Article mis en avant

Cinéma, cinémas

Philippe VAÏSSE… Un repéreur heureux
« Femmes ! »…. Promis, jurés !
Festival « Femmes ! »… Ouverture en majeur

NUMEROS UTILES
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LE JEU DE PAUME : 04.42.99.12.00 – jeudepaume@lestheatres.netwww.lestheatres.net
AUBAGNE
THEÂTRE COMEDIA : 04.42.18.19.88 – comedia.aubagne.fr
BANDOL
Théâtre Jules Verne : 04 94 29 22 70
BRIANCON
THEÂTRE LA CADRAN : 04.92.25.52.52 – theatre-le-cadran@wanadoo.fr
CANNES
PALAIS DES FESTIVALS : 04.92.99.33.83 – sortiracannes@palaisdesfestivals.com
DRAGUIGNAN
THEÂTRE en DRACENIE : 04.94.50.59.59 – www.theatresendracenie.com
GAP
LA PASSERELLE : 04.92.52.52.52 – info@theatre-la-passerelle.com
GRASSE
THEÂTRE DE GRASSE : 04.93.40.53.00 – www.theatredegrasse.cominfo@theatredegrasse.com
HYERES
CASINO DES PALMIERS : 04.94.00.78.80 – www.ville-hyeres.fr
LA CIOTAT
LA CHAUDRONNERIE : 09 70 25 20 00 – lachaudronnerie-laciotat.com
LA GARDE
LE ROCHER – 04.94.03.58.62 – le-rocher@ville-lagarde.frwww.ville-lagarde.fr
LA SEYNE-sur-MER
7ème VAGUE – 04.94.06.02.52 – cafetheatre7vague@gmail.com
LA VALETTE
THEÂTRE MARELIOS – ESPACE PIERRE BEL – LA TOMATE – CINEMA HENRI VERNEUIL –
ESPACE ALBERT CAMUS : 04.94.23.62.06 – culture@lavalatte83.frwww.lavalette83.fr
LE CANNET
La Palestre : 04 93 46 48 88
LE PRADET
ESPACE DES ARTS : 04.94.01.77.34 – culture@le-pradet.fr
MARSEILLE
CITE DE LA MUSIQUE : 04.91.39.28.28 – www.citemusique-marseille.com
LA CRIEE : 04.91.54.70.54 – www.theatre-lacriee.com
LE GYMNASE : 04.91.24.35.24 – gymnase@lestheatres.netwww.lestheatres.net
LE GYPTIS : 04.91.11.41.50 – www.theatregyptis.com
ODEON : 04 96 12 52 74   – www.contact-odeon@marseille.fr
OPERA : 04 91 55.11.10 – www.opera.marseille.fr
THEÂTRE DE LENCHE   – MINI-THEÂTRE DU PANIER : 04.91.91.52.22 – lenche@wanadoo.frwww.theatredelenche.info
LE SILO : 04 91 90 00 00 – www.lesilo-marseille.fr
THEÂTRE TOURSKY : 04.91.02.58.35 – www.toursky.org
NICE
NIKAÏA : 04 92 29 31 29 – www.nikaia.fr
PALAIS DE LA MEDITERRANEE : 04 92 14 77 00
THEÂTRE LINO VENTURA : 04 97 00 10 70
THEÂTRE FRANCIS GAG – 04 94 00 78 50 – theatre-francis-gag.org – theatre.fgag@ville-nice.fr
OLLIOULES
CHÂTEAUVALLON : 04.94.22.02.02 – www.chateauvallon.com
SANARY
CASINO DU COLOMBET : 04 94 88 52 10 – service-culturel@casino-sanary-sur-mer.fr
THEÂTRE GALLI : 04.94.88.53.90 – www.sanarysurmer.com
SIX-FOURS
ESPACE MALRAUX : 04 94 74 77 79 – www.espace-malraux.fr
TOULON
LE COLBERT : 04 94 64 01 58 – www.lecolbert.fr
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PALAIS NEPTUNE : 04.98.00.83.83 – info@congresneptune.com
THEÂTRE LIBERTE : 04 98 00 56 76 – www.theatre-liberte.fr
ZENITH-OMEGA : 04.72.32.09.29 – appel@appelspectacles.com

Festival 2025, la distribution des prix

Nicolas Paban, Justine Foulani, Luc Patentreger, Michèle Jean, Carla Lauzier, Choukri Ben Meriem

La troisième étape du festival « Femmes ! » vient de clore son troisième épisode.
Après le théâtre Liberté de Toulon et le théâtre du Rocher à la Garde, le Six N’Etoiles de Six-Fours accueillait la compétition et s’est donc terminé avec la distribution des prix donné par un jury de cinq professionnels locaux (Voir article précédent) approuvé par le président du festival Luc Patentreger.
Luc qui devait remercier le Six N’Etoiles, en la personne de sa directrice, Noémie Dumas, la ville de Six-Fours, totalement partie prenante de ce bel événement cinématographique, qui lui ouvre ses portes depuis 24 ans et tous les bénévoles qui gravitent autour du festival, une équipe soudée, passionnée, qui fait le succès de celui-ci .
Cette année, le thème choisi était le duo et, grâce à la sélection de ces films, nous avons pu des films de haut niveau, de grand intérêt qui, sans ce festival, pourraient pour la plupart rester dans l’ombre.
Sept avant-premières étaient proposées au public et au jury qui a délibéré pour décerner ces deux prix qui, en fait, se sont transformés en trois, le jury décernant aussi un prix spécial.
Autre duo, celui du président et de Mireille Vercellino, encyclopédie du cinéma, qui aide Luc dans cette belle entreprise, en choisissant avec lui et Martine son épouse, les films que nous avons vus tout au long du festival.

Camille Cottin…
Nathan Ambrosini & Luc Patentreger

Un festival qui bascule et se poursuit dès aujourd’hui au cinéma Royal à Toulon, puis à la salle Tisot et au Casino Joa de la Seyne avec plein d’animations autour d’autres films.
Revenons-en à la distribution des prix annoncée par nos cinq jurés.
La présidente du jury, Michèle Jean, devait préciser, de l’avis unanime, la qualité des films présentés et du coup le jury a décidé de mettre trois films à l’honneur.
And the winner are :
Mention spéciale qui, dixit Choukri Ben Meriem, les a envoûtés, ensorcelé, à « L’engloutie » de Louise Hémon, qui raconte l’arrivée en plein hiver d’une jeune institutrice dans un village perdu où une avalanche va perturber ces villageois paisibles qui ne parlent que le savoyard.
Le prix d’interprétation féminine, nous dit Justine Foulani, a été très difficile à attribuer à travers sept belles propositions. Après beaucoup d’hésitations, le prix est donc attribué à une déjà grande actrice française : Camille Cottin pour le film « Les enfants vont bien » de Nathan Ambrosini, qui était d’ailleurs venu présenter le film à l’ouverture du festival.
L’histoire de deux sœurs, Jeanne (Camille Cottin) et Suzanne (Juliette Armani) qui, à peine retrouvées, sont séparée par la disparition de cette dernière.

Enfin, pour le grand prix du jury, Michèle Jean devait préciser qu’après maintes discussions et beaucoup de négociations, ils sont arrivés à un compromis et, pour la brillance de son scénario, pour l’esthétisme, pour le charisme de ses acteurs et la cohérence du récit, le film choisi est « Louise » de Nicolas Keitel, l’histoire de Marion qui quitte le domicile familial pour vivre une autre vie sous l’identité de Louise.
Nos cinq jurés ont été ravis de la réception que leur a faite le festival, de se rencontrer pour une première fois et de s’entendre à merveille et ont chaleureusement remercié tous ces gens qui se sont occupés d’eux avec patience et gentillesse.
Des rencontres qui se sont soldées par l’espoir de tous se retrouver autour de leur passion commune : le cinéma.
L’an prochain, le festival fêtera son vingt-cinquième anniversaire et Luc nous promet un grand festival plein de surprises… On a déjà hâte d’y être !

Jacques Brachet




Festival « Femmes ! »… Promis, jurés !

Depuis l’an dernier, le festival « Femmes ! » a innové en créant, hormis le prix du public, le prix du jury et le prix de la meilleure actrice.
Ce qui donnait un peu plus de poids à ce festival dédié à la femme.
Le sujet choisi, cette année est le duo, quel qu’il soit et le jury doit voter autour de sept films.
Et le jury choisi est composé de deux femmes, deux hommes, pour la parité et une présidente, ce qui était la moindre des choses dans un tel festival.
Ce sont tous des professionnels et ils ont l’avantage d’être régionaux. J’ai déjà rencontré certains dans le cadre d’une rencontre et tous ont un point commun : la passion du cinéma.
Comme le chantait Christophe, je vais, je vais vous les présenter ! Et bien sûr, nous commençons par la présidente : Michèle JEAN.
« Qui suis-je ? Grand problème philosophique !
Je suis d’abord une femme, je travaille pour un festival de femmes, je défends la cause des femmes et je suis cinéphile. Ça te va, Jacques ?
Oui mais pas que… Le festival dont tu parles est bien sûr celui-ci ?
Oui, j’en suis la vice-présidente,  responsable de tout ce qui est artistique, dont la programmation. Avec Mireille Vercellino et Martine Patentreger, nous visionnons beaucoup de films, nous allons dansquelques festivals, les réalisateurs nous envoient aussi des liens et nous voyons ainsi les films en avant-première.
Combien de films avez-vous vus toutes les trois ?
Pour un choix de 46 on en voit plus d’une centaine. Nous les choisissons en fonction de la thématique qui est cette année les duos. Ce pouvait donc être une sœur, une amie, une fille, un mari… Toujours des couples ou des duos. Des films d’une certaine profondeur car nous voulons faire passer un message. C’est ce que veut dire le cinéma. Le cinéma est là pour quelque chose, comme faire réfléchir les gens.
Je voudrais préciser que nous travaillons avec Noémie Dumas, la directrice du Six N’Etoiles, et qu’elle fait un magnifique travail dans ce cinéma.
Choukri BEN MERIEM
Je suis acteur, réalisateur, producteur. Je viens, avec mon équipe, de présenter un pilote d’une série qui porte sur la légende des deux frères que nous avons tourné sur la plage des Sablettes en septembre dernier. Nous l’avons présenté à Toulon fin novembre,  dans un festival à Londres et nous continuons afin de trouver un financement pour les prochains épisodes.
Tu connais donc la région ?
Oui, puisque j’ai grandi à la Seyne-sur-mer, j’ai travaillé une dizaine d’années sur Paris, deux ans à Londres et je suis revenu à cause du covid. Je ne pensais pas rester mais j’ai trouvé un projet sur cette légende locale. Et je suis resté !
Comment es-tu venu au cinéma ?
Je suis tombé dedans lorsque j’étais petit, j’ai toujours aimé le cinéma, les westerns en noir et blanc et cette passion s’est développée au fur et à mesure. Je me suis intéressé au cinéma indépendant, la technique, la musique qui va avec, les bruitages…
Toujours dans la réalisation ?
J’en suis à ma troisième réalisation. Je suis aussi acteur mais j’ai voulu diversifier mes activités.
En tant qu’acteur où a-t-on pu te voir ?
Dans des courts métrages français et anglais.
Comment te retrouves-tu dans le jury ?
Parce qu’on me l’a proposé ! Dans les années précédentes j’étais festivalier et du coup, cette année, on m’a demandé d’y venir en tant que juré.

Michèle Jean
Template
Justine Foulani

Justine FOULANI
Justine, on se connaît car c’est toi qui nous accueilles au Six N’Etoiles, avec Noémie Dumas. Comment viens-tu au cinéma ?
Je suis originaire d’Occitanie, d’Ales, Nîmes, exactement et il y a un an que je travaille au Six N’Etoiles. Depuis que je suis enfant j’aime voir des films. Ça m’a suivi jusqu’à mon adolescence, puis, dans mes études, je me suis orientée dans le secteur du cinéma, j’ai entre autre découvert la diffusion. Essayer de montrer au public des films qui ne sont pas des blockbusters , souvent des films qui ne sont pas particulièrement grand public, comment les amener justement au public et c’est un vrai travail et c’est ce qui m’a passionnée. Puis j’ai travaillé aussi dans la distribution de documentaires qui ont du mal à trouver leur public, en les programmant justement dans des cinémas. C’est comme ça que je suis entrée en contact avec le Six N’Etoiles en tant qu’animatrice, pour mettre en place des animations pour le jeune public, organiser des débats, trouver des partenariats avec des associations locales pour faire connaître ces films.
Es-tu intéressée de devenir toi-même distributrice ?
Pas vraiment car je me suis rendu compte que j’étais surtout en contact avec les exploitants et pas assez avec le public, ce que je n’ai pas retrouvé dans la distribution. J’aime le contact avec le public. Nous organisons avec Noémie des petites projections que nous recevons, que nous voyons en amont afin de voir ce que nous pouvons faire comme animation à travers ces films. J’essaie d’aller dans quelques festivals, comme Cannes et le festival « Itinérances » d’Alès qui est un chouette festival et je fais aussi en sorte de découvrir les locaux.
Nicolas PABAN
Difficile de te faire « re » parler puisqu’on a eu l’occasion de se rencontrer ! Tu es venu comment au cinéma ?
En voiture ! Pas de loin puisque je suis toulonnais ! Plus sérieusement, c’est un rêve d’enfant mais j’ai mis du temps à passe à l’action. Je n’ai pas fait d’école de cinéma mais un jour j’ai eu la maturité de me dire que si j’avais cette envie, il fallait la réaliser, sans se poser de questions. A partir de là, j’ai fait beaucoup de courts métrages, j’ai appris sur le tas, en faisant des erreurs, j’ai appris de film en film et je n’ai jamais arrêté en restant à Toulon.
Fier d’être toulonnais ?
Non. On n’a pas à être fièr d’être né quelque part, d’être né tout court ! Mais j’aime ma région.
Tu as fait combien de courts métrages ?
Difficile de les compter, car en fait,  j’en faisais déjà tout gamin mais je ne peux pas les compter dans ma filmographie. Disons une quinzaine qui ont été vus dans des festivalss, des salles de cinéma.
N’es-tu pas tenté par un long métrage ?
Peut-être mais je considère que ce n’est pas une fin en soi. Il faut beaucoup d’aides, de financements conséquents. Mais je suis très heureux de faire des courts métrages parce que c’est du cinéma et qu’en priorité j’ai envie de faire du cinéma.
Et peut-on en vivre ?
Oui, j’en vis, sinon je serais malheureux… C’est ce qui fait que je me sens vivant.

Nicolas Paban
Carla Lauzier
Choukri Ben Meriem

Carla LAUZIER
Je suis six-fournaise. J’habite à Six-Fours mais je travaille à Aubagne, je suis monteuse de courts métrages, j’ai fait des études de cinéma et je travaille à l’école de La Satis à Aubagne, qui est une école de cinéma. J’y enseigne le montage et la post production.
Comment es-tu venue à ce métier ?
Tardivement car j’ai d’abord fait des études de langue étrangère (Anglais, Italien, Arabe…) Je voulais devenir interprète.Finalement j’ai changé de voie car pour bien gagner sa vie il faut faire du droit travailler au sein de l’ONU par exemple et ce n’était pas une voie qui me correspondait. J’ai décidé d’arrêter et de me poser la question : Qu’est-ce que tu veux faire ?
Ce que j’aime par-dessus tout, c’est regarder des films, les analyser. Je me suis alors lancée dans une licence de cinéma sans vraiment savoir dans quelle discipline je voulais aller. J’en ai découvert tous les aspects et en découvrant le montage, c’est une passion qui s’est débloquée. J’ai commencé à faire des montages de films…
Quels films ?
J’ai été en stage sur plusieurs séries comme « Plus belle la vie », sur Amazon avec Jean Dujardin, Charlotte Gainsbourg, ensuite, j’ai commencé à avoir des contacts, des rencontres et monter des courts métrages.
N’as-tu pas essayé d’aller sur Paris ?
Non, c’est un choix, Paris ça n’était pas une vie qui me correspondait pas et je suis très heureuse de pouvoir travailler dans la région et entre autres dans l’école où j’ai été formée.
A côté je travaille en free-lance et ça me convient très bien. L’école m’ouvre beaucoup de contacte car on travaille avec beaucoup de partenaires. Les réseaux marchent bien.
Comment es-tu devenue juré sur ce festival ?
En fait, je connais Mireille Vercellino qui a été présidente de l’association « Lumières du Sud », avant que ma mère, Michèle Attard ne lui succède et je faisais partie de l’association. Du coup, elle m’a proposé d’être juré ».

Le club des cinq réuni, comment vont-ils travailler ?
D’abord, me disent-ile, en se découvrant puisqu’ils ne se connaissaient pas. Et je suis heureux que cette rencontre les fasse se découvrir l’un l’autre. Ensuite bien sûr, il y a les projections, l’analyse du film, les différentes techniques du tournage et surtout et avant tout le ressenti, l’émotion que le film a suscité chez chacun. Puis, il faudra choisir la meilleure actrice et là, ils ont l’embarras du choix !

A suivre donc !
Jacques Brachet

Six-Fours – Festival « Femmes ! » : Ouverture en majeur

Jamais on n’aura vu autant d’invités pour l’ouverture du festival « Femmes ! » à Six-Fours.
Luc Patentreger, président du festival, avait bien fait les choses en démarrant sur une rencontre exceptionnelle : Une master class avec une partie de l’équipe de la série télévisée de France 3 « Plus belle la vie ». Il devait y avoir quatre actrices et plusieurs sont venus en renfort ! Inutile de vous dire que les fans ont rempli une partie de la salle, heureux de voir leurs comédiens préférés quitter le Mistral à Marseille, pour être là « en vrai » !
Cette série de plusieurs milliers d’épisodes, créé en 2004. S’est arrêtée en 2022 mais le public a été tellement nombreux à s’en plaindre, que revoici revenu en 2024, une sorte de suite ou de continuité « Plus belle la vie, encore plus belle », même si elle n’est pas toujours belle car il s’en passe des événements, aussi drôles que dramatiques !
Mais ce n’était pas tout puisque démarrait aussi le prix du jury et le prix du public, avec un film signé Nathan Ambrosioni, en sa présence, qui présentait un film « Les enfants vont bien ». L’histoire de deux sœurs, Suzanne et Jeanne, qui, à peine retrouvées, sont aussitôt séparées car dans la nuit de leurs retrouvailles, Suzanne disparaît.
Nathan Ambrosioni  est un « voisin » puisque né à Grasse en 1999. Fou de cinéma, il réalise à 15 ans son premier film « Hostile », un film d’horreur !
Aujourd’hui « Les enfants vont bien » est son cinquième film et déjà, chacun de ses films a obtenu des prix divers et nombreux. C’est le nouveau petit génie du cinéma et pour ce cinquième film, il a réuni deux magnifiques comédiennes : Camille Cottin, l’une nos comédiennes française les plus douées, que l’Amérique nous envie et ne se gêne pas pour nous l’emprunter et à ses côtés, une chanteuse qui est en train de se faire un nom dans le cinéma : Juliette Armanet.

Le lendemain, mardi donc, c’est au tour de Béatrice Métayer, ambassadrice du festival, d’animer un débat autour du film norvégien de Lija Ingolfsdottir « Loveable ».
Maria (Helga Guren), divorcée, deux enfants. Remariée, deux autres enfants. Si, au départ, c’est l’amour fou avec Sigmund (Oddgeir Thune), très vite, le couple vacille. Lui, musicien, doit souvent partir en tournée. Elle, se retrouve avec quatre enfants à gérer. A chacun de ses retours, Sigmund se retrouve avec une femme épuisée, seule la moitié du temps, en colère tout le temps et subit ses reproches. A tel point qu’il demande le divorce à son tour.
A partir de là, Maria, va aller voir sa mère, une mère qui, à son tour, lui reproche bien des choses et la met devant le fait qu’elle a toujours été centrée sur elle-même et devrait penser aux autres Entre les mots de sa mère et les mots d’une psy qui va, elle aussi, la mettre devant ses attitudes, Maria, qui est à bout de force, va revoir toute sa vie et se rendre compte de ce qui ne va pas chez elle.

Suite à ce film terriblement émouvant et oppressant, mené par une comédienne magnifique, Béatrice avait réuni quatre femmes pour un débat autour de la santé mentale : Le Docteur Stéphanie Guillaume, le Docteur Eugénie Beaucourt, médecins généralistes,  Laurence Flez-Renaudin, psy et auteure et Cécile Limier professeure d’arts martiaux et créatrice de l’association « Sport adapté, santé ».
Toutes étaient d’accord que la santé mentale doit aller de pair avec la santé physique, que le meilleur moyen de ne pas y succomber et l’échange et la communication, et aussi de ne pas être dans le déni lorsqu’on voit que tout va mal.
Magnifique début de festival à Six-Fours, qui va se dérouler jusqu’au 15 novembre et se terminera par la remise du prix du jury et de la meilleure actrice.
Le festival continuera à se dérouler au casino Joa et au Centre Tisot, avec également des séances scolaires, des soirées événements, des soirées musicales à la Seyne ainsi que la nuit du court métrage  qui réunira 24 films à partir de 19 heures le 21 novembre au Centre Tisot avec une remise de prix .La soirée de clôture se déroulera le 23 novembre.
Plein de beaux films, plein de magnifiques actrices, plein de beaux réalisateurs et réalisatrices, un festival mené de main de maître par Luc et son équipe, qui augure bien pour le 25ème anniversaire l’an prochain !

Jacques Brachet

Philippe VAÏSSE, un repéreur heureux.

Qu’est-ce qu’un repéreur, me direz-vous ? C’est quelqu’un qui fait… des repérages !
Mais pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de cinéma.
C’est lui qui, pour les besoins d’un tournage, recherche le site, la maison, le paysage dont a besoin le réalisateur.
C’est ainsi qu’il vadrouille un peu partout dans le Var et ses environs pour trouver le coin de mer ou de montagne, la maison, l’appartement dont a besoin le réalisateur pour y installer ses comédiens.
Seynois d’origine et n’ayant jamais voulu quitter la Seyne d’où il est enraciné, il a fait un parcours sans faute pour trouver enfin le métier qu’il aime et dont le titre n’est pas encore dans le dictionnaire : repéreur.
Et Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumière(s) du Sud, l’a… repéré et invité à nous parler de ce métier original et, on pourrait dire, ancestral puisqu’il existe depuis qu’est né le cinéma.
Garçon passionné et volubile, c’est un plaisir que de discuter avec lui et de comprendre combien, ce métier est important dans la construction d’un film.

« Philippe, commençons par le commencement : D’où venez-vous ?
De la Seyne-sur-mer ! Je suis née il y a longtemps… En 77 ! A Ollioules, à la clinique Malartic, j’ai fait mes études au lycée Beaussier à la Seyne, où je vis toujours, puis au collège Paul Eluard…
Et comment êtes-vous venu au cinéma ?
Par une anecdote qui a marqué mon histoire d’amour avec le cinéma. J’avais alors une quinzaine d’années, nous avions eu une petite embrouille avec ma bande de copains, nous étions fâchés et du coup, nous sommes allés au cinéma voir « Star Gate . Ce n’est pas le film du siècle mais je suis transporté, ça m’a emmené ailleurs, tout comme mes copains et à la sortie nous ne sommes plus du tout fâchés ! C’est là que je me suis dit que le cinéma c’était magique et que j’aimerais un jour mettre des étoiles dans les yeux des gens.
Par quoi ça a commencé ?
Par l’écriture. A partir de 19 ans j’ai commencé à écrire des histoires que j’envisageais d’adapter en film.

Le cinéma fait déjà partie de votre ambiance familiale?
Je dois dire qu’au départ mes parents sont un peu inquiets de me voir aller vers ce milieu mais ils m’ont toujours soutenu. Il faut dire qu’ils ont une vision très ouverte sur la culture,  ma mère est à la fois prof de Français et d’arts plastiques, mon père est un fan de littérature et de musique. Je baignais déjà dans ce milieu culturel et artistique. Ils m’ont alors dit, comme nombre de parents : « Le cinéma c’est bien mais… si d’abord tu peux faire quelques études classiques histoire d’avoir un bagage si ça ne marche pas » ! J’ai donc fait des études d’économie-gestion, je suis allé jusqu’à la maîtrise mais je me suis arrêté au milieu de la quatrième année car je savais que ce n’était pas mon truc.
Et alors ?
J’avais déjà écrit plusieurs histoires pour des courts-métrages et il y avait une frustration. J’ai alors commencé des études  cinéma-photo en arts du spectacle à la fac de Lyon. C’est là que j’ai travaillé ma culture cinématographique que je ne connaissais que grâce à mon père à travers les films qu’il aimait comme « Soleil vert », « Little big man », « La horde sauvage ». .. Ces films ont marqué mon enfance. C’est aussi à la fac que j’ai découvert la photographie.. J’ai réalisé des premiers courts-métrages d’études, je me suis spécialisé dans le montage. A la fin  de ma troisième année, je suis revenu chez moi et avec des amis, nous avons monté une télé sur Internet. C’était en 2003, la web TV n’existait pas encore et nous l’avons appelée « Baboite TV ». Nous proposions des reportages sur l’activité culturelle de Toulon et ses environs, pour montrer qu’il se passait beaucoup de choses sur notre région.

Ça a duré longtemps ?
Jusqu’en 2008. Pour moi, c’était une première approche de l’audio-visuel mais j’avais toujours en moi cette envie de créer des films. Un jour, en 2007, mon père me raconte un rêve absurde qu’il a fait et ça a été le déclic qui me fait écrire un court-métrage de cette histoire. Grâce à ce scénario, j’obtiens une bourse du ministère de l’éducation et de la culture dans une sction qui s’appelait « Envie d’agir ». Je tourne ce court-métrage qui s’appellera « De passage », avec des professionnels du cinéma de Marseille. C’est une semaine de rêve et une révélation. La concrétisation de ce que j’ai envie de faire. Ce court-métrage de 13 minutes sort un an après, sans dialogue et en couleur. Il sera suivi  d’un second court-métrage en 16 mm, en une journée, développée à l’ancienne.
Et c’est quoi ?
« Hors champ ». Une toute petite comédie burlesque de 3 minutes car nous n’avions qu’une bobine ! On le tourne avec la même équipe dont Jérôme Carle mon chef opérateur, qui était un professionnel et qui m’a poussé à suivre la route. A partir de là, on est en, 2009, je commence à envoyer des CV. Un mois après on m’appelle et on me propose un renfort sur une publicité pour la Poste qui se tourne à Venelle, au-dessus d’Aix-en-Provence. Il faut être sur le plateau à 5 heures ! Je venais d’avoir un enfant avec, comme souvent, des nuits compliquées mais je ne pouvais pas rater ça ! Ça a été mon premier contrat de régisseur.
Depuis ça ne s’est jamais arrêté.

Et vous avez fait quoi ?
D’abord régisseur sur des renforts puis j’ai fait un film en entier, des choses récurrentes dans la région, j’intègre des équipes avec qui je travaille régulièrement. D’assistant régisseur je passe adjoint. Vers 2O14 je commence à développer des tournages sur le Var et l’aire toulonnaise. Et en 2016, on me propose d’être repéreur sur le film de Gérard Jugnot « C’est beau la vie quand on y pense » dont une parie est tournée à Toulon. C’est donc mon premier film en tant que responsable des repérages. Le travail était de trouver les différents décors qui allaient servir au tournage.
Commencer avec Gérard Jugnot, c’est pas mal !
Oui, l’expérience se passe super bien, Gérard Jugnot est un gars adorable très à l’écoute de ce qu’on peut lui proposer, très conscient du fait qu’un bon film se fait de façon collégiale, chacun ayant quelque chose à amener. Ce n’est pas le mec qui sait tout, qui fait mieux que tout le monde. C’est un type très ouvert.
Du coup, vous arrêtez d’être régisseur ?
Non, car ce sont deux métiers complémentaires et après avoir trouvé les décors du film, j’organise la logistique  autour des décors que j’ai trouvé.
Je deviens d’ailleurs régisseur général sur un film tourné à Cherbourg « Les cadors » avec Jean-Paul Rouve, Michel Blanc, Marie Gillain…. C’était en 2022 et ce sera mon dernier film en tant que régisseur.

Pourquoi arrêter ?
C’est un métier très prenant car on est de la préparation du film jusqu’au tournage, on doit régler tous les problèmes, vingt-quatre sur vingt-quatre, même les week-ends. Pour ce film je suis parti trois mois et-demi de chez moi et pour la vie de famille c’est très compliqué.
Repéreur c’est moins compliqué !
En repérage, on me donne un scénario, la description des décors à trouver et à moi de me débrouiller, contacter, chercher, fouiller, me perdre quelquefois et aussi aller à la découverte de gens que je rencontre, qui m’ouvrent leurs maisons. Ce peuvent être des décors naturels, institutionnels, privés.
Vous n’êtes pas en concurrence de la Commission du Film du Var ?
Pas du tout car elle accompagne les productions de films qui viennent tourner dans la région ou le département, ils ont une base de données de décors très centralisée sur l’Est varois, la région de Saint-Tropez, le bassin de Fréjus, ils sont moins actifs sur la partie toulonnaise. Il y a aussi le bureau des tournages de TPM mais nous travaillons tous main dans la main, chacun fait appel à l’autre, on s’échange des informations. C’est un vrai travail de partage. C’est un métier de réseaux. C’est comme ça que j’ai travaillé sur des séries comme « Cimetière Indien » ou « Tom et Lola »
Pas de frustration de ne plus être scénariste et réalisateur ?
Depuis deux ans et demi, je me suis mis à l’écriture littéraire. J’ai sorti un premier roman « L’arbre et la colline » (Ed Presses du Midi), je suis sur un second roman et j’ai trouvé dans l’écriture littéraire une liberté sans limites. Lorsqu’on écrit un scénario et qu’on veut l’adapter, il y a toujours un moment où se fait un arbitrage entre l’artistique et l’argent et c’est souvent là qu’on est frustré car il faut couper, retailler enlever des trucs qui coûtent trop cher. Mais dans l’écriture littéraire, jamais personne ne va me dire que mon décor est trop cher ! Mon prochain roman se passe en Islande où je suis allé. Je n’aurai pas une production qui me dira « Trop loin, trop cher ». Aujourd’hui, cette liberté compense largement le fait de ne plus être derrière la caméra. Même si ça a été une expérience superbe…. Et il ne faut pas dire jamais mais je n’ai aucune frustration.
Romancier et repéreur sont des métiers de solitaire. Et ça, ça me plait ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet

La Seyne – Expo Festival
« Femmes ! » Des femmes et des océans

Rarement, au Casino Joa,  on avait vu autant de monde au vernissage d’une exposition, en l’occurrence celle des Chantiers du Cinéma, dans le cadre du festival « Femmes » dont le président est Luc Patentreger.
Il faut dire que l’on y rencontrait une belle brochette d’aspirants maires de la Seyne ! Les élections approchant, c’était une occasion de se faire voir.
Que des mecs, pas une seule femme pour prendre la succession de l’ex maire et du coup, Luc devait préciser qu’après presque vingt-cinq ans d’existences (Vingt-cinq l’an prochain), le festival avait pu tenir le coup grâce à des aides extérieures, les anciennes mairies n’ayant pas trop fait le forcing pour que ce festival se développe, même l’ex maire qui alors était une femme !
Et pourtant aujourd’hui, on peut dire que ce festival a tenu le coup, a grimpé les échelons de la connaissance, de la qualité, sur un sujet important, sur un sujet crucial : la femme, mise à l’honneur dans tous ses états, présentant des films de qualité, quelquefois drôles, quelquefois dramatiques, sur des sujets, portés par des comédiennes, des réalisatrices et réalisateurs de grand talent, engagés, défendant les droits, la liberté, la créativité.
Ce festival s’est hissé au premier plan des festivals de cinéma de France et Luc profita donc de voir réunis tous ceux qui ont l’ambition de devenir maires d’ici quelques mois pour les exhorter à penser à aider ce festival qui est une cause nationale et même internationale : la femme.

Cette année le choix des films s’est porté sur le thème du duo, quel qu’il soit, et sera présenté à la Seyne (Casino Joa, Centre Tisot), à Toulon (Cinéma le Royal, Théâtre Liberté), à Six-Fours (Six N’Etoiles), à la Garde (Théâtre du Rocher) et du 5 au 22 novembre 44 films de 16 pays, dont 9 avant-premières, vous seront proposés avec, en point d’orgue six jours de projections au Six N’Etoiles avec à la clef, un prix du jury (que nous vous présenterons) et un prix de la meilleure actrice féminine.
Des soirées à thèmes, des débats, des rencontres, agrémenteront ces projections, que vous pourrez retrouver sur le site femmesfestival.fr.
Mais revenons à cette exposition intitulée « Veilleuses d’océans » justement proposée par un duo bien connu de deux photographes : Emilie Delamarinière et Pascal Scatera, duo transformé en trio puisqu’ils ont invité une plasticienne dont les racines sont seynoises : Leni Whitford, qui a conçu un magnifique kimono qui a habillé les femmes que nos deux artistes ont photographiées.
Nous les avons rencontrés.

« D’abord, parlez-moi de votre rencontre…
Emilie : Notre rencontre avec Leni remonte à quelques années déjà. On suit Leni et ses œuvres, son travail, nous avons déjà collaboré ensemble au studio,  soit pour la reproduction de ses œuvres, soit pour des photos d’inspiration, c’est-à-dire que, à partir d’une photo,qu’elle puisse après réaliser en  peinture. C’est le départ de notre rencontre artistique et cette année c’est un peu particulier puisque Leni nous a proposé un sujet original…
Racontez-nous, Leni
Ce kimono qui trône au milieu de l’exposition sert de fil conducteur à l’exposition. Je précise que je ne l’ai pas fait pour l’exposition mais pour une de mes œuvres et j’ai collaboré avec Emilie et Pascal. Je crée des peintures à l’aquarelle où à l’huile, très figuratives, très réalistes mais c’est surtout très symbolique.
Dites-moi en quoi ce kimono est symbolique ?
Il s’agit de la souffrance de l’océan et ça aurait pu se terminer là, mais c’est aussi un vêtement. Et l’intérêt d’un vêtement est d’être porté. Mais qui pourrait endosser la souffrance de l’océan ?  Des gens qui travaillent réellement pour améliorer les choses, qui ont une réelle sensibilité. D’où le but de l’expo qui est de mettre en lumière des actions poétiques, mais aussi angoissantes et par ailleurs, tout en parlant d’un sujet grave, lorsqu’on regarde ces images, c’est positif, éclatant, c’est un hommage à l’océan
On veut donner du plaisir à se promener et à lire des textes forts pour prouver que nous avons tous des responsabilités, des choix à faire. Et ça fait du bien d’être là et de se poser des questions.
Alors, l’ami Pascal seul homme entre ces deux femmes ?
Il aurait pu y avoir des hommes mais l’exposition va de pair avec le thème du festival et donc le fait de mettre à l’honneur des femmes qui font beaucoup d’efforts pour protéger les océans est le lien qui relie le festival. Nous n’avons donc choisi que des veilleuses, des femmes qui se battent pour la survie des océans.
Emilie : Chaque année, nous mettons en lumière des parcours de femmes avec, chaque année, un thème différent. Nous avons parlé l’an dernier des métiers essentiels et cette année ce sujet s’impose à nous. Il suffit de chercher des parcours de femmes inspirantes pour remplir la mission que l’on nous a confiée.

Leni : Le festival choisit souvent des femmes locales et nous avions déjà une liste e femmes qui étaient dans le thème. Je vis à Paris et j’ai travaillé à distance avec les deux photographes.
Je suis originaire de la région et je trouvais intéressant de faire venir des femmes des quatre coins de la France sur des sujets différents : On voulait des femmes issues de la recherche scientifique, de la sagesse, de la jeunesse , des personnes qui ont un fort impact médiatique, ses sportives de haut niveau…
Et alors que nous sommes sur un festival de cinéma, pas de femmes venant du 7ème Art ?
Il y a plein de femmes qu’on aimerait avoir : des femmes politiques, des scientifiques, des femmes qui utilisent la mer dans leur quotidien. Et pourquoi pas, bien sûr, des comédiennes, des réalisatrices ?
Emilie : J’en ai sollicité quelques-unes mais il n’y a pas eu de suite.
Cette année, le thème du festival est le duo… Y avez-vous pensé 
Pascal : Déjà, le duo… C’est Emilie et moi ! C’est vrai qu’avec Leni c’est devenu un trio mais le duo est en fait l’océan et la photographie et je suis entre un duo de femmes !
Cette exposition va-t-elle tourner après la Seyne ?
Emilie : On l’espère, en y ajoutant d’autres portraits de femmes inspirantes, l’agrandir mais il faut trouver des lieux et les portes ont du mal à s’ouvrir. Là, elle est calibrée pour la salle du Casino Joa mais on aimerait trouver plus grand car si l’on ajoute des femmes, ça ne peut pas rentrer dans toutes les salles.
Pascal : Par exemple, nous aimerions que la Villa Tamaris Pacha nous reçoive mais c’est très difficile, il faut être adoubé.
Leni : J’ai d’ailleurs envoyé un message à Jacqueline Franjou et je serais très heureuse, en tant que seynoise, qu’elle puisse nous faire entrer dans ce lieu superbe. »
Le message est envoyé… Jacqueline, si tu l’entends !!!

ropos recueillis par Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Françoise BOURDIN… Un dernier au-revoir

Qu’est-ce que j’ai pu aimer cette romancière, cette femme !
Son écriture était belle, lumineuse comme elle, simple, juste, elle racontait des histoires de famille comme Claude Sautet le faisait avec ses films choraux, des histoires pleines d’humanité,  de tendresse, de sentiments divers d’une grande profondeur et qui donnait du baume au cœur.
Lorsqu’on commençait un de ses romans, toujours sous fond d’histoires familiales, on ne pouvait plus s’en détacher. C’étaient toujours des histoires vraies, qui pouvaient arriver à chacun d’entre nous, des histoires où l’humain était prioritaire.
Hélas pour nous, elle a disparu depuis un peu plus de deux ans et il m’arrive souvent de reprendre un de ses romans, pour passer un moment de quiétude, de vrai grand plaisir
 Et voilà qu’apparaît ce livre « Libre et autres nouvelles » (Ed Récamier). Bien sûr, ce n’est pas un roman, huit nouvelles simplement mais quel plaisir de la retrouver avec son style limpide, avec toujours autant d’empathie pour les autres, pour les siens, avec une jolie préface d’Agnès Martin-Lagaud qui nous offre aussi une nouvelle « Merci la maîtresse » et quelle surprise de retrouver la patte de sa fille cadette, Frédérique Le Teurnier, qui a pris la relève, la continuité de sa mère qui nous raconte à son tour de belles choses, plus personnelles dans « L’Epiphanie de Juillet »

« Crescendo » est un écrit autobiographique, qui nous apprend comment naissaient ses romans, de ses premières petites nouvelles écrites à dix-douze an, à celles de ses romans, et elle nous raconte comment, de ses idées puis de ses écrits le manuscrit arrivait chez son éditeur.
Elle nous raconte aussi ses parents, qui furent célèbres dans la musique et l’opéra : Géori Boué, magnifique soprano et Roger Bourdin. Superbe baryton. Et alors me sont revenus des réminiscences de mon enfance bercée par la voix de sa mère dont ma mère était une fervente admiratrice.
Ne le sachant pas, l’ayant rencontrée deux fois, j’aurais pu lui en parler.
Si j’avais su…
Mais, ça n’enlève rien au charme de ce recueil qui nous la fait revivre un instant, le temps d’apprécier cet ultime livre.

Jacques Brachet

Notes de musique

A LONG TRIP 22
Claudio Fasoli Samadhi Quartet – Enregistré en public à Rome en février 2022 Parco Della Musica records (MPR188CD)
Claudio Fasoli (ténor et soprano sax), Michelangelo Decorato (piano),Pietro Leveratto (contrebasse), Marco Zanoli (batterie).Sur des compositions, alternativement ou en commun, des quatre musiciens on embarque pour un « Long Trip » de savoureuse musique.
Claudio Fasoli est rayonnant et joue « Body and Soul » que ce soit au ténor ou au soprano, avec ce son chaleureux, ample et généreux, un modèle de phrasé, qui font les grands saxophonistes de jazz. Il a enregistré plusieurs dizaines de disques, reçu de nombreux prix et écrit trois livres. Un pianiste au jeu brillant et aéré qui fait parfois penser à Chick Corea. Un vrai batteur jazz, qui pulse, propulse et relance. Un contrebassiste au jeu pur, très fluide ; très imaginatif dans les solos. « Boerum Hill » donne à entendre toutes ces qualités ; seul morceau du disque en tempo rapide. Un autre morceau très représentatif des qualités du groupe , « Sext » : après un début très calme, lyrique, une montée crescendo, le ténor se déchaîne avant de retrouver la sérénité. 
Un disque apaisé, serein, qui prend son temps. Les musiciens jouent sur le même terrain, à égalité, avec de très riches échanges, une grande sensibilité, un sens de la mélodie avec un lyrisme au bord de l’âme, et un engagement total.
HASARD
Claudio Fasoli NeXt 4tet – Enregistré entre juin et juillet 2024 à Cinisello Balsamo (Ml). abeat records ABJZ 275.
Claudio Fasoli (ténor et soprano sax), Simone Massaron (Guitare et eletronics), Tito Mangialajo Rantzer (contrebasse), Stefano Grasso (batterie et percussions).
Il n’y a pas de « Hasard » quand d’excellents musiciens font de la très bonne musique, ce qui est le cas avec ce dernier disque de Claudio Fasoli ; celui-ci reste le maître des saxophones ténor et soprano ; un gros son limpide, un phrasé accrocheur au ténor, un son parfois très méditatif au soprano. Un guitariste au chant éthéré ou très rock en guitare saturée. Un bassiste au gros son, sans failles, envoûtant, des notes nettes et rondes, un batteur maître du tempo, très subtil comme dans « Pet », en duo avec le ténor.
Pour l’ensemble du disque on pourrait dire que c’est du bebop revu par Jean-Sabastien Bach, par exemple « Trio », morceau qui donne le ton, l’atmosphère du disque. Il me semble aussi que le groupe utilise quelque peu les harmonies impressionnistes, dont celles de Ravel comme dans « Claud », on y entend même des réminiscences du « Boléro ».
A noter le peu d’utilisation des electronics. Ajoutons que toutes les compositions sont de Claudio Fasoli.
Pas d’exploits technique chez ces musiciens, mais du partage, de l’écoute, un total engagement. De la musique qui vient de l’intérieur pour atteindre à la beauté qu’on partage dès les premières notes.
L’Italie sauvera le jazz.

Serge Baudot

Agustin GALIANA :
Un homme debout et tellement attachant

Il a un regard lumineux venu d’Espagne, un sourire carnassier.
Agustin est un être solaire… Et pourtant…
Pourtant il revient de loin et le chemin d’Espagne à la France a été un chemin semé d’embûches, de drames, de blessures, d’angoisse, de frustration.
Dès le départ il est né à l’ombre d’une petite sœur morte à quelques mois et lui arrivant, il a, en quelque sorte, eu le rôle de remplaçant, et il a mis du temps à s’en remettre. Sans compter le départ de la maison de son père dont il n’a su le fin mot que des années plus tard, vivant avec l’idée que celui-ci était « le méchant » qui a abandonné la famille.
Tout cela ne fait pas une enfance heureuse permettant à un gamin de s’éclore et de vivre une adolescence insouciante.
Heureusement, la danse l’a sauvé, dès les premières années où il s’enfermait dans sa chambre pour qu’on ne le voie pas faire « ce qui n’était pas convenable ».
De la danse au théâtre, du théâtre à la musique, il a ainsi pris des chemins de traverse avec des joies, des déceptions, jusqu’à ce qu’il décide de quitter son pays et sa famille, trop lourds de souvenirs et de venir en France.
Le chemin fut long. Et là, après pas mal de déboires, il y a eu « Clem », cette série qui l’a révélé au public, jouant avec une mère de substitution, l’actrice espagnole Victoria Abril. Puis il y a eu « Danse avec les stars » qu’il a gagné haut la main, l’a fait s’épanouir et exploser auprès du public. La danse est revenue en même temps que la musique, ses disques ayant fait des succès. Sans compter la série « Ici tout commence » et puis « Mask Singer » qu’il a remporté !
Aujourd’hui tout lui sourit et il a décidé d’écrire ce chemin qui ne fut pas un long fleuve tranquille, qui a mis du temps à le faire passer de l’ombre à la lumière. Il fut longtemps dans le doute, l’angoisse, les blessures mais aujourd’hui, on peut dire qu’il est devenu un homme. L’homme qu’il voulait être, l’homme heureux qui s’est enfin déshabillé du fardeau qu’il a longtemps porté.
Son histoire est bouleversante et je peux avouer qu’il ne m’était plus arrivé d’avoir la larme à l’œil du début à la fin de sa bio « Un homme debout » (Ed Leduc). Une fin où il parle au petit garçon de six ans qu’il fut et qu’aujourd’hui il a appris à aimer. Fin à la fois originale et très émouvante.
Agustin est un être attachant, radieux, qu’on a envie d’avoir pour frère ou pour ami.
Et envie de parler avec lui de ce long chemin vers la paix et la sérénité.

« Agustin, votre bio est bouleversante…
Je suis ravi de ce que vous me dites. Mon but était de toucher les gens et je crois que j’ai été entendu. Mais vous savez, c’est l’histoire  d’un homme lambda, d’un homme ordinaire en fait car il y a beaucoup de gens qui ont dû vivre une histoire similaire. Ce n’est pas vraiment une biographie, c’est un bilan  et, si l’on va un peu plus loin, c’est l’histoire d’un homme qui a tout fait pour s’en sortir, avec des peines, des joies. Une histoire qui n’est pas simple mais qui m’a fait devenir l’homme que je suis aujourd’hui.
Comment avez-vous écrit ce livre ?
Avec l’aide de Ruthy Avayou qui, durant deux mois et demi m’a écouté, m’a fait parler.
Par moments ça n’a pas été facile car ça a fait remonter beaucoup de choses, beaucoup de souvenirs pénibles. Ça a été quelquefois compliqué. Et même ensuite, une fois écrit, de le relire a été par moments difficile. J’ai enlevé certaines choses, j’en ai rajouté d’autres mais finalement, ça m’a fait du bien.
Il semble qu’après tout ce vous est arrivé, tout ce soit arrangé une fois à Paris…
Durant quatre ans, je n’ai pas travaillé mais il fallait que je me reconstruise ailleurs que dans mon pays que je sorte de ce que j’y ai vécu.
Et pourquoi Paris ?
D’abord parce que ce n’était pas loin de chez moi et que j’avais un ami qui pouvait m’y loger.

Vous ne parliez pas français, malgré un père qui était professeur de Français…
C’est vrai, mais je dois dire que, coupé de mon père, il n’a jamais eu l’occasion de m’apprendre le français. Et, puis, vu les circonstances, je n’avais jamais été demandeur. Le rapprochement avec mon père a été lorsque j’ai appris la véritable histoire de son départ de la maison. Mais auparavant, je refusais tout de lui et je ne serais jamais allé lui demander quoi que ce soit. Donc j’ai appris le français en France !
Et voilà qu’on vous propose un rôle dans la série « Clem » où vous vous retrouvez avec Victoria Abril, qui joue votre mère !
Oui, ça a été un beau cadeau de la vie. Me retrouver avec l’une des plus grandes actrices espagnoles, qui a joué avec Pedro Almodovar, c’était tout simplement merveilleux. Ella a été une mère magnifique et grâce à elle, j’ai beaucoup appris.
Il se trouve qu’en Espagne vous aviez joué avec une autre actrice d’Almodovar : Carmen Maura… Il vous les faut toutes !
(Il rit). C’est vrai, j’ai eu cette chance en 2006 de jouer avec elle dans une série… J’y jouais le copain de sa nièce. C’est déjà loin mais c’est un beau souvenir. Il faut dire qu’Almodovar sait choisir ses comédiennes !
Le succès commence à arriver car grâce à « Clem » la série devient très populaire et vous fait connaître… Et depuis ce succès, vous n’avez pas arrêté…
C’est vrai que tout s’est enchaîné. Grâce à « Danse avec les stars », je suis revenu à mon premier amour, la danse… Et j’ai eu la chance de gagner. Durant cette émission, je préparais un disque (J’en avais sorti deux en Espagne) « Enamorado » et lorsqu’il est sorti ça a été un succès. L’émission a bien aidé le disque à marcher. On est passé près du disque d’or ! Du coup, j’ai pu faire une tournée qui a bien marché. Puis il y a eu mon passage dans la série

Puis « Mask Singer »… Encore un succès !
C’est vrai puisque j’ai gagné sous le costume de l’hippopotame !
Pour en revenir à la chanson… en français, comptez-vous le sortir en Espagne ?
Je ne crois pas, justement parce qu’il est en français et qu’en Espagne, je ne serais qu’un espagnol de plus qui chante, qui plus est, chante en français. De toute façon, depuis mes succès en France, personne n’est venu me chercher en Espagne. Bizarrement, c’est la Belgique qui m’a appelé.
Alors, chanteur, comédien danseur… Où vous sentez-vous le mieux ?
Partout où je peux faire quelque chose que j’aime. Aujourd’hui je suis libre de choisir de bons projets, où qu’ils soient, quels qu’ils soient et j’en profite. Je peux dire non si ça ne me dis rien. J’ai envie de m’épanouir dans des choses que j’aime.
Que sera donc 2026 ?
J’ai des projets de tournage, des projets de chansons. Pour les tournages, je ne peux pas en parler, pour la chanson, il y aura certainement un disque et une tournée. Mais je ne sais pas encore dans quel ordre. Mais tout viendra en temps utile. » 

A suivre donc. En tout cas, ce fut un joli moment de conversation avec ce garçon qui est d’une grande gentillesse, d’une belle simplicité qui se raconte avec ce bel accent ensoleillé et qu’on espère retrouver très vite.
Jacques Brachet

Rendez-vous avec GOTLIB

C’est une histoire de génie, d’amour, de déconnade, de folie douce et de modestie : comment Marcel est-il devenu Gotlib ?
C’est l’histoire de l’homme caché derrière l’artiste, à moins que ce ne soit l’inverse. Un homme avec ses fêlures, son énergie, sa résilience, son talent et la découverte du superpouvoir de l’humour. De son destin d’enfant caché pendant la guerre à la création de « Fluide Glacial », de ses premières amours à la « Rubrique-à-Brac », des années « Pilote »et de sa rencontre avec Goscinny à l’aventure de «  l’Echo des Savanes », la vie du maestro de la bande dessinée comme si vous y étiez ou presque, discrètement posé sur son épaule façon coccinelle.
Marcel Nordekhaï Gottlieb est né en 1934 et nous a quittés en 2016. Anecdote croustillante, il est né le 14 juillet ! Du coup on fête ses anniversaires en fanfare et en bleu, blanc, rouge !
Pour ce projet grandiose d’une biographie en BD, ce sont deux « tueurs » qui ont été choisis : Arnaud de Gouëffe, romancier, scénariste de BD, auteur de pièces de théâtre, compositeur. Et Julien Solé, fils de Jean, dessinateur, Qui est illustrateur, de BD, auteur de dessins animés, infographe, auteur de fresques. Deux pointures qui nous racontent comment ils en sont venus là.

« Arnaud Le Gouëfflec et Julien Solé, racontez-nous la genèse de ce projet.

Arnaud: Le premier souvenir que j’ai de Gotlib, c’est au CDI du collège de Saint-Hilaire du Harcouët, au détour d’une pile de BD. Le livre s’appelait « Trucs-en-Vrac », et j’ai tout de suite compris qu’il s’agissait de quelque chose d’absolument spécial, qui ne correspondait à riende ce que je connaissais, qui ne ressemblait ni à « Pif, » ni à « Tintin », ni à « Astérix ».
Une sorte de BD tombée de l’espace, porteuse d’un message émancipateur et révolutionnaire. Même si c’était drôle, très drôle, à se tordre vraiment, c’était aussi d’un sérieux implacable, c’était la notice de la mécanique du rire en même temps qu’un précis qu’on aurait pu renommer “Comment faire une bande dessinée”, “Comment créer des personnages”, “Comment construire une histoire”, “Qu’est-ce qu’une ellipse et comment s’en servir comme d’une clef universelle pour boulonner des récits”, etc. Un rire à la fois oulipien et punk qui est celui de Gotlib.
Bref, LE livre avec tout dedans : la notice, et le rire pour se moquer de la notice, le briquet, l’étincelle, le bâton de dynamite et carrément le tonneau de poudre. C’est comme ça que je suis devenu scénariste, d’un coup sur la tête, comme le Newton de Gotlib avec sa pomme.
Quand « Fluide Glacial » nous a proposé, à Julien et moi, de raconter sa vie en bande dessinée, je me suis senti évidemment plus qu’intimidé. Et je crois que ça a été pareil pour Julien, d’autant que ça se conjugue pour lui avec sa propre histoire familiale, même si je trouve que Julien est vraiment le fils spirituel de Gotlib, dans sa capacité à dessiner avec une virtuosité et une drôlerie conjuguées.
Julien : Quand la rédaction de « Fluide Glacial » nous propose le projet, je sens assez vite quel genre de montagne à gravir cela va être !
Pas le droit de se planter, trop d’enjeux personnels, trop de liens tissés avec cette histoire. Et en même temps une excitation à l’idée de se voir confier la mission. Bref, un cocktail assez détonant de peur et de joie. Une des premières choses à faire pour moi était de décider où placer le curseur, ce qui est important puisqu’il faut assumer ce choix jusqu’au bout. Format, technique, niveau de réalisme, intention graphique. Ce que je n’avais pas prévu alors, c’est le temps que prendraient certaines phases, notamment le nettoyage des sca d’originaux au lavis, il m’a fallu de l’aide ! J’ai reçu les premières pages scénarisées par Arnaud, et le niveau était si haut que le curseur ne pouvait être que sur une seule position : tout à fond !

Quels ont été les moments marquants dans la création de cet album ?
Arnaud : Julien et moi sommes allés chez Ariane, la fille de Marcel, nous avons rencontré
Claudie, son épouse, et nous avons eu accès aux archives personnelles du maestro. Ariane nous a ouvert toutes les portes. Un cabinet de curiosités vertigineux, notamment ces cahiers d’écoliers où Gotlib notait ses idées, griffonnait des esquisses, ébauchait ses scénarios, et rédigeait même le brouillon de ses courriers. C’est la notice de la notice, le brouillon de l’œuvre. Je ne m’en suis pas totalement remis.
Pour le reste, chaque épisode a été marquant à sa manière, parce qu’il a fallu choisir, découper, résumer, écarter. Une vie est impossible à résumer : c’est un labyrinthe. Il faut trouver un fil et le suivre. À chaque épisode, un choix et une bifurcation. On a suivi le fil du rire et de la tendresse. La difficulté principale a été d’évoquer des sujets qui n’ont rien de drôle, et qui sont du registre de la tragédie, notamment la déportation du père de Gotlib, et plus tard la perte de son fils. Finalement, toute l’œuvre de Gotlib est unrempart contre la tragédie. Comme Franquin, il a ses idées noires, mais elles sont disséminées un peu partout dans ses histoires, sous un masque de clown, sous le délire. Il nous fournit la notice. Le rire décape tout, soigne tout. C’est le remède.

Julien : L’aspect émotionnel m’a totalement cueilli, je ne m’y attendais pas. J’ai finiplus d’une fois des pages les larmes aux yeux, ça ne m’était jamais arrivé. Évidemment, les épisodes tragiques de la vie de Marcel, mais aussi le fait de décrire ce qu’est la vie d’une autrice ou d’un auteur, d’expliquer ce qu’est réellement ce métier de fou.
Dessiner un Marcel qui répond sans cesse à Claudie qu’il ne peut pas, qu’il a trop d boulot, c’est un peu se dessiner soi-même (toutes proportions gardées !) quand on a l’impression de ne plus avoir de vie sociale. Dessiner un Marcel qui doute, qui perd le « mojo », c’est se demander quand ça va nous arriver. Je n’ai cessé, en bossant ces pages, de faire des allers-retours entre ce que je vivais et ce que je dessinais.
Et puis dessiner Goscinny, Jacques Lob, Claire Bretécher, Alexis, Mandryka, mon propre père Jean Solé, et tous les autres que j’ai connus…ça m’a remué.
L’aspect émotionnel m’a totalement cueilli, je ne m’y attendais pas. J’ai fini plus d’une fois des pages les larmes aux yeux, ça ne m’était jamais arrivé.

Julien, comment prépares-tu ton travail sur chacune des planches ?
Je n’ai pas de zone de confort dans le boulot. Si je ne suis pas, au choix : insatisfait/en retard/ fatigué/bloqué du dos /coincé parce que j’ai dit oui à un autre boulot, autrement je n’avance pas, c’est comme ça. Donc je prépare peu, je zappe le storyboard car je considère qu’Arnaud a déjà réfléchi à son découpage et à sa répartition des scènes et des séquences.
J’attaque donc directement les crayonnés et les personnages naissent là, avec plus ou moins de réussite. J’annote les pages de scénario et distribue les cases sur les 3 strips de base, je place les textes en premier. C’est très bricolé en fait, c’est le dessin qui fait tenir l’ensemble, plus tard. Mes crayonnés, en deux couleurs, sont très précis, c’est là que tout prend forme. Ensuite, l’encrage au trait seul, et enfin, les lavis. Tout ça à l’ancienne, à la main. C’est super long, les lettrages, tout. À la Gotlib, quoi ! »


Je voudrais ajouter une anecdote personnelle : Nous sommes en 2013 et je suis invité à un festival de films et BD à Hyères, je crois. Thierry Lhermitte y est invité pour présenter le film « Quai d’Orsay », de Bertrand Tavernier, tiré d’une BD de Christophe Blain et Abel Lanzac.
Lors d’un repas, je me retrouve avec lui et d’autres personnes dont Gotlib.
Curieux bonhomme qui n’arrête pas de balancer des vannes qui nous font mourir de rire. A un moment du repas il nous dit : « On va faire un jeu : Chaque fois que quelqu’un viendra nous parler, on dira : dit-il ou dit-elle en baissant sa culotte ! »
Bien évidemment, la première à se présenter qui nous pose la question essentielle : « Avez-vous choisi ? » et nous de répondre « Dit-elle en baissant la culotte ». Explosion de rire sauf pour la serveuse qui n’a pas compris ce qui se passe et s’en va vexée. Durant le déjeuner, des amis, des fans, des artistes passent en disant bien sûr « Comment ça va ? » Et nous de dite très bêtement « Dit-elle… ou Dit-il » sans qu’on ait à finir la phrase et en se marrant comme des imbéciles ! Ce que nous avons fait durant tout le repas.
Essayez, vous verrez, à tous les coups ça marche !

Jacques Brachet

Hommage à Paris
Roger CORBEAU, un photographe hors du commun

Tous les ans au festival de Cannes, Jean-Claude Brialy organisait l’exposition d’un photographe de plateau. Cette année-là, en 1986, il rendait hommage à Roger Corbeau. Je ne le connaissais pas, ses photos étaient plus connues que lui, sauf dans le milieu du cinéma où les réalisateurs se l’arrachaient.
Jean-Claude avait organisé un repas après l’exposition qu’il lui dédiait et je me retrouvai à sa table.
C’était un homme au physique impressionnant dont le nom lui allait à merveille !
C’est au cours du repas que Jean-Claude me suggéra de faire un papier sur lui. Ce qu’il accepta en me donnant rendez-vous le lendemain à son hôtel.
Là, je découvrais un homme souriant, d’une grande simplicité, plein d’humour et j’allais passer deux heures sous le charme de cet homme volubile, en découvrant une carrière incroyable.
Voici 30 ans qu’il nous a quitté.

Arletty
Brigitte Bardot
« La femme et le pantin »

Roger Corbeau, comment vous est venue cette vocation de photographe ?
Je n’ai pas eu la vocation de photographe, jamais. En fait, ce devait être en 23 ou en 24, mon père m’avait offert un petit Kodak. Je l’utilisais pour photographier la famille le dimanche, tous ces dimanches où l’on allait en voiture du côté de Lembach et où, je m’en souviens, on mangeait tout le temps la même chose. Non. Ce que je voulais, c’était faire du cinéma. Une idée qui m’était venue tout jeune. Il faut vous dire que j’allais très souvent au ciné, la semaine à Haguenau – il y avait deux salles – et, les jours de vacances, à Strasbourg.
Et que pensaient vos parents d’une telle carrière ?
Mon père voulait me transformer en homme d’affaires. C’est d’autant plus curieux que lui-même était un intellectuel, bibliophile avisé, collectionneur d’objets d’art. Mais il ne voulait pas, mais alors pas du tout, que je devienne artiste. Par contre, je dois dire que je bénéficiais du soutien inconditionnel de ma mère qui, elle, trouvait cela très bien. Il faut vous dire qu’elle était une vraie fan de cinéma. Elle y allait beaucoup et voyait surtout des films allemands. C’était l’époque de la gloire d’Henny Porten. C’était au temps du cinéma muet…
Une enfance heureuse en somme ?
Une enfance très, très heureuse. J’avais la chance d’avoir pour père un homme généreux. Je me souviens que tous les samedis, nous recevions, ma sœur et moi, notre argent de poche. Le mien – et le sien, parce que je le lui empruntais à fonds perdus – passait dans les magazines de cinéma et ces merveilleuses cartes postales d’acteurs que je faisais venir d’Angleterre. En secret de mon père, bien entendu, qui ne mit quand même pas longtemps à découvrir le pot aux roses…

Rencontre à Cannes
Romy Schneider « Le procès »

Mais le cinéma, le vrai, c’est Paris. Donc, vous partez ?
Oui. En 32. J’avais 24 ans et me voilà décidé à « monter » – si l’on peut dire, vu la position géographique de Haguenau –  à Paris. J’avais obtenu l’accord passif de mon père et ma sœur m’avait donné ses économies. Je partais pour faire du cinéma. Mais attention : pas comme acteur. Cela, je n’y ai jamais pensé. Ce que je voulais, c’était entrer dans le rêve, y participer, le faire. Parce que c’était cela, le cinéma autrefois. Aujourd’hui, tout est dit. Il y a trop de sang, de sexe, de violence… Mais à l’époque, quelle merveille.
Mais comment avez-vous fait pour pénétrer ce monde du cinéma? Vous aviez des relations  ?
Ah ! Mais non, pas du tout. J’ai tout bonnement acheté la Cinématographie française : il y avait toutes les adresses pour les films qui étaient en train de se tourner. Et j’y suis allé, tout bonnement. J’avais repéré un remake de « Violettes impériales » Oh ! J’adorais… Je me suis présenté rue Anatole-de-la-Forge, près de la Grande-Armée, où ce film était annoncé.
Et là, vous trouvez du, travail ?
Eh là ! Doucement ! Je suis tombé sur une jeune fille, une secrétaire. Elle était absolument charmante, moi aussi je présume. Nous sommes devenus copains. Comme elle était amie avec le costumier, qui était un homme très gentil, je me suis retrouvé aide-costumier. Et voilà ! J’avais fait mon entrée, ma toute petite entrée, dans le cinéma : je passais mon temps à ranger.
Un temps qui n’a pas été très long…
Non. Grâce à ma rencontre avec Marcel Pagnol. Il était aux studios de Billancourt pour terminer « Fanny », qui était mis en scène par Marc Allégret. C’était juste avant qu’il ne décide de tourner ses films lui-même pour ne pas être trahi. Un beau jour, voilà qu’il me remarque. J’ai toujours eu le goût d’être soigné, je m’habillais le mieux possible. Cela l’a frappé. Et hop ! Me voilà bombardé accessoiriste. Je n’en revenais pas moi-même. Je rentrais dans le rêve… Vous savez, au fond, à Haguenau, je me demandais quand même si les acteurs existaient vraiment ou non…

Marcel Pagnol…
« Angèle »

Et ce fut le rêve d’une vie ?
Il a duré en tout cas, longtemps, et il dure encore. Mais, depuis un an environ, il s’est fendillé. Tout est vraiment devenu trop brutal. Et puis, cette manie du nu. Vous savez, les actrices étaient bien plus désirables quand elles étaient habillées. Maintenant, il n’y a même plus de distance. Les acteurs ressemblent aux gens de la rue, à tout le monde. Oh ! Je ne suis pas contre : c’est l’évolution.
Comment fut votre rencontre avec Pagnol ?
Extraordinaire. C’était au moment du tournage du « Gendre de M. Poirier ». Pour mon plaisir, en souvenir de mes dimanches à Haguenau, j’avais fait des photos. Je m’en souviens très exactement : cent onze négatifs 6×9… Je les donne à un photographe et le jour où je reçois le paquet en retour, pour une raison ou pour une autre, le frère de Marcel Pagnol, René, était près de moi. Il avise les photos, les prend, les regarde et explose : « Formidable, tu viens de sauver la publicité du film ». Deux ou trois jours plus tard, je rencontre Marcel Pagnol qui n’y va pas par quatre chemins : « Vas acheter un appareil, me dit-il, tu es le photographe de mon prochain film. » J’étais sidéré: je n’avais jamais suivi un seul cours de photo. Mais Marcel Pagnol parlait si souvent de « don de Dieu ». Allez savoir, je l’avais peut-être…
Quel accueil vous ont réservé les acteurs ?
Il vous faut essayer d’imaginer ce qu’était le climat de Pagnol. Lui, c’était le soleil. Il ne faut pas oublier le mot d’Orson Welles : « La femme du boulanger », a-t-il dit, c’est LE chef-d’œuvre. » Pagnol, c’était Pagnol. Tenez. Il aimait les travellings, eh bien, il aidait à poser les rails. Il adorait ça, même. Les scènes d’Angèle, il les écrivait au coup par coup et les comédiens apprenaient leurs rôles en mangeant. Et puis on tournait. Parfois jusqu’à quatre, cinq heures du matin. Les jeunes à qui j’ai raconté cela m’ont dit : « Comment ! Mais ce n’est pas syndical. » Pas syndical ! Mais on n’avait rien ! Pas de contrat, pas de syndicat. On était payé à la semaine. Mais c’était merveilleux, fantastique. Et puis, il y avait Pagnol, ce conteur extraordinaire. Tout ce qu’il racontait ! C’était tellement plus beau que la réalité.
Quant aux acteurs, qui ne voyaient que les photos du tournage, souvent ils me demandaient de leur faire des portraits.

Mylène Demongeot
« Les sorcières de Salem
Festival de Cannes avec
Jean-Claude Brialy

Vous avez travaillé longtemps avec Pagnol ?
Oui, mais pas exclusivement. A l’époque, je travaillais en même temps pour Sacha Guitry et Abel Gance. Pagnol n’était pas content, mais moi j’avais aussi mon idée : aller à Paris. C’était cela qui me plaisait et j’ai toujours eu pour habitude de faire ce qui me plaisait.
En somme, vous faisiez la promotion des films.
C’est simple : les photos étaient la vente du film. Parce que ces photos exaltaient la prise de vue. Il fallait toute l’interprétation du thème du film dans la photo. C’était un sacré travail et croyez-moi, on n’y faisait pas fortune ! Mais aussi, que de bonheur !

Cannes avec Pierre Tchernia

Propos recueillis par Jacques Brachet
Exposition 23 octobre 2025 au 31 janvier 2026
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73 avenue des Gobelins, 75013 Paris
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