
Il a un sourire irrésistible, un regard brillant et lumineux et son accent… Ah son accent rempli du soleil ciotadin, qui chante aussi bien qu’il danse. C’est un rayon de soleil… C’est le roi soleil.
De qui s’agit-il ? De Christophe Licata qu’on a découvert comme prof de l’émission « Danse avec les stars » et dont le public est tombé amoureux… Même si les 13 saisons l’ont vu s’approcher de la première place sans jamais l’atteindre. Mais, comme Poulidor, il a pris le cœur des français qui en ont fait leur préféré.
C’est vrai que son charisme fait que, lorsqu’on le voit, on ne peut que s’attacher à lui et il y a longtemps que j’avais envie de le rencontrer. Mais le véto de TF1 avait été formel. Et j’ai dû attendre qu’il sorte son livre de souvenirs « Révélation(s), 13 saisons et après ? » (Ed Leduc) pour qu’une adorable attaché de presse dise oui.
Non pas oui au « phoning » comme c’est devenu la mode mais oui à une rencontre, qui plus est chez lui, du côté d’Aix-en-Provence où il vit sa femme, Coralie, qui est aussi danseuse et leur fils, l’amour de leur vie.
Et chez lui, dans cette atmosphère chargée d’amour, je ne suis pas déçu : il est d’une gentillesse extrême, d’une grande humilité, il rayonne de passion pour cet art de la danse qui est sa vie.
Entre gens avec l’accent, tout aussitôt il y a empathie, connivence, plaisir de partager nos passions et l’interview devient très vite une conversation où chacun pose ses questions à l’autre !
Mais bon, je garderai nos petits secrets intimes, sauf pour notre admiration partagée pour Dalida ! et celle qu’il a pour Amy Winhouse, tatouée sur son mollet ! et je découvre ce danseur hors pair et cet homme magnifique.
« Christophe, toi qui sembles un garçon, très discret, voilà que tu écris un livre avec de plus un titre très accrocheur « Révélation(s) » ! Donne-nous tes raisons !
Au départ, j’avais pris la décision de freiner mes passages TV et j’avais besoin de raconter l’envers du décor car le public ne voit que la face immergée de l’émission. J’avais envie de les emmener avec moi dans les coulisses et partager des moments que j’ai pu vivre durant les émissions, qui restent gravés dans ma mémoire.
Il se trouve que les coulisses ne sont pas toujours de tout repos !
Non, mais ça fait partie du chemin qui m’a permis d’être le danseur et le chorégraphe que je suis aujourd’hui. La difficulté est de sortir de sa zone de confort, mais c’est aussi ce qui nous fait évoluer.
Le public est donc important…
Oui, j’ai un rapport particulier avec le public, j’aime ce contact et j’avais envie de tout leur raconter, sans filtre…
Ce qui est le cas !
Oui mais tout ça fait partie de la carrière d’un danseur, tout comme d’un sportif ou d’ailleurs quel que soit le métier que l’on fasse. Dans tous les métiers il y a des moments beaux, des moments difficiles. Lorsqu’on va acheter son pain, on ne sait pas ce que le boulanger traverse avant que ce pain n’arrive dans notre bouche. J’avais envie de montrer qu’il n’y a pas que les paillettes, il y a le dur labeur, de la transpiration, des nuits blanches où on n’arrive pas à trouver le sommeil. Ce qu’on voit à la télé, c’est le résultat d’une source d’effort, de travail intensif et je trouvais important de le partager.
Et tu parages tout cela avec beaucoup d’amour et d’émotion…
C’est vrai, en temps normal je ne parle pas beaucoup de moi, je suis très pudique et je ne pensais pas qu’en écrivant ce livre, ce serait pour moi une thérapie. En fait, c’est un journal intime et ça me fait très bizarre de voir le retour des gens. C’est particulier car maintenant l’histoire ne m’appartient plus. Mais je suis très fier de l’avoir fait car ça m’a aussi fait prendre conscience de beaucoup de choses…
C’est-à-dire ?
Entre autre, j’avais la frustration de mes défaites, d’être un peu le Poulidor de l’émission, mais en écrivant, je me suis rendu compte que j’avais gagné beaucoup plus important qu’une boule à facette, tellement plus qu’un trophée. Ça m’a guéri de ça.
Tu es malgré tout le préféré du public !
Si c’est vrai, ça me fait plaisir. C’est qui m’anime depuis que je suis tout petit et qui fait que je n’ai jamais lâché, que j’ai toujours persévéré.
Tu es donc de la Ciotat où tout a commencé ?
Oui, dans la petite salle qui s’appelle Subilia. J’avais sept ans, ma sœur Céline neuf et nous dansions ensemble En écrivant ce livre, plein de souvenirs me sont revenus, les vêtements que je portais, les odeurs de tatami des cours de judo ! Mais c‘est ça aussi, écrire un livre, ce n’est pas seulement raconter une histoire mais se remémorer des moments.
Ca fait donc treize saisons que tu es dans DALS. N’as-tu jamais eu envie d’arrêter ?
Oui, après la saison 12 où j’ai eu un peu une traversée du désert, où j’ai perdu ma grand-mère puis mon oncle qui m’ai initié à la danse. Psychologiquement parlant, je n’allais pas bien. J’avais besoin de faire le deuil et j’ai commencé à me poser des questions. Entre autre, est-ce que les gens avaient encore envie de me voir danser ? J’avais donc envie de mettre un frein.
Finalement c’est reparti puisque tu seras sur la quatorzième saison !
Oui… Je crois que c’est plus fort que moi. Mais cette année, je l’aborde différemment. Les autres années, j’étais arraché à ma famille, à mon petit. J’ai trouvé un terrain d’entente avec la production pour rester plus chez moi, ne pas lâcher ma vie, de rester dans mon cocon familial. Rester trois mois dans une machine à laver avant l’essorage, c’est violent.
Tu avais créé avec ton épouse, Coralie, qui est aussi danseuse, une école de danse à Draguignan. Pourquoi avoir arrêté ?
Je pensais que c’était le rêve de ma vie et je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que j’aimais car je devais plus gérer de la paperasse, des profs, des salles, des parents d’élèves. J’étais moins dans le terrain. Ce que j’aime, c’est enseigner, être sur scène et tous ces tracas m’en éloignaient. Ça me prenait trop de temps, ça me freinait beaucoup.
Justement, lorsqu’on fait une telle émission, a-t-on le temps de faire autre chose ?
Au contraire, ça m’a ouvert des portes, même des portails incroyables, j’ai fait des scènes que je n’aurais jamais imaginé faire, j’ai fait le stade de France avec ma femme, j’ai fait des scènes à Londres avec Dita Von Teese, j’ai fait les plus grandes salles françaises. Grâce à cette émission, ce sont des rêves de gosse qui se sont réalisés et même au-delà, je participe aux spectacles de Chris Marques, je fais des spectacles avec ma femme. C’est la scène qui m’anime depuis que je suis enfant. Même si au départ c’était difficile. Je n’étais pas accepté à l’école car un garçon qui danse ça n’est pas normal. Je le cachais souvent. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de petits garçons qui viennent à la danse. Et DALS a beaucoup fait pour ça.
Les cris du public m’ont toujours galvanisé et je suis toujours en quête de ça !
Une chose m’intrigue : les danseurs ne choisissent ni leurs stars, ni leurs musique. Pourquoi ?
C’est la production qui décide de tout ça. Quelquefois c’est super, quelquefois moins car de temps en temps un doit faire un tango sur une musique qui n’en est pas un ! Mais en fait je me suis rendu compte que ça nous permettait de nous dépasser. Quelquefois, lorsque je n’aimais pas une musique, c’est là que j’ai fait les plus beaux tableaux. Le fait de devoir se creuser le cerveau, tout à coup il a un truc qui arrive et il en sort quelque chose de fabuleux ! Finalement j’ai envie de dire merci à la production parce que c’est grâce à ça que maintenant je suis capable de tout. C’est la meilleure école et aujourd’hui on peut me demander n’importe quoi ! Je peux faire un sirtaki sur « Le lac des cygnes » !!! Plus rien ne me fait peur.
Il faut savoir ouvrir son esprit.
La taille joue beaucoup sur le couple, aussi, non ?
Oui mais c’est différent que les codes des danses de salon où il faut être de la même taille. Ici ça va au-delà de ça. C’est un moment qu’on crée avec une personnalité. Ce sont d’autres critères. On crée des liens avec des personnes qu’au départ on ne connaît pas. Il y a une osmose qui se crée.
Est-ce qu’il est arrivé de ne pas t’entendre avec la star qu’on t’a donnée ?
Non, jamais !
C’est vrai qu’avec l caractère que tu as ce doit être facile de travailler avec toi !
(Il rit) Faut pas croire ! J’ai mon petit caractère, en général ça se passe bien mais je peux aussi devenir un volcan. Mais la production fait bien les choses en sachant matcher les candidats. Depuis le temps elle me connaît et sent quel profil d’artiste peut me convenir, ce que je peux leur apporter.
Quel serait ton Top 3 des artistes avec qui tu as dansé ?
Très difficile à dire car chaque chemin avec chaque concurrente a été différent. Je pense à Tatiana Silva, à Amel Bent, à Dita Von Teese avec qui ça n’était pas seulement la danse mais le rapport humain qui a été très fort.
J’avoue que je suis très ami avec toutes et d’ailleurs, lorsque j’ai terminé le livre, je les ai appelées une à une pour les remercier car elles m’ont toutes beaucoup apporté. Ce sont elles qui me remercient le plus souvent et donc je voulais à mon tour leur dire merci. On s’est finalement beaucoup apporté mutuellement. C’est vrai qu’aussi elles nous disent qu’après une telle expérience, elles en sortent métamorphosées. Et nous avec
Alors, le jury… Il est dur quelquefois !
Tu penses à Chris Marques ! Mais c’est un ami, une personne incroyable. Il a été un mentor, il m’a guidé dans un milieu que je ne connaissais pas, la télévision. Pour le coup il est peut-être dur mais il est juste. Il est comme ça dans la vie, il est aussi très dur avec lui, c’est un perfectionniste. Avec lui, faut y aller et j’aime ça. Dans ses notes je suis souvent d’accord avec lui.
Et ta rencontre avec Marie-Claude Pietragalla ?
Ah la la… C’est une grande, grande dame. A chaque fois qu’elle ouvrait la bouche on était totalement subjugué, c’était quelque chose ! Quelle aura, quelle beauté ! Lorsqu’on est entré dans le studio avec elle pour découvrir la danse contemporaine, ça a été un grand moment, une grande leçon, autant d’énergie, de minutie, tout était cadré. Elle nous a mis une musique et nous a dit : « Danse » alors que moi, je ne sais pas improviser. Quelle chance j’ai eu de pouvoir travailler avec elle !
Et le public. Il vote pour la danse ou pour la popularité de l’artiste ?
C’est vrai que moi, je suis danseur et je suis donc plus focalisé sur la danse, mes performance. Mais le public, il faut le toucher au cœur et je me rends compte que certains ont réussi à captiver les gens d’une manière plus émotive. Je pense à Emmanuel Moire qui a retourné la France entière en voulant danse pour son frère jumeau qui est décédé. Il nous a tous fait pleurer. Même s’il n’a pas toujours été le meilleur, il a réussi à toucher les gens. Ça fait partie de la compétition. Les artistes qui arrivent à se livrer corps et âme arrivent à toucher le public et à gagner la boule à facettes.
Si on teproposait la « Star Academy » ?
En tant que chanteur… NON (il rit) mais en tant que coach oui parce que tout projet concernant la danse m’intéresse. Mais « Danse avec les Stars » a été l’expérience de ma vie… Je peux dire que « Danse avec les stars » a changé ma vie.
Et Coralie ? Que pense-t-elle de te voir passer de bras en bras ???
(Il rit) Elle est danseuse professionnelle donc ça change pas mal la donne. J’aurais une femme qui n’est pas dans ce milieu, ça pourrait poser des problèmes. Mais là, elle comprend, sans compter qu’on danse souvent ensemble. On est partenaire de scène et de vie. C’est comme au cinéma, et peut-être pire lorsque les acteurs s’embrassent ou sont à poil dans un lit ! Nous n’en sommes pas là mais on joue un rôle avec des partenaires différents. Avec Coralie, on est fier l’un de l’autre et quand on voit sa femme mettre au monde notre enfant… Ah lala…
(Moment d’émotion)
Après, petit, je dansais avec ma sœur et je n’ai jamais eu ce rapport sexuel avec la danse. Je suis là pour faire rêver les gens, leur mettre durant trois minutes des paillettes dans les yeux… et me mettre des papillons dans le ventre avant d’entrer en scène. Le jour où je n’aurai plus ces papillons, j’arrêterai »

On pourrait rester des heures avec ce garçon fougueux, vrai, tellement passionné. On le retrouvera donc avec plaisir dès le vendredi 7 février sur TF1. Avec qui ? Celle avec qui il répète aujourd’hui… Mais il ne nous en dira rien !
Après ça, il s’attaquera à une comédie « musicale et magicale » avec Coralie… Rendez-vous est déjà pris pour la voir naître ! Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
photos de danse collection personnelle