Archives de l’auteur : Jacques BRACHET

Le Cœur des Femmes au cœur de Six-Fours

Pour la seconde année, le Bus du Cœur des femmes s’est installé à Six-Fours, non pas au bord de l’eau, le vent et le froid ayant fait s’installer le village à l’Espace Malraux où tout le monde était plus au chaud.
C’est ainsi que se sont retrouvé le trio magnifique qu’est le docteur Stéphanie Guillaume adjointe à la santé de la ville de Six-Fours, Thierry Drilhon, l’instigateur de ce bus qui sillonne la France et cofondateur de l’association « Agir pour le cœur des femmes » avec le docteur Claire Mounier-Véhier, cardiologue au CHU de Lille.
Durant trois jours, quatre-vingt-dix médecins généralistes, spécialistes, chirurgiens, gynécologues, cardiologues, cancérologues, pharmaciens, jeunes, moins jeunes et même à la retraite, se sont mobilisés pour venir tour à tour rencontrer des femmes qui s’étaient inscrites.


Thierry Drillon nous précisait :
« Nous sommes là pour accueillir des femmes qui, souvent, n’ont jamais vu de médecins, de gynécologues, ou depuis très longtemps. 42% de femmes n’ont jamais été vues par un gynécologue. Et c’est un peu notre faute car les femmes, avant de s’occuper d’elles, s’occupent de leur mari, de leurs enfants, de leur famille et ont tendance à s’oublier. Nous sommes là pour les informer, les sensibiliser les alerter, anticiper ces maladies.
Ici, on les accueille, on mesure leur pression artérielle, leur balance pondérale, on dépiste le diabète, la dyslipidémie, on leur fait passer un électrocardiogramme, on leur fait une prise de sang au doigt, on leur prend la tension puis ont fait une synthèse. On leur parle aussi gynécologie, tabacologie, addictologie, hygiène de vie, manque d’activités physiques, alimentation… Nous faisons de la prévention positive et bienveillante.
Il faut savoir que les maladies cardiovasculaires sont la cause première du décès des femmes.
En quelques chiffres : 200 femmes par an en meurent, l’infarctus touche 30% des femmes de moins de 55 ans ».


C’est ainsi qu’après Cannes et Six-Fours, le bus s’arrêtera à St Etienne, Toulouse, Privas, Pessac, Saintes et Rennes.
Un beau périple pour sauver le cœur des femmes !

Jacques Brachet


Christian DELAGRANGE : entre musique et humanitaire

Ce chanteur à la voix d’or qu’est Christian Delagrange, a toujours fait partie de mon univers musical et amical.
De MIDEM en Rose d’Or d’Antibes, des tournées Âge Tendre à un certain « Stars en cuisine » à Saint-Raphaël où nous avons cuisiné… de concert, nous nous sommes toujours amicalement suivis, rencontrés, appelés.
Le voici qui revient avec un double album, l’un où il mêle anciens succès et nouvelles chansons, l’autre où il nous propose des duos, réels ou virtuels avec des gens qu’il a rencontrés sur son parcours de chanteur, qu’il aime et avec qui il a eu envie de partager une chanson.
Ça nous donne un beau double CD intitulé « Ensemble » (disques Wagram) qui sort ces jours-ci.

Christian, parlons donc de ces chansons qui nous rappellent tant de souvenirs. Comment s’est-il constitué ?
Comme tu l’as dit, de mes anciens succès, des reprises comme « Rosetta », « Sans toi je suis seul » « Tendre Cathy », que le public me demande à chaque fois et quelques autres, de cinq nouvelles chansons, plus une signée Claude Barzotti « Dessine-moi ces pages ». Sur le second, il y a des duos que j’ai enregistrés avec des gens que j’aime et d’autres qui sont des enregistrements virtuel, car c’est facile à faire aujourd’hui, pour rendre hommage à des artistes disparus.
On ne peut pas ne pas commencer par Patricia Carli qui a écrit des succès pour un nombre incalculable de chanteurs… dont toi !
Patricia, c’est un amour, je lui dois tout, dont « Rosetta » mon premier succès, Rosetta étant son vrai prénom. Avec son ex-mari aujourd’hui décédé « Léo Missir » nous avons toujours eu une complicité incroyable. Faute de se voir souvent, on s’appelle. Elle a toujours cette voix de petite fille et ce rire éclatant et elle devait partager ce CD avec moi. On a choisi une de ses chansons : « La vie n’est pas facile »
Une surprise : Gloria Lasso ! Ce n’est pas vraiment de ton époque !
(Il rit). Gloria Lasso c’est une rencontre, je dirai incongrue. Une rencontre à rebondissements.D’abord elle voulait acheter ma maison et voilà qu’elle se marie… avec le fils d’un copain !
Nous avons beaucoup ri ensemble, elle avait beaucoup d’humour et surtout une voix qu’on ne pouvait pas ne pas entendre. J’ai donc réalisé un duo virtuel sur un de ses succès : « Volare ».

Patricia Carli & Léo Missir

On retrouve Manu di Bango…
Manu est un ami des vaches maigres. Nous nous sommes connus alors que nous étions totalement inconnus et qu’avec Gérard Tempesti, on se partageait… un coc à trois ! On se disait que ça allait marcher pour nous. Et ça a marché, moi le chanteur, Manu l’un des plus grands sax existant et Gérard devenu producteur. Je suis très triste que Manu nous ait quittés et pour ce duo virtuel j’ai choisi « Le Sud ».
Bobby Solo… C’est la tournée « Âge Tendre » ?
Oui. On se connaissait peu mais à se voir tous les jours un lien d’amitié s’est créé. Un jour il me disait avec regret que la chanson qui l’avait fait gagner à l’Eurovision « Una lacrima sul viso », il ne l’avait jamais chantée en français. C’est Lucky Blondo qui l’avait enregistrée sous le titre « Sur ton visage une larme ». Il avait écrit cette chanson pour sa mère qui avait pleuré lorsqu’elle avait quitté la maison pour aller chanter. Du coup, c’est la chanson qu’on a choisie.
Evidemment, on retrouve le complice, Herbert Léonard !
On se suit depuis des années et on s’est aussi retrouvé sur la tournée « Âge Tendre ». Nous avons une grande complicité et nous avons choisi « A toutes les filles »  de Didier Barbelivien et Félix Gray.

Dave, Michèle Torr lors d’un concert à Pertuis

Bon, on ne peut pas évoquer tous les duos car il y en a 15, où on retrouve Fabienne Thibeault (Ainsi va a vie), Jeane Manson Les larmes aux yeux)(, Corinne Hermès (Pleurer des rivières) David-Alexandre Winter (Et maintenant), Sébastien El Chato (Vous les femmes)…
Mais parlons d’une chanson inédite signée Claude Barzotti : « Dessine-moi ces pages »
Avec. Claude, c’est une amitié très forte qui s’est développée, là encore sur « Âge Tendre ».
On ne s’est plus quitté et lorsqu’il a été très malade, j’allais le voir très souvent. Un jour je lui ai dit : « Finalement, tu n’as jamais écrit pour moi ». Alors il a pris sa guitare et a composé la mélodie, sur laquelle j’ai mis des paroles. Ça s’est fait très vite et je suis heureux qu’il soit sur cet album. C’est une chanson sur l’amitié et sur les problèmes de la vie.

Bon, parlons d’un sujet, loin de la chanson, qui m’a énormément surpris : En 2020, on te retrouve sur une liste municipale, ce à quoi je ne m’attendais pas !
(Il rit). Ne t’en fais pas, je ne me suis pas lancé dans la politique, je n’y comprends rien et ça ne m’intéresse pas. C’est trop compliqué pour un petit bonhomme comme moi !C’est un copain qui se présentait dans un village. Je me suis inscrit sur sa liste écolo, plus pour l’appuyer, parler du bien être des habitants que pour parler politique. Et puis j’ai déménagé et c’est là que cette éventuelle carrière s’est arrêtée !!!
Alors, parlons plutôt de l’association que tu as créée « Assistance Humanitaire Internationale (AHI)*
Ça, c’est plus dans mes cordes ! C’est une association qui a pour crédo : générosité, cœur, altruisme, humilité, empathie. Nous parcourons le monde pour créer des écoles, des maternités et plein d’autres choses dans tous les pays où l’on a besoin de nous, que ce soit en Afrique, en Inde ou ailleurs de par le monde.
Tu as le temps de t’en occuper ?
Oui, quelquefois c’est un peu difficile car je voyage beaucoup, je vais sur place pour vérifier ce qui se passe. Et je précise que c’est une association dont tout l’argent qui rentre des concerts, des manifestations et d’événements qu’on organise, est aussitôt utilisé dans l’association.
Nous sommes tous des bénévoles, tous les voyages que nous faisons sont payés par chacun d’entre nous. C’est la condition  siné qua non.
Avant la création d’AHI, j’ai été dans une association où nombre d’adhérents se faisaient payer frais et voyages. C’est pour cela que je l’ai quittée et qu’on a créé celle-là.


Des projets de concerts ?
Oh, il y en, a toujours, j’en fais une centaine par an et j’essaie de m’organiser au mieux.
Au fait, il y a longtemps que je ne suis venu chanter par chez toi.
Ça me permettrait de voir un peu la mer !

Avis aux organisateurs de concerts ! Et ça nous permettrait aussi de nous retrouver !
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier
*Assistancehumanitaire.org

Marcel… Tu vas nous manquer

Il est né le 1er avril 1929… Après ça, l’on comprend son esprit facétieux !
Il a traversé les décennies comme l’amie Annie Cordy, avec une pêche d’enfer. Les années glissaient sur lui, il a toujours été beau, svelte, jusqu’à la fin, ses cheveux avaient blanchi depuis si longtemps qu’ils faisaient partie de cette silhouette longiligne qui devenait, sur scène, un de ses atouts. D’autant qu’il a sauté, dansé et virevolté durant…plus de 60 ans !!!
Il faisait tellement partie de notre beau paysage de la chanson française que même nos grands-parents parlaient de lui. Lui, il en rigolait et à chaque concert il faisait un malheur, tout comme lors de la tournée » Âge Tendre » où il était plus jeune que nombre d’autres artistes qui avaient 20 ans de moins que lui. Il faut dire que, si sur scène il ne se ménageait pas, il suivait un régime draconien,
condition sine qua non pour continuer cette vie trépidante…
« Ordre de mon médecin après une petite alerte cardiaque… Mais rassurez-vous, tout va bien ! »
Il était disert, volubile et très heureux de vivre, de chanter, chose qu’il n’a jamais arrêté de faire, même durant « sa traversée du désert » en France, où on ne le voyait plus à la télé, poussé par… ceux avec qui il partagea la vedette sur la fameuse tournée et qui, à leur tour, furent poussés par des petits nouveaux… qu’on retrouve aujourd’hui sur la tournée !!! Il en a beaucoup ri :
« J’ai trouvé ça très amusant que l’on se retrouve tous sur un même programme… C’est un clin d’œil du destin !
Ce qui me fait rire c’est lorsque j’entends des gens dire : « Oh la la… il a pris un sacré coup de vieux, celui-là » ! Mais finalement c’était le principe même de cette tournée : que sont-ils devenus ? Comment sont-ils ? Le but était de faire entendre aux gens les chansons de leur jeunesse…. Et l’on vous parle d’un temps… comme disait son ami Aznavour ! Aznavour qui lui a écrit son plus grand tube « Le mexicain » sans compter que Brassens lui a offert « Le chapeau de Mireille »
Nos rencontres ont toujours été un grand plaisir. Il aimait raconter ses débuts

« Je suis « monté » à Paris en 51. J’avais un peu plus de 20 ans et je me destinais à un métier honorable », quelque chose comme enseignant. Mais très vite j’ai eu ll’appel du théâtre puis de la musique et on me voyait plus sur les planches du conservatoire que sur les bancs de la fac. J’ai donc décidé de quitter Bordeaux où il ne se passait rien à cette époque et de tenter Paris. J’ai eu quelques années un peu dures mais j’ai commencé à percer en 56, date de mon premier Olympia, et je suis vraiment devenu une vedette reconnue avec quelques tubes (qu’on appelait alors succès populaires !)… en 60 ! Voyez, on n’en est pas si loin. Et voyez pourquoi ça m’a fait drôle de chanter aux côtés de ceux qui nous ont chassés !
En 60, je n’avais quand même que 30 ans mais avec leur arrivée j’ai fait office de « vieux briscard » ! Tout est relatif !
Tu n’as  jamais arrêté ce métier ?
Non, jamais et j’ai eu du bol car, lorsque les contrats se sont mis à se faire rares en France, j’allais chanter en Allemagne, en Italie et beaucoup plus loin car je chante en huit langues. J’ai animé des émissions et fait beaucoup de galas et de disques ailleurs, entre autres en Italie. J’ai beaucoup parcouru la planète. Même aux jours les plus difficiles, j’ai pu résister et subsister avec ce métier. Je n’ai jamais arrêté de vivre de la chansonnette et puis, j’avais un autre violon d’Ingres : écrire. J’ai toujours écrit des chansons, des textes, des livres, même si je ne me considère pas comme un écrivain. Si je n’avais pas chanté j’aurais peut-être pu être écrivain ou journaliste ».
Il aurait pu mais il fut écrivain, ayant quelques livres à son actif dont son autobiographie : « Il a neigé… ».
Ton autobiographie a été longue à sortir !
Oh la la… Ca a été un long travail… C’est que je n’ai pas dix ans de carrière, mon bon monsieur !!! J’avais quelque deux mètres cubes de doc à compulser !
Lorsqu’il a été question que je fasse mes papiers pour ma retraite et faire valoir mes droits, ma femme a fait des recherches entre disques, programmes, articles de presse, documents divers… Après, il a fallu tout trier. Bien sûr que je ne raconte pas tout, il faudrait plusieurs volumes mais… il a fallu faire un choix ! Sans compter qu’il n’était nullement question que je raconte mes galipettes car ce n’est pas mon genre, même si je sais que ça plait au public »

Je suis de la génération dite «yéyé», mais, dans les années 50, j’étais bercé par les chanteurs que ma mère écoutait : Trenet, Cordy, Amont et autres.
Sans savoir que, des années plus tard, je deviendrais ami avec ces deux derniers…Et que je retrouverais les deux comparses sur les tournées «Âge Tendre» et fêterais avec eux leurs 80 ans. Tout ça ne nous rajeunit pas, ma bonne dame !
« Bleu, blanc, blond», «Tout doux, tout doucement», «Le clown», «Le chapeau de Mireille», «Le mexicain», «L’amour ça fait passer le temps»… Il en a fait des succès, le père Miramon… On n’appelait pas encore ça des tubes !
Le plaisir a été grand de partager ces tournées « Âge Tendre » avec mes deux plus vieux amis : Marcel et Annie
Et de le retrouver une dernière fois au Théâtre Galli de Sanary où il vint chanter.
Il avait alors 92 ans… Pardon… 91et demi, précisait-il en riant !
«Et toujours bon pied bon œil,  lui dis-je en riant de même après la répet’
Bon… disons-le vite… On n’est pas à un mensonge près ! Mais il ne faut pas s’attendre à ce que je fasse des galipettes sur scène… Ça, c’est fini.
On n’aura donc pas droit à ton légendaire équilibre sur la chaise, comme tu le faisais encore sur la tournée «Âge Tendre»… à 80 ans ?
Depuis, il s’est passé quelques années et je suis entré dans une zone de turbulence… Attention : je ne dis pas que je ne suis plus capable de le faire mais ça devient plus dangereux et, il faudrait quelqu’un pour me réceptionner au cas où je me casse la gueule ! Mais je vous jure que je peux encore le faire !

Ça te fait combien d’années de spectacles aujourd’hui ?
Professionnellement, 70 ans. J’ai commencé en 49 à Bordeaux, je suis «monté» à Paris en 50. J’ai galéré quelques années en chantant dans des bals, des cabarets, tous les lieux où je pouvais chanter.
Sans jamais être « démodé » comme le titre de votre dernière chanson !
Cette chanson, je l’ai faite car je ne supporte pas le mot «ringard» trop souvent employé pour des vieux chanteurs. A la limite, je préfère «Has been», c’est plus juste, on a été… et on est toujours là ! Je suis un ancien qui peut être possiblement démodé !
Mais tu chantes toujours, c’est bon signe !
Vous savez, l’énergie vient de l’intérieur et tant que je l’aurai, cette énergie, je continuerai.
Donc, on fêtera tes cent ans sur scène ?
Pourquoi pas… si je ne sucre pas les fraises !»

Malheureusement, il n’aura pas eu le temps de revenir fêter ses cent ans comme promis.
Je garde de lui des souvenirs magnifiques, de belles pintes de rires avec Annie, des repas où il nous passionnait de ses histoires, de sa vie, qui fut une musique perpétuelle.
Je ne l’oublierai pas

Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

Presqu’ile Jazz Impro
Duo Louis SCLAVIS-Bruno DUCRET

Le trio de passionnés (Guy Risbec, Irène Levauffre,Philippe Letimonnier) qui mène allègrement Presqu’île Impro Jazz, invitait en cette soirée du 4 mars 2023 un duo effervescent : Louis Sclavis (clarinettes basse et soprano) et Bruno Ducret (violoncelle).
La belle idée de Presqu’île Impro Jazz est de changer de lieu à chaque concert, afin d’aller avec ce jazz très pointu vers des publics différents. Cette fois on était dans la Halle 901, toute neuve, à Saint Pierre Eglise (près de Cherbourg). La salle était comble. Le public enthousiasmé ; la preuve, les musiciens offrirent trois longs rappels. Dès leur apparition les deux musiciens avaient déjà conquis la salle.
Louis Sclavis est sans conteste l’un des tout premiers clarinettes basse, peut-être le meilleur, et un très grand improvisateur. On ne le présente plus ; il enflamme les publics depuis près de 50 ans.
Bruno Ducret, lui, est encore peu connu. Il termine ses études en 2014 après être passé par plusieurs conservatoires. Il est né dans la musique puisqu’il est le fils de deux très grands improvisateurs bien connus dans monde du jazz, le guitariste Marc Ducret, et la contrebassiste Hélène Labarrière ; tous deux d’ailleurs sont déjà venus à Presqu’île Impro Jazz.
Dès les premières notes on entend que le violoncelliste est au niveau d’un concertiste classique, avec en plus la patte jazz. Il est l’homme orchestre du violoncelle, qu’il tient à la façon d’une viole de gambe, ce qui lui permet de jouer dans différentes positions, car il traite son violoncelle à la fois comme instrument mélodique et percussif, frappant peu la caisse, mais en jouant de toutes les possibilité des cordes, depuis les chevilles jusqu’au cordier. Il joue pizzicato avec les 5 doigts, tout en percutant les cordes en accord. On est époustouflé par tout ce qu’il peut jouer, sans jamais faire de « cirque ».
Louis Sclavis, statue du commandeur derrière sa clarinette basse, fut éblouissant. Un moment grandiose sur « l’Odyssée des Bysantins », ce fut comme si soudain on avait entendu le chant du muezzin. Il avait ôté le bec et chantait dans le bocal sur un mode bysantin ; c’était une caravane de musique qui passait sur la scène.

Leur fonctionnement est simple, on expose le thème tous les deux, et puis quand ça part en solo, l’un accompagne l’autre, de façon assez extraordinaire mêlant rythmique et mélodie. Sclavis avec ses claquements de langue sur la anche. A noter de sa part un long solo en souffle circulaire, ce qui étonne toujours un public non averti.
Ces deux musiciens puisent à des sources diverses. Louis Sclavis est plus essentiellement jazz, il y a du blues à l’intérieur. Il s’est créé un son et un style facilement reconnaissable et envoûtant.
Bruno Ducret en plus du jazz, joue également de la musique de chambre, du rock, de la musique folklorique, pour le théâtre, la danse. Il chante aussi. Lors d’un rappel il nous gratifia d’un traditionnel nivernais étonnant qui définit parfaitement la condition de la femme au temps de la paysannerie : « Je voudrais être mariée, j’irais p’t’être plus aux champs! Voilà la belle mariée, elle va toujours aux champs…elle voudrait être enceinte, accoucher, vieille…Elle va toujours aux champs…Morte, elle est
enterrée dans son champ. » Il le chante seul en s’accompagnant sobrement au violoncelle. Belle idée de reprendre ces chants anciens, ce qu’avaient fort bien réussi les Bretons en les mêlant à la Pop.
Un dernier rappel plein d’émotion et de douceur. Les deux musiciens s’assoient côte à côte pour un blues sobre et intimiste. Fulgurante ovation.
Un grand concert, qui prouve qu’il ne faut pas avoir peur de programmer de la grande musique, même pour un public non initié. Celui-ci sait reconnaître d’instinct le grand art.
Les musiciens arrivait de Bourg en Bresse et n’avait pas encore mangé. Comme quoi la musique permet tous les dépassements.

Serge Baudot

Six-Fours :
Le bus « Agir pour le cœur des femmes » revient

C’est un bus rose pas comme les autres.
Un bus pour prévenir, dépister, alerter, anticiper les maladies cardio-vasculaires, des femmes en général car, comme le disent le Docteur Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé de la ville de Six-Fours, Thierry Drilhon, cofondateur de l’association « Agir pour le cœur des femmes » et Le professeur Claire Mounier-Véhier, cardiologue au CHU de Lille, instigateurs de cette grande opération, 80% de femmes ne se préoccupent pas de leur santé, se préoccupant de celles de leur famille et de leur entourage. Des femmes qui s’oublient trop et qui, devant leur maladie, peuvent arriver trop tard.
Voici trois ans que le Thierry Drilhon et le Dr Claire Mounier-Véhier parcourent la France avec ce fameux car, qui s’arrête de ville en ville pour recevoir toutes les femmes qui veulent se faire dépister – même si quelquefois, elles se croient en bonne santé – de maladies cardio-vasculaires, première cause de mortalité des femmes avec deux cents décès par an, suivie du cancer du sein.

Le Dr Guillaume et Jean-Sébastien Vialatte
Le Dr Sophia Bensedrine

Six-Fours, pour la seconde fois, recevra donc ce bus pas comme les autres les 15, 16 et 17 mars, promenade Charles de Gaulle, face à l’Office du Tourisme.
Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours est totalement partie prenante du projet et est on ne peut plus omniprésent auprès du Dr Guillaume adjointe à la santé, sur les multiples campagnes que celle-ci a pu organiser avec l’aide de bénévoles, d’associations et de tous les professionnels de la santé qu’elle arrive à mobiliser… Même les médecins à la retraite ! L’an dernier soixante professionnels de santé y ont participé, créant ensemble un tissu associatif important.
Le maire devait souligner le travail incroyable qu’a fait le Dr Guillaume qui, chaque année recrute des professionnels et les incitent à s’installer à Six-Fours
Le bus parcourt 15 villes par an et s’y installe durant trois jours, au service de toutes les femmes qui le désirent car, comme le dit le Dr Guillaume, il vaut mieux prévenir que guérir et sauver des vies.
Le but, ajoute Thierry Drilhon lors de la conférence de presse, avec lequel nous sommes en audioconférence et d’alerter, d’anticiper et d’agir car deux-cents personnes par n meurent de problèmes cardio-vasculaires.
Le Dr Sophia Bensedrine, précise que, de soixante l’an dernier, les professionnels de santé sont aujourd’hui quatre-vingt-dix à se joindre, à ce mouvement : médecins généralistes, spécialistes, chirurgiens, gynécologues, cardiologues, cancérologues, pharmaciens et grâce à eux, chaque année, les dépistages ont pu prendre des maladies, des affections, des pathologies à temps.

Le professeur Claire Mounier Vehier et Thierry Dilhon

Grâce au bus et après rencontres, 24.000 mails sont partis et de nombreux rendez-vous ont été pris.
Le Maire ne peut que se réjouir de cet élan de solidarité, d’engagement et de mobilité, se souvenant que, durant les années où il fut parlementaire, il avait pu se rendre compte de cette absence de politique de prévention. Il était donc temps d’en prendre conscience.
Aujourd’hui, les professionnels de santé sont nombreux à adhérer à cette manifestation, du CCAS à CapSein, en passant par le Comité Départemental Olympique et Sportif du Var, le Sport Adapté Santé 83, , le Centre Alter Ego, le CeGIDD et bien d’autres…
En fait, le but premier de cette campagne de prévention est de ne pas entrer dans la maladie.
Durant ces trois jours, les médecins seront à la disposition des patients, des stands divers d’informations, de renseignements pratiques ou de bien être seront accessibles.
Vous pouvez déjà vous inscrire au 04 94 34 94 64 ou par mail sur busducoeurfemmes@mairie-six-fours.fr
Le bus sera ouvert de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h, promenade Charles de Gaulle

Six-Fours – Six N’Etoiles
Philippe PETIT sous le soleil de Marseille

Max est un rêveur et un utopiste. Il est jardinier-paysagiste, n’est bien que dans la nature mais vit dans un quartier du centre-ville de Marseille qui est laissé en désuétude sous un soleil de plomb. Entre autres, se trouve une place qu’un ami et quelques copains voudraient avec lui transformer en jardin ouvert. Il participe à un concours d’architecture mais son projet n’est pas retenu. Il se rapproche de l’instigateur du concours qui lui offre un boulot : créer les paysages tout autour d’une villa que le footballeur Djibril Cissé fait construire. En compensation l’architecte lui promet de s’intéresser au projet. Naïf et passionné, Max y croira jusqu’au jour où…
Le film, signé Philippe Petit, s’intitule « Tant que le soleil frappe » et Max est Swann Arnaud (« Petit paysan ») émouvant dans le rôle de ce garçon qui croit encore avec naïveté, à la promesse des gens.
A la manière des films de Robert Guédiguian, Philippe Petit, installe son personnage dans un milieu populaire ou tout le monde se serre les coudes, croyant à un avenir meilleur, avec des rêves, des envies plein la tête. Un milieu de camaraderie et d’amour où tout semble possible. C’est un film sincère, plein de jolis sentiments et Swann Arnaud, comme à son habitude, est bouleversant.
On est ravi de rencontrer le réalisateur, venu présenter son film au Six N’Etoiles.

« Philippe Petit, vous avez tourné à Marseille, pourtant vous n’êtes pas marseillais !
Non, je suis toulousain mais j’ai écrit cette histoire à Rome, à la Villa Médicis et je l’ai pensée pour la tourner en Italie. Mais il y a eu le covid et un des coproducteurs du film s’est retiré du projet.
Rentré à Toulouse, je ne pensais pas que la ville puisse être le décor du film. J’ai donc cherché une ville en PACA, je me suis arrêté sur Marseille et la ville a bien voulu m’aider en nous proposant ce terrain en friche qui était le décor que je cherchais. Je voulais que ça ne fasse pas cinématographique. L’atmosphère de cette grande métropole collait bien à l’histoire et était représentative de la culture méditerranéenne, sans qu’on y voit la mer où des quartiers populeux. Ce quartier est un lieu de métissage, il y a beaucoup de vie et de bruit autour.
Cette idée de projet, d’où vient-elle ?
C’est en fait le thème du film : comment monter un projet sans argent, avec seulement une passion, une envie et essayer de la faire partager. C’est en fait un peu mon histoire : comment monter un film sans argent ? Tout simplement avec une passion qu’on a en soi, en y croyant très fort… En allant frapper aux portes et trouver des gens qui veuillent tenter l’aventure  !
L’idée vient aussi du fait qu’aujourd’hui l’idée de monter des projets d’architecture entourés de végétaux dans un paysage urbain est dans l’air du temps.

Ces personnages, qui sont-ils ?
C’est un mélange de marseillais et de parisiens de comédiens et de non comédiens.
Et le comédien, où en est-il ?
J’ai tourné un court métrage avec la réalisatrice Alice Drovart. Un long métrage qui va sortir : « Le gang des bois du temple » de Rabah Ameur Zaïmèche , que nous présenterons en mai à Berlin. Et puis, en tant que réalisateur, je termine un film sur ma mère dont j’ai recueilli les derniers instants, mon dernier rendez-vous avec elle puisqu’elle est aujourd’hui disparue. J’ai aussi un court métrage à tourner à Toulouse mais c’est un peu tôt pour en parler ».

Propos recueillis par Jacques Brachet

Toulon – Espace Comédia
André Neyton revient sur Barras

Nous sommes en 1793 alors que Toulon se livre à la flotte anglaise, prenant ainsi le nom infamant de Port la Montagne.
Les villes du Midi s’insurgent contre le pouvoir de Robespierre. Toulon en fait partie.
Paul Barras, alors député de la Convention, fait arrêter tous ceux qui sont hostiles à la République.
Parmi les suspects, il va rencontrer un notaire provençal  avec qui il va dialoguer avant que celui-ci, s’il est coupable, ne soit envoyé à Paris afin d’être jugé, condamné et guillotiné.
C’est la nouvelle pièce d’André Neyton, comédien, metteur en scène, écrivain, directeur de l’Espace Comédia de Toulon, que l’on découvrira à partir du 28 février en son théâtre*.
Cette pièce s’intitule « Les trompe-la-mort de l’an II » qu’il a écrite et mise en scène avec deux de ses comédiens complices : Jacques Maury (le notaire) et Xavier-Andrien Laurent (Barras). A noter, dans la famille Neyton, Michel, le fils, à la création lumière et images, Isabelle Denis qui signe les costumes.
Nous voilà à l’Espace Comédia pour les dernières répétitions en costumes.

« André, voici vingt ans tu t’étais intéressé à Barras (Barras, le vicomte à l’ail). Qu’st-ce qui te fait y revenir ?
C’est le livre de François Trucy (qui fut maire de Toulon et écrivain ndlr) « Pièges » qui raconte une histoire de famille, de  Victor Trucy un de ses ancêtres, notaire à cette période de la Révolution.
Si j’ai repris l’histoire, j’ai inventé les dialogues entre Barras et ce notaire à qui je n’ai pas donné de nom, qui s’est fait arrêter et, s’il est coupable, sera jugé à Paris. Il faut savoir qu’à cette époque, le voyage en charrette durait 39 jours pour, en finale, être guillotiné.
Qu’est-ce qui t’a intéressé dans ce dialogue que tu as inventé ?
C’est un dialogue entre deux provençaux, qui plus est deux varois, Barras étant de Fox-Amphoux, le notaire de Barjols. Le suspect est un notaire girondin alors que Barras est un jacobin rigoureux.
– Ce sont – ajoute XaL – deux concepts de la République, deux visions de la société de l‘époque qui s’affrontent même si le notaire ne se gêne pas pour dire ses vérités à Barras
– Barras, qui, lui, est d’un cynisme assumé. Ce n’est pas pour rien qu’il est appelé « le pourri » !
– C’est un débat de passion – précise Jacques Maury – et un débat que l’on peut encore trouver de nos jours, resté très actuel même si les noms de girondin et de jacobin ne sont plus utilisés.
– Aujourd’hui – reprend André – les mots sont plus subtils mais c’est toujours du copié-collé et les idées sont très actuelles. De plus, c’est un dialogue entre deux provençaux, qui parlent un français mâtiné de leur langue maternelle. Même si, à l’époque, les notaires écrivaient leurs actes en français, qu’il fallait souvent traduire en provençal.

André, n’as-tu pas eu envie de prendre le rôle de Barras ?
(Il rit). Non et pour plusieurs raisons : d’abord je n’ai plus la quarantaine, comme l’avait alors Barras et puis, après « L’affaire Dominici », j’ai décidé d’arrêter de jouer. Je n’arrête ni l’écriture, ni la mise en scène mais pour moi, fini la comédie ! »

Nous ne reverrons donc plus André Neyton sur scène, sauf pour mettre en scène… et pour faire quelques photos souvenirs, en attendant de retrouver sa dernière création.
A noter que la musique est signée d’un autre complice de « la bande à Neyton » : Miqueu Montanaro.
Jacques Brachet
* « Le trompe-la-mort de l’an II », mardi 28 février, jeudi 2 mars, vendredi 3 mars 20h45,
dimanche 5 mars à 16h (04 94 36 19 16)




Six-Fours Dany CAYOL
Le Téléthon, un esprit de partage

Lorsqu’on demande à Dany Cayol depuis combien de temps elle s’occupe du Téléthon, elle dit en souriant : « Un certain temps ».
En fait c’est plus de vingt ans que ça a démarré avec un conseiller municipal, Yves Draveton, qui avait organisé une manifestation autour de la piscine.
De ce jour, Dany n’a plus quitté le bateau, plongeant avec passion dans cette association qui, à Six-Fours, a lieu d’octobre à janvier et même quelquefois un peu plus.
D’un bout de l’année à l’autre, Dany se démène, téléphone, envoie des mails, frappe aux portes, pas seulement des associations de tous bords, mais des maisons de retraite, des grandes surfaces, des collèges et des lycées, des entreprise,  des commerces, soit pour recevoir un don, soit pour les faire participer physiquement à cette grande fête de l’espoir.
Elle y met tout son cœur, toute sa passion, avec cette force tranquille qu’elle a de mener un combat essentiel.
Dans son petit bureau de la mairie, aujourd’hui c’ est l’heure du bilan et des remerciements.
« D’abord – me confie-t-elle – j’ai eu peur qu’avec le Covid, et l’inflation, ce soit difficile, d’autant que les deux seuls jours de pluie ont eu lieu le week-end national où il a fallu annuler pas mal de choses.
Et c’est avec joie que je peux annoncer le résultat : Nous avons récolté 22.330€, soit 3.946€ de plus que l’an dernier. Je remercie donc tous ceux qui se sont engagés pour aider la recherche pour les maladies rares ».

Dany Cayol et son équipe du Téléthon

Fièrement, elle nous présente le diplôme qu’elle va remettre à tous les participants avec une lettre personnalisée pour chacun ! »
Cette année encore les compétitions sportives, les animations musicales, théâtrales, cinématographiques, littéraires se sont relayées et chacun nous a offert de beaux moments ensemble.
C’est un boulot de folie qui occupe son année car entre les démarches faites pour réaliser un tel exploit et les remerciements par centaines, sans compter les manifestations auxquelles elle participe, l’année n’est pas encore terminée qu’elle planche déjà sur l’édition 2023 !
« Pour moi c’est un grand plaisir que d’organiser cet événement, d’autant qu’il rapproche les gens. Certains se réunissent pour faire quelque chose ensemble, se rencontrent, s’entraident, ça rapproche beaucoup de gens dans un esprit de partage. Et ce qui me fait aussi plaisir c’est que j’essuie très peu de refus ».
C’est un combat de tous les jours et lorsque je vois tous ces gens qui donnent de leur temps ou de l’argent, ça me rassure par le fai que le Téléthon est plus que nécessaire. Et je ne suis pas prête à abandonner ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet

Photos JB & KM


STONE : sa vie dans tous les sens

Ma première rencontre avec Annie Gautrat, (alias Stone) remonte à la tournée “Inventaire 66” qui réunissait Hugues Aufray, Michel Delpech, Pascal Danel, mais aussi Pussy Cat,  Karine, Noël Deschamps, les Sharks (Que sont-ils devenus ?). Ils en étaient tous à leur première tournée et Aufray, Danel, Delpech et Stone et Charden ont fait le chemin que l’on connaît.
De ce jour, on n’a jamais cessé de se croiser,de  se rencontrer, de se voir en tournées

Autre tournée mémorable de rires et de folie avec C Jérôme et Michel Jonasz et un Charden au pied plâtré mais chantant quand même. Il y a eu aussi une tournée avec CloClo et Topaloff qui n’était pas triste non plus.
Si, avec Charden, ce ne fut souvent pas très sympa, avec Annie ça a été l’amitié « A la vie à la mort »… Et ça continue !
Et si, depuis longtemps, c’était terminé avec Charden, on a continué à se voir, car Annie n’a jamais cessé de travailler, devenant comédienne, écrivant une biographie de cette période Stone-Charden qui, en fait, n’a duré que quatre années intenses avec retrouvailles du couple sur les tournées « Âge Tendre ».
Et la voilà qui s’est piquée au jeu de l’écriture et qu’elle nous offre sa « Vie dans tous les sens » (Editions Champs-Elysées) où elle nous parle de beaucoup de choses plus intimes, de sa vie de femme, de mère et pas du tout de sa vie d’artiste.
Elle vit aujourd’hui avec le comédien Mario d’Alba… que j’ai très vite adopté car il est, lui, sympa et drôle. Je les avais d’ailleurs invités à Saint-Raphaël pour « Stars en cuisine », où ils vinrent cuisiner un plat végétarien pendant que je cuisinais de mon côté avec Fabienne Thibeault.
Bon, le livre sorti, il fallait qu’on en parle !

« Alors Annie, tu t’es prise au jeu de l’écriture ?
Au départ, ce n’est pas voulu. C’est durant le confinement que je me suis remise à écriture. Petite déjà, j’écrivais mon journal intime. Je l’ai d’ailleurs retrouvé en rangeant des affaires. J’ai fait ça durant des années et en le relisant j’ai trouvé ça sans intérêt. Mais c’était enfantin et je racontais tout ce qui m’arrivait !
Ce que tu as fait là !
Oui, en écrivant au jour le jour ce qui me passait par la tête, comme ça venait, ce que je vivais avec ma famille, ma mère, ma belle-mère mais aussi mes souvenirs d’enfance et en parlant de plein d’autres sujets. Voilà pourquoi le titre « Ma vie dans tous les sens » !
Par contre tu nous parles de ta vie personnelle et pas de ta vie d’artiste !
Non, je l’ai déjà fait dans mon premier livre, ça n’avait plus d’intérêt d’y revenir.
Par contre au départ, je n’ai pas écrit pour en faire un livre. J’ai toujours aimé écrire et je le faisais pour le plaisir. J’adore aller dans les fêtes de livres pour y rencontrer les auteurs que j’aime. A la Fnac de Montluçon j’ai rencontré Dominique Filleton qui est écrivain et éditeur. Nous avons discuté et il m’a proposé de m’éditer. Ça s’est fait tout naturellement. Et puis, j’ai rencontré une responsable d’un salon animalier et comme j’ai toujours aimé et eu des animaux elle m’a suggéré de parler d’eux. Dominique a trouvé l’idée sympa et ce sera mon prochain livre !
Et écrire des chansons ?
Je n’ai jamais pu. J’ai essayé mais c’était lamentable ! Je suis juste arrivée à écrire un conte pour enfants.
Comment écris-tu ?
Comme je te dis, au jour le jour. Il me vient une idée, un souvenir et j’écris. C’est comme ça que j’ai écrit notre bio même si là, il fallait tout de même écrire dans l’ordre des événements que nous avons vécu.
Mais j’écris toujours sans aide d’ordinateur, je ne sais pas faire. Et c’est ma fille qui s’en occupe !

Dans ton livre, tu ne ménages ni ta mère, ni ta belle-mère !
Même si j’ai de bons souvenirs d’elles et surtout de ma maman adorée, elles ont fini très vieilles et malheureusement dans un triste état. A la fin, elles n’étaient plus les femmes qu’elles ont été et de les voir dépérir ainsi, perdre la tête, se faire dessous, engueuler tout le monde, ne pas vous reconnaître, on finit par espérer qu’elles disparaissent. Aussi bien pour elles que pour nous. Et en fait d’espérer cela, ça nous permet de rendre leur disparition moins cruelle.
Lors d’une des nombreuses discussions que nous avons eues, tu m’avais annoncé ta mort prochaine aux alentours de tes 70 ans… Tu les as passés… Et tu es toujours là !!!
(Elle rit) Oui et j’en suis très heureuse. C’est une voyante qui me l’avait prédit et je l’attendais sereinement ! Je suis ravie qu’elle se soit trompée.
Mais tu sais, dans ma famille, il y a toujours eu des médiums… Dans le Berry on les appelait des sorcières. Et ma grand-mère a été médium. Elle a même vu des choses qui se sont réalisées et elle me les a racontées. Ma mère, qui pourtant, était cartésienne, a été confrontée à des entités. Elle n’en parlait pas de peur de passer pour une folle.
Et toi ?
Moi ? Rien ! Ca a sauté une génération car il est arrivé à ma fille plein de choses étant adolescente. Je m’y suis faite, c’est une vieille habitude dans la famille !
Par contre, je suis persuadée qu’il y a autre chose après la mort et ça, ça vient de l’influence de ma mère. Comme celle de vivre et de manger bio. Déjà, elle tenait une boutique diététique, même si on ne parlait pas encore de bio. D’ailleurs, je n’ai plus jamais mangé de viande depuis quarante ans ! Et je ne m’en porte pas plus mal.
Une chose qui, dans ton livre, m’a fait marrer : ta nuit de noces avec Eric Charden… qui n’a pas été consommée !
Oui parce que, sa mère, qui était très excessive, ne supportait pas de le voir épouser une saltimbanque et le persuadait en même temps de quitter ce métier qu’il pratiquait aussi. Elle lui avait bourré le crâne. D’ailleurs elle s’enfuit juste après le mariage, sans rester au repas, et, se sentant coupable il a passé sa nuit… Dans la salle de bain à pleurer… Charmante la nuit de noces ! Déjà qu’il n’avait pas voulu me toucher avant le mariage… Ca faisait beaucoup. D’autant qu’il ne se gênait pas pour aller batifoler ailleurs ! Enfin, après, on s’est rattrapé !
Tu écris aussi une phrase incroyable : « Il faut que l’Homme disparaisse de la surface de la terre… » Ce n’est pas un peu excessif ?
(Elle rit encore) Je dis l’Homme en général peut-être pas tous les hommes parce qu’en fait, on a besoin d’eux pour la reproduction… Même s’ils peuvent aussi faire des garçons !
C’est un cercle vicieux  ton affaire !
C’est vrai  mais depuis toujours, l’Homme est tout-puissant, la femme est toujours derrière. Tous les malheurs de la terre viennent de l’Homme. OK, aussi de quelques femmes… C’est difficile tout ça !

Aujourd’hui s’est passé un triste événement : l’accident de Pierre Palmade qui, sous l’emprise de la drogue, a blessé et tué. Qu’en penses-tu, toi qui racontes avoir touché à la drogue ?
C’est terrible, ce qui s’est passé, monstrueux ! C’est vrai nous avons pris de la drogue et j’avoue que j’y ai pris du plaisir car on est déconnecté de la réalité, on est dans un trip agréable. Mais d’abord, le peu de fois qu’on l’a fait, on l’a fait à la maison et il n’était pas question de sortir, de prendre un volant. Ce peut être une expérience sympa à condition que ça ne devienne pas une habitude, que ce soit occasionnel car ça devient très vite un piège. C’est comme de boire trop. Prendre une cuite de temps en temps OK mais attention à l’addiction car alors ce peut être terrible. C’est ce qui s’est passé avec Pierre Palmade »…

Je vais laisser ma belle amie à ses chats et ses chiens… En attendant qu’elle continue à raconter longtemps d’autres histoires avec son humour et sa joie de vivre… Puisque la date de sa mort annoncée est passée !!!

Propos recueillis par Jacques Brachet


Notes de lectures

Gilles KEPEL : Enfant de Bohême (Ed Gallimard – 399 pages)
Il faut s’enfoncer très profondément dans les forêts de Bohême où l’on chassait les sangliers pour comprendre la destinée du grand-père puis du père de Gilles Kepel. L’aïeul Rodolphe, arrivé en France s’installera à Paris dans le quartier Montparnasse, il fréquentera  Apollinaire et traduira ses poèmes, il sera proche des peintres tchécoslovaques Mucha et Kupka, une petite colonie d’artistes venus également à Paris.
Il se mariera, aura deux enfants Milan, père de Gilles Kepel et une fille. Milan réfugié en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale sera élevé dans une école religieuse  puis au lycée français de Londres et n’aura de cesse de vouloir faire du théâtre et mettre en scène « Le brave soldat Svejk » de Iaroslav Hasek.
En déterrant les souvenirs d’un père atteint de la maladie d’Alzheimer, de vieux documents, de photos, Gilles Kepel raconte avec fierté le parcours difficile, souvent désargenté de sa lignée paternelle. Il y ajoute les éléments constitutifs de la Tchécoslovaquie actuelle et la pensée communiste de son père.
Un livre émouvant sur des hommes bousculés par les guerres, attachés à leurs racines et malgré tout devenus cosmopolites.
Cependant l’abondance de détails très ou trop personnels peut lasser le lecteur.
Lars MYTTING : L’étoffe du temps (Ed Actes Sud – 438 pages) <br> traduit du norvégien par Françoise Heide
Quel plaisir de découvrir la suite du livre « Les cloches jumelles » publié en 2020 par Lars Mytting !
Nous retrouvons au début du XXème siècle le village de Butagan en Norvège, ses habitants et son pasteur Kai Schweigaard. Il pèse toujours sur le village le souvenir des sœurs jumelles siamoises Helfrid et Gunhild Hekne, habiles tisseuses dans les années 1600 et dont une mystérieuse tapisserie reste introuvable. Astrid Hekne est morte en couches lors de la naissance de jumeaux. L’un de ces enfants, Jehans a été confié au pasteur mais il se brouille avec celui-ci.
Qu’adviendra-t-il de la quête de la tapisserie et de celle de la cloche engloutie dans le lac proche du village dont la tradition dit qu’elle ne pourra être repêchée que par deux frères ?
Dans cette superbe fresque romanesque, l’auteur nous raconte l’évolution de la paysannerie norvégienne, l’amélioration de la vie dans ces villages reculés grâce aux apports des techniques. Des personnages fiers et volontaires, des paysages grandioses, des légendes, un peu d’histoire font de ce roman un ouvrage que ceux qui ont apprécié le premier tome liront d’une traite.

Dolly PARTON & James PATTERSON : « Run, Rose, Run » (Editions l’Archipel – 418 pages)
Dolly Parton est la papesse de  la musique country pour les amateurs du genre.
James Patterson est « l’écrivain aux 370 millions de thrillers vendus ».
L’association de l’icône de la country et de l’empereur des polars ne pouvait que faire des étincelles.
Leur roman à quatre mains a d’ailleurs été en quelques semaines le N°1 des ventes aux USA.
Voici que le roman sort en France sous le même titre qui signifie « Court, Rose, court »
Un livre qui mêle la musique à un thriller haletant dont on ne connait la vraie histoire qu’au dernier chapitre.
AnnieLee Keyses est une toute jeune fille qui ne rêve que de chanter et qui débarque à Nashville avec rien qu’un sac en bandoulière. On ne sait pas d’où elle vient mais on se rend très vite compte qu’elle cache un drame. La chance veut qu’elle se propose de chanter dans un pub qui se trouve appartenir à Ruthanna Ryder, idole country qui s’est retirée de la scène mais qui la découvre grâce à un de ses musiciens, Ethan Blake. Lui, en tombe amoureux, elle flashe sur sa voix et sur les chansons qu’elle écrit et compose. Ils vont la prendre sous leurs ailes mais la jeune femme est sauvage, et elle est à plusieurs reprises agressée. Un mystère plane autour d’elle, dont elle se refuse à parler.
Mais peu à peu la menace se rapproche, se concrétise même et…
Et il faudra lire quelques 400 pages pour en connaître le dénouement !
Dans le portrait de Ruthana, il semble que Dolly Parton ait servi de modèle, l’ambiance de Nashville est superbement décrite, l’héroïne est très attachante, l’histoire palpitante et pleine de rebondissements.
Bref, les amateurs de thrillers et de musique vont être heureux.
A noter que le livre va faire l’objet d’un film dont les chansons seront signées… Dolly Parton of course ! Le CD est déjà sorti… « Run, Rose,Run », un livre à lire, un CD à écouter et un film à voir bientôt.
Marie-Virginie DRU : Regarde le vent (Ed Albin Michel – 268 pages)
Dans ce second roman, Marie-Virginie Dru, qui est aussi peintre et sculpteur, évoque le thème de l’amour et de l’influence des ancêtres dans nos vies. Cette réflexion se fera avec Camille, guide conférencière, mariée à Raphaël, journaliste au Monde, mère de Louise, ado rebelle de 14 ans et de Jeanne 12 ans, future danseuse.
Alors que Camille aide sa mère et son oncle à vider l’appartement de sa grand-mère qui vient de décéder, elle trouve des albums de photos parfois anciens. Elle décide d’écrire un livre racontant la vie de ses aïeules, une dynastie de femmes depuis Henriette son arrière-arrière-grand-mère née en 1879 à Alger, puis Odette, puis Annette et enfin Mathilde sa mère. Des femmes qui selon Camille furent « des guerrières et des amazones », émancipées et libres dans leurs amours.
Parallèlement à ce travail d’écriture, la vie quotidienne se poursuit pour Camille qui évolue dans sa situation de mère et d’épouse.
Dans une écriture fluide, le roman nous fait vivre par chapitres distincts les vies passées des ascendantes de Camille et leurs secrets, la vie de Camille, celle de Jeanne par le biais de son carnet intime et le comportement troublant de Raphaël. Un livre agréable à parcourir.

Robert COLONNA D’ISTRIA : La maison (Ed Actes Sud – 146 pages)
Auteur d’essais, Robert Colonna d’Istria publie son premier roman.
Le sujet réside dans le titre, mais il faudrait y ajouter « sur l’île « ». En effet c’est sur l’île où, enfant, elle passait de merveilleuses vacances dans la maison de sa mère, que J, une femme dont on ne saura pas plus que la première lettre de son prénom, veut avoir elle aussi une résidence. C’est son frère qui a hérité de la maison familiale .J doit donc chercher à acheter ou à faire construire une maison.
Sur un terrain dominant la mer du haut d’une falaise, une vieille bicoque à retaper fera l’affaire. Avec l’aide de Simon, son compagnon et de Robert, un homme à tout faire ingénieux mais procrastinateur, J commence la création de sa maison.
Ce sera un chemin semé d’embuches qui mettra à mal l’obstination de J. Mais ce chemin de croix deviendra un chemin de vie, menant à un aboutissement heureux même si ce n’était pas celui attendu. Un roman bien écrit qui s’apparente à un conte philosophique.
Michèle LESBRE : La Furieuse (Ed Sabine Wespieser – 120 pages)
Qui est donc cette furieuse qui fait le titre du dernier ouvrage de Michèle Lesbre ?
Ne vous laissez pas dissuader par ce titre, au contraire laissez-vous glisser doucement et non pas furieusement au fil des pages. La Furieuse existe, c’est une petite rivière du Doubs, affluent de l’Allier, et elle s’écoule comme la vie de Michèle Lesbre, quatre-vingt-trois ans, et une longue vie de lectures, de découvertes qu’elle nous fait partager. Il a des anecdotes, des souvenirs, des citations que tout lecteur voudra retenir ou souligner.
Le sous-titre « rives et dérives » correspond exactement à ce mouvement perpétuel de l’eau, parfois tranquille, parfois bouillonnante  comme toute vie. La Furieuse où se baignait Courbet jusqu’à la fin de sa vie replace le texte dans la fin du XIXème siècle, Michèle Lesbre s’autorise à vous présenter ses grands-parents Léon et Mathilde qui ont vécu, eux, au bord de la Loire, autre fleuve parfois tranquille parfois furieux, des tableaux champêtres d’un monde révolu qu’évoque l’auteur.
On n’arrête pas une rivière, on n’arrête pas les souvenirs, Michèle Lesbre dit feuilleter sa vie et nous donne la possibilité de découvrir ou redécouvrir les textes qui l’ont marquée, ce livre est un immense cadeau fait à la lectrice qui l’en remercie.

Laurent MALOT : « Mathilde Mélodie » (Ed XO – 308 pages)
Mathilde, 38 ans, a été chanteuse avec son mari musicien. Jusqu’au jour où trompée par son mari, elle part en voiture avec sa fille, a un accident qui coûte une jambe à cette dernière.
Rogée de culpabilité, pour vivre elle entre dans une matelasserie, vivant chichement avec sa fille.
Jusqu’au jour où la musique la rattrape : Un concours national de talents est organisé pour toutes les entreprises avec à la clef un million d’euros… Pas pour le talent gagnant mais pour l’entreprise qu’il représente.
Au départ elle n’est pas d’accord mais c’est sa fille qui vend la mèche au patron car circulent encore des images de sa mère sur les réseaux sociaux. Obstinée elle refuse de chanter mais le patron lui met le marché en main : où elle chante, ou elle est virée.
Contre mauvaise fortune bon cœur elle se résout à chanter. Avec la complicité de sa fille, elle rencontre un musicien mexicain exilé et sans papier, avec qui elle va travailler. Peu à peu, elle repend goût à la musique.
Va-t-elle repiquer au jeu ?
Vous le saurez en lisant ce roman plein de tendresse signé d’un écrivain qu’au physique on verrait plus écrire des polars. Mais il est aussi scénariste et ça se sent car ce livre est conçu comme un scénario de film et pourrait faire l’objet d’une série télévisée, tant ses personnages sont attachants et l’histoire et jolie… Ce qui nous change de tous ces romans démoralisants qu’on peut lire aujourd’hui.
Vincent BAGUIAN : Que celui qui n’a jamais tué me jette la première pierre (Ed Plon – 219 pages)
Vincent Baguian fut chanteur un temps, auteur de chansons dont des comédie musicales comme « 1789, les amants de la Bastille » ou encore « Mozart, l’Opéra-rock ».
Le voici qui nous offre son premier roman, une sorte de thriller fort original, l’histoire d’un homme bien sous tous rapports, Victor, médecin apprécié mais qui s’avère être aussi un tueur en série.
Un tueur pas comme les autres puisqu’il a commencé à 7 ans en poussant sa mère dans les escaliers, une mère revêche, sévère, violente, castratrices. Ce n’était en fait que justice qu’elle disparaisse !
Le meurtre est parfait, jamais on n’a pu suspecter un si petit enfant qui plus est inconsolable.
Devenu médecin il a comme patience Framboise, une femme magnifique mais une femme battue et violée dont il tombe amoureux. Quoi de plus normal que de faire disparaitre ce salaud ?
Ainsi vit-il très vite avec elle et de leur amour naîtra Gabriel qu’ils idolâtrent.
Là encore, aucun doute ne plane sur lui.
Du coup, prenant confiance en lui, va-t-il continuer son « assainissement », supprimant des prédateurs, des personnes nuisibles à son environnement. Jamais suspecté… Jusqu’au jour où…
C’est en fait un roman mi thriller-mi polar-mi comédie que nous offre l’auteur, un roman très immoral écrit d’une plume alerte, avec juste ce qu’il faut d’humour pour qu’on trouve son Victor charmant et bien sympathique !
Immoral dites-vous ? Certes mais, éliminer des gens coupables, blâmables, qui méritent un châtiment, est-ce vraiment condamnable même si la justice le réprouve ?
En fait, peut-on condamner cet homme ? Oui, bien sûr, mais on s’y attache et tout au long on espère qu’il s’en sortira.
A vous de lire… Et de juger !

Roselyne BACHELOT : « 682 jours » (Ed Plon – 279 pages)

Ça balance pas mal chez Rosy… Ça balance pas mal !
Roselyne Bachelot c’est la femme intègre, énergique, qui ne mâche pas ses mots, au désespoir de ces messieurs les politiques qui ne supportent pas certaines vérités… Surtout venant d’une femme.
Elle est aussi une femme étonnante, passant de la politique à l’humour avec une facilité et une maestria déconcertante.
Elle a connu plusieurs présidents de Chirac à Macron en passant par Sarkozy.
Elle est passée du sport à la santé pour finir à la culture, en tant que ministre.
C’est pourtant la Culture qu’elle a toujours brigué et dans laquelle elle excelle car, en plus d’être intelligente, elle est cultivée… Et en plus elle est drôle !
C’est trop pour une femme et on le lui a fait payer par des sarcasmes de tous bords, des empêchements de tourner en rond, quoiqu’elle fasse ou dise, jusqu’à ses toilettes qui firent les choux gras de certains tabloïdes… et on en passe !
Mais, toujours bien dans ses bottes, elle a continué sa route contre vents et marées tout en tirant à vue lorsqu’il fallait car elle ne s’est jamais laissé marcher sur les pieds.
Aujourd’hui, libre de toute politique, elle peut écrire, avec l’humour et le bon sens qu’on lui connaît, sans acrimonie ni vengeance personnelle tout ce qu’elle a sur le cœur. Et elle raconte toutes les bassesses, les hypocrisies, les bâtons qu’on lui a mis dans les roues, que ce soit dans quelque ministère où elle ait agi. Elle parle aussi des ronds de jambes auxquels elle a eu droit et de la mémoire courte de certains qui oublient vite dès qu’ils n’ont plus besoin de vous.
Mais elle n’a jamais été dupe, sachant que lorsqu’on est dans les projecteurs, en mal ou en bien, il faut que ça chuchote, que ça parle dans le dos, que ça critique.
Dommage qu’elle soit arrivée à la Culture avec le Covid car elle avait tant d’idées, tant de projets.
Aujourd’hui, sereine, avec ce livre elle met les choses au point avec son franc parler et c’est avec un vrai régal qu’on la lit car elle écrit comme elle parle, avec un langage châtié, des mots précis et sans langue (ou plume) de bois !
KarineTUIL : Kaddish pour un amour (Ed Gallimard – 123 pages)
Le kaddish, c’est la prière pour les morts dans la religion juive.
C’est à travers des poèmes que Karine Tuil dit adieu  un amour, un amour qui a grandi, a été l’enfant du couple, un amour qui n’a malheureusement pas été compris.
L’auteur s’adresse à celui qui a aimé l’amour mais n’a pas su voir le vrai du faux. Cet amour est perdu, il y a donc un deuil de l’amour, un amour qui retournera à la poussière.
Le kaddish permet l’espoir car un jour l’amour sera sanctifié, il renaitra et mourra avec nous.
Karine est familière de la poésie, elle est toujours à l’aise dans cette expression, ce rythme. Il y a beaucoup de sensibilité et une certaine distance face à cette réalité douloureuse. Les poèmes scandent une histoire qui ne sera plus, il y a de l’originalité dans la présentation de la versification c’est un bel exercice d’écriture qui montre un talent supplémentaire à l’auteur des « Choses humaines » et de la « Décision », une réussite émouvante.