Frédérick d’ONAGLIA : « Les princes de la vallée( (Ed Terres de France – 398 pages)
Mais quelle imagination machiavélique a notre auteur, Frédérick d’Onaglia qui, avec son sourire rigolard, de roman en roman, nous offre des histoires dignes de la série « Dallas », un « Dallas » mâtiné Provence, où chaque personnage est fait de veulerie, de secrets, de jalousies, d’aigreurs, de violence, de perfidie, de menaces, d’intrigues, de chantages, de tromperies, et bien d’autres sentiments de haine et de vengeance ne pensant qu’à déjouer les secrets et les manigances, prendre le pouvoir, préparer des coups foireux et pas très catholiques !
L’on retrouve les deux familles désunies et toujours en guerre, les Bastide et les Montauban sous fond de pouvoir et de politique au beau soleil des Alpilles.
Difficile de s’attacher à l’un ou l’autre des personnages tant ils sont tous ambigus, cachent des secrets et pourtant… Pourtant Frédérick, a l’imagination fertile et avec une belle écriture, nous prend dès les premières pages et ne nous fait plus lâcher les personnages et les histoires de chacun, jusqu’à la fin, telle une série télévisée où l’on s’accroche d’épisode en épisode. D’ailleurs, il est curieux qu’aucun producteur ou réalisateur n’ait eu l’idée d’en faire quelque chose tant les personnages sont hauts en couleur (Des comédiens adoreraient les interpréter) et l’histoire haletante de bout en bout et faite de coups de théâtre. Lucien Fourcade, Victoire de Montauban, Charles Bastide et les autres sont de superbes personnages.
Par contre, mon cher Fred, deux choses à préciser : P 265 ce n’est pas « boudu » (car il n’est pas sauvé des eaux !) mais « Boudiou » qu’il faut dire, l’équivalent de « Bon Dieu » en provençal.
Quant à cette phrase : « Un Toulonnais, c’est comme un Marseillais en noir et blanc », je la récuse !
On en reparlera ! A bon lecteur… Salut !
André DUBUS III : Une si longue absence (Ed Acte Sud- 446 pages)
Roman traduit de l’anglais USA
Ce lparle de la culpabilité, la peur, la colère et l’amour.
Daniel Ahearn n’a pas revu sa fille depuis quarant ans, depuis qu’’il a assassiné son épouse dans un accès de jalousie. Il entreprends un long périple pour la retrouver et lui remettre un modeste héritage car il se sait très malade.
Loïs, sa belle- mère, ne perçoit pas la douleur de cet homme et ressent une envie de vengeance.
Quant à sa fille va – t-elle pardonner ?
Le roman explore les conséquences d’un acte dramatique et interroge sur les conséquences d’un meurtre familial.
Est-ce-que cet acte est pardonnable ?
Le questionnement est intéressant.
Henri GOUGAUD : Contes impatients d’être vécus (Ed Albin Michel-266 pages)
Henri Gougaud, conteur, parolier et romancier livre un nouveau recueil de contes qui ravira les amateurs de ce genre. Quatre-vingt-quatre courts récits au travers de sept thèmes tels que « venir au monde », « tout finit par être vrai », « réveiller la tendresse qui réchauffe les cœurs » ou « fais de ta vie un beau récit ». Chaque histoire nous propose une leçon de vie, une morale, un chemin à suivre et cherche à nous amener vers la sagesse. L’auteur aborde toutes les religions, qu’elles soient catholique, juive, musulmane ou bouddhiste, et par son récit nous interroge sur leur façon de nous porter à la réflexion. On voyage au Moyen Orient, en Asie, en Europe, chez les Sioux ou encore chez le roi Salomon.
L’auteur s’exprime dans une belle langue poétique et ne manque pas d’humour.
Un ouvrage à ne pas lire d’une traite mais lentement, en savourant chaque récit.
Aurélie HADERLE : Un été à Caméline (Ed Terres de France – 299 pages)
Naïs a vécu son enfance à Caméline, un petit village du Lubéron où sa mère, lavandicultrice, l’a élevée seule. Elle a vécu auprès de Gabriel, fils de Bénédicte, veuve et collaboratrice et amie de sa mère. Les deux enfants ont grandi ensemble comme frère et sœur et peut-être un peu plus. Jusqu’au jour où Naïs part faire ses études à Paris, devient psychologue et se marie.
Elle revient à Cameline à la mort de sa mère, divorcée et quittant un métier qui ne la satisfait plus.
Elle va avoir 30 ans, se retrouve au centre d’une entreprise qu’elle avait quittée pour d’autres cieux, épaulée par Bénédicte… et retrouve Gabriel devenu un homme taciturne, renfermé et mystérieux.
Beaucoup de rumeurs se propagent autour de lui sans que Naïs puisse en déterminer l’origine.
Survient Arthur, un Belge venu louer pour quelques mois le gîte attenant à l’entreprise de Naïs, qu’elle doit gérer après la mort de sa mère.
Vont alors se tresser des histoires dans lesquelles Naïs est le centre, prise entre Arthur et Gabriel.
Peu à peu elle découvrira le mystère entourant Gabriel qui l’attire toujours, et la bonne humeur d’Arthur, homme jovial, gentil et plein d’allant.
Une belle histoire qui se passe au soleil d’une Provence riante et belle, où, à l’instar des histoires de Sautet, tous les villageois se retrouvent dans une entente à la fois joyeuse et sincère.
La fin est bouleversante et Aurélie Haderlé nous offre une histoire forte, belle, émouvante, ancrée dans une Provence qu’elle aime et nous fait encore plus aimer par ses descriptions historiques et ses images impressionnistes dans lesquelles est plongé ce petit village.
Un roman qui fait du bien.
Marie-Hélène LAFON : Les sources (Ed Buchet-Chastel -128 pages)
Dans ce court et magnifique roman, l’autrice nous plonge dans le milieu rural qu’elle a connu, dans lequel elle va situer des personnages au fort caractère. C’est auprès de la rivière de son enfance « La Santoire » qu’elle va remonter aux sources de sa famille déchirée, à la vision des trois personnages que l’on va entendre narrer leur vécu.
Les années Soixante où la mère s’épanche en racontant son mariage difficile dans une contrée sauvage auprès d’un mari violent, trois enfants à élever, une santé chancelante qui vont l’amener un jour à ne pas remonter à la ferme, à rompre l’union décevante, à rompre le cours de sa vie familiale et retourner auprès de ses parents.
Puis les années soixante-dix où le père seul se bat avec la terre, le labeur ingrat et l’échec auprès de cette femme dont il avait tant attendu, en proie à l’incompréhension de l’évolution de ses enfants et des regrets de jeunesse et d’amour qu’il avait entraperçus au soleil du Maroc. L’amour et mort reste la violence de l’abandon et de l’incompréhension.
Dans un style épuré l’autrice nous dépeint des personnages âpres et meurtris dans ce décor de montagne et de solitude dans lequel chacun cultive sa peine et son désarroi.
Ce court roman plein de rudesse et de mélancolie est une preuve réaliste de cette période où rien n’était facile et où chacun cherchait sa voie.
Un texte très pudique, simple, sans pathos mais plein de sentiments vrais et de souffrances cachées.
Thomas VEILLET : Wall Street en feu (Talent Editions – 391pages)
Thomas Veillet est un ancien agent à la bourse de New York.
Consultant en investissement, il publie ce roman, inspiré de ses connaissances boursières. Le personnage principal est Tom Kelcey, un ancien combattant en Afghanistan qui travaille désormais comme trader à Wall Street. Intelligent, il repère avec facilité les mouvements financiers troubles, notamment une curieuse opération sur l’entreprise Narragan Biosciences par le biais de massifs « shorts » c’est-à-dire de déclarations de vente à découvert.
Commence alors pour lui un dangereux combat contre les auteurs cachés de cette attaque boursière. Assassinats, enlèvements, courses poursuites, les chapitres se déroulent dans une ambiance de pur polar. On lit avec plaisir ce roman d’action aux multiples rebondissements qui laisse une porte ouverte à une suite.
Delphine MINOUI : L’alphabet du silence (Ed L’Iconoclaste – 304 pages)
Grand reporter au Figaro et lauréate du prix Albert Londres, Delphine Minoui livre un roman réalité sur la société et la politique menée par le président Erdogan depuis plus de vingt ans. Un roman certes, pour décrire le monde des intellectuels persécutéspar un régime autoritaire.
Un professeur à l’université du Bosphore à Istanbul est emprisonné après avoir signé une pétition. Dès lors sa femme et sa petite fille sont confrontées au mur du silence imposé par des condamnations démesurées. La lutte va s’engager pour Ayla la femme et Göktay le mari qui milite en faisant une grève de la faim jusqu’à inventer lui qui ne peut plus parler un nouveau langage, celui de l’alphabet du silence.
Ce sera un alphabet décliné subtilement dans les lignes de son corps désormais décharné, des lignes qui marquent la souffrance mais aussi la volonté d’expression de l’ultime, face à un régime d’oppression. Delphine Minoui a écrit ce roman-réalité avant la réélection d’Erdogan à la présidence, un tournant volontairement tourné par le résultat des urnes pour une politique encore plus islamique et anti-kurde, une politique à la vision pan-musulmane et arabe, une vision revisitée de l’histoire et bien loin de celle d’Atatürk, le père de la république indépendante et laïque.
Ce roman très politique fait craindre de nouvelles purges et une extension du pouvoir religieux.
Peut-être une source pour le prochain roman de l’auteur qui a eu le courage d’exposer l’oppression des intellectuels, des journalistes en Turquie, à se demander si elle n’est pas sur la liste des prochains expulsés ?
Hélène ROCCO – Sophia Van der HOEK : Paris, petit atlas hédoniste
(Ed du Chêne – 256 pages)
Si vous ne connaissez pas Paris, et d’ailleurs, même si vous connaissez la capitale, voici un petit (gros !) atlas hédoniste, magnifique album qui va vous étonner, vous éblouir, vous apprendre maintes choses , aussi bien touristiques qu’historiques, car nos deux complices vous font parcourir un Paris magnifique en vous amenant par des dédales et des chemins de traverse de la Bastille à la tour Eiffel, en passant par Montmartre et Montparnasse, la rive gauche et le cœur de Paris… Vous y découvrez tous les quartiers, tous les monuments, tous les parcs et jardins, les quartiers, les quais, les canaux, des lieux secrets et inconnus, les cimetières et les marchés, les ateliers d’artiste, les bars et les restaurants et jusqu’au métro… Et par-dessus tout ça, de magnifiques photos signées Sophia Van der Hoek illustrent ce magnifique livre sur un Paris somptueux qu’Hélène Rocco nous décrit et nous raconte avec passion et l’on y sent tout l’amour que la néerlandaise et la parisienne nous offrent.
En passant, l’on fait la connaissance de Maxime Frédéric, pâtissier de l’hôtel Cheval Blanc, Mori Yoshida, pâtissier à deux pas de l’hôtel des Invalides, qui méritent vraiment le détour !
On découvre également la première distillerie – légale ! – de Paris dont l’alambic est tenu par Nicolas Julhès, la Maison Château Rouge sise dans le XVIIIème, tenue par Youssouf Fofana, créateur de mode et d’art de vivre qui a imaginé un centre culturel éphémère dans l’ancien magasin Tati, mais l’on apprend aussi que Paris possède des vignes qui datent de l’époque gallo-romaine, à Montmartre, à Belleville, à Bercy. Pour les moins sensibles, vous pouvez visiter le magasin de curiosités Deyrolle, rue du bac où se côtoient insectes divers et animaux empaillés (Âmes sensibles s’abstenir !)
Bien entendu, ce livre n’est pas exhaustif des richesses que possède Paris mais, même si l’album est un peu lourd, il deviendra très vite votre Bible pour découvrir notre capitale qui mérite le détour.
Quant à ceux qui n’iront pas tout de suite à Paris… c’est un livre qui vous fera rêver !
Annabelle MOULOUDJI l’Amoureuse (Ed Léo Scheer – 197 pages)
Le roman se déroule à Paris ; c’est l’histoire d’une femme mariée et qui a deux jeunes garçons.
Elle est indépendante et ambitieuse.
Un jour, elle rencontre un homme, charmant et mystérieux. Bien qu’ils soient différents, ils tombent amoureux et commencent une relation passionnée. Va-t-elle quitter mari et enfants pour refaire sa vie qu’elle trouve routinière et qui l’étouffe à quarante trois ans à peine ?
Ce roman explore les thèmes de l’amour, de la confiance et de la découverte de soi.
C’est une réflexion sur les relations amoureuses et la difficulté de trouver l’amour vrai et durable ; cette histoire ne fait que commencer et elle est bien une histoire d’aujourd’hui!
Javier SANTISO : Un pas de deux (Ed gallimard – 234 pages)
Écrivain espagnol, c’est son premier roman publié en français.
Ce livre trace le portrait d’Edward Hopper, dressé par sa femme Joséphine sous forme de journal intime. Ils se sont vus en 1910 mais véritablement rencontrés en 1923.
Avec brio et profond réalisme, cette femme brosse par touche, comme le peintre, quelle a été l’évolution de son couple, la personnalité de Hopper, la manière dont il a réalisé ses tableaux, leur vie ensemble. Ceci dans un style précis, riche et intense.
De femme aimée, alors que lentement son couple s’étiole, elle arrête sa propre peinture en plein succès et devient le modèle de son époux pour mieux le garder : « Etre dans ta vie, même si cela devait être sur le bas-côté, être donc dans toutes tes toiles ».
L’écriture de ce huis clos est très imagée, sensible et poétique, il traduit à merveille la complexité et la profondeur des sentiments de Joséphine. Ce livre donne envie de lire et en même temps de regarder les tableaux de Hopper puisque son épouse en est le modèle et qu’ils traduisent selon elle la couleur de leur couple.
« Un pas de deux. Ainsi devrait s’intituler notre histoire. Une vie à deux mais seuls »