Archives de catégorie : Festivals

Festival « Femmes ! »… Promis, jurés !

Depuis l’an dernier, le festival « Femmes ! » a innové en créant, hormis le prix du public, le prix du jury et le prix de la meilleure actrice.
Ce qui donnait un peu plus de poids à ce festival dédié à la femme.
Le sujet choisi, cette année est le duo, quel qu’il soit et le jury doit voter autour de sept films.
Et le jury choisi est composé de deux femmes, deux hommes, pour la parité et une présidente, ce qui était la moindre des choses dans un tel festival.
Ce sont tous des professionnels et ils ont l’avantage d’être régionaux. J’ai déjà rencontré certains dans le cadre d’une rencontre et tous ont un point commun : la passion du cinéma.
Comme le chantait Christophe, je vais, je vais vous les présenter ! Et bien sûr, nous commençons par la présidente : Michèle JEAN.
« Qui suis-je ? Grand problème philosophique !
Je suis d’abord une femme, je travaille pour un festival de femmes, je défends la cause des femmes et je suis cinéphile. Ça te va, Jacques ?
Oui mais pas que… Le festival dont tu parles est bien sûr celui-ci ?
Oui, j’en suis la vice-présidente,  responsable de tout ce qui est artistique, dont la programmation. Avec Mireille Vercellino et Martine Patentreger, nous visionnons beaucoup de films, nous allons dansquelques festivals, les réalisateurs nous envoient aussi des liens et nous voyons ainsi les films en avant-première.
Combien de films avez-vous vus toutes les trois ?
Pour un choix de 46 on en voit plus d’une centaine. Nous les choisissons en fonction de la thématique qui est cette année les duos. Ce pouvait donc être une sœur, une amie, une fille, un mari… Toujours des couples ou des duos. Des films d’une certaine profondeur car nous voulons faire passer un message. C’est ce que veut dire le cinéma. Le cinéma est là pour quelque chose, comme faire réfléchir les gens.
Je voudrais préciser que nous travaillons avec Noémie Dumas, la directrice du Six N’Etoiles, et qu’elle fait un magnifique travail dans ce cinéma.
Choukri BEN MERIEM
Je suis acteur, réalisateur, producteur. Je viens, avec mon équipe, de présenter un pilote d’une série qui porte sur la légende des deux frères que nous avons tourné sur la plage des Sablettes en septembre dernier. Nous l’avons présenté à Toulon fin novembre,  dans un festival à Londres et nous continuons afin de trouver un financement pour les prochains épisodes.
Tu connais donc la région ?
Oui, puisque j’ai grandi à la Seyne-sur-mer, j’ai travaillé une dizaine d’années sur Paris, deux ans à Londres et je suis revenu à cause du covid. Je ne pensais pas rester mais j’ai trouvé un projet sur cette légende locale. Et je suis resté !
Comment es-tu venu au cinéma ?
Je suis tombé dedans lorsque j’étais petit, j’ai toujours aimé le cinéma, les westerns en noir et blanc et cette passion s’est développée au fur et à mesure. Je me suis intéressé au cinéma indépendant, la technique, la musique qui va avec, les bruitages…
Toujours dans la réalisation ?
J’en suis à ma troisième réalisation. Je suis aussi acteur mais j’ai voulu diversifier mes activités.
En tant qu’acteur où a-t-on pu te voir ?
Dans des courts métrages français et anglais.
Comment te retrouves-tu dans le jury ?
Parce qu’on me l’a proposé ! Dans les années précédentes j’étais festivalier et du coup, cette année, on m’a demandé d’y venir en tant que juré.

Michèle Jean
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Justine Foulani

Justine FOULANI
Justine, on se connaît car c’est toi qui nous accueilles au Six N’Etoiles, avec Noémie Dumas. Comment viens-tu au cinéma ?
Je suis originaire d’Occitanie, d’Ales, Nîmes, exactement et il y a un an que je travaille au Six N’Etoiles. Depuis que je suis enfant j’aime voir des films. Ça m’a suivi jusqu’à mon adolescence, puis, dans mes études, je me suis orientée dans le secteur du cinéma, j’ai entre autre découvert la diffusion. Essayer de montrer au public des films qui ne sont pas des blockbusters , souvent des films qui ne sont pas particulièrement grand public, comment les amener justement au public et c’est un vrai travail et c’est ce qui m’a passionnée. Puis j’ai travaillé aussi dans la distribution de documentaires qui ont du mal à trouver leur public, en les programmant justement dans des cinémas. C’est comme ça que je suis entrée en contact avec le Six N’Etoiles en tant qu’animatrice, pour mettre en place des animations pour le jeune public, organiser des débats, trouver des partenariats avec des associations locales pour faire connaître ces films.
Es-tu intéressée de devenir toi-même distributrice ?
Pas vraiment car je me suis rendu compte que j’étais surtout en contact avec les exploitants et pas assez avec le public, ce que je n’ai pas retrouvé dans la distribution. J’aime le contact avec le public. Nous organisons avec Noémie des petites projections que nous recevons, que nous voyons en amont afin de voir ce que nous pouvons faire comme animation à travers ces films. J’essaie d’aller dans quelques festivals, comme Cannes et le festival « Itinérances » d’Alès qui est un chouette festival et je fais aussi en sorte de découvrir les locaux.
Nicolas PABAN
Difficile de te faire « re » parler puisqu’on a eu l’occasion de se rencontrer ! Tu es venu comment au cinéma ?
En voiture ! Pas de loin puisque je suis toulonnais ! Plus sérieusement, c’est un rêve d’enfant mais j’ai mis du temps à passe à l’action. Je n’ai pas fait d’école de cinéma mais un jour j’ai eu la maturité de me dire que si j’avais cette envie, il fallait la réaliser, sans se poser de questions. A partir de là, j’ai fait beaucoup de courts métrages, j’ai appris sur le tas, en faisant des erreurs, j’ai appris de film en film et je n’ai jamais arrêté en restant à Toulon.
Fier d’être toulonnais ?
Non. On n’a pas à être fièr d’être né quelque part, d’être né tout court ! Mais j’aime ma région.
Tu as fait combien de courts métrages ?
Difficile de les compter, car en fait,  j’en faisais déjà tout gamin mais je ne peux pas les compter dans ma filmographie. Disons une quinzaine qui ont été vus dans des festivalss, des salles de cinéma.
N’es-tu pas tenté par un long métrage ?
Peut-être mais je considère que ce n’est pas une fin en soi. Il faut beaucoup d’aides, de financements conséquents. Mais je suis très heureux de faire des courts métrages parce que c’est du cinéma et qu’en priorité j’ai envie de faire du cinéma.
Et peut-on en vivre ?
Oui, j’en vis, sinon je serais malheureux… C’est ce qui fait que je me sens vivant.

Nicolas Paban
Carla Lauzier
Choukri Ben Meriem

Carla LAUZIER
Je suis six-fournaise. J’habite à Six-Fours mais je travaille à Aubagne, je suis monteuse de courts métrages, j’ai fait des études de cinéma et je travaille à l’école de La Satis à Aubagne, qui est une école de cinéma. J’y enseigne le montage et la post production.
Comment es-tu venue à ce métier ?
Tardivement car j’ai d’abord fait des études de langue étrangère (Anglais, Italien, Arabe…) Je voulais devenir interprète.Finalement j’ai changé de voie car pour bien gagner sa vie il faut faire du droit travailler au sein de l’ONU par exemple et ce n’était pas une voie qui me correspondait. J’ai décidé d’arrêter et de me poser la question : Qu’est-ce que tu veux faire ?
Ce que j’aime par-dessus tout, c’est regarder des films, les analyser. Je me suis alors lancée dans une licence de cinéma sans vraiment savoir dans quelle discipline je voulais aller. J’en ai découvert tous les aspects et en découvrant le montage, c’est une passion qui s’est débloquée. J’ai commencé à faire des montages de films…
Quels films ?
J’ai été en stage sur plusieurs séries comme « Plus belle la vie », sur Amazon avec Jean Dujardin, Charlotte Gainsbourg, ensuite, j’ai commencé à avoir des contacts, des rencontres et monter des courts métrages.
N’as-tu pas essayé d’aller sur Paris ?
Non, c’est un choix, Paris ça n’était pas une vie qui me correspondait pas et je suis très heureuse de pouvoir travailler dans la région et entre autres dans l’école où j’ai été formée.
A côté je travaille en free-lance et ça me convient très bien. L’école m’ouvre beaucoup de contacte car on travaille avec beaucoup de partenaires. Les réseaux marchent bien.
Comment es-tu devenue juré sur ce festival ?
En fait, je connais Mireille Vercellino qui a été présidente de l’association « Lumières du Sud », avant que ma mère, Michèle Attard ne lui succède et je faisais partie de l’association. Du coup, elle m’a proposé d’être juré ».

Le club des cinq réuni, comment vont-ils travailler ?
D’abord, me disent-ile, en se découvrant puisqu’ils ne se connaissaient pas. Et je suis heureux que cette rencontre les fasse se découvrir l’un l’autre. Ensuite bien sûr, il y a les projections, l’analyse du film, les différentes techniques du tournage et surtout et avant tout le ressenti, l’émotion que le film a suscité chez chacun. Puis, il faudra choisir la meilleure actrice et là, ils ont l’embarras du choix !

A suivre donc !
Jacques Brachet

Six-Fours – Festival « Femmes ! » : Ouverture en majeur

Jamais on n’aura vu autant d’invités pour l’ouverture du festival « Femmes ! » à Six-Fours.
Luc Patentreger, président du festival, avait bien fait les choses en démarrant sur une rencontre exceptionnelle : Une master class avec une partie de l’équipe de la série télévisée de France 3 « Plus belle la vie ». Il devait y avoir quatre actrices et plusieurs sont venus en renfort ! Inutile de vous dire que les fans ont rempli une partie de la salle, heureux de voir leurs comédiens préférés quitter le Mistral à Marseille, pour être là « en vrai » !
Cette série de plusieurs milliers d’épisodes, créé en 2004. S’est arrêtée en 2022 mais le public a été tellement nombreux à s’en plaindre, que revoici revenu en 2024, une sorte de suite ou de continuité « Plus belle la vie, encore plus belle », même si elle n’est pas toujours belle car il s’en passe des événements, aussi drôles que dramatiques !
Mais ce n’était pas tout puisque démarrait aussi le prix du jury et le prix du public, avec un film signé Nathan Ambrosioni, en sa présence, qui présentait un film « Les enfants vont bien ». L’histoire de deux sœurs, Suzanne et Jeanne, qui, à peine retrouvées, sont aussitôt séparées car dans la nuit de leurs retrouvailles, Suzanne disparaît.
Nathan Ambrosioni  est un « voisin » puisque né à Grasse en 1999. Fou de cinéma, il réalise à 15 ans son premier film « Hostile », un film d’horreur !
Aujourd’hui « Les enfants vont bien » est son cinquième film et déjà, chacun de ses films a obtenu des prix divers et nombreux. C’est le nouveau petit génie du cinéma et pour ce cinquième film, il a réuni deux magnifiques comédiennes : Camille Cottin, l’une nos comédiennes française les plus douées, que l’Amérique nous envie et ne se gêne pas pour nous l’emprunter et à ses côtés, une chanteuse qui est en train de se faire un nom dans le cinéma : Juliette Armanet.

Le lendemain, mardi donc, c’est au tour de Béatrice Métayer, ambassadrice du festival, d’animer un débat autour du film norvégien de Lija Ingolfsdottir « Loveable ».
Maria (Helga Guren), divorcée, deux enfants. Remariée, deux autres enfants. Si, au départ, c’est l’amour fou avec Sigmund (Oddgeir Thune), très vite, le couple vacille. Lui, musicien, doit souvent partir en tournée. Elle, se retrouve avec quatre enfants à gérer. A chacun de ses retours, Sigmund se retrouve avec une femme épuisée, seule la moitié du temps, en colère tout le temps et subit ses reproches. A tel point qu’il demande le divorce à son tour.
A partir de là, Maria, va aller voir sa mère, une mère qui, à son tour, lui reproche bien des choses et la met devant le fait qu’elle a toujours été centrée sur elle-même et devrait penser aux autres Entre les mots de sa mère et les mots d’une psy qui va, elle aussi, la mettre devant ses attitudes, Maria, qui est à bout de force, va revoir toute sa vie et se rendre compte de ce qui ne va pas chez elle.

Suite à ce film terriblement émouvant et oppressant, mené par une comédienne magnifique, Béatrice avait réuni quatre femmes pour un débat autour de la santé mentale : Le Docteur Stéphanie Guillaume, le Docteur Eugénie Beaucourt, médecins généralistes,  Laurence Flez-Renaudin, psy et auteure et Cécile Limier professeure d’arts martiaux et créatrice de l’association « Sport adapté, santé ».
Toutes étaient d’accord que la santé mentale doit aller de pair avec la santé physique, que le meilleur moyen de ne pas y succomber et l’échange et la communication, et aussi de ne pas être dans le déni lorsqu’on voit que tout va mal.
Magnifique début de festival à Six-Fours, qui va se dérouler jusqu’au 15 novembre et se terminera par la remise du prix du jury et de la meilleure actrice.
Le festival continuera à se dérouler au casino Joa et au Centre Tisot, avec également des séances scolaires, des soirées événements, des soirées musicales à la Seyne ainsi que la nuit du court métrage  qui réunira 24 films à partir de 19 heures le 21 novembre au Centre Tisot avec une remise de prix .La soirée de clôture se déroulera le 23 novembre.
Plein de beaux films, plein de magnifiques actrices, plein de beaux réalisateurs et réalisatrices, un festival mené de main de maître par Luc et son équipe, qui augure bien pour le 25ème anniversaire l’an prochain !

Jacques Brachet

Les « FEMMES ! »
reviennent en force dans le Var !

Pour la 24ème année, Les Chantiers du Festival s’installent à Toulon (Cinéma le Royal & Théâtre Liberté), à Six-Fours (Six N’Etoiles), à la Seyne (Casino Joa & Centre Culturel Tisot), à la Garde (Cinéma le Rocher) pour nous présenter la femme dans tous ses états.
Un festival, comme son nom l’indique, qui est dédié à la femme avec, cette année, un thème qui double la mise puisque ce sont les duos, quels qu’ils soient.
Il se déroulera du 5 au 22 novembre dans ces six salles varoises et nous offrira quarante-quatre films de seize pays, huit avant-premières, une compétition qui aboutira à un prix du jury (Dont on reparlera) et un prix d’interprétation féminine, six séances scolaires, une master class animé par les comédiens de la série « Plus belle la vie », un atelier cinéma, deux expositions et quatre soirées à thème : Soirée Cabaret, soirée Maroc, Nuit du court métrage, et soirée de clôture avec de la chanson française, dix débats, deux conférences-débats…
On est encore un peu loin de la date d’ouverture et on reviendra sur tous les programmes annoncés évidemment. Mais d’ores et déjà vous pouvez les consulter sur le site www.femmesfestival.fr et déjà réserver vos places.
Pour nous donner l’eau à la bouche, le président Luc Patentreger est venu nous rendre visite au Domaine du Plan de la Mer à Six-Fours, invités par son propriétaire Robert Priolio. Et il était entouré de Gabrielle Priolio, fille du boss, qui est aussi agricultrice auprès de son père, mais aussi Miss France Agricole 2025 et qui sera également l’une des marraines de ce festival et de Valmigot, magnifique artiste qui a réalisé l’affiche de cette année.

« C’est donc – nous dit-il – la vingt-quatrième édition du festival qui met en avant des portraits de femmes qui se trouvent en situation de duo femme-femme, femme-homme, femme-enfant, femme-ascendant traités sur un plan cinématographique, en se posant la question : Comment une femme se construit-elle par rapport à l’autre. Ces films seront répartis et diffusés sur les six salles des quatre villes de la métropole, comme l’an dernier.
Comme chaque année, nous avons apporté des innovations. Nous avons décidé que, comme on est un festival de proximité qui met en avant les valeurs humaines, on a voulu démultiplier les marraines, la première marraine étant Gabrielle Priolio, que nous considérons comme une femme d’exception par rapport à son parcours mais également parce que la famille Piolio organise chaque été dans son domaine des séances de cinéma en plein air.
La seconde innovation, que nous avons inaugurée l’an dernier, est que l’affiche du festival était réalisée par une plasticienne varoise. C’est donc Valmigot qui nous présente sa toile. J’ai beaucoup aimé son travail. L’originalité est que la toile sera mise en vente et que la moitié de la recette, sera versée à l’association des Chantiers du Cinéma.
Sera-t-elle mise aux enchères ?
Valmigot : Nous n’en avons pas encore parlé car, si je suis peintre, je ne suis pas commissaire-priseur … Je manie le pinceau mais pas le marteau !
Luc : L’idée, en priorité, est de permettre à un acquéreur d’avoir cette œuvre exceptionnelle mais aussi d’aider l’artiste et le festival.

Valmigot : L’artiste a besoin de manger et trop souvent on demande à un artiste d’offrir une œuvre. Il y a une démarche, un savoir-faire, on met nos tripes dans une toile mais après ça, il faut en vivre. Il est important, à un moment, d’être partenaire. D’être… Duo ! Et que chacun y trouve son compte.
Parlez-nous de votre rencontre…
Luc : C’est Robert Priolio qui en est l’auteur ! J’assiste quelquefois à des vernissages, avec Robert, nous nous connaissons depuis longtemps car nous habitons à côté l’un de l’autre, nous nous rencontrons donc souvent et un jour je vois à ses côtés, cette femme…
Valmigot : je précise que cette première fois, j’ai pris un vent et comme excuse tu m’as dit que tu n’avais pas osé me parler. Tu parlais à Robert… Mais pas à moi !
Tu es parti et j’ai demandé à Robert qui tu étais…
Luc (qui rit). Bref Peut-être que je suis malpoli mais je crois surtout que je suis timide et respectueux. Je n’ose pas déranger et être le lourdaud.
Valmigot : En fait, c’est un sketch… Duo !
Robert : Moi, j’aime bien faire rencontrer les gens et je pensais qu’il serait intéressant qu’ils se connaissent.
La toile était-elle déjà faite ?
Luc. Non. Nous avons eu l’occasion de nous retrouver l’an dernier lors de la venue d’ Emmanuelle Béart. Je  trouve que Valmigot met du sens dans son travail, il y a chez elle une grande intelligence et pour l’affiche de cette année j’ai immédiatement pensé à elle après avoir vu son travail.
Valmigot : Je pense que nous sommes dans une chronologie linéaire dans laquelle on ne peut revenir en arrière. Il faut faire avec ce qu’on a fait, recueillir de la sagesse. Je suis dans l’idée du bonheur. J’aime sentir l’humain. On a tous été fracassé un jour mais il faut garder l’espoir chevillé au corps et voir la beauté en chaque chose.
« L’art pour apaiser les blessures invisibles », tel pourrait être le point de départ de cette œuvre conçue comme un geste réparateur, un espace de reconnaissance pour celles et ceux dont les voix cherchent le voies d’accès de l’autre.

Et toi, Gabrielle… Pas encore fracassée j’espère ! Tu es arrivée comment sur ce festival ?
Ça s’est fait sous forme d’une discussion, Luc m’a proposé de venir et j’ai dit oui instantanément, naturellement Il m’a expliqué qu’il voulait mettre en valeur des femmes d’exception. J’étais à la fois surprise et ravie mais j’ai dit oui parce que je connaissais le festival, que l’on suit avec mon mari et je n’ai pas vraiment réfléchi. En tant que Miss Agricole, c’est évidemment pour la promouvoir mais en tant qu’agricultrice je représente aussi la femme en elle-même et c’est quelque chose que j’avais envie de soutenir. Et si je peux être sur des événements féminins, je trouve important d’y être. Pour aussi un peu casser les clichés de l’agricultrice qui a toujours la tête dans les champs. Je veux montrer que je m’intéresse à beaucoup d’autres choses ».
Voilà ce qu’on pouvait dévoiler de cette première rencontre… Qui sera suivie d’autres rencontres pour dévoiler peu à peu ce festival qui mérite d’être suivi et le faire développer, tant aussi qu’aujourd’hui maintenir un festival n’est pas de tout repos…N’est-ce pas Luc ?
Luc qui est passionné et se donne pour qu’un tel festival puisse continuer son chemin avec de beaux films et de belles rencontres dont la femme est le centre de la manifestation.
A suivre, donc !

Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Six-Fours : Du théâtre à la Villa Simone
«  Il nous manquait quelque chose à Six-Fours… »

Monsieur Z, Laetitia de Cazalta, Fabiola Casagrande, Jean-Sébastien Vialatte

C’est par cette phrase que le maire de Six-Fours, Jean-Sébastien Vialatte a débuté cette rencontre presse.
Pourquoi. Parce qu’il nous avait réunis avec Fabiola Casagrande, son adjointe à la Culture pour nous présenter le premier festival de Théâtre qui se déroulera du 23 au 28 juin à la Villa Simone en programmant quatre pièces que Laetitia de Casalta, chargée de mission à la programmation est allée dénicher au festival d’Avignon.
Pourquoi cette phrase ? Parce que, précise-t-il, les Six-Fournais sont déjà bien gâtés grâce à quatre salles de Cinéma dans lequel n’arrêtent pas de se passer des événements, que nous avons entre le printemps et l’été, un festival magnifique de musique classique « La Vague Classique » qui s’étale sur quatre lieux : la Maison du Cygne du 16 mai au 10 juin, la Collégiale St Pierre du15 juillet au 21 septembre, la Villa Simone les 5 et 12 juillet, la Maison du Patrimoine, les 13 et 20 septembre.
De l’humour au Théâtre Daudet, des concerts, des spectacles et des concerts  Salle Malraux… Bref, la Culture est partout à Six-Fours et il y manquait le théâtre. Ce sera donc chose faite du 23 au 28 juin à la Villa Simone, lieu on ne peut plus beau et paisible, où se dérouleront quatre pièces de théâtre.
« Effectivement – poursuit Fabiola – nous avons voulu compléter l’offre culturelle des spectacles vivants. Nous avons beaucoup d’associations théâtrales à Six-Fours depuis de longues années qui, j’espère, se feront  l’écho de cet événement. C’est donc notre premier festival de théâtre qui se déroulera la dernière semaine de juin dans les jardins de ce beau lieu qu’est la villa Simone, sous les étoiles. Les tarifs sont abordables puisque le tarif unique est de 25 euros  et 10 euros pour les jeunes. Nous avons mis en place un passe pour les quatre pièces de 85 euros ».

Les spectacles auront lieu à 21h et Laetitia de Casalta a choisi quatre spectacles très différents afin de faire venir le public le plus large possible :
Le lundi 23 juin : « Un chapeau de paille d’Italie » d’Eugène Labiche par la Cie L’Eternel Eté
Le mercredi 25 juin : « Le Revizor » de Nicolas Gogol par le Collectif Voix de Plumes
Le lundi 26 juin : « Ils ne méritent pas tes larmes de Thomas Snégaroff par l’Atelier Théâtre Actuel
Le samedi 28 juin : « Kessel, la liberté à tout prix » de Mathieu Rannou par l’Atelier Théâtre Actuel
« A noter que l’on peut rencontrer Thomas Snégaroff le dimanche soir sur France 5. Il est historien et spécialiste des Etats-Unis. Le spectacle est tiré de son livre, accompagné à la clarinette de Xavier Bussy et que Franck Desmedt, acteur de théâtre, de cinéma, de télévision, a été nommé  aux Molière 2021 pour son seul en scène « La promesse de l’aube » de Romain Gary et aux Molière 2024 pour « Kessel »
Une affiche très originale a été conçue par un certain Richard Zielenkiewiez, plus communément (Et fort heureusement !) connu sous le pseudo de Monsieur Z.
Si vous ne connaissez pas son visage, sachez qu’il est illustrateur et directeur artistique international et qu’il sévit partout dans le monde de l’art, collaborant avec des magazines comme Elle, Cosmo, Vogue, des pubs pour l’Oréal, Evian, Quick et Mc Do, Air France et TGV, des pochettes de disques chez Warner et il est même auteur de séries chez Gulli, Netflix, BBC…

Touche à tout de génie et pourtant d’une grande gentille et d’une grande simplicité, il vit chez nous et a accepté de créer cette belle affiche pour ce premier festival :
« J’ai de la chance qu’on ait fait appel à moi pour ce festival dont le programme est de qualit , à la fois pointu et accessible à tous, de plus, il va se dérouler dans un cadre magnifique, un superbe écran de verdure au milieu de la ville, qu’on ne s’attend pas à trouver. Organiser des spectacles de théâtre dans cet endroit magique est une excellente idée. Je suis ravi que la ville m’ait confié cette mission. J’ai essayé de faire une image simple et parlante.
Je suis allé sur place et je me suis aperçu que le nom de « Théâtre de Verdure » portait bien son nom. J’ai donc voulu symboliser ce jardin et à la fois résumer le théâtre. Comme son nom l’indique, un théâtre de verdure est un théâtre qui n’existe pas. Il fallait donc faire comprendre de façon graphique ce qu’il y a à l’intérieur et représenter un théâtre en plein air, d’où le rideau de verdure qui s’ouvre et quoi de plus naturel que d’y faire apparaître une actrice, une comédienne ou même la fameuse Simone puisque le festival se passe chez elle et le titre du festival est « Les nuits théâtrales de Simone ». Elle écarte le rideau pour savoir s’il y a du monde. Quant au public, lorsque le rideau s’ouvre, il découvre ce qu’il y a derrière ».
Le maire devait préciser : « Il y a deux façon d’écouter la musique, dans un auditorium ou de venir un soir d’été dans un jardin, accompagné d’oiseaux. La qualité acoustique est moins grande mais l’émotion est plus grande. On partage aussitôt quelque chose lorsqu’on arrive dans un tel lieu. C’est pareil pour une pièce de théâtre sous la lune.
Dès qu’on franchit la villa Simone, il y a une ambiance particulière. Il s’agit de partager avec le public des soirées d’émotion ou de rires pour oublier un moment ce contexte international qui est  plutôt angoissant.
Je voudrais rappeler qui était Simone. Elle était la propriétaire de ce grand domaine qui était une résidence de vacances. Elle était aussi la propriétaire des salins, de terrains agricoles qui, peu à peu se sont construit. »
« Et elle veille sur nous », dira Fabiola pour conclure cette rencontre.

Jacques Brachet




Un homme, une femme – Episode 2
Aliénor de CELLES & Luc PATENTRIGER

Sa boutique seynoise, c’est la caverne d’Ali-Baba. Des peintures, des dessins, des vêtements, des objets et bibelots venus du monde entier… C’est dans le calme du 16, rue Evenos, qu’Aliénor de Cellès a installé sa boutique-atelier, « Simona de Simoni », où elle reçoit les clients, où elle crée des tas de choses, où elle anime des ateliers pour enfants…
Et c’est là que Luc Patentriger, président du festival « Femmes ! » l’a découverte et lui a proposé de créer, pour la première fois, une affiche originale que l’on a pu voir dans toutes les villes où le festival s’est posé.
Femme discrète, presque timide, elle nous parle de ses passionsAliénor de Cellès : On va toujours vers les choses qu’on aime
« Aliénor, comment l’Art est-il venu à vous ?
J’ai toujours, toute petite, dessiné et peint D’ailleurs à huit ans j’ai gagné un concours de dessins organisé par la mairie de Saint-Raphaël où j’ai habité jusqu’à mes 15 ans. J’ai aussi gagné un concours de poésie. J’ai toujours eu cette sensibilité et j’ai même été éditée à dix ans, ce qui a fait très plaisir à mes parents ! J’ai toujours « bricolé » puis j’ai fait un BTS d’Art Plastique, de lettres à Troyes. J’ai fait Histoire de l’Art et Sémiologie à Toulouse.

Comment vous êtes-vous retrouvée à la Seyne-sur-Mer ?
J’ai passé toute ma vie à Paris mais mon conjoint est d’ici et il a eu envie de revenir en Provence où il était venu dix ans avant. On avait décidé de revenir ici lorsque notre fils aurait eu son bac. Nous sommes revenus en 2018 à Toulon où nous ne nous sommes pas plus. Nous étions considérés comme des étrangers ! La greffe n’a donc pas pris.
De plus, la mairie proposait des locaux aux artistes en nous faisant des réductions sur la location. Au final, nous avons eu 12… Euros de réduction et… 50.00 Euros de travaux, le sol était en terre battue, pas d’électricité. Lorsque ça ne marche pas, la mairie récupère le local. J’ai trouvé ce comportement un peu limite !
Depuis l’âge de 20 ans, j’ai eu des boutiques et j’ai toujours préféré acheter les murs.
Du coup on a cherché ailleurs et c’est à la Seyne qu’on s’est installé. Et là, c’est chez moi !
Vous êtes quand même un peu isolée ?
J’ai cherché pendant un an, ja’i trouvé cet endroit qui est très calme, j’ai des clientes fidèles. J’ai même d’anciennes clientes que j’avais à Paris, je leur fait visiter les environs, je leur fait prendre le bateau. J’ai du temps pour animer mes ateliers, préparer mes expositions.
Vous avez donc multiplié les plaisirs !
Oui mais c’est toujours le dessin qui est au centre de tout. Et le contact humain aussi qui est important. Je travaille beaucoup avec des enfants, dans les écoles, autour de projets pédagogiques, j’ai travaillé avec la maison de couture « Les blancs manteaux ». C’est l’humain d’ailleurs qui m’a rapprochée de Luc. Nous avons beaucoup de similitudes.

chacun racontant son  histoire. Ce qui lie l’écriture, la lecture et le dessin. Ca a donné des choses extraordinaires.
Et la mode ?
J’ai travaillé pour des compagnies de théâtre. J’ai toujours eu une sensibilité aux textiles. Lorsque j’avais dix ans, chez moi je réalisais des boutiques et ma sœur, qui était plus jeune, était ma cliente ! Elle se lassait très vite et je ne comprenais pas pourquoi !
Je pense qu’enfant, lorsqu’on crée des choses, ces sont souvent ses futures perspectives. La preuve : ma mère enfant avait toujours un boulier à la main… Elle est venue comptable !
J’avais une amie styliste, Sylvie Loussier, la femme du musicien Jacques Loussier, qui avait une marque de vêtement « Petits faunes » et qui se servait de nous comme modèles. J’étais à bonne école ! Et c’est vrai aussi qu’on va vers les choses qu’on aime.
J’avais dit à Sylvie, alors que j’avais 4 ans : « Quand tu seras morte, je prendrai ta place » !!!
Sympa, non ?
Enfin, la peinture ?
J’ai toujours dessiné, peint, ça a toujours été mon moyen d’expression, à part ça, peu de choses me plaisaient. J’ai d’ailleurs payé mes études à Toulouse en peignant et en dessinant, en créant de petits bijoux, des mosaïques. Je n’ai jamais arrêté de créer.
Revenons au festival… Votre rencontre avec Luc …
Je l’ai connu par l’intermédiaire de Christelle, une amie commune et nous avons tout de suite accroché. Il m’a proposé de créer cette affiche et travailler avec lui a été très agréable.  Tout a bien fonctionné et je pense que ma toile représentait bien le thème, l’identité du festival. J’espère qu’on pourra retravailler ensemble.
Des projets ?
Je vais avoir une exposition à Paris, une à la Seyne en avril chez une psychiatre qui m’a déjà acheté des toiles et un énorme projet dont je ne peux pas encore parler ».

L’affiche du festival
La robe sapin créée par Aliénor

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Un homme, une femme- Episode 1
Luc PATENTREGER & Aliénor de CELLES

Lui, c’est le président du festival « Femmes ! » qui s’est déroulé sur plusieurs villes varoises.
Elle est l’auteur de cette originale affiche qui a accompagné le festival.
Pour clore en beauté cette magnifique manifestation, nous avons réuni nos deux amis dans l’atelier magique d’Eliénor de la Seyne « Simona de Simoni », bien caché dans une ruelle synoise, 16, rue Evenos, l’une pour parler d’elle, lui pour parler… de lui et faire un point sur ce festival  pour lequel j’ai eu l’honneur d’être juré.Luc Patentreger : « Je suis un universaliste »
« Luc, 23ème édition de ce festival que tu présides et qui fut cette année un grand succès !
Oui, le film a duré presque un mois, nous avons fait 5.200 entrées, c’est la meilleure édition et au niveau  des diffusions de films, des spectacles et des animations off, nous avons fait très très fort, nous avons des retours très intéressants, que ce soit du public, des institutionnels, des artistes invités. Ça a été une très belle édition.


Tu n’as pas choisi la facilité : Un mois, de multiples lieux…  Comment arrive-t-on à tout concilier ?
La première étape est de trouver le thème de l’année. Cette année ça a été les femmes artistes. La seconde fut de trouver l’artiste qui allait illustrer l’affiche,  ce qui était une innovation puisque depuis le début nous avions le même graphisme. C’est Aliénor qui fut l’artiste élue, ce qui a très bien été perçu puisque les gens ont adoré. La troisième étape – et non la moindre ! – fut bien sûr de trouver les films. Au sein de l’association, nous avons un comité de sélection. Nous avions les films fin juin, un panel de 50 films choisis parmi les 200/250 films vus. Et c’est toute l’équipe qui choisit les films à présenter au festival.
Comment cela fonctionne-t-il pour arriver à ce choix ?
Nous sommes beaucoup aidés par Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles de Six-Fours qui est au courant de tout ce qui se tourne et pour le choix des avant-premières présentées. Cette année nous en avions sept.
Autre innovation : un jury !
Oui, nous avons pensé qu’il serait bien de créer, en parallèle avec le prix du public, un prix d’un jury de professionnels en incorporant les sept avant-premières.
Ca a très bien fonctionné et nous avons eu l’idée d’y ajouter l’an prochain un prix pour une comédienne.*
Et après ?
Après… Juillet/août, c’est là où je m’enferme dans ma tanière où je prends seul les décisions, aidé de quelques personnes, dont mon épouse, Martine et c’est peut-être aussi le moment le plus important : trouver les bons films dans les bonnes salles et aux bons horaires. Nous avons quatre villes différentes, six ou Sept salles différentes, et des publics complètement différents. Chaque salle a son public. Il faut des films qui s’adaptent au public, à la salle et aux événements que nous mettrons autour des films. L’idée également, c’est d’imaginer le mélange, la mixité de la population.
C’est un défi.

Donc, l’été, pas de vacances, pas de bronzage, pas de mer !
Si… Je cogite en marchant beaucoup car je suis avant tout un marcheur, plus qu’un nageur !
Comment toi et ton équipe visionnent autant de films ?
Déjà, il y a le thème. Nous avons, le comité de sélection et des bénévoles qui font des propositions de films. Je ne fais pas partie du comité de sélection pour découvrir les films comme le public. Le problème est que je ne vois pas certains films, s’ils sont sélectionnés, je ne peux pas en parler. Il faudra donc que je les vois où que je trouve quelqu’un pour les présenter.
Mais encore ?
Il y a les plateformes,  mais aussi dans les festivasl car certains, comme Mireille Vercellino, vont à de nombreux festivals, il y a bien sûr le Festival de Cannes et aussi Noémie Dumas qui nous fait des propositions.
C’est cette alchimie de bénévolat qui fait qu’un choix se dessine.
Et les films sélectionnés ne sont pas faits que par des réalisatrices ?
C’est un choix parce que je pense que les hommes ont aussi des choses à dire pour les droits des femmes. C’est donc une vision mixte. Déjà en tant que président et homme donc, je pense que ce combat du droit des femmes doit être porté ensemble. Je suis un universaliste, je suis Charlie et c’est ensemble que nous devons combattre.
Les thèmes choisis sont aujourd’hui moins militants, plus ouverts qu’avant. L’amour, la résilience, les femmes artistes, les droits des femmes passent aussi par tous ces éléments.
Le thème de l’an prochain ?
Je ne peux pas encore le dire !

Comment se fait-il que ce soit un homme président d’un festival féminin ?
Il y a 23 ans, c’est moi qui ai créé ce festival. En tant que médecin et psychanalyste, je me suis toujours posé beaucoup de questions sur les problèmes des femmes. De plus, j’ai vécu dans un univers de femmes et j’ai pu voir leurs problèmes. Durant mes études j’ai découvert toutes les problématiques de mes copines souvent agressées par des mecs, je trouvais ça insupportable. Je suis aussi un enfant de Mai 68, donc écolo-féministe, le planning familial. Devenu médecin, j’ai écouté beaucoup de femmes. Et puis il y a eu la fermeture des chantiers navals et là j’ai encore découvert des femmes dont les maris avaient perdu leur boulot, qui étaient alcoolisés, brutaux, dépressifs, qui les frappaient, avec les enfants au milieu de tout ça. J’ai vu la misère de la condition des femmes.
Avec mon côté militant, devenu adjoint à la Culture, (dix mois, car le maire m’a viré !) l’idée m’est venue de faire un festival dédié aux femmes.
Lorsque, en 2001, j’ai rencontré Loucha Dassa qui avait créé les rencontres « Cinéma et femmes » nous avons décidé de créer ce festival.
En 2020, le covid approchant, il était impensable de réaliser le festival. Elle a décidé d’arrêter le festival. Et je l’ai donc repris avec toute l’équipe ». Et l’on voit ce que ça a donné… Succès amplement mérité avec cette équipe magnifique qui l’entoure et qui nous promet encore des moments intenses de cinéma autour d’une cause on ne peut plus défendable : la femme.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
* Prix du jury : « Mon gâteau préféré » de Maryam Moghadam et Behtash Sanahaeeha
Prix du public : « Prodigieuses » de Frédéric et Valentin Potier


Six-Fours – Festival « Femmes ! »
Malou KHEBIZI… Un vrai diamant brut

Parmi les films proposés au public et au jury de ce 23ème festival, le « Diamant brut » d’Agathe Riedinger nous a permis de découvrir une incroyable comédienne qui nous vient de Marseille.
Pour son premier film elle occupe l’écran d’un bout à l’autre avec une conviction et une force extraordinaires.
Et le rôle n’était pas facile puisqu’elle joue une jeune femme, Liane, vivant avec une mère très particulière qui a du mal à gérer sa vie, s’occupant de sa petite sœur, et qui ne rêve que de devenir quelqu’un. Maquillée avec outrance, s’étant déjà fait refaire les lèvres et les seins, elle erre dans la vie, vêtue de vêtements plus que provocants, vivant de petits vols, attendant la réponse d’un casting pour une télé-réalité, pensant que cette émission lui apportera gloire, argent, amour des gens.
Si au départ elle n’apparaît pas très sympathique, peu à peu on s’attache à elle car elle est dans la souffrance d’un manqu d’amour et de considération ce qu’elle vit mal et elle pense qu’une émission pourra changer sa vie.
Le rôle est difficile car le film repose sur elle et que pour l’interpréter elle a dû changer physiquement.
Et lorsqu’on la voit arriver au Six N’Etoiles, on la découvre transformée, belle, souriante, naturelle, timide,  à la fois d’une grande simplicité et d’une maturité formidable.

« Comment définiriez-vous votre personnage, Malou ?
C’est une fille qui se sent complètement oubliée qui a une quête de reconnaissance, un besoin d’amour. Pour elle, la télé-réalité est sa seule issue de secours. C’est peut-être ce qu’on appelle une télé poubelle, c’est souvent un milieu malsain. C’est peut-être assez paradoxal mais Liane n’a pas beaucoup le choix, son corps et les réseaux sociaux sont la seule arme qu’elle a pour essayer de s’en sortir. Personnellement, c’est un rôle qui m’a beaucoup fait avancer, qui m’a fait poser des questions sur mon image : Faut-il être absolument belle et sexy pour s’en sortir, s’émanciper ?
Vous êtes jeune, belle… Quelle a été votre réaction en vous voyant à l’écran, si loin de votre vraie personnalité ?
Le film a été présenté à Cannes mais ce n’est pas là que je l’ai découvert  mais dans une petite salle à Paris. Pour moi ça a été un grand soulagement car j’avais évidemment énormément d’attente et j’ai été très heureuse en le découvrant et, parce que le personnage était physiquement très différent de moi mais je suis arrivée à le regarder sans problème.
« Pour votre premier film, vous jouez des scènes de nudité. Comment l’avez-vous vécu ?
J’avais déjà une chose qui me rassurait puisque l’on m’avait mis une prothèse mammaire qui me permettait d’avoir une résistance au personnage, d’y rentrer plus facilement.  Agathe était très près de moi, pour répondre à toutes mes questions, m’expliquait comment et pourquoi j’allais être filmée, elle était attentive pour éviter qu’il y ait un effet vulgaire. Le personnage de Liane étant déconnecté de toute tentation. Elle va même jusqu’à mutiler son corps au nom de son image, de sa beauté. J’étais énormément bien encadrée, toujours dans la bienveillance. Toutes ces scènes étaient tournées avec des équipes réduites et avec les personnes indispensables au tournage.

Les comédiennes du film, Ashley Romano,
Malou Khebizi, Kilia Fernane
Luc Patentreger, Agnès Rostagno première adjointe de la Mairie de Six-Fours, Noémie Dumas

Le film a été tourné dans la région ?
Oui, à Fréjus entre autres mais aussi sur la Côte d’Azur, Cannes, Grasse, Nice. C’était important pour Agathe de tourner à Fréjus, c’est une ville qui possède une fracture sociale entre elle et Saint-Raphaël l’une étant vraiment riche, l’autre beaucoup plus populaire, plus pauvre. Il y a vraiment une frontière entre les deux
C’était votre premier film… Avez-vous aujourd’hui envie de continuer dans cette voie ?
Oui, j’ai été contactée par une agence et je vais continuer. C’est devenu mon métier, il y a déjà quelques projets en cours dont je ne peux parler. J’ai tourné une série pour Netflix « Young millionnaires » d’Igor Goteman, dans la région.
N’ayant jamais tourné, comment êtes-vous arrivée sur ce film et avoir obtenu le premier rôle ?
Je travaillais dans la restauration, j’ai trouvé l’annonce du casting faite par une agence  sur les réseaux sociaux. J’ai donc répondu à l’annonce sans trop savoir de quoi parlait le film, ni sans me faire d’illusions, nous avons été castées en groupe. J’ai été choisie et à partir de là il y a eu une longue préparation, deux mois et demi, faite de lectures, de répétitions, de travail sur le corps…
Qu’est-ce qui vous a motivée pour répondre à cette annonce ?
Je n’avais jamais rêvé particulièrement à devenir actrice, je me suis dit « Pourquoi pas ? ». Ça a été une envie de croire en ma bonne étoile et j’ai été heureuse en fait, d’être choisie, sans jamais penser que ça pourrait aller si loin. Je n’imaginais pas que c’était aussi sérieux, aussi professionnel et que ça aller m’emmener jusqu’au festival de Cannes en compétition ! Ça a été un choc pour la réalisatrice une grande surprise pour nous et une grande joie. Ça nous a fait du bien de voir que ce sujet pouvait intéresser un tel festival, de pouvoir mettre la lumière sur ce fait de société car la télé-réalité est souvent très méprisée et là, c’est le but de Liane d’y arriver. J’en suis très fière. 

Les comédiennes avec Mireille Vercellino

En fait, ce n’est pas un film « sur » la télé-réalité qu’on ne voit jamais. C’est juste un objectif pour Liane…
C’est vrai, c’est avant tout un film sur le besoin d’amour, le besoin de reconnaissance, d’une fille qui a de grandes blessures affectives. Le choix de la réalisatrice, justement, de ne rien montrer de la télé-réalité, ça n’était pas le but. La télé-réalité est un phénomène de société qui permet à des jeunes de rêver, de croire en quelque chose, même si c’est un peu un leurre. »

A côté de Malou, celle qui joue sa petite sœur, Ashley Romano, petit bonbon craquant est là près d’elle, mignonne, souriante, déjà professionnelle et je demande à sa maman ce qu’elle en pense : « J’ai une fierté énorme devant ma fille, je la trouve incroyable à l’écran et la voir monter les marches à Cannes a été un moment magique… Je ne vous en parle même pas ! Je suis heureuse pour elle et j’espère qu’elle va continuer si elle le veut. »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Six-Fours – Festival « Femmes ! »
Un jury pour la 23e édition 

Pour la première année, le festival « Femmes ! », présidé par Luc Patentreger s’est entouré d’un jury pour donner un prix, en dehors du prix du public.
Ce premier jury  était composé de :
Mireille Vercellino, professeure de cinéma, une encyclopédie du 7ème Art !
Corine Binon, à la fois scripte, assistante réalisateur, accessoiriste, habilleuse, régie, effets spéciaux… Une personne de l’ombre indispensable des tournages !
Nina Messager, diplômée en master de cinéma,
Luc Bénito, cinéaste, réalisateur de films documentaires, directeur du réseau « Les petits écrans »
Jacques Brachet, journaliste (evasionmag.com)

Luc Benito
Nina Messager

Durant trois jours, ces passionnées de cinéma ont dû visionner sept films et ont pu comparer leurs goûts et leurs idées dans une ambiance amicale, chouchoutés par le président du festival et la présidente du jury, Mireille Vercellino.
Je peux l’écrire puisque je faisais partie de ce jury mené par une présidente, vraie passionaria du cinéma, tout fut parfait en tous points et nous fûmes formidablement accueillis par la maîtresse des lieux, en l’occurrence Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles et par Luc Patentreger, président du festival qui nous reçurent royalement, chaleureusement. Quant au cinq mousquetaire, ce fut l’entente cordiale et tout se passa dans les rires, les sourires, la sérénité. Et de plus ce fut l’unanimité totale pour nommer le lauréat.
Quant aux films sélectionnés, tous avaient une particularité, une diversité dignes de faire partie de la compétition, provoquant l’intérêt, l’émotion, certains bouleversants, même tragiques, d’autres plus légers mais tous portant des qualités diverses et variées.
A noter que tous les films présentés étaient des avant-premières.
Les films en compétition étaient :
« Les filles du Nil » d’Ayman el Amir & Nada Ryadh
« Sarah Bernhard la divine » de Guillaume Nicloux
« Les prodigieuses » de Frédéric & Valentin Potier
« Diamant Brut » d’Agathe Riedinger
« Mon gâteau préféré » de Maryam Moqadam & Behtash Saneeha
« La plus précieuse des marchandises » de Michel Hazanavicius »
« When the light breaks » de Rünar Rünarsson

Jacques Brachet
Mireille Vercellino
Corinne Binon

And the winner is : « Mon gâteau préféré », film iranien qui conte l’histoire de deux septuagénaires solitaires dans un Iran on ne peut moins libre, surtout vis-à-vis des femmes. Elle (Lili Farhadpour) erre dans la ville et tombe sur lui (Esmaeel Mehrabi) dans un restaurant où elle l’entend dire qu’il est seul. Elle va alors l’aborder et l’emmener carrément chez elle. Et là, durant toute une soirée, ils vont vivre des moments exceptionnels faits de rire, de douceur… De bonheur retrouvé… Jusqu’au moment où….
Deux merveilleux comédiens, lumineux, touchants, dans une histoire bouleversante, qui a fait l’unanimité du jury tant par la justesse des comédiens, que le cadrage et l’image avec en fond un Iran difficile à vivre pour les femmes. Une histoire d’amour insolite, pleine de délicatesse avec deux comédiens magnifiques.
Le jury a également voulu donner une mention spéciale à Malou Khebizi, jeune héroïne du film « Diamant brut », venue nous rejoindre pour cette soirée. (Voir article)
Mais le festival n’est pas terminé puisqu’il va se poursuivre jusqu’au 23 novembre à l’Espace Tisot et au Casino Joa à la Seyne- sur-mer ainsi qu’au Royal à Toulon. Et le public, qui est venu assister à la compétition à Six-Fours, pourra encore voir de beaux films pour lesquels ils pourront voter, le prix du public, qui aura lieu à la clôture de ce festival qui, Grâce à Luc Patentreger et toute son équipe, a fêté son 23ème épisode en créant ce prix du jury, ce qui a ajouté de l’intérêt au festival qui va croissant et nous apporte à chaque fois de superbes surprises et de grands moment de cinéma.
Bravo à eux et merci pour ce chaleureux accueil.

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Le jury avec Luc Patentriger

Six-Fours – Festival « Femmes ! »
Quand Cécile LATEULE rencontre Marie-Hélène LAFON

Invitée du festival «Femmes », la réalisatrice Cécile Lateule est venue présenter « Dansons tant qu’on est pas mort »… sans sa « vedette » la romancière Marie-Hélène Lafon à qui elle consacre ce portrait.
Une auteure qui sort des sentiers battus par son langage, autant que son écriture, qui sont d’une force inouïe, dont le vocabulaire est d’une grande richesse, tant elle est passionnée de cette langue française.
Venue d’une famille d’agriculteurs, elle a choisi une autre voie et elle a eu grandement raison et si l’on aime son écriture, on ne peut qu’aimer cette femme passionnée, toujours vêtue de couleurs violentes et dont le verbe est imagé, poétique, le regard qu’elle porte sur les personnes humbles étant empreint d’amour, d’empathie et on l’écoute comme on la lit, superbe, passionnée,  flamboyante, obsessionnelle, remontant, comme elle le dit, « le cours des mots comme une rivière dont on ne trouve pas la source »
C’est un vibrant hommage que Cécile Lateule offre à cette femme magnifique ainsi qu’aux spectateurs qui l’ont découverte.
J’ai eu la chance de partager un repas avec la réalisatrice et Mireille Vercellino l’une des responsables du festival, véritable encyclopédie du cinéma, tout aussi passionnée que Cécile et c’était un magnifique moment de les écouter parler cinéma. A tel point que j’en oubliais mon interview !

« Cécile quel a été le déclic pour devenir réalisatrice ?
Parce que je m’ennuyais à la Fac de Toulouse ! Il y avait un département cinéma et je suis allée y faire un stage. Je m’y suis beaucoup amusée. Devenue amie avec le prof qui animait le stage. Il m’a dit qu’il y avait en France trois écoles de cinéma, deux à Paris une à Toulouse et il m’a conseillée de la tenter. Ce que j’ai fait et j’ai été reçue au concours dès la première année. Heureusement d’ailleurs car je pense que je ne l’aurais pas tentée deux fois ! Et Voilà, c’était parti.
Avec déjà l’envie de faire des documentaires et non des films de fiction ?
Au départ je ne savais pas et c’est vraiment la culture et cette école-là qui m’a amenée vers le documentaire. Une école très branchée Eisenstein, le grand documentaire… Pedro Costa aussi qui est plus proche de la fiction que des documentaristes. Mes derniers documentaires « Pense à moi », chronique de la vie quotidienne des migrants et « Femmesfortes tout attaché » sur les femmes victimes de violences, étaient beaucoup joués, contrairement à celui de Marie-Hélène… même si l’on considère qu’elle joue elle-même. Car Marie-Hélène est un pur matériau dramaturgique.
Je n’avais qu’à poser la caméra et je n’avais plus rien à faire !
Ce n’était un peu handicapant, frustrant, pour vous ?
Ce qui est sûr c’est que je n’arrivais pas à l’arrêter mais ça, ce n’est pas grave, j’avais une matière foisonnante et je préfère avoir beaucoup de matière puis tailler à l’intérieur qu’essayer de créer avec peu de matière. Ce n’est pas handicapant, au contraire ! Je ne suis pas journaliste, je suis artiste, je préfère avoir de la matière plutôt que de poser des questions.
Cette matière, vous en avez eu beaucoup… Qu’en faire ?
Je fais toujours des films de cinq, six heures et ça ne me pose aucun problème, même si je dis à mon collaborateur : « Je ne vois pas ce qu’on peut enlever » ! Il me répond que ça ne va pas être possible !

Pourquoi un film sur Marie-Hélène Lafon ? Votre rencontre ?
J’ai lu « Les sources » qui est un livre qui m’a subjuguée. Quelques temps après je la croise dans une librairie de Toulouse sur scène et je l’ai trouvée incroyable. Du coup, je me suis mise à lire tous ses autres livres, j’ai visionné des tas de documents sur Internet. Je la recroise un an après dans la même librairie. Je lui dis que je l’aime et que je veux faire un livre sur elle. Elle qui est si volubile, s’arrête de parler C’est alors moi qui me mets à parler… De quoi ? Je ne m’en souviens plus. Nous mangeons ensemble avec le libraire qui est un ami et à la fin du repas elle me dit : « J’aurai besoin de beaucoup de temps ». J’ai pris ça pour une acceptation et c’était parti !
C’est la première fois que je fais un film sur un artiste, avec un matériau artistique. Ça a été hyper jouissif d’avoir du livre, de la matière, des pages, des mots… Elle parle aussi de musique dans son livre « Chantiers ». Ça m’a permis de faire de la musique off, ce que je ne fais jamais dans mes films parce que je viens d’une école où la musique doit être diégétique. Du coup, je me suis régalée en choisissant les morceaux dont elle parle dans « Chantiers », Bach, Bethoveen. J’aurais bien sûr adoré Mick Jagger, Bashung aussi, mais une minute de ces chansons était trop onéreuse pour mon budget.
Evidemment on vous entend mais aussi on vous voit dans le film, ce qui est assez rare…
Ça s’est fait de façon un peu contrainte car, dès le début, je lui avais expliqué que je ne posais aucune question dans mes films. Je ne suis pas journaliste : « Je filme, vous allez vivre devant ma caméra mais il n’y aura pas d’entretien ».
En fait, elle n’a pas cessé de parler et j’ai dû m’adapter, ce qui n’a pas été facile pour moi. Mais, dans la mesure où elle me parlait, j’ai trouvé plus honnête qu’on voit mon corps, même si on le voit très peu, à petites touches, puisqu’elle m’interpelle tout le temps.
Le but était-il de faire un portrait ou de montrer la genèse d’une œuvre ?
A un moment donné, la question du processus créatif s’est imposée et il a été question de faire un film sur la genèse d’une œuvre d’artistes. Dans une résidence d’artistes au festival de Lussas, « Ardèche Images » où l’on m’a dit qu’on ne connaissait pas de film où l’on voit un écrivain en train de produire de l’écrit car c’est plus dur à filmer que la peinture. On y voit le geste alors que l’écriture, ça se passe plutôt dans la tête. De plus, on ne voit pas son écriture puisqu’elle tape sur l’ordinateur. Et puis j’arrive un jour où elle commence à lire ce qu’elle a écrit, elle corrige et elle parle en écrivant. C’était un moment de grâce. Et puis il y a la relecture avec Agnès, sa lectrice qui qui est une amie prof de lettre avec qui elle a travaillé, et qui a été aussi un magnifique et unique moment.

Luc Patentreger, Cécile Lateule, Noémie Dumas, Mireille Vercellino

Vous avez mis combien de temps à faire ce film ?
J’ai commencé les repérages en août 2019, puis il y a eu le Covid. Et on a mis quatre ans pour faire le film. A la première séquence, elle était adossée à la voiture et elle a commencé à parles des vaches. A partir de là, je l’ai laissée parler. En principe, j’ai besoin de temps pour installer mon cadre mais elle ne me laissait jamais le temps d’installer ma caméra lorsqu’elle parlait. Et elle parlait tout le temps ! Par contre, elle m’a fait confiance tout de suite mais ne voulait personne d’autre que moi pour le tournage. J’ai fait au mieux ! » Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Six-Fours – Festival « Femmes ! »
Emmanuelle BEART & Anastasia MIKOVA :
L’inceste, brisons le silence

Jean-Sébastien Vialatte, Emmanuelle Béart, Juc Patentreger, Noémie Dumas

Dans le cadre du festival « Femmes ! », Emmanuelle Béart et Anastasia Mikova, brisent le silence : l’inceste, avec ce film bouleversant « Un silence bruyant ».
Toutes les deux ont décidé de faire parler des victimes sur ce sujet qui reste encore hélas, tabou sinon nié mais qu’elles ont décidé de révéler au grand jour en rencontrant des victimes – hommes et femmes – pour parler des effets destructeurs qui ont bousillé leurs vies, en particulier Emmanuelle Béart qui en a été victime.
Ces personnes marquées à vie avouent avoir eu peur d’en parler, pire d’en parler sans que leurs propres familles les croient ou préfèrent rester ans le déni, pour sauver les apparences.
Témoignages poignants de ces victimes qui vivent toujours dans la peur ou la honte, qui ne se remettent jamais de ce crime, souvent accompagné de viol, qui les laissent anesthésiés et qui auront toute leur vie à vivre « avec ».
Ces deux artistes, l’une réalisatrice, l’autre comédienne, nous offrent de remarquables témoignages de ceux qui « osent » en parler, car ça leur est à la fois très difficile de revenir sur ces actes qui les ont démolis à jamais mais c’est aussi un courage et une force, de pouvoir être enfin écoutés sans paraître les coupables. Et peut-être aussi délivrés… Encore que…

Ces actes sont révoltants mais la justice aussi peut être révoltante lorsqu’on voit souvent le peu de cas qu’elle fait de ces déclarations, aussi bien d’enfants que d’adultes qui ont un mal fou à se faire entendre, prenant souvent ces aveux comme des affabulations ou prétextes à se faire remarquer.
Ces deux magnifiques artistes ont osé briser les tabous en faisant ce film qui nous émeut, qui nous révolte, qui nous glace.
Et que le festival « Femmes ! » nous a présenté au Six-N ’Etoiles en la présence d’Emmanuelle Béart

Les ambassadrices du festival : Virginie Perret
… Béatrice Metayer

En attendant Emmanuelle…
Nous devions nous rencontrer à 19h30. Mais à 20h, les discours de Luc Patentreger, président du festival, de Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours et de Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles se sont faits sans elle, avant qu’elle n’arrive, le regard bleu Méditerranée, sinon triste, du moins absent, sans un mot pour personne. A-t-elle souri ? On ne le sait, la moitié de son visage étant recouvert d’une écharpe qu’elle n’aura enlevé que pour aller vapoter sur la terrasse avec une amie et grignoter quelques petites choses qui étaient proposées aux invités. Pas un mot pour personne.
Donc… pas d’interview, qu’elle a d’ailleurs refusée en précisant qu’il y aurait un débat après la projection du film.
 Mais le film, nous l’avions vu la veille afin d’en parler avec elle. Le public aura eu plus de chance que nous ! Dommage.

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon