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Jean-Pierre SAVELLI… Et Peter redevient Jean-Pierre

Il s’appelait Jean-Pierre Savelli, Puis il s’est appelé Peter et le voici redevenu Savelli.
De l’eau a coulé sur les ponts depuis que ce jeune toulonnais est parti conquérir Paris et a rencontré un certain Michel Legrand qui a décidé de le produire.
Michel Legrand avec qui il a gardé jusqu’au bout des liens d’amitié et avec qui il a travaillé tout au long de sa vie, épisodiquement.
Après avoir eu une vie on ne peut plus remplie, le voici, depuis quelques années, revenu plein d’usages et raison dans sa ville natale. Mais ne croyez pas qu’il y soit revenu prendre sa retraite car il n’a jamais autant travaillé, entre spectacles divers, CD tout aussi divers et même un livre qui sortira à la fin du mois.
Il y a presque soixante ans qu’on se connaît, qu’on a sillonné la France en tournées et galas et maintenant qu’il s’est posé chez nous, il était temps qu’on prolonge cette amitié par un portrait d’un artiste à la carrière incroyable.
On aurait dû le retrouver au Théâtre Galli de Sanary ce 26 janvier mais un problème de nodules sur les cordes vocales a dû repousser le concert-hommage à Michel Legrand qu’il nous proposait. Ce n’est que partie remise et si pour l’instant il ne peut plus chanter, il peut à nouveau parler… On en profite !

Avec Eddy Barclay,
Rose d’Or d’Antibes
Avec Nicoletta & Patrick Juvet
au MIDEM
Avec Sloane… Envie de rien, besoin de toi
Avec Michel Hidalgo…
Les rois du sport !
Avec Michel Orso,
deux toulonnais en vadrouille
France-Italie : Avec Bobby Solo

« J’avais trois semaines de répétitions avec les musiciens, du coup, tout est remis en question.
Mais ce n’est que repoussé ?
Oui, j’espère pouvoir jouer avant la fin de la saison.
En attendant, on peut parler d’une activité débordante,
Oui, il y a un coffret de trois CD qui retrace tout ce que j’ai pu faire. Il est sorti chez Marianne Melody grâce à Mathieu Moulin qui a fait des recherches et qui a dû surtout jongler avec les maisons de disques sur lesquelles j’ai enregistré pour avoir les droits. C’est un travail de Titan car il a dû se battre avec certaines et fouiner pour retrouver certains enregistrements que les maisons de disques ne voulaient pas donner au départ. Il m’a même retrouvé des versions italiennes, espagnoles, japonaises et des chansons chez Barclay qui n’étaient jamais sorties. Et puis il a même sorti un album de 18 chansons de mon père, Carlo Cotti.
Comment est née cette idée ?
C’est une idée de Mathieu que j’ai rencontré il y a deux ans sur un concert de chansons françaises des années  60 à 80 auquel je participais et il m’a proposé ce projet auquel évidemment j’ai tout de suite adhéré et à la fin c’est un bel objet qui retrace toute ma carrière.
A côté de ça, tu travailles comme un fou, même depuis que tu as définitivement quitté Paris depuis quelques années !
Je suis revenu définitivement à Toulon en juillet 2017. J’ai ma maison de productions Minuit 10, je fais pas mal de concerts, un peu partout, en solo avec différents spectacles que j’ai montés, il y a aussi, les spectacles que fait ma femme, Sandry, sur les comédies musicales, les spectacles Cabaret, auxquels je collabore, le dernier étant étant « Les décennies » un spectacle qui commence des années 1950 jusqu’aux années 2000,  avec des chanteurs, des danseurs, des musiciens, un transformiste, des sosies… Quatorze personnes sur scène. On fera une tournée cet été. On a monté ensemble les ateliers de comédies musicales pour les enfants, les ados, les adultes, Sandry a monté des cours de zumba et un nouveau cours « Ladies Style », des femmes qui viennent danser en talons et qui a un succès incroyable.
Les cours se font pour certains à la Valette, d’autres à Solliès-Pont. Et le samedi, lorsqu’on n’est pas en concert, on est en studio, où on fait travailler nos élèves avec du vrai matériel, où ils découvrent leurs voix.

Tournée « Âge Tendre » avec Sloane et Jean-Jacques Lafon

Avec tout ça un CD de seize chansons et un spectacle-hommage à Michel Legrand.
Michel, comme tu le sais, a été au départ de ma carrière dans les années 70, c’est lui qui m’a écrit et produit deux disques : « Peau d’Âne » et « Un goût de soleil, de pomme et de miel ».
L’an dernier je suis contacté par le réalisateur David Herzog-Dessites qui me propose de participer à son film-hommage avec une petite interview  et une chanson de Michel que je chante. Il a choisi « Il était une fois l’espace ». Il me dit «  s’il y a quelqu’un de crédible pour chanter Legrand, c’est toi ». Pourquoi pas ? Du coup j’ai monté un spectacle autour de chansons de Michel, celle que j’ai chantées, d’autres que j’aime, j’ai pris des musiciens du conservatoire de Toulon, une choriste et j’ai enregistré 14 chansons dont « Un parfum de fin du monde »  du film de Lelouch « Les uns et les autres », « Mon amour sans concession, sans mensonges » que m’avait écrit Michel pour le festival de Tokyo, les musiques des « Demoiselles de Rochefort, « Les parapluies de Cherbourg » et des succès comme « Les moulins de mon cœur », « L’été 42 », « La valse des lilas » et quelques autres. De nombreuses dates commencent à arriver.
Pourquoi n’a-t-il pas continué à te produire ?
D’abord parce que je suis parti 16 mois au service militaire et lorsque je suis revenu, il commençait à travailler aux Etats-Unis. Comme sa maison de production était un petit label, il a arrêté. Mais nous avons toujours gardé le contact et il a souvent fait appel à moi.
Il avait sorti cinq 45 tours de moi quand même. Il m’a recommandé chez Barclay et mon premier disque « Ciel » a gagné la Rose d’Or !
Mais beaucoup, soit ne connaissent pas Michel Legrand soit ne savent pas que c’est moi qui ai chanté certaines de ses chansons. On me dit alors : « Ah, c’était vous ? ». Je l’ai tellement entendu que ça failli être le titre de mon livre. Finalement on a choisi « Regarde, le jour se lève » car c’est plus sur cette intro de « Besoin de rien, envie de toi » qu’on me connaît.

Alors, justement, ce livre…
… Il sortira le 15 mars, distribution sur Amazon ; j’y parle de ma vie, de Toulon, du stade Mayol, des sportifs avec qui j’ai joué comme Ginola, Olmetta… Bref, je parle de toutes les aventures que j’ai vécu tout au long de ces nombreuses années, mes rencontres avec Michel, ma belle aventure avec Claude-Michel Schonberg avec qui j’ai fait la comédie musicale « La révolution française », Barclay et la Rose d’Or d’Antibes que j’ai gagnée avec « Ciel », les tournées Renzulli où nous nous sommes rencontrés, toutes mes rencontres qui ont semé ma carrière, ma famille bien sûr et mon père Carlo Cotti qui était chanteur.
Il y a donc eu aussi « La Révolution Française »
Un jour en 73, je terminais une tournée avec Serge Lama, Claude-Michel Schonberg et Alain Boublil me contactent, me proposant de faire un casting. Ils cherchaient des voix pour la comédie musicale orchestrée par Jean-Claude Petit. Ils m’ont joué au piano « Charles Gauthier », « Les droits de l’Homme », j’ai fait ma voix… Ils m’ont choisi et on a enregistré le double album. C’est un magnifique souvenir et c’est dommage que ça n’ait pas pris autant que « Les misérables » du même Schonberg, car il y a de merveilleuses chansons. Et puis on retrouvait Bashung, Chamfort, les Martin Circus, les Charlots, Antoine, Daniel Balavoine, Jean-François Michaël, Jean Schulteis, Claude-Michel Schonberg… Il y avait du beau monde dans cette aventure !
Après ça, il y a eu la série des mangas !
Figure-toi que je suis dans un bureau de la maison d’édition Intersong qui me fait signer un contrat d’édition, il produisait Noam, qui avait alors 13 ans, m’invite dans son bureau où tu croisais alors Patrick Bruel pas encore connu, Alain Prescurvic qui allait travailler avec lui, Renaud entre autres. Il m’appelle pour me faire enregistrer la suite de « Goldorak » dont le premier avait été chanté par Noam. C’était la version japonaise… Une catastrophe. Je refuse. Du coup il va chercher Pascal Auriat pour refaire les titres avec Pierre Delanoé. Là, ça prend tout de suite une autre tournure et j’accepte pour les deux et trois. Mais ma productrice, Carla, refuse que je les chante. Du coup, je le ferai quand même sous le pseudonyme des Goldies.

Pourquoi ce nom ?
Tout simplement parce que je vais boire un café en bas des bureaux et qu’il y a une bijouterie qui s’appelle Goldies. Voilà… J’avais trouvé le nom ! Après on a quand même su que c’était moi qui chantait. On a vendu 1 million 800.000 45 tours !
Tu viens aussi de ressortie un CD des dessins animés !
J’ai repris tous les génériques que j’avais enregistrés et des reprises d’autres mangas. Je suis invité dans tous les salons mangas et j’en vends à chaque fois des centaines !
Il y a quatre/cinq ans, jérémy Cerrone, le fils de Marc me dit qu’il veut produire un spectacle sur Goldorak et me demande venir chanter mes génériques. Il a rempli le grand Rex. 2500 personnes l’après-midi, 2000 le soir ! Il a récidivé avec le même succès. Les gens viennent avec les costumes de Goldorak et ils achètent tous l’album !
Bon, difficile de ne pas parler de Peter et Sloane !
Déjà, lorsque le 45 tour sort vous êtes tous les deux de dos !

Toujours pareil : Carla ne veut pas entendre parler de ça, du coup, on le fait quand même en se servant du pseudonyme : Peter pour Pierre et Slow, sur un titre que j’avais écrit et Anne.
Il y a alors eu l’avènement de Canal + et la création du Top 50 où nous avons été les premiers durant quatorze semaines, puis troisièmes et encore premiers durant neuf semaines.
Aujourd’hui on donne un disque d’or pour 50.000 ventes, nous c’était un million et platine deux millions ! Ce sont des scores qui ne se font plus sauf chez les stars américaines. Du coup, après déjà 3.000 45 tours, la prod a tourné la pochette !

Et ça a duré combien de temps ?
Le disque est sorti en 84, tournée en 85 avec Michel Leeb on a fait un album de six titres mais ça n’a rien donné. En 2011 On a fait la tournée « Âge Tendre » puis « Stars 80 », accompagnée par les deux films. Mais j’avais envie de reprendre mon nom et de redevenir soliste. Je n’étais pas heureux, on ne se parlait plus et se retrouver à deux, main dans la main, j’en ai eu marre et j’ai repris ma liberté. C’était en 2016. Terminé.
Depuis, avec ma femme on est revenu ici, on fait plein de choses, on est très heureux dans notre vie.
Travailler sous le ciel bleu, que demander de mieux ? »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon & Jacques Brachet

En famille !

André NEYTON nous a quittés

La famille Comédia

1921. Au commencement était une grange achetée par Joseph Rosa. Et le Comédia, premier cinéma de Toulon naît.
Mais après sept ans de réflexion, M Rosa revend sa grange qui va passer dans plusieurs mains.
En 1943, en pleine guerre, une bombe le transforme en grand trou béant.
Mais il renaîtra de ses cendres en 1950.
En 1984, à l’ombre de Jacques Tati, il se dote de deux salles, trois cents places, un bar.
Et arrive André Neyton en 1991. Enseignant, fou de théâtre et de langue occitane il a beaucoup bourlingué, a créé deux chapiteaux dont l’un s’est envolé, a squatté au théâtre de la porte d’Italie qui n’était alors qu’un dépotoir, il a subi de nombreuses pressions, des revers de fortune des suspensions de  subventions,  des problèmes avec différents maires, dont un maire qui ne connaissait pas la culture, Maurice Arrecks, puis l’arrivée du FN…
Une grande épopée avant qu’il ne pose ses valises à ce qui deviendra l’Espace Comédia. il y créera une salle de théâtre, une salle de répétition, un atelier occitan, des pièces, monté une troupe, le Centre Dramatique Occitan et nombre d’artistes de la région vont  y naître et s’y produire, de Miquèu Montanaro à Miquela e lei Chapacans, en passant par Philippe Chuyen, Yves Borrini et Maryse Courbet, Trompette et Bourguignon,  et tant d’autres. Mais pas que…
Car André est ouvert à toutes les formes de spectacles, à tous les genres et c’est ainsi que nombre de troupes de Méditerranée viendront y jouer, des chanteurs, des danseurs, des musiciens,  et des artistes nationaux comme Rufus, Anne Sylvestre, Romain Bouteille, les frères Belmondo, l’auteur et réalisateur Paul Vecchiali (qui est né au Mourillon) qui est venu y créer une pièce… Chez lui, Molière et Brecht se sont superbement entendus. Il y a joué Jean Siccardi, un toulonnais, Obaldia, Neruda, René Char, Robert Laffont. Il a créé une pièce autour de Gaspard de Besse et de l’affaire Dominici et encore Maurin des Maures de Jean Aicard.
On l’a traité de fou, d’utopiste… Mais il fallait l’être pour que le vaisseau vogue sur les rives de la Méditerranée.

Il faut savoir que, jusqu’à l’arrivée des frères Berling et du Liberté, Toulon ne possédait pas de théâtre hormis celui de la Porte d’Italie et le Comédia. Oui, il y avait l’Opéra avec pour seules pièces de théâtre celles du Boulevard parisien.
Grâce à des gens comme Robert Laffont qui l’a beaucoup aidé et qui a produit pour France 3 en 85 «La révolte des cascavèus» qu’il a écrit et tourné avec la troupe d’André,  Jack Lang, qui a beaucoup aidé les théâtres en région, les langues vivantes et la langue occitane entre autres, à Jean-Louis Barrault qui a créé le Théâtre des Nations à la Sorbonne et où André et sa troupe y ont joué pour la première fois en professionnels.
Toujours avec cette force de persuasion, cette volonté de défendre les théâtres, les cultures, les langues, les libertés, il a monté de grandioses spectacles hors les murs à l’instar du Puy du Fou créant en pleine nature des épopées magnifiques dont tout le public se souvient encore : «Le siège de Mons», «Maurin des Maures», «Gaspard de Besse».
A noter qu’André pourrait  apparaître dans un jeu de sept familles : Vous demandez le père et André aparaissait, la mère , Josyane, sa femme, comédienne, Michel le fils, technicien, éclairagiste, Sophie, la fille, comédienne, Isabelle, femme de Michel, costumière, Xavier-Adrien Laurent, dit Xal, comédien qui fut le beau-fils et reste un membre de la famille… La famille Comédia s’est toujours portée bien !!!
Voilà donc plus de 30 ans qu’André, comédien, auteur, metteur en scène, directeur de théâtre nous faisait rêver, nous faisait réfléchir et nous présentait des spectacles que nous nous n’aurions pu voir nulle part ailleurs dans la région. Qu’il invitait des artistes, des compagnies  venant de Grèce, d’Italie, d’Algérie, d’Espagne… de tous les pays bordés par la Méditerranée…
Ca méritait un bel anniversaire et surtout ce film très émouvant, « Le Comédia, un théâtre dans la ville »  à la fois joyeux et nostalgique et qui nous rappellent tant de beaux souvenirs de spectacles et d’événements, film que nous ont offert XAL et son complice Hervé Lavigne. Travail de recherche incroyable, témoignages d’artistes, de journalistes, de personnes ayant des liens très forts avec ce théâtre et cet homme magnifique qu’était André Neyton qui se battait corps et âme pour la culture, la nôtre, celle des autres, qui n’a jamais baissé les bras dans la tourmente qui a jusqu’au bout continué à mener les combats dont celui de taille : la vente du lieu par le propriétaire des murs pour des raisons familiales pour le vendre à un promoteur.
Comment empêcher une telle hérésie ? Détruire un tel lieu pour un simple profit de promoteurs est impensable.

André… Tu nous manques déjà
Jacques Brachet

Christophe LICATA… DALS 14ème !… Et un livre

Il a un sourire irrésistible, un regard brillant et lumineux et son accent… Ah son accent rempli du soleil ciotadin, qui chante aussi bien qu’il danse. C’est un rayon de soleil… C’est le roi soleil.
De qui s’agit-il ? De Christophe Licata qu’on a découvert comme prof de l’émission « Danse avec les stars » et dont le public est tombé amoureux… Même si les 13 saisons l’ont vu s’approcher de la première place sans jamais l’atteindre. Mais, comme Poulidor, il a pris le cœur des français qui en ont fait leur préféré.
C’est vrai que son charisme fait que, lorsqu’on le voit, on ne peut que s’attacher à lui et il y a longtemps que j’avais envie de le rencontrer. Mais le véto de TF1 avait été formel. Et j’ai dû attendre qu’il sorte son livre de souvenirs « Révélation(s), 13 saisons et après ? » (Ed Leduc) pour qu’une adorable attaché de presse dise oui.
Non pas oui au « phoning » comme c’est devenu la mode mais oui à une rencontre, qui plus est chez lui, du côté d’Aix-en-Provence où il vit sa femme, Coralie, qui est aussi danseuse et leur fils, l’amour de leur vie.
Et chez lui, dans cette atmosphère chargée d’amour, je ne suis pas déçu : il est d’une gentillesse extrême, d’une grande humilité, il rayonne de passion pour cet art de la danse qui est sa vie.
Entre gens avec l’accent, tout aussitôt il y a empathie, connivence, plaisir de partager nos passions et l’interview devient très vite une conversation où chacun pose ses questions à l’autre !
Mais bon, je garderai nos petits secrets intimes, sauf pour notre admiration partagée pour Dalida ! et celle qu’il a pour Amy Winhouse, tatouée sur son mollet !  et je découvre ce danseur hors pair et cet homme magnifique.

« Christophe, toi qui sembles un garçon, très discret, voilà que tu écris un livre avec de plus un titre très accrocheur « Révélation(s) » ! Donne-nous tes raisons !
Au départ, j’avais pris la décision de freiner mes passages TV et j’avais besoin de raconter l’envers du décor car le public ne voit que la face immergée de l’émission. J’avais envie de les emmener avec moi dans les coulisses et partager des moments que j’ai pu vivre durant les émissions, qui restent gravés dans ma mémoire.
Il se trouve que les coulisses ne sont pas toujours de tout repos !
Non, mais ça fait partie du chemin qui m’a permis d’être le danseur et le chorégraphe que je suis aujourd’hui. La difficulté est de sortir de sa zone de confort, mais c’est aussi ce qui nous fait évoluer.
Le public est donc important…
Oui, j’ai un rapport particulier avec le public, j’aime ce contact et j’avais envie de tout leur raconter, sans filtre…
Ce qui est le cas !
Oui mais tout ça fait partie de la carrière d’un danseur, tout comme d’un sportif ou d’ailleurs quel que soit le métier que l’on fasse. Dans tous les métiers il y a des moments beaux, des moments difficiles. Lorsqu’on va acheter son pain, on ne sait pas ce que le boulanger traverse avant que ce pain n’arrive dans notre bouche. J’avais envie de montrer qu’il n’y a pas que les paillettes, il y a le dur labeur, de la transpiration, des nuits blanches où on n’arrive pas à trouver le sommeil. Ce qu’on voit à la télé, c’est le résultat d’une source d’effort, de travail intensif et je trouvais important de le partager.
Et tu parages tout cela avec beaucoup d’amour et d’émotion…
C’est vrai, en temps normal je ne parle pas beaucoup de moi, je suis très pudique et je ne pensais pas qu’en écrivant ce livre, ce serait pour moi une thérapie. En fait, c’est un journal intime et ça me fait très bizarre de voir le retour des gens. C’est particulier car maintenant l’histoire ne m’appartient plus. Mais je suis très fier de l’avoir fait car ça m’a aussi fait prendre conscience de beaucoup de choses…

C’est-à-dire ?
Entre autre, j’avais la frustration de mes défaites, d’être un peu le Poulidor de l’émission, mais en écrivant, je me suis rendu compte que j’avais gagné beaucoup plus important qu’une boule à facette,  tellement plus qu’un trophée. Ça m’a guéri de ça.
Tu es malgré tout le préféré du public !
Si c’est vrai, ça me fait plaisir. C’est qui m’anime depuis que je suis tout petit et qui fait que je n’ai jamais lâché, que j’ai toujours persévéré.
Tu es donc de la Ciotat où tout a commencé ?
Oui, dans la petite salle qui s’appelle Subilia. J’avais sept ans, ma sœur Céline neuf et nous dansions ensemble  En écrivant ce livre, plein de souvenirs me sont revenus, les vêtements que je portais, les odeurs de tatami des cours de judo ! Mais c‘est ça aussi, écrire un livre, ce n’est pas seulement raconter une histoire mais se remémorer des moments.
Ca fait donc treize saisons que tu es dans DALS. N’as-tu jamais eu envie d’arrêter ?
Oui, après la saison 12  où j’ai eu un peu une traversée du désert, où j’ai perdu ma grand-mère puis mon oncle qui m’ai initié à la danse. Psychologiquement parlant, je n’allais pas bien. J’avais besoin de faire le deuil et j’ai commencé à me poser des questions. Entre autre, est-ce que les gens avaient encore envie de me voir danser ? J’avais donc envie de mettre un frein.
Finalement c’est reparti puisque tu seras sur la quatorzième saison !
Oui… Je crois que c’est plus fort que moi. Mais cette année, je l’aborde différemment. Les autres années, j’étais arraché à ma famille, à mon petit. J’ai trouvé un terrain d’entente avec la production pour rester plus chez moi, ne pas lâcher ma vie, de rester dans mon cocon familial. Rester trois mois dans une machine à laver avant l’essorage, c’est violent.
Tu avais créé avec ton épouse, Coralie, qui est aussi danseuse, une école de danse à Draguignan. Pourquoi avoir arrêté ?
Je pensais que c’était le rêve de ma vie et je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que j’aimais car je devais plus gérer de la paperasse, des profs, des salles, des parents d’élèves. J’étais moins dans le terrain. Ce que j’aime, c’est enseigner, être sur scène et tous ces tracas m’en éloignaient. Ça me prenait trop de temps, ça me freinait beaucoup.
Justement, lorsqu’on fait une telle émission, a-t-on le temps de faire autre chose ?
Au contraire, ça m’a ouvert des portes, même des portails incroyables, j’ai fait des scènes que je n’aurais jamais imaginé faire, j’ai fait le stade de France avec ma femme, j’ai fait des scènes à Londres avec Dita Von Teese, j’ai fait les plus grandes salles françaises. Grâce à cette émission, ce sont des rêves de gosse qui se sont réalisés et même au-delà, je participe aux spectacles de Chris Marques, je fais des spectacles avec ma femme. C’est la scène qui m’anime depuis que je suis enfant. Même si au départ c’était difficile. Je n’étais pas accepté à l’école car un garçon qui danse ça n’est pas normal. Je le cachais souvent. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de petits garçons qui viennent à la danse. Et DALS a beaucoup fait pour ça.
Les cris du public m’ont toujours galvanisé et je suis toujours en quête de ça !


Une chose m’intrigue : les danseurs ne choisissent ni leurs stars, ni leurs musique. Pourquoi ?
C’est la production qui décide de tout ça. Quelquefois c’est super, quelquefois moins car de temps en temps un doit faire un tango sur une musique qui n’en est pas un ! Mais en fait je me suis rendu compte que ça nous permettait de nous dépasser. Quelquefois, lorsque je n’aimais pas une musique, c’est là que j’ai fait les plus beaux tableaux. Le fait de devoir se creuser le cerveau, tout à coup il a un truc qui arrive et il en sort quelque chose de fabuleux ! Finalement j’ai envie de dire merci à la production parce que c’est grâce à ça que maintenant je suis capable de tout. C’est la meilleure école et aujourd’hui on peut me demander n’importe quoi ! Je peux faire un sirtaki sur « Le lac des cygnes » !!! Plus rien ne me fait peur.
Il faut savoir ouvrir son esprit.
La taille joue beaucoup sur le couple, aussi, non ?
Oui mais c’est différent que les codes des danses de salon où il faut être de la même taille. Ici ça va au-delà de ça. C’est un moment qu’on crée avec une personnalité. Ce sont d’autres critères. On crée des liens avec des personnes qu’au départ on ne connaît pas. Il y a une osmose qui se crée.
Est-ce qu’il est arrivé de ne pas t’entendre avec la star qu’on t’a donnée ?
Non, jamais !
C’est vrai qu’avec l caractère que tu as ce doit être facile de travailler avec toi !
(Il rit) Faut pas croire ! J’ai mon petit caractère, en général ça se passe bien mais je peux aussi devenir un volcan. Mais la production fait bien les choses en sachant matcher les candidats. Depuis le temps elle me connaît et sent quel profil  d’artiste peut me convenir, ce que je peux leur apporter.
Quel serait ton Top 3 des artistes avec qui tu as dansé ?
Très difficile à dire car chaque chemin avec chaque concurrente a été différent. Je pense à Tatiana Silva, à Amel Bent, à Dita Von Teese avec qui ça n’était pas seulement la danse mais le rapport humain qui a été très fort.
J’avoue que je suis très ami avec toutes et d’ailleurs, lorsque j’ai terminé le livre, je les ai appelées une à une pour les remercier car elles m’ont toutes beaucoup apporté. Ce sont elles qui me remercient le plus souvent et donc je voulais à mon tour leur dire merci. On s’est finalement beaucoup apporté mutuellement. C’est vrai qu’aussi elles nous disent qu’après une telle expérience, elles en sortent métamorphosées. Et nous avec 
Alors, le jury… Il est dur quelquefois !
Tu penses à Chris Marques ! Mais c’est un ami, une personne incroyable. Il a été un mentor, il m’a guidé dans un milieu que je ne connaissais pas, la télévision. Pour le coup il est peut-être dur mais il est juste. Il est comme ça dans la vie, il est aussi très dur avec lui, c’est un perfectionniste. Avec lui, faut y aller et j’aime ça. Dans ses notes je suis souvent d’accord avec lui.

Et ta rencontre avec Marie-Claude Pietragalla ?
Ah la la… C’est une grande, grande dame. A chaque fois qu’elle ouvrait la bouche on était totalement subjugué, c’était quelque chose ! Quelle aura, quelle beauté ! Lorsqu’on est entré dans le studio avec elle pour découvrir la danse contemporaine, ça a été un grand moment, une grande leçon, autant d’énergie, de minutie, tout était cadré. Elle nous a mis une musique et nous a dit : « Danse » alors que moi, je ne sais pas improviser. Quelle chance j’ai eu de pouvoir travailler avec elle !
Et le public. Il vote pour la danse ou pour la popularité de l’artiste ?
C’est vrai que moi, je suis danseur et je suis donc plus focalisé sur la danse, mes performance. Mais le public, il faut le toucher au cœur et je me rends compte que certains ont réussi à captiver les gens d’une manière plus émotive. Je pense à Emmanuel Moire qui a retourné la France entière en voulant danse pour son frère jumeau qui est décédé. Il nous a tous fait pleurer. Même s’il n’a pas toujours été le meilleur, il a réussi à toucher les gens. Ça fait partie de la compétition. Les artistes qui arrivent à se livrer corps et âme arrivent à toucher le public et à gagner la boule à facettes.
Si on teproposait la « Star Academy » ?
En tant que chanteur… NON (il rit) mais en tant que coach oui parce que tout projet concernant la danse m’intéresse. Mais « Danse avec les Stars » a été l’expérience de ma vie… Je peux dire que « Danse avec les stars » a changé ma vie.
Et Coralie ? Que pense-t-elle de te voir passer de bras en bras ???
(Il rit) Elle est danseuse professionnelle donc ça change pas mal la donne. J’aurais une femme qui n’est pas dans ce milieu, ça pourrait poser des problèmes. Mais là, elle comprend, sans compter qu’on danse souvent ensemble. On est partenaire de scène et de vie. C’est comme au cinéma, et peut-être pire lorsque les acteurs s’embrassent ou sont à poil dans un lit ! Nous n’en sommes pas là mais on joue un rôle avec des partenaires différents. Avec Coralie, on est fier l’un de l’autre et quand on voit sa femme mettre au monde notre enfant… Ah lala…
(Moment d’émotion)
Après, petit, je dansais avec ma sœur et je n’ai jamais eu ce rapport sexuel avec la danse. Je suis là pour faire rêver les gens, leur mettre durant trois minutes des paillettes dans les yeux… et me mettre des papillons dans le ventre avant d’entrer en scène. Le jour où je n’aurai plus ces papillons, j’arrêterai »


On pourrait rester des heures avec ce garçon fougueux, vrai, tellement passionné. On le retrouvera donc avec plaisir dès le vendredi 7 février sur TF1. Avec qui ? Celle avec qui il répète aujourd’hui… Mais il ne nous en dira rien !
Après ça, il s’attaquera à une comédie « musicale et magicale » avec Coralie… Rendez-vous est déjà pris pour la voir naître ! Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
photos de danse collection personnelle

Ghislaine LESEPT… Femme de passion

Si son nom ne vous dit rien c’est qu’elle est connue sous le pseudonyme de GIGI.
La femme est belle, lumineuse, son accent est celui qu’on attrape en naissant du côté de Toulon. Si Gigi est truculente, volubile, méridionale et dans la voix et dans le geste, Ghislaine est tout en douceur et en sourire.
Elle est comédienne  « de naissance », aujourd’hui elle écrit ses pièces de théâtre et ses one woman shows et le succès ne la quitte plus de puis, comme on dit chez nous, « belle lurette », aussi bien dans des pièces comme « Noces de rouille (Les débuts de l’embrouille) ou dans les seule en scène comme « Gigi vous décape la tignasse ».
Comédienne auteure créatrice de la compagnie « La Barjaque », productrice, directrice artistique et coach  de 25 apprentis comédiens dans le cours qu’elle a créé, on la retrouve aussi au Théâtre de la Porte d’Italie où elle invite des humoristes et de compagnies théâtrales.

Bref, c’est une artiste aux multiples facettes, qui touche aussi au cinéma et à la télévision. Elle a fait de sa pièce « Noces de rouille » un film hilarant, elle est brièvement passée dans la série « Plus belle la vie », dont elle n’a pas gardé un souvenir impérissable, travaille avec notre ami commun Xavier-Adrien Laurent, dit Xal dans son association marseillaise « La Réplique ». Elle tourne en ce moment avec une pièce qu’elle a écrite « Fromage de chèvre sauce thaï ».
Nous sommes amis depuis des années et du coup, la retrouver est un plaisir et surtout une chance tant elle a une vie de ministre… En plus sympa et en plus rigolo !
La voici qui sort d’un tournage et qu’elle est en train d’écrire un nouveau one woman show. Nous avons enfin trouvé un créneau pour parler de tout cela. « En ce moment, je suis en pleine écriture. J’ai hésité entre une pièce et un seule en scène et j’ai choisi la seconde solution… Et je suis totalement prise pas ça ! Alors, quelquefois je n’ai pas de jus et quelquefois il y a le robinet qui s’ouvre, ça vient tout seul et alors là plus rien ‘existe, je fonce, je reste des heures sur l’ordinateur, je ne vois plus le temps passer et je ne fais pas de pose pour ne pas perdre le fil. J’en oublie d manger, au grand dam de mon mari. J’ai des bouts de papier partout, que je passe mon temps à rechercher. Il me vient une idée qu’il faut que je mette en forme tout de suite. Dans ma tête j’en ai juste pour une demi-heure mais une fois lancée, ça peut durer quatre heures. Je ne vois pas du tout le temps passer. Si j’ai un spectacle le soir, je me mets une sonnerie sinon je passe l’heure ! Je n’ai aucune notion du temps lorsque j’écris. C’est très jouissif et si tu coupes ce moment, tu ne le rattrapes plus. Si je sors du bouillon ne retrouve plus le même !

Fromage de chèvre sauce thaï

Donc tu écris, tu tournes et tu continues de jouer ?
Oui en parallèle je tourne avec « Noces de rouille » qui continue à avoir un succès énorme. En novembre on a joué au Théâtre Armand, à Salon de Provence, un théâtre à l’italienne qui contient 440 places. Dès que le spectacle a été mis en vente en août, début septembre c’était complètement plein ! On était invité par une association et le directeur, qui n’avait alors jamais répondu à mes sollicitations, a été soufflé de voir autant de monde alors que ses autres spectacle n’en faisaient que la moitié ! Nous avons eu une standing ovation et lui, vexé, nous a tout juste dit : « C’est très efficace » !
Je tourne aussi avec « Fromage de chèvre » qu’on a joué cet été à Avignon, qui commence à prendre de l’ampleur. Nous serons le 14 février à la Porte d’Italie à 19h et 21h.
Alors, avant de parler de film, ton prochain spectacle ?
Ca se passe lors d’un repas de Noël réunissant toute la famille. Il y a mon beau-frère Oscar que je ne peux pas blairer et qui se la joue parce qu’il travaille à la mairie, dont un des fils avoue qu’il est queen et l’autre qui a le tempérament d’un escargot en fin de vie, sa femme est influenceuse, sa mère, juive pied noir a la maladie d’Alzheimer, qui a vu François Mitterrand à « The voice », son père qui est gaga.
Et tu fais tous les personnages ?
Oui, c’est pour ça que j’ai hésité entre la pièce de théâtre et le seule en scène. Mais il y avait trop de personnage et donc, la difficulté est de trouver une voix pour chaque personnage.
Le plus important est la mère, Marie-Thérèse… J’ai du pain sur la planche.
Quand comptes-tu jouer ce spectacle ?
J’espère en mars. Mais je me régale d’écrire.
Jouer ou écrire, par quoi as-tu commencé ?
Au départ je n’écrivais pas. J’ai commencé à écrire lorsque je faisais le sketch de Mado la Niçoise « le GPS ». Delmas, le producteur, me reproche de piquer ce sketch et me dit d’écrire mes propres sketches. J’ai donc écrit dans l’urgence. La date d’après était Pierrefeu et toute l’équipe de Delmas était là… Et ça a marché !

Alors le tournage ?
C’est un court-métrage qu’on a tourné dans deux serres désaffectées du côté de la Crau et du Pradet. Le réalisateur et scénariste est Thomas Colineau. Il est toulonnais et a déjà une belle carrière de scénariste (Reines du drame, Demain nous appartient, Nina) il a obtenu un prix au festival de Cannes avec « Salade grecque » comme réalisateur…
Comment t’es-tu retrouvée sur ce tournage ?
Par le biais de La Réplique qui avait mis  une annonce pour le casting du film. Je me suis présentée et j’ai été choisie. Toute la troupe est parisienne et je suis la seule femme du film. Le film s’intitule « Xylella Fastidiosa »…
Ce qui signifie ?!
C’est le nom d’une bactérie mortelle qui attaque les végétaux, entre autres les oliviers.
Je suis Christiane, jardinière à « La belle pinède » et vis et travaille avec Simon, mon fils qui est gay (Lucas Faulong). Il a des problèmes avec un garçon avec qui il a une histoire et qui ne lui répond plus. En fond, donc, cette bactérie avec cette histoire de la mère et du fils et d’Hyacinthe, un vieil homo un peu mystérieux.
A part le réalisateur et moi, toute l’équipe venait de Paris, tous des pointures, et le tournage a été très sympa, hormis que dans les serres il faisait très chaud mais tôt le matin et tard le soir, c’était le contraire ! »

On a hâte de découvrir notre Gigi qui comme d’habitude, va encore nous surprendre car, hormis ses talents comiques, elle est une magnifique comédienne.
Alors… A suivre !

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Un homme, une femme – Episode 2
Aliénor de CELLES & Luc PATENTRIGER

Sa boutique seynoise, c’est la caverne d’Ali-Baba. Des peintures, des dessins, des vêtements, des objets et bibelots venus du monde entier… C’est dans le calme du 16, rue Evenos, qu’Aliénor de Cellès a installé sa boutique-atelier, « Simona de Simoni », où elle reçoit les clients, où elle crée des tas de choses, où elle anime des ateliers pour enfants…
Et c’est là que Luc Patentriger, président du festival « Femmes ! » l’a découverte et lui a proposé de créer, pour la première fois, une affiche originale que l’on a pu voir dans toutes les villes où le festival s’est posé.
Femme discrète, presque timide, elle nous parle de ses passionsAliénor de Cellès : On va toujours vers les choses qu’on aime
« Aliénor, comment l’Art est-il venu à vous ?
J’ai toujours, toute petite, dessiné et peint D’ailleurs à huit ans j’ai gagné un concours de dessins organisé par la mairie de Saint-Raphaël où j’ai habité jusqu’à mes 15 ans. J’ai aussi gagné un concours de poésie. J’ai toujours eu cette sensibilité et j’ai même été éditée à dix ans, ce qui a fait très plaisir à mes parents ! J’ai toujours « bricolé » puis j’ai fait un BTS d’Art Plastique, de lettres à Troyes. J’ai fait Histoire de l’Art et Sémiologie à Toulouse.

Comment vous êtes-vous retrouvée à la Seyne-sur-Mer ?
J’ai passé toute ma vie à Paris mais mon conjoint est d’ici et il a eu envie de revenir en Provence où il était venu dix ans avant. On avait décidé de revenir ici lorsque notre fils aurait eu son bac. Nous sommes revenus en 2018 à Toulon où nous ne nous sommes pas plus. Nous étions considérés comme des étrangers ! La greffe n’a donc pas pris.
De plus, la mairie proposait des locaux aux artistes en nous faisant des réductions sur la location. Au final, nous avons eu 12… Euros de réduction et… 50.00 Euros de travaux, le sol était en terre battue, pas d’électricité. Lorsque ça ne marche pas, la mairie récupère le local. J’ai trouvé ce comportement un peu limite !
Depuis l’âge de 20 ans, j’ai eu des boutiques et j’ai toujours préféré acheter les murs.
Du coup on a cherché ailleurs et c’est à la Seyne qu’on s’est installé. Et là, c’est chez moi !
Vous êtes quand même un peu isolée ?
J’ai cherché pendant un an, ja’i trouvé cet endroit qui est très calme, j’ai des clientes fidèles. J’ai même d’anciennes clientes que j’avais à Paris, je leur fait visiter les environs, je leur fait prendre le bateau. J’ai du temps pour animer mes ateliers, préparer mes expositions.
Vous avez donc multiplié les plaisirs !
Oui mais c’est toujours le dessin qui est au centre de tout. Et le contact humain aussi qui est important. Je travaille beaucoup avec des enfants, dans les écoles, autour de projets pédagogiques, j’ai travaillé avec la maison de couture « Les blancs manteaux ». C’est l’humain d’ailleurs qui m’a rapprochée de Luc. Nous avons beaucoup de similitudes.

chacun racontant son  histoire. Ce qui lie l’écriture, la lecture et le dessin. Ca a donné des choses extraordinaires.
Et la mode ?
J’ai travaillé pour des compagnies de théâtre. J’ai toujours eu une sensibilité aux textiles. Lorsque j’avais dix ans, chez moi je réalisais des boutiques et ma sœur, qui était plus jeune, était ma cliente ! Elle se lassait très vite et je ne comprenais pas pourquoi !
Je pense qu’enfant, lorsqu’on crée des choses, ces sont souvent ses futures perspectives. La preuve : ma mère enfant avait toujours un boulier à la main… Elle est venue comptable !
J’avais une amie styliste, Sylvie Loussier, la femme du musicien Jacques Loussier, qui avait une marque de vêtement « Petits faunes » et qui se servait de nous comme modèles. J’étais à bonne école ! Et c’est vrai aussi qu’on va vers les choses qu’on aime.
J’avais dit à Sylvie, alors que j’avais 4 ans : « Quand tu seras morte, je prendrai ta place » !!!
Sympa, non ?
Enfin, la peinture ?
J’ai toujours dessiné, peint, ça a toujours été mon moyen d’expression, à part ça, peu de choses me plaisaient. J’ai d’ailleurs payé mes études à Toulouse en peignant et en dessinant, en créant de petits bijoux, des mosaïques. Je n’ai jamais arrêté de créer.
Revenons au festival… Votre rencontre avec Luc …
Je l’ai connu par l’intermédiaire de Christelle, une amie commune et nous avons tout de suite accroché. Il m’a proposé de créer cette affiche et travailler avec lui a été très agréable.  Tout a bien fonctionné et je pense que ma toile représentait bien le thème, l’identité du festival. J’espère qu’on pourra retravailler ensemble.
Des projets ?
Je vais avoir une exposition à Paris, une à la Seyne en avril chez une psychiatre qui m’a déjà acheté des toiles et un énorme projet dont je ne peux pas encore parler ».

L’affiche du festival
La robe sapin créée par Aliénor

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Un homme, une femme- Episode 1
Luc PATENTREGER & Aliénor de CELLES

Lui, c’est le président du festival « Femmes ! » qui s’est déroulé sur plusieurs villes varoises.
Elle est l’auteur de cette originale affiche qui a accompagné le festival.
Pour clore en beauté cette magnifique manifestation, nous avons réuni nos deux amis dans l’atelier magique d’Eliénor de la Seyne « Simona de Simoni », bien caché dans une ruelle synoise, 16, rue Evenos, l’une pour parler d’elle, lui pour parler… de lui et faire un point sur ce festival  pour lequel j’ai eu l’honneur d’être juré.Luc Patentreger : « Je suis un universaliste »
« Luc, 23ème édition de ce festival que tu présides et qui fut cette année un grand succès !
Oui, le film a duré presque un mois, nous avons fait 5.200 entrées, c’est la meilleure édition et au niveau  des diffusions de films, des spectacles et des animations off, nous avons fait très très fort, nous avons des retours très intéressants, que ce soit du public, des institutionnels, des artistes invités. Ça a été une très belle édition.


Tu n’as pas choisi la facilité : Un mois, de multiples lieux…  Comment arrive-t-on à tout concilier ?
La première étape est de trouver le thème de l’année. Cette année ça a été les femmes artistes. La seconde fut de trouver l’artiste qui allait illustrer l’affiche,  ce qui était une innovation puisque depuis le début nous avions le même graphisme. C’est Aliénor qui fut l’artiste élue, ce qui a très bien été perçu puisque les gens ont adoré. La troisième étape – et non la moindre ! – fut bien sûr de trouver les films. Au sein de l’association, nous avons un comité de sélection. Nous avions les films fin juin, un panel de 50 films choisis parmi les 200/250 films vus. Et c’est toute l’équipe qui choisit les films à présenter au festival.
Comment cela fonctionne-t-il pour arriver à ce choix ?
Nous sommes beaucoup aidés par Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles de Six-Fours qui est au courant de tout ce qui se tourne et pour le choix des avant-premières présentées. Cette année nous en avions sept.
Autre innovation : un jury !
Oui, nous avons pensé qu’il serait bien de créer, en parallèle avec le prix du public, un prix d’un jury de professionnels en incorporant les sept avant-premières.
Ca a très bien fonctionné et nous avons eu l’idée d’y ajouter l’an prochain un prix pour une comédienne.*
Et après ?
Après… Juillet/août, c’est là où je m’enferme dans ma tanière où je prends seul les décisions, aidé de quelques personnes, dont mon épouse, Martine et c’est peut-être aussi le moment le plus important : trouver les bons films dans les bonnes salles et aux bons horaires. Nous avons quatre villes différentes, six ou Sept salles différentes, et des publics complètement différents. Chaque salle a son public. Il faut des films qui s’adaptent au public, à la salle et aux événements que nous mettrons autour des films. L’idée également, c’est d’imaginer le mélange, la mixité de la population.
C’est un défi.

Donc, l’été, pas de vacances, pas de bronzage, pas de mer !
Si… Je cogite en marchant beaucoup car je suis avant tout un marcheur, plus qu’un nageur !
Comment toi et ton équipe visionnent autant de films ?
Déjà, il y a le thème. Nous avons, le comité de sélection et des bénévoles qui font des propositions de films. Je ne fais pas partie du comité de sélection pour découvrir les films comme le public. Le problème est que je ne vois pas certains films, s’ils sont sélectionnés, je ne peux pas en parler. Il faudra donc que je les vois où que je trouve quelqu’un pour les présenter.
Mais encore ?
Il y a les plateformes,  mais aussi dans les festivasl car certains, comme Mireille Vercellino, vont à de nombreux festivals, il y a bien sûr le Festival de Cannes et aussi Noémie Dumas qui nous fait des propositions.
C’est cette alchimie de bénévolat qui fait qu’un choix se dessine.
Et les films sélectionnés ne sont pas faits que par des réalisatrices ?
C’est un choix parce que je pense que les hommes ont aussi des choses à dire pour les droits des femmes. C’est donc une vision mixte. Déjà en tant que président et homme donc, je pense que ce combat du droit des femmes doit être porté ensemble. Je suis un universaliste, je suis Charlie et c’est ensemble que nous devons combattre.
Les thèmes choisis sont aujourd’hui moins militants, plus ouverts qu’avant. L’amour, la résilience, les femmes artistes, les droits des femmes passent aussi par tous ces éléments.
Le thème de l’an prochain ?
Je ne peux pas encore le dire !

Comment se fait-il que ce soit un homme président d’un festival féminin ?
Il y a 23 ans, c’est moi qui ai créé ce festival. En tant que médecin et psychanalyste, je me suis toujours posé beaucoup de questions sur les problèmes des femmes. De plus, j’ai vécu dans un univers de femmes et j’ai pu voir leurs problèmes. Durant mes études j’ai découvert toutes les problématiques de mes copines souvent agressées par des mecs, je trouvais ça insupportable. Je suis aussi un enfant de Mai 68, donc écolo-féministe, le planning familial. Devenu médecin, j’ai écouté beaucoup de femmes. Et puis il y a eu la fermeture des chantiers navals et là j’ai encore découvert des femmes dont les maris avaient perdu leur boulot, qui étaient alcoolisés, brutaux, dépressifs, qui les frappaient, avec les enfants au milieu de tout ça. J’ai vu la misère de la condition des femmes.
Avec mon côté militant, devenu adjoint à la Culture, (dix mois, car le maire m’a viré !) l’idée m’est venue de faire un festival dédié aux femmes.
Lorsque, en 2001, j’ai rencontré Loucha Dassa qui avait créé les rencontres « Cinéma et femmes » nous avons décidé de créer ce festival.
En 2020, le covid approchant, il était impensable de réaliser le festival. Elle a décidé d’arrêter le festival. Et je l’ai donc repris avec toute l’équipe ». Et l’on voit ce que ça a donné… Succès amplement mérité avec cette équipe magnifique qui l’entoure et qui nous promet encore des moments intenses de cinéma autour d’une cause on ne peut plus défendable : la femme.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
* Prix du jury : « Mon gâteau préféré » de Maryam Moghadam et Behtash Sanahaeeha
Prix du public : « Prodigieuses » de Frédéric et Valentin Potier


Hugues AUFRAY… On the road again !

Hugues Aufray fait partie de ces artistes que j’ai toujours rencontrés au fil des décennies puisque, démarrant mon métier dans les années 60, il était déjà connu. Je l’ai donc très souvent rencontré dans les galas, les tournées qui alors duraient deux mois d’été. Et toujours il m’a reçu, on a fait beaucoup d’entretiens, de photos car, au contraire de ces pseudo-stars d’aujourd’hui, il n’a jamais refusé une rencontre.
Le retrouver cette semaine au théâtre Galli de Sanary a été un nième plaisir de pouvoir bavarder avec lui.

« Alors, Hugues, à 94 ans passés, vous voilà toujours en tournée ?
Une mise au point : Une tournée, ça ne veut plus rien dire pour moi aujourd’hui. Avant, les tournées étaient comme un cirque. On allait de ville en ville durant deux mois… Aujourd’hui je fais des concerts, je prends le temps entre deux dates mais je ne prends jamais de vacances. Je ne sais pas ce que c’est car en fait, je ne travaille jamais… Je joue ! Je m’amuse car pour moi, chanter c’est un jeu.
Jamais le trac ?
Le trac ? Je ne sais pas ce que c’est. Je suis peut-être un imbécile mais je n’ai jamais compris qu’on puisse, comme Brel, avoir le trac de faire ce qu’on a choisi de faire. J’ai été un athlète, un champion universitaire du 4×100 mètres et là, je peux vous dire qu’on a le cœur qui bat.
Alors que monter sur scène a toujours été un immense plaisir.
Je vous avoue que je suis un mélange de courage et de paresse. La seule chose pour moi qui n’est pas un travail, c’est la scène, les galas, les potes avec qui je pars. J’ai ma guitare, je chante et c’est là la vraie vie.
Après, il faut écrire et ça, c’est le boulot car me retrouver face à moi-même c’est plus dur que de couper les arbres, monter un mur… ou un cheval !

Premières rencontres… A Toulon…
… Au MIDEM à Cannes

Vous rappelez-vous de la première fois où vous êtes monté sur scène ?
Oui, c’était vers 40/41, après mon service militaire.
Et vous avez tout de suite eu envie d’en faire un métier ?
Mais pas du tout, je n’avais jamais rêvé de gagner ma vie en chantant ! D’ailleurs à l’époque, je ne pensais pas qu’on pouvait être payé pour chanter !
Mais je détestais l’école, j’étais incapable de faire des études, les maths, même l’orthographe, j’avais envie de faire de la peinture, de la sculpture.
Et la chanson alors ?
J’avais toujours avec moi un instrument qu’on appelle la guitare et dont je jouais, comme seuls, alors, le faisaient Félix Leclerc et Gorges Brassens. Et les gitans. C’était alors un instrument rare. Je jouais mais je ne pensais pas à en faire mon métier. J’étais attiré par les arts plastiques. D’ailleurs, aujourd’hui, après avoir abandonné longtemps, je reviens à la sculpture. Je vis à Marly-le-Roi dans la maison d’un des plus grands sculpteurs : Maillol. Ça m’a donné l’envie de m’y remettre… Et même de faire une exposition, chose que je n’ai jamais osé faire. La seule chose que je n’ai jamais exposé c’est un portrait de Dylan.
Revenons en arrière… Voilà que vous décidez de chanter et que vous allez rencontrer Gainsbourg, alors pas connu.
Je m’étais marié très jeune, j’avais déjà deux filles et il fallait que je gagne ma vie. J’ai commencé à chanter dans les cabarets et un jour j’entends Gainsbourg qui chantait deux chansons. J’ai aimé ce qu’il faisait même si pour lui, ça ne marchait pas mais j’ai compris que si je devais chanter, il fallait que je me crée un répertoire. Je lui ai alors demandé si je pouvais chanter ses chansons, dont « Le poinçonneur des Lilas ».
Malheureusement, cela m’a mis en marge du métier car Gainsbourg avait mauvaise réputation à cause de l’alcool et du tabac. Or, ni je busvis, ni je fumais. De ce fait, nous n’avons pas créé des liens permanents.
Et puis j’ai concouru aux « Numéros uns de demain » à l’Olympia et j’ai gagné.
Ente autres rencontres, il y a eu Vline Buggy, qui écrivait déjà des chansons pour Claude François et qui en a écrit pas mal avec vous.
J’ai été présenté à Vline par Jean-Pierre Sabard qui était alors le pianiste de Claude. Je l’ai rencontrée et je venais de récupérer une chanson du folklore américain : « If I had a hammer » que je voulais chanter en français. C’est devenu « Si j’avais un marteau »… Que Vline a donné à Claude ! On s’est quand même accordé et on a fait « Allez, allez mon troupeau » qui a été un vrai succès, malgré Daniel Filipacchi qui ne voulait pas la passer à « Salut les copains ». Mais, le succès aidant, il a bien dû s’y résigner !
Comme passer sur la photo célèbre de Jean-Marie Périer avec tous les yéyés du moment !!!

Vous avez continué à écrire avec Vline … « Céline », « Adieu Monsieur le professeur », « Hasta luego » entre autres…
Oui mais je veux faire une mise au point : Je lui dois autant que ce qu’elle me doit. On a partagé ces chansons et… je n’y suis pas pour rien ! Je pense lui avoir aussi apporté beaucoup !
Autre rencontre : Bob Dylan
Oui, je l’ai rencontré, j’ai tout de suite aimé son style,  ses chansons, et j’ai eu envie de les traduire en français pour les chanter. Et j’ai demandé à Pierre Delanoé de les adapter. Il l’a fait pour me faire plaisir car il n’aimait ni l’artiste, ni ses chansons !
Vous traversez donc les années dites « yéyé » alors que vous êtes totalement à contrecourant… Et ça marche car vous collectionnez les succès !
C’est vrai que je n’ai jamais été « yéyé » et d’ailleurs je déteste ce mot qui ne veut rien dire. J’avais dix ans de plus qu’eux mais c’est vrai que j’ai été incorporé à ces jeunes, moi « le vieux » de la troupe. Mais ça m’a permis de connaître Johnny. Et dans les hits, j’étais devant lui. Il était un peu dans le creux de la vague. Du coup j’ai été pris pour faire ses premières parties.
Et quelques années après, c’est lui qui vous aider à revenir sur le devant de la scène.
Lorsque ma maison de disques m’a lâché parce que je n’étais plus assez vendeur, j’ai décidé de me produire mais hélas, ça a mal tourné car si vous n’êtes pas soutenu par un label, on ne vous reçoit pas. Mais je vous précise que n’ai jamais arrêté de faire des spectacles car le public m’est toujours resté fidèle. Ce sont les médias qui n’ont plus parlé de moi. C’est Johnny qui m’a présenté  à Mercury et je suis ressorti de la boîte.

Et il y a l’Eurovision en 64. Inattendu, non ?
Oui. Il se trouve que, voyant mon succès, Maritie et Gilbert Carpentier me proposent de m’y présenter  pour le Luxembourg avec une chanson de Robert Gall, le père de France : « Lorsque le printemps revient ». Ils me trouvaient beau garçon, aimaient ma voix et mon originalité. D’autant que tout le monde chantait avec un orchestre symphonique alors que je me suis présenté avec trois musiciens : mon Skiffle Groupe. En face de moi il y avait Romuald  pour Monte-Carlo et Gigliola Cinquetti pour l’Italie. Je suis arrivé 4ème et j’avais dit à Gigliola : « Tu vas gagner ». Ce qu’elle a fait !
Et ce beau garçon n’a-t-il pas eu envie de faire du cinéma ?
Oui. J’en ai fait… trois jours ! J’avais fait des essais pour le film « La vérité » avec Bardot, qui était une fille adorable. J’avais d’ailleurs été pris mais je n’ai tenu que quelques jours avec Henri-Georges Clouzot qui n’arrêtait pas d’insulter les gens. Je suis parti avant de lui mettre mon poing dans la figure !
Avez-vous toujours votre maison en Ardèche ?
Oui mais elle n’est plus à moi. Lorsque ma première femme est décédée, je l’ai donné à mes deux filles, Marie et Charlotte et elles y habitent encore.
Et vous êtes installé à Marly-le-Roi !
Oui, avec ma seconde épouse. Je dois vous avouer qu’elle est belle et beaucoup plus jeune que moi, ce qui a un peu fait jaser. Mais je m’en fiche ! Aujourd’hui, les concerts vont se terminer et j’ai pour projet de me remettre à la sculpture et de présenter enfin mon travail que je n’ai jamais montré ».
On va donc enfin découvrir une autre face du talent de l’artiste très bientôt.
Hugues Aufray n’a pas fini de nous surprendre !

Et déjà, il nous a surpris avec un spectacle de plus d’une heure et demi, où il chante autant qu’il parle (comme durant l’interview !, où il raconte ses chansons et nous assène, avec ses cinq remarquables musicien, des succès que tout le monde chante, de « Quand le printemps revient » en passant par « Céline », « Le petit âne gris », « Stweball », « Hasta Luego », « La fille du Nord », « A bientôt nous deux », «L’épervier », « Adieu Monsieur le professeur » que tout le monde chante avec lui les larmes aux yeux, terminant par « Santiano »repris debout par la salle entière. Plein de moments d’émotion et d’humanité  dont cette version de « Je vous salue Marie » de Brassens C’est un cadeau que nous offre cet artiste exceptionnel qui, à 94 ans, n’a perdu ni sa voix, ni sa superbe.
Bravo l’artiste !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon… et Jacques Brachet !

Barbara BRUN entre dans le monde de Pagnol

Petite, elle avait des ambitions originales. Hormis collectionner les cailloux, elle voulait être sculptrice de… petits beurre ou encore interprète pour oiseaux voyageurs !
C’est dire qu’elle était déjà dans un monde de poésie et du coup, ayant des velléités de dessin, elle s’est lancée dans la peinture, l’aquarelle après avoir fait des études d’art plastique à Nantes.
Elle s’est donc retrouvée à illustrer « les contes de la chouette » d’Éric-Emmanuel Schmitt, « Le fantôme de Canterville » d’Oscar Wilde et de beaucoup d’autres livres. Il y a quelques mois, est sorti « Les loups des quatre saisons » (Flammarion jeunesse) et voici que sort « Le livre de la nature » (Ed Michel Lafond), les poèmes de jeunesse d’un certain Marcel Pagnol. Des poèmes qu’il écrivait déjà enfant et que Flammarion a décidé de lui confier les illustrations, avec l’assentiment de Nicolas, petit-fils de l’écrivain.
Des illustrations magnifiques de poésie, de légèreté et qui s’imbriquent parfaitement aux poèmes naïfs, véritables odes à la nature.

« Barbara, comment êtes-vous venue sur ce projet ?
Je ne l’ai pas fait exprès ! C’est tout à fait par hasard que les éditions Michel Lafond m’en ont parlé et j’ai tout-à-fait aimé cette ligne poétique. D’autant que ça me parlait dans la mesure où je suis de la région, où j’ai de la famille disséminée en Provence. Adulte je suis revenue en Provence, à Valréas et je vis à Grignan. Il y avait plein d’éléments qui faisaient que j’ai très vite aimé ce projet, avec évidemment l’assentiment de Nicolas Pagnol… que je n’ai pas rencontré mais qui m’a donné carte blanche.
Comment avez-vous abordé ce beau projet ?
Je me suis lancé dans la relecture de l’œuvre de Pagnol, entre autres ses souvenirs d’enfance, enfance durant laquelle il a  écrit ses poèmes. Qui sont vrais, touchants, tellement ancrés dans sa Provence. J’ai fait aussi quelques recherches sur son enfance, rassemblé un maximum d’infos sur celle-ci, son état d’esprit d’alors, car tout est lié et je voulais être fidèle à l’auteur. Et je me suis lancée !

Comment avez-vous travaillé entre votre éditeur et Nicolas Pagnol ?
J’avais carte blanche mais, déjà, j’ai essayé de faire un classement des poèmes par rapport aux écrits, aux rythmes, certains se font écho et voulais qu’il y ait une logique dans le déroulement de ces dix-sept poèmes. Un peu comme un calendrier de l’Avent !
Après ça, à chaque fois que j’illustrais un poème, je l’envoyais à l’éditeur, qui le montrait à Nicolas Pagnol. Et qui, à chaque fois, s’est montré enthousiaste. Jamais une fois ne n’ai eu à refaire une illustration.
Vous ne travaillez que sur coups de cœur ?
Oui, très souvent et la plupart du temps grâce à des propositions qui m’arrivent, d’éditeurs ou d’auteurs. J’ai ainsi collaboré avec des auteurs. Mais c’est aléatoire. Il se peut que je n’aie pas de projets qui viennent.
Et alors ?
Alors, on attend ou on fait autre chose. On change de métier. C’est ainsi qu’à une époque j’ai ouvert un salon de tatouages en instaurant un style plus fin et je peux vous dire que le travail à la plume m’a fait évoluer sur mon travail d’illustration. Ca a changé ma façon de travailler, l’esthétique, j’ai appris de nouvelles techniques, ça a été une période très formatrice.
Et vous continuez ?
En ce moment non car depuis quelques années je travaille pas mal et je n’ai plus guère de temps mais je sais que j’y reviendrai car c’est devenu aussi une passion.
En dehors de ce « Pagnol » que faites-vous ou qu’avez-vous fait ?
J’ai sorti au printemps « Les loups des quatre saisons » chez Flammarion et début 2025, sortira un livre chez Rober Laffont. Un livre que nous avons fait avec Céline, une auteure.
J’aime bien travailler en binôme.

Que faites-vous de ces illustrations ?
Je les garde ! Du moins un certain temps car je fais des expositions. Souvent aux salons du livre, je suis invitée dans une classe pour parler de mon travail et je montre ce que j’ai fait.
Je suis aussi demandée dans des expositions comme celle qui aura lieu à la mairie de Valréas et qui débute le 5 décembre.
Peut-on dire que vous avez un style ?
Je ne sais pas car mes illustrations s’adaptent à l’écrit ou à l’auteur. Donc je ne sais pas si l’on peut dire ça. D’ailleurs, plusieurs fois, des gens qui voient mon travail me posent la question de savoir si « tout » est de moi !
Je m’adapte à ce que l’on attend de moi et je ne peux pas garder le même style pour une œuvre d’Éric-Emmanuel Schmitt, des poèmes de Pagnol ou l’univers fantastique d’Oscar Wilde ».

Belle, talentueuse, Barbara entre donc dans le monde de Pagnol.
Normal, non, lorsque l’ami de César s’appelle Monsieur Brun et que la fille de Raimu s’appelait Paulette Brun !
Elle ne dépare pas dans le monde de cet illustre écrivain !

Propos recueillis par Jacques Brachet

Isabelle AUBRET… La voix de l’amour

Thérèse Coquerelle , ouvrière à 14 ans  comme bobineuse dans l’usine où travaille son père, a toujours eu la chanson dans la voix, dans le sang, dans le cœur. En parallèle de ce métier, elle tente tous les concours de chant qui se présentent dans sa région lilloise, jusqu’à ce que Bruno Coquatrix la remarque en 1960 lors d’un concours à l’Olympia. Très vite elle va enregistrer dont une chanson qui vient de gagner l’Eurovision 1961, grâce à Jean-Claude Pascal : « Nous les amoureux ». Et c’est elle qui, un an plus tard, gagne l’Eurovision avec « Un premier amour ».
De là, elle ne cessera de chanter dans le monde entier, même si, les « yéyé » auraient pu la déstabiliser. Pourtant elle va bousculer les barrières et se faire une place entre Sheila, Sylvie Vartan, Johnny Hallyday, Richard Anthony et les autres.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que, dans les années 2000, on la retrouve au milieu de certains de ces artistes dans les tournées « Âge Tendre ».

Invitation à la Seyne-sur-mer
Avec Gérard Meys en tournée

Quant à moi, c’est dans les années 60 que je la rencontre pour la première fois. En 65 exactement, lors de la tournée que je ferai en tant que journaliste, où elle partage la vedette avec Adamo. Je la retrouverai plus tard sur les tournées Âge tendre où des liens d’amitié se noueront entre elle, Gérard Meys, son mari et producteur, producteur également d’un certain Jean Ferrat, et moi.
En 2010, je les inviterai à la Seyne-sur-Mer pour un hommage à Ferrat, chose qu’elle n’avait alors jamais faite. Sur le thème « Les écrivains et la chanson », ils seront entourés par mon autre amie Alice Dona, venue rendre hommage à Gilbert Bécaud, Claude Lemesle avec qui les deux chanteuses ont chanté des chansons de cet auteur-compositeur, orchestrées par Jean-Claude Petit.
Ce furent des journées de ferveur, d’amour, d’amitié et aussi de beaucoup de rires.
Au départ, Gérard m’avait demandé à ce qu’elle ne chante pas. Mais Isabelle, ayant tout prévu, avait apporté une bande sur laquelle elle chanta et nous offrit en prime un poème « Sur le boulevard Aragon ».
C’est grâce à Gérard que je pus rencontrer Jean Ferrat pour la sortie de son disque « Dans la jungle et dans le zoo », qui nous reçut  chez lui à Antraigues où j’ai moi aussi ma maison de famille à quatre kilomètres de chez lui.
Mais, revenons à Isabelle avec qui j’avais fait une longue interview durant les tournées « Âge Tendre », surpris de la retrouver entourée de ces artistes dits « Yéyé », loin de ce qu’elle défendait dans la chanson française.

Age Tendre avec Herbert Léonard
AgeTendre avec Bobby Solo
Age Tendre avec Michel Orso

Elle se mit à rire : « Mais figure-toi qu’à cette époque, je gagnais l’Eurovision en 62,  je rencontrais Ferrat » qui m’offrit « Deux enfants au soleil » puis plus tard « C’est beau la vie » ! En 63 je faisais l’Olympia avec Jacques Brel, en 65 je partais en tournée avec Adamo et j’ai même raté un film : « Les parapluies de Cherbourg » que me proposait Jacques Demy, à cause de mon accident. Et j’ai toujours eu quelque chose qui me bouleverse encore : l’affection et la fidélité du public ».
On a pu le voir lors de ces tournées où elle arrivait sur scène après que Jean Ferrat lui-même, qui avait enregistré un petit clip, la présentait. Et après son tour, sept mille personnes l’acclamaient debout.
Isabelle, deux rencontres ont compté plus que les autres : Brel et Ferrat…
C’est Brel qui m’a choisie alors que je ne le connaissais pas. Il devait partir en tournée avec Michèle Arnaud et il a dit au producteur : « C’est la petite que je veux ». Je croyais rêver. Grâce à cette rencontre, nous sommes devenus amis, je l’ai beaucoup chanté, je lui ai même consacré un disque. Autre jolie histoire : Lorsque j’ai eu mon accident, j’étais explosée de partout, il est venu me voir à l’hôpital et a dit à mon entourage : « Je lui donne « La Fanette »
Puis vient la rencontre avec Jean Ferrat, que tu as toujours appelé Tonton !
Gérard Meys est un jour venu me voir pour me proposer une chanson de Ferrat. C’était « Deux enfants au soleil » qu’il chantait lui-même. J’allais faire l’Eurovision et je lui ai dit : « On en parle après ». J’ai gagné l’Eurovision, on en a parlé, j’ai enregistré « Deux enfants au soleil » sur le même album que « Un premier amour »… Et elle est restée 27 semaines en tête des hitparades ! De ce jour, une amitié indéfectible est née. Tonton a écrit de magnifiques choses sur moi qui m’ont fait pleurer de joie. Il savait toujours choisir le mot qu’il fallait en toutes circonstances, lui qui était si pudique.


Parle-moi de ta première rencontre.
Lors de l’enregistrement de « Deux enfants au soleil », il passe dans le studio, me fait un petit signe mais, aussi timides l’un que l’autre, ça en reste là. Je pars en tournée avec Brel, j’ai mon accident et Jean n’ose pas venir me voir. Lorsque je recommence à marcher, je me rends compte à quel point c’est beau la vie. Ça donne l’idée à Michèle Senlis, qui avait déjà signe « Deux enfants au soleil » de faire une chanson et qui me propose la chanson « C’est beau la vie » en me faisant écouter la version de Jean à la guitare. Dans la foulée nous l’avons enregistrée tous les deux ainsi que « Nuit et brouillard », chanson polémique qui fut interdite d’antenne, surtout venant d’une femme qui venait de gagner l’Eurovision ! Mais on connait le succès et l’impact qu’a pu avoir cette chanson par la suite et de là est née notre amitié. J’ai enregistré quelque 80 chansons signées Ferrat.

Hommage à Ferrat

Dans la foulée, tu rencontres Aragon…
C’était après mon accident. Il m’avait invité à son anniversaire. J’étais très émue et honorée et lors de cette rencontre, il me propose de lire un de ses poèmes « Aimer à perdre la raison ». De ce jour des liens se sont créée et je ne me suis pas privée de le chanter grâce à Tonton. Je te précise que j’ai lu toute son œuvre, dont son dernier poème « L’épilogue ». C’est tellement fort et déchirant que Jean a mis trois ans pour le mettre en musique. « J’ai l’impression de lire son testament, plus jamais de ne mettrai l’un de ses poèmes en musique », m’avait-il dit.
Isabelle, difficile de ne pas parler de son Ardèche, qui est la mienne et qui est devenue la tienne.
C’est le directeur de la Maison de la Culture de Nice, Gabriel Monet, qui parle à Jean d’Antraigues où il a de la famille. Il cherchait un coin tranquille pour se reposer de ses quelque 250 galas, et surtout pas sur la Côte d’Azur. Gabriel l’y emmène et c’est le coup de foudre. Il appelle alors Gérard Meys et lui dit : « Il y a deux maisons à vendre, la belle est pour moi, l’autre est pour toi ! » Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés là-bas. Nous avions envie de le rejoindre, d’habiter pas loin de lui… mais assez loin au cas où nous nous serions fâchés ! Nous sommes à notre tour tombés amoureux de cette belle région.

Première dédicace
Première rencontre en tournée avec Adamo

Et il s’est totalement investi dans celle-ci.
Oui et ce qui est beau, c’est qu’il ne s’est pas considéré à Antraigues comme une vedette. D’ailleurs un jour, un habitant m’a dit : « Ce n’est pas un artiste mais un homme qui chante ». Il a été heureux dans ce village… »
Isabelle m’avoue qu’aujourd’hui elle a du mal à y retourner sans pouvoir y retrouver Tonton.
Elle y a fait quelques incursions pour lui rendre hommage lors de sa disparition où elle a chanté au milieu de milliers d’admirateurs qui pleuraient. Puis elle y venait fêter ses 86 ans
Elle qui fut une gymnaste avant son terrible accident puis qui en eut un second en pratiquant le trapèze, s’est payé pour la seconde fois un saut en parachute !
« Allez, allez la vie », elle est si belle et en même temps « on ne voit pas le temps passer » !
Je t’embrasse Isabelle.
Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

Age Tendre avec Georges Chelon et Stone
A la Seyne-sur-Mer avec Alice Dona

Christine MANGANARO, femme de musique et de passion

Cela fait 30 ans que nous nous connaissons.
Nous avons été voisins, nous promenions notre chien ensemble (Ça crée des liens !) puis en tant que journaliste j’ai suivi ses pérégrination musicales, un coup chanteuse, un coup responsable communication.
Elle a une pêche, une énergie folles, elle est belle et elle a une voix exceptionnelle, qu’elle chante Croisille ou Sanson, Scorpions ou Percy Sledge, France Gall ou Aretha Franklin, Amy Winehouse ou Santa… Et j’en passe.
Elle a une tessiture et une puissance incroyables dans la voix.
Elle était ces jours-ci en concert à la crêperie le Saint-Malo à Six-Fours où elle a fait le plein.
Une occasion de se retrouver et faire un portrait de cette femme qui aurait pu faire une belle carrière mais que ça n’intéressait pas particulièrement car sa vie c’est chanter donner et se donner du plaisir.

« La chanson… Comment ça a commencé ?
Très tôt. En fait, ça a commencé par la musique grâce à un papa mélomane qui touchait à n’importe quel instrument, petite j’ai bien sûr hérité de ça, dans la famille on adore chanter, danser… J’ai baigné dans cet esprit festif et musical et puis un jour, j’ai vu quelqu’un jouer de l’orgue Hammond comme Rhoda Scott, j’ai eu envie de jouer de cet instrument et ça m’a beaucoup plu. J’ai appris à en jouer sans faire de solfège, tout d’oreille et j’ai commencé à composer des chansons et à chanter mes textes. J’avais 12/13 ans et dans les fêtes de famille il fallait que je chante !
Mais bon, ça n’allait pas encore très loin ?
Un ami de la famille, qui était chanteur professionnel m’a écouté et m’a conseillé d’aller plus loin. Il m’a prise avec lui dans des spectacle et c’est comme ça que j’ai démarré « officiellement ».
Vers 16 ans je devais payer mes études, j’ai cherché un job au pub Saint-Michel à Paris, à côté de Notre-Dame. C’était un café-concert  à l’époque – on était en 85 – et les musiciens alors tournaient de cafés concert en cafés concert jouaient dix morceaux et changeaient de lieu, se faisaient rémunérer au chapeau.
Et toi dans ces lieux ?
Dans l’un deux j’étais serveuse, il y avait un pianiste et une chanteuse que j’admirais, je suis allée les voir, leur ai demandé si je pouvais chanter quelque chose. J’ai chanté du Véronique Sanson et j’ai commencé comme ça.  Les patrons qui m’ont entendue, m’ont proposé de chanter un quart d’heure chaque soir. A l’étage il y avait une brasserie et les gens descendaient pensant que c’était Véronique Sanson !

Et alors ?
Ça m’a donné de l’assurance, j’ai commencé à faire la tournée des piano bars, j’animais des karaokés et je prenais un plaisir énorme à chanter, à partager. J’ai toujours chanté pour le public, jamais en me regardant le nombril ou à me prendre pour une diva ! Je donne autant que je reçois, je reçois autant que je donne. C’est pour ça que je chante, c’est la communion du cœur.
Tu étais donc parisienne… Ça te gène, ça te gène ??
(Elle rit) Non mais je n’aimais pas la vie parisienne. J’étais mariée à un policier qui s’est fait muter dans le Sud à ma demande car j’en avais marre de Paris. J’étais alors journaliste à Paris pour le Parisien mais lorsque j’ai eu ma fille j’ai eu envie de quitter la capitale
Et te voilà à Six-Fours ! 
Oui. J’étais OK pour arrêter un temps le journalisme… mais pas la chanson.
J’ai écumé les petites annonces pour trouver un groupe et je suis tombée sur l’orchestre Eclipse, j’ai découvert ce qu’était le baloche et j’ai adoré. Nous étions une douzaine sur scène. Puis je suis passée chez Albert Jean où, avec l’autre chanteuse, on se changeait 17 fois dans la soirée ! Ça a été une très bonne école. J’ai rencontré le chanteur américain à la voix d’or, Rudy Wilburn, avec qui j’ai travaillé 5/6 ans avec lui et c’est ce qui m’a fait me lancer dans le r’n’b, la soul et ça, c’était ma tasse de thé.
Avec tout ça, n’as-tu jamais voulu te lancer dans une carrière de chanteuse ?
Non, parce que j’avais trouvé un métier de journaliste car entretemps j’étais entrée à RTL, j’ai travaillé pour France 3 et ce métier me passionnait. Je n’avais pas envie de le sacrifier pour une aléatoire carrière de chanteuse. Je ne voulais pas que ça devienne mon gagne-pain mais que ça reste une passion. Je n’avais pas envie d’avoir ce rapport à la musique, à l’argent. Ceci dit, aujourd’hui je viens d’avoir un bousculement dans ma vie et je me demande si je ne vais pas devenir intermittente. C’est peut-être fou mais je crois que c’est ce que je vais faire… Et je ne sais pas si je ne vais pas tenter le concours de « The Voice » !!! Je n’ai pas encore lancé ma carrière de chanteuse !

Tu composes et écrit des chansons ?
Oui, tu parles d’une autre vie. J’étais adolescente et je chantais « Je t’aime, je t’aimerai toute ma vie »… Tu vois, ça n’allait pas loin. Autant je suis une musicienne vocale, j’ai une très bonne oreille mais je ne suis pas une technicienne, je ne joue pas d’instrument de musique.
Mais aujourd’hui je suis en espèce d’état d’urgence et je veux prendre tout ce qui passe.
Tu as aussi été attachée de presse…
Oui, c’est un peu la logique de mon métier de journaliste. Lorsque j’étais à France 3, j’avais été repérée par le Président Bessudo de la Chambre de Commerce qui voyait que j’étais une journaliste qui posait des questions un peu sensées (même si ça peut paraître prétentieux !) J’étais alors la plus jeune journaliste titularisée à 19 ans lorsque j’ai démarré. J’ai appris mon métier avec de vrais grands journalistes. J’ai gardé un amour pour ce métier.
C’est donc le président Bessudo qui m’a proposé d’être attachée de presse. Étant des deux bords, je connais les attentes des journalistes et ça m’a beaucoup servi.
Aujourd’hui le métier de la presse a beaucoup changé hélas.
Tu as travaillé sur le festival de jazz à Toulon et aujourd’hui te voilà à celui de la Londe…
Pour la Londe, l’organisateur Christophe Dal Sasso avait entendu parler de moi par un ami commun avec qui j’avais collaboré chez Tandem. Le festival a 15 ans, il fait des choses étonnantes avec beaucoup de bénévoles, de petits moyens avec de grandes ambitions. Le festival est aujourd’hui à la fois professionnel et ambitieux. Ça a été ma première et une belle aventure humaine où tout le monde s’investit à fond et j’espère que ça va continuer ».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon