Durant tout le mois consacré au cancer du sein, Six-Fours a été le phare de cet événement baptisé «Octobre Rose».
L’on ne compte plus le nombre de manifestations qui se sont déroulées, grâce à la collaboration, tout d’abord de la Mairie de Six-Fours, son maire, Jean-Sébastien Vialatte et son adjointe à la santé Nathalie Guillaume, qui ont porté le projet, entourés de nombreuses associations, de médecins, personnels de santé, de corps de métiers divers et variés, de sponsors et surtout du réseau CapSein dont la présidente est Christine Castello et la coordinatrice Béatrice Métayer.
Bref, une chaîne humaine s’est formée pour faire de ce mois, outre un éclairage sur ce cancer qui atteint encore tant de femmes, une fête de tous les jours pour montrer que celui-ci, pris à temps est guérissable, mais aussi pour mettre en lumière ces femmes courageuses, qui luttent avec une admirable énergie pour en sortir victorieuses.
Ces femmes, magnifiques combattantes, ont été tout le mois omniprésentes, souriantes, et on ne peut que les admirer.
Ainsi, durant tout le mois, ont eu lieu de magnifiques rencontres, de joyeuses animations, l’un des moments les plus émouvants étant l’exposition de photos de ces femmes qui ont osé se montrer telles quelles, blessées dans leur chair, sans cheveux. Des photos réalisées avec beaucoup de pudeur et de force par Daniel Pelcat, qui a su les sublimer.
Et pour clôturer ce mois riche en émotions, jeudi soir tout ce petit monde devenu une famille, se retrouvait au Six N’Etoiles pour découvrir un film particulier : «Elles dansent»*, film documentaire d’Alexandre Messina, en sa présence.
Noémie Dumas, directrice du Six N’étoiles, Nathalie Guillaume, Alexandre Messina et sa fille, Béatrice Métayer
Une belle histoire dont l’héroïne, une notaire qui s’est convertie à la danse, est Aude Michon, dite Aude M, qui a décidé d’aller danser dans les hôpitaux pour aider les malades en état de détresse, quelquefois en fin de vie, leur apportant un moment de grâce à travers la musique et la danse.
Souvent, le mot cancer est associé au mot mort. Et l’hôpital est souvent considéré comme un lieu de mort. Mais on se sort aussi bien d’un cancer que d’un hôpital et Aude voulait montrer que tant qu’il n’y a pas mort il y a vie et tant qu’il y a vie, il y a aussi espoir.
Et voici donc Alexandre Messina qui, armé d’une caméra et d’une équipe réduite, a suivi Aude de chambres en couloirs, dansant pour les malades mais aussi pour et avec le personnel qui a une vie difficile et qui a aussi besoin d’espoir et d’aide morale.
La voir danser avec les infirmiers, voir le regard d’un malade s’éclairer, serrer la main d’Aude, battre la mesure de la musique, sont des moments émouvants, irréels, magiques. Le personnel l’a surnommée la fée Clochette. Une fée Clochette lumineuse, souriante, sereine en apparence car elle aussi prend des décharges d’émotion et on la voit quelquefois au bord des larmes.
Moment magique encore lorsque toutes ces femmes en rémission, sous la houlette d’Aude, créent un ballet et l’on voit leur joie de se prolonger dans l’avenir, de faire des choses qu’elles n’auraient soupçonné de faire.
A la fin du film, un silence d’émotion s’est installé avant que n’éclatent les applaudissements à un réalisateur encore très ému, lui aussi.
Alexandre Messina, Christine Castello, Nathalie Guillaume
«Ce projet a été très difficile à initier – nous avoue-t-il – car il s’agissait en premier de convaincre le directeur de l’hôpital Gustave Roussi, car il y avait fait d’entrer dans un hôpital avec une caméra, avoir l’acceptation des malades, du personnel et surtout, alors que pour tourner il faut une équipe importante, là nous n’étions que trois à tout faire. Ca a donc mis du temps à se concrétiser et puis il fallait s’adapter aux horaires et aux jours d’Aude.
Petit à petit tout s’est mis en place et l’on a tourné durant un an, de 2017 à 2019, juste avant le Covid.
Nous avons vécu des moments magiques, des moments d’émotion dont on ne sort pas indemne.
Au niveau éthique, avez-cous eu des doutes ?
Oui parce que, filmer des gens malades, ce n’est pas simple, on se sent souvent voyeur. On se demande ce qu’on peut filmer, ce qu’on peut montrer, jusqu’où on peut aller pour s’immiscer dans l’intimité des malades. Il fallait que nous soyons discrets et surtout ne brusquer personne. Quelquefois les portes se fermaient mais nous n’insistions pas, tout comme Aude qui n’insistait pas lorsqu’un malade ne voulait pas la voir. Quelquefois aussi, entendant la musique, certaines portes se rouvraient. Ça a ainsi donné des moments instinctifs, inattendus. Il fallait tout le temps être sur le qui-vive.
En fait, qui est Aude ?
C’est une femme qui a toujours aimé la danse. Elle danse depuis l’âge de 3 ans. Puis elle s’est tournée vers le notariat avant de se rendre compte que là n’était pas son avenir. Puis elle est revenue à la danse et elle est aujourd’hui intermittente du spectacle. Mais elle aime à dire qu’entre être notaire et être danseuse comme elle l’entend, ça a des points communs : aider les gens, alléger leurs peines ou leurs problèmes. Elle a débuté comme bénévole dans les hôpitaux mais aujourd’hui elle commence à être très demandée.
C’est pour cela que j’ai voulu montrer son intimité à elle aussi, pour expliquer sa démarche».
La rencontre après le film a été tout aussi intéressante, animée par Nathalie Guillaume qui a expliqué comment a pu se monter ce mois, la mairie s’y étant totalement impliquée, aidée de nombreuses personnes qui étaient présentes dans la salle et à qui elle a donné la parole.
Il y eut encore là, des moments d’intense émotion qui n’ont pu que rassurer Alexandre Messina sur le fait d’avoir pu réaliser ce film.
«Tout comme vous, j’ai vécu de grands moments de bonheur, même si, quelquefois, c’était difficile. Ce que vous avez fait est admirable et est dans le droit fil de ce pourquoi j’ai réalisé ce documentaire. J’espère qu’il pourra aider et faire du bien. En tout cas c’est mon but et mon espoir».
Jacques Brachet
*Sortie sur les écrans le 7 novembre