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Festival de Ramatuelle 2024
Michel BOUJENAH : « Encore une fois »


Le festival de Ramatuelle fêtera cette année ses 40 ans.
Michel Boujenah fêtera, lui, ses 17 ans en tant que directeur artistique du festival, prenant la suite de son créateur Jean-Claude Brialy.
Et comme à chaque année, avec sa présidente Jacqueline Franjou, nos deux amis nos réunissent dans un lieu magnifique, au bord de la mer et au soleil de préférence, pour nous annoncer le programme.
Cette année c’était sur la plage de Tahiti ou mer et soleil était de connivence, un peu chahutés par un vent rafraichissant qui ne nous a pas gênés pour prendre l’apéro, tellement bien au soleil que Michel a failli y rester pour faire la sieste !
Nous étions donc au bar du soleil, reçu par le bien méridional Bernard Silhol avec qui j’ai souvent fait la fête avec notre amie commune Nicole Croisille.
Michel, il faut le dire, était un peu exténué par sa tournée avec « L’avare » de Molière puis l’autre tournée, suite et fin des « Magnifiques » et bien sûr l’organisation du festival qui se déroulera du 29 juillet au 12 août.
Mais c’est devant une glace au citron, abrités du vent, sous le soleil exactement, que nous avons fait notre petit point traditionnel avec l’ami Boujenah.


« Alors Michel, 40 ans… Ça se fête ?
On continue à espérer que la vie continue, qu’on continue à vivre le rêve. Évidemment, c’est une date importante mais ce qui m’importe, c’est que chaque année lorsque j’arrive ici, je me dis « C’est incroyable, encore un an, encore une fois ! » C’est la chanson de Céline Dion qui dit ça. Encore une fois, avant la fin. Je trouve ça très joli et c’est vraiment mon sentiment.
Par exemple, lorsque je joue sur scène, avant d’entrer je me dis « Encore une fois, c’est la dernière fois ». Et lorsque je sors de scène je me dis : « Bon, je l’ai fait encore une fois ». Il y a quelque chose à la fois d’éphémère et d’éternel et ce festival ressemble à ça, parce que c’est de l’art vivant, du spectacle vivant.
Mais 40 ans, c’est quand même important ?
Mais il faut que chaque année soit le 40ème… Ou le premier ! Je n’ai pas dans ma tête une attitude différente que ce soit le 40ème ou le 39ème, je m’en fous, en fait. Ce que je veux c’est que ça soit, que ça existe parce que c’est une belle aventure. Ce festival est une belle histoire. Dans le passé on a pu penser qu’un jour il pourrait s’arrêter. Il y a une phrase de Chaplin qui disait, lorsqu’on lui demandait s’il avait le trac : « Je déteste ce métier, je déteste aussi la vue du sang et pourtant il coule dans mes veines ». Cette phrase est magnifique.
Bon, chez toi, il coule dans tes veines sans problème !
Bien sûr, ce métier coule dans mes veines et ce festival aussi alors qu’au départ ça n’allait pas du tout. Au départ, c’était une greffe et ça fait 17 ans que ça dure… Déjà ! Ça passe à une vitesse incroyable et je suis très content de participer à la pérennité de cette histoire. C’est très important pour moi.
J’adore jouer, évidemment mais j’adore aussi cette idée du partage. C’est quelque chose d’incroyable.


Avec Jacqueline, vous êtes les deux têtes pensantes. Comment ça se passe ?
C’est collégial chacun a ses idées, ses envies, j’ai même des copains qui  me disent « Vas voir ça, c’est génial ». Jacqueline ou moi nous allons « voir ça » ! Il y a des années où l’un en voit plus que d’autres. Cette année j’ai beaucoup été en tournée, alors Jacqueline va voir un spectacle puis on en parle ensemble. On se connaît suffisamment pour savoir ce qu’on aime ou pas,  ce qu’on prendra ou pas. Par exemple le spectacle Simone Veil par Christiana Réali, il y a deux, trois ans je l’avais vu. Nous avions été nommés au Molière tous les deux et je la voulais. Puis il y a des choses que l’on découvre.
Et tu arrives à récupérer les spectacles que tu aimes ?
J’ai toujours le choix de le proposer. Déjà, si on ne le demande pas, on ne l’aura pas, c’est certain. Il y a ceux qu’on ne peut pas avoir, comme Johnny Hallyday qu’on n’a pas pu faire venir car c’étaient des spectacles trop énormes pour le lieu. Et puis il y a de belles surprises comme la fois où ma fille et moi sommes à un spectacle. Elle voit Christophe Maé dans la salle. Elle me dit « Vas lui demander, qu’est-ce que tu risques ? ». Je vais le voir et c’est lui qui me dit : « Je voudrais venir à Ramatuelle ! »
Il y a beaucoup de gens qui veulent y venir… Et y revenir !
Les artistes qui y sont venus une fois en parlent à d’autres artistes. Ca fait boule de neige parce qu’il y a une magie qui opère autour du festival.
Pour revenir au 40ème, il y a peu de festivals aujourd’hui qui tiennent le coup !
Oui et ça prouve une chose : c’est qu’après tant d’années, le festival est vivant. Et moi, ce qui m’intéresse, c’est le cinquantième, le soixantième, c’est tous ces festivals à venir pour que Ramatuelle soit éternel, après Jacqueline et moi quand nous n’y serons plus. Il faut qu’il perdure au-delà de nous.
Quelle a été ta réaction lorsqu’on te l’a proposé ?
Au départ j’ai dit non ! « Vous êtes fous, allez chercher quelqu’un d’autre » !
Tu le sais, je suis un méditerranéen et à partir du mois de juin je ne veux plus travailler !
C’était mal parti !!!
Tu peux le dire mais là, à partir de pas longtemps, j’arrête !

Il faut quand même préparer le festival !
D’accord mais je suis en vacances dans pas longtemps, c’est important pour moi, surtout que l’an dernier je n’ai pas eu de vacances. J’ai fait le film de Lelouch puis j’ai enchaîné avec « Les Magnifiques ». Du coup, cette année, pêche, sieste, re-pèche, re-sieste……
Revenons donc aux « Magnifiques… C’est vraiment terminé ?
Oui, c’est le dernier volet d’un tryptique. A un moment donné, il faut savoir s’arrêter. Je n’ai pas envie de continuer en jouant mal, en n’ayant plus la force. Là j’ai encore la force de bien jouer et ce qui m’a intéressé c’était d’affronter cette nouvelle génération car il y a un tel décalage entre « Les magnifiques » et les petits enfants qui parlent le langage d’aujourd’hui, que ce soit grave, cool, ouf, chelou… Ils sont complètement en décalage avec leurs petits-enfants, comment veux-tu qu’ils comprennent ça ?
C’était en fait intéressant car cette version m’a permis de parler d’aujourd’hui. Le thème du spectacle est toujours le même car on ne peut pas savoir où l’on va si on ne sait pas d’où l’on vient.
Alors, ça se termine quand ?
Dans six mois après cette tournée dans toute la France, avec arrêt à Ramatuelle le 12 août.
Et après ?
Dans l’immédiat, je travaille la prochaine pièce d’Ivan Calbérac qu’on jouera dans un peu plus d’un an, et d’ici quelque temps j’aimerais m’attaquer à « Georges Dandin » de Molière. Mais avant je vais faire l’adaptation des « Magnifiques » au cinéma.
Une suite ?
Non… Un testament ! (Rires)… C’est Yvan Attal qui m’a suggéré de les faire au cinéma. J’ai beaucoup reculé d’abord mais si je fais ça, ce sera ma manière de m’en séparer définitivement mais de ne pas les tuer. Je mettrai le film en scène mais pour la première fois je jouerai dans un de mes films. Je travaille sur le scénario. Et l’année prochaine je viendrai à Ramatuelle avec la pièce de Calbérac. Et ce sera en ouverture car je déteste jouer en clôture.

Retrouvailles avec Jacqueline Franjou
Retrouvailles avec Bernard Sllhol

Pourtant, cette année…
Oui mais je n’aime pas car les spectateurs se tapent Boujenah tous les soirs et ils terminent avec moi ! J’espère qu’ils ne m’enverront pas des tomates !!! »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafont
(Voir programme du festival 24)

Lumières du Sud : Nicolas PABAN
De Toulon à Toulon


« La rivière des Amoureux » est une histoire, enfin, une histoire, un document un peu fiction, une fiction un peu documentaire, en fait, un OVNI difficile à identifier justement mais qui a ces qualités d’être à la fois, surréaliste, poétique, un peu déjanté mais surtout plein d’humanité. Et il fallait tout cela pour qu’un film dans un quartier toulonnais pas vraiment glamour, devienne par la caméra magique de Nicolas Paban, Toulonnais vrai de vrai, un film qui surprend, qui fait rire, qui émeut, qui enchante.
Quelle belle idée Pascale Parodi, directrice de l’association « Lumières du Sud », d’avoir réinvité Nicolas car nous l’avons déjà rencontré et à chaque fois c’est une heureuse surprise.
Bien évidemment, comme chaque spectacle scolaire de fin d’année, nombre de participants et de leur famille avaient rempli le théâtre Daudet !

« Nicolas, Toulonnais pur jus !
Oui, j’y suis né et j’y ai toujours vécu.
Le cinéma est arrivé comment dans ta vie ?
Depuis aussi longtemps que je me souvienne… Tout petit j’étais déjà fasciné par les caméras, j’ai toujours adoré aller au cinéma. Je m’y suis mis un peu tard, à un moment de ma vie où je me suis dit que si j’avais envie de faire du cinéma… Je n’avais qu’à en faire !
J’ai commencé avec mes propres moyens et avec peu de connaissances au départ et j’ai appris peu à peu, sur le tas.
Tu as fait une école ?
Non et je n’ai jamais quitté Toulon, je n’ai pas fait d’école, j’ai fait du cinéma tout à fait en autodidacte. Film après film, j’ai appris de mes erreurs, j’ai continué à écrire, à tourner, peu à peu mes films ont été pris dans des festivals, j’ai commencé à avoir des prix et je n’ai jamais arrêté, pour mon propre plaisir.
Tu en es à combien de courts-métrages ?
C’est difficile de les compter, j’en ai fait beaucoup, plus d’une vingtaine je pense.
Alors, comment te débrouilles-tu pour trouver des techniciens, des comédiens et bien sûr, de l’argent ?
Tout dépend du film, là, en l’occurrence pour « La rivière des amoureux », c’est un lieu culturel « Le Volatil » qui m’a proposé de faire un film sur le quartier dans lequel ils sont, c’est donc une demande particulière, sinon, à chaque fois que je fais un film, je monte une équipe, que ce soit pour les techniciens ou les comédiens. Ce ne sont pas toujours les mêmes personnes, tout dépend de la disponibilité des gens, du hasard de mes rencontres aussi…
Mais il n’y en a pas pléthore sur Toulon ?
Détrompes-toi ! Il y a des tas de techniciens professionnels et amateurs qui ont envie de faire des films…

Il y a beaucoup de compagnies théâtrales et de comédiens amateurs, c’est là que tu vas les chercher ?
Eh bien non, ce sont souvent des gens de mon entourage. Moi-même je faisais partie d’une compagnie de théâtre, « Toutim » qui n’existe plus mais j’avais autour de moi des gens qui étaient comédiens et c’était facile pour moi d’en trouver. D’ailleurs ce sont souvent les comédiens eux-mêmes qui m’inspirent des personnages…
Ce qui implique que tu écris les scénarios ?
Oui, la plupart du temps mais je peux aussi parfois les coécrire, Ça m’est arrivé d’écrire à deux et même une fois à trois.
Ce doit être un peu compliqué, non ?
Oui, parfois mais à deux ça marche bien. Il faut seulement bien s’entendre et avoir un peu le même univers. Notamment avec Guillaume Levil , qui est venu à « Lumières du Sud » et que tu as interviewé d’ailleurs, et avec qui j’ai écrit plusieurs scénarios.
Il est Niçois. Comment l’as-tu connu ?
Dans un festival. Les festivals sont des lieux très importants pour nous car on y fait beaucoup de rencontres. On s’est donc croisé plusieurs fois, chacun aimait ce que faisait l’autre et l’on est devenu amis. On se voit de temps en temps, on s’appelle, on fait des allers-retours par mails… On fait du ping-pong ! On écrit ensemble, il n’y a pas de règle, ça dépend du désir, de l’idée de l’un ou de l’autre, on s’adapte, chacun y apporte sa patte.
As-tu pensé à faire un long-métrage ?
Oui, bien sûr. J’ai des idées, je suis justement en train de coécrire un long-métrage mais on ne peut pas l’autofinancer, il faut beaucoup de temps pour tout : trouver de l’argent, donc, passer par le cursus normal et ça demande un sacré boulot, il faut faire des dossiers, des notes d’intention, plein d’autres choses… Alors je joue le jeu mais pendant ce temps je ne fais pas de films. Tout est très chronophage mais bon, j’aime ça, donc je dois passer par là. Pour l’instant, je suis dans une bonne dynamique, donc, je fonce.

Revenons à « La rivière des amoureux »
« Le Volatil » est un collectif auquel j’appartiens. Il s’y fait tous les ans un festival de musique, danse, théâtre. Je me suis investi et Romain Berthier, qui en est le directeur artistique, m’a proposé de faire un film avec les gens du quartier Aguillon. J’aime bien ce genre de défi. On a déposé des prospectus dans les boîtes aux lettres expliquant ce qu’on voulait faire et qu’on recherchait des participants pour aider au tournage. On a eu une trentaine de réponses, on a monté une équipe et on a réalisé le film en une semaine au début juillet. Et on a fait l’ouverture au festival « Crash et décollage » qui a lieu le dernier week-end d’août. Ça a été un long travail durant tout le mois de juillet mais la projection en plein air a été un moment magique.
Donc ce film va partir dans les festivals ?
Ça a déjà débuté par le festival itinérant « Les Nuits Med », organisé par Alix Ferrari, qui se passe entre Toulon et la Corse. Puis, il y a deux semaines, il est allé aux 42èmes rencontres de Cabestany, près de Perpignan. J’avais peur qu’en dehors de Toulon il n’intéresse pas grand monde… Et il a eu le prix du jury présidé par Bernard Menez !
Donc, ça démarre bien !
Oui, d’autant qu’un film sur un quartier de Toulon, on ne sait pas si ça va plaire ailleurs. Mais il y a un très bon retour du public, donc ça augure de belles choses.
Et maintenant… Que vas-tu faire ?
Je termine un court-métrage, une comédie noire qui s’appelle : « Autres : précisez ». Il est en cours de montage et je suis en train de chercher les financements pour un film  que j’ai coécrit et que je vais coréaliser avec Guillaume Levil. Le titre c’est « Moi » et il faut beaucoup d’argent… Enfin, l’argent qu’il faut !
Mais sans ça, il se fera quand même ! »

Une partie de l’équipe avec Nicolas et Pascale

Jacques Brachet

Jérôme ANTHONY… Un avenir radieux au théâtre !

Jérôme Anthony est une boule d’énergie, de gentillesse, de simplicité.
Depuis des années, il voyage de radios en télévisions de RTL à TF1 en passant par M6, Fun Radio, W9 pour animer des shows, les émissions les plus diverses de « La France a un incroyable talent » à « Pékin Express » en passant par « Nouvelle Star » à « Tous en cuisine » ou « Le meilleur pâtissier » et j’en passe, avec une incursion au cinéma (« On va s’aimer » d’Ivan Calbérac) , la télévision (« Meurtre à Nancy » d’où il est natif), l’écriture (« L’âge d’or des variétés ») et la chanson qui a été sa passion, avec un CD « Ma plus belle chanson ». La scène, il connaît pour avoir présenté nombre de spectacles, pour faire des concerts mais aujourd’hui, il ouvre une autre porte : celle du théâtre avec cette pièce désopilante d’Elodie Wallace « Un avenir radieux » où il partage la scène avec Géraldine Lapalus, Nicolas Vitiello, Marie-Laure Descoureaux et Roman Fleury qui remplace Manu Rui Silva.
Une pièce totalement déjantée où Arthur Leroy (Jérôme Anthony) vit entre son boulot d’entrepreneur, son pognon, sa femme et sa maîtresse. Et voilà que la voyante- amie de sa femme, Esmeralda vient lui annoncer que tout va s’effondrer. Ce qu’il ne croit pas.
Et pourtant…

Et pourtant…
Toute une série de gags, de quiproquos, de situations burlesques, avec à chacune un public qui croule de rire, Nicolas Vitiello en voyante est irrésistible et l’ami Jérôme se débrouille comme un chef.
Justement, Roman arrive ce soir-là au Théâtre Galli de Sanary. C’est sa première et les comédiens sont autour de lui pour répéter. Ce qui a failli mettre ma rencontre en péril avec Jérôme Anthony, avec qui nous avions conversé à Marseille lors d’une fête du livre et plus longuement à Juan les Pins où il présentait un spectacle. Mais la rencontre se fait quand même et je retrouve mon Jérôme toujours aussi volubile et charmant qui a décidé de profité de l’air de Sanary pour faire l’interview devant le théâtre.

« Jérôme, enfin comédien !
Oui, on me proposait des pièces depuis longtemps mai j’avoue que d’abord, je suis un peu fainéant, pas très courageux, je n’avais pas l’impression d’avoir assez de mémoire pour ça mais on m’a encouragé, convaincu, on m’a sorti de cette idée que je ne pourrais pas y arriver, du coup j’y suis allé et j’ai l’impression d’avoir 12 ans. Je suis comme un gamin, j’adore, c’est un plaisir, une bouffée d’oxygène…
Le trac ?
Pas tant que ça, car j’ai été assez bien géré. J’ai eu trois semaines de répétitions. Je ne l’ai pas vu venir en fait et pour moi c’est plus une excitation qu’un trac. Mais il paraît que le trac vient avec le talent… Alors j’ai bon espoir !
Le choix de cette pièce ?
Lorsque je l’ai lue, je l’ai trouvée très drôle et surtout, le plus important pour moi c’est que c’était de me retrouver avec une équipe très sympathique car nous faisons beaucoup de dates, nous sommes tout le temps ensemble et ce serait difficile si l’on ne s’entendait pas. Je fais beaucoup de tournées chansons avec mes musiciens, je présente « Les années 80 », j’ai l’habitude de vivre en équipe. Et là je suis avec une très chouette équipe, un bon producteur, un bon metteur en scène, Olivier Macé. Je suis dans une adéquation qui me convient parfaitement.
Vous avez débuté dans la radio très jeune… 14 ans !
Lorsque j’étais gamin, lorsqu’on me demandait ce que je voulais faire, je disais acteur et chanteur. En fait, il y a peu de temps, je me suis rendu compte que, comme j’ai grandi avec les émissions des Carpentier, j’avais envie d’être le protagoniste de ces émissions-là, divertir les gens, jouer, chanter, présenter. Je me suis nourri de cette culture de la télé, de l’animation, du divertissement,  mais aussi des émissions comme « Au théâtre ce soir ».


Mais ce sont des émissions « de vieux » de mon âge !!!
(Il rit) J’ai 55 ans et j’ai grandi quand même avec ça ! Avec cette culture du divertissement élégant. Aujourd’hui on n’est plus dans ce délire mais je me suis nourri de ça. Donc pour faire du théâtre c’était une grosse envie car j’ai toujours eu beaucoup d’admiration  pour ceux qui en faisaient. C’est pour ça que j’ai hésité car je ne voulais pas être en dessous de ces gens que j’admirais. Le fameux problème du syndrome de l’imposteur.
Originaire de Nancy, c’est vrai que j’ai commencé très tôt A cette époque là-bas il y avait un artiste qui émergeait, Charlélie Couture. Son producteur démarrait une radio, et il m’a dit « Si tu as de la tchatche, du temps, une cagette de disques, la porte est ouverte » C’est comme ça que tout a démarré, en faisant des chroniques de cinéma avec mon œil de gosse.
Et après ?
Après il y a eu l’arrivée des réseaux radio. J’ai été débauché sur NRJ, là, j’ai appris une nouvelle manière d’animer puis tout s’est enchaîné, les radios, la télé. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai rencontré des gens et je suis toujours surpris de voir comment les choses sont arrivées car je suis plutôt d’un naturel timide et réservé et les choses se sont plutôt bien passées… J’espère que ça va durer encore un petit peu car j’arrive seulement à l’adolescence !
Et vous avez donc choisi d’aborder le théâtre !
Oui, tout est lié.
Par contre, dès qu’on a abordé ce sujet, j’ai mis une condition : ne pas jouer à Paris, avoir tous mes week-ends de libre et ne pas avoir la pression d’une salle parisienne.
Vous ne jouerez pas à Paris ?
Pour l’instant ça n’est pas prévu et c’est vraiment un souhait de ma part. Je ne fais déjà pas de radio le week-end sur RTL pour la même raison. J’ai envie de partir le week-end, de profiter de la vie.
Du coup, les parisiens ne vous verront pas !
Ben non… Mais ils ne loupent rien… Et moi non plus !
Mais c’est un tel plaisir de se retrouver en tournée, on s’amuse bien, on passe de bons week-ends, on est heureux de jouer. De ville en ville les salles sont pleines…

Peut-être grâce à vous !
Je ne me rends pas compte, à mon avis, je ne suis pas connu tant que ça. Il faut encore travailler ! Je débute… et ça fait trente ans que je débute ! Je fais tout ça avec modestie, je fais mon métier, j’adore le public, je n’ai jamais rien fait pour de l’argent. J’ai toujours été content et fier de faire ce métier, les choses se sont passées comme je l’espérais.
Alors, la chanson ?
Je faisais de la radio à Nancy, l’été j’étais en vacances avec mes parents à Saint-Tropez. Le soir j’allais dans un bar qu’avaient loué les frères Cayatte (Blanc bleu) « Pirate Studio »,  nous allions y chanter. L’un d’eux adorant la chanson, avait fait des bandes orchestres et imprimé les paroles sur un cahier… L’ancêtre du karaoké !
Nous, les jeunes nous allions dans cet endroit et nous chantions. Le temps passe, je me retrouve dans les coulisses de « Sacrée soirée » où ma mère m’avait fait passer pour un journaliste. Là, je rencontre le producteur qui me reconnait de Saint-Tropez et me propose de lui passer une cassette. Quinze jours plus tard je passe comme candidat à « Sacrée soirée » Je gagne une dizaine de fois jusqu’à la fin de la saison et je fais un disque… avec Didier Barbelivien ! Tout de suite après on me propose de faire de la télé… C’est pas de la chance, ça ?
Puis vous avez abandonné ?
Il ne se passait pas alors rien de formidable et ça se passait bien en télé. Il y a trois, quatre ans, je vais voir Michel Drucker que j’adore, sur scène et je me dis alors : « Pourquoi se passer de ça » ? Du coup j’ai décidé de produire un album et de partir en tournée. On fait une quarantaine de dates à l’année.

Cet album ?
Il s’appelle « Ma plus belle chansons » où je reprends dix tubes essentiels de la variété française « Pour le plaisir », « Chez Laurette », « Le chanteur malheureux », réorchestrées en swing avec un big band à la manière de Sacha Distel, classe, on arrive tous en smoking. C’est un spectacle intemporel.
En fait, vous vivez pas mal dans la nostalgie ?
Pas vraiment, mais c’est vrai que j’ai grandi avec tout ça, j’y suis attaché car c’est tout ce que je vivais lorsque j’avais quinze ans. C’est une période où tout est alors permis, tous nos rêves sont encore possibles. C’est pour ça que j’ai un attachement à ces chansons, j’adore la chanson française, ces chansons qui ont un sens, les belles orchestrations. Mais j’aime aussi les chansons d’aujourd’hui. L’un n’empêche pas l’autre.
La suite ?
Toujours la radio que j’adore, la télé quand ça se présente, la chanson et puis… le théâtre, si on veut encore de moi car c’est devenu une vrai passion. Là on termine la tournée mais uns seconde s’annonce et après… On verra ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon



Alexandre THARAUD : Barbara, mon idole


Alexandre Tharaud est l’un de nos plus grands pianiste français, qui fait le tour du monde en offrant au public des récitals où peuvent se mêler musique classique et musiques de films.
Trois Victoires de la musique, une vingtaine d’enregistrements éclectiques puisqu’entre de musique classique, il nous offre des musiques de films ou un hommage à Barbara.
Invité au Palais Neptune de Toulon par le Festival de Musique, il a eu la gentillesse, malgré la fatigue des tournées, de venir parler à des écoliers qui, dans un silence absolu, l’on écouté jouer, parler et a répondu à leurs questions. Il était accompagné par son complice de 25 ans, le violoncelliste Jean-Guihem Queyras, avant de nous proposer tous deux le soir même un récital magnifique, « réunissant, sous le titre « L’excellence française » des œuvres de Marin Marais, Debussy et Poulenc devant une salle pleine à craquer.
En prime, il a bien voulu nous accorder un peu de son temps – trop court à notre goût ! – avant d’aller se reposer.

« Alexandre, lorsqu’on a une mère danseuse et un père qui fait du théâtre, qu’est-ce qui vous amène à 5 ans au piano ?
La musique c’est du théâtre ! Lorsque je suis au piano, j’ai l’impression d’avoir un opéra sous mes doigts, dans  l’opéra, toutes les composantes du théâtre sont là, j’ai l’impression d’avoir avec moi un orchestre de quatre-vingts musiciens. Le piano est un instrument qui imite  plusieurs instruments, les cors, les percussions, l’orgue, les instruments à vent et puis j’ai également l’impression de créer une action, j’ai l’impression d’avoir sous mes doigts des personnages que je fais vivre et que je mets en scène et pourquoi pas, même un décor. C’est toute une histoire qu’on raconte avec la musique.
Mais pourquoi le piano très tôt, puisque vous le commencez à quatre ans ?
Vous savez, lorsqu’on commence la musique très tôt, le piano ce n’est pas vraiment votre choix, ce sont nos parents qui nous mettent à l’instrument et mon arrière-grand-mère avait légué à mes parents, un très vieux piano où il y avait, comme avant, des chandeliers de chaque côté. Ma mère était professeur de danse au conservatoire du XIVème arrondissement de Paris, et elle savait qu’il y avait un excellent professeur Carmen Taccon-Devenant et du coup, elle nous y a menés, ma sœur et moi, ma sœur qui, elle, est devenue professeur de piano.
Vous avez débuté les concerts… tôt ! Dès 14 ans, je crois ?
C’est difficile à dire car peut-on dire que les auditions d’élèves sont des concerts ? Je jouais mais ce n’étaient pas des concerts entiers. A l’adolescence c’étaient des concerts où je n’étais pas tout seul.


Vous avez donc fait le conservatoire, avec des prix à la clé, le premier à 14 ans d’ailleurs et plus tard, trois Victoires de la Musique, en 2012, 2013, 2021, ce qui est très rare.
(Il rit), j’avoue que je ne sais pas s’il y a d’autres musiciens ! Vous savez, il n’y a pas beaucoup de votants ! Pour les César, tous les corps de métiers, comédiens, réalisateurs, techniciens, costumiers, décorateurs, votent. Ce sont des centaines de personnes, de corps de métier. Pour les Victoires de la Musique, il y a à peu près deux cents personnes qui votent ! Ce n’est pas tout le milieu de la musique et je le regrette car ce serait plus équitable et ça nous ferait encore plus plaisir.
Votre carrière est faite de rencontres et j’aimerais parler de certaines de celles-ci. La première est Bartabas.
Oh, vous remontez à loin. C’était en 2006 et c’est vrai, j’ai fait quelques spectacles avec lui. C’était aux « Nuits de Fourvière » à Lyon. Il voulait faire un spectacle avec des chevaux et il écoutait alors tous les jours un disque de moi qui s’intitulait « Bach, concertos italiens ». Et il a dit « Je veux ça ! »
Vos autres rencontres sont en fait très éclectiques : le comédien François Morel, le réalisateur Michaël Haneke entre autres.
François Morel c’est aussi, il y a vingt ans, avec qui on a fait des trucs autour de la musique d’Erik Satie. C’est un acteur absolument incroyable. Michaël Haneke, c’est pour le film « Amour » avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert. Présenté au festival de Cannes. Là encore film incroyable, comédiens incroyables dans lequel je joue mon propre rôle. C’est un film extrêmement dur mais j’avais la chance d’être face à des acteurs superbes. J’ai d’ailleurs récidivé cette année, dix ans après, dans le film « Boléro » d’Anne Fontaine où je joue un critique musical épouvantable ! J’ai deux scènes mais ça m’a beaucoup plu. C’est mon deuxième rôle mais ce n’est vraiment pas une carrière extraordinaire !
Ça vous donné envie de continuer ?
(Il rit) Non, non, non, ce n’est pas du tout mon ambition. J’avoue que j’ai été heureux de le faire mais il y a tellement de bons acteurs qui font un travail magnifique que je le fais pour le plaisir. Et si ça se retrouve, il faudrait que ce soit lié à la musique. Anne Fontaine est une amie de plusieurs années, le film tourne autour de Ravel et c’était presque normal que j’y participe.

Il y a eu également Nathalie Dessay…
Ça a été un moment horrible et terrifiant pour moi car ça a été juste après les attentats en 2015 et on a chanté aux Invalides une chanson de Barbara « Perlimpinpin »
On arrive donc à Barbara, à qui vous avez consacré un double album…
C’est un hommage autour de ses chansons, avec plein de chanteurs que j’aime et que j’ai choisi. Je suis un grand fan de Barbara depuis mon adolescence. Ses photos parcourent les murs de mon appartement, j’en ai dans toutes les pièces et je pense à elle tout le temps. Plus de vingt-cinq ans après sa mort, elle m’accompagne dans ma vie de tous les jours, elle me console, elle me guide. Pour le vingtième anniversaire de sa mort j’ai voulu témoigner de ça de manière très différente. J’ai appelé tous les gens que j’aimais, des amis que je savais chanter Barbara avec des chemins détournés et surtout sans l’imiter : Jane Birkin, Camélia Jordana, Juliette, Vanessa Paradis, Jean-Louis Aubert, Bénabar, Luz Cazal et bien d’autres. Ce qui est incroyable c’est que ce disque-là- se vend dans de nombreux pays, ce qui n’est pas le cas des chanteurs francophones qui chantent Barbara. Or, lorsqu’on est musicien classique, on joue partout dans le monde. Il y a plein de pays où l’on ne parle pas français et où les gens me connaissent, achètent mes disques et grâce à cela, ils découvrent Barbara.
Quel effet cela fait d’entendre chanter Barbara par d’autres chanteurs ?
Barbara, c’est très difficile à chanter, ça n’est pas linéaire et sa voix est tellement liée à son œuvre car elle est une des rares chanteuses à parler de sa vie dans toutes ses chansons. C’est un autoportrait  de la première à la dernière. Sa voix était unique, nous transportait, on tombait en larmes. Chanter Barbara demande beaucoup de travail, de réflexion.


On n’a pas parlé de Juliette Binoche qui dit deux chansons de Barbara : « Vienne » et « Ô mes théâtres ». Belle rencontre encore !
Oui, elle participe à mon disque mais elle dit les textes, tout simplement. Nous avons fait une tournée qui était assez troublante car Juliette est une personne très fragile. Ses fragilités frôlent celles de Barbara. Nous étions sur scène, je jouais, nous disions des textes, seul avec elle. J’étais à l’intérieur du spectacle mais aussi spectateur  car je rendais hommage à mon idole et j’avais devant moi une immense actrice, une icône. C’était très émouvant et très impressionnant.
Dernière question : Il paraît qu’il n’y a pas de piano chez vous !
C’est vrai ! D’abord je suis très peu souvent chez moi et lorsque je suis à Paris, je travaille chez des amis ! Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon


Six-Fours – Bus du Cœur des Femmes
Une magnifique marraine : Nathalie SIMON


3ème épisode du Bus du Cœur des Femmes à Six-Fours et 39ème étape de l’année 24, le bus s’est installé devant l’Espace Malraux et recevra, durant trois jours, quelque 320 femmes venant « se faire voir », pour certaines, n’ayant vu aucun spécialiste depuis des années, sinon des décennies.
Nous retrouvons avec plaisir Thierry Drilhon, cofondateur de l’association « Agir pour le cœur des femmes » avec le professeur Claire Mounier-Véhier, cardiologue et médecin vasculaire au CHU de Lille. Et bien évidemment les chevilles ouvrières de cette belle manifestation, le docteur Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé  et Béatrice Métayer, chargée de mission de politique de santé publique et évidemment Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours qui œuvre à l’unisson avec elles et eux, sans compter les 150 bénévoles qui ont arrêté leurs activités toutes affaires cessantes durant trois jours, parmi lesquels nombre de médecins intégrés à l’équipe.
Et puis, cerise sur le gâteau, une magnifique marraine en la personne de Nathalie Simon, célèbre véliplanchiste qui est de plus journaliste, animatrice, chroniqueuse à la télé et à la radio, venue en voisine puisque vivant à Carqueiranne.
Une seule journée sur le bus mais elle a eu la gentillesse de m’accorder un instant d’entretien.

Thierry Drilhon, Jean-Sébastien Vialatte, Nathalie Simon,
Claire Mounier-Vehier, Nathalie Guillaume

Nathalie, vous venez donc à Six-Fours en voisine !
Effectivement, j’habite à Carqueiranne, à 20 kilomètres d’ici mais il faut quand même 45 minutes pour les faire !
Vous y habitez à l’année ?
Oui. C’est le lieu idéal pour faire de la planche et c’est pour ça que j’y suis installée. J’ai préféré habiter près de mes loisirs, à Paris c’était difficile !!!
Comment vous est arrivée cette passion ?
Très simplement. Lorsque j’étais en terminale, j’ai rencontré mon mari – qui est toujours le même ! – et qui était passionné de planche à voile. Il est parti travailler à Toulon, chez Décathlon. Du coup je l’ai suivi, j’ai fait mes études à Toulon et j’ai découvert la planche. En fait, on peut dire que je suis arrivée à la planche par amour ! Çà m’a déclenché une vraie passion pour ce sport mais surtout tous les sports subaquatiques fun.

Vous aviez déjà envie de faire des compétitions ?
Pas au départ car je ne suis pas une compétitrice, je suis avant tout une sportive, ce qui est différent. J’aime le sport pour ce qu’il m’apporte. Les sports nautiques m’apportent une plénitude, comme l’union avec la nature, quant à mon mari, lui, c’est un compétiteur-né ! Tout est compétition pour lui et c’est donc lui qui m’a mis à la compet’. J’avoue que j’y ai pris goût. Mais aujourd’hui je continue à faire des sports nautiques comme le wind foil mais je fais aussi du triathlon, d’autres activités, entretemps je suis partie à Paris, à Marseille, j’ai beaucoup voyagé pour les compétitions, c’était sympa, ça m’a permis de vivre et d’apprendre plein de choses, de m’endurcir et je suis revenue vivre à Carqueiranne, là où tout a commencé.
Vous dites avoir dû vous endurcir ?
Oui, j’étais une fille assez timide, comme beaucoup de jeunes de 20 ans. J’étais déjà sportive mais un peu timorée. Le sport m’a aidée à me construire, à être plus forte. Il m’a donné beaucoup de clefs, de rigueur.
Comment êtes-vous venue à cet événement  qu’est le Bus des Femmes ?
C’est Claire Mounier, avec qui nous échangions sur les réseaux sociaux. Elle m’a identifiée comme quelqu’un d’actif en tant que message, que prévention, d’essayer de véhiculer cette idée que le sport est le meilleur des médicaments et lorsqu’elle a su que je vivais près d’ici, elle m’a proposé d’être la marraine de la manifestation. Ce qui nous a donné l’occasion de nous rencontrer « en vrai » car on se parle depuis des mois sans s’être croisées. Et du coup je me dis qu’un jour le bus s’arrêtera à Hyères !


Est-ce vrai que vous vous êtes croisées… Et que vous ne vous êtes pas parlé ?
Exactement. ! En fait, nous nous sommes croisées à la gare d’Aix, j’étais avec ma fille et mon mari, elle, avec sa famille et je me suis posé la question : « Est-elle ? Pas elle ? », J’avais un doute et je n’ai pas osé l’aborder. Elle non plus ! Elle m’a ensuite envoyé un message et j’ai dit à mon mari : « C’était bien elle ! »
Je ne suis pas quelqu’un de « rentre dedans », je laisse faire la vie et la vie fait qu’on se rencontre aujourd’hui.
Vous restez les trois jours ?
Non car en fait j’organise chez moi des séjours qui s’appellent « Les séjours vitalité » où les femmes viennent, je leur fais faire des activités physiques le matin, c’est mon mari qui cuisine, il nous restaure dans tous les sens du terme et le séjour démarre demain.
Hier j’étais à Nice pour parler à des femmes de la prévention sportive et du sport santé. Ça fait vraiment partie de l’engagement très fort qui prend de plus en plus de place dans ma vie, de prouver aux femmes que le sport est vraiment un allié de choc qui aide à grandir et – comme je dis en riant – à vieillir jeune !

L’équipe de « P’tite Parenthèse »
Inauguration du bus

Journaliste, animatrice, chroniqueuse… Comment arrivez-vous à tout concilier ?
(Elle rit) Je m’organise, c’est vrai, il y a des moments où c’est très tendu, des moments où c’est plus cool. Je me lève chaque matin en me disant qu’on peut arriver à tout faire en prenant le temps de bien faire, s’organiser bien sûr et après, s’il y a des choses que je fais moins bien, je me dis que le monde ne va pas s’écrouler. Le plus important dans notre vie c’est notre santé mentale et physique, l’une n’allant pas sans l’autre.
Je voudrais parler – puisque c’est vous qui l’avez révélé – de votre maladie : le vitiligo… Qu’est-ce qui vous a décidé à en parler ?
C’est ma fille qui un jour m’a dit : « Maman, je te vois toujours te camoufler, passer des heures à te passer des produits. Tu sais, notre génération se fiche de tout ça et à la limite, c’est une force de montrer sa différence, ce n’est pas une honte ». J’ai infusé sa remarque, j’ai réfléchi et je me suis dit qu’elle n’avait pas tort et pourquoi est-ce que je me cachais ? Aujourd’hui je fais un métier d’image mais j’ai décidé de ne plus me cacher et donc, avant tout, d’en parler.


Et le fait d’en parler a libéré en moi beaucoup de choses. Je reçois des témoignages hyper-touchants et du coup je me dis que j’aurais dû le faire beaucoup plus tôt.
Ce qui compte est de s’accepter telle qu’on est et Le vitiligo est une maladie auto-immune et, pour la première fois depuis trois mois, un traitement a été développé et il y a un formidable boulot de communication à faire auprès des dermatos et des patients, autour de ce traitement qui est une crème et bientôt un traitement oral.
Les choses arrivent !

Propos recueillis  par Jacques Brachet


Loïc NICOLOFF : Un Marseillais qui tourne bien !


Il a le regard bleu Méditerranée… Normal, il est né à Marseille !
Illustrateur, scénariste, réalisateur, bientôt écrivain, Loïc Nicoloff est né dans le cinéma tout petit. Exactement à 6 ans, lorsqu’il découvre le film « L’empire contre-attaque » avec son grand-père.
De ce jour le cinéma lui est resté chevillé au cœur et au corps et aujourd’hui il en a fait son métier.
Belle idée qu’a eue Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud », de l’inviter pour deux jours au Six N’Etoiles pour une carte blanche, choisissant pour le public, trois films totalement différents et venus de pays différents : La France, l’Argentine, le Japon.
Installé à Aix-en-Provence où il enseigne l’écriture de scénario, ça ne l’empêche pas de tourner des films, d’écrire des BD et un roman qui ne saurait tarder de voir le jour.
Le sourire avenant et le rire sonore, il nous raconte tout sur sa vie liée au cinéma.

« D’abord, je  suis né à la maternité de la Belle de Mai… devenue la Maison du Cinéma… C’était prémonitoire, non ? nous dit-il en riant !
Alors cette révélation cinématographique à 6 ans ?
Ça a été le choc visuel, après avoir vu un ou deux Walt Disney avant… Je me rappelle de la grande salle sur la Canebière, en plus, le film finit mal, ça a remué plein de choses en moi et j’ai été tout de suite accro. Tous les lundis, journée du tarif réduit, ma mère m’y amenait. J’ai vraiment bouffé du cinéma et c’est ça qui a tout déclenché.
Tu te disais déjà que tu serais réalisateur, comédien ?
Comédien jamais, réalisateur oui, mais alors je ne pensais pas en faire et je suis tombé un jour dans une librairie à Saint-Tropez sur un hors-série de « Starfix » consacré aux effets spéciaux. D’un coup j’ai eu la vision qu’on fabriquait un film et que c’était de l’illusion. Et j’ai eu envie de faire des effets spéciaux, de raconter des histoires mais c’était un rêve, comme on rêve d’aller sur la lune. J’ai fait un diplôme d’informatique et de comptabilité mais j’ai eu la chance d’aller au premier festival des scénaristes de la Ciotat en 98. Je me suis présenté, on devait écrire un scénario de court-métrage en 24 heures et j’ai gagné ! Le prix m’a été remis par Jean-Claude Iso et c’est ça qui m’a permis d’entrer dans le milieu du cinéma.
Et alors ?
Alors j’ai commencé à rencontrer des producteurs, des réalisateurs, j’ai bossé six ans, j’ai fait tous les métiers du cinéma sur le tas… La seule chose que je n’ai pas faite est… maquilleuse ! J’ai même fait costumier ! Je me suis retrouvé en 2004 sur une énorme série télé et c’est là que je me suis dit que je voulais être réalisateur.

C’était quoi cette série ?
Elle s’appelait « Bin’o Bin ». C’était tourné à Marseille pour Canal Algérie. J’étais premier assistant, ce qui était loin de ce que je res mais ce qui m’a permis de me dire que je voulais être réalisateur et à l’origine de projets. J’ai alors fait beaucoup de courts-métrages, quinze autoproduits et cinq produits dont mon dernier « Rocambolesque » en 2016 avec Amaury de Crayencourt et Nicolas Marié. Budget de 135.000 euros, cinq jours de tournage, des effets spéciaux, des cascades, des animaux exotiques… Le pied absolu ! On a fait 70 festivals, on a eu dix prix… surtout à l’étranger. Depuis, je me consacre à mon long-métrage, on part en financement avec un producteur.
Tout ça à Marseille ?
Non, j’ai fait une parenthèse de dix ans à Paris car il faut avoir les réseaux et ils sont à Paris. Donc j’y suis parti en 2008, j’ai créé mes réseaux, j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme, qui était d’Aix-en-Provence et je suis redescendu en 2018. Je fais toujours des allers-retours mais depuis le Covid, on fait beaucoup de réunions en zoom.
J’ai vu que tu avais été sur la série « Nos chers voisins »…
Non, j’ai fait la BD de « Nos chers voisins ». Il y a eu quatre tomes que j’ai écrits en tant que scénariste. Et je bosse aussi sur la série « Vestiaires » depuis six ans
comment s’est fait cette BD de « Nos chers voisins » ? ?
C’était une commande très particulière : je devais m’inspirer de la série sans la copier, inventant de nouveaux gags tenant sur une planche, avec un dessinateur, les gags devant être validés par la production, les agents les comédiens. C’était quelquefois compliqué à cause de l’égo de certains comédiens. Et puis il y a eu « Léo Loden » que j’ai co-écrit avec Aleston, le créateur, à partir du tome 16. Depuis cinq ans j’écris seul les scénarios. Nous sommes sur le tome 30 qui se passe pendant la peste à Marseille en 1720.
Alors, avec ça, la réalisation ?
Je voulais réaliser un film sur Jacques Offenbach dont j’adore la musique. C’est un scénario qui se passe sur un an de sa vie, lorsqu’il crée « La belle Hélène » en 1864 mais c’est un film très, très cher qu’on n’est pas arrivé à financer. C’est un film historique, donc en costumes et en France c’est le genre de film qui ne marche pas du tout. En France, la culture histoire-musique, ça ne marche pas. Du coup j’écris un roman d’après le scénario qui me permettra peut-être de revenir sur le film… si le livre marche !

Pourquoi Offenbach ?
Lorsque j’avais 11 ans, on m’a amené voir « La vie parisienne » au parc Borelli et j’ai été ébloui. Il y avait tout ce que j’aimais : c’était rigolo, il y avait de beaux décors, de beaux costumes, de belles musiques…
Et où en es-tu avec le fantastique, qui est un genre que tu adores ?
En fait aujourd’hui je me consacre au film que j’aimerais tourner, qui est à la lisière du fantastique. Mais le fantastique est compliqué à vendre en France. Je préfère faire un film un peu plus « faisable », avec un budget raisonnable. En France, il y a quelques films fantastique qui se font, peu sont bons, peu fonctionnent. A part « Le règne animal » et « Vermine » peu s’en sont sortis. Aux Etats-Unis, il y a des moyens énormes que nous n’avons pas, le savoir-faire et le public. Notre public a une méfiance sur le fantastique Français.
Alors, parlons des trois films que tu as choisis pour cette « Carte blanche » ?
Déjà, on fait la liste au Père Noël puis il y les contingences qui font qu’on peut avoir un film ou pas.
Ce qui m’intéresse c’est que j’aime les bons films, quel que soit leur genre.
J’aime partir dans un univers, qu’on me propose un voyage. Là, ce sont trois films très différents dans la forme, dans l’expression, les thèmes mais qui m’ont à chaque fois surpris, transporté et qui proposent une vision humaine, humaniste sur trois aspecta différents.
« Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach est un film très simple, très linéaire. La trajectoire d’un personnage joué par Olivier Gourmet qui m’a bluffé.
« Dans ses yeux » de Juan-José Campanella a été un choc pour moi. Une thématique sur la passion déclinée, qui peut rendre heureux ou malheureux. C’est une narration d’une pureté incroyable.
« Past lives – nos vies d’avant  de Céline Song c’est une belle surprise. C’est une narration à la manière de « Quand Harry rencontre Sally » une histoire où l’on ne sait jamais où ça va, qui sort des codes. C’est un film qui m’a fasciné »

Après cette parenthèse, qui est sa première carte blanche, Loïc repart sur son roman et sur son film.
C’est une rencontre passionnante avec un homme passionné, qui aime parler de son métier, de ses métiers devrais-je dire et dont j’attends son roman su Offenbach avec curiosité… On en reparlera, on a promis de se revoir.

Propos recueillis par Jacques Brachet

Au Six N’Etoiles avec Pascale Parodi

Lucas B MASSON… La passion cinéma


A le voir arriver vers moi, souriant, silhouette filiforme, il ressemble à un étudiant. Étudiant de… 33 ans qu’il est loin de faire !
Lucas a un métier peu ordinaire puisqu’il est créateur de bandes annonces de cinéma et c’est une passion qu’il a depuis sa plus tendre enfance et dont il a fait son métier. Aujourd’hui il est un des rares à pratiquer ce métier, ce qui fait qu’en plus de son talent, il est très recherché et a à son actif nombre de bandes annonces comme « 120 battements par minute » de Robin Campillo, « How to have sex » de Molly Manning Walker, « Neuf mois ferme » d’Albert Dupontel, « Chien de casse » de Jean-Baptiste Durand et bien d’autres, la liste est longue.
Il a également réalisé pas mal de courts métrages dont certains ont été primés.
Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud », aime nous faire découvrir ces hommes et femmes de l’ombre qui font le cinéma car hormis comédiens et réalisateurs, tous les corps du métier grâce à qui le cinéma existe, sont assez méconnus et sont pourtant indispensables à la réalisation d’un film.
Lucas Masson est l’un d’eux et c’est un vrai plaisir que de le rencontrer.

« Le cinéma est arrivé comment dans ta vie ?
Très tôt, cette passion m’a été transmise par mon père. Il n’était pas du tout dans le cinéma mais c’était un passionné. J’ai donc regardé dès quatre ans des films avec lui… notamment des films fantastiques et des films d’horreur ! Pour certains je n’avais pas le droit de les voir car ma mère veillait au grain ! En fait, on m’autorisait à voir seulement les bandes annonces. Du coup, très jeune j’ai voulu faire du cinéma et bien l’envie de faire des bandes annonces certainement grâce à ça.
Et tu n’avais pas envie de réaliser des films ?
Bien sûr, d’ailleurs j’en faisais avec le caméscope de mon père et je prenais ma petite sœur pour actrice mais j’ai toujours gardé cette passion pour la bande annonce. Ça m’a toujours beaucoup inspiré c’était pour moi très vecteur d’inspiration. Je suis heureux d’en faire et je réalise aussi des courts métrages. Malheureusement (ou heureusement) j’ai été extrêmement accaparé par mon métier et j’avoue que réaliser me manque mais c’était difficile de coupler les deux. C’est pour cela que cette année, j’ai décidé de ralentir la « BA » pour me remettre à la réalisation de mes propres projets.
Quelles études as-tu faites ?
Oui, j’ai fait des études techniques, après mon bac, j’ai fait un BTS des techniques de cinéma et d’audiovisuel durant deux ans puis une licence histoire d’avoir un bac + 3. Mais très tôt j’ai travaillé sur des tournages en tant qu’assistant réalisateur, assistant chef opérateur, J’ai beaucoup appris sur le terrain et parallèlement je faisais beaucoup de montage en autodidacte.

Comment entre-t-on dans ce métier ? Tu avais des relations ?
Je n’avais aucune connaissance, pas de piston ! Il faut, je crois, avoir beaucoup de détermination alors que je suis quelqu’un de relativement réservé. Mais il faut mettre ça de côté et foncer. Ça s’est fait un peu comme ça : je suis parti en vacances aux Etats-Unis à 19 ans mais je suis allé frapper au culot à la porte d’une grosse société de bandes annonces qui faisait celles de Steven Spielberg, JJ Abrams et le directeur de l’époque, Benedict Coulter qui était américain et avait vécu en France, a aimé mon culot car j’ai eu beaucoup de mal avec le vigile et avec sa secrétaire. Lorsque tu arrives à provoquer la rencontre, je pense que c’est plus facile qu’en France où c’est beaucoup plus cloisonné, il y a chez eux ce truc de « méritocratie » où l’on t’écoute.
Tu as donc travaillé avec eux ?
Non parce que j’habitais en France, je n’étais là que pour les vacances. Mais j’ai été « mentoré » par Bénédict Coulter qui m’a recommandé à une boîte française, « Sonia tout court » et durant trois ans j’y ai travaillé comme chef de projet. Je gérais la création de A à Z. Mais j’avais peu de flexibilité sur les choix des films. Du coup je me suis lancé en free lance depuis dix ans.
Ça n’était-il pas risqué?
Oui bien sûr, théoriquement mais j’ai eu cette chance que je n’ai jamais eu besoin de demander du travail, il est toujours venu à moi. Je refuse beaucoup plus de travail que ce que j’accepte. La chance a fait que le bouche à oreille a très vite fonctionné, j’ai eu de plus en plus de demandes. Aujourd’hui 50% des propositions !
Qui te choisit ?
C’est le distributeur à qui incombe la responsabilité du marketing du film et sa promotion et toute la communication du film.

Comment travailles-tu ?
Il faut connaître le film par cœur, le voir absolument et le regarder plusieurs fois. La première fois, je le regarde en spectateur pour recevoir les émotions puis je dissèque le film plan par plan, dialogue par dialogue, j’y reviens souvent dessus pour bien le connaître. Après ça, je travaille en toute liberté et le client vient me voir en toute connaissance de cause, aime avoir des propositions de ma part. J’ai besoin d’avoir cet échange en amont pour qu’il adhère à ma proposition. Le produit fini je le présente et, c’est rare, mais ça peut ne pas plaire et l’on voit les modifications à faire. Il y a des échanges pour que tout le monde soit content.
T’arrive-t-il de travailler sur des films Américains ?
Ça peut se faire lorsque le distributeur français n’aime pas la bande annonce américaine, lorsqu’elle ne s’adapte pas au marché français par exemple Chacun a sa version marketing par rapport à la culture.
Alors, tes courts métrages ?
Le dernier, « Baby sitting » remonte à une dizaine d’années mais il a été présentés dans beaucoup de festivals et a reçu une quinzaine de prix. J’ai décidé d’y revenir cette année. J’ai plusieurs projets dont un sur lequel je travaille en ce moment, qui se tournera entre la France, en Nouvelle Aquitaine et le Portugal, avec justement une grande actrice portugaise. J’ai encore trois autres projets, après il faudra que j’aille sur un long métrage. Du coup je vais ralentir  la bande annonce mais je n’arrêterai pas car c’est un métier qui me donne beaucoup de bonheur.
Ne vas-tu pas regretter de rater des films ?
Il y aura certainement des regrets comme j’en ai déjà eu. J’ai dû refuser des films parce que je ne pouvais pas tout faire mais ça ne m’empêche pas de dormir. Ça ne s’est pas fait parce que ça ne devait pas se faire.
Et en ce moment ?
Je travaille sur des bandes annonces pour le festival de Cannes qui approche à grands pas. Mais je ne peux pas en parler.
On peut parler de ces films que tu vas tourner ?
Celui que je vais tourner c’est court métrage… d’épouvante ! Ça se passe dans un hôtel de province en France. Ça met en scène une femme franco-portugaise émigrée d’une soixantaine d’années, jouée par Rita Blanco, grande actrice portugaise… On va lui faire passer une nuit cauchemardesque dans cet hôtel.
Tu reviens à tes premières amours !
Que veux-tu, on ne se refait pas !!! »

Propos recueillis par Jacques Brachet

Brigitte FOSSEY, toujours aussi rayonnante


Brigitte Fossey est arrivée sur le grand écran alors qu’elle avait 6 ans, jolie poupée aux yeux bleus sous une mousse de cheveux blonds C’était dans « Les jeux interdits » de René Clément.
Depuis, comme le chante Michèle Torr, elle a toujours les cheveux blonds et les yeux bleu horizon et elle n’arrête pas d’aller du théâtre au cinéma en passant par la télévision et les festivals… de musique !
En ce moment, elle se partage entre le théâtre de poche Montparnasse où elle nous raconte « La Fontaine en fables et en notes » accompagnées au piano par Danielle Laval et on  peut la voir depuis quelques semaines sur TF1 dans la série « Léo Mattei » où elle a fait son apparition dans le rôle de Claude, la mère de Léo, au bout de 50 ans de silence pour retrouver ce fils qu’elle avait abandonné.
Sans compter tous les projets  qu’elle a, riches, variés et nombreux.
C’est en 1967, au Festival du Jeune Cinéma d’Hyères que nous nous sommes rencontrés… et plus jamais quittés, de théâtres et tournages et surtout, tous les étés à Ramatuelle autour de notre ami commun Jean-Claude Brialy.

Avec Jean-Christophe Spinosi à Six-Fours
Avec Jean-Claude Brialy à Ramatuelle

« Brigitte, comment es-tu venue à ce rôle original ?
Tu sais, je fais souvent confiance à mon instinct ! D’abord, je dois t’avouer que, n’ayant pas le temps de regarder la télévision, je ne connaissais pas la série ! Lorsqu’on m’a proposé ce rôle de mère un peu farfelue auprès de Jean-Luc Reichman, j’ai dit oui tout de suite. Sans compter que ça se tournait à Marseille, ville que j’aime beaucoup. Souviens-toi, j’avais joué dans un téléfilm « Jusqu’au dernier » et j’avais trouvé un petit hôtel magnifique au bout du port. Pour « Léo », j’y suis retournée et tu te croirais en Grèce, c’est sauvage et très beau.
Alors, ce rôle ?
C’est une femme apparemment déjantée mais en fait, c’est un style qu’elle se donne. Elle a choisi sa vie, la liberté, elle a abandonné son fils, elle est très fantaisiste, vit en en colocation avec deux jeunes et pourtant, elle n’est pas si dingue que ça. Si elle est à Marseille c’est pour une raison… Mais tu le sauras dans les deux prochains épisodes !
Ça a été un tournage très gai, avec Jean-Luc, nous nous sommes beaucoup amusés. C’est un garçon adorable. Je me suis très bien entendu avec tout le monde dont la réalisatrice Nathalie Lecoultre qui m’a donné plein d’informations et de conseils.
Je me suis ainsi partagée entre Marseille où je tournais trois jours et Paris où je jouais au Petit Montparnasse. Ça a été un peu la folie et j’avais toujours peur de rater mon train et d’être en retard à Paris ! J’étais obsédée par les grèves !
Ma vie était 1/3 travail, 1/3 téléphone, 1/3 théâtre… Les trois T !

A Marseille dans la série « Léo Mattei »

Parlons donc de ce duo que tu formes avec la pianiste Danièle Laval au Petit Montparnasse
Je dis donc les fables de la Fontaine et Danièle m’accompagne au piano. Mais chaque musique choisie est en rapport avec la fable que je dis. Nous les avons choisies minutieusement, chaque musique étant en écho avec les mots. Par exemple, pour « Les animaux malades de la peste » qui est l’une des fables les plus dramatiques, nous avons choisi une fugue de Bach. Nous nous sommes beaucoup amusées à construire ce spectacle que nous jouons jusqu’au 25 mars. J’adore ce théâtre où j’ai débuté et m’y retrouver est très émouvant.
Passons donc au cinéma, avec « Mon héroïne » de Noémie Lefort…
C’est un film de femmes, les principales comédiennes étant Chloé Jouannet, Firmine Richard, Pascale Arbillot… Et deux hommes : Fred Testot et le chorégraphe Chris Marquès. C’est l’histoire d’une jeune femme qui rêve d’être réalisatrice et, n’y arrivant pas à Paris, part à New-York pour proposer son scénario à… Julia Roberts !
Et puis, je viens de tourner « Mon nom est Marianne » de Michaël Bond.
En 1944, Marianne est une résistante qui rencontre un enfant. Elle s’y attache mais il la trahira. Elle revient en 1989 pour retrouver le petit traitre d’alors. Elle l’a recherché toute sa vie  et 50 ans plus tard elle vient pour se venger. C’est un film très dramatique, très fort, très dur qui pose la question de la vengeance et du pardon.

Avec Danielle Laval,au théâtre Montparnasse
Avec Jean-Luc Reichman

Et c’est tout ??
(Rires) Pas tout à fait puisque je vais venir deux jours à Avignon, les 22 et 23 avril pour présenter un festival qui se déroulera durant dix jours, juste avant le Festival d’Avignon. Il s’intitulera « Parole sacrée, sacrées paroles ». J’en suis la marraine et il se pourrait que le parrain soit Robin Renucci. Ce qui serait drôle car il a dit « Le carnaval des animaux » de Saint-Saëns accompagné d’un quatuor et je vais le faire à mon tour. Avec Robin, nous aimons mêler le texte avec la musique.
J’ai d’ailleurs joué,  l’été dernier « Love letters » au théâtre de Nice avec Jean Sorel, puis j’ai lu des extraits de « Gatsby le magnifique » deF.Scott Fitzgerald sur une musique de Gershwin, à la villa et les jardins Ephrussi des Rothschild.
Ça te va ?? » Un grand éclat de rire clôt notre conversation car Brigitte est une femme heureuse et épanouie, toujours prête à de nouvelles aventures, que j’ai plaisir à partager avec elle.


Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier – Sébastien Toubon – Jean-Pierre Baltel

Fabienne THIBEAULT
La serveuse automate venue du grand froid


Fabienne Thibeault, malgré sa belle carrière franco-québécoise, reste et restera pour toujours la première serveuse automate travaillant à l’Underground Café de « Starmania ».
Et elle reste, depuis ce temps, mon amie, rencontrée juste après le succès de ce rock opéra qui a fait changer les mentalités du show biz français qui pensait qu’en France une comédie musicale ne marcherait jamais.
Ma rencontre avec Fabienne, donc, remonte quelques mois après « Starmania » alors qu’elle venait chanter à Chateauvallon.
Timide alors, derrière ses lunettes de vue et le visage mangé par de longs cheveux, tout de suite ça a collé entre nous et de ce jour, nous nous sommes souvent vus ou appelés, du Midem, ou elle présentait les contes musicaux « Martin de Touraine » écrits avec Jean-Pierre Debarbat, son compagnon d’alors, aux tournées « Age tendre », où elle rencontra son mari Christian Montagnac, alors régisseur de la Cie Créole, en passant par le théâtre, où elle vint jouer à Sanary  « Tout feu, tout femme » avec Pascale Petit et Claudine Coster, l’invitant sur « Stars en cuisine » la manifestation créée à St Raphaël par l’ami Gui Gedda, pour justement cuisiner avec moi, ce qu’elle ne fit pas car elle trouva plus sympa d’aller chanter avec Stone ou encore Julie Piétri que j’avais aussi invitées ! Elle y mit une ambiance de folie.
Je la retrouvai chez moi, à Vals les Bains, en Ardèche, où elle était invitée dans le jury de « Super Mamie » avec d’autres amis comme Alain Turban, Zize, Gilles Dreu…
Bref, avec Fabienne, c’est une longue amitié pleine de rires et d’un grain de folie car la timide Marie-Jeanne a depuis longtemps changé de look et de caractère !
« Starmania » a déjà près de 40 ans et reste une œuvre unique traduite et jouée dans le monde entier Et il y a eu pléthore de Marie-Jeanne. Mais Fabienne reste la première.
Et aujourd’hui elle nous raconte « son Starmania » (Ed Pigmalion) plein d’anecdotes, de souvenirs et nous replonge dans le monde de Monopolis avec délectation.

« Fabienne, qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’écrire ce livre ?
Il y a eu beaucoup de livres parus sur « Starmania » mais la plupart, écrits par des journalistes qui parlaient de notre aventure de l’extérieur, avec quelques interviews. Mais personne ne l’a écrite de l’intérieur, personne n’a vécu ce que nous avons vécu de l’intérieur, l’envers du décor, nos rapports entre artistes, danseurs, techniciens, toutes les anecdotes, les problèmes, les joies que nous avons vécus « Les uns avec les autres » !
Aujourd’hui, alors que nombre d’entre nous ont quittés, que d’autres, comme Diane Dufresne ou Nanette Workman sont reparties au Québec, j’ai eu envie de retrouver quelques compagnons et évoquer notre vie durant ces semaines qui n’ont pas toujours été faciles mais que nous avons vécu intensément. J’ai voulu témoigner.
L’aventure, je pense, a été exceptionnelle ?
Evidemment, d’autant que, pour moi, tout a démarré avec « Starmania », grâce à Michel  Berger et Luc Plamondon. Nous avons vécu une aventure unique où se mêlaient Français, Québécois, Américains. Nous nous côtoyons sans toujours parler la langue de l’autre. Nous avons vécu des moments de joie, de stress, de doutes, de colères, de fous-rires  dans une ambiance souvent électrique car nous n’avions alors pas la technologie d’aujourd’hui, certaines choses étaient compliquées. Le système débrouille était journalier, par moments on ne savait pas où on allait ni si l’on pourrait aller jusqu’au bout.


Donc ce rôle de Marie-Jeanne a été important pour toi !
Je lui dois tout. Rends-toi compte que je chantais quatre chans qui sont devenus des tubes et que l’on chante encore aujourd’hui : « Le monde est stone, « « Les uns contre les autres », « La complainte de la serveuse automate », « Un garçon pas comme les autres (Ziggy)
Dans ton livre, il y a un flou avec ta rencontre avec Luc…
On est d’accord sur la première rencontre : elle a eu lieu à Montréal lors du festival «  chantAoût » en 75. Luc était là et est venu me voir avec Gilles Talbot qui allait être le producteur de « Starmania ». Et alors je suis sûre qu’il m’a proposé d’être de l’aventure alors que lui affirme qu’il n’était pas encore sur le projet. Cela me paraît illogique car en 77 « Starmania était prêt ». Ça n’aurait pas pu se faire si vite s’il n’en avait pas déjà été question !
Par contre avec Michel, pas de flou !
Michel est venu à Montréal en plein hiver, nous nous sommes retrouvés chez Luc et il m’a joué au piano « Le monde est stone ». Je l’ai écoutée deux ou trois fois, je l’ai chantée et tout de suite il a dit que ça allait.
Comment cela s’est passé avec les deux acolytes ?
Sans problème. Quoique stressé, Luc était toujours charmant, nous sommes devenus très proches. D’ailleurs, après « Starmania », il m’a écrit d’autres chansons dont « Ma mère chantait » qui a été un gros succès au Québec. Michel, lui, était un garçon très organisé, toujours dans sa bulle, partout à la fois mais très agréable et pudique. Il était tout autant compétant musicalement et en tant qu’organisateur.

Avec Stone à « Stars en cuisine »
Avec Julie Piétri à « Stars en cuisine »

Et avec France Gall ?
Elle était très particulière, très dirigiste avec tout le monde, remettait tout en question on l’appelait « Le petit caporal »
Tu dis dans ton livre ne pas avoir pleuré lorsqu’elle a disparu…
On perdait une belle chanteuse, ses fans étaient éplorés mais ce n’était pas une amie proche, nous n’avons pas eu vraiment d’atomes crochus. Elle pouvait être drôle et charmante mais elle était imprévisible et voulait s’occuper de tout. Mais tu sais, dans une telle aventure, on ne peut pas être proche de tout le monde même si l’on s’entendait bien.
A part toi qui a été tout de suite Marie-Jeanne, on a cherché des artistes entre autres pour Stella Spotlight et pour Cristal.
Pour Stella, il a été question d’Anna Prucnal mais on lui a trouvé un accent trop polonais. Puis il y a eu Armande Altaï mais elle avait une personnalité trop marquée.  Et pourtant elle était surprenante dans « Les adieux d’un sex-symbol ». Pour Cristal, on a pensé à Sabrina Lory mais sa maison de disques a refusé car elle venait de faire un tube et son producteur a voulu continuer sur ce succès Puis ils ont pensé à Patsy Gallant. C’est alors que j’ai suggéré que Diane et France étaient tout indiquées pour ces rôles.

Avec Chritian Montagnac, son mari

Pourquoi, malgré le succès, vous n’avez joué que 33 jours exactement, pas de tournée, pas de « live » ?
Parce que le Palais des Congrès n’était libre qu’un mois et que le décor monumental ne pouvait entrer nulle part ailleurs. Aujourd’hui c’aurait été sans problème. Du coup on n’a pu jouer qu’un mois, impossible de transporter les décors de ville en ville, donc pas de tournée et, à l’époque, on n’enregistrait pas les spectacles comme aujourd’hui. Voilà le fin mot de l’histoire.
Si France Gall, Diane Dufresne et Nanette Workman ont fait faire leurs costumes par leur couturier, rien n’était prévu pour toi !
A trois jours de la première, la production s’est rendu compte que rien n’était prévu pour m’habiller. On m’a proposé un carton où je devais sortir les bras, un tablier de plastique sous lequel l’air s’engouffre et l’on ne voyait plus ma tête… En fait, on trouvera une robe et un tablier chez Laura Ashley… Mon costume a coûté beaucoup moins cher que pour les autres !
Il y a également le problème de la chanson « Les uns contre les autres » que personne ne voulait chanter…
Et que j’ai finalement proposé de chanter sans savoir que c’étaient les radios qui allaient la choisir en premier !

Age Tendre
Avec les Charlots sur « Age Tendre »

Que penses-tu de la nouvelle version qui se joue en ce moment ?
Donne-moi 16 millions d’Euros et je te fais un spectacle ! Ceci dit, le spectacle est très impressionnant par la technique, les lumières, les effets spéciaux… Trop peut-être. Quant aux chanteurs, même s’ils ont de très belles voix, ils font du karaoké. A la note près, ils font exactement ce que nous faisions, même ce que nous avions inventé autour des chansons. Du coup, ils n’impriment pas leurs personnalités comme avait pu le faire la sublime Maurane et d’autres interprètes. Je devrais demande des droits d’auteur !!!
En dehors de ce livre, Fabienne, que nous réserves-tu ?
Je me remets d’un quadruple pontage mais rassure-toi, tout va bien. J’ai été opérée à Clermont Ferrand. Aujourd’hui je prépare un album de chansons qui sortira le 1er mars. Ce sont des chansons que j’ai écrite et j’ai fait appel à des amis : Zize, Alain Turban, Richard Bonnot et quelques autres. Je prépare le spectacle musical avec ces chansons et je pense qu’il tournera en France… Histoire qu’on se retrouve quelque part sur la route ! »

« Tout feu, tout femme » avec entre autre Pascale Petit et Claudine Coster
Stars en cuisine… Moi je cuisine… Elle chante

Propos recueillis par Jacques Brachet

SHEILA… 60 ans d’amour


Sheila est un cas dans ce métier…
Elle est l’une des recordwomans de ventes de disques de ces artistes nés dans les années 60. Le public l’a adulée et l’adule toujours autant, même si la presse n’a pas toujours été sympa – c’est un euphémisme ! – avec elle.
A une époque et durant des années elle fut la reine des hit-parades, du petit écran sans jamais faire une tournée.
Elle en fit une seule à ses débuts, en compagnie des Surfs et de Frank Alamo et ne la termina pas.
Après quoi, il fallut attendre quelques décennies pour qu’enfin elle monte sur scène, toujours avec le même succès et avec des fans toujours fidèles. Elle prit ainsi goût à cette scène dont elle fut privée durant des années et alors que tout lui souriait, la voici qui arrête tout… pour mieux repartir quelques années après.
Allers-retours chaque fois surprenants, entrecoupés de quelques livres qu’elle a écrits et de moments de solitude pour se consacrer à la sculpture…
Je ne la rencontrai donc que très tard par rapport à tous les autres artistes qui, tous, passaient leur temps sur des tournées qui duraient des mois.

Ma vraie première rencontre donc, fut en 95 à la sortie de son livre  » Et si c’était vrai ?  » (Ed Ramsay) où, sous couvert d’un nom d’emprunt, Annette Choubignac, petite fille de Français moyens devenue idole des jeunes, elle réglait ses comptes avec le show biz et quelques personnages qui gravitaient autour d’elle…Chacun y reconnaîtra les siens !
“J’ai trouvé marrant – me confiait-elle – de raconter les dessous du show biz dans les années 60 et de romancer le tout plutôt que de faire la fameuse bio que tout le monde fait. Je voulais parler de cette folie ambiante, cette joie de vivre dont on n’avait pas toujours conscience, du fric que l’on brassait… ou que d’autres brassaient pour nous ! Nous avions 16/18 ans, on voulait chanter, on vous prenait en main, on signait des contrats débiles… Aujourd’hui, les jeunes ont évolué et leurs avocats ne sont jamais très loin
Quelles étaient tes relations avec les autres artistes ?
Johnny, Sylvie, Françoise m’intimidaient un peu cars ils étaient déjà des vedettes. Avec Claude François, on a démarré ensemble donc c’était plus facile. Et on s’est très vite trouvé sur un pied d’égalité. C’est vrai qu’avec Claude il y avait en plus de la tendresse et de la complicité. Il était fidèle et sincère. J’étais aussi très amie avec Dalida qui était une femme intelligente, simple, sentimentale et sensible. Ce qui nous rapprochait c’est qu’elle en avait, comme moi, pris plein la tête. Françoise a été près de moi lorsqu’il y a eu mon « affaire » du Zénith. Sylvie Vartan est aussi restée quelqu’un que j’aime infiniment. Elle est très loin, très souvent mais je crois que lorsqu’on se voit, on a chacune du plaisir à se retrouver. Le problème est que notre entourage essayait souvent de nous monter les unes contre les autres. On nous voulait concurrentes alors que nous, nous n’en avions rien à faire. La preuve : On se retrouvait toujours avec plaisir chez les Carpentier.

As-tu connu la solitude des artistes ?
La vie d’artiste et une chose que, même très entourés par les gens du métier, la presse, les fans, nous vivons seuls. Nous sommes très exposés car nous vivons une histoire d’amour avec des milliers de gens et lorsque les lumières s’éteignent (Claude François l’a très bien chanté) nous nous retrouvons seuls.
Être entouré ne veut pas dire être aimé. Mais la solitude croise tout le monde un jour… « 
Malgré cela à l’époque, elle venait d’avoir 50 ans, avait une pèche d’enfer, plein d’envie et m’avait envoyé en boutade :
«J’ai 50 ans derrière moi et encore 50 ans à vivre»…
Lorsque tu as décidé d’arrêter la scène, le public ne t’a-t-il pas manqué ?
Bien sûr, terriblement mais la décision de m’arrêter, je l’avais prise toute seule et en toute connaissance de cause. J’avais décidé de prendre du recul, de faire autre chose et c’est ce que j’ai fait puisque je me suis mise à la sculpture et à l’écriture.
Donc, si le public me manquait, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même ! Mais un jour ça a été plus fort que tout, il fallait que je revienne. Le manque était trop grand.
Et ce 28 septembre 1998 à l’Olympia ça a été des retrouvailles d’une force, d’une intensité inouïes… C’était au-delà de tout ce que j’avais pu rêver. Ce fut un grand moment d’amour et la tournée suivit, aussi intense. Tout ça restera l’un des plus grands moments de ma vie. En trente ans de carrière je n’avais jamais vécu ça…
Et je crois qu’il y avait trente ans que j’attendais ça !
Etais-tu inquiète ?
Pas vraiment car j’avais fait de la scène en 88 et je savais que le public serait là, comme il l’a toujours été. Mais je me disais que j’avais peut-être été imprudente de m’être arrêtée. Et je me rendais compte surtout que je m’étais privée de beaucoup de choses. Le public me manquait vraiment et c’est pour cela que je fais la fête avec lui tous les soirs ! La presse, les critiques, ça a été le bonus !
Des regrets ?
Non, pas vraiment puisque la décision venait de moi et de mon plein gré. De plus, j’ai également pris beaucoup de plaisir à sculpter et à écrire, même si c’étaient des plaisirs solitaires ! Mes livres se sont bien vendus, certains sont sortis à l’étranger et je suis très fière de cela».
Après avoir été tellement décriée, « la chanteuse populaire » chante à Ramatuelle et reçoit la légion d’honneur…Quel effet cela fait-il ?
Quelle fierté ! Quelle joie !
Être choisie par Jean-Claude Brialy pour passer sur cette scène mythique et faire partie des privilégiés qui pourront dire « J’y ai chanté », quel bonheur, quel honneur !…
Être décorée par Chirac, quelle reconnaissance ! On a beau se dire au départ qu’on s’en fout et que d’autres le méritent plus que toi, ça fait un drôle d’effet. Et surtout, après tant d’années, être enfin reconnue dans son pays, ça fait chaud au cœur.


C’est une belle revanche ?
Non, je ne prends pas ça pour une revanche. Je le prends tout simplement comme un grand bonheur.
Aujourd’hui, Sheila, c’est qui ?
Une personne qui a beaucoup d’amour à partager, à donner, à recevoir…
C’est une femme qui a une pêche d’enfer et énormément d’énergie…
Et de projets ! ! !
Qu’est-ce qui te gène encore aujourd’hui ?
Plus grand chose à vrai dire sinon, peut-être, certaines personnes qui continuent à me voir avec des couettes… Couettes que je n’ai gardées qu’une année même si aujourd’hui je ne les renie pas !
Quel est le secret de Sheila pour avoir une telle pêche ?
La plus belle machine qui existe, c’est le corps humain. Il faut savoir l’entretenir, avoir de la volonté, et l’énergie nécessaire pour l’entretenir, le faire travailler, pour qu’il réagisse à plein rendement. Il faut savoir souffrir, aimer avoir des courbatures.
La forme du corps est essentielle. Avec lui, le reste suit.
Penses-tu qu’aujourd’hui de jeunes chanteuses peuvent faire la carrière que tu as faite et que tu fais toujours ?
Pourquoi pas ? La chose essentielle est d’y croire très fort, d’avoir des dents qui rayent le parterre, une volonté de fer, une passion à toute épreuve car il faut vraiment y croire de l’intérieur et être vraiment persuadée qu’on est faite pour ça. On ne fait pas ce métier quand on ne sait pas trop quoi faire, qu’on veut tout simplement devenir célèbre ou qu’on veut « essayer ça »… Les producteurs et les maisons de disques vous considèrent avant tout comme un produit. Tous les salamalecs qu’ils font devant vous, ils le font tant que vous rapportez quelque chose. Mais ils partent aussi vite que ce qu’ils viennent. Il faut donc – et ça c’est essentiel – être entouré de gens sincères, qui croient en vous, qui ne vous lâcheront pas dès que ça va moins bien. Car nous, nous parlons musique et eux, ils parlent business. I
Il faut donc un bon entourage et avoir la foi.
Nombre de tes chansons sont  » relookées  » aujourd’hui !
Évidemment !
Je ne pourrais pas offrir aujourd’hui les chansons telles que je les chantais à l’époque ! « Les rois mages », je l’interprète en salsa, sinon, je ne pourrais plus la faire ! Les orchestrations ont été revisitées, les rythmes aussi et ce n’est pas pour rien que CloClo, Dalida ou moi faisons encore les beaux jours des boîtes de nuit. Ça marche toujours !

La remise en question, tu connais ?
Je crois que je l’ai prouvé ! Je fais le plus beau métier du monde, j’en vis et je n’ai pas le droit de m’asseoir en me disant, satisfaite : « Bon Dieu que tu es bonne ! ».
Mis à part ça, si j’existe encore après 60 ans de carrière, ce n’est pas anodin.
Après ça, je ne passe pas ma vie à regarder ce que j’ai fait et ce qui m’intéresse, c’est ce que je vais faire.
Tes espoirs, tes envies ?
Que certains me voient autrement… Sheila a évolué et j’aimerais qu’on me voie telle que je suis aujourd’hui et qu’on prenne cela en considération. Après ça, que veux-tu…. Je ne peux obliger personne à aimer Sheila et ceux qui m’aiment savent pourquoi. Et c’est pour eux que je continue.Je devais la retrouver sur les tournées «Age Tendre» mais là, fini la complicité. Pourquoi ? Je ne sais pas. Qu’elle ne me reconnaisse pas, je le conçois, elle en a vu des journalistes et je ne fais pas partie des intimes. Mais là, elle resta lointaine, froide, refusa plusieurs fois un entretien évoquant le manque de temps… et allant jouer aux cartes avec son équipe ! Pourtant, entre les deux spectacles, Dieu sait si les artistes avaient un quart d’heure à donner aux journalistes qui d’ailleurs n’étaient pas nombreux… Il fallut que j’insiste lourdement pour pouvoir faire une photo d’elle avec ses danseurs.
Mais bon, ce n’est pas grave. On se retrouvera peut-être un jour…

Jacques Brachet