Elle s’appelle Caroline Chaylart mais son nom de guerre c’est Chaylart… Tout simplement. Et lorsque j’écris « guerre », il est plutôt question de paix car ses œuvres sont d’une belle sérénité. Tout comme ce lieu qu’elle a choisi à Six-Fours : la villa Simone, où ses œuvres poussent jusqu’au 2 novembre, dans les magnifiques jardins de ce lieu qui lui ressemble. Ses œuvres sont belles, douces, lumineuses, incitent à la méditation car, m’avoue-t-elle, c’est une exposition méditative.
Chaylart est plasticienne… Mais pas que… Elle est designer, graphiste textile, auteure et sophrologue ! Beau parcours pour cette belle jeune femme au regard profond, que j’ai toujours plaisir à retrouver, tant son œuvre est belle, forte et apaisantes et la Villa Simone est le lieu idéal pour présenter son nouveau travail, sur les vieux murs de pierre, dans l’herbe et au milieu des arbres.
L’œuvre est solaire (comme elle !) empreinte de douceur malgré les couleurs éclatantes qui contrastent d’une toile à l’autre. Des ciels bleus ou roses, des montagne violettes, des soleils rouges, des plantes et fleurs multicolores, qui jaillissent comme des feux d’artifices. Ses tableaux évoquent la beauté et la promenade à travers eux est la découverte de la nature dans la nature. Elle vous fait balader à travers son amour de celle-ci et ce lieu est un écrin superbement adapté à ces bijoux qu’elle nous propose.
Venez vous réjouir, méditer, admirer, avec cette artiste originale, loin des sentiers battus mais dans ses propres sentiers faits de poésie et de bonheur. Jacques Brachet
Paprika est né de l’imagination de Luc Patentreger. Qui est Luc ? Un médecin à la retraite, un ancien politique, à la fois philosophe et plasticien, amateur de photo et de cinéma au point de créer un festival et créateur de Paprika Qui est Paprika ? Un drôle de petit chien rouge devenu son compagnon de route avec qui il philosophe, il poétise, il joue les journalistes, les penseurs et tous les deux explorent l’univers, témoins de la vie sur terre et sous terre. Le voici installé jusqu’au 30 août dans une belle galerie, la Maison Pouillon, dans le parc Fernand Braudel, face à la plage des Sablettes et dans lequel, Paprika est sorti de ses BD pour devenir un personnage en papier mâché et déambuler à travers ce lieu paisible et beau. Je ne pouvais pas manquer cette invitation à ce voyage philosophique et spirituel, en rouge et blanc d’abord jusqu’à ce que déboulent toutes les autres couleurs, témoins de la vie d’au-dessus etd’en-dessous, d’hier et d’aujourd’hui en suivant les traces de ce petit chien rigolo et facétieux, plein d’humour et d’ironie… Mais pas que. C’est une exposition drôle, ludique et pleine d’enseignements. Sans compter l’amitié que je porte à Luc, j’admire sa vie si pleine et si riche faite de passion et de curiosité.
« Luc, raconte-moi cette exposition… Elle s’appelle « Paprika, invisible présent » D’abord, pourquoi Paprika ? Paprika est né il y a dix ans et demi, le 7 janvier 2015, suite aux attentats de « Charlie Hebdo » dont je suis un fidèle lecteur depuis 40 ans et ça a été pour moi un véritable traumatisme, pour moi comme de nombreux Français d’ailleurs, J’ai vraiment eu du mal en m’en remettre. Je suis médecin, le sujet de ma thèse a été « Maladie et création picturale » J’y traitais d’art thérapie. Le jour suivant ce 7 janvier, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose de cet art thérapie. C’est là qu’est né Paprika ? Oui. J’ai repris mes crayons, mes papiers et j’ai commencé à dessiner, faire des livres en compagnie d’Yves Benhamou qui écrit les textes, comme ce que faisait Charb, le directeur de Charlie Hebdo avec son petit chien et son petit chat, Maurice et Patapon. J’ai trouvé ce chien comme ça. Etant écolo, il ne pouvait pas être vert, c’était trop évident. J’ai choisi le rouge car on le repère de loin et surtout parce que ma femme, Martine, que j’ai connue il y a trente ans, m’a fait découvrir le paprika, ce piment doux qu’elle utilise beaucoup. Je me suis dit que ce serait Paprika car c’est un « piment de chien », il ne mord pas, il mordille, il alerte sur l’état de la planète. Et que faites-vous ensemble ? Nous nous parlons de la Nature, de la vie et du lien entre les gens, les éléments, les plantes. Trois thèmes qui me tiennent à cœur. Depuis dix ans je crée des bandes dessinées, des romans graphiques et illustrés, qui parlent de ces liens.
Donc, ton chien s’est échappé de tes BD ? Depuis deux ans, je me suis lancé dans la sculpture, et Paprika est né dans cette autre forme et fait l’objet d’un triptyque. Le premier chapitre est né l’an dernier intitulé « La croisée des chemins » dans lequel je parlais des cinq éléments : terre, feu, eau, air, espace. Cette année je parle de « L’invisible présent ». L‘an prochain, le troisième s’intitulera « synapse » Parle-nous donc de celui qu’on découvre aujourd’hui… Ce sont les trois éléments qui nous animent, trois récits. Dans le premier, on découvre Paprika dans différentes situations : il marche, il vole, il médite, il fait du skate, il s’éclate, il est pris dans des vagues d’eau, de vent. C’est le mouvement des êtres vivants sur cette planète. Et on le retrouve entre autres aux Sablettes, lieu que j’apprécie particulièrement. Dans le second récit, je raconte ce qui se passe sous terre car 90% du vivant est sous nos pieds. Les humains, les animaux, les plantes, ne représentent que 10%. Donc le reste est invisible et pourtant essentiel. Pour parler du sous-sol de manière artistique, je pars des graines, des racines, des filaments, des feuilles et la canopée.. Enfin, la troisième histoire, c’est le cycle du langage, celui qui est immatériel, en partant des lettres de l’alphabet, qui sont comme les graines, les ponctuations et les chiffres sont les filaments qui donnent du rythme, on arrive aux mots dans les feuilles, ces mots organisés forment des pensées et c’est la canopée.
C’est très symbolique… C’est de la philosophie… Oui car ces trois récits forment comme les trois brins de l’ADN entremêles et l’ADN est le symbole de la vie. C’est bien joli tout ça mais comment les enfants et les communs des mortels peuvent-ils comprendre ton cheminement ? Rassure-toi, lorsque viennent des enfants (et même de leurs parents !) je me mets à leur niveau, pour leur explique la Nature de la façon la plus simple possible. Mais je serai là tout le temps. La première salle est pour les gens du cru qui adorent les Sablettes et Paprika y est présent. A côté, nous sommes dans l’invisible présent. Présent signifie que nous sommes dans ce lieu, c’est l’espace. C’est aussi par rapport au passé et à l’avenir, c’est le temps. Mais le troisième sens est « cadeau » et la vie est un véritable cadeau et la plus belle des richesses. Et cette toile pleine de pensées multicolores ? Ce sont des messages comme « En politique la fidélité est plus rare que l’amour » Et je parle en connaissance de cause ! Celle qui est au milieu « Je t’aime et en plus je suis amoureuse » est de Martine. C’est un hommage à ma femme. Mais les gens peuvent écrire un mot, mettre leur adresse sur une table et à la fin de la journée, lorsque les feuilles sont remplies de mots, il y a un tirage au sort et celui qui est tiré au sort peut emporter l’œuvre. En fait, je veux que les gens soient en immersion, que ce soient des relais, du partage, des échanges entre les gens et les œuvres. C’est aussi pédagogique car je continue mon militantisme défenseur de la Nature par l’art ».
Nadia Garnier, responsable de la galerie, Luc Patentriger, Fergie Loricort, bénévole de l’association Cité Conviviale
Propos recueillis par Jacques Brachet Exposition jusqu’au 30 août Maison Pouillon – Parc Fernand Braudel – Les Sablettes 06 09 53 75 60 – www.paprikart. org
Les arbres de Yannick Claeyman… Il faut les mériter ! Déjà, il faut sinuer sur les petites ruelles pavées du le petit village moyenâgeux ardéchois de Largentière. Belle ballade un peu accidentée mais tellement agréable ! Arrivés devant son atelier il faut grimper un escalier en colimaçon qui n’en finit pas. Ouf, on y est et l’on est accueilli par l’artiste, tout sourire, surmonté de petites lunettes rondes, qui respire la gentillesse, dans ce lieu de silence entre ombre et soleil et l’on entre dans sa forêt. Une forêt d’arbres torturés, qui jettent audacieusement leurs branches vers le ciel où qui se nouent autour du tronc pour donner des formes inattendues, fantastiques, presque irréelles, entre la forêt de Blanche Neige, d’Ardèche ou de Bretagne, mais des arbres inattendus pleins de force, de majesté, de poésie, qu’ils soient créés à l’encre de Chine, au stylo à bille, au crayon… L’effet est saisissant, audacieux et original. Elevé dans un monde de BD par son bijoutier de père, puis aux Beaux-Arts de Dunkerque, les arbres l’ont toujours fasciné au point d’en faire l’objet de toute sa passion.
« Yannick, pourquoi choisir Largentière, dans le pays ardéchois ? Cela fait un an que j’y suis installé, d’abord parce que j’ai trouvé ce lieu car il est très difficile de trouver un logement dans ce coin d’Ardèche qui est près du Vallon Pont d’Arc, de Ruoms, lieux de plus en plus fréquentés. Et puis, ma compagne, docteur en pharmacie, qui travaillait sur Calais, a trouvé, il y a cinq ans, un poste à Vallon Pont d’Arc. C’est donc le hasard qui a fait que nous nous sommes retrouvés ici. Nous avions le choix entre Long le Saunier et Ruoms ! Les arbres, le dessin… Comment y êtes-vous venu ? J’étais technicien de laboratoire mais j’ai pris un congé d’un an pour faire une formation d’ébéniste car j’ai toujours aimé le bois. Quant aux arbres, ça a démarré avec la rencontre d’une artiste qui dessinait pour le Guide Michelin et que j’ai suivie. Du coup, de la voir dessiner un arbre, que je trouvais magnifique, je me suis dit que c’était sympa et j’ai fait mon premier arbre à l’encre de Chine. Je l’avais exposé à la maison, des amis l’ont vu et m’ont tous fait une commande. De là on m’a proposé des expos et j’ai même fait un livre avec plusieurs artistes, sur les arbres remarquables. Alors, ces arbres, comment naissent-ils ? Je passe mon temps à les photographier, après je m’inspire des photos que j’ai réalisées, je dessine, j’arrange, je modifie selon mon imagination.
Vous travaillez donc dans le silence et la solitude… Je n’habite pas ici puisque c’est mon atelier. J’arrive vers 8h30 et je peux rester sur ma table à dessin jusqu’à 19h. Mais je ne fais pas que dessiner, je suis également musicien, je suis batteur et je m’entraîne car je fais tout le temps de la musique, et je joue dans deux groupes ardéchois Deux groupes en même temps ? Lorsque j’étais dans le Nord, j’étais dans cinq groupes avec lesquels je tournais beaucoup. Mais bon, j’ai dû arrêter car il a fallu choisir entre deux passions. Il fallait bien vivre ! Mais je n’ai jamais arrêté et j’ai trouvé ces deux groupes, dont un qui n’est pas trop mal ! En dehors des arbres, vous dessinez d’autres choses ? Rarement, des bâtiments comme le Parlement de Budapest que j’ai dessiné au stylo à bille. Ce n’est pas commun le stylo à bille ! J’adore ! En fait, c’est aussi de l’encre, comme l’encre de Chine. En fait, ce qui est intéressant avec le stylo à bille, c’est que le solvant, c’est de l’huile, ce qui donne un effet particulier. J’ai eu cette idée en découvrant les œuvres d’un aquarelliste flamand qui l’utilisait. Vous travaillez ici entre ombre et soleil… Oui, l’été, je suis obligé de fermer les volets car il y a à la fois trop de soleil et trop de chaleur… J’aime travailler dans la pénombre. Ces arbres que vous photographiez, où les trouvez-vous ? Un peu partout en balade, dans les environs et lorsque je voyage. Il y a des arbres magnifiques partout. J’ai adoré découvrir Brocéliande, en Bretagne, où je suis allé plusieurs fois et où il y a des arbres emblématiques. Il y a entre autre un arbre nommé le hêtre de Ponthus, plusieurs fois centenaire, l’arbre doré qui a été brûlé et dont on a repeint les restes en doré, l’arbre de Merlin… A chaque voyage je découvre des arbres.
Le Parlement de Budapest
Et vous ne dessinez jamais sur place ? Non car je fais de la rando, sur des boucles de quatre/cinq heures et si je dois m’arrêter pour dessiner, c’est trop compliqué, trop long. Il m’est arrivé de dessiner sur place mais en fait ce n’est pas mon truc. Noir, bleu… Jamais de couleur ? Oui, cela m’arrive. Et toujours des petits ou moyens formats ? Quelquefois des plus grands. J’ai fait un dessin d’étude préparatoire de quatre mètres sur trois mètres. Vous arrivez à faire beaucoup d’expos ? Oui, on me sollicite souvent mais j’en refuse aussi pas mal. J’essaie d’aller dans des endroits où je sais que je pourrai vendre parce c’est quand même mon métier, mon activité principale ! Il faut que je gagne ma vie. Les déplacements ont un coût et j’évite les lieux où il n’y a pas de passage. Je prépare en ce moment un dossier de sélection pour Arles. Ne vous êtes-vous pas essayé à d’autres techniques ? Non, pas vraiment. A une époque, je faisais de l’aquarelle, j’ai fait quelques délires sur la montagne de Sainte-Victoire devenue un volcan !
Vos prochaines dates ? Le 29 juin au Marché de l’Art de Barjac, le 6 juillet à Allègre les Fumades, du 10 au 16 juillet à Beaune, du 18 août au 4 septembre à Saint-Alban Auriol, les 6 et août à Thueyts pour le Blue Art… Pour quelqu’un qui a ralenti, ce n’est pas mal ! (Il rit) Par rapport à ce que je faisais avant, j’ai vraiment ralenti ! Il me faut du temps pour travailler et les déplacements coûtent cher… Même si, avec ma compagne, on a aménagé un van très confortable ! » Ainsi va l’artiste, d’arbre en arbre, d’encre à stylo, de forêts en atelier, dans un monde végétal qu’il transcende par son imagination et sa passion.
Auprès de ses arbres, il vit heureux. Jacques Brachet Photos Monique Scaletta
La galerie ABCD à été créée à l’initiative de messieurs Diehl galeriste depuis dix-huit ans, Cazorla homme d’affaires, investisseur et Benamou collectionneur de renom, ambassadeur de la galerie. Cet espace a pour ambition de faire découvrir des artistes connus ou émergents et de faciliter la rencontre entre les oeuvres et le public, tout en facilitant l’accès de tous à l’art. Trois personnalités au parcours complémentaires : Charles DIEHL, marchand d’art et galeriste soutient depuis 18 ans, des artistes qui sont devenus des noms familiers, comme Shepard FAIREY, JONONE, des figures emblématiques de l’art urbain. Il affectionne l’abstraction des années 1960 : Mannessier, Kijno, Bazaine, Hayter mais également les monstres sacrés de l‘Art Moderne, Mirò, Picasso, Braque, Chagall. Patrick CAZORLA a consacré de nombreuses années à une carrière d’entrepreneur dans l’industrie et l’immobilier. Établi dans la région depuis près d’une dizaine d’années, il aspire à enrichir le tissu culturel de la ville en lançant une galerie d’art d’importance. Albert BENAMOU est l’un des galeristes et marchand d’art français les plus respectés et un spécialiste incontesté de la peinture et de la sculpture. Il exerce depuis plus de 50 ans une activité de marchand, d’expert notament pour Auguste RODIN et de conseiller auprès d’importants collectionneurs et commissaires-priseurs. Chevalier des Arts & Lettres, Albert Benamou se consacre à l’art contemporain et la promotion de jeunes artistes.
Les Artistes Américains L’histoire des artistes américains venus à Paris commence au XIX ème siècle avant et après le courant impressionniste. Elle se poursuit au XX ème siècle avec l’attrait de courants nouveaux tels que le fauvisme et le cubisme. Dans l’entre-deux guerres, la Génération Perdue des écrivains américains, dont le plus connu est Ernest Hemingway, s’installe à Montparnasse qu’Henri Miller qualifiera de « nombril du monde ». L’invasion allemande de la France provoque le mouvement inverse avec l’exil aux États-Unis de nombreux artistes. Parmi eux, les surréalistes dont Marcel Duchamp, André Masson et Stanley William Hayter s’installent à New York et influencent fortement de jeunes artistes américains inconnus qui plus tard donneront naissance au mouvement expressionniste américain. A la fin de la guerre de 1939-1945, New York n’est pas encore le centre mondial de la création artistique et du marché de l’art. Paris garde pour encore quelques années son attrait en tant que lieu d’inspiration et de création culturelle et est aussi une porte d’entrée vers les autres centres culturels européens, notamment l’Italie et l’Espagne. Une vague d’anciens GI s’installe à Paris grâce aux subventions du G.I. Bill pour les vétérans de la seconde guerre mondiale. Il s’agit d’une loi votée par le Congrès des États-Unis qui fait bénéficier d’une bourse les soldats démobilisés qui souhaitent reprendre leurs études aux États-Unis ou à l’étranger. Son montant varie selon le nombre d’années d’enrôlement et leur permet de couvrir leurs dépenses de vie courante, le financement de leurs études ou de leurs formations professionnelles ainsi qu’une année de chômage éventuel. Le G.I. Bill prend fin en 1956 et a profité à 7,8 millions de vétérans sur un total de 16 millions. Ces soldats démobilisés cohabitent dans des ateliers parisiens, notamment impasse Ronsin où se trouve l’atelier de Constantin Brâncusi, ils mènent une vie de bohême, villageoise et communautaire, fréquentent les cafés de Montparnasse et de Saint Germain- des-Près.
Galerie ABCD – 9, place Commandant Lamy – Mougins galerie@gmail.com
Christiane Broussard a gagné, année après année, la maîtrise de sa passion, de son art. Cette artiste originale seynoise a su s’imposer dans un métier d’autant moins facile qu’elle est une femme et aujourd’hui, nombre de lieux et de galerie la demandent. Comme cette belle exposition qui vient de se dérouler à l’Office de Tourisme de la Seyne où la galerie ne s’est pas désemplie durant toute l’exposition. En toute discrétion, elle est passée de l’impressionnisme à l’expressionniste et jusqu’à l’art abstrait, tout en gardant en fil rouge, la terre, la mer de sa région varoise. Digne fille de son père, le peintre provençal Constant, c’est toute petite qu’elle le suivait dans ses ballades pour trouver le paysage idéal et c’est tout naturellement qu’elle s’est retrouvée un pinceau à la main, tout en étant dans l’enseignement.
Aujourd’hui elle vit de sa peinture et sait avec un plaisir et une maestria, assembler les couleurs, quelquefois violentes mais quelquefois tout en camaïeux de bleus ou de gris. On y sent souvent le soleil et la sérénité et de la sérénité, il lui en a fallu en ces jours où la maladie l’a atteinte de plein fouet. Ça ne l’a jamais incitée à baisser les bras. Elle a continué de peindre, même si l’on sent dans ses dernières toiles, un changement de ton, d’approcher son art. Et durant les pires moments où elle ne pouvait plus peindre, elle s’est mise à écrire. Petite-fille d’Italiens qui, comme beaucoup, ont dû fuir Mussolini et ses chemises noires, c’est vers la France, proche de l’Italie et près de la Méditerranée qu’ils émigrèrent. On le sait, ce ne fut pas facile, comme tout émigré, quel qu’il soit, de quitter leur terre, d’arriver dans un pays où ils ne parlent pas la langue, où on ne les attend pas, pire, où on n’en veut pas. C’est cette épopée qu’elle nous raconte dans ce livre intitulé « Ardéa et Constant » prénom de ses grands-parents, en mémoire de ce couple qu’elle a chéri et qui a su donner à sa descendance, l’amour du prochain, l’amour du travail, en remerciement à cette terre qui les a accueillis : la France. Ce livre, édité à compte d’auteur, raconte cette saga familiale, l’une parmi tant d’autres, dont elle a aussi voulu garder la trace pour ses enfants et petits-enfants.
Elle a pris goût à l’écriture et m’assure qu’il y aura une suite, ne serait-ce que pour parler de l’œuvre de son père qui lui a transmis cet amour de l’art. Christiane, c’est l’amour à fleur de peau. L’amour de la peinture, l’amour des autres, et malgré tout l’amour de la vie.
Entre la journée du sommeil, de la saucisse, des LGTB, du patrimoine et tant d’autres, se glisse la journée des femmes le 8 mars… Un seul jour pour les femmes, les mères, les travailleuses, avouez que c’est peu ! Mais bon, aujourd’hui tous les jours arrive une journée de quelque chose… Il faudra donc s’en contenter. A Six-Fours, le maire, Jean-Sébastien Vialatte, n’a justement pas voulu s’en contenter et a organisé une exposition de toutes les femmes agents – Remarquez qu’il n’y a pas le mot « agentes » !) qui font vivre sa mairie, dans tous ses services. Après avoir fait des expos sur les personnes remarquables de la ville, l’honneur est donc aux femmes cette année avec une exposition de photos réunissant les femmes de tous les différents services dans lesquels elles s’investissent Il pleuvait en ce vendredi, ce qui n’a pas empêché de réunir un aréopage de ces femmes mais aussi d’adjointes et de conseillères municipales qui entouraient le maire. Celui-ci les a remerciées, félicitées et honorées en leur disant que c’était en grande partie et quotidiennement grâce à elles qu’ils pouvaient réaliser de grandes choses dans sa ville, qui est la leur également, et qu’elle est la ville où il fait bon vivre ! En effet, du sport à la culture en passant par la voirie, le patrimoine, beaucoup de belles choses ont été créées, réhabilitées, aménagées… Et cela grâce à un travail commun de tous les services et des agents municipaux et c’est une grande fierté pour lui.
« Je n’aime pas trop m’épancher et, vous le savez, certains l’ont peut-être même éprouvé il peut m’arriver d’être impatient ou piquant mais ce que je veux surtout vous dire, au nom du Conseil Municipal, au nom des Six-Fournaises et des Six-Fournais, et tout simplement en mon nom, c’est un immense bravo et un très grand merci pour tout ce que vous accomplissez… … Dans un monde en pleine mutation, plus que jamais, je crois profondément que la commune est le bon échelon administratif, celui de la proximité, celui de l’efficacité et vous incarnez cet échelon. C’est pourquoi, grâce à la saine et rigoureuse gestion qui est la nôtre depuis tant d’années et malgré le désengagement croissant de l’Etat, j’ai décidé le maintien d’un certain nombre d’avantages pour les agents municipaux… … Mais plus que tout cela, je tenais à vous rendre un hommage appuyé et c’est ainsi qu’est née l’idée de cette exposition « Plurielles essentielles » à l’occasion de la journée de la Femme… » C’est ainsi que dans le hall de la Mairie, vous pouvez découvrir 14 panneaux qui célèbrent la femme et surtout « Les femmes » qui œuvre dans cette demeure municipale. Rassurez-vous l’an prochain, le rendez-vous est pris avec les hommes !!!
Un monde de folie à la Batterie du Cap Nègre de Six-Fours, en ce 25 février. Un peintre célèbre ? Que nenni, un comédien célèbre ! Mais qu’est-ce qu’un comédien fait-il là ? Tout simplement parce qu’il est aussi photographe… Et quel photographe, puisqu’il a choisi de photographier… Des coquillages ! Ce photographe se nomme Pascal Légitimus, Inconnu bien connu et surtout populaire. La preuve : le monde qui se bouscule à l’exposition, ce qu’on voit rarement… Mais c’est la rançon de la gloire ! On découvre alors un photographe de talent, amoureux des coquillages depuis des années, que cet homme des îles photographie avec amour. Et l’on découvre de superbes animaux qu’il photographie, non seulement avec talent mais avec l’œil du metteur en scène qu’il est aussi. Ainsi trouve-t-on un coquillage sur une tige de rose, un autre posé sur un rond blanc façon omelette et bien d’autres photos singulières, originales, poétiques, inattendues, insolites, pleines de lumière, mais aussi d’humour. Le rencontrer a été le parcours du combattant, tant il a, dès son arrivée, été happé par le public qui voulait un selfié ou un autographe… Et même pendant notre rencontre, des gens impolis viennent nous interrompre pour juste lui dire qu’ils le connaissaient depuis des années !
Mais bon, on est arrivé à s’isoler (un bien grand mot !) pour discuter avec lui. « Je suis, non pas surpris, de voir tout ce monde mais je sais que c’est avant tout pour me voir « en vrai », plutôt que de découvrir mes tableaux ! » Durant le discours d’ouverture, il souhaite le bonjour au public dans toutes les langues, même en chinois, « qui est aujourd’hui la langue qu’il faut parler… Plus que l’arabe, qui vous mène tout droit en prison !!! ». Six-Fours est seulement sa quatrième exposition et elle restera aux cimaises du Cap Nègre jusqu’au 9 mars.« Comment est venue cette façon de vous exprimer, Pascal ? Depuis toujours, je collectionne les coquillages. J’en possède quelque 250. Je trouvais ça tellement joli que j’ai eu envie de les prendre en photos. Mais pour moi car au départ c’est un projet personnel, C’est une manière de m’exprimer parce que j’ai des choses à dire autrement que dans une pièce de théâtre. Du coup mes amis ont découvert ces tableaux. Ils pensaient alors qu’ils venaient d’Ikéa ou de Maison du Monde car ils n’étaient alors pas signés. Quand ils ont su que c’était moi, ils ont voulu m’en acheter un. Ce que j’ai refusé. Ils m’ont alors demandé de leur en donner un. Ce que j’ai aussi refusé. Alors ils m’ont dit d’en faire une exposition. Du coup j’ai trouvé l’idée sympathique, je me suis dit que j’allais continuer sur la lancée, j’en ai choisi 150, les plus structurellement et architecturalement, les plus agréables à regarder. Ça a commencé comme ça. Et les expos sont arrivées ? J’en ai fait une à Marseille, une à la Rochelle. Ici, il y a une trentaine de photos mais il y en a 150 sur mon site artimusphotogragraphy.com, que l’on peut acheter. Toutes les toiles sont numérotées.
Vous continuez à collectionner ? Bien sûr. Je le fais toujours. En fonction de mes voyages dans le monde entier, je vais sur les plages les ramasser, les pêcher, soit je deale avec des locaux et je les prends en photo en direct. Après je me suis dit que j’allais faire un projet sur les quatre saisons. J’ai ainsi pris, par exemple, des coquillages en pleine neige et ça donnait des choses vraiment particulières, surtout qu’après renseignements je n’ai pas trouvé un photographe qui mettait en scène des coquillages. C’est vraiment un projet particulier et personnel et puis, je trouve ça joli parce que, avec les temps qui courent, vu que cette société devient anxiogène, je trouve intéressant d’avoir des images chez soi qui sont positives et qui nous emmènent ailleurs. Et pour les gens qui n’ont pas d’argent pour voyager, c’est une fenêtre ! Et vous les signez ! Oui. Alors, détail très important, les photos ont été exposées à Drouot, elles ont une côte et les personnes qui les achètent, c’est comme un héritage parce que ça a de la valeur. Donc, quand je serai mort – pas tout de suite ! – vous aurez quelque chose qui prendra de la valeur ! Et pourquoi signer Légitimus Pascal ? Parce que je m’appelle comme ça ! Oui, mais en principe un met le prénom avant le nom ! Parce que mon nom est plus connu que le prénom. Ces photos, où ont-elles été faites ? Tahiti, Nouméa, les Seychelles, les Antilles, partout dans le monde entier parce que ça fait cinquante ans que je voyage. L’idée de les mettre en scène, ça vous vient du théâtre ? Pas spécialement mais trouve banal de les photographier tout bêtement. Créer visuellement quelque chose d’assez remarquable, dans le sens propre du terme, je trouve ça intéressant. Par exemple, sur une photo, il y a une vraie fraise et un coquillage qui ressemble à une fraise. Et je trouve intéressant de les photographier ensemble. Il y en a une autre que j’ai photographié dans une poubelle, en plein hiver, avec une épaisseur d’un centimètre de glace sur laquelle j’ai posé le coquillage dessus, ce qui donnait un joli reflet. J’ai beaucoup d’imagination et ça sert mes photos
Joseph Mulet, adjoint à l’environnement, Pascal Légitimus, Fabiola Casagrande adjointe à la culture
Alors, aujourd’hui vous commencez à faire pas mal d’expos. Est-ce à dire que vous éloignez un peu du théâtre ? Non, je vais faire ces expos dans les villes côtières car ça me semble avoir plus de sens que de les faire dans l’Aubrac… … Et pourquoi pas ? Oui, en fait, peut-être même que ce serait beaucoup mieux mais je vais là où l’on me fait des demandes pour le moment. C’est donc le succès ! Eh bien, le fait de m’avoir avec l’expo, même si je ne suis pas un coquillage, je suis quand même une curiosité et je pense que tout ça est de l’affection. Avec les Inconnus, on a fait du bien aux gens, et même individuellement et aujourd’hui ils nous le rendent et en fait, ça permet aux gens d’avoir un peu de moi chez eux ! Donc vous ne quittez pas le métier d’acteur ? Non. Je viens de jouer un an sur scène à Paris « Le Duplex », avec Francis Perrin, Anny Duperey et Corinne Touzet. Il va y avoir une tournée dans toute la France de mi-septembre à mi-décembre 2025. Et puis j’ai un projet dont je ne peux parler ».
On est obligé d’écourter la rencontre, le public étant impatient, et s’immiscer dans l’interview ne les gênant pas ! Reste à découvrir cete très belle expo qui dure jusqu’au 9 mars à la Batterie du Cap Nègre. Propos recueillis par Jacques Brachet Photos Monique Scaletta
Ils sont deux six-fournais qui exposent à la Maison du Patrimoine. Deux générations d’artistes. Elisa M est un petit prodige. Malgré sa différence, depuis 15 ans elle a trouvé sa voie : peindre. Jean-Pierre Missistrano est kinésithérapeute mais peintre dans l’âme. Les hasards de la vie l’ont fait bifurquer avant de revenir à sa passion première : peindre. Ils auraient pu se rencontrer à Paris dans la galerie Thuillier, dans le Marais, où chacun a exposé. Mais c’est à Six-Fours, où ils vivent, que le hasard les a fait se réunir dans ce beau lieu six-fournais. Chacun a un style différent mais l’art ne connait pas les différences, l’âge et le style de chacun.
Elisa M : « Passionnément la vie ! » Sa différence a fait qu’elle n’a pas eu une vie normale de petite fille. Mais un jour, elle découvre les couleurs et c’est le déclic. Elle se met alors à peindre et voici neuf ans qu’elle n’a pas quitté ses pinceaux et ses toiles. Ses œuvres lui ressemblent : pleines de couleurs, de fantaisie, de lumière. Ses œuvres sont aussi rayonnantes que son sourire et son regard brille dès qu’on parle peinture. Elle prend des cours à Sanary. Ce qui l’a toujours inspirée, c’est la couleur. Elle a commencé à peindre des paysages qui l’entouraient et la voici qui se lance dans des explosions de couleurs qu’elle maîtrise à merveille. Ses œuvres sont pleines de vie, de mouvement, elle s’épanouit dans ces couleurs qu’elle possède avec une folle énergie et pourtant, nous dit-elle : « Je prends mon temps pour peindre, j’y vais doucement ». Elle peut passer des heures sur une toile et les pense et les crée avec une grande originalité. On y sent la joie de vivre, le bonheur de peindre et ses tableaux lui ressemblent. Il s’y dégage une grande sérénité.
Déjà, ses œuvres s’enlèvent comme petits pains, elle a déjà eu quelques prix, elle a exposé en Haute Loire puis dans des galeries parisiennes avec succès. On a également pu découvrir ses œuvres au Grand Palais éphémère à Paris pendant qu’on le rénovait et on l’y retrouvera lorsqu’il rouvrira en février, avec, s’il vous plaît une invitation privilège ! Mais ce n’est pas tout : Bientôt elle s’envolera pour Tokyo où deux de ses toiles ont été retenues ! C’est la première fois qu’elle expose dans sa ville car elle était un peu freinée, nous avoue-t-elle, par son père qui est un élu et qui avait peur qu’on la juge ! Mais aujourd’hui il est près d’elle pour la soutenir et l’aider à faire son chemin dans un milieu qui n’est pas toujours facile. Mais elle m’avoue qu’elle ne quittera jamais Six-Fours, même si elle commence à voyager… La rançon de la gloire !
Jean-Pierre Missistrano : « Eau en couleurs ! » Il est six-fournais depuis longtemps, marseillais de naissance, d’une mère marseillaise et d’un père parisien. C’est ainsi qu’à six ans il se retrouve à Paris. Très jeune il se rend compte que le ciel parisien ne lui convient pas ! Mais il a le temps de visiter en famille des galeries, le musée du Louvre, ce qui lui donne le goût de l’Art. Il a fait ses études à Paris. Il aimait déjà dessiner, il a fait une insertion aux Beaux-Arts, s’est aussi essayé au théâtre avec des profs célèbres comme Sacha Pitoeff, René Simon où il connut Michel Bouquet… Et voilà comment il se retrouve… Kinésithérapeute ! Il exercera. 25 ans à Chantilly. Il viendra s’installer à Six-Fours pour y retrouver ses enfants. En parallèle, il se remet à la peinture pour s’amuser et lui aussi expose à Six-Fours pour la première fois après avoir exposé à Paris et dans certains pays.
Il a déjà eu quelques prix et est membre de l’International Watercolor Society. Celui qui, de son aveu, a su dessiner avant de savoir écrire, nous offre aujourd’hui une peinture très photographique mais aussi très provençale, tant il a su adhérer à la vie méditerranéenne et à ses paysages. Et surtout la mer. Avec quelque visites du côté d’Aix-en-Provence, où il rejoint Cézanne, la mer, les grands ciels, les bateaux sont ses sujets de prédilection, qu’il peinte avec une grande douceur, une quiétude qui incite à la rêverie. On ne pouvait pas exposer deux personnalités aussi différentes qu’Elisa et Jean-Pierre mais tous deux nous invitent au voyage, avec la mer pour décor ! Jacques Brachet Photos Monique Scaletta Exposition à la Maison du Patrimoine jusqu’au 23 février.
Jacques Brachet Photos Monique Scaletta Exposition à la Maison du Patrimoine jusqu’au 23 février
Les photographes autour des adjoints et d’Henri et Francine Chich
Le Club Phot’Azur va fêter ses 50 ans d’existence. Son président Henri Chich fêtera ses 25 ans de présidence. Photographe émérite Henri Chich est un passionné qui porte haut les couleurs de son association puisque, entre lui et ses adhérents, elle ne compte plus le nombre de prix, de médailles, de coupes, de diplômes remportés à chaque manifestation photographique. Et sa femme, Francine, qui est présidente de l’Union Régionale de photographie PACA, la suit dans le talent et le succès.
Pour la seconde fois, c’est dans le jardin de la Villa Simone que l’association expose. Un lieu idyllique pour poser ces photos au milieu de près et d’arbres où l’on peut admirer ces « Regards croisés », thème de cette exposition d’artistes qui ne sont pas professionnels mais dont le talent est incontestable. D’année en année, ceux-ci s’en vont, reviennent, d’autres arrivent mais c’est toujours le talent qui les fait nous offrir de belles images. La nature exposée dans la nature quoi de plus original que d’installer ces œuvres diverses et variées dans cette écrin qui respire la sérénité ?
L’imagination et l’imaginaire côtoient le bestiaire et l’art architectural, les couleurs et le noir et blanc se font face, l’ombre s’oppose à la lumière, la nature vibre aux côtés de l’urbanisme, et ainsi déambule-t-on entre prairies, murs et arbres pour découvrir le talent et l’esthétisme de ces artistes qui ne sont pas là pour la gloire mais pour leur plaisir. Pour notre plaisir. Une fois de plus, Henri Chich et ses adeptes nous font voyager, rêver, admirer à travers la beauté de l’art photographique. On attend avec impatience ce que le 50ème anniversaire va nous réserver !
Jacques Brachet Exposition « Regards croisés », jardins de la Villa Simone, du mardi au dimanche jusqu’au 30 mars
Vous prenez le col tortueux de l’Escrinet et tout à coup, une pancarte on ne peut plus discrète : « Sculpteur ». On descend un petit sentier pierreux et l’on tombe sur une vieille bergerie d’où l’on a une vue incroyable. Avant d’entrer, on entend des bruits de marteau et l’on se retrouve dans un immense lieu fait de bric et de broc, de ferrailles et de vieux objets rouillés. Et à genoux, un homme masqué soude dans un bruit d’enfer et d’explosions d’étincelles. Jean-Louis Chipon est en train de s’occuper d’une chèvre couchée sur le flanc. Car ce monsieur au regard bleu et au sourire avenant, crée des sculptures en fer dans la solitude de ce lieu envahi de fer. Des animaux, beaucoup d’animaux, chèvres, moutons, poules, coqs, béliers et quelquefois un humain pour tenir compagnie à son cheptel. Cet homme solitaire et talentueux, à l’imagination débordante, nous consacre un moment pour parler de son œuvre originale qui a envahi ronds-points, collines, jardins.
Pierre-Louis, parlez-nous de la genèse de cette passion et de cet art Ce n’est pas mon métier au départ. J’étais agriculteur et éleveur de chèvres dans ce lieu même et là où l’on est c’était le bâtiment des chèvres ! C’est en 1986 que je m’installe en Ardèche et en 2000 j’arrête l’élevage de chèvres pour ne faire que de la sculpture. Comment est venue cette passion ? J’ai commencé à sculpter en m’occupant des chèvres. J’ai d’abord fait une chèvre que j’ai installée sur le piton au-dessus-de la route. Les gens ont vu la chèvre, ils en ont parlé, ils venaient acheter mes fromages et petit à petit, pour m’acheter des sculptures. Du coup, cette activité a grandi jusqu’à ce que j’arrête l’élevage. Difficile de faire les deux à la fois ! Au départ c’est ce que je faisais, ça m’allait bien, c’était complémentaire. L’élevage m’obligeait à rester sur place, avec les animaux, je ne pouvais pas me déplacer et j’avais du temps libre. Mais à un moment, il a fallu choisir car mon activité de sculpteur était devenue plus importante que l’élevage. C’est le centre des impôts qui m’a obligé de choisir entre le statut d’agriculteur ou celui d’artiste. Deux statuts, c’était compliqué. Sans compter que l’élevage ne me permettait pas de me déplacer, de faire des expos.
Vous m’avez dit vous être installé en Ardèche. Alors, d’où venez-vous ? Je suis de Bourgoin-Jallieu en Isère. Quand on connait Bourgoin, on n’a pas envie d’y rester. J’y ai vécu ma jeunesse mais je détestais cet endroit. C’était alors un endroit froid, peut-être aujourd’hui ça l’était beaucoup moins. C’était pluie et brouillard tout le temps, on ne voyait jamais le ciel bleu comme ici. Sans compter que l’autoroute Lyon-Grenoble a été construite juste à côté de notre maison et traverse la ville. J’ai été au lycée agricole où j’ai rencontré un copain ardéchois qui m’a fait connaître cette région pour faire de la randonnée à vélo et là, coup de foudre. A ma première visite, nous avons fait le col de l’Escrinet où nous avons dormi au hameau au-dessus. Le hasard a fait que j’ai trouvé une ferme à cet endroit. Alors, cette sculpture particulière vous est venue comment ? Par hasard. J’avais besoin d’un poste à souder pour fabriquer et réparer mon matériel. Je n’étais pas doué pour faire des choses techniques car je n’ai pas le compas dans l’œil. J’ai trouvé plus sympa de créer des sculptures. Et ma première chèvre a été la chèvre de l’Escrinet que j’ai mis sur le rocher en 1986. A l’époque c’était chez moi et c’était surtout pour faire la publicité pour mes fromages. En 92, une allemande qui venait d’acheter un mas m’a proposé de m’acheter la chèvre. Elle l’a emmené et ça a fait un pataquès auquel je ne m’attendais pas du tout : la chèvre a disparu, on a volé la chèvre… les infos en ont parlé, France 3 s’y est mis et il y a même eu un article dans le Monde ! Ca a bien sûr beaucoup fait parler de moi, on m’a réclamé une autre chèvre, et mon activité de sculpture a beaucoup augmenté à partir de 92. Et du coup la ferraille a envahi votre lieu ! Je ne suis pas toujours obligé d’aller la chercher. Chez les fermiers il y a beaucoup de ferraille qui s’entasse et du coup les gens me l’amènent. Il y a des moments où je commence à en avoir trop car tout ne m’intéresse pas. J’achète aussi dans les vides greniers.
Cette ferraille, est-ce elle qui vous donne l’idée d’une sculpture ou avez-vous déjà l’idée de ce que vous voulez faire ? C’est variable, il n’y a pas de règle, globalement c’est plutôt moi qui ai une idée et qui cherche ce que je vais utiliser. Mais certaines formes me donnent des idées. Ce sont les socs de charrue qui m’ont donné l’idée d’en faire des ailes de rapace. On trouve beaucoup de vos œuvres sur les ronds-points. Vous travaillez avec qui pour les installer ? Pour les chèvres ce sont celles qui symbolisent le fameux fromage Picodon. Et tout ça a été organisé par le syndicat du Picodon qui gère cette appellation et qui est financé par l’Europe. Il a de gros moyens de promotion même s’il ne peut pas faire de publicité. Il a fallu trouver ce système de créer la route du Picodon. C’est ainsi que mes chèvres symbolisent ce fromage sur l’Ardèche et la Drome. Il y a donc nombre de chèvres sur les ronds-points de la région. Et En dehors de ces commandes ? Beaucoup de particuliers m’en achètent. Il y a moitié de particuliers, moitié d’organismes. Les particuliers sont des gens de la Drome et de l’Ardèche, qui ont des terrains où installer ces sculptures. Beaucoup de communes et de départements m’en achètent. J’ai aussi fait la route de la Clairette de Die dans la Drome.
Vous travaillez tout seul ? Oui, toujours tout seul. Je suis incapable de travailler avec quelqu’un. La solitude ne me pèse pas, j’ai besoin de travailler à mon rythme. J’ai essayé quelquefois mais lorsqu’il y a quelqu’un près de moi, ça me perturbe, ça crée des interférences qui me gênent. Je travaille en toute liberté. Du coup, vous ne passerez pas le flambeau à quelqu’un d’autre ? Non. On m’a déjà demandé mais ce n’est pas mon truc. Après, je ne suis pas un solitaire, j’ai d’autres activités de loisirs, je sors souvent d’ici, rassurez-vous !
Propos recueillis par Jacques Brachet Photos Monique Scaletta et propriété du sculpteur Pierre-Louis Chipon – Col de l’Escrinet 06 30 04 39 69 – chiponpierrelouis@gmail.com