Thierry Wilson alias Zize du Panier est de Marseille
Alain Turbanovitch, alias Turban, est de Montmartre mais il a, tout comme moi le cœur en Ardèche où il avait une discothèque à Lavilledieu et où il vit en partie dans sa maison de Ruoms. Auteur du tube «Santa Monica» il a aussi collaboré avec de nombreux artistes : Michèle Torr, Annie Cordy, Michaël Jones, Jean-Jacques Goldman, Herbert Léonard, Michou et Gilles Dreu entre autres.
Avec Zize, nous nous rencontrons souvent entre Nice et Marseille, où elle tourne avec son dernier spectacle «La famille Mamma mia»
Quant à Alain, je lui fais de temps en temps une visite à Ruoms l’été.
Tous deux sont amis de longue date et nous nous sommes tous retrouvés, il y a quelques temps au Casino de Vals les Bains où tous deux étaient jurés de «Super mamies» avec un autre complice : Gilles Dreu.
Les années passent, les amitiés restent et voici que Zize, qui a aujourd’hui conquis la France avec son bel accent bien de chez nous, se met à chanter. Et c’est carrément un CD de 15 chansons drôlissimes, énergiques et dansantes, signées… Alain Turban et Mario Santageli et arrangées par Frédéric Andrews.
On peut entendre «Faites chauffer la colle» qui évoque un nombre de chansons populaires, de «Tata Yoyo» à «La chenille» en passant par «Le rire du sergent», «La Macarena», «Big bisou», «Le papa pingouin» et plein d’autres titres qui ont fait les beaux jours des «balettis», des mariages et des événements festifs.
Après le fameux zizi que Pierre Perret a évoqué sous toutes ses formes, voici que Zize nous parle des «Gros nénés», des bonnets A aux bonnets M en passant par les bonnets blancs ! Irrésistible.
Plus évocateur encore et très coquin «J’aime tes rouleaux de printemps». Inutile de vous préciser de quoi il est question. Emprunté chez Prévert (aurait-il apprécié, lui qui avait beaucoup d’humour ?) «Je suis comme je suis», où elle nous chante sa vie d’artiste, de «Reine des cagoles» «sexygénaire» et le CD se termine par une chanson très émouvante que Zize a composé pour parler de ce qu’elle a vécu : «Ma différence».
C’est festif, on s’éclate, on danse, on passe un bon moment de rire ensoleillé avec cet accent qu’aujourd’hui tout le monde connaît, celui de notre Zize devenue nationale.
Qu’on se le Zize !!!
Rencontres
Il fallait bien que j’en parle avec mon marseillais et mon parigot-ardéchois Alain Turban !
Alain, dans sa campagne, ne sort que pour aller chanter en ces temps de Covid dont, me dit-il, il n’a rien à foutre et se contente de se faire tester plutôt que de se faire vacciner !
Alors, Alain, comment cette idée de faire chanter Zize t’es venue ?
Elle n’est venue ni de moi, ni de Zize. Elle est née chez Michou, qui était un ami commun et où nous nous sommes retrouvés. Et c’est Michou qui m’a lancé : «Pourquoi n’écrirais-tu pas une chanson à Zize ?». L’idée nous a plu à tous les deux et quarante-huit heures après, j’ai proposé «On peut rire de tout», que j’ai écrite avec Mario Santagelli. Zize a aimé, décidé de l’enregistrer et de fil en aiguille, l’idée d’autres chansons est arrivée. Nous en avons finalement écrit douze, orchestrées par mon ami Frédéric Andrews.
Ta version, Thierry ?
Il t’a raconté l’essentiel.
Avec Alain, on se connait depuis les années 90. On s’était rencontrés chez Michou qui était notre ami commun. C’est à l’anniversaire de Michou que celui-ci lui a dit que j’avais envie de chanter depuis longtemps…
C’était déjà dans ta tête ?
Oui. C’est Coccinelle qui me poussait à le faire. A l’époque j’ai enregistré une chanson mais finalement ça n’a pas abouti. Du coup, Alain m’a qu’il allait s’y coller… Et le lendemain il m’envoyait le texte de «Faites chauffer la colle» !
C’était juste pour un single ?
Au départ oui mais on a commencé à en parler avec Alain. Je lui disais que je voulais chanter une chanson sur Marseille, j’avais quelques idées et du coup, Alain s’est lancé…
Alain, Comment s’est fait ce travail à trois ?
A deux surtout car les chansons écrites on les proposait à Zize qui avait bien sûr son mot à dire, qui modifiait quelques trucs, validait ou pas mais elle a accepté toutes les chansons que nous lui avons envoyées. Après quoi on est passé par l’enregistrement, les orchestrations, la voix.
Combien en avez-vous écrit ?
Douze… les douze qui sont sur l’album !
Thierry, en fait tout s’est fait sans vous voir ?
Exactement, moi j’étais toujours par monts et par vaux, lui était souvent en Ardèche. En fait, avec Alain, on se voit surtout à Paris où l’on se retrouve souvent dans sa belle maison avec son épouse qui est une femme adorable.
C’est toi donc, qui donnais les idées de chansons ?
Non, pas vraiment. J’attendais les textes d’Alain, je disais oui ou non, je changeais parfois des mots, des expressions que je ne voyais pas dans la bouche de Zize. Il fallait que ça aille avec le personnage.
Après quoi Mario Santagelli faisait les musiques.
Il y avait le zizi, non pas de Zize mais de Perret et il y a aujourd’hui les gros nénés de Zize !
J’ai adoré qu’il me propose cette chanson car elle est coquine sans être vulgaire. Comme toutes les chansons car Alain est un poète et même dans des textes drôles il y a cette veine
Y aura-t-il un spectacle autour de ces chansons ?
Alain : Il faudra lui demander ! Lors de quelques dates qu’elle a faites cet été, elle terminait par une chanson. Après, elle fera ce qu’elle voudra. Mais elle a assez de matériel pour faire un mini-concert après son show.
Zize : Effectivement, d’ailleurs nous avons fait un galop d’essai cet été. Nous avons fait quelques dates avec Richard Gardet, qui est le chef d’orchestre de Michèle Torr et qui m’a proposé de faire ce tour sur quelques dates, avec son orchestre. Et ça a très bien marché.
Qui sont tes complices Alain ?
Frédéric Andrews est pianiste classique et jazz, arrangeur et il a accompagné Charles Dumont, Bonnie Tyler, Gérard Lenorman, Jane Manson…
Mario Santagelli est compositeur, arrangeur, pianiste, guitariste… Il a même été choriste.
Il a collaboré avec Bruel, Nicoletta, Charles Trenet, Sacha Distel, Herbert Léonard entre autres.
Aujourd’hui, quelle est votre actualité ?
Zize : Je prépare un nouveau spectacle intitulé «Sexygénaire», titre d’une chanson de l’album.
Je raconterai des histoires, des choses de ma vie, du CD et j’y mêlerai des chansons de l’album car ça a l’air de plaire aux gens et ça marche. Tous les jours une chanson passe sur Radio Bleu et Laurent Ruquier adore la chanson «J’aime tes rouleaux de printemps»… Va savoir pourquoi !
Alain : Des galas, un spectacle à l’Atelier à Paris le 6 décembre qui s’intitule «Entre la terre et le ciel»
Ce sera à la fois du théâtre et de la chanson. Je viens de sortir un nouvel album intitulé «Eternelle» dont je mettrai quelques chansons dans mon spectacle. Et des concerts en Auvergne, à Lyon et bien sûr à la Ferme théâtre à Ruoms où je fais venir des tas de copains, dont Gilles Dreu. D’ailleurs, Gilles passera au Casino de Vals les Bain le 18 septembres et je viendrai chanter deux ou trois chansons avec lui dont «On chante encore» que l’on a enregistré sur son CD «Le comptoir des amis» où il chante en duo avec Lama, Barbelivien, Stone, Lenorman, Billon, Fabienne Thibault, Marcel Amont…»
Gilles Dreu, rappelons-le, est l’auteur de succès comme «Alouette, alouette», «Pourquoi Bon Dieu ?», «Descendez l’escalier», «Ma mère me disait», qu’il avait écrite pour Dalida… Montmartroise de cœur !
Thierry, le disque se termine sur une chanson que tu as écrite et qui est très émouvante : «Ma différence»
Oui, j’y raconte ce que l’on peut vivre lorsqu’on est différent. J’avais envie de m’exprimer sur ce sujet car c’est du vécu. C’est assez fort, violent.
Tu écris donc ?
Oui, j’écris beaucoup et ce qui est bizarre c’est que lorsque j’écris mes sketches, c’est toujours drôle et lorsque j’écris des textes de chansons, c’est toujours sinon triste, du moins sérieux.
Tu vas continuer ?
Oui bien sûr, et avec Alain. Alain est un garçon talentueux qui écrit des choses magnifiques. C’est aussi un homme de cœur qui vient de faire un magnifique album.
Nostalgie quand tu nous tiens…
Un nouvel album est toujours un moment important et voilà donc le nouvel album d’Alain intitulé «Eternelle», la chanson qui ouvre le bal, présenté par sa mère aujourd’hui disparue, qui reste son amour éternel, comme les chansons qu’il nous propose de sa voix feutrée, pleines de nostalgie, de souvenirs, d’intimité et pour la circonstance, il a repris son vrai nom : Turbanovitch.
Rendez-vous manqué (Quand on s’est rencontré), souvenir d’un amour (Pony), hymne à l’amitié (Dans la rue Copernic), reggae sur la différence (Je suis l’homme de couleur), hommage à son Montmartre (La nouvelle Eve sur un tempo jazzy, Le petit café), hommage à son ami Charles Dumont (Dumont et merveilles), souvenirs, souvenirs (Et le monde dansait le twist), le temps qui passe (Si c’était à refaire)… toutes sont belles, émouvantes, poétiques et nous retracent son parcours, non pas de star, mais de vrai artiste qui nous offre encore et toujours de la vraie chanson française.
Propos recueillis par Jacques Brachet