Archives de catégorie : Théâtre

Six-Fours : Atelier théâtre du collège Reynier
Retour en fanfare !

Marie-Paule Martinetti est une femme d’exception : Professeur de Français au collège Reynier de Six-Fours, elle est, depuis trois ans à la retraite… Enfin, disons qu’elle est quasi retraitée car, passionnée de théâtre, en dehors de sa compagnie « Théâtre de Fortune », elle a créé depuis des années un atelier théâtre au collège qu’elle continue d’ailleurs d’animer, où sont passés de nombreux élèves dont certains ont trouvé leur voie et aujourd’hui sont dispersés en France avec cette passion qu’elle leur a fait découvrir.
Cette année encore elle a réuni dans son atelier des élèves de la 6ème à la 3ème et monté avec eux des pièces de théâtre dont une qui les ont amenés jusqu’au Pôle Jeune Public du Revest, pour le neuvième festival du théâtre amateur, où ils ont reçu le prix d’interprétation collective en seulement quelques mois

C’est à l’occasion des portes ouvertes qu’organise chaque année le Collège Reynier, qu’ils ont pu montrer leur talent devant les parents d’élèves de la prochaine rentrée en 6ème avec l’extrait d’une pièce de Julie Duchaussoy « Le monde du silence gueule ». Le thème choisi du Pôle Jeune Public en était cette année « Espérer demain »
Julia est la fille de Michel Duchaussoy et de celle qui était mon amie, Corinne le Poulain.
Autrice, comédienne, réalisatrice, Julia a écrit ce qui fut une BD, en collaboration avec Sébastien Salingue, avant de devenir une pièce de théâtre qu’elle a joué et mise en scène. Mais, amoureuse de la mer, elle est aussi une plongeuse émérite et se préoccupe de la faune marine qui, par la faute des humains, est en train de crever peu à peu à cause des déchets que l’homme qui dit aimer la mer, rejette jour après jour.
Elle a donc écrit cette pièce pour deux comédiens dont elle, où elle fait parler tour à tour des animaux marins qui s’adressent aux humains sous forme de stand up. Une pièce pleine de bon sens mais non dénuée d’humour dont Marie-Paule a fait une piécette en y faisant parler quelques-uns de ces animaux marins.

En cette matinée à Reynier, tous étaient stressés de se produire devant le public, composé de parents dont leurs enfants entreront l’an prochain en 6ème et Marie-Paule n’était pas la moindre, ce démenant, comme toujours entre mise en scène et costumes, son et lumière, réception du public, bref, toujours à mille postes à la fois pour que tout soit le plus parfait du monde.
Et elle peut être fière du résultat et de ce qu’elle a obtenu en quelques mois de ces comédiens en herbe, qui, s’ils étaient stressés, et on le comprend, n’étaient pas peu fiers de montrer leur talent, certains ayant déjà des dons de comédie.
Déjà, Marie-Paule a plein de projets, avec cette jeune équipe  tout comme avec sa compagnie car elle reste infatigable et mène ces jeunes avec ses talents d’ancien prof et de théâtreuse, jeunes qui la suivent avec un plaisir non dissimulé.
On attend la suite !
Jacques Brachet

Six-Fours… Marius est de retour !

Frédéric Achard nous l’avait promis : il passerait dans la région avec « Marius » de Marcel Pagnol, après qu’on l’ait applaudi dans « Jules et Marcel » au Comoedia d’Aubagne (voir interviewes). Avec la Cie Biagini, le voici donc qui s’est installé à Six-Fours pour une soirée.
Une longue soirée de trois heures car l’œuvre est dense mais on ne voit pas le temps passer !

Un peu d’histoire : Marcel Pagnol écrit « Marius » en 1929. A la même année, il le transforme en pièce de théâtre avant que celle-ci ne devienne, en 1931, le film que l’on connaît, véritable chef d’œuvre qui a fait le tour du monde et la gloire de l’auteur.
Depuis, on ne compte plus les versions cinématographiques et théâtrales, l’une des plus récentes qu’avec la Cie Biagini Frédéric Achard a recréée en reprenant le rôle de César.
César est bougon, colérique, emporté, avec une voix de stentor… Mais derrière le patron du bar de la Marine, se cache un être au cœur débordant de tendresse et malgré cet air bourru, quoiqu’il ne le ménage pas,  il aime son fils par-dessus tout.

Un rôle énorme qu’enfile l’acteur avec une présence, une prestance,  une force, une vérité dont Raimu aurait été jaloux, mêlant rires et émotions auprès d’une distribution de comédiens magnifiques, tous plus vrais les uns que les autres : Honorine, plus marseillaise qu’elle tu meurs, Marius d’une stature impressionnante au sourire ravageur, Panisse éloquent et émouvant, Fanny toute belle et fragile, Monsieur Brun hilarant et Escartefigue aussi naïf que fainéant… Et cocu en plus !
Malgré l’inconfort des chaises de la salle et les têtes gênant la visibilité de la scène, tous nous ont donné cette pièce tragi-comique avec un brio exceptionnel et une grande humanité et à aucun instant ils n’ont modifié l’œuvre de l’académicien qui n’a pris aucune ride, tout en restant d’une grande universalité et d’une grande humanité.
Frédéric Achard est un immense comédien qu’aurait aimé Pagnol. Il nous fait presque oublier le génie de Raimu tant il est un Marius plus vrai que nature.
C’était une belle soirée.

Jacques Brachet

Distribution : Marius : Julien Bodet – César : Frédéric Achard  – Fanny : Patritsia Koeva -Panisse : Fabrice Fara – Honorine : Christiane Conil – Monsieur Brun : Pierre Blain -Escartefigue : Fabien Rouman

Six-Fours : Du théâtre à la Villa Simone
«  Il nous manquait quelque chose à Six-Fours… »

Monsieur Z, Laetitia de Cazalta, Fabiola Casagrande, Jean-Sébastien Vialatte

C’est par cette phrase que le maire de Six-Fours, Jean-Sébastien Vialatte a débuté cette rencontre presse.
Pourquoi. Parce qu’il nous avait réunis avec Fabiola Casagrande, son adjointe à la Culture pour nous présenter le premier festival de Théâtre qui se déroulera du 23 au 28 juin à la Villa Simone en programmant quatre pièces que Laetitia de Casalta, chargée de mission à la programmation est allée dénicher au festival d’Avignon.
Pourquoi cette phrase ? Parce que, précise-t-il, les Six-Fournais sont déjà bien gâtés grâce à quatre salles de Cinéma dans lequel n’arrêtent pas de se passer des événements, que nous avons entre le printemps et l’été, un festival magnifique de musique classique « La Vague Classique » qui s’étale sur quatre lieux : la Maison du Cygne du 16 mai au 10 juin, la Collégiale St Pierre du15 juillet au 21 septembre, la Villa Simone les 5 et 12 juillet, la Maison du Patrimoine, les 13 et 20 septembre.
De l’humour au Théâtre Daudet, des concerts, des spectacles et des concerts  Salle Malraux… Bref, la Culture est partout à Six-Fours et il y manquait le théâtre. Ce sera donc chose faite du 23 au 28 juin à la Villa Simone, lieu on ne peut plus beau et paisible, où se dérouleront quatre pièces de théâtre.
« Effectivement – poursuit Fabiola – nous avons voulu compléter l’offre culturelle des spectacles vivants. Nous avons beaucoup d’associations théâtrales à Six-Fours depuis de longues années qui, j’espère, se feront  l’écho de cet événement. C’est donc notre premier festival de théâtre qui se déroulera la dernière semaine de juin dans les jardins de ce beau lieu qu’est la villa Simone, sous les étoiles. Les tarifs sont abordables puisque le tarif unique est de 25 euros  et 10 euros pour les jeunes. Nous avons mis en place un passe pour les quatre pièces de 85 euros ».

Les spectacles auront lieu à 21h et Laetitia de Casalta a choisi quatre spectacles très différents afin de faire venir le public le plus large possible :
Le lundi 23 juin : « Un chapeau de paille d’Italie » d’Eugène Labiche par la Cie L’Eternel Eté
Le mercredi 25 juin : « Le Revizor » de Nicolas Gogol par le Collectif Voix de Plumes
Le lundi 26 juin : « Ils ne méritent pas tes larmes de Thomas Snégaroff par l’Atelier Théâtre Actuel
Le samedi 28 juin : « Kessel, la liberté à tout prix » de Mathieu Rannou par l’Atelier Théâtre Actuel
« A noter que l’on peut rencontrer Thomas Snégaroff le dimanche soir sur France 5. Il est historien et spécialiste des Etats-Unis. Le spectacle est tiré de son livre, accompagné à la clarinette de Xavier Bussy et que Franck Desmedt, acteur de théâtre, de cinéma, de télévision, a été nommé  aux Molière 2021 pour son seul en scène « La promesse de l’aube » de Romain Gary et aux Molière 2024 pour « Kessel »
Une affiche très originale a été conçue par un certain Richard Zielenkiewiez, plus communément (Et fort heureusement !) connu sous le pseudo de Monsieur Z.
Si vous ne connaissez pas son visage, sachez qu’il est illustrateur et directeur artistique international et qu’il sévit partout dans le monde de l’art, collaborant avec des magazines comme Elle, Cosmo, Vogue, des pubs pour l’Oréal, Evian, Quick et Mc Do, Air France et TGV, des pochettes de disques chez Warner et il est même auteur de séries chez Gulli, Netflix, BBC…

Touche à tout de génie et pourtant d’une grande gentille et d’une grande simplicité, il vit chez nous et a accepté de créer cette belle affiche pour ce premier festival :
« J’ai de la chance qu’on ait fait appel à moi pour ce festival dont le programme est de qualit , à la fois pointu et accessible à tous, de plus, il va se dérouler dans un cadre magnifique, un superbe écran de verdure au milieu de la ville, qu’on ne s’attend pas à trouver. Organiser des spectacles de théâtre dans cet endroit magique est une excellente idée. Je suis ravi que la ville m’ait confié cette mission. J’ai essayé de faire une image simple et parlante.
Je suis allé sur place et je me suis aperçu que le nom de « Théâtre de Verdure » portait bien son nom. J’ai donc voulu symboliser ce jardin et à la fois résumer le théâtre. Comme son nom l’indique, un théâtre de verdure est un théâtre qui n’existe pas. Il fallait donc faire comprendre de façon graphique ce qu’il y a à l’intérieur et représenter un théâtre en plein air, d’où le rideau de verdure qui s’ouvre et quoi de plus naturel que d’y faire apparaître une actrice, une comédienne ou même la fameuse Simone puisque le festival se passe chez elle et le titre du festival est « Les nuits théâtrales de Simone ». Elle écarte le rideau pour savoir s’il y a du monde. Quant au public, lorsque le rideau s’ouvre, il découvre ce qu’il y a derrière ».
Le maire devait préciser : « Il y a deux façon d’écouter la musique, dans un auditorium ou de venir un soir d’été dans un jardin, accompagné d’oiseaux. La qualité acoustique est moins grande mais l’émotion est plus grande. On partage aussitôt quelque chose lorsqu’on arrive dans un tel lieu. C’est pareil pour une pièce de théâtre sous la lune.
Dès qu’on franchit la villa Simone, il y a une ambiance particulière. Il s’agit de partager avec le public des soirées d’émotion ou de rires pour oublier un moment ce contexte international qui est  plutôt angoissant.
Je voudrais rappeler qui était Simone. Elle était la propriétaire de ce grand domaine qui était une résidence de vacances. Elle était aussi la propriétaire des salins, de terrains agricoles qui, peu à peu se sont construit. »
« Et elle veille sur nous », dira Fabiola pour conclure cette rencontre.

Jacques Brachet




Jules et Marcel, Retour à Aubagne

Jules & Marcel… Raimu & Pagnol.
Deux génies, deux monstres sacrés qui ont fait vibrer la Provence dans le monde entier.
L’un, comédien « le plus grand comédien du monde », dixit Orson Welles né et mort à Toulon, l’autre, écrivain, réalisateur, académicien, traduit dans toutes les langues, né et mort à Aubagne.
Deux frères ennemis qui pouvaient autant s’adorer, s’admirer que se fâcher et se lancer dans des colères terribles.
Ils passaient leur temps à s’envoyer des lettres d’amour comme des lettres d’insultes et de menaces de se fâcher pour toujours. Ces lettres, la famille de chacun les a gardées pour un jour les livrer au public par comédiens interposés : Michel Galabru et Philippe Caubère qui en faisaient une lecture pleine de saveur, avec leur accent, notre accent si gorgé de soleil, même si c’était un peu statique, chacun étant face à face derrière son bureau
Voilà que nos deux génies reviennent, toujours avec ces lettres mais sous forme d’une pièce de théâtre, par deux autres artistes provençaux savoureux : Frédéric Achard, alias Jules et Christian Guérin, alias Marcel. Un troisième larron signe la mise en scène et devient le narrateur qui lie ce courrier par des petites histoires qui racontent leur vie, leur œuvre. : Lionel Sautet.
Et cela devient une pièce de théâtre que l’on a découvert au Comoedia d’Aubagne… Comme par hasard ! Le trio aux yeux bleus est magnifique, ces échanges épistolaires étant de vrais morceaux de bravoure que la faconde de Frédéric-Raimu et la finesse de Christian-Pagnol
enchante, le tout apporté par Lionel aux multiples rôles.
C’est du grand Pagnol, du grand Raimu mené par trois artistes remarquables.
Première des premières pour quelques invités triés sur le volet, c’est Le directeur du lieu, un certain toulonnais que l’on connaît bien, nommé Jérôme Leleu qui, pour l’anniversaire de Pagnol, né il y a 130 ans, décédé voici 50 ans, qui a eu l’idée de l’honorer, tout en fêtant les 100 ans du théâtre.
Belle idée à laquelle il nous a conviés en passant la soirée avec Jules, Marcel et le narrateur !

Frédéric Achard : « Je suis un acteur sudiste ! »
« Frédéric, s’appeler Achard lorsqu’on sait que Marcel Achard était l’ami de Pagnol… Belle coïncidence !
Oui, d’autant que je n’ai aucun lien familial avec l’autre académicien ! C’est un joli hasard qui me donne l’occasion d’avoir en quelque sorte une filiation, un point commun avec Marcel Pagnol.
Votre admiration pour Pagnol vous est venue comment ?
Tout enfant grâce à mon père qui faisait du théâtre amateur et le jouait et mon grand-père qui aimait l’écrivain. J’ai donc été bercé dès l’enfance par ses textes. Je suis d’une famille marseillaise, très chauvine et Pagnol, Raimu étaient gens de chez nous qu’on ne pouvait qu’aimer. Je l’ai donc très vite joué, à l’époque j’avais les rôles de jeune premier comme celui d’Ugolin puis petit à petit j’ai pu jouer des rôles plus mûrs de ses ouvrages. Tout au long de ma carrière j’ai joué les œuvres de Pagnol.
Alors, on connaissait cette lecture que Galabru-Caubère ont jouée. Comment est venue l’idée d’en faire une pièce de théâtre ?
C’est une idée de Lionel Sautet qui a pensé que ces lettres pouvaient devenir un dialogue tant elles sont fortes et être adaptées en pièce de théâtre. Avec Christian Guérin, nous avons pensé que l’idée était intéressante. Mais pour lier ces lettres qui allaient être interprétées, Lionel a eu l’idée de créer ce personnage de Jean Destin qui reste mystérieux. Qui est-il ? Pourquoi est-il là ? Sans compter qu’il joue aussi d’autres personnages comme le restaurateur, le barman, le producteur… Tous les personnages qui amènent les dialogues.
Le décor est très inventif et change à vue…
Bien sûr car il n’était pas question que les deux artistes soient face à face devant leur bureau. Du coup, nous passons très vite de la loge de Raimu à la bibliothèque de Pagnol, du comptoir d’un bar à une table de restaurant pour nous retrouver sur un plateau de cinéma…

Vous avez joué de nombreuses œuvres de Pagnol tout au long de votre carrière…
Oui, Pagnol a toujours été omniprésent dans ma vie d’artiste, je l’ai beaucoup joué. Je ne suis pas un « théâtreux qui joue des grands textes », je joue des œuvres provençales à 80% car je trouve que notre langue est belle et je veux la transmettre aux nouvelles générations. J’ai commencé par la pastorale de Maurel, j’ai joué « Les lettres de mon moulin » de Daudet, entre autre.
L’an dernier, vous avez monté « Marius » qui a eu un grand succès…
Oui, nous avons rempli des salles de 700/800 spectateurs. Ce qui prouve que Pagnol est toujours bien présent. Nous l’avons créé avec sept personnages alors qu’il y en a 15, mais, avec les décors, c’était déjà énorme. Du coup, c’est vrai que nous avons l’idée de continuer avec « Fanny » et « César. Mais ça demande beaucoup de travail et d’argent. Donc on se repose un peu avec cette jolie parenthèse qu’est « Jules et Marcel » que nous allons mener en tournée.
Vous avez aussi travaillé avec le groupe Quartier Nord !
Oui, durant vingt ans, nous avons joué des opérettes marseillaises façon rock au Théâtre Toursky avec des musiciens formidables. J’aimais cette nostalgie remise au goût du jour, la comédie, le rythme, l’esprit créatif, les influences provençales. J’aimerais que les jeunes n’oublient pas tous ces textes de chez nous.
La Provence est ancrée en vous !
Terriblement. Je suis un acteur sudiste ! »

« Lionel SAUTET : « J’aime explorer l’âme humaine »
« Lionel, cette envie de faire du théâtre vous est venue comment ?
Tout petit déjà, vers 10 ans, je voulais devenir clown. J’étais très timide mais je me rendais compte que je pouvais faire rire mes camarades. Etant Niçois j’ai découvert « Le Capitaine Fracasse » au Théâtre de Nice et j’ai su que c’était ça que je voulais faire. J’ai passé un bac théâtre, avant d’aller à Paris où j’ai monté une compagnie « Les épis noirs ».
C’est là que, alors que j’avais invité une quarantaine d’agents, l’une d’entre eux m’a repéré pour jouer dans une série télé récurrente : « Equipe médicale d’urgence ». C’est ce qui m’a ouvert l’univers de la télé et j’ai joué dans de nombreuses séries comme « Section de recherches », Sous le soleil », « Femmes de loi », « RIS »…
On est loin du théâtre !
C’est vrai que tout s’est enchaîné et j’ai toujours travaillé pour les autres, pour un projet.
Je ne le regrette pas, j’ai de bons souvenirs, mais j’en avais un peu marre. Je suis alors parti dans le Tarn et moi qui, de Nice à Paris, étais « un urbain », je me suis mis à travailler la terre, le potager, j’ai trouvé un territoire pas loin d’Albi en me disant que l’avenir était à la campagne et que je devais trouver un endroit où faire pousser des racines, pour ma famille.
Et plus d’envie de jouer ?
Oui, j’avais alors 40 ans, je suis devenu « comédien-fermier »  avec des envies de mise en scène, d’avoir des projets à moi, de pouvoir faire mes propres choix De faire de vraies rencontres. Ce que j’ai fait avec la Cie des Funambules. J’avais un rapport direct avec une équipe et un public. J’y ai créé « Les fourberie de Scapin », « Ay Carmela » …

Et vous voilà sur le projet Pagnol où une simple lecture devient une vraie pièce de théâtre. C’est vous qui en avez eu l’idée ?
Non, c’est une idée commune et nous en avons beaucoup discuté. Je n’avais pas vu le spectacle Galabru-Caubère, je n’avais vu que la version Achard-Guérin et l’idée et venue de donner plus de place au narrateur qui relie les scènes toujours avec les textes des lettres. On a créé un spectateur lambda, Titin le restaurateur, Léon Voltera, producteur de Raimu.  Le personnage raconte leur histoire remise dans leur contexte historique, leur vraie amitié et leurs fâcheries qui ont duré jusqu’à la mort de Raimu.
Les décors aussi sont à la fois très simples et très inventifs, avec changement à vue.
Nous ne voulions pas de gros décors difficiles à changer mais trouver des astuces pour qu’une table devienne un bureau, un lampadaire un spot de cinéma, un bureau, une loge…
Nous y sommes entrés sur la pointe des pieds pour que cela reste simple, ludique, inventif.
Alors… Et les envies de devenir clown ?
(Il rit) C’était un rêve d’enfant mais mon film préféré reste « Les enfants du Paradis » et ce clown blanc m’a toujours fasciné et ému. Car chez un clown, il y a toujours un côté enfantin, à la fois burlesque, délirant, grave, poétique, attendrissant, émouvant. J’aime beaucoup ça et j’ai été heureux lorsque le Cabaret de Monsieur Mouche a fait appel à moi. Ça a été une belle aventure.
Vous avez dit « J’aime explorer l’âme humaine ». Vous pouvez développer ?
J’ai toujours aimé découvrir le côté positif d’une personne comme d’un personnage. Ce qui était le cas dans la série « Equipe médicale d’urgence » où tout se passait dans un hôpital où l’on rencontre toutes sortes de personnes et où l’humain est palpable. C’est ce que je recherche dans les rôles qu’on peut me proposer, que ce soit un tyran, un assassin, je cherche toujours ce qui a fait qu’il est devenu ainsi. Il y a toujours une raison, un point de départ qui a fait ce qu’il est, quelle est la faille qui peut le rendre, sinon sympathique mais peut-être excusable.
Alors, les projets ?
On démarre à peine « Jules et Marcel », les dates commencent à tomber. On espère qu’il y en aura beaucoup ! »

Christian GUERIN : « Je suis curieux de toutes les disciplines artistiques »
Après Frédéric et Lionel, il manquait le troisième larron de notre trilogie pagnolesque : Christian qui a connu les feux de la rampe très tôt puisqu’il fit la Une de Nice-matin en étant sacré le plus beau bébé de Saint-Laurent-du-Var.
Lorsque je le lui rappelle, il rit :
« C’est vrai, c’est devenu un gag mais cette photos devait me servir quelques années plus tard alors que je montais un spectacle autour de Pagnol en 2010 et que j’ai mis en parallèle une photo de Pagnol au même âge que moi. Je trouvais que nous nous ressemblions !
Est-ce cette mise en lumière qui vous a donné l’envie d’être comédien ?
Je ne sais pas vraiment mis il se trouve qu’à14 ans j’avais déjà mon premier grand rôle en jouant « Poil de Carotte ». C’était en 1990 et je trouve que c’est une magnifique pièce de famille de Jules Renard qui évoque une relation filiale entre le père et le fils que Jacques Biagini a monté.
Jacques Biagini dans la compagnie duquel vous êtes entré…
C’était il y a 30 ans passés. La compagnie a été créée par Jacques en 1995 afin d’offrir un  pôle important d’accécibilité, théâtrale, culturel et artistiques autour du spectacle vivant. Il est décédé en 2010 et c’est moi qui ai pris la relève. Il était un passionné de la culture sous toutes ses formes qui, disait-il, devait avoir une grande place dans la vie de tous les jours.
C’est là que vous avez rencontré Lionel Sautet ?
Non, c’est au lycée. Nous avions les mêmes envies, nous avons passé un bac théâtre et nous nous sommes confrontés à des disciplines, des arts différents : théâtre, danse contemporaine, clown moderne, jonglage, opéra…
Mais déjà j’avais une réelle passion des textes. J’ai écrit ma première pièce à 17 ans, j’ai fait de la mise en scène, nous avons monté du Molière, du Cocteau. Nous avons aussi connu Angelina Lainé qui est chorégraphe et s’occupe de la pièce « Jules et Marcel »

Alors, comment vous est venue l’idée de créer une pièce d’après cette lecture des lettres de ces deux artistes ?
Au départ c’est une idée de Pierre Tri-Hardy qui a demandé à Jacqueline Pagnol, qui était encore en vie, si elle était d’accord pour mettre en scène cette lecture dont elle avait les lettres comme Paulette Raimu avait gardé celles de son père.
Mais au départ ce n’était qu’une lecture dans le cadre du festival de la correspondance de Grignan et Michel Galabru et Philippe Caubère ont eu l’idée de faire un spectacle et une tournée avec.
Avec Frédéric, nous avons décidé de la reprendre. Ça a été un succès, nous avons fait quelque 150 représentations en France et jusqu’au Québec.
Et l’idée de la pièce ?

Nous trouvions qu’il y avait une vraie matière pour en faire une véritable pièce en y incorporant l’intimité des deux artistes, leurs lieux de vie et de travail en y ajoutant le lien avec le narrateur et en créant des décors que l’on pouvait changer à vue. C’est ainsi que nous avons recréé la pièce à Aubagne, lieu symbolique et incontournable. Mais les écrits des deux en font un véritable dialogue.
Et vous allez l’emmener en tournée, bien sûr !
Oui, bien sûr. Le cap du 26 février passé, nous pouvons aujourd’hui penser à la tournée. Déjà des dates arrivent et en attendant, nous rejouons « Marius » que nous avons créé il y a un an. Mais c’est un spectacle assez lourd en personnages et en décors. C’est un gros navire.
Nous passerons avec lui le 10 avril à 20h30 à Six-Fours, Espace Malraux. »
Et nous serons là pour y retrouver nos trois amis.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon


André NEYTON nous a quittés

La famille Comédia

1921. Au commencement était une grange achetée par Joseph Rosa. Et le Comédia, premier cinéma de Toulon naît.
Mais après sept ans de réflexion, M Rosa revend sa grange qui va passer dans plusieurs mains.
En 1943, en pleine guerre, une bombe le transforme en grand trou béant.
Mais il renaîtra de ses cendres en 1950.
En 1984, à l’ombre de Jacques Tati, il se dote de deux salles, trois cents places, un bar.
Et arrive André Neyton en 1991. Enseignant, fou de théâtre et de langue occitane il a beaucoup bourlingué, a créé deux chapiteaux dont l’un s’est envolé, a squatté au théâtre de la porte d’Italie qui n’était alors qu’un dépotoir, il a subi de nombreuses pressions, des revers de fortune des suspensions de  subventions,  des problèmes avec différents maires, dont un maire qui ne connaissait pas la culture, Maurice Arrecks, puis l’arrivée du FN…
Une grande épopée avant qu’il ne pose ses valises à ce qui deviendra l’Espace Comédia. il y créera une salle de théâtre, une salle de répétition, un atelier occitan, des pièces, monté une troupe, le Centre Dramatique Occitan et nombre d’artistes de la région vont  y naître et s’y produire, de Miquèu Montanaro à Miquela e lei Chapacans, en passant par Philippe Chuyen, Yves Borrini et Maryse Courbet, Trompette et Bourguignon,  et tant d’autres. Mais pas que…
Car André est ouvert à toutes les formes de spectacles, à tous les genres et c’est ainsi que nombre de troupes de Méditerranée viendront y jouer, des chanteurs, des danseurs, des musiciens,  et des artistes nationaux comme Rufus, Anne Sylvestre, Romain Bouteille, les frères Belmondo, l’auteur et réalisateur Paul Vecchiali (qui est né au Mourillon) qui est venu y créer une pièce… Chez lui, Molière et Brecht se sont superbement entendus. Il y a joué Jean Siccardi, un toulonnais, Obaldia, Neruda, René Char, Robert Laffont. Il a créé une pièce autour de Gaspard de Besse et de l’affaire Dominici et encore Maurin des Maures de Jean Aicard.
On l’a traité de fou, d’utopiste… Mais il fallait l’être pour que le vaisseau vogue sur les rives de la Méditerranée.

Il faut savoir que, jusqu’à l’arrivée des frères Berling et du Liberté, Toulon ne possédait pas de théâtre hormis celui de la Porte d’Italie et le Comédia. Oui, il y avait l’Opéra avec pour seules pièces de théâtre celles du Boulevard parisien.
Grâce à des gens comme Robert Laffont qui l’a beaucoup aidé et qui a produit pour France 3 en 85 «La révolte des cascavèus» qu’il a écrit et tourné avec la troupe d’André,  Jack Lang, qui a beaucoup aidé les théâtres en région, les langues vivantes et la langue occitane entre autres, à Jean-Louis Barrault qui a créé le Théâtre des Nations à la Sorbonne et où André et sa troupe y ont joué pour la première fois en professionnels.
Toujours avec cette force de persuasion, cette volonté de défendre les théâtres, les cultures, les langues, les libertés, il a monté de grandioses spectacles hors les murs à l’instar du Puy du Fou créant en pleine nature des épopées magnifiques dont tout le public se souvient encore : «Le siège de Mons», «Maurin des Maures», «Gaspard de Besse».
A noter qu’André pourrait  apparaître dans un jeu de sept familles : Vous demandez le père et André aparaissait, la mère , Josyane, sa femme, comédienne, Michel le fils, technicien, éclairagiste, Sophie, la fille, comédienne, Isabelle, femme de Michel, costumière, Xavier-Adrien Laurent, dit Xal, comédien qui fut le beau-fils et reste un membre de la famille… La famille Comédia s’est toujours portée bien !!!
Voilà donc plus de 30 ans qu’André, comédien, auteur, metteur en scène, directeur de théâtre nous faisait rêver, nous faisait réfléchir et nous présentait des spectacles que nous nous n’aurions pu voir nulle part ailleurs dans la région. Qu’il invitait des artistes, des compagnies  venant de Grèce, d’Italie, d’Algérie, d’Espagne… de tous les pays bordés par la Méditerranée…
Ca méritait un bel anniversaire et surtout ce film très émouvant, « Le Comédia, un théâtre dans la ville »  à la fois joyeux et nostalgique et qui nous rappellent tant de beaux souvenirs de spectacles et d’événements, film que nous ont offert XAL et son complice Hervé Lavigne. Travail de recherche incroyable, témoignages d’artistes, de journalistes, de personnes ayant des liens très forts avec ce théâtre et cet homme magnifique qu’était André Neyton qui se battait corps et âme pour la culture, la nôtre, celle des autres, qui n’a jamais baissé les bras dans la tourmente qui a jusqu’au bout continué à mener les combats dont celui de taille : la vente du lieu par le propriétaire des murs pour des raisons familiales pour le vendre à un promoteur.
Comment empêcher une telle hérésie ? Détruire un tel lieu pour un simple profit de promoteurs est impensable.

André… Tu nous manques déjà
Jacques Brachet

Six-Fours, Théâtre Galli
un grand cri d’amour… Et une grande crise de rire !

C’est une comédie culte signée et interprétée par Josiane Balasko, qui, avec Richard Berry, fit un triomphe en 1998. Reprise  très souvent depuis, notamment avec Michèle Bernier et le regretté Pierre Cassignard, la voici qui renaît une fois encore avec deux magnifiques artistes qu’on n’attendait pas là : Catherine Marchal et Alexandre Brasseur, mis en scène par Eric Laugérias.
C’est l’histoire de deux artistes qui eurent une histoire d’amour Gigi, qui est en pleine dépression et fait une cure de désintoxication à l’alcool et Hugo qui est en panne de succès. Ils se sont séparés et se haïssent depuis et lorsqu’ils vont se retrouver face à face, grâce ou à cause d’un agent qui, faute d’autres comédien, les engage pour interpréter « Un grand cri d’amour », le metteur en scène aura du mal à les diriger.
Autre qu’un grand cri d’amour, ils vont s’expliquer, se disputer jusqu’à en venir aux mains, s’envoyer quelques vérités au visage, et même quelques grossièretés devant le metteur en scène qui s’épuise (Fred Nony) et l’agent qui s’enfonce dans des mensonges (Jean-Marie Lhomme).
Les dialogues sont acerbes et percutants, façon Balasko, notre couple est déchaîné, s’en donne à cœur joie, crie, se chamaille, s’insulte pour à la fin…
Entre temps précisons que nos deux ennemis s’offrent quelques fous-rires qui ont fait de cette soirée un enchantement de rires mais aussi d’émotions, devant un théâtre Galli plein à craquer et surchauffé.
Et c’est avec une pêche formidable que nos deux artistes nous offrent un moment d’entretien avec une gentillesse extrême, malgré l’énergie qu’ils ont déversée sur scène.
Je n’avais jamais rencontré Catherine Marchal et ce fut une jolie rencontre. Alexandre Brasseur, je l’avais déjà vu plusieurs fois, lorsqu’il a sorti son livre « Additionne –Ed Plon) et à la Rochelle durant le festival de la série télé. Où il venait pour la série »Demain nous appartient ». L’homme est toujours aussi sympathique. A chacun sa série puisqu’Alexandre y est toujours et qu’on peut retrouver Catherine dans « Ici tout commence ».

« Claude, Parlons d’abord de cette pièce dans laquelle on ne vous aurait pas imaginé !
Ah oui ? Et pourtant… C’est une pièce qui me plaisait beaucoup et j’ai été heureux qu’on me la propose.
Qu’est-ce qui vous a fait dire oui ?
Ce n’est pas seulement une comédie, il y a aussi du fond, une histoire d’amour compliquée. Je n’avais pas vu la pièce mais j’avais vu le film. Et lorsqu’on me  l’a proposée, j’ai dit oui tout de suite car le film m’avait beaucoup fait rire et à la lecture de la pièce, j’ai encore beaucoup ri. Je me suis donc fié, non pas à mes émotions mais à mon premier ressenti.
Depuis quand n’étiez-vous pas monté sur scène ?
Depuis le covid. Juste avant, j’avais fait un seul en scène à Avignon sur « Les enfants du Paradis ». Le temps que tout se soit remis en place, ça prend du temps. D’autant plus que je ne voulais pas jouer à Paris, je préférais jouer en province.
Pourquoi ?
Parce que je trouve que c’est dur de jouer à Paris. De plus je tourne dans la série « Demain nous appartient » et je ne voulais pas être bloqué tout le temps à Paris où l’on doit jouer tous les jours.
Et puis en tournée, j’aime rencontrer les gens qui nous regardent tous les soirs à la télé.
Vous ne les voyez pas à Sète ?
Je les vois plus qu’à Paris et j’avoue que j’aime bien la province… Tout simplement !
Depuis combien de temps êtes-vous dans la série ?
Ça fait déjà sept ans !
Et toujours pas lassé ?
Non, non… tout va bien ! Et je suis content de pouvoir alterner théâtre et télé.

Mais comment arrivez-vous à alterner le tournage et la tournée ?
C’est une question d’organisation. Là j’ai tourné toute la semaine à Sète puis je prends ma voiture et je viens à vous ! Nous avons 90 dates et depuis septembre je fais les allers-retours.
Ce doit être crevant !
Mais non, c’est une chance qu’on a de pouvoir travailler. Il ne faut pas passer à côté. De temps en temps il y a un peu de repos et puis quoi… Je ne vais pas à la mine !
Je suppose que vous connaissiez Catherine. Vous tournez chacun dans une série, pas loin l’une de l’autre.
Oui, on se connaissait mais là-bas on ne se voit pas du tout. On n’a déjà pas le temps de voir ceux avec lesquels on tourne alors vous pensez la série d’à côté !
Vous êtes-vous fait des amitiés sur le tournage ?
Oui… Je m’y suis surtout marié avec une personne qui s’occupe de la communication. Il y a 3 ans.
Aujourd’hui, vous avez d’autres projets ?
Je vous avoue qu’en ce moment j’ai pas mal de boulot. Nous jouons jusqu’au mois d’août plus le tournage, pour le reste on verra après… »« Catherine, même question que pour Claude : On vous retrouve dans une pièce dans laquelle au départ on ne vous aurait pas imaginée… Entre Balasko et vous… il y a un monde !
Ce n’est pas faux ! En fait l’idée vient de d’Eric Laugarias. Au départ j’ai trouvé l’idée un peu surprenante et je vous avoue que j’ai même trouvé que ce n’était pas une très bonne idée ! Mais c’est vrai qu’en fait il a ce sens de savoir quelle pièce monter et trouver les comédiens qui pourront la jouer. Et puis l’écriture de la pièce est tellement efficace, les dialogues tellement forts à relever que j’ai fini par dire oui !

Vous vous êtes donc échappée de « Ici tout commence » pour faire cette tournée ?
Non, comme Claude, j’y retourne  régulièrement entre les dates de tournée car nous ne jouons pas la pièce en continu.
Entretemps il y a eu « Brocéliande », il va y avoir « L’art du crime » sur la saison 8.
Le théâtre, c’est un retour !
Oui, ça faisait douze ans que je n’y avais pas joué. C’était en 2012 avec « Rendez-vous au grand café » qui avait très bien marché. Mais avec tous les tournages, on a peu de temps pour le théâtre. Si on joue à Paris c’est tous les soirs et on ne peut plus faire grand-chose à côté. Donc, je tourne !
L’intérêt de la quotidienne comme « Ici tout commence », c’est qu’il y a beaucoup de personnages et que l’on peut s’absenter quelque temps pour tourner autre chose. Les auteurs le savent à l’avance et font en sorte qu’on puisse s’absenter.
Vous y jouez depuis combien de temps ?
C’est la quatrième saison.
Et pas de lassitude ?
Non, car le personnage évolue et c’est un bonheur d’être en sorte une « sociétaire » !
Aujourd’hui, je fais partie des meubles et ça a un côté rassurant, on a formé une famille. J’ai beaucoup de joie à y aller.
Expliquez-moi un peu comment se font les tournages ? Vous savez d’avance ce que vous allez jouer ?
En fait je n’ai pas mon mot à dire, les auteurs écrivent, nous recevons ce qu’ils ont prévu pour nous, après il y a notre interprétation, notre marge artistique est là, on interprète à notre façon. Il faut simplement accepter le jeu de ne pas savoir. C’est une surprise à chaque fois est ça a un côté excitant. Je lis très peu à l’avance et j’aime me faire surprendre. J’ai cette chance d’avoir une mémoire immédiate. Je lis, je sais. On a un peu un métier d’athlète.
Sans compter qu’un coup j’ai une scène de comédie, une autre plus dramatique. J’ai même joué une femme saoule ! C’est un personnage bien dans ses bottes, il y a plein de choses différentes à jouer
Avec Alexandre, vous croisez-vous sur les deux tournages ?
Non, nous tournons à Aigue mortes, ce qui n’est pas vraiment à côté !
Mais nous nous connaissons depuis longtemps et nous n’avions jamais travaillé ensemble. C’est une des raisons pour laquelle j’ai accepté de jouer la pièce ».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Ghislaine LESEPT… Femme de passion

Si son nom ne vous dit rien c’est qu’elle est connue sous le pseudonyme de GIGI.
La femme est belle, lumineuse, son accent est celui qu’on attrape en naissant du côté de Toulon. Si Gigi est truculente, volubile, méridionale et dans la voix et dans le geste, Ghislaine est tout en douceur et en sourire.
Elle est comédienne  « de naissance », aujourd’hui elle écrit ses pièces de théâtre et ses one woman shows et le succès ne la quitte plus de puis, comme on dit chez nous, « belle lurette », aussi bien dans des pièces comme « Noces de rouille (Les débuts de l’embrouille) ou dans les seule en scène comme « Gigi vous décape la tignasse ».
Comédienne auteure créatrice de la compagnie « La Barjaque », productrice, directrice artistique et coach  de 25 apprentis comédiens dans le cours qu’elle a créé, on la retrouve aussi au Théâtre de la Porte d’Italie où elle invite des humoristes et de compagnies théâtrales.

Bref, c’est une artiste aux multiples facettes, qui touche aussi au cinéma et à la télévision. Elle a fait de sa pièce « Noces de rouille » un film hilarant, elle est brièvement passée dans la série « Plus belle la vie », dont elle n’a pas gardé un souvenir impérissable, travaille avec notre ami commun Xavier-Adrien Laurent, dit Xal dans son association marseillaise « La Réplique ». Elle tourne en ce moment avec une pièce qu’elle a écrite « Fromage de chèvre sauce thaï ».
Nous sommes amis depuis des années et du coup, la retrouver est un plaisir et surtout une chance tant elle a une vie de ministre… En plus sympa et en plus rigolo !
La voici qui sort d’un tournage et qu’elle est en train d’écrire un nouveau one woman show. Nous avons enfin trouvé un créneau pour parler de tout cela. « En ce moment, je suis en pleine écriture. J’ai hésité entre une pièce et un seule en scène et j’ai choisi la seconde solution… Et je suis totalement prise pas ça ! Alors, quelquefois je n’ai pas de jus et quelquefois il y a le robinet qui s’ouvre, ça vient tout seul et alors là plus rien ‘existe, je fonce, je reste des heures sur l’ordinateur, je ne vois plus le temps passer et je ne fais pas de pose pour ne pas perdre le fil. J’en oublie d manger, au grand dam de mon mari. J’ai des bouts de papier partout, que je passe mon temps à rechercher. Il me vient une idée qu’il faut que je mette en forme tout de suite. Dans ma tête j’en ai juste pour une demi-heure mais une fois lancée, ça peut durer quatre heures. Je ne vois pas du tout le temps passer. Si j’ai un spectacle le soir, je me mets une sonnerie sinon je passe l’heure ! Je n’ai aucune notion du temps lorsque j’écris. C’est très jouissif et si tu coupes ce moment, tu ne le rattrapes plus. Si je sors du bouillon ne retrouve plus le même !

Fromage de chèvre sauce thaï

Donc tu écris, tu tournes et tu continues de jouer ?
Oui en parallèle je tourne avec « Noces de rouille » qui continue à avoir un succès énorme. En novembre on a joué au Théâtre Armand, à Salon de Provence, un théâtre à l’italienne qui contient 440 places. Dès que le spectacle a été mis en vente en août, début septembre c’était complètement plein ! On était invité par une association et le directeur, qui n’avait alors jamais répondu à mes sollicitations, a été soufflé de voir autant de monde alors que ses autres spectacle n’en faisaient que la moitié ! Nous avons eu une standing ovation et lui, vexé, nous a tout juste dit : « C’est très efficace » !
Je tourne aussi avec « Fromage de chèvre » qu’on a joué cet été à Avignon, qui commence à prendre de l’ampleur. Nous serons le 14 février à la Porte d’Italie à 19h et 21h.
Alors, avant de parler de film, ton prochain spectacle ?
Ca se passe lors d’un repas de Noël réunissant toute la famille. Il y a mon beau-frère Oscar que je ne peux pas blairer et qui se la joue parce qu’il travaille à la mairie, dont un des fils avoue qu’il est queen et l’autre qui a le tempérament d’un escargot en fin de vie, sa femme est influenceuse, sa mère, juive pied noir a la maladie d’Alzheimer, qui a vu François Mitterrand à « The voice », son père qui est gaga.
Et tu fais tous les personnages ?
Oui, c’est pour ça que j’ai hésité entre la pièce de théâtre et le seule en scène. Mais il y avait trop de personnage et donc, la difficulté est de trouver une voix pour chaque personnage.
Le plus important est la mère, Marie-Thérèse… J’ai du pain sur la planche.
Quand comptes-tu jouer ce spectacle ?
J’espère en mars. Mais je me régale d’écrire.
Jouer ou écrire, par quoi as-tu commencé ?
Au départ je n’écrivais pas. J’ai commencé à écrire lorsque je faisais le sketch de Mado la Niçoise « le GPS ». Delmas, le producteur, me reproche de piquer ce sketch et me dit d’écrire mes propres sketches. J’ai donc écrit dans l’urgence. La date d’après était Pierrefeu et toute l’équipe de Delmas était là… Et ça a marché !

Alors le tournage ?
C’est un court-métrage qu’on a tourné dans deux serres désaffectées du côté de la Crau et du Pradet. Le réalisateur et scénariste est Thomas Colineau. Il est toulonnais et a déjà une belle carrière de scénariste (Reines du drame, Demain nous appartient, Nina) il a obtenu un prix au festival de Cannes avec « Salade grecque » comme réalisateur…
Comment t’es-tu retrouvée sur ce tournage ?
Par le biais de La Réplique qui avait mis  une annonce pour le casting du film. Je me suis présentée et j’ai été choisie. Toute la troupe est parisienne et je suis la seule femme du film. Le film s’intitule « Xylella Fastidiosa »…
Ce qui signifie ?!
C’est le nom d’une bactérie mortelle qui attaque les végétaux, entre autres les oliviers.
Je suis Christiane, jardinière à « La belle pinède » et vis et travaille avec Simon, mon fils qui est gay (Lucas Faulong). Il a des problèmes avec un garçon avec qui il a une histoire et qui ne lui répond plus. En fond, donc, cette bactérie avec cette histoire de la mère et du fils et d’Hyacinthe, un vieil homo un peu mystérieux.
A part le réalisateur et moi, toute l’équipe venait de Paris, tous des pointures, et le tournage a été très sympa, hormis que dans les serres il faisait très chaud mais tôt le matin et tard le soir, c’était le contraire ! »

On a hâte de découvrir notre Gigi qui comme d’habitude, va encore nous surprendre car, hormis ses talents comiques, elle est une magnifique comédienne.
Alors… A suivre !

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Un grand cri d’amour à Sanary

La comédie culte Josiane Balaskorevient avec Alexandre Brasseur &
Catherine Marchal au théâtre Galli de Sanary le samedi 25 janvier

Après s’être aimés passionnément ; aujourd’hui ils se haïssent ! 
Unis à la vie comme à la scène, Gigi et Hugo formaient le couple d’artistes le plus en vue du Théâtre. 
Depuis leur séparation, Gigi a sombré dans la dépression (et dans l’alcool) tandis que son ex-mari tente de relancer sa carrière d’acteur avec une nouvelle pièce de théâtre.
La première représentation va bientôt avoir lieu, mais sa partenaire lui fausse compagnie… Sylvestre (l’agent) et Léon (le metteur en scène) décident de faire appel à… Gigi pour remplacer la comédienne au pied levé ! L’occasion pour Gigi de revenir sous le feu de la rampe. Encore faut-il que les ex-amants acceptent cette idée !
Entre Amour et Humour, des retrouvailles explosives, des dialogues percutants, des coups bas machiavéliques… Brasseur/Marchal forment un duo choc de drôlerie et de tendresse !
Mise en scène d’Eric Laugérias

Renaissance de l’Opéra de Toulon

Paris a vu la renaissance de Notre-Dame…
Toulon voit la renaissance de son Opéra. Un opéra qui date de 1862, qui, après 18 mois d’études, a fermé ses portes depuis 36 mois et qui va renaître à la vie dans le courant de 2027, restauré du sol au plafond, pendant que les spectacles ont continué de se produire, sous l’égide de son directeur, Jérôme Brunetière, entre le Zénith et le Liberté, le Neptune et Châteauvallon, jusqu’au parc de la Méditerranée de Six-Fours.
Lors de notre rencontre avec l’amiral Yann Tainguy, adjoint à la Culture, président du conseil d’administration de l’Opéra TPM, Jérôme Brunetière, Céline Girard architecte de la Fabrica Traceorum de Marseille et toute l’équipe de TPM nous ont fait entrer dans un opéra en chantier qui va retrouver son lustre d’Antan, dépoussiéré, embelli, rénové mais, monument historique oblige, redeviendra au mieux ce qu’il était lors de sa création.

Jérôme Brunetière : «C ‘est un chantier complexe »
« Ce n’est pas en tant que président du Conseil d’Administration de l’Opéra – souligne Jérôme Brunetière, que je suis ici aujourd’hui, mais vous savez que l’Opéra travaille dans un bâtiment qui appartient à TPM (Toulon Provence Méditerranée) et c’est TPM qui a décidé de rénover entièrement ce bâtiment historique qui date de la fin du XIXème siècle. Ce sont des travaux gigantesques qui ont nécessité sa fermeture depuis l’été 2023 et qui est un chantier colossal dans sa complexité et dans son coût. Chantier qui touche la quasi-totalité des espaces, sauf le foyer  de réception Campra qui a déjà été rénové, hors chantier donc et protégé durant les travaux. Il y aura simplement une intervention pour permettre l’accécibilité aux personnes handicapées, ce qui ne pourrait jusqu’alors se faire que par les escaliers. C’est un chantier compliqué car on touche à tout, des décors aux dispositifs techniques de la scène, l’emplacement où jouent les musiciens, , c’est-à-dire la fosse d’orchestre, la salle, le parquet, les fauteuils permettant de donner un meilleur confort au public, on crée un dispositif de chauffage et de climatisation, ce qui n’est pas une simple affaire, on touche également à la partie arrière qu’on ne voit pas, c’est-à-dire les loges, les bureaux, les espaces de répétitions, les ateliers pour les décors, les costumes…
32 lots ont été créés et comme c’est un monument historique, il est surveillé de près ». Nombre de corps de métiers doivent évidemment travailler, sans se gêner, tout en se protégeant de la poussière entre autres, pour retrouver les décors de l’époque qui, au fil des temps, ont été masqués de ce qu’il y avait à l’origine.

Jérôme Brunetière
Amiral Yann Tainguy
Céline Girard

Yann Tainguy : « Nous avons la chance que notre opéra n’ait pas subi de dégâts durant les guerres… »
« Toute la première phase d’étude s’est déroulée sous le contrôle de la DRAC, pour faire tout un ensemble de sondages, de recherches, pour savoir comment c’était à l’époque. On a essayé de tout restituer dans son époque, d’avoir des références, tout en apportant un confort supplémentaire pour tous, dans un respect absolu de l’authenticité historique.
C’est l’un des très rares opéras en France et en Europe qui a encore la configuration de sa salle initiale. Beaucoup ont subi des incendies ou des problèmes divers et ont fait l’objet de restaurations profondes, ce qui n’est pas le cas pour l’Opéra de Toulon qui a eu la chance de ne pas subir d’accidents. Il a résisté, a contrario de certains opéras qui ont subi des dégâts ».

Céline Girard : « Les dernières technologies, pour être le plus performant possible »
« Les chantiers ont donc démarré avec le curage, le désamiantage, il y a eu un gros travail sur les sculptures, ils se poursuivra  avec la rénovation du hall, de la salle de spectacles, les sièges et les balcons,  afin d’améliorer le confort du public, puis la rénovation de la scène , les équipements étant vétuste, et tout moderniser. Entre autre la scène qui est inclinée et qui pourra, selon les spectacles, la rester ou être à plat, afin de pouvoir diversifier les programmes. Cette modularité se fera par un jeu mécanique très simple.

Le hall d’entrée d’aujourd’hui
Le hall d’entrée de demain

Le renouveau se fera aussi par l’agrandissement de la fosse d’orchestre qui gagnera en profondeur et sera plus adapté aux musiciens et équipé d’un plancher élévateur selon les spectacles. Sonorisation et mise en lumière seront dotés d’un équipement plus adapté. La cage de scène descendra de plus de dix mètres en montera à plus de vingt mètres, ce qui va donner un énorme volume parallélépipédique. C’est un volume gigantesque. Cette scène a une formidable acoustique naturelle qu’il faut préserver.
Et indéniablement, on intervient sur des éléments qui peuvent la modifier, comme le changement du parterre, des sièges, de la climatisation… »

Si la façade avant a été rénovée, celle de l’entrée des artistes, donnant sur le boulevard de Strasbourg est en train d’être ravalée. Il faut savoir aussi que, parmi les artisans qui travaillent sur l’Opéra, certains étaient sur le chantier de Notre-Dame. En parallèle de cet énorme chantier, un autre a débuté dans la cathédrale.
Le budget global des travaux se monte à 38.000.000 d’Euros TTC. 1.265.950 Euros de subventions, ont été attribués par l’Etat, la DRAC, la Région Sud. D’autres subventions sont en cours comme le Conseil Départemental du Var et la Fondation du Patrimoine ; comme le Conseil Départemental du Var et la Fondation du Patrimoine.
Décidemment, Toulon fait tout le temps peau neuve pour être plus belle encore.
Et bien sûr, on attend avec impatience, le jour où l’on pourra s’asseoir confortablement dans cet Opéra qui est et restera l’un des bijoux de notre patrimoine Toulonnais où les plus grands artistes sont venus s’y produire… Et pourront nous offrir leurs voix dans un magnifique écrin renaissant

Le plafond en rénovation

Jacques Brachet
Photos TPM et Alain Lafon

Sanary – Théâtre Galli
Vive les vacances… ou pas !

Six amis. Trois couples.
Ils décident de partir en vacances au bord de la mer pour un séjour idyllique…
Vous avez dit idyllique ? On en est loin car chacun a ses secrets, ses mouvements d’humeur, l’une cherche désespérément à appeler sa fille qui a l’air de mener une vie de débauche, l’autre drague tout ce qui bouge devant sa femme, pour un troisième, il semblerait qu’il aurait un cancer, l’un des trois couples est en passe de divorcer, l’une des trois femmes aurait eu une liaison avec le copain…. Sans compter que lorsqu’on vit en communauté, plein de questions se posent : qui fait quoi ? Qui paye quoi ? Qui décide de ce qu’on va faire ?
Malgré le soleil et la mer, les nuages s’accumulent comme les engueulades et les crises de nerfs et de jalousie. La vérité n’est pas toujours agréable à dire et à découvrir !

Le tout est joué par une équipe énergique dont les vedettes sont Linda Hardy, ex Miss France reconvertie et vue dans la série « Demain nous appartient » et Kamel Belghazi, le chirurgien de la même série.
Ils sont entourés de Stéphanie Colonna, Sandrine le Berre, Erwan Creignou et Jean-philippe Azema, dans cette pièce hilarante de Marilyne Bal, mise en scène par Anne Bouvier « Vive les vacances… ou pas ! »
A l’inverse des chanteurs devenus inabordables, les comédiens de théâtre et de séries refusent rarement une rencontre avec la presse dite « de province ». Ce fut le cas pour nos deux héros. Elle, belle comme… une miss, lui, adorable et volubile, qui nous ont accordé le temps de les photographier en toute simplicité.
Un joli moment de charme et de gentillesse.
Par contre,  leur temps étant compté, ils m’ont promis de faire un phoning… A suivre donc !

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon