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Yannick CLAEYMAN, l’homme qui dessine les arbres

Les arbres de Yannick Claeyman… Il faut les mériter !
Déjà, il faut sinuer sur les petites ruelles pavées du le petit village moyenâgeux ardéchois de Largentière. Belle ballade un peu accidentée mais tellement agréable !
Arrivés devant son atelier il faut grimper un escalier en colimaçon qui n’en finit pas.
Ouf, on y est et l’on est accueilli par  l’artiste, tout sourire, surmonté de petites lunettes rondes, qui respire la gentillesse, dans ce lieu de silence entre ombre et soleil et l’on entre dans sa forêt.
Une forêt d’arbres torturés, qui jettent audacieusement leurs branches vers le ciel  où qui se nouent autour du tronc pour donner des formes inattendues, fantastiques, presque irréelles, entre la forêt de Blanche Neige, d’Ardèche ou de Bretagne, mais des arbres inattendus pleins de force, de majesté, de poésie, qu’ils soient créés à l’encre de Chine, au stylo à bille, au crayon…
L’effet est saisissant, audacieux et original.
Elevé dans un monde de BD par son bijoutier de père, puis aux Beaux-Arts de Dunkerque, les arbres l’ont toujours fasciné au point d’en faire l’objet de toute sa passion.

« Yannick, pourquoi choisir Largentière, dans le pays ardéchois ?
Cela fait un an que j’y suis installé, d’abord parce que j’ai trouvé ce lieu car il est très difficile de trouver un logement dans ce coin d’Ardèche qui est près du Vallon Pont d’Arc, de Ruoms, lieux de plus en plus fréquentés. Et puis, ma compagne, docteur en pharmacie, qui travaillait sur Calais, a trouvé, il y a cinq ans, un poste à Vallon Pont d’Arc. C’est donc le hasard qui a fait que nous nous sommes retrouvés ici. Nous avions le choix entre Long le Saunier et Ruoms !
Les arbres, le dessin… Comment y êtes-vous venu ?
J’étais technicien de laboratoire mais j’ai pris un congé d’un an pour faire une formation d’ébéniste car j’ai toujours aimé le bois. Quant aux arbres, ça a démarré avec la rencontre d’une artiste qui dessinait pour le Guide Michelin et que j’ai suivie. Du coup, de la voir dessiner un arbre, que je trouvais magnifique, je me suis dit que c’était sympa et j’ai fait mon premier arbre à l’encre de Chine. Je l’avais exposé à la maison, des amis l’ont vu et m’ont tous fait une commande. De là on m’a proposé des expos et j’ai même fait un livre avec plusieurs artistes, sur les arbres remarquables.
Alors, ces arbres, comment naissent-ils ?
Je passe mon temps à les photographier, après je m’inspire des photos que j’ai réalisées, je dessine, j’arrange, je modifie selon mon imagination.

Vous travaillez donc dans le silence et la solitude…
Je n’habite pas ici puisque c’est mon atelier. J’arrive vers 8h30 et je peux rester sur ma table à dessin jusqu’à 19h. Mais je ne fais pas que dessiner, je suis également musicien, je suis batteur et je m’entraîne car je fais tout le temps de la musique, et je joue dans deux groupes ardéchois
Deux groupes en même temps ?
Lorsque j’étais dans le Nord, j’étais dans cinq groupes avec lesquels je tournais beaucoup. Mais bon, j’ai dû arrêter car il a fallu choisir entre deux passions. Il fallait bien vivre !
Mais je n’ai jamais arrêté et j’ai trouvé ces deux groupes, dont un qui n’est pas trop mal !
En dehors des arbres, vous dessinez d’autres choses ?
Rarement, des bâtiments comme le Parlement de Budapest que j’ai dessiné au stylo à bille.
Ce n’est pas commun le stylo à bille !
J’adore ! En fait, c’est aussi de l’encre, comme l’encre de Chine.
En fait, ce qui est intéressant avec le stylo à bille, c’est que le solvant, c’est de l’huile, ce qui donne un effet particulier. J’ai eu cette idée en découvrant les œuvres d’un aquarelliste flamand qui l’utilisait.
Vous travaillez ici entre ombre et soleil…
Oui, l’été, je suis obligé de fermer les volets car il y a à la fois trop de soleil et trop de chaleur… J’aime travailler dans la pénombre.
Ces arbres que vous photographiez, où les trouvez-vous ?
Un peu partout en balade, dans les environs et lorsque je voyage. Il y a des arbres magnifiques partout. J’ai adoré découvrir Brocéliande, en Bretagne, où je suis allé plusieurs fois et où il y a des arbres emblématiques. Il y a entre autre un arbre nommé le hêtre de Ponthus, plusieurs fois centenaire, l’arbre doré qui a été brûlé et dont on a repeint les restes en doré, l’arbre de Merlin… A chaque voyage je découvre des arbres.

Le Parlement de Budapest

Et vous ne dessinez jamais sur place ?
Non car je fais de la rando, sur des boucles de quatre/cinq heures et si je dois m’arrêter pour dessiner, c’est trop compliqué, trop long. Il m’est arrivé de dessiner sur place mais en fait ce n’est pas mon truc.
Noir, bleu… Jamais de couleur ?
Oui, cela m’arrive.
Et toujours des petits ou moyens formats ?
Quelquefois des plus grands. J’ai fait un dessin d’étude préparatoire de quatre mètres sur trois mètres.
Vous arrivez à faire beaucoup d’expos ?
Oui, on me sollicite souvent mais j’en refuse aussi pas mal. J’essaie d’aller dans des endroits où je sais que je pourrai vendre parce c’est quand même mon métier, mon activité principale ! Il faut que je gagne ma vie. Les déplacements ont un coût et j’évite les lieux où il n’y a pas de passage. Je prépare en ce moment un dossier de sélection pour Arles.
Ne vous êtes-vous pas essayé à d’autres techniques ?
Non, pas vraiment. A une époque, je faisais de l’aquarelle, j’ai fait quelques délires sur la montagne de Sainte-Victoire devenue un volcan !

Vos prochaines dates ?
Le 29 juin au Marché de l’Art de Barjac, le 6 juillet à Allègre les Fumades, du 10 au 16 juillet à Beaune, du 18 août au 4 septembre à Saint-Alban Auriol, les 6 et août à Thueyts pour le Blue Art…
Pour quelqu’un qui a ralenti, ce n’est pas mal !
(Il rit) Par rapport à ce que je faisais avant, j’ai vraiment ralenti ! Il me faut du temps pour travailler et les déplacements coûtent cher… Même si, avec ma compagne, on a aménagé un van très confortable ! »
Ainsi va l’artiste, d’arbre en arbre, d’encre à stylo, de forêts en atelier, dans un monde végétal qu’il transcende par son imagination et sa passion.

Auprès de ses arbres, il vit heureux. Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta


Frédérik HAMEL… Retour aux sources

C’est un bel ardéchois au sourire lumineux sous un beau regard bleu.
Il est comédien et ce franco-hollandais de naissance a pris des chemins de traverse, faisant ses études dans sa région avant de s’expatrier aux Etats-Unis, pour mieux revenir « plein d’usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge »… ou peut-être pas !
Aujourd’hui il vit à Aubenas où l’on ne pouvait pas ne pas se rencontrer, étant tous deux ardéchois, et s’il continue son boulot de comédien, il anime un atelier-théâtre à Lanas et vogue entre ses métiers d’artiste.
Nous nous retrouvons donc sur le marché d’Aubenas, où il a ses habitudes et son marchand de pain entre autres. Nous l’avons découvert dans la série « Demain nous appartient », où il joue un homme au passé trouble venu rechercher ses enfants et son ex-femme, Louise qui l’a fui.
Sombre et barbu, il est le contraire de ce premier rôle qu’on lui a proposé en France.
C’est dans l’intimité du café de France qu’il me raconte une vie pour le moins originale.

« Frédérik, expliquez-moi comment un franco-néerlandais vivant en Ardèche, se retrouve aux Etats-Unis pour mieux revenir au fin fond de l’Ardèche ?
Je suis né en Ardèche, à Aubenas où nous sommes. J’y suis resté jusqu’à mes 18 ans, donc je suis « Un Ardéchois cœur fidèle » comme vous ! En fait, je dis que je suis franco-hollando-ardéchois, ayant vécu vingt-deux ans aux Etats-Unis !
Explication !
Mes parents sont hollandais, ils sont venus en France fin des années 70. Quand mon père avait 18 ans, il est parti faire une année d’échange saux Etats-Unis. Il y est retourné faire des études supérieures dans une grande université américaine et à part l’Ardèche, mon enfance a été bercée par ce rêve américain qu’il nous racontait en faisant briller mes yeux. Il racontait bien les histoires, mon père !
A 18 ans, je faisais un bac scientifique à Aubenas en, pensant me lancer dans la médecine…
On est loin du comédien !
 (Il rit) C’est vrai et à ma dernière année de lycée, je ne sais plus trop comment, j’ai eu envie de m’essayer au théâtre. J’imaginais pouvoir aller à Paris pour faire à la fois ma première année de médecine et du théâtre en même temps, ce qui était une idée saugrenue. J’avais même appelé l’Académie pour savoir s’il était possible de faire les deux à Paris. L’on m’a répondu qu’étant en Ardèche, c’était soit Montpellier, soit Grenoble… Et je me suis dit que, puisque c’était comme ça, j’allais faire comme mon père, une année d’échanges au Etats-Unis. Je me suis inscrit dans une université en Californie, en option principale biologie, en option secondaire théâtre et au bout d’un mois j’ai su que je serais acteur !
Et alors ?
L’université où j’étais était à une heure au nord de Los Angeles, à partir de là j’ai vécu l’aventure hollywoodienne sans faire marche arrière. J’ai obtenu deux diplômes de théâtre, un master de théâtre, équivalent d’un bac + 6. J’ai déménagé à l’université de Los Angeles.
Et ça a duré…
17 ans à Los Angeles, En tout 22 ans aux Etats-Unis !

Gary Lanon et son ex-femme, Louise…
… Avec son fils, Justin

Et alors, pourquoi le retour en France ?
C’était juste avant le premier confinement, je suis revenu en France et j’ai eu un problème pour renouveler mon visa. Je me suis alors retrouvé coincé en France pendant trois/quatre mois. Du coup, j’ai eu envie d’aller à Paris pour voir ce qu’était la vie d’acteur. J’ai commencé à démarcher quelques agences. J’avais obtenu quelques touches et lorsque j’ai eu mon visa, je suis reparti aux Etats-Unis avec quand même l’idée de revenir en France. L’Ardèche me manquait tous les jours, ma famille me manquait. Mon vol était le 4 mars et le 7 mars les frontières fermaient pour le premier confinement.
Comment avez-vous pu vous en sortir ?
Plutôt bien car pour vivre je faisais de la livraison de bouche, les gens ne pouvant plus sortir. J’avais donc beaucoup de travail, c’était extrêmement rémunérateur et en plus, dans cette ville fantôme de Los Angeles c’était d’une poésie incroyable. J’ai vécu une expérience assez remarquable durant un mois et demi et j’ai gagné beaucoup d’argent. A la fin du confinement, je suis revenu en France.
Comment s’est fait ce retour ?
J’ai démarché les agences et l’une d’elles m’a pris dans son équipe et assez rapidement je me suis retrouvé sur la série « Demain nous appartient ». Après ce tournage je suis revenu m’installer en Ardèche.
Et après ?
Il ne s’est pas passé grand-chose. Mais comme souvent, dans ce métier, il faut se réinventer
Mais faire ce métier en s’installant en Ardèche, ça n’est-il pas risqué ?
D’abord il y a eu le second confinement et nombre de corps de métiers de Paris ont voulu aller vers la campagne, entre autre beaucoup d’acteurs. L’idée de m’installer en Ardèche n’était pas si folle car aujourd’hui les castings se font beaucoup par vidéo, ce qui ne m’empêche donc pas de passer des castings. Le plus délicat est que, arrivant des Etats-Unis, je manquais de réseaux en France et la difficulté était de rencontrer des gens avec qui partager des affinités artistiques. Mais… Je suis bien en Ardèche ! Ça me fait du bien.
Et voilà que vous prenez un autre chemin !
En 2024 j’ai mis en scène une pièce à Avignon « Noir est une couleur qui a besoin de lumière ». Et puis, j’ai lancé un cours de théâtre. On va essayer de monter une pièce avec certains des élèves. La mise en scène est quelque chose que j’aime énormément. Je pense qu’il est tout à fait possible de monter une pièce qualitative avec peu de moyens.

Revenons aux Etats-Unis où vous aviez une carrière ?
Sans être très connu, j’avais mon réseau, je m’étais fait une place qui me permettait de faire mon job  mais sans vraiment percer car le métier est difficile.
Mais vous avez quand même été nommé pour les Oscars !
Oui… Avec un dessin animé sud-coréen « Blanche Neige, les souliers rouges et les sept nains »! J’y jouais un petit prince français en anglais, avec un accent français et le film a été pré-nominé aux Oscars
C’est grâce à mon agent de voix off qui m’a toujours obtenu de très bons jobs. Grâce à lui j’ai aussi fait une voix off pour un jeu vidéo « Medal of honor », avec des budgets faramineux. Mais ce n’est pas parce qu’on travaille sur des projets d’envergure, qu’on a pignon sur rue.
J’ai tourné également dans « Mes meilleures amies » de Paul Feig. Qui a été un des plus gros cartons de ces vingt dernières années aux Etats-Unis… Et a fait un flop en France ! Je jouais un serveur français.
Après « Demain nous appartient » n’y a-t-il pas eu de retombées ?
Oui, il y a eu quelques castings mais qui ne m’intéressaient pas vraiment. Les rôles, il faut les ressentir et avec mon agent, nous n’avons jamais eu cette alchimie. J’en cherche un autre, d’ailleurs !
Du coup, j’ai un agent à Londres, un autre à Los Angeles mais pas en France.
Par contre, je viens de faire mon premier job sur un long métrage (sans agent !), le film s’intitule « Les gendarmes », avec Arnaud Ducret, Fred Testot, Alice David, Julien Arruti,  basé sur la BD éponyme.
Par ailleurs, la télé semble être un circuit dans lequel, je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas entré. Mais en fait, ai-je vraiment envie d’y entrer ? Etre dans une quotidienne, c’est un rythme de travail où on ne peut pas donner le meilleur de soi-même. Je préfère faire du théâtre. Alors, je me pose la question : est-ce que je me bats pour entrer dans ce circuit ou est-ce que je me concentre sur le théâtre ? Même si je gagne moins bien ma vie, au moins je serai épanoui. Et surtout, dans quel circuit vais-je être accueilli ?
Mais en fait je ne sais pas si j’ai envie qu’on vienne me chercher.

Tournage au Pont de l’Arc
La grotte Chauvet

Pour travailler, il faut bien qu’on vienne vous chercher !
Mais je continue à frapper aux portes et si l’on monte ici une pièce, j’aimerais aller la jouer à Paris. Mais est-ce que c’est possible avec des acteurs « du coin ». Je ne sais pas mais c’est le but que je me donne et j’essaie de donner tout ce que j’ai à ces amateurs et voir où ça va nous mener.
Alors, l’Ardèche, c’est définitif ?
Non, c’est une étape qui me permet de faire cette transition de retour en France, qui permet de me ressourcer, humainement, en tant que cadre de vie, de faire ce pas vers la mise en scène, car je viens du théâtre, même si j’aime le cinéma, la télé mais, chaque fois que je vais moins bien, je reviens au théâtre et je ne me soucie pas de savoir qui je dois fréquenter pour « réussir »
Le star system ne vous intéresse pas ?
Il y a longtemps que j’ai abandonné cette idée. J’ai bossé avec des stars, je les ai côtoyées, j’ai encore les étoiles dans les yeux mais ce sont des étoiles d’épanouissement, pas d’envie.
En attendant, que faites-vous en Ardèche ?
Je retape une maison !
Mais je viens quand même de tourner un film avec un ami d’enfance que j’ai retrouvé : Laurent Krief. C’est un docu-fiction sur la grotte Chauvet « Préhistoires » qui sera présenté au FID de Marseille qui se déroule du 8 au 3 juillet. Les deux petits ardéchois que nous sommes avons réalisé quelque chose de magnifique et c’est la chose dont je suis le plus fie et le plus heureux d’avoir refait du kayak dans les gorges.
Mais théâtre, télé, cinéma, il faut que ça prenne ! Et ça peut prendre en restant là ?
Pourquoi pas ? Ici, la semaine dernière, j’ai passé un casting pour le prochain film de Martin Scorsese ! Si j’ai le rôle, je vais tourner en Italie. Vous voyez ! Pourquoi les portes me seraient fermées parce que je vis en Ardèche ? Je suis en train de vivre un retour aux sources qui est la chose la plus importante pour moi ». Propos recueillis par Jacques Brachet

Sur le pont d’Aubenas où à côté de son bras droit, l’école où il a étudié, et dans le feuillage,
à droite, la maison de ses parents cachée par les arbres

Nicole CROISILLE :
La plus belle voix de France s’est éteinte

Johnny… Johnny… Johnny !
Le stade Mayol de Toulon et bondé.
Et ce n’est pas pour assister à un match mais pour applaudir l’idole des jeunes. Oui mais voilà, il y a une première partie et la chanteuse qui doit passer à la casserole n’en mène pas large dans les coulisses. Elle est dans ses petits souliers car l’animateur vient juste de l’annoncer et, depuis qu’on a dit son nom, les fans de Jojo n’ont pas mis longtemps à scander son nom à lui, chose qu’ils font depuis une heure.
Alors, la chanteuse de la première partie, celle qu’on a l’habitude d’appeler la vedette « américaine », est un peu sur les nerfs. D’autant que ce jour-là, tout s’est mal passé : des problèmes de voiture qui l’avaient faite arriver en retard sur les lieux du concert et l’avaient empêchée de répéter. Dès son arrivée, elle était empêtrée avec un problème de contrat et elle n’avait vraiment pas la tête à ça. Enfin, au moment de passer sur scène, voilà que la foule, venue uniquement pour Johnny et se fichant pas mal de quelque première partie que ce soit, scande le nom de celui qu’ils attentent.
Tout est donc au top !
Préparée en catastrophe elle est prête à entrer dans l’arène au moment où les cris redoublent.
Johnny… Johnny… Johnny…
Elle est là, en bas de la scène, morte de trac, à bout de nerfs. Elle respire, ferme les yeux, se raidit et crie, avant de se jeter dans la fosse aux lions : « Les salauds… Je les aurai !. Et la voilà qui se précipite sur scène, toute de noir vêtue, mue par un ressort, sous les cris de cette foule qui n’est pas – ou si peu ! – pour elle. Première chanson : « Les ronds dans l’eau ». C’est une chanson qui, en plus, démarre lentement, qui est sublime mais qu’elle entonne sous les cris. Je la regarde, je tremble pour elle et je me dis qu’elle court à la catastrophe. Mais peu à peu, la chanson démarrée tout en demi-teinte, s’accélère, monte avec cette voix unique qui tout à coup éclate comme un orage et qu’elle va terminer sur un tempo à couper le souffle – sauf le sien ! – et avec une puissance de voix qui, tout à coup, cloue le public sur place. Le souffle, c’est à eux qu’il commence à manquer et il y a tour à tour un effet de surprise, d’ébahissement, de curiosité et enfin d’admiration et de respect. Jamais public toulonnais n’a eu l’occasion d’entendre une telle voix, française de surcroît ! Du coup, ils arrêtent leur chahut pour découvrir une authentique artiste qui, en quelques chansons, leur prouvera son talent, en chantant du rock comme leur idole, mâtiné bluesy et jazzy, en se mouvant sur scène avec un rythme et une grâce uniques.
En une demi-heure, elle a retourné une salle hurlante qui est subjuguée et heureuse et lui fait une ovation. A tel point que Johnny, curieux et surpris, vient jeter un œil. Il dira en riant : « Ça va être dur de passer après elle ! »
En fait, c’est la première fois que je rencontre cette artiste. Je l’avoue, j’étais aussi venu pour Johnny et je suis totalement subjugué. Je succombe à une admiration qui ne se démentira jamais. Je viens de rencontrer Nicole Croisille !

Première rencontre à Toulon
Un show magnifique et unique avec Jean-Pierre Cassel
Vladimir Cosma & Nicole, mes invités de la Ciotat

Après ce grand coup de poing dans le ventre, je m’empresse à l’entracte, d’aller la saluer, la féliciter et lui demander un moment d’entretien. Elle est KO même si elle est heureuse d’avoir gagné ce rude combat. Elle a besoin de se remettre et je le conçois. Mais comme elle dort à Toulon, elle me donne rendez-vous le lendemain midi à l’hôtel… Et m’invite à déjeuner avec elle au bord de la piscine !
Elle me reçoit en toute simplicité, en maillot de bain. Toute fraîche et remise de ses émotions de la veille. Le soleil brille, on fait des photos dans la piscine et l’on se met à table. Je lui dis toute l’admiration et tous les sentiments qu’elle a provoqués en moi. Elle en est heureuse et rit, de ce beau rire clair que j’apprendrai à connaître car de ce jour, nous ne nous quitterons plus. Je deviendrai son fan et son ami et nous continuerons à nous retrouves pendant des décennies avec le même plaisir et évoquerons souvent, cette première rencontre, cette galère qu’elle a transformée en triomphe :
« La plus belle trouille de ma carrière ! J’avais le trac comme jamais je ne l’ai plus eu de ma vie, même avec Claude François avec qui la même chose s’est à peu près passée. Mais le public de Claude était plus jeune, plus malléable que les purs et durs de Johnny ! Ce soir-là, je ne savais plus si je devais monter sur scène ou m’enfuir à toutes jambes. Mais ma réputation était en jeu et je ne pouvais pas reculer. Je ne l’aurais d’ailleurs pas accepté si on me l’avait proposé car je suis quand même une battante et j’aime arriver à convaincre quand je sens de la réticence. Mais là, c’était plus que de la réticence, c’était un rejet total. Donc ça te galvanise et tu te dis qu’il n’y a qu’une solution : gagner et penser très fort : « je les aurai ». Et je crois que ce soir-là je les ai eu au-dessus de toute espérance ! »

Concert à Aix-en-Provence
Au festival de Cannes émission de Drucker avec l’ami Brialy
La Ciotat avec Xavier Deluc


Le temps allait souder une belle amitié et toujours, pour ma part, une grande admiration pour cette artiste multiple, cette femme énergique et belle, au caractère bien trempé, qui appelle un chat un chat – ce qui n’a pas l’heur de plaire à tout le monde mais qui me plaît bien ! – et qui est toujours là où on ne l’attend pas. Car elle est unique dans notre panorama artistique. Et je ne dis pas « musical » car, pour elle, c’est réducteur dans la mesure où elle sait chanter, danser, mimer, jouer… Elle a suivi des voies originales et tout à fait atypiques, a fait du jazz quand le rock débarquait, du mime quand tout le monde parlait, dansé dans les ballets de Plashaert au lieu de ne se consacrer qu’à la chanson, chantant en anglais quand tout le monde traduisait les chansons anglo-saxonnes en français, (-Ca a bien changé !) donnant de la voix à une époque où les chanteuses n’en avaient plus… Bref, elle savait tout faire mais voilà : elle habitait en France et la France alors n’était pas l’Amérique où là-bas, savoir tout faire est un atout. A l’époque, et même encore quelquefois aujourd’hui, il faut cataloguer, étiqueter, mettre des noms et des qualifications sur des petites boites. C’est pour cela qu’on a eu du mal à imposer les comédies musicales en France car il fallait savoir tout faire. Et savoir tout faire, en France, durant longtemps, ça voulait dire s’éparpiller, ne rien faire à fond, survoler des disciplines…
Même si elle a fait de belles choses dans les années 60, elle avait déjà dépassé les 16/18 ans pour que, à l’instar d’Isabelle Aubret, de Dalida, de Pétula Clark, elle intéresse «Salut les copains». Même si, en 66 il y avait eu le fameux «Da ba da ba da». Même si en 68 il y avait eu «I’ll never leave you» consacré au MIDEM sous le nom de Tuesday Jackson. Même si, en 69 elle a gagné le prix d’interprétation au festival de la Rose d’Or d’Antibes avec «Quand nous n’aurons que la tendresse»
Pourtant, tout ce qu’a fait Nicole, elle ne l’a jamais fait en survolant. Elle y est toujours allée à fond. Elle a, il faut le dire, des dons pour tout. La danse où, très vite remarquée par son sens du rythme et ses dons exceptionnels, elle est engagée dans une troupe américaine. Elle jouera même, comme elle le dit en riant « avec des plumes au cul » ! Donnant de la voix, elle excelle tout autant dans les demi-teintes et sait faire « monter la sauce » comme personne.

« Femme » est une chanson que personne, à part peut-être Céline Dion, pourrait arriver à chanter aussi haut qu’elle ! En plus, elle a la voix pour chanter du jazz. Une voix de noire qui d’ailleurs, par un subterfuge, lui donnera l’un de ses plus grands succès. Je vais y revenir.
Nous sommes dans les années 60 et la chanteuse existe déjà… dans l’ombre. Car avant d’exploser, elle fut, pour gagner sa vie, choriste d’autres chanteurs qui naissaient alors et allaient surfer sur la vague dite «yéyé». : Claude François (Le Nabout twiste, son premier disque sous le nom de Coco). On y trouve aussi la voix d’Hugues Aufray ! Frank Alamo (Biche ma biche), Pierre Perret, Pierre Vassiliu, Claude Bolling dont elle fut l’une des quatre «Parisiennes» pour le disque seulement. Elle fut aussi des tournées avec Jacques Brel et… Johnny Hallyday débutant. Un premier album en 63 passé inaperçu, un autre de jazz puis le fameux «Da ba da ba da » où l’on ne connaissait alors que sa voix qui fit le tour du monde avec cette chanson du film «Un homme, une femme»
A l’époque, elle était très déçue de ne pouvoir monter une comédie musicale en France alors qu’en Angleterre et aux Etats-Unis, ça cartonnait
« En France , à cette époque, la comédie musicale est un problème insurmontable, insoluble. C’est presque devenu un sujet tabou. D’abord, les idées manquent, ça c’est un fait, ensuite, peu d’artistes peuvent donner tout ce qu’on attend d’un spectacle. Les comédiens ne savent pas chanter, les chanteurs ne savent pas danser, les danseurs ne savent pas jouer… Il y en a, si l’on cherche bien mais il faut chercher longtemps ! Et puis, si tu es cataloguée dans une discipline, il faut te battre pour en changer.
Regarde Marie Laforêt, qui s’est battue pour pouvoir faire accepter qu’elle savait « aussi » chanter ! Mais une fois passée sur scène, on ne lui proposait plus rien au cinéma ! On ne s’en sort pas ! Moi, on me propose encore moins car on ne sait pas où me ranger ! J’ai d’abord été cataloguée comme chanteuse de jazz, puis j’ai fait la doublure de  Zizi Jeanmaire, dans « La dame de chez Maxim’s » de Feydeau (Toujours dans l’ombre car en fait je ne l’ai jamais doublée… Elle avait la santé !). Du jour au lendemain on s’est dit : « Mais alors, elle est comédienne ! ». Cela a été renforcé par le fait que j’entrais à la Comédie française… comme danseuse ! Avec Annie Girardot. De ce jour, je ne pouvais plus me permettre de chanter. J’ai tenu bon et suis revenue à la chanson, par le biais d’une supercherie. J’en ai même effaré plus d’un quand on a su que j’avais fait du mime avec Marcel Marceau ! »


A tel point que, malgré son « Da ba da ba da » et son « I never leave you » (Voir plus loin), elle a mis un certain temps pour s’imposer vraiment. Son premier disque date de 61. «Femme avec toi» de… 75 !
Et tout à coup la révélation et deux tubes énormes : « Parlez-moi de lui » et « Femme avec toi ».« Eh oui, le hasard est ainsi fait : lorsque j’ai enregistré « Parlez-moi de lui », je l’ai fait comme à chaque fois que j’ai enregistré : avec conviction et parce que la chanson me plaisait. On espère toujours qu’on fera un succès mais là, on n’est pas maître du jeu. Et ça a marché. Pourquoi ? Dieu seul le sait. La chanson a plu, c’était dans l’air du temps, c’était le bon moment… Du jour au lendemain, je suis devenue une vendeuse de disque que tout le monde s’arrachait : les tourneurs, la presse, la télé. Je n’avais pas changé mais j’étais devenue populaire. On m’a couverte de lauriers, d’honneurs, de compliments et… d’amitié aussi car tout à coup tout le monde me disait qu’on avait toujours cru en moi… Mais bon, tout cela fait partie du jeu. Ça ne m’a ni aigrie, ni étonnée. J’ai pris tout ça avec humour, fatalité et surtout avec joie, lucidité et recul, en étant consciente que tout ça retomberait vite. Je commençais à connaître ce métier et ça ne me tombait pas dessus à 18 ans. Avec mes deux premiers succès, j’étais considérée comme une chanteuse « à coups ». Du jour au lendemain j’ai été considérée comme une chanteuse « à tubes »… Jusqu’à ce que ça passe ! »

C’est vrai que Nicole est toujours restée lucide, consciente de son potentiel, de ses talents mais sachant que ça ne suffit pas pour rester toujours au premier plan, le métier étant cruel, le public versatile même s’il reste toujours des poignées d’inconditionnels. De plus, elle n’a jamais fonctionné en pensant à sa carrière mais sur des coups de cœur, des envies. La preuve : tous les disques à thème qu’elle a pu enregistrer sans se poser de questions mais tout simplement par envie. Tour à tour elle a joué la carte des « coups de cœur » magnifique disque où elle chante Brel, Aznavour, Ferré, Nougaro et quelques autres, puis ce fut ce superbe « Paris-Québec », reprise de chansons de nos amis francophones. Puis « Jazzille » où elle a donné le meilleur d’elle-même dans un style qui lui va comme un gant, Puis elle est passée aux musiques de films… Elle en a tellement chanté, entre autres pour Lelouch. N’oublions pas ce disque « Black et blanche» aux couleurs africaines si magnifique que le même Lelouch a produit et lui a fait un superbe clip… Elle a également rendu hommage à son ami Nougaro avant de revenir au jazz.
Nicole n’a jamais vécu dans le stress d’un succès aléatoire. Elle vit simplement son métier à fond, avec passion. Ce qui, souvent a fait vaciller  sa carrière… et ses finances !
On la retrouve ainsi avec un spectacle musical sur Victor Hugo Hugo, une pièce de théâtre, reprenant un rôle de Maillan, un film de Lelouch, une télé, un disque particulier, un concert piano-voix. Sa carrière est faite comme ça, toujours avec talent et qualité et même si ça n’est pas toujours un super succès, c’est toujours une magnifique réussite.
Le film de son grand ami Lelouch « Un homme, une femme » a été un énorme succès. La fameuse chanson « Da ba da ba da » a fait le tour du monde mais on a mis longtemps à savoir qui la chantait.
Quant à l’aventure des « Jeunes loups », film de Marcel Carné, l’histoire est belle et drôle. Elle avait une folle envie d’enregistrer la chanson générique mais on l’a refusée sous prétexte que la production cherchait une voix noire américaine.
Elle a donc enregistré le titre sous le nom de Tuesday Jackson et les producteurs n’y ont vu que du feu ! Le pot aux roses a été découvert au MIDEM car la chanson avait superbement marché et l’on remettait un prix à Tuesday Jackson… et c’est Nicole qui est arrivée, chanteuse on ne peut plus blanche, blonde et française ! Sans cela, elle aurait pu rester dans l’ombre. Mais elle l’aurait quand même fait !
Quand on pense qu’après l’énorme succès de « Parlez-moi de lui » qui lui ouvrait alors toutes les portes, elle est partie sur une aventure sans lendemain qui aurait pu arrêter sa carrière. Souvenez-vous : Elle est Numéro 1 partout et au lieu d’en profiter, elle se lance dans une comédie musicale, ce qui, à l’époque, était voué d’avance à l’échec. En plus de ça, pour corser le tout, elle se retrouve dans ce projet intitulé « Comme une neige en hiver » auprès d’artistes dont on n’entend plus parler : Catherine Sauvage, qui a remplacé Régine, Mouloudji. Ce fut un bide dont elle faillit ne pas se relever. Heureusement, on en a parlé si peu que rien n’a empêché le second énorme succès d’arriver. C’était « Femme avec toi ». Lucide, elle savait qu’elle risquait sa carrière, mais elle croyait au projet et avait envie de le faire. Et rien ne l’en aurait empêchée !

Encore un exemple de cette passion et de ce coup de cœur. Une chose que très peu de gens ont vue et que j’ai la chance d’avoir vécu : monter pour un soir, à l’occasion d’un gala privé pour le centenaire de l’Ecole de Commerce de Marseille, un spectacle musical avec Jean-Pierre Cassel, tous deux au mieux de leur forme. Un enchantement de les voir évoluer, légers, gracieux, élégants, étourdissants, de faire des claquettes et d’unir leurs voix… Pour le plaisir d’un soir car personne après ça n’a eu le courage de reprendre ce spectacle qui méritait d’être montré au plus large public possible. C’était merveilleux de les voir tous deux se renvoyer la balle avec une belle énergie, sur la même longueur d’onde. Du beau travail. Pour un soir seulement.
Je suis heureux d’avoir été témoin de ce moment magique où virevoltaient nos Ginger Rogers-Fred Astaire français !
La mode étant aujourd’hui aux comédies musicales, personne encore n’a pensé à elle… Bizarre, non ? Sans compter qu’à part « Starmania », les sujets n’ont rien d’original, d’ « Ali Baba » aux « Dix commandements » en passant par « Notre-Dame de Paris », « Autant en emporte le vent », « Le petit Prince », « Cindy », « Roméo et Juliette », « Les demoiselles de Rochefort »… N’y aurait-il plus d’auteurs et d’idées nouvelles pour monter une vraie comédie musicale originale
Bref, le sujet original aujourd’hui n’est pas de mise mais peut-être est-ce pour cela qu’on ne l’y voit pas. Mais on l’a vue dans un très joli spectacle musical autour de la vie de Victor Hugo, « Ce lion superbe et généreux » monté par Marie-Sylvia Manuel, fille de Robert Manuel et Claudine Coster où elle montrait, une fois de plus, ses talents de comédienne et de chanteuse auprès d’Anne Roumanoff, de Bernard Lavalette, de Claudine Coster et de Patrick Préjean. On l’a tout de même vue aussi dans une très belle reprise de « Hello Dolly » en anglais qui, hélas, n’est pas restée longtemps à l’affiche. Il ne reste en souvenir qu’un joli petit disque.
Mais aujourd’hui, si elle ne fait toujours que ce qu’elle aime, elle a quelque peu ralenti pour pouvoir se reposer, vivre pour elle, découvrir des pays. Elle a instauré le système des tournées-vacances où, partant pour plusieurs concerts dans un pays, elle les échelonne pour, entre temps, avoir le temps de visiter le pays en question.
« J’ai passé des années à ne connaître des villes ou des pays que je parcourais, que les salles et les loges, les restaurants et les hôtels.
Aujourd’hui je prends le temps de visiter, de musarder, d’étirer le temps, de connaître les lieux et leurs habitants ».
Elle y retrouve souvent des amis, car elle en a un peu partout, au music-hall, dans le show-biz, même dans des cirques qu’elle aime beaucoup.
« C’est au cirque que tu rencontres les gens les plus humbles qui font souvent d’énormes prouesses. C’est un monde qui travaille pour la plupart du temps avec peu de moyens mais qui vit sur l’illusion, la féerie, la performance qui paraît si simple à voir. Ce sont de vrais saltimbanques qui te donnent la banane. Et l’on en a besoin dans cette époque où la merde s’installe partout ! Nous autres artistes, nous devrions planer dans l’inconscience pour voler, créer, imaginer, faire rêver. Il faut arriver à occulter tous les problèmes pour faire passer notre plaisir au public. Ça devient dur aujourd’hui ! Pourtant le public compte sur nous. Ça n’a l’air de rien mais une chanson peut aider à vivre si elle est chargée d’espoir, de gaieté. Ce n’est pas pour rien si aujourd’hui, les comiques tiennent le haut du pavé et sont si nombreux ».
Sensation, émotion, échange, partage…
Ce sont les maîtres-mots, les mots-clés de la vie de Nicole.

Hugo, Nicole & Anne Roumanoff
Eddy Barclay remet une rose d’or d’honneur à Antibes
Avec Aldo Frank, son musicien de toujours

Je vous le disais : elle sait tout faire !
Voici quelques années, elle est encore arrivée à nous surprendre en jouant une femme des plus moches, des plus rouées, des plus méchantes, des plus calculatrices dans la saga qui a fait un boum sur TF1 : « Dolmen ». Elle y était époustouflante ! Elle était d’ailleurs venue présenter la série en avant-première, avec mon ami Xavier Deluc, au festival de la Ciotat où je l’avais invitée.
Et puis elle est passée à un hommage sublimissime à l’ami Nougaro…
En sept ans, elle joué quatre comédies musicales : «Follies» en 2013, «Cabaret» en 2014, «Irma la douce» en 2015, «L’Opéra de quat’sous» en 2016, et a enchainé sur trois pièces de théâtre : «Jeanne» en 2017, «Hard» en 2018, «N’écoutez pas mesdames» de Guitry en 2019 ! A 88 ans, elle n’aurait pas fini de nous surprendre si ce n’est la maladie qui l’a surprise. Je perle encore d’elle au présent car c’est une artiste qui a beaucoup compté pour moi. Et je suis fier d’avoir été son ami et de l’avoir toujours suivie, à quelque endroit qu’elle ait été et pour quelque projet que ce soit.
Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai toujous

Jacques Brachet

La Ciota
Sanary
Follies à l’Opéra de Toulon

Nicolas LOTH, l’homme qui kiffe la vague

Nicolas Loth est un homme discret, sympathique, qui ne « se la pète pas » parce qu’il est surfeur. Il est tout simplement passionné par ce sport, après avoir été un champion cycliste et être un chroniqueur sportif, ce qui le faisait déjà rêver tout petit. « Surfeur-chroniqueur », c’est original et c’est ce qu’il dit être.
Il vient de tourner son premier documentaire sur ce sport de glisse, « Demain, ça rentre ? » qu’il a réalisé, produit et distribué. Et il était l’invité du Six N’Etoiles » de Six-Fours, accompagné de deux charmantes jeunes filles : Mallorie et Mélina, qui ont assuré la présentation du réalisateur et le débat après le film.
Toutes deux font partie de l’association « Unis-Cité » dont le but est de donner aux jeunes envie de pouvoir agir, de les rapprocher du monde de l’entreprise, de leur faire vivre une expérience collective et solidaire en étant accompagnés et formés pour apprendre à agir en équipe. Ce qu’elles font dans le domaine du cinéma en allant dans les écoles et de temps en temps venant au cinéma pour animer des soirées.
Rencontre amicale entre les deux animatrices et le réalisateur.
Et rencontre avec moi pour en apprendre plus de ce surfeur-chroniqueur !

« Nicolas, vous êtes à la fois journaliste et surfeur. Qu’est-ce qui est arrivé en premier ?
Le journalisme. Par ailleurs, je viens du monde de la glisse ; étant plus jeune, je faisais du skate, donc j’avais déjà quelque chose avec les sports de glisse. Par contre, j’ai fait du vélo à haut niveau. Après ma petite carrière de cycliste, j’ai commencé à m’intéresser aux sports de la glisse.
Et le journalisme ?
Je suis plutôt commentateur sportif et j’ai commencé en faisant des chroniques sur le vélo pour une chaîne de télévision…
Laquelle ?
La chaîne de « L’Equipe ». Au début j’étais pigiste aux sports. J’avais envoyé des CV, on m’a pris et j’ai dû me familiariser avec le micro t me retrouver sur des courses de vélo par chez moi en tant qu’animateur. Et puis… J’ai dû enfoncer des portes pour commenter à la télévision. Je suis resté aux sports quelques années parce qu’il y avait une opportunité.
Et le journalisme a toujours été une passion ?
Je préfère dire : le commentaire. Ce qui me plaisait, c’était de parler dans un micro et cette envie est arrivée assez tôt dans ma vie, vers cinq/six ans. Sans doute un besoin de m’exprimer ! Je n’étais peut-être pas très sûr de moi au début.
Vous êtes varois ?
D’adoption, car je suis né à Paris mais j’ai grandi à Saint-Raphaël et aujourd’hui j’habite à Lamartre, un petit village varois

Où pratiquez-vous le surf ?
J’ai commencé à le pratiquer – je le pratique toujours – à Antibes, car mes beaux-parents y habitent. Mon beau-frère, que vous voyez faire du paddle dans le film, habite lui aussi à Antibes. Mais je me déplace sur de nombreux spots où il y a de la houle…
Vous suivez les vagues ?
(Il rit) Exactement. Il y a aussi un spot à Saint-Aygulf. Ca dépend de l’entrée de houle !
Dans le film, vous comparez la Méditerranée à l’Atlantique…
Oui, car il y a effectivement des différences. Tout est différent. En fait pour moi, ce n’est pas le même sport, ce n’est pas la même pratique. Il n’y a pas le même rapport au temps. On vient beaucoup plus fréquemment sur l’Atlantique, car il y a souvent de plus grosses vagues qui peuvent atteindre jusqu’à six mètres. Chez nous c’est un hymne à la patience, à l’attente et c’est cette singularité que j’ai voulu filmer car c’est très rare en Méditerranée, même si parfois il y a de grosses houles. C’est aussi beaucoup moins dangereux.
Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a pas cet effet de marée, il n’y a pas non plus ce qu’on appelle ces fameuses baïnes, ces courants qui vous emmènent vers le large. Ce sont en fait deux façons différentes de surfer.
Et vous préférez surfer chez vous ?
Oui, même si j’aimerais que ce soit un peu plus fréquent. Il y a aussi le fait que j’ai grandi sur les bords de la Méditerranée, cette mer qui est très parlante pour moi. L’Atlantique, c’est magnifique, j’y vais assez souvent mais ce n’est pas pareil. Ici, je me sens chez moi.
Mais j’ai vécu dans l’Atlantique des cessions incroyables.
Pourquoi ce film ? Est-il le premier ?
J’en ai fait plusieurs sur le monde du vélo. J’ai créé une association qui s’appelle « La Bordure » parce que j’avais beaucoup de mal avec les documentaires qui étaient faits sur le fait que c’était très manichéen. Il y avait d’un ôté les bons, de l’autre, les méchants. Et moi, je m’intéressais beaucoup aux méchants, ceux qui s’étaient faits prendre pour dopage, qui avaient des histoires singulières. Mais comme je sentais que ces histoires étaient difficiles à présenter en télé, on a créé cette association avec un ami journaliste.

Comment les présentez-vous s’ils ne passent pas à la télé ?
Sous forme de soirées-débats, de rencontres où l’on veut bien nous recevoir. Comme ce soir au Six N’Etoiles. C’est pour nous un modèle économique. Nous sommes nos propres producteurs, nos propres distributeurs. Aujourd’hui j’aimerais que ça prenne une autre forme. Je commence un peu à m’épuiser de toute cette énergie que ça implique.
Donc c’est le premier film sur le surf ?
Oui et c’est le plus personnel parce que là, je parle vraiment de mon addiction, mon rapport au surf par le prisme de ces quatre personnages et c’est vraiment moi… Qui est venu parler de moi !
Ce qui m’a surpris, c’est qu’il y a beaucoup d’interviewes et de portraits pour peu d’images du surf…
Ce qui m’intéressait, c’était la psychologie des personnages, ce qu’ils cherchaient dans ce sport. Je voulais emmener les gens avec moi en leur montrant cette attente de la houle, comment on peut être aussi addict, aussi frustré parfois lorsque la vague ne vient pas mais aussi si « jouasse » lorsqu’elle est là, aussi gamin… C’est tout cela que je voulais montrer à travers ces quatre personnages.
Cette addiction peut poser des problèmes avec la famille, l’entourage… La femme attend souvent à la maison…
(Il rit) Bien sûr mais il se trouve que ma femme surfe aussi, ce qui est encore plus difficile car si elle m’attendait à la maison, il est fort probable qu’on se serait plus ensemble ! Mais comme le dit Yann, dans le film, il faut pouvoir et savoir dompter son égoïsme. C’est un vrai travail d’introspection pour moi. Comment est-on ou veut-on être avec son entourage ?
Est-ce qu’on veut laisser sa femme, ses enfants ? Mais quelquefois, on a vraiment envie d’être un gros égoïste car les belles cessions sont tellement rares qu’on a envie d’y aller. C’est le petit garçon qui parle, qui dit « laissez-moi faire ce que je veux ».

Vous avez des enfants ?
Oui et du coup c’est quelquefois compliqué de les faire garder ! Aller à l’eau ensemble n’est pas si facile.
Quel âge ont-ils ?
Ma fille a deux ans, mon fils sept ans et demi.
Et ils aiment le surf ?
Ma fille est encore trop petite. J’ai emmené mon fils sur une planche mais il n’est pas très téméraire. Il est assez craintif pour l’instant mais je ne le bouscule pas. Il est plutôt dans la création, le dessin. Il a beaucoup moins le besoin de se dépenser que moi.
De « kiffer » comme vous aimez dire ?
Comme le disent les jeunes ! Mais j’ai 38 ans et je le dis !
Les quatre personnes que vous avez filmées sont des copains ?
Ce sont des amis, vraiment. Dont mon beau-frère. Ce sont eux qui m’ont initié au surf en Méditerranée, qui m’ont accueilli, montré comment faire, qui m’ont vraiment fait découvrir la sensation de la vague.
A propos : quelle est la signification du titre du film ? »
C’est sous-entendu : « Est-ce qu’il y a des vagues ? », « Est-ce que la houle rentre ? »
Vous êtes en tournée ?
Si l’on veut. J’ai quelques dates à Cassis, à Marseille, à la Ciotat puis je vais aller présenter le film en Bretagne. J’ai quelques dates.
Vous faites des compétitions ?
Non. Je fais juste ça par plaisir, pour me challenger, pour être meilleur. Mais ça reste avant tout un plaisir ».

Propos recueillis par Jacques Brachet

John GADE… « Je suis un éternel romantique » !

Il a tout du romantique : cheveux longs et frisés, regard sombre, tout de noir vêtu.
John Gade est cannois, il est pianiste, violoniste et à 27 ans, il a déjà une longue série de prix, de festivals, de concerts. Il vient de publier son premier album « Opium » (Scala Music) consacré à 8 sonates pour piano d’Alexandre Scriabine. Une petite merveille de douceur et d’exubérance, d’énergie et de mystère. J’avoue que ne connaissant pas ses œuvres, j’aurais pu penser à Chopin, par sa fougue et son romantisme qui va très bien à notre pianiste virtuose
J’ai voulu en savoir plus sur artiste talentueux.

« John, d’où vient ce nom qui, malgré votre naissance, ne fait pas très « cannois » ?
 (Il rit) Effectivement, il est américain pour le prénom et hébreux pour le nom.
D’où vous vient cet amour de la musique ?
Mes parents étaient mélomanes et j’écoutais beaucoup de musique grâce à eux. Mais j’ai eu le coup de foudre pour le Requiem de Mozart  à en devenir schizophrène. A tel point que je jouais à être Mozart !
Du coup je suis entré au conservatoire de Nice où, je me suis partagé entre violon et piano durant trois ans et où j’ai eu le prix. J’ai fait mes études de piano au Conservatoire National Supérieur de Paris où j’ai eu mon master J’ai commencé très vite à composer pour un trio avec piano à cordes. D’ailleurs lorsque je compose je suis synesthésique…
C’est-à-dire ?
Pour moi, chaque note, chaque instrument porte une couleur. La musique de Scriabine est pour moi quelque chose d’obsessionnel et de très coloré. Elle me fait voir beaucoup de couleurs car c’est pour moi elle est mystique, poétique, addictive, explosive… Narcotique et hypnotique ! D’où le titre de l’album « Opium » consacré à 4 sonates des plus emblématiques sous le label Scala Music. C’est vraiment une musique qui me transporte.
La découvrir a été un énorme choc, ça a nourri mon imaginaire. Ces sonates, cela commence en douceur, très romantique, comme un rêve contemplatif et peu à peu ça va crescendo, de plus en plus vite,  à la huitième ça devient très cosmique, c’est même diabolique !

Ce qui est fou, c’est que votre premier prix, vous l’avez remporté au concours international… Scriabine !
Oui, j’étais très jeune, et j’avais découvert le compositeur vers 18/20 ans. De ce jour j’ai alors délaissé les autres compositeurs que je jouais.  Il a cette âme russe romantique dans laquelle je me reconnais.
Vous avez eu de beaux professeurs au conservatoire national de Paris et vous avez déjà joué avec les grands.
Oui, j’ai eu la chance d’avoir Bruno Rigutto, Misha Katz, Igor Lazko, Denis Pascal, Franck Braley. Et j’ai joué sous la direction de Philippe Bender et Jean-Jacques Kantorov…
Vous êtes aussi allé jouer à Rome et au festival de musique de film. En avez-vous composé ?
Alors, j’ai joué au Palais Farnèse de Rome où j’ai été invité par l’Ambassadeur d’Italie. Puis en Sacile pour un festival de pianos prestigieux. C’était à la Grande Fabrique Fazioli où j’ai rencontré son créateur Paolo Fazioli qui m’a dit qu’il n’avait  jamais entendu un aussi bon pianiste depuis Trifonov. J’ai tes ses pianos devant lui pour en choisir un lors d’un concert. Quant au festival du film en question il s’est déroulé à Lambersart. C’est un festival de musiques de films muets et j’ai joué sur « A film Johnny » de Charlie Chaplin devant son petit-fils
Une belle rencontre.
Oui mais j’ai aussi rencontré le petit-fils de Rachmaninov…
Racontez
Etant cannois je suis allé au festival de Cannes, invité par un producteur qui devait faire un film sur ce compositeur. Il était accompagné du petit-fils de Rachmaninov et il m’avait proposé de jouer le compositeur jeune aux côtés d’Adrian Brody qui devait jouer le compositeur adulte. Le film ne s’est jamais fait mais j’ai eu le plaisir de rencontrer son petit-fils. D’ailleurs, je serai le 25 mai à la Scala de Paris pour « Opium » et un concerto de Rachmaninov sur le thème de Paganini, quoique tous deux de la même époque mais de tempéraments très différents.
Ce sera une version inédite pour piano et percussions avec Pierre-Olivier Schmitt.

Vous avez été invité dans nombre de festivals. Et obtenu de nombreux prix…
Oui, j’ai cette chance et je suis ambassadeur de la Fondation Banque Populaire. Et j’ai été invité dans de nombreux festivals.
Mon prochain concert sera le jeudi 3 avril à la Scala Provence d’Avignon. J’y interprèterai des extraits d »Opium » « La pensée des morts » de Liszt, la sonate N°5 de Scriabine et « Alborada del gracioso » de Ravel.
Des projets ?
Oui, mon second album « Mémento » dédié à Schubert avec David Moreau, toujours chez Scala Music John gade déjà un immense pianiste… Peut-être le verrons-nous un jour au festival « La Vague Classique » de Six-Fours ?
Jacques Brachet

Jean-Pierre SAVELLI… Et Peter redevient Jean-Pierre

Il s’appelait Jean-Pierre Savelli, Puis il s’est appelé Peter et le voici redevenu Savelli.
De l’eau a coulé sur les ponts depuis que ce jeune toulonnais est parti conquérir Paris et a rencontré un certain Michel Legrand qui a décidé de le produire.
Michel Legrand avec qui il a gardé jusqu’au bout des liens d’amitié et avec qui il a travaillé tout au long de sa vie, épisodiquement.
Après avoir eu une vie on ne peut plus remplie, le voici, depuis quelques années, revenu plein d’usages et raison dans sa ville natale. Mais ne croyez pas qu’il y soit revenu prendre sa retraite car il n’a jamais autant travaillé, entre spectacles divers, CD tout aussi divers et même un livre qui sortira à la fin du mois.
Il y a presque soixante ans qu’on se connaît, qu’on a sillonné la France en tournées et galas et maintenant qu’il s’est posé chez nous, il était temps qu’on prolonge cette amitié par un portrait d’un artiste à la carrière incroyable.
On aurait dû le retrouver au Théâtre Galli de Sanary ce 26 janvier mais un problème de nodules sur les cordes vocales a dû repousser le concert-hommage à Michel Legrand qu’il nous proposait. Ce n’est que partie remise et si pour l’instant il ne peut plus chanter, il peut à nouveau parler… On en profite !

Avec Eddy Barclay,
Rose d’Or d’Antibes
Avec Nicoletta & Patrick Juvet
au MIDEM
Avec Sloane… Envie de rien, besoin de toi
Avec Michel Hidalgo…
Les rois du sport !
Avec Michel Orso,
deux toulonnais en vadrouille
France-Italie : Avec Bobby Solo

« J’avais trois semaines de répétitions avec les musiciens, du coup, tout est remis en question.
Mais ce n’est que repoussé ?
Oui, j’espère pouvoir jouer avant la fin de la saison.
En attendant, on peut parler d’une activité débordante,
Oui, il y a un coffret de trois CD qui retrace tout ce que j’ai pu faire. Il est sorti chez Marianne Melody grâce à Mathieu Moulin qui a fait des recherches et qui a dû surtout jongler avec les maisons de disques sur lesquelles j’ai enregistré pour avoir les droits. C’est un travail de Titan car il a dû se battre avec certaines et fouiner pour retrouver certains enregistrements que les maisons de disques ne voulaient pas donner au départ. Il m’a même retrouvé des versions italiennes, espagnoles, japonaises et des chansons chez Barclay qui n’étaient jamais sorties. Et puis il a même sorti un album de 18 chansons de mon père, Carlo Cotti.
Comment est née cette idée ?
C’est une idée de Mathieu que j’ai rencontré il y a deux ans sur un concert de chansons françaises des années  60 à 80 auquel je participais et il m’a proposé ce projet auquel évidemment j’ai tout de suite adhéré et à la fin c’est un bel objet qui retrace toute ma carrière.
A côté de ça, tu travailles comme un fou, même depuis que tu as définitivement quitté Paris depuis quelques années !
Je suis revenu définitivement à Toulon en juillet 2017. J’ai ma maison de productions Minuit 10, je fais pas mal de concerts, un peu partout, en solo avec différents spectacles que j’ai montés, il y a aussi, les spectacles que fait ma femme, Sandry, sur les comédies musicales, les spectacles Cabaret, auxquels je collabore, le dernier étant étant « Les décennies » un spectacle qui commence des années 1950 jusqu’aux années 2000,  avec des chanteurs, des danseurs, des musiciens, un transformiste, des sosies… Quatorze personnes sur scène. On fera une tournée cet été. On a monté ensemble les ateliers de comédies musicales pour les enfants, les ados, les adultes, Sandry a monté des cours de zumba et un nouveau cours « Ladies Style », des femmes qui viennent danser en talons et qui a un succès incroyable.
Les cours se font pour certains à la Valette, d’autres à Solliès-Pont. Et le samedi, lorsqu’on n’est pas en concert, on est en studio, où on fait travailler nos élèves avec du vrai matériel, où ils découvrent leurs voix.

Tournée « Âge Tendre » avec Sloane et Jean-Jacques Lafon

Avec tout ça un CD de seize chansons et un spectacle-hommage à Michel Legrand.
Michel, comme tu le sais, a été au départ de ma carrière dans les années 70, c’est lui qui m’a écrit et produit deux disques : « Peau d’Âne » et « Un goût de soleil, de pomme et de miel ».
L’an dernier je suis contacté par le réalisateur David Herzog-Dessites qui me propose de participer à son film-hommage avec une petite interview  et une chanson de Michel que je chante. Il a choisi « Il était une fois l’espace ». Il me dit «  s’il y a quelqu’un de crédible pour chanter Legrand, c’est toi ». Pourquoi pas ? Du coup j’ai monté un spectacle autour de chansons de Michel, celle que j’ai chantées, d’autres que j’aime, j’ai pris des musiciens du conservatoire de Toulon, une choriste et j’ai enregistré 14 chansons dont « Un parfum de fin du monde »  du film de Lelouch « Les uns et les autres », « Mon amour sans concession, sans mensonges » que m’avait écrit Michel pour le festival de Tokyo, les musiques des « Demoiselles de Rochefort, « Les parapluies de Cherbourg » et des succès comme « Les moulins de mon cœur », « L’été 42 », « La valse des lilas » et quelques autres. De nombreuses dates commencent à arriver.
Pourquoi n’a-t-il pas continué à te produire ?
D’abord parce que je suis parti 16 mois au service militaire et lorsque je suis revenu, il commençait à travailler aux Etats-Unis. Comme sa maison de production était un petit label, il a arrêté. Mais nous avons toujours gardé le contact et il a souvent fait appel à moi.
Il avait sorti cinq 45 tours de moi quand même. Il m’a recommandé chez Barclay et mon premier disque « Ciel » a gagné la Rose d’Or !
Mais beaucoup, soit ne connaissent pas Michel Legrand soit ne savent pas que c’est moi qui ai chanté certaines de ses chansons. On me dit alors : « Ah, c’était vous ? ». Je l’ai tellement entendu que ça failli être le titre de mon livre. Finalement on a choisi « Regarde, le jour se lève » car c’est plus sur cette intro de « Besoin de rien, envie de toi » qu’on me connaît.

Alors, justement, ce livre…
… Il sortira le 15 mars, distribution sur Amazon ; j’y parle de ma vie, de Toulon, du stade Mayol, des sportifs avec qui j’ai joué comme Ginola, Olmetta… Bref, je parle de toutes les aventures que j’ai vécu tout au long de ces nombreuses années, mes rencontres avec Michel, ma belle aventure avec Claude-Michel Schonberg avec qui j’ai fait la comédie musicale « La révolution française », Barclay et la Rose d’Or d’Antibes que j’ai gagnée avec « Ciel », les tournées Renzulli où nous nous sommes rencontrés, toutes mes rencontres qui ont semé ma carrière, ma famille bien sûr et mon père Carlo Cotti qui était chanteur.
Il y a donc eu aussi « La Révolution Française »
Un jour en 73, je terminais une tournée avec Serge Lama, Claude-Michel Schonberg et Alain Boublil me contactent, me proposant de faire un casting. Ils cherchaient des voix pour la comédie musicale orchestrée par Jean-Claude Petit. Ils m’ont joué au piano « Charles Gauthier », « Les droits de l’Homme », j’ai fait ma voix… Ils m’ont choisi et on a enregistré le double album. C’est un magnifique souvenir et c’est dommage que ça n’ait pas pris autant que « Les misérables » du même Schonberg, car il y a de merveilleuses chansons. Et puis on retrouvait Bashung, Chamfort, les Martin Circus, les Charlots, Antoine, Daniel Balavoine, Jean-François Michaël, Jean Schulteis, Claude-Michel Schonberg… Il y avait du beau monde dans cette aventure !
Après ça, il y a eu la série des mangas !
Figure-toi que je suis dans un bureau de la maison d’édition Intersong qui me fait signer un contrat d’édition, il produisait Noam, qui avait alors 13 ans, m’invite dans son bureau où tu croisais alors Patrick Bruel pas encore connu, Alain Prescurvic qui allait travailler avec lui, Renaud entre autres. Il m’appelle pour me faire enregistrer la suite de « Goldorak » dont le premier avait été chanté par Noam. C’était la version japonaise… Une catastrophe. Je refuse. Du coup il va chercher Pascal Auriat pour refaire les titres avec Pierre Delanoé. Là, ça prend tout de suite une autre tournure et j’accepte pour les deux et trois. Mais ma productrice, Carla, refuse que je les chante. Du coup, je le ferai quand même sous le pseudonyme des Goldies.

Pourquoi ce nom ?
Tout simplement parce que je vais boire un café en bas des bureaux et qu’il y a une bijouterie qui s’appelle Goldies. Voilà… J’avais trouvé le nom ! Après on a quand même su que c’était moi qui chantait. On a vendu 1 million 800.000 45 tours !
Tu viens aussi de ressortie un CD des dessins animés !
J’ai repris tous les génériques que j’avais enregistrés et des reprises d’autres mangas. Je suis invité dans tous les salons mangas et j’en vends à chaque fois des centaines !
Il y a quatre/cinq ans, jérémy Cerrone, le fils de Marc me dit qu’il veut produire un spectacle sur Goldorak et me demande venir chanter mes génériques. Il a rempli le grand Rex. 2500 personnes l’après-midi, 2000 le soir ! Il a récidivé avec le même succès. Les gens viennent avec les costumes de Goldorak et ils achètent tous l’album !
Bon, difficile de ne pas parler de Peter et Sloane !
Déjà, lorsque le 45 tour sort vous êtes tous les deux de dos !

Toujours pareil : Carla ne veut pas entendre parler de ça, du coup, on le fait quand même en se servant du pseudonyme : Peter pour Pierre et Slow, sur un titre que j’avais écrit et Anne.
Il y a alors eu l’avènement de Canal + et la création du Top 50 où nous avons été les premiers durant quatorze semaines, puis troisièmes et encore premiers durant neuf semaines.
Aujourd’hui on donne un disque d’or pour 50.000 ventes, nous c’était un million et platine deux millions ! Ce sont des scores qui ne se font plus sauf chez les stars américaines. Du coup, après déjà 3.000 45 tours, la prod a tourné la pochette !

Et ça a duré combien de temps ?
Le disque est sorti en 84, tournée en 85 avec Michel Leeb on a fait un album de six titres mais ça n’a rien donné. En 2011 On a fait la tournée « Âge Tendre » puis « Stars 80 », accompagnée par les deux films. Mais j’avais envie de reprendre mon nom et de redevenir soliste. Je n’étais pas heureux, on ne se parlait plus et se retrouver à deux, main dans la main, j’en ai eu marre et j’ai repris ma liberté. C’était en 2016. Terminé.
Depuis, avec ma femme on est revenu ici, on fait plein de choses, on est très heureux dans notre vie.
Travailler sous le ciel bleu, que demander de mieux ? »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon & Jacques Brachet

En famille !

André NEYTON nous a quittés

La famille Comédia

1921. Au commencement était une grange achetée par Joseph Rosa. Et le Comédia, premier cinéma de Toulon naît.
Mais après sept ans de réflexion, M Rosa revend sa grange qui va passer dans plusieurs mains.
En 1943, en pleine guerre, une bombe le transforme en grand trou béant.
Mais il renaîtra de ses cendres en 1950.
En 1984, à l’ombre de Jacques Tati, il se dote de deux salles, trois cents places, un bar.
Et arrive André Neyton en 1991. Enseignant, fou de théâtre et de langue occitane il a beaucoup bourlingué, a créé deux chapiteaux dont l’un s’est envolé, a squatté au théâtre de la porte d’Italie qui n’était alors qu’un dépotoir, il a subi de nombreuses pressions, des revers de fortune des suspensions de  subventions,  des problèmes avec différents maires, dont un maire qui ne connaissait pas la culture, Maurice Arrecks, puis l’arrivée du FN…
Une grande épopée avant qu’il ne pose ses valises à ce qui deviendra l’Espace Comédia. il y créera une salle de théâtre, une salle de répétition, un atelier occitan, des pièces, monté une troupe, le Centre Dramatique Occitan et nombre d’artistes de la région vont  y naître et s’y produire, de Miquèu Montanaro à Miquela e lei Chapacans, en passant par Philippe Chuyen, Yves Borrini et Maryse Courbet, Trompette et Bourguignon,  et tant d’autres. Mais pas que…
Car André est ouvert à toutes les formes de spectacles, à tous les genres et c’est ainsi que nombre de troupes de Méditerranée viendront y jouer, des chanteurs, des danseurs, des musiciens,  et des artistes nationaux comme Rufus, Anne Sylvestre, Romain Bouteille, les frères Belmondo, l’auteur et réalisateur Paul Vecchiali (qui est né au Mourillon) qui est venu y créer une pièce… Chez lui, Molière et Brecht se sont superbement entendus. Il y a joué Jean Siccardi, un toulonnais, Obaldia, Neruda, René Char, Robert Laffont. Il a créé une pièce autour de Gaspard de Besse et de l’affaire Dominici et encore Maurin des Maures de Jean Aicard.
On l’a traité de fou, d’utopiste… Mais il fallait l’être pour que le vaisseau vogue sur les rives de la Méditerranée.

Il faut savoir que, jusqu’à l’arrivée des frères Berling et du Liberté, Toulon ne possédait pas de théâtre hormis celui de la Porte d’Italie et le Comédia. Oui, il y avait l’Opéra avec pour seules pièces de théâtre celles du Boulevard parisien.
Grâce à des gens comme Robert Laffont qui l’a beaucoup aidé et qui a produit pour France 3 en 85 «La révolte des cascavèus» qu’il a écrit et tourné avec la troupe d’André,  Jack Lang, qui a beaucoup aidé les théâtres en région, les langues vivantes et la langue occitane entre autres, à Jean-Louis Barrault qui a créé le Théâtre des Nations à la Sorbonne et où André et sa troupe y ont joué pour la première fois en professionnels.
Toujours avec cette force de persuasion, cette volonté de défendre les théâtres, les cultures, les langues, les libertés, il a monté de grandioses spectacles hors les murs à l’instar du Puy du Fou créant en pleine nature des épopées magnifiques dont tout le public se souvient encore : «Le siège de Mons», «Maurin des Maures», «Gaspard de Besse».
A noter qu’André pourrait  apparaître dans un jeu de sept familles : Vous demandez le père et André aparaissait, la mère , Josyane, sa femme, comédienne, Michel le fils, technicien, éclairagiste, Sophie, la fille, comédienne, Isabelle, femme de Michel, costumière, Xavier-Adrien Laurent, dit Xal, comédien qui fut le beau-fils et reste un membre de la famille… La famille Comédia s’est toujours portée bien !!!
Voilà donc plus de 30 ans qu’André, comédien, auteur, metteur en scène, directeur de théâtre nous faisait rêver, nous faisait réfléchir et nous présentait des spectacles que nous nous n’aurions pu voir nulle part ailleurs dans la région. Qu’il invitait des artistes, des compagnies  venant de Grèce, d’Italie, d’Algérie, d’Espagne… de tous les pays bordés par la Méditerranée…
Ca méritait un bel anniversaire et surtout ce film très émouvant, « Le Comédia, un théâtre dans la ville »  à la fois joyeux et nostalgique et qui nous rappellent tant de beaux souvenirs de spectacles et d’événements, film que nous ont offert XAL et son complice Hervé Lavigne. Travail de recherche incroyable, témoignages d’artistes, de journalistes, de personnes ayant des liens très forts avec ce théâtre et cet homme magnifique qu’était André Neyton qui se battait corps et âme pour la culture, la nôtre, celle des autres, qui n’a jamais baissé les bras dans la tourmente qui a jusqu’au bout continué à mener les combats dont celui de taille : la vente du lieu par le propriétaire des murs pour des raisons familiales pour le vendre à un promoteur.
Comment empêcher une telle hérésie ? Détruire un tel lieu pour un simple profit de promoteurs est impensable.

André… Tu nous manques déjà
Jacques Brachet

Christophe LICATA… DALS 14ème !… Et un livre

Il a un sourire irrésistible, un regard brillant et lumineux et son accent… Ah son accent rempli du soleil ciotadin, qui chante aussi bien qu’il danse. C’est un rayon de soleil… C’est le roi soleil.
De qui s’agit-il ? De Christophe Licata qu’on a découvert comme prof de l’émission « Danse avec les stars » et dont le public est tombé amoureux… Même si les 13 saisons l’ont vu s’approcher de la première place sans jamais l’atteindre. Mais, comme Poulidor, il a pris le cœur des français qui en ont fait leur préféré.
C’est vrai que son charisme fait que, lorsqu’on le voit, on ne peut que s’attacher à lui et il y a longtemps que j’avais envie de le rencontrer. Mais le véto de TF1 avait été formel. Et j’ai dû attendre qu’il sorte son livre de souvenirs « Révélation(s), 13 saisons et après ? » (Ed Leduc) pour qu’une adorable attaché de presse dise oui.
Non pas oui au « phoning » comme c’est devenu la mode mais oui à une rencontre, qui plus est chez lui, du côté d’Aix-en-Provence où il vit sa femme, Coralie, qui est aussi danseuse et leur fils, l’amour de leur vie.
Et chez lui, dans cette atmosphère chargée d’amour, je ne suis pas déçu : il est d’une gentillesse extrême, d’une grande humilité, il rayonne de passion pour cet art de la danse qui est sa vie.
Entre gens avec l’accent, tout aussitôt il y a empathie, connivence, plaisir de partager nos passions et l’interview devient très vite une conversation où chacun pose ses questions à l’autre !
Mais bon, je garderai nos petits secrets intimes, sauf pour notre admiration partagée pour Dalida ! et celle qu’il a pour Amy Winhouse, tatouée sur son mollet !  et je découvre ce danseur hors pair et cet homme magnifique.

« Christophe, toi qui sembles un garçon, très discret, voilà que tu écris un livre avec de plus un titre très accrocheur « Révélation(s) » ! Donne-nous tes raisons !
Au départ, j’avais pris la décision de freiner mes passages TV et j’avais besoin de raconter l’envers du décor car le public ne voit que la face immergée de l’émission. J’avais envie de les emmener avec moi dans les coulisses et partager des moments que j’ai pu vivre durant les émissions, qui restent gravés dans ma mémoire.
Il se trouve que les coulisses ne sont pas toujours de tout repos !
Non, mais ça fait partie du chemin qui m’a permis d’être le danseur et le chorégraphe que je suis aujourd’hui. La difficulté est de sortir de sa zone de confort, mais c’est aussi ce qui nous fait évoluer.
Le public est donc important…
Oui, j’ai un rapport particulier avec le public, j’aime ce contact et j’avais envie de tout leur raconter, sans filtre…
Ce qui est le cas !
Oui mais tout ça fait partie de la carrière d’un danseur, tout comme d’un sportif ou d’ailleurs quel que soit le métier que l’on fasse. Dans tous les métiers il y a des moments beaux, des moments difficiles. Lorsqu’on va acheter son pain, on ne sait pas ce que le boulanger traverse avant que ce pain n’arrive dans notre bouche. J’avais envie de montrer qu’il n’y a pas que les paillettes, il y a le dur labeur, de la transpiration, des nuits blanches où on n’arrive pas à trouver le sommeil. Ce qu’on voit à la télé, c’est le résultat d’une source d’effort, de travail intensif et je trouvais important de le partager.
Et tu parages tout cela avec beaucoup d’amour et d’émotion…
C’est vrai, en temps normal je ne parle pas beaucoup de moi, je suis très pudique et je ne pensais pas qu’en écrivant ce livre, ce serait pour moi une thérapie. En fait, c’est un journal intime et ça me fait très bizarre de voir le retour des gens. C’est particulier car maintenant l’histoire ne m’appartient plus. Mais je suis très fier de l’avoir fait car ça m’a aussi fait prendre conscience de beaucoup de choses…

C’est-à-dire ?
Entre autre, j’avais la frustration de mes défaites, d’être un peu le Poulidor de l’émission, mais en écrivant, je me suis rendu compte que j’avais gagné beaucoup plus important qu’une boule à facette,  tellement plus qu’un trophée. Ça m’a guéri de ça.
Tu es malgré tout le préféré du public !
Si c’est vrai, ça me fait plaisir. C’est qui m’anime depuis que je suis tout petit et qui fait que je n’ai jamais lâché, que j’ai toujours persévéré.
Tu es donc de la Ciotat où tout a commencé ?
Oui, dans la petite salle qui s’appelle Subilia. J’avais sept ans, ma sœur Céline neuf et nous dansions ensemble  En écrivant ce livre, plein de souvenirs me sont revenus, les vêtements que je portais, les odeurs de tatami des cours de judo ! Mais c‘est ça aussi, écrire un livre, ce n’est pas seulement raconter une histoire mais se remémorer des moments.
Ca fait donc treize saisons que tu es dans DALS. N’as-tu jamais eu envie d’arrêter ?
Oui, après la saison 12  où j’ai eu un peu une traversée du désert, où j’ai perdu ma grand-mère puis mon oncle qui m’ai initié à la danse. Psychologiquement parlant, je n’allais pas bien. J’avais besoin de faire le deuil et j’ai commencé à me poser des questions. Entre autre, est-ce que les gens avaient encore envie de me voir danser ? J’avais donc envie de mettre un frein.
Finalement c’est reparti puisque tu seras sur la quatorzième saison !
Oui… Je crois que c’est plus fort que moi. Mais cette année, je l’aborde différemment. Les autres années, j’étais arraché à ma famille, à mon petit. J’ai trouvé un terrain d’entente avec la production pour rester plus chez moi, ne pas lâcher ma vie, de rester dans mon cocon familial. Rester trois mois dans une machine à laver avant l’essorage, c’est violent.
Tu avais créé avec ton épouse, Coralie, qui est aussi danseuse, une école de danse à Draguignan. Pourquoi avoir arrêté ?
Je pensais que c’était le rêve de ma vie et je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que j’aimais car je devais plus gérer de la paperasse, des profs, des salles, des parents d’élèves. J’étais moins dans le terrain. Ce que j’aime, c’est enseigner, être sur scène et tous ces tracas m’en éloignaient. Ça me prenait trop de temps, ça me freinait beaucoup.
Justement, lorsqu’on fait une telle émission, a-t-on le temps de faire autre chose ?
Au contraire, ça m’a ouvert des portes, même des portails incroyables, j’ai fait des scènes que je n’aurais jamais imaginé faire, j’ai fait le stade de France avec ma femme, j’ai fait des scènes à Londres avec Dita Von Teese, j’ai fait les plus grandes salles françaises. Grâce à cette émission, ce sont des rêves de gosse qui se sont réalisés et même au-delà, je participe aux spectacles de Chris Marques, je fais des spectacles avec ma femme. C’est la scène qui m’anime depuis que je suis enfant. Même si au départ c’était difficile. Je n’étais pas accepté à l’école car un garçon qui danse ça n’est pas normal. Je le cachais souvent. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de petits garçons qui viennent à la danse. Et DALS a beaucoup fait pour ça.
Les cris du public m’ont toujours galvanisé et je suis toujours en quête de ça !


Une chose m’intrigue : les danseurs ne choisissent ni leurs stars, ni leurs musique. Pourquoi ?
C’est la production qui décide de tout ça. Quelquefois c’est super, quelquefois moins car de temps en temps un doit faire un tango sur une musique qui n’en est pas un ! Mais en fait je me suis rendu compte que ça nous permettait de nous dépasser. Quelquefois, lorsque je n’aimais pas une musique, c’est là que j’ai fait les plus beaux tableaux. Le fait de devoir se creuser le cerveau, tout à coup il a un truc qui arrive et il en sort quelque chose de fabuleux ! Finalement j’ai envie de dire merci à la production parce que c’est grâce à ça que maintenant je suis capable de tout. C’est la meilleure école et aujourd’hui on peut me demander n’importe quoi ! Je peux faire un sirtaki sur « Le lac des cygnes » !!! Plus rien ne me fait peur.
Il faut savoir ouvrir son esprit.
La taille joue beaucoup sur le couple, aussi, non ?
Oui mais c’est différent que les codes des danses de salon où il faut être de la même taille. Ici ça va au-delà de ça. C’est un moment qu’on crée avec une personnalité. Ce sont d’autres critères. On crée des liens avec des personnes qu’au départ on ne connaît pas. Il y a une osmose qui se crée.
Est-ce qu’il est arrivé de ne pas t’entendre avec la star qu’on t’a donnée ?
Non, jamais !
C’est vrai qu’avec l caractère que tu as ce doit être facile de travailler avec toi !
(Il rit) Faut pas croire ! J’ai mon petit caractère, en général ça se passe bien mais je peux aussi devenir un volcan. Mais la production fait bien les choses en sachant matcher les candidats. Depuis le temps elle me connaît et sent quel profil  d’artiste peut me convenir, ce que je peux leur apporter.
Quel serait ton Top 3 des artistes avec qui tu as dansé ?
Très difficile à dire car chaque chemin avec chaque concurrente a été différent. Je pense à Tatiana Silva, à Amel Bent, à Dita Von Teese avec qui ça n’était pas seulement la danse mais le rapport humain qui a été très fort.
J’avoue que je suis très ami avec toutes et d’ailleurs, lorsque j’ai terminé le livre, je les ai appelées une à une pour les remercier car elles m’ont toutes beaucoup apporté. Ce sont elles qui me remercient le plus souvent et donc je voulais à mon tour leur dire merci. On s’est finalement beaucoup apporté mutuellement. C’est vrai qu’aussi elles nous disent qu’après une telle expérience, elles en sortent métamorphosées. Et nous avec 
Alors, le jury… Il est dur quelquefois !
Tu penses à Chris Marques ! Mais c’est un ami, une personne incroyable. Il a été un mentor, il m’a guidé dans un milieu que je ne connaissais pas, la télévision. Pour le coup il est peut-être dur mais il est juste. Il est comme ça dans la vie, il est aussi très dur avec lui, c’est un perfectionniste. Avec lui, faut y aller et j’aime ça. Dans ses notes je suis souvent d’accord avec lui.

Et ta rencontre avec Marie-Claude Pietragalla ?
Ah la la… C’est une grande, grande dame. A chaque fois qu’elle ouvrait la bouche on était totalement subjugué, c’était quelque chose ! Quelle aura, quelle beauté ! Lorsqu’on est entré dans le studio avec elle pour découvrir la danse contemporaine, ça a été un grand moment, une grande leçon, autant d’énergie, de minutie, tout était cadré. Elle nous a mis une musique et nous a dit : « Danse » alors que moi, je ne sais pas improviser. Quelle chance j’ai eu de pouvoir travailler avec elle !
Et le public. Il vote pour la danse ou pour la popularité de l’artiste ?
C’est vrai que moi, je suis danseur et je suis donc plus focalisé sur la danse, mes performance. Mais le public, il faut le toucher au cœur et je me rends compte que certains ont réussi à captiver les gens d’une manière plus émotive. Je pense à Emmanuel Moire qui a retourné la France entière en voulant danse pour son frère jumeau qui est décédé. Il nous a tous fait pleurer. Même s’il n’a pas toujours été le meilleur, il a réussi à toucher les gens. Ça fait partie de la compétition. Les artistes qui arrivent à se livrer corps et âme arrivent à toucher le public et à gagner la boule à facettes.
Si on teproposait la « Star Academy » ?
En tant que chanteur… NON (il rit) mais en tant que coach oui parce que tout projet concernant la danse m’intéresse. Mais « Danse avec les Stars » a été l’expérience de ma vie… Je peux dire que « Danse avec les stars » a changé ma vie.
Et Coralie ? Que pense-t-elle de te voir passer de bras en bras ???
(Il rit) Elle est danseuse professionnelle donc ça change pas mal la donne. J’aurais une femme qui n’est pas dans ce milieu, ça pourrait poser des problèmes. Mais là, elle comprend, sans compter qu’on danse souvent ensemble. On est partenaire de scène et de vie. C’est comme au cinéma, et peut-être pire lorsque les acteurs s’embrassent ou sont à poil dans un lit ! Nous n’en sommes pas là mais on joue un rôle avec des partenaires différents. Avec Coralie, on est fier l’un de l’autre et quand on voit sa femme mettre au monde notre enfant… Ah lala…
(Moment d’émotion)
Après, petit, je dansais avec ma sœur et je n’ai jamais eu ce rapport sexuel avec la danse. Je suis là pour faire rêver les gens, leur mettre durant trois minutes des paillettes dans les yeux… et me mettre des papillons dans le ventre avant d’entrer en scène. Le jour où je n’aurai plus ces papillons, j’arrêterai »


On pourrait rester des heures avec ce garçon fougueux, vrai, tellement passionné. On le retrouvera donc avec plaisir dès le vendredi 7 février sur TF1. Avec qui ? Celle avec qui il répète aujourd’hui… Mais il ne nous en dira rien !
Après ça, il s’attaquera à une comédie « musicale et magicale » avec Coralie… Rendez-vous est déjà pris pour la voir naître ! Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
photos de danse collection personnelle

Ghislaine LESEPT… Femme de passion

Si son nom ne vous dit rien c’est qu’elle est connue sous le pseudonyme de GIGI.
La femme est belle, lumineuse, son accent est celui qu’on attrape en naissant du côté de Toulon. Si Gigi est truculente, volubile, méridionale et dans la voix et dans le geste, Ghislaine est tout en douceur et en sourire.
Elle est comédienne  « de naissance », aujourd’hui elle écrit ses pièces de théâtre et ses one woman shows et le succès ne la quitte plus de puis, comme on dit chez nous, « belle lurette », aussi bien dans des pièces comme « Noces de rouille (Les débuts de l’embrouille) ou dans les seule en scène comme « Gigi vous décape la tignasse ».
Comédienne auteure créatrice de la compagnie « La Barjaque », productrice, directrice artistique et coach  de 25 apprentis comédiens dans le cours qu’elle a créé, on la retrouve aussi au Théâtre de la Porte d’Italie où elle invite des humoristes et de compagnies théâtrales.

Bref, c’est une artiste aux multiples facettes, qui touche aussi au cinéma et à la télévision. Elle a fait de sa pièce « Noces de rouille » un film hilarant, elle est brièvement passée dans la série « Plus belle la vie », dont elle n’a pas gardé un souvenir impérissable, travaille avec notre ami commun Xavier-Adrien Laurent, dit Xal dans son association marseillaise « La Réplique ». Elle tourne en ce moment avec une pièce qu’elle a écrite « Fromage de chèvre sauce thaï ».
Nous sommes amis depuis des années et du coup, la retrouver est un plaisir et surtout une chance tant elle a une vie de ministre… En plus sympa et en plus rigolo !
La voici qui sort d’un tournage et qu’elle est en train d’écrire un nouveau one woman show. Nous avons enfin trouvé un créneau pour parler de tout cela. « En ce moment, je suis en pleine écriture. J’ai hésité entre une pièce et un seule en scène et j’ai choisi la seconde solution… Et je suis totalement prise pas ça ! Alors, quelquefois je n’ai pas de jus et quelquefois il y a le robinet qui s’ouvre, ça vient tout seul et alors là plus rien ‘existe, je fonce, je reste des heures sur l’ordinateur, je ne vois plus le temps passer et je ne fais pas de pose pour ne pas perdre le fil. J’en oublie d manger, au grand dam de mon mari. J’ai des bouts de papier partout, que je passe mon temps à rechercher. Il me vient une idée qu’il faut que je mette en forme tout de suite. Dans ma tête j’en ai juste pour une demi-heure mais une fois lancée, ça peut durer quatre heures. Je ne vois pas du tout le temps passer. Si j’ai un spectacle le soir, je me mets une sonnerie sinon je passe l’heure ! Je n’ai aucune notion du temps lorsque j’écris. C’est très jouissif et si tu coupes ce moment, tu ne le rattrapes plus. Si je sors du bouillon ne retrouve plus le même !

Fromage de chèvre sauce thaï

Donc tu écris, tu tournes et tu continues de jouer ?
Oui en parallèle je tourne avec « Noces de rouille » qui continue à avoir un succès énorme. En novembre on a joué au Théâtre Armand, à Salon de Provence, un théâtre à l’italienne qui contient 440 places. Dès que le spectacle a été mis en vente en août, début septembre c’était complètement plein ! On était invité par une association et le directeur, qui n’avait alors jamais répondu à mes sollicitations, a été soufflé de voir autant de monde alors que ses autres spectacle n’en faisaient que la moitié ! Nous avons eu une standing ovation et lui, vexé, nous a tout juste dit : « C’est très efficace » !
Je tourne aussi avec « Fromage de chèvre » qu’on a joué cet été à Avignon, qui commence à prendre de l’ampleur. Nous serons le 14 février à la Porte d’Italie à 19h et 21h.
Alors, avant de parler de film, ton prochain spectacle ?
Ca se passe lors d’un repas de Noël réunissant toute la famille. Il y a mon beau-frère Oscar que je ne peux pas blairer et qui se la joue parce qu’il travaille à la mairie, dont un des fils avoue qu’il est queen et l’autre qui a le tempérament d’un escargot en fin de vie, sa femme est influenceuse, sa mère, juive pied noir a la maladie d’Alzheimer, qui a vu François Mitterrand à « The voice », son père qui est gaga.
Et tu fais tous les personnages ?
Oui, c’est pour ça que j’ai hésité entre la pièce de théâtre et le seule en scène. Mais il y avait trop de personnage et donc, la difficulté est de trouver une voix pour chaque personnage.
Le plus important est la mère, Marie-Thérèse… J’ai du pain sur la planche.
Quand comptes-tu jouer ce spectacle ?
J’espère en mars. Mais je me régale d’écrire.
Jouer ou écrire, par quoi as-tu commencé ?
Au départ je n’écrivais pas. J’ai commencé à écrire lorsque je faisais le sketch de Mado la Niçoise « le GPS ». Delmas, le producteur, me reproche de piquer ce sketch et me dit d’écrire mes propres sketches. J’ai donc écrit dans l’urgence. La date d’après était Pierrefeu et toute l’équipe de Delmas était là… Et ça a marché !

Alors le tournage ?
C’est un court-métrage qu’on a tourné dans deux serres désaffectées du côté de la Crau et du Pradet. Le réalisateur et scénariste est Thomas Colineau. Il est toulonnais et a déjà une belle carrière de scénariste (Reines du drame, Demain nous appartient, Nina) il a obtenu un prix au festival de Cannes avec « Salade grecque » comme réalisateur…
Comment t’es-tu retrouvée sur ce tournage ?
Par le biais de La Réplique qui avait mis  une annonce pour le casting du film. Je me suis présentée et j’ai été choisie. Toute la troupe est parisienne et je suis la seule femme du film. Le film s’intitule « Xylella Fastidiosa »…
Ce qui signifie ?!
C’est le nom d’une bactérie mortelle qui attaque les végétaux, entre autres les oliviers.
Je suis Christiane, jardinière à « La belle pinède » et vis et travaille avec Simon, mon fils qui est gay (Lucas Faulong). Il a des problèmes avec un garçon avec qui il a une histoire et qui ne lui répond plus. En fond, donc, cette bactérie avec cette histoire de la mère et du fils et d’Hyacinthe, un vieil homo un peu mystérieux.
A part le réalisateur et moi, toute l’équipe venait de Paris, tous des pointures, et le tournage a été très sympa, hormis que dans les serres il faisait très chaud mais tôt le matin et tard le soir, c’était le contraire ! »

On a hâte de découvrir notre Gigi qui comme d’habitude, va encore nous surprendre car, hormis ses talents comiques, elle est une magnifique comédienne.
Alors… A suivre !

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Un homme, une femme – Episode 2
Aliénor de CELLES & Luc PATENTRIGER

Sa boutique seynoise, c’est la caverne d’Ali-Baba. Des peintures, des dessins, des vêtements, des objets et bibelots venus du monde entier… C’est dans le calme du 16, rue Evenos, qu’Aliénor de Cellès a installé sa boutique-atelier, « Simona de Simoni », où elle reçoit les clients, où elle crée des tas de choses, où elle anime des ateliers pour enfants…
Et c’est là que Luc Patentriger, président du festival « Femmes ! » l’a découverte et lui a proposé de créer, pour la première fois, une affiche originale que l’on a pu voir dans toutes les villes où le festival s’est posé.
Femme discrète, presque timide, elle nous parle de ses passionsAliénor de Cellès : On va toujours vers les choses qu’on aime
« Aliénor, comment l’Art est-il venu à vous ?
J’ai toujours, toute petite, dessiné et peint D’ailleurs à huit ans j’ai gagné un concours de dessins organisé par la mairie de Saint-Raphaël où j’ai habité jusqu’à mes 15 ans. J’ai aussi gagné un concours de poésie. J’ai toujours eu cette sensibilité et j’ai même été éditée à dix ans, ce qui a fait très plaisir à mes parents ! J’ai toujours « bricolé » puis j’ai fait un BTS d’Art Plastique, de lettres à Troyes. J’ai fait Histoire de l’Art et Sémiologie à Toulouse.

Comment vous êtes-vous retrouvée à la Seyne-sur-Mer ?
J’ai passé toute ma vie à Paris mais mon conjoint est d’ici et il a eu envie de revenir en Provence où il était venu dix ans avant. On avait décidé de revenir ici lorsque notre fils aurait eu son bac. Nous sommes revenus en 2018 à Toulon où nous ne nous sommes pas plus. Nous étions considérés comme des étrangers ! La greffe n’a donc pas pris.
De plus, la mairie proposait des locaux aux artistes en nous faisant des réductions sur la location. Au final, nous avons eu 12… Euros de réduction et… 50.00 Euros de travaux, le sol était en terre battue, pas d’électricité. Lorsque ça ne marche pas, la mairie récupère le local. J’ai trouvé ce comportement un peu limite !
Depuis l’âge de 20 ans, j’ai eu des boutiques et j’ai toujours préféré acheter les murs.
Du coup on a cherché ailleurs et c’est à la Seyne qu’on s’est installé. Et là, c’est chez moi !
Vous êtes quand même un peu isolée ?
J’ai cherché pendant un an, ja’i trouvé cet endroit qui est très calme, j’ai des clientes fidèles. J’ai même d’anciennes clientes que j’avais à Paris, je leur fait visiter les environs, je leur fait prendre le bateau. J’ai du temps pour animer mes ateliers, préparer mes expositions.
Vous avez donc multiplié les plaisirs !
Oui mais c’est toujours le dessin qui est au centre de tout. Et le contact humain aussi qui est important. Je travaille beaucoup avec des enfants, dans les écoles, autour de projets pédagogiques, j’ai travaillé avec la maison de couture « Les blancs manteaux ». C’est l’humain d’ailleurs qui m’a rapprochée de Luc. Nous avons beaucoup de similitudes.

chacun racontant son  histoire. Ce qui lie l’écriture, la lecture et le dessin. Ca a donné des choses extraordinaires.
Et la mode ?
J’ai travaillé pour des compagnies de théâtre. J’ai toujours eu une sensibilité aux textiles. Lorsque j’avais dix ans, chez moi je réalisais des boutiques et ma sœur, qui était plus jeune, était ma cliente ! Elle se lassait très vite et je ne comprenais pas pourquoi !
Je pense qu’enfant, lorsqu’on crée des choses, ces sont souvent ses futures perspectives. La preuve : ma mère enfant avait toujours un boulier à la main… Elle est venue comptable !
J’avais une amie styliste, Sylvie Loussier, la femme du musicien Jacques Loussier, qui avait une marque de vêtement « Petits faunes » et qui se servait de nous comme modèles. J’étais à bonne école ! Et c’est vrai aussi qu’on va vers les choses qu’on aime.
J’avais dit à Sylvie, alors que j’avais 4 ans : « Quand tu seras morte, je prendrai ta place » !!!
Sympa, non ?
Enfin, la peinture ?
J’ai toujours dessiné, peint, ça a toujours été mon moyen d’expression, à part ça, peu de choses me plaisaient. J’ai d’ailleurs payé mes études à Toulouse en peignant et en dessinant, en créant de petits bijoux, des mosaïques. Je n’ai jamais arrêté de créer.
Revenons au festival… Votre rencontre avec Luc …
Je l’ai connu par l’intermédiaire de Christelle, une amie commune et nous avons tout de suite accroché. Il m’a proposé de créer cette affiche et travailler avec lui a été très agréable.  Tout a bien fonctionné et je pense que ma toile représentait bien le thème, l’identité du festival. J’espère qu’on pourra retravailler ensemble.
Des projets ?
Je vais avoir une exposition à Paris, une à la Seyne en avril chez une psychiatre qui m’a déjà acheté des toiles et un énorme projet dont je ne peux pas encore parler ».

L’affiche du festival
La robe sapin créée par Aliénor

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon