré une magnifique carrière, elle reste dans le cœur de milliers de fans, Marie-Jeanne, cette serveuse automate amoureuse en vain de Ziggy.
Entre Québec et Paris, elle n’a cessé de chanter partout où on l’appelait et durant ces décennies, nous n’avons cessé de nous voir, nous croiser, nous rencontrer, de nous « phoninger » !
Lors de notre dernière conversation elle avait « oublié » de me dire qu’elle préparait un album en secret, qui sortira dans quelques semaines : « Autour de Fabienne » où elle a réuni pleins d’amis communs sur des chansons qu’elle a composées avec son complice Ciramarios, Fabien Tessier arrangeur du studio tourangeau « Tram 28 » et de Christian Montagnac, de la Compagnie Créole et néanmoins son mari.
C’est un disque multicolore où se mêlent jeunes et moins jeunes amis, des gens venus de la région haute alpine, de Marseille, de Paris,  de Montmartre, de l’Ardèche, de Tunisie, de Guadeloupe…
Il n’en fallait pas plus pour qu’on se retrouve et qu’on en parle. On va donc disséquer ces 11 chansons dont le CD sortira dans quelques semaines :

Chanter… par-dessus tout
Duo avec Stéphan Orcière qui, petit, a été baigné par la voix de Marie-Jeanne qu’écoutaient ses parents. Chanteur, danseur, il accompagne Fabienne dans cette profession de foi qui est la vie de tous les deux en chansons.
Les fermes de France
On sait l’amour que Fabienne porte à la vie rurale, qui lui a fait remporter le titre de commandeur du Mérite Agricole. A tel point que je l’avais invitée à « Stars en cuisine » à St Raphaël pour faire avec elle une recette de l’agneau de Sisteron qu’elle défendait. Elle beaucoup chanté, elle m’a abandonné à mon piano mais je ne lui en veux pas. Là mon compatriote ardéchois Ciramarios qui l’accopagne, sait de quoi… il chante !
Toi et moi
Elle l’a écrit mais ne la chante pas. Elle l’offre à Mélissandre Azoulay qui fut sa « Princesse au pays des cinq rives » comédie musicale qu’elle a écrite, qui est accompagnée du Gadeloupéen Fédric Cortana. Ca respire de soleil et de sensualité !
Chanson pour Meryem
C’est à la jeune chanteuse tunisienne Kiona,  la voix d’une lauréate de « The Voice » que Fabienne a offert cette chanson émouvante  sur l’histoire de cette gamine échappée du séisme marocain en 2023
Nos 2 M
C’aurait pu être « Nos deux T » puisque Fabienne chante avec Alain Turban, ce montmartrois qui vit en partie en Ardèche et que je retrouve toujours avec plaisir. Mes 2 M sont Montmartre et Montréal, deux lieux très lointains l’un de l’autre mais que l’amitié des deux artistes réunit.

William, alias Zize, Alain Turban, Fabienne Thibeault… En Ardèche !

Les saltimbanques
Ils sont trois : Ciramarios, Ahmed Mouici l’un des trois Pow Wow et surtout vedette des « 10 Commandements » et le troisième Larron est Pierre Billon, le fils de Patachou, qui a écrit tant de belles chansons, entre autres pour Johnny et Sardou. Et bien sûr, tous trois savent de quoi ils parlent !
Au temps où on avait 20 ans
Et voilà notre amie Annie, plus connue sous le nom de Stone, avec qui, tous les trois en tournée, nous avons eu des parties de rire incroyables. Stone pour la créatrice du « Monde est stone », on ne pouvait pas rater ça et tant de souvenirs nous relient !
La petite fille au napalm
Rien de plus émouvant et déchirant que cette photo d’une petite fille brûlée par le napalm qui court à perdre haleine. Fabienne en a fait une chanson qui nous arrache les larmes et qu’elle a offerte à Kiona et Jonatan Cerrada, issu de « Nouvelle star » et représentant de la France à l’Eurovision 2004.
Méridionale
Et voilà qu’arrive encore une (un ?) amie commune, Thierry Wilson alias Zize du Panier, cette Marseillaise aussi tonitruante sur scène, que discret dans la vie.
Zize nous fait revivre les belles heures marseillaises de Fernandel, Alibert, Vincent Scotto. Du pur jus marseillais !
Fille des Antilles
On reste au soleil, mais celui des Antilles, avec la belle voix de cette belle chanteuse qu’est Joanna Bringtown, digne fille de sa mère Clémence de la Compagnie Créole. Et avec Christian Montagnac de la même compagnie et époux de Fabienne, on reste dans la famille !
Dis-moi mam’zelle
Pour clore dans le rire Fabienne propose à Sophie Darel un duo où de mêlent Dalida, Véronique Sanson et… Fabienne Thibeaut doublée. Encore de beaux souvenirs en commun avec les tournées Âge Tendre.

Voilà, vous savez tout de ce bel album aussi varié que possible, allant du Québec aux Antilles avec de belles mélodies qui voient le retour musical de ma belle amie.
Autour de Fabienne… Que des amis !

Photo Christian Servandier

Jacques Brachet

Françoise HARDY… Même sous la pluie…


Paris, hiver, fin des années 60.
Il fait froid.
On peut même dire qu’il gèle.
Une petite brise glaciale vient s’insinuer au travers de mon manteau.
Pour comble de bonheur, il pleut. Une de ces petites bruines parisiennes qui vous transperce jusqu’aux os. Le ciel, uniformément gris et bas, vient se confondre avec la Seine qui coule doucement, frileusement. Seule Notre- Dame a l’air de résister au temps maussade et hivernal, la tête dans les nuages. Elle en a vu d’autres. (Elle est encore loin du drame).
Et, si j’avais encore quelques doutes, je comprends pourquoi je n’ai pas tenu longtemps à Paris, pourquoi j’ai refusé d’y rester pour travailler !
Je traverse un pont. Lequel ? Je n’en sais rien.
Je suis fidèlement le plan que m’a donné Françoise Hardy.
Eh oui, je vais chez Françoise Hardy. Profitant de quelques journées parisiennes, j’ai pris contact avec la plus discrète de nos chanteuses afin de la rencontrer.
Très tôt, elle s’est éloignée de la scène et de ce fait, je n’ai jamais pu la rencontrer en province, sinon lors d’une folle journée au magasin Prisunic où elle est venue faire une animation. Pourquoi ? Elle ne veut plus s’en souvenir tant elle fut traumatisée par la folie des fans.
Alors, j’avais décidé que, si Françoise ne venait pas à moi, j’irais à elle.
Par l’intermédiaire d’une attachée de presse amie qui a fait l’entremetteuse, j’ai reçu une réponse positive.
Ça me réchauffe le cœur… et le corps qui commence à être transi !
Je prends une petite rue de l’île St Louis, calme, grise – mais en fait ici, tout est gris ! – longée d’anciennes et très belles maisons, très souvent transformées en hôtels particuliers. J’entre dans une cour pavée où l’on s’attendrait à voir se ruer une calèche. Je monte trois étages en colimaçon qui me font remonter le temps. Une porte sans nom : juste la tête d’un petit bonhomme dessiné en trois coups de crayon, sur un petit carton. C’est charmant.

1ère rencontre chez elle
2ème rencontre à Toulon en tournée

Je sonne.
Temps mort puis des pas. La porte s’ouvre sur une silhouette longiligne, reconnaissable entre toutes. Pantalon et pull noir, chemisier rosé. Je me présente :
« Vous êtes en avance d’un quart d’heure !« 
La phrase est jetée sans bonjour, sans méchanceté mais elle a tapé au but. C’est vrai que j’ai l’habitude, la qualité – le défaut, me dit ma femme ! – d’avoir tellement peur d’être en retard que je suis sempiternellement en avance. Après, selon les rendez-vous, j’attends l’heure. Mais j’ai une sainte horreur du retard, pour moi et pour les autres !
Là, vu le temps, j’avais pensé qu’à un quart d’heure près et m’attendant chez elle, Françoise n’y verrait pas d’inconvénient… Visiblement elle en voyait un !
Mais, le temps d’avoir grommelé cette phrase d’un air boudeur, un sourire – oh, très fugitif ! – s’esquisse sur ses lèvres pour me faire comprendre que, malgré tout, ça n’est pas un drame.
Tout de même, elle l’a dit et j’apprendrai très vite qu’elle est très directe et qu’elle peut être assassine !
Encore un escalier en colimaçon, tout moquetté.
Une douce chaleur m’envahit, qui fait du bien. Une musique, douce également, en sourdine, des lumières tamisées. Moquette noire, murs blancs immaculés, lampes oranges, meubles design en acier et cuir noir.
Une immense cheminée dans laquelle trône une chaîne hifi entourée de plein de disques.
Me voilà donc dans l’univers de Françoise. Un univers qui lui ressemble étrangement, à la fois sobre, mystérieux, racé, un peu froid mais plein de douceur. Tout y est si feutré qu’on a presque envie de parler bas.
Je découvre. Je me réchauffe.
Je me sens à la fois bien et un peu gêné de déranger la Belle au Bois Dormant.
Françoise, qui n’a plus parlé depuis sa petite phrase lapidaire, me demande, d’une voix aussi feutrée si j’aime.
J’aime. Je le luis dis. Oubliés le vent glacé, la pluie, le brouillard.
Elle me fait installer dans l’un des grands fauteuils noirs et, avant que je lui aie dit quoi que ce soit, elle pose un disque sur la platine. Dans un murmure elle m’invite à écouter des chansons qui feront partie de son prochain album.
Je suis quelque peu surpris car elle vient tout juste d’en sortir un :
« Dès qu’un disque est sorti, pour moi c’est terminé. Je pense au prochain même s’il ne sortira que dans un an ou plus. Je prends le temps de choisir les chansons, de les essayer, j’écris, je réécris, je cherche le style, la couleur que je vais lui donner.
Une année, ça passe vite. Il me faut encore chercher les orchestrations et donc, l’orchestrateur qui donnera la dernière touche et la couleur à l’album.
Je veux avoir tout mon temps pour ne pas me presser ni me tromper. Je sais en principe exactement où je veux aller… »
J’avoue que je découvre une Françoise Hardy différente de l’image que je m’en suis faite. Je la voyais quelque peu nonchalante et passive, faisant ce métier sans vraie passion, presque avec ennui. Je me rends compte alors que, ce qui l’ennuie c’est la promo, les télés, la scène et ce qui lui plaît, c’est d’écrire, de composer, de faire naître des chansons.

Troisième rencontre au Midem à Cannes

Et puis, je la croyais lointaine, inaccessible et la voilà qui me propose de m’installer à même la moquette avec elle et qui me confie ses idées, sa façon de voir le métier, d’y être sans vraiment y entrer, occupant une place à part dans ce show biz avec lequel elle prend beaucoup de recul.
Elle m’explique son horreur et son trac à se rendre malade chaque fois qu’il fallait monter sur scène dans des conditions quelquefois épouvantables : extérieurs, chaleur ou mauvais temps, chapiteaux pourris, sonos défectueuses, toilettes inexistantes et les kilomètres à avaler.
C’est vrai qu’à cette époque, rien n’est fait pour le confort de l’artiste. Aucun d’eux aujourd’hui n’accepterait de faire une tournée dans de telles situations. Les exigences sont loin d’être les mêmes… Très, très, très loin de là !
De tout cet inconfort elle a voulu se débarrasser pour avoir l’esprit libre, du temps devant elle.
Elle continue à faire des disques car c’est un besoin, une envie. La scène ? Terminé. La horde de fans ? Plus jamais.
Le « service après-vente », comme elle dit, elle le fait pour les besoins de la cause : faire connaître ses chansons, vendre son album pour pouvoir continuer à en faire d’autres. Mais c’est vrai que, même à la télé, elle ne fait que le strict nécessaire.
« Quand on m’invite, c’est afin de parler de l’album, je ne vois rien d’autre à raconter.
Je n’aime pas parler de moi. Donc, en dehors de la promo, on ne me voit pas et c’est très bien comme ça. Tant pis si ça ne plaît pas à certains esprits chagrins.
Je suis comme ça. Je suis moi, je ne cherche pas à plaire à tout prix« 
Ce qui ne l’empêche pas de se passionner pour la musique.
Elle écoute beaucoup de choses, se tient au courant des nouvelles tendances, des nouveaux artistes et surtout des auteurs et compositeurs qui pourraient travailler avec elle, faire un bout de chemin sur un disque.
Ainsi me parle-t-elle de Catherine Lara qu’elle a découverte très tôt et dont elle aurait même eu envie de produire son premier disque.
Mais elle sait que la production est quelque chose d’onéreux, d’aléatoire et, avec sa lucidité et sa rigueur, elle a préféré conseiller à Catherine d’entrer dans une maison de disques où elle aurait plus de soutien et de moyens que ce qu’elle aurait pu lui apporter.
Ce qui ne l’a pas empêchée d’enregistrer elle-même des chansons que Lara a écrites pour elle.

De plus, dans sa vie, il y a un sentiment qu’elle cultive particulièrement : l’amitié, dont elle a d’ailleurs fait une jolie chanson. C’est essentiel à sa façon de vivre
Elle a quelques amis, peu mais fiables, qui font partie de sa bulle de vie.
Tout en bavardant, nous avons rejoint les fauteuils.
Le thé qu’elle m’a offert a refroidi mais qu’importe. La musique a cessé sans qu’on s’en rende compte et l’on continue à parler.
Jusqu’au moment où sa voix se tait aussi.
Elle se lève, regarde par la fenêtre la pluie qui continue à ruisseler, se serre les bras en frissonnant rétrospectivement.
Sa longue silhouette est en ombre chinoise ou presque. La nuit est tombée et je sens qu’il est temps pour moi de partir.
Le temps de lui demander de poser pour une photo. Même si ça ne l’enchante pas elle dit oui mais me propose de très jolies photos de presse au cas où mes photos ne seraient pas réussies, et dans la mesure où elle ne peut pas les voir. Elle m’en signe d’ailleurs une avec ce curieux petit bonhomme vu sur la porte.
Je ne ferai que deux photos
Elle ne sourira pas.
Le sourire arrive enfin lorsqu’elle me dit au revoir et qu’elle redescend le petit escalier pour m’ouvrir la porte.
Me revoilà affrontant pluie, nuit, froid mais le cœur encore tout chaud de ces quelques heures passées aux côtés de cette artiste unique entre toutes.
Sauvage ? Peut-être, mais simple et directe.
Timide ? Certainement mais surtout secrète, pudique, jalouse de sa vie privée dont je me serai garder de parler tout au long de notre rencontre.
Je la rencontrerai quelque temps plus tard et par deux fois au MIDEM à Cannes et, se souvenant de moi, elle acceptera une petite séance photo sur la croisette et un court moment d’entretien pour évoquer les derniers événements de sa vie d’artiste.
Bien évidemment, il n’y aura plus cette magie que j’ai vécue un après-midi d’hiver dans cette jolie maison de l’île St Louis qu’elle a quitté depuis mais qui me rappelle une rencontre exceptionnelle que j’aurais aimé renouveler…
La sortie de son autobiographie m’a vraiment surpris car elle n’était pas habituée à des confidences et là, tout à coup, elle déballait tout. Sans compter que sa façon de raconter m’a laissé une drôle d’impression.

4ème rencontre, encore au MIDEM à Cannes où elle est devenue productrice

Revenue de beaucoup de choses, très souvent insatisfaite de son travail, perturbée par son enfance, pas faite pour un métier qu’elle a pourtant choisi, très critique sur son talent, sans beaucoup de compassion pour les chanteurs qui la chantent, elle paraît ainsi très abrupte et si elle ne se ménage pas, elle ne ménage personne.
Elle a pourtant tout eu : la beauté, le talent, la reconnaissance, elle fut une icône avant l’heure et a su le rester avec classe et beaucoup de mystère…
Malgré les énormes ennuis de santé qu’elle trimballait depuis des années et qu’elle vivait au jour le jour.
En fait, elle fut un OVNI dans ces années 60, elle, la romantique-pessimiste, débarquant dans un monde de rythme, de folie, de joie et d’optimisme… C’est peut-être ce total contrecourant qui en a fait ce qu’elle était : un être et une chanteuse à part qui, durant plus de 50 ans, a continué à passionner les gens.
Et malgré tout ça, j’avais gardé une furieuse envie de la rencontrer à nouveau !
Une pierre précieuse, une perle rare dans ce monde féroce de la chanson.

Jacques Brachet