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AGENDA JUIN 2025 nous avons électionné pour vous

Nicole Croisille : La plus belle voix de France s’est éteinte
Yannick CLAEYMAN, l’homme qui dessine les arbres
Frédérik HAMEL… Retour aux sources

NUMEROS UTILES
AIX-en-PROVENCE
LE JEU DE PAUME : 04.42.99.12.00 – jeudepaume@lestheatres.netwww.lestheatres.net
AUBAGNE
THEÂTRE COMEDIA : 04.42.18.19.88 – comedia.aubagne.fr
BANDOL
Théâtre Jules Verne : 04 94 29 22 70
BRIANCON
THEÂTRE LA CADRAN : 04.92.25.52.52 – theatre-le-cadran@wanadoo.fr
CANNES
PALAIS DES FESTIVALS : 04.92.99.33.83 – sortiracannes@palaisdesfestivals.com
DRAGUIGNAN
THEÂTRE en DRACENIE : 04.94.50.59.59 – www.theatresendracenie.com
GAP
LA PASSERELLE : 04.92.52.52.52 – info@theatre-la-passerelle.com
GRASSE
THEÂTRE DE GRASSE : 04.93.40.53.00 – www.theatredegrasse.cominfo@theatredegrasse.com
HYERES
CASINO DES PALMIERS : 04.94.00.78.80 – www.ville-hyeres.fr
LA CIOTAT
LA CHAUDRONNERIE : 09 70 25 20 00 – lachaudronnerie-laciotat.com
LA GARDE
LE ROCHER – 04.94.03.58.62 – le-rocher@ville-lagarde.frwww.ville-lagarde.fr
LA SEYNE-sur-MER
7ème VAGUE – 04.94.06.02.52 – cafetheatre7vague@gmail.com
LA VALETTE
THEÂTRE MARELIOS – ESPACE PIERRE BEL – LA TOMATE – CINEMA HENRI VERNEUIL –
ESPACE ALBERT CAMUS : 04.94.23.62.06 – culture@lavalatte83.frwww.lavalette83.fr
LE CANNET
La Palestre : 04 93 46 48 88
LE PRADET
ESPACE DES ARTS : 04.94.01.77.34 – culture@le-pradet.fr
MARSEILLE
CITE DE LA MUSIQUE : 04.91.39.28.28 – www.citemusique-marseille.com
LA CRIEE : 04.91.54.70.54 – www.theatre-lacriee.com
LE GYMNASE : 04.91.24.35.24 – gymnase@lestheatres.netwww.lestheatres.net
LE GYPTIS : 04.91.11.41.50 – www.theatregyptis.com
ODEON : 04 96 12 52 74   – www.contact-odeon@marseille.fr
OPERA : 04 91 55.11.10 – www.opera.marseille.fr
THEÂTRE DE LENCHE   – MINI-THEÂTRE DU PANIER : 04.91.91.52.22 – lenche@wanadoo.frwww.theatredelenche.info
LE SILO : 04 91 90 00 00 – www.lesilo-marseille.fr
THEÂTRE TOURSKY : 04.91.02.58.35 – www.toursky.org
NICE
NIKAÏA : 04 92 29 31 29 – www.nikaia.fr
PALAIS DE LA MEDITERRANEE : 04 92 14 77 00
THEÂTRE LINO VENTURA : 04 97 00 10 70
THEÂTRE FRANCIS GAG – 04 94 00 78 50 – theatre-francis-gag.org – theatre.fgag@ville-nice.fr
OLLIOULES
CHÂTEAUVALLON : 04.94.22.02.02 – www.chateauvallon.com
SANARY
CASINO DU COLOMBET : 04 94 88 52 10 – service-culturel@casino-sanary-sur-mer.fr
THEÂTRE GALLI : 04.94.88.53.90 – www.sanarysurmer.com
SIX-FOURS
ESPACE MALRAUX : 04 94 74 77 79 – www.espace-malraux.fr
TOULON
LE COLBERT : 04 94 64 01 58 – www.lecolbert.fr
OPERA : 04.94.93.03.76 – operadetoulon@tpmed.org
PALAIS NEPTUNE : 04.98.00.83.83 – info@congresneptune.com
THEÂTRE LIBERTE : 04 98 00 56 76 – www.theatre-liberte.fr
ZENITH-OMEGA : 04.72.32.09.29 – appel@appelspectacles.com

Le Llive Zénith Toulon dimanche 29 juin 15h
Silo Marseille samedi 7 juin 20h30
Arena Aix-en-Provence dimanche 29 juin 20h
5 juin au 15 juillet, Six-Fours
23 au 28 juin Villa Simone
Six-Fours
Lundi 2 juin 20h, Nikaïa Nice
Vendredi 27 juin 20h, Arena
Aix-en-Provence
Vendredi 6 juin 20h30
le Colbert, Toulon

Yannick CLAEYMAN, l’homme qui dessine les arbres

Les arbres de Yannick Claeyman… Il faut les mériter !
Déjà, il faut sinuer sur les petites ruelles pavées du le petit village moyenâgeux ardéchois de Largentière. Belle ballade un peu accidentée mais tellement agréable !
Arrivés devant son atelier il faut grimper un escalier en colimaçon qui n’en finit pas.
Ouf, on y est et l’on est accueilli par  l’artiste, tout sourire, surmonté de petites lunettes rondes, qui respire la gentillesse, dans ce lieu de silence entre ombre et soleil et l’on entre dans sa forêt.
Une forêt d’arbres torturés, qui jettent audacieusement leurs branches vers le ciel  où qui se nouent autour du tronc pour donner des formes inattendues, fantastiques, presque irréelles, entre la forêt de Blanche Neige, d’Ardèche ou de Bretagne, mais des arbres inattendus pleins de force, de majesté, de poésie, qu’ils soient créés à l’encre de Chine, au stylo à bille, au crayon…
L’effet est saisissant, audacieux et original.
Elevé dans un monde de BD par son bijoutier de père, puis aux Beaux-Arts de Dunkerque, les arbres l’ont toujours fasciné au point d’en faire l’objet de toute sa passion.

« Yannick, pourquoi choisir Largentière, dans le pays ardéchois ?
Cela fait un an que j’y suis installé, d’abord parce que j’ai trouvé ce lieu car il est très difficile de trouver un logement dans ce coin d’Ardèche qui est près du Vallon Pont d’Arc, de Ruoms, lieux de plus en plus fréquentés. Et puis, ma compagne, docteur en pharmacie, qui travaillait sur Calais, a trouvé, il y a cinq ans, un poste à Vallon Pont d’Arc. C’est donc le hasard qui a fait que nous nous sommes retrouvés ici. Nous avions le choix entre Long le Saunier et Ruoms !
Les arbres, le dessin… Comment y êtes-vous venu ?
J’étais technicien de laboratoire mais j’ai pris un congé d’un an pour faire une formation d’ébéniste car j’ai toujours aimé le bois. Quant aux arbres, ça a démarré avec la rencontre d’une artiste qui dessinait pour le Guide Michelin et que j’ai suivie. Du coup, de la voir dessiner un arbre, que je trouvais magnifique, je me suis dit que c’était sympa et j’ai fait mon premier arbre à l’encre de Chine. Je l’avais exposé à la maison, des amis l’ont vu et m’ont tous fait une commande. De là on m’a proposé des expos et j’ai même fait un livre avec plusieurs artistes, sur les arbres remarquables.
Alors, ces arbres, comment naissent-ils ?
Je passe mon temps à les photographier, après je m’inspire des photos que j’ai réalisées, je dessine, j’arrange, je modifie selon mon imagination.

Vous travaillez donc dans le silence et la solitude…
Je n’habite pas ici puisque c’est mon atelier. J’arrive vers 8h30 et je peux rester sur ma table à dessin jusqu’à 19h. Mais je ne fais pas que dessiner, je suis également musicien, je suis batteur et je m’entraîne car je fais tout le temps de la musique, et je joue dans deux groupes ardéchois
Deux groupes en même temps ?
Lorsque j’étais dans le Nord, j’étais dans cinq groupes avec lesquels je tournais beaucoup. Mais bon, j’ai dû arrêter car il a fallu choisir entre deux passions. Il fallait bien vivre !
Mais je n’ai jamais arrêté et j’ai trouvé ces deux groupes, dont un qui n’est pas trop mal !
En dehors des arbres, vous dessinez d’autres choses ?
Rarement, des bâtiments comme le Parlement de Budapest que j’ai dessiné au stylo à bille.
Ce n’est pas commun le stylo à bille !
J’adore ! En fait, c’est aussi de l’encre, comme l’encre de Chine.
En fait, ce qui est intéressant avec le stylo à bille, c’est que le solvant, c’est de l’huile, ce qui donne un effet particulier. J’ai eu cette idée en découvrant les œuvres d’un aquarelliste flamand qui l’utilisait.
Vous travaillez ici entre ombre et soleil…
Oui, l’été, je suis obligé de fermer les volets car il y a à la fois trop de soleil et trop de chaleur… J’aime travailler dans la pénombre.
Ces arbres que vous photographiez, où les trouvez-vous ?
Un peu partout en balade, dans les environs et lorsque je voyage. Il y a des arbres magnifiques partout. J’ai adoré découvrir Brocéliande, en Bretagne, où je suis allé plusieurs fois et où il y a des arbres emblématiques. Il y a entre autre un arbre nommé le hêtre de Ponthus, plusieurs fois centenaire, l’arbre doré qui a été brûlé et dont on a repeint les restes en doré, l’arbre de Merlin… A chaque voyage je découvre des arbres.

Le Parlement de Budapest

Et vous ne dessinez jamais sur place ?
Non car je fais de la rando, sur des boucles de quatre/cinq heures et si je dois m’arrêter pour dessiner, c’est trop compliqué, trop long. Il m’est arrivé de dessiner sur place mais en fait ce n’est pas mon truc.
Noir, bleu… Jamais de couleur ?
Oui, cela m’arrive.
Et toujours des petits ou moyens formats ?
Quelquefois des plus grands. J’ai fait un dessin d’étude préparatoire de quatre mètres sur trois mètres.
Vous arrivez à faire beaucoup d’expos ?
Oui, on me sollicite souvent mais j’en refuse aussi pas mal. J’essaie d’aller dans des endroits où je sais que je pourrai vendre parce c’est quand même mon métier, mon activité principale ! Il faut que je gagne ma vie. Les déplacements ont un coût et j’évite les lieux où il n’y a pas de passage. Je prépare en ce moment un dossier de sélection pour Arles.
Ne vous êtes-vous pas essayé à d’autres techniques ?
Non, pas vraiment. A une époque, je faisais de l’aquarelle, j’ai fait quelques délires sur la montagne de Sainte-Victoire devenue un volcan !

Vos prochaines dates ?
Le 29 juin au Marché de l’Art de Barjac, le 6 juillet à Allègre les Fumades, du 10 au 16 juillet à Beaune, du 18 août au 4 septembre à Saint-Alban Auriol, les 6 et août à Thueyts pour le Blue Art…
Pour quelqu’un qui a ralenti, ce n’est pas mal !
(Il rit) Par rapport à ce que je faisais avant, j’ai vraiment ralenti ! Il me faut du temps pour travailler et les déplacements coûtent cher… Même si, avec ma compagne, on a aménagé un van très confortable ! »
Ainsi va l’artiste, d’arbre en arbre, d’encre à stylo, de forêts en atelier, dans un monde végétal qu’il transcende par son imagination et sa passion.

Auprès de ses arbres, il vit heureux. Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta


Frédérik HAMEL… Retour aux sources

C’est un bel ardéchois au sourire lumineux sous un beau regard bleu.
Il est comédien et ce franco-hollandais de naissance a pris des chemins de traverse, faisant ses études dans sa région avant de s’expatrier aux Etats-Unis, pour mieux revenir « plein d’usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge »… ou peut-être pas !
Aujourd’hui il vit à Aubenas où l’on ne pouvait pas ne pas se rencontrer, étant tous deux ardéchois, et s’il continue son boulot de comédien, il anime un atelier-théâtre à Lanas et vogue entre ses métiers d’artiste.
Nous nous retrouvons donc sur le marché d’Aubenas, où il a ses habitudes et son marchand de pain entre autres. Nous l’avons découvert dans la série « Demain nous appartient », où il joue un homme au passé trouble venu rechercher ses enfants et son ex-femme, Louise qui l’a fui.
Sombre et barbu, il est le contraire de ce premier rôle qu’on lui a proposé en France.
C’est dans l’intimité du café de France qu’il me raconte une vie pour le moins originale.

« Frédérik, expliquez-moi comment un franco-néerlandais vivant en Ardèche, se retrouve aux Etats-Unis pour mieux revenir au fin fond de l’Ardèche ?
Je suis né en Ardèche, à Aubenas où nous sommes. J’y suis resté jusqu’à mes 18 ans, donc je suis « Un Ardéchois cœur fidèle » comme vous ! En fait, je dis que je suis franco-hollando-ardéchois, ayant vécu vingt-deux ans aux Etats-Unis !
Explication !
Mes parents sont hollandais, ils sont venus en France fin des années 70. Quand mon père avait 18 ans, il est parti faire une année d’échange saux Etats-Unis. Il y est retourné faire des études supérieures dans une grande université américaine et à part l’Ardèche, mon enfance a été bercée par ce rêve américain qu’il nous racontait en faisant briller mes yeux. Il racontait bien les histoires, mon père !
A 18 ans, je faisais un bac scientifique à Aubenas en, pensant me lancer dans la médecine…
On est loin du comédien !
 (Il rit) C’est vrai et à ma dernière année de lycée, je ne sais plus trop comment, j’ai eu envie de m’essayer au théâtre. J’imaginais pouvoir aller à Paris pour faire à la fois ma première année de médecine et du théâtre en même temps, ce qui était une idée saugrenue. J’avais même appelé l’Académie pour savoir s’il était possible de faire les deux à Paris. L’on m’a répondu qu’étant en Ardèche, c’était soit Montpellier, soit Grenoble… Et je me suis dit que, puisque c’était comme ça, j’allais faire comme mon père, une année d’échanges au Etats-Unis. Je me suis inscrit dans une université en Californie, en option principale biologie, en option secondaire théâtre et au bout d’un mois j’ai su que je serais acteur !
Et alors ?
L’université où j’étais était à une heure au nord de Los Angeles, à partir de là j’ai vécu l’aventure hollywoodienne sans faire marche arrière. J’ai obtenu deux diplômes de théâtre, un master de théâtre, équivalent d’un bac + 6. J’ai déménagé à l’université de Los Angeles.
Et ça a duré…
17 ans à Los Angeles, En tout 22 ans aux Etats-Unis !

Gary Lanon et son ex-femme, Louise…
… Avec son fils, Justin

Et alors, pourquoi le retour en France ?
C’était juste avant le premier confinement, je suis revenu en France et j’ai eu un problème pour renouveler mon visa. Je me suis alors retrouvé coincé en France pendant trois/quatre mois. Du coup, j’ai eu envie d’aller à Paris pour voir ce qu’était la vie d’acteur. J’ai commencé à démarcher quelques agences. J’avais obtenu quelques touches et lorsque j’ai eu mon visa, je suis reparti aux Etats-Unis avec quand même l’idée de revenir en France. L’Ardèche me manquait tous les jours, ma famille me manquait. Mon vol était le 4 mars et le 7 mars les frontières fermaient pour le premier confinement.
Comment avez-vous pu vous en sortir ?
Plutôt bien car pour vivre je faisais de la livraison de bouche, les gens ne pouvant plus sortir. J’avais donc beaucoup de travail, c’était extrêmement rémunérateur et en plus, dans cette ville fantôme de Los Angeles c’était d’une poésie incroyable. J’ai vécu une expérience assez remarquable durant un mois et demi et j’ai gagné beaucoup d’argent. A la fin du confinement, je suis revenu en France.
Comment s’est fait ce retour ?
J’ai démarché les agences et l’une d’elles m’a pris dans son équipe et assez rapidement je me suis retrouvé sur la série « Demain nous appartient ». Après ce tournage je suis revenu m’installer en Ardèche.
Et après ?
Il ne s’est pas passé grand-chose. Mais comme souvent, dans ce métier, il faut se réinventer
Mais faire ce métier en s’installant en Ardèche, ça n’est-il pas risqué ?
D’abord il y a eu le second confinement et nombre de corps de métiers de Paris ont voulu aller vers la campagne, entre autre beaucoup d’acteurs. L’idée de m’installer en Ardèche n’était pas si folle car aujourd’hui les castings se font beaucoup par vidéo, ce qui ne m’empêche donc pas de passer des castings. Le plus délicat est que, arrivant des Etats-Unis, je manquais de réseaux en France et la difficulté était de rencontrer des gens avec qui partager des affinités artistiques. Mais… Je suis bien en Ardèche ! Ça me fait du bien.
Et voilà que vous prenez un autre chemin !
En 2024 j’ai mis en scène une pièce à Avignon « Noir est une couleur qui a besoin de lumière ». Et puis, j’ai lancé un cours de théâtre. On va essayer de monter une pièce avec certains des élèves. La mise en scène est quelque chose que j’aime énormément. Je pense qu’il est tout à fait possible de monter une pièce qualitative avec peu de moyens.

Revenons aux Etats-Unis où vous aviez une carrière ?
Sans être très connu, j’avais mon réseau, je m’étais fait une place qui me permettait de faire mon job  mais sans vraiment percer car le métier est difficile.
Mais vous avez quand même été nommé pour les Oscars !
Oui… Avec un dessin animé sud-coréen « Blanche Neige, les souliers rouges et les sept nains »! J’y jouais un petit prince français en anglais, avec un accent français et le film a été pré-nominé aux Oscars
C’est grâce à mon agent de voix off qui m’a toujours obtenu de très bons jobs. Grâce à lui j’ai aussi fait une voix off pour un jeu vidéo « Medal of honor », avec des budgets faramineux. Mais ce n’est pas parce qu’on travaille sur des projets d’envergure, qu’on a pignon sur rue.
J’ai tourné également dans « Mes meilleures amies » de Paul Feig. Qui a été un des plus gros cartons de ces vingt dernières années aux Etats-Unis… Et a fait un flop en France ! Je jouais un serveur français.
Après « Demain nous appartient » n’y a-t-il pas eu de retombées ?
Oui, il y a eu quelques castings mais qui ne m’intéressaient pas vraiment. Les rôles, il faut les ressentir et avec mon agent, nous n’avons jamais eu cette alchimie. J’en cherche un autre, d’ailleurs !
Du coup, j’ai un agent à Londres, un autre à Los Angeles mais pas en France.
Par contre, je viens de faire mon premier job sur un long métrage (sans agent !), le film s’intitule « Les gendarmes », avec Arnaud Ducret, Fred Testot, Alice David, Julien Arruti,  basé sur la BD éponyme.
Par ailleurs, la télé semble être un circuit dans lequel, je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas entré. Mais en fait, ai-je vraiment envie d’y entrer ? Etre dans une quotidienne, c’est un rythme de travail où on ne peut pas donner le meilleur de soi-même. Je préfère faire du théâtre. Alors, je me pose la question : est-ce que je me bats pour entrer dans ce circuit ou est-ce que je me concentre sur le théâtre ? Même si je gagne moins bien ma vie, au moins je serai épanoui. Et surtout, dans quel circuit vais-je être accueilli ?
Mais en fait je ne sais pas si j’ai envie qu’on vienne me chercher.

Tournage au Pont de l’Arc
La grotte Chauvet

Pour travailler, il faut bien qu’on vienne vous chercher !
Mais je continue à frapper aux portes et si l’on monte ici une pièce, j’aimerais aller la jouer à Paris. Mais est-ce que c’est possible avec des acteurs « du coin ». Je ne sais pas mais c’est le but que je me donne et j’essaie de donner tout ce que j’ai à ces amateurs et voir où ça va nous mener.
Alors, l’Ardèche, c’est définitif ?
Non, c’est une étape qui me permet de faire cette transition de retour en France, qui permet de me ressourcer, humainement, en tant que cadre de vie, de faire ce pas vers la mise en scène, car je viens du théâtre, même si j’aime le cinéma, la télé mais, chaque fois que je vais moins bien, je reviens au théâtre et je ne me soucie pas de savoir qui je dois fréquenter pour « réussir »
Le star system ne vous intéresse pas ?
Il y a longtemps que j’ai abandonné cette idée. J’ai bossé avec des stars, je les ai côtoyées, j’ai encore les étoiles dans les yeux mais ce sont des étoiles d’épanouissement, pas d’envie.
En attendant, que faites-vous en Ardèche ?
Je retape une maison !
Mais je viens quand même de tourner un film avec un ami d’enfance que j’ai retrouvé : Laurent Krief. C’est un docu-fiction sur la grotte Chauvet « Préhistoires » qui sera présenté au FID de Marseille qui se déroule du 8 au 3 juillet. Les deux petits ardéchois que nous sommes avons réalisé quelque chose de magnifique et c’est la chose dont je suis le plus fie et le plus heureux d’avoir refait du kayak dans les gorges.
Mais théâtre, télé, cinéma, il faut que ça prenne ! Et ça peut prendre en restant là ?
Pourquoi pas ? Ici, la semaine dernière, j’ai passé un casting pour le prochain film de Martin Scorsese ! Si j’ai le rôle, je vais tourner en Italie. Vous voyez ! Pourquoi les portes me seraient fermées parce que je vis en Ardèche ? Je suis en train de vivre un retour aux sources qui est la chose la plus importante pour moi ». Propos recueillis par Jacques Brachet

Sur le pont d’Aubenas où à côté de son bras droit, l’école où il a étudié, et dans le feuillage,
à droite, la maison de ses parents cachée par les arbres

Nicole CROISILLE :
La plus belle voix de France s’est éteinte

Johnny… Johnny… Johnny !
Le stade Mayol de Toulon et bondé.
Et ce n’est pas pour assister à un match mais pour applaudir l’idole des jeunes. Oui mais voilà, il y a une première partie et la chanteuse qui doit passer à la casserole n’en mène pas large dans les coulisses. Elle est dans ses petits souliers car l’animateur vient juste de l’annoncer et, depuis qu’on a dit son nom, les fans de Jojo n’ont pas mis longtemps à scander son nom à lui, chose qu’ils font depuis une heure.
Alors, la chanteuse de la première partie, celle qu’on a l’habitude d’appeler la vedette « américaine », est un peu sur les nerfs. D’autant que ce jour-là, tout s’est mal passé : des problèmes de voiture qui l’avaient faite arriver en retard sur les lieux du concert et l’avaient empêchée de répéter. Dès son arrivée, elle était empêtrée avec un problème de contrat et elle n’avait vraiment pas la tête à ça. Enfin, au moment de passer sur scène, voilà que la foule, venue uniquement pour Johnny et se fichant pas mal de quelque première partie que ce soit, scande le nom de celui qu’ils attentent.
Tout est donc au top !
Préparée en catastrophe elle est prête à entrer dans l’arène au moment où les cris redoublent.
Johnny… Johnny… Johnny…
Elle est là, en bas de la scène, morte de trac, à bout de nerfs. Elle respire, ferme les yeux, se raidit et crie, avant de se jeter dans la fosse aux lions : « Les salauds… Je les aurai !. Et la voilà qui se précipite sur scène, toute de noir vêtue, mue par un ressort, sous les cris de cette foule qui n’est pas – ou si peu ! – pour elle. Première chanson : « Les ronds dans l’eau ». C’est une chanson qui, en plus, démarre lentement, qui est sublime mais qu’elle entonne sous les cris. Je la regarde, je tremble pour elle et je me dis qu’elle court à la catastrophe. Mais peu à peu, la chanson démarrée tout en demi-teinte, s’accélère, monte avec cette voix unique qui tout à coup éclate comme un orage et qu’elle va terminer sur un tempo à couper le souffle – sauf le sien ! – et avec une puissance de voix qui, tout à coup, cloue le public sur place. Le souffle, c’est à eux qu’il commence à manquer et il y a tour à tour un effet de surprise, d’ébahissement, de curiosité et enfin d’admiration et de respect. Jamais public toulonnais n’a eu l’occasion d’entendre une telle voix, française de surcroît ! Du coup, ils arrêtent leur chahut pour découvrir une authentique artiste qui, en quelques chansons, leur prouvera son talent, en chantant du rock comme leur idole, mâtiné bluesy et jazzy, en se mouvant sur scène avec un rythme et une grâce uniques.
En une demi-heure, elle a retourné une salle hurlante qui est subjuguée et heureuse et lui fait une ovation. A tel point que Johnny, curieux et surpris, vient jeter un œil. Il dira en riant : « Ça va être dur de passer après elle ! »
En fait, c’est la première fois que je rencontre cette artiste. Je l’avoue, j’étais aussi venu pour Johnny et je suis totalement subjugué. Je succombe à une admiration qui ne se démentira jamais. Je viens de rencontrer Nicole Croisille !

Première rencontre à Toulon
Un show magnifique et unique avec Jean-Pierre Cassel
Vladimir Cosma & Nicole, mes invités de la Ciotat

Après ce grand coup de poing dans le ventre, je m’empresse à l’entracte, d’aller la saluer, la féliciter et lui demander un moment d’entretien. Elle est KO même si elle est heureuse d’avoir gagné ce rude combat. Elle a besoin de se remettre et je le conçois. Mais comme elle dort à Toulon, elle me donne rendez-vous le lendemain midi à l’hôtel… Et m’invite à déjeuner avec elle au bord de la piscine !
Elle me reçoit en toute simplicité, en maillot de bain. Toute fraîche et remise de ses émotions de la veille. Le soleil brille, on fait des photos dans la piscine et l’on se met à table. Je lui dis toute l’admiration et tous les sentiments qu’elle a provoqués en moi. Elle en est heureuse et rit, de ce beau rire clair que j’apprendrai à connaître car de ce jour, nous ne nous quitterons plus. Je deviendrai son fan et son ami et nous continuerons à nous retrouves pendant des décennies avec le même plaisir et évoquerons souvent, cette première rencontre, cette galère qu’elle a transformée en triomphe :
« La plus belle trouille de ma carrière ! J’avais le trac comme jamais je ne l’ai plus eu de ma vie, même avec Claude François avec qui la même chose s’est à peu près passée. Mais le public de Claude était plus jeune, plus malléable que les purs et durs de Johnny ! Ce soir-là, je ne savais plus si je devais monter sur scène ou m’enfuir à toutes jambes. Mais ma réputation était en jeu et je ne pouvais pas reculer. Je ne l’aurais d’ailleurs pas accepté si on me l’avait proposé car je suis quand même une battante et j’aime arriver à convaincre quand je sens de la réticence. Mais là, c’était plus que de la réticence, c’était un rejet total. Donc ça te galvanise et tu te dis qu’il n’y a qu’une solution : gagner et penser très fort : « je les aurai ». Et je crois que ce soir-là je les ai eu au-dessus de toute espérance ! »

Concert à Aix-en-Provence
Au festival de Cannes émission de Drucker avec l’ami Brialy
La Ciotat avec Xavier Deluc


Le temps allait souder une belle amitié et toujours, pour ma part, une grande admiration pour cette artiste multiple, cette femme énergique et belle, au caractère bien trempé, qui appelle un chat un chat – ce qui n’a pas l’heur de plaire à tout le monde mais qui me plaît bien ! – et qui est toujours là où on ne l’attend pas. Car elle est unique dans notre panorama artistique. Et je ne dis pas « musical » car, pour elle, c’est réducteur dans la mesure où elle sait chanter, danser, mimer, jouer… Elle a suivi des voies originales et tout à fait atypiques, a fait du jazz quand le rock débarquait, du mime quand tout le monde parlait, dansé dans les ballets de Plashaert au lieu de ne se consacrer qu’à la chanson, chantant en anglais quand tout le monde traduisait les chansons anglo-saxonnes en français, (-Ca a bien changé !) donnant de la voix à une époque où les chanteuses n’en avaient plus… Bref, elle savait tout faire mais voilà : elle habitait en France et la France alors n’était pas l’Amérique où là-bas, savoir tout faire est un atout. A l’époque, et même encore quelquefois aujourd’hui, il faut cataloguer, étiqueter, mettre des noms et des qualifications sur des petites boites. C’est pour cela qu’on a eu du mal à imposer les comédies musicales en France car il fallait savoir tout faire. Et savoir tout faire, en France, durant longtemps, ça voulait dire s’éparpiller, ne rien faire à fond, survoler des disciplines…
Même si elle a fait de belles choses dans les années 60, elle avait déjà dépassé les 16/18 ans pour que, à l’instar d’Isabelle Aubret, de Dalida, de Pétula Clark, elle intéresse «Salut les copains». Même si, en 66 il y avait eu le fameux «Da ba da ba da». Même si en 68 il y avait eu «I’ll never leave you» consacré au MIDEM sous le nom de Tuesday Jackson. Même si, en 69 elle a gagné le prix d’interprétation au festival de la Rose d’Or d’Antibes avec «Quand nous n’aurons que la tendresse»
Pourtant, tout ce qu’a fait Nicole, elle ne l’a jamais fait en survolant. Elle y est toujours allée à fond. Elle a, il faut le dire, des dons pour tout. La danse où, très vite remarquée par son sens du rythme et ses dons exceptionnels, elle est engagée dans une troupe américaine. Elle jouera même, comme elle le dit en riant « avec des plumes au cul » ! Donnant de la voix, elle excelle tout autant dans les demi-teintes et sait faire « monter la sauce » comme personne.

« Femme » est une chanson que personne, à part peut-être Céline Dion, pourrait arriver à chanter aussi haut qu’elle ! En plus, elle a la voix pour chanter du jazz. Une voix de noire qui d’ailleurs, par un subterfuge, lui donnera l’un de ses plus grands succès. Je vais y revenir.
Nous sommes dans les années 60 et la chanteuse existe déjà… dans l’ombre. Car avant d’exploser, elle fut, pour gagner sa vie, choriste d’autres chanteurs qui naissaient alors et allaient surfer sur la vague dite «yéyé». : Claude François (Le Nabout twiste, son premier disque sous le nom de Coco). On y trouve aussi la voix d’Hugues Aufray ! Frank Alamo (Biche ma biche), Pierre Perret, Pierre Vassiliu, Claude Bolling dont elle fut l’une des quatre «Parisiennes» pour le disque seulement. Elle fut aussi des tournées avec Jacques Brel et… Johnny Hallyday débutant. Un premier album en 63 passé inaperçu, un autre de jazz puis le fameux «Da ba da ba da » où l’on ne connaissait alors que sa voix qui fit le tour du monde avec cette chanson du film «Un homme, une femme»
A l’époque, elle était très déçue de ne pouvoir monter une comédie musicale en France alors qu’en Angleterre et aux Etats-Unis, ça cartonnait
« En France , à cette époque, la comédie musicale est un problème insurmontable, insoluble. C’est presque devenu un sujet tabou. D’abord, les idées manquent, ça c’est un fait, ensuite, peu d’artistes peuvent donner tout ce qu’on attend d’un spectacle. Les comédiens ne savent pas chanter, les chanteurs ne savent pas danser, les danseurs ne savent pas jouer… Il y en a, si l’on cherche bien mais il faut chercher longtemps ! Et puis, si tu es cataloguée dans une discipline, il faut te battre pour en changer.
Regarde Marie Laforêt, qui s’est battue pour pouvoir faire accepter qu’elle savait « aussi » chanter ! Mais une fois passée sur scène, on ne lui proposait plus rien au cinéma ! On ne s’en sort pas ! Moi, on me propose encore moins car on ne sait pas où me ranger ! J’ai d’abord été cataloguée comme chanteuse de jazz, puis j’ai fait la doublure de  Zizi Jeanmaire, dans « La dame de chez Maxim’s » de Feydeau (Toujours dans l’ombre car en fait je ne l’ai jamais doublée… Elle avait la santé !). Du jour au lendemain on s’est dit : « Mais alors, elle est comédienne ! ». Cela a été renforcé par le fait que j’entrais à la Comédie française… comme danseuse ! Avec Annie Girardot. De ce jour, je ne pouvais plus me permettre de chanter. J’ai tenu bon et suis revenue à la chanson, par le biais d’une supercherie. J’en ai même effaré plus d’un quand on a su que j’avais fait du mime avec Marcel Marceau ! »


A tel point que, malgré son « Da ba da ba da » et son « I never leave you » (Voir plus loin), elle a mis un certain temps pour s’imposer vraiment. Son premier disque date de 61. «Femme avec toi» de… 75 !
Et tout à coup la révélation et deux tubes énormes : « Parlez-moi de lui » et « Femme avec toi ».« Eh oui, le hasard est ainsi fait : lorsque j’ai enregistré « Parlez-moi de lui », je l’ai fait comme à chaque fois que j’ai enregistré : avec conviction et parce que la chanson me plaisait. On espère toujours qu’on fera un succès mais là, on n’est pas maître du jeu. Et ça a marché. Pourquoi ? Dieu seul le sait. La chanson a plu, c’était dans l’air du temps, c’était le bon moment… Du jour au lendemain, je suis devenue une vendeuse de disque que tout le monde s’arrachait : les tourneurs, la presse, la télé. Je n’avais pas changé mais j’étais devenue populaire. On m’a couverte de lauriers, d’honneurs, de compliments et… d’amitié aussi car tout à coup tout le monde me disait qu’on avait toujours cru en moi… Mais bon, tout cela fait partie du jeu. Ça ne m’a ni aigrie, ni étonnée. J’ai pris tout ça avec humour, fatalité et surtout avec joie, lucidité et recul, en étant consciente que tout ça retomberait vite. Je commençais à connaître ce métier et ça ne me tombait pas dessus à 18 ans. Avec mes deux premiers succès, j’étais considérée comme une chanteuse « à coups ». Du jour au lendemain j’ai été considérée comme une chanteuse « à tubes »… Jusqu’à ce que ça passe ! »

C’est vrai que Nicole est toujours restée lucide, consciente de son potentiel, de ses talents mais sachant que ça ne suffit pas pour rester toujours au premier plan, le métier étant cruel, le public versatile même s’il reste toujours des poignées d’inconditionnels. De plus, elle n’a jamais fonctionné en pensant à sa carrière mais sur des coups de cœur, des envies. La preuve : tous les disques à thème qu’elle a pu enregistrer sans se poser de questions mais tout simplement par envie. Tour à tour elle a joué la carte des « coups de cœur » magnifique disque où elle chante Brel, Aznavour, Ferré, Nougaro et quelques autres, puis ce fut ce superbe « Paris-Québec », reprise de chansons de nos amis francophones. Puis « Jazzille » où elle a donné le meilleur d’elle-même dans un style qui lui va comme un gant, Puis elle est passée aux musiques de films… Elle en a tellement chanté, entre autres pour Lelouch. N’oublions pas ce disque « Black et blanche» aux couleurs africaines si magnifique que le même Lelouch a produit et lui a fait un superbe clip… Elle a également rendu hommage à son ami Nougaro avant de revenir au jazz.
Nicole n’a jamais vécu dans le stress d’un succès aléatoire. Elle vit simplement son métier à fond, avec passion. Ce qui, souvent a fait vaciller  sa carrière… et ses finances !
On la retrouve ainsi avec un spectacle musical sur Victor Hugo Hugo, une pièce de théâtre, reprenant un rôle de Maillan, un film de Lelouch, une télé, un disque particulier, un concert piano-voix. Sa carrière est faite comme ça, toujours avec talent et qualité et même si ça n’est pas toujours un super succès, c’est toujours une magnifique réussite.
Le film de son grand ami Lelouch « Un homme, une femme » a été un énorme succès. La fameuse chanson « Da ba da ba da » a fait le tour du monde mais on a mis longtemps à savoir qui la chantait.
Quant à l’aventure des « Jeunes loups », film de Marcel Carné, l’histoire est belle et drôle. Elle avait une folle envie d’enregistrer la chanson générique mais on l’a refusée sous prétexte que la production cherchait une voix noire américaine.
Elle a donc enregistré le titre sous le nom de Tuesday Jackson et les producteurs n’y ont vu que du feu ! Le pot aux roses a été découvert au MIDEM car la chanson avait superbement marché et l’on remettait un prix à Tuesday Jackson… et c’est Nicole qui est arrivée, chanteuse on ne peut plus blanche, blonde et française ! Sans cela, elle aurait pu rester dans l’ombre. Mais elle l’aurait quand même fait !
Quand on pense qu’après l’énorme succès de « Parlez-moi de lui » qui lui ouvrait alors toutes les portes, elle est partie sur une aventure sans lendemain qui aurait pu arrêter sa carrière. Souvenez-vous : Elle est Numéro 1 partout et au lieu d’en profiter, elle se lance dans une comédie musicale, ce qui, à l’époque, était voué d’avance à l’échec. En plus de ça, pour corser le tout, elle se retrouve dans ce projet intitulé « Comme une neige en hiver » auprès d’artistes dont on n’entend plus parler : Catherine Sauvage, qui a remplacé Régine, Mouloudji. Ce fut un bide dont elle faillit ne pas se relever. Heureusement, on en a parlé si peu que rien n’a empêché le second énorme succès d’arriver. C’était « Femme avec toi ». Lucide, elle savait qu’elle risquait sa carrière, mais elle croyait au projet et avait envie de le faire. Et rien ne l’en aurait empêchée !

Encore un exemple de cette passion et de ce coup de cœur. Une chose que très peu de gens ont vue et que j’ai la chance d’avoir vécu : monter pour un soir, à l’occasion d’un gala privé pour le centenaire de l’Ecole de Commerce de Marseille, un spectacle musical avec Jean-Pierre Cassel, tous deux au mieux de leur forme. Un enchantement de les voir évoluer, légers, gracieux, élégants, étourdissants, de faire des claquettes et d’unir leurs voix… Pour le plaisir d’un soir car personne après ça n’a eu le courage de reprendre ce spectacle qui méritait d’être montré au plus large public possible. C’était merveilleux de les voir tous deux se renvoyer la balle avec une belle énergie, sur la même longueur d’onde. Du beau travail. Pour un soir seulement.
Je suis heureux d’avoir été témoin de ce moment magique où virevoltaient nos Ginger Rogers-Fred Astaire français !
La mode étant aujourd’hui aux comédies musicales, personne encore n’a pensé à elle… Bizarre, non ? Sans compter qu’à part « Starmania », les sujets n’ont rien d’original, d’ « Ali Baba » aux « Dix commandements » en passant par « Notre-Dame de Paris », « Autant en emporte le vent », « Le petit Prince », « Cindy », « Roméo et Juliette », « Les demoiselles de Rochefort »… N’y aurait-il plus d’auteurs et d’idées nouvelles pour monter une vraie comédie musicale originale
Bref, le sujet original aujourd’hui n’est pas de mise mais peut-être est-ce pour cela qu’on ne l’y voit pas. Mais on l’a vue dans un très joli spectacle musical autour de la vie de Victor Hugo, « Ce lion superbe et généreux » monté par Marie-Sylvia Manuel, fille de Robert Manuel et Claudine Coster où elle montrait, une fois de plus, ses talents de comédienne et de chanteuse auprès d’Anne Roumanoff, de Bernard Lavalette, de Claudine Coster et de Patrick Préjean. On l’a tout de même vue aussi dans une très belle reprise de « Hello Dolly » en anglais qui, hélas, n’est pas restée longtemps à l’affiche. Il ne reste en souvenir qu’un joli petit disque.
Mais aujourd’hui, si elle ne fait toujours que ce qu’elle aime, elle a quelque peu ralenti pour pouvoir se reposer, vivre pour elle, découvrir des pays. Elle a instauré le système des tournées-vacances où, partant pour plusieurs concerts dans un pays, elle les échelonne pour, entre temps, avoir le temps de visiter le pays en question.
« J’ai passé des années à ne connaître des villes ou des pays que je parcourais, que les salles et les loges, les restaurants et les hôtels.
Aujourd’hui je prends le temps de visiter, de musarder, d’étirer le temps, de connaître les lieux et leurs habitants ».
Elle y retrouve souvent des amis, car elle en a un peu partout, au music-hall, dans le show-biz, même dans des cirques qu’elle aime beaucoup.
« C’est au cirque que tu rencontres les gens les plus humbles qui font souvent d’énormes prouesses. C’est un monde qui travaille pour la plupart du temps avec peu de moyens mais qui vit sur l’illusion, la féerie, la performance qui paraît si simple à voir. Ce sont de vrais saltimbanques qui te donnent la banane. Et l’on en a besoin dans cette époque où la merde s’installe partout ! Nous autres artistes, nous devrions planer dans l’inconscience pour voler, créer, imaginer, faire rêver. Il faut arriver à occulter tous les problèmes pour faire passer notre plaisir au public. Ça devient dur aujourd’hui ! Pourtant le public compte sur nous. Ça n’a l’air de rien mais une chanson peut aider à vivre si elle est chargée d’espoir, de gaieté. Ce n’est pas pour rien si aujourd’hui, les comiques tiennent le haut du pavé et sont si nombreux ».
Sensation, émotion, échange, partage…
Ce sont les maîtres-mots, les mots-clés de la vie de Nicole.

Hugo, Nicole & Anne Roumanoff
Eddy Barclay remet une rose d’or d’honneur à Antibes
Avec Aldo Frank, son musicien de toujours

Je vous le disais : elle sait tout faire !
Voici quelques années, elle est encore arrivée à nous surprendre en jouant une femme des plus moches, des plus rouées, des plus méchantes, des plus calculatrices dans la saga qui a fait un boum sur TF1 : « Dolmen ». Elle y était époustouflante ! Elle était d’ailleurs venue présenter la série en avant-première, avec mon ami Xavier Deluc, au festival de la Ciotat où je l’avais invitée.
Et puis elle est passée à un hommage sublimissime à l’ami Nougaro…
En sept ans, elle joué quatre comédies musicales : «Follies» en 2013, «Cabaret» en 2014, «Irma la douce» en 2015, «L’Opéra de quat’sous» en 2016, et a enchainé sur trois pièces de théâtre : «Jeanne» en 2017, «Hard» en 2018, «N’écoutez pas mesdames» de Guitry en 2019 ! A 88 ans, elle n’aurait pas fini de nous surprendre si ce n’est la maladie qui l’a surprise. Je perle encore d’elle au présent car c’est une artiste qui a beaucoup compté pour moi. Et je suis fier d’avoir été son ami et de l’avoir toujours suivie, à quelque endroit qu’elle ait été et pour quelque projet que ce soit.
Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai toujous

Jacques Brachet

La Ciota
Sanary
Follies à l’Opéra de Toulon

Lumières du Sud, de Cannes à Six-Fours

A peine remis  du festival de Cannes, Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud » et ses deux acolytes, Isabel et Frédéric Moutet, qui sont venus y faire leur marché nous offrent leur palmarès d’une année pleine de surprises, de grands moments de cinéma, de belles rencontres qu’ils nous ont offert semaine après semaine, entre le théâtre Daudet et le Six N’Etoiles..
En tout vingt-quatre films présentés, trois en partenariat avec le cinéma, deux documentaires et de magnifiques invités, réalisateurs, comédiens, producteurs venus présenter leur film.
Et comme toute fin de saison, nous avons eu droit à rétrospective avec les bandes-annonces, autour d’un buffet préparé par les adhérents et un palmarès afin de savoir ce que chacun a pensé de cette programmation.
Et parmi tous les films proposés voici donc le palmarès de cette riche année cinématographique.

Les cinq films proposés par les adhérents sont donc les suivants :
1. L’histoire de Souleymane, de Boris Lojkine
2. Interdit aux chiens et aux italiens, d’Alain Ughetto
3. Je roman de Jim, d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu
4. Little jaffna, de Lawrence Valin
5. Vingt Dieux, de Corine Courvoisier
Le prix d’interprétation est revenu Abou Sangaré et les prix du scénario et de la réalisation ont été décernés au film « Interdit aux chiens et aux italiens.

L’on peut se rendre compte de l’éclectisme et des choix divers de ce public de cinéphiles puisque le N°1 est en quelque sorte un docu-fiction sur ce jeune guinéen qui travaille en France et attend ses papiers. Ce garçon, Abou Sangar, alors qu’il n’est pas professionnel a obtenu le César de la révélation masculine.
Le N°2 est un très joli film d’animation plein d’amour, d’humour et d’émotion, qui se passe au XXème siècle alors que les italiens émigrent en France pour reconstruire leur vie.
Le N°3 est l’histoire d’un homme qui aide une femme enceinte et délaissée par son amant, à accoucher et à élever le gosse. Jusqu’au jour où le vrai père vient le récupérer. Un film d’une grande tendresse avec un comédien magnifique : Karim Leklou.
Le N°4 est un thriller franco-indien superbement maîtrisé par Lawrence Valin qui signe aussi le scénario et en est le comédien principal. Un film à la fois violent et émouvant sur ces indiens installés à Paris dont la vie n’est pas des plus faciles.
Le N°5 est un film étrange, bizarre et iconoclaste qui se passe dans le milieu agricole du Jura… Et qui a fait se lever trois camps : ceux qui ont aimé, ceux qui ont détesté et ceux qui n’ont rien compris !
A noter que l’association nous a offert cette année un projecteur sur les films italiens, les récents comme quelques incontournable dont « Main basse sur la ville » de Francesco Rosi ou encore « Hier, aujourd’hui, demain » réalisé par Vittorio de Sica avec un duo explosif : Sophia Loren et Marcello Mastroianni.


Il était demandé au public de juger les affiches de tous les films présentés et deux sont sorties ex-aequo : « Main basse sur la ville » et « Little Jaffna ».
Evidemment nous ne sommes pas à Cannes, il n’y a pas de prix donné mais Pascale considère ce palmarès comme une sorte de baromètre qui lui permet d‘axer sa programmation vers les goûts de ses adhérents… goûts, à la vue de leurs choix, très éclectiques et qui offrent un large panel de propositions.
Déjà la saison prochaine se prépare mais avant cela, quelques séances en plein air vous seront proposées, au Brusc :
Le jeudi 17 juillet 21H30 : « Moonrise Kingdom » de Wes Anderson avec Bill Murray et Bruce Willis
Le jeudi 24 juillet 21h30 : « 9 mois ferme » de et avec Albert Dupontel avec Sandrine Kiberlin
Le jeudi 14 août 21h30 : « Les aristochats » de Walt Disney
Ces séances sont gratuites.
Encore bravo à Pascale et son équipe qui nous offrent au fil des ans de beaux films et des invités passionnants.

Jacques Brachet

Six-Fours – Six n’Etoiles 
Laurence VALIN, de Jaffna à Paris
 « Je suis allé le chercher, ce film ! »

Le film se passe à Paris, dans le quartier dit « Le petit Jaffna » dans le Xème arrondissement. Un quartier où les émigrés indiens tamouls se sont installés en quittant leur pays, Jaffna étant une ville du Sri Lanka.
Mickaël (Lawrence Valin) est un policier de racine tamoul mais né en France. De par sa couleur, on l’infiltre dans un gang tamoul pour le démembrer. Mais, comme il est entre deux cultures, il va, là aussi balancer entre les bons et les méchants auxquels, au fil des jours, il commence à s’attacher. Malgré tout, il devra aller jusqu’au bout de sa mission, à ses risques et périls.
Lawrence, qui est aussi le scénariste et le réalisateur, nous immisce avec lui dans ce quartier peu connu où les tamouls ont recréé leur monde. Et où un gang mène la danse. Un monde fait de peur et de violence où deux bandes s’opposent avec brutalité dans un monde de déracinés, où se mêlent quand même fierté, amour, fraternité. Le film est à la fois énergique, violent et poignant où notre flic balance entre deux cultures, entre humanité et sauvagerie, fraternité et violence.
Un film coup de poing, superbement maitrisé qui aurait pu faire partie d’une sélection cannoise à la place de sempiternels invités que l’on voit revenir à chaque festival.

« Lawrence, faire un film sur la communauté Tamoul… Quelle question vous êtes-vous posée ?
(Il rit) La question que je me suis posée est : Est-ce que ça va intéresser les gens ? Mon but était de mettre la lumière sur ce conflit. C’est une communauté qui est peu visible, très discrète. Il faut dire que la première génération qui a fui le conflit avait besoin de l’être pour pouvoir s’intégrer. Je suis la première génération à être né en France, j’avais besoin d’exister et de dire haut et fort que j’étais là et je pense que ce film est une manière de dire que je suis français. La seule représentation dans le cinéma français était celle de migrants. Je me suis dit qu’il y aurait une autre représentation, avec des gangsters colorés ! J’ai toujours eu envie de faire des films de gangsters et cette représentation sera la seule que je ferai car je ne veux pas stigmatiser cette communauté. C’est à la fois mon premier et mon dernier sur cette communauté tamoul.
Est-ce que ce projet a été difficile à monter, d’autant que c’est votre premier long métrage ?
Il y a quelques années il y a eu « Dheepan » de Jacques Audiard qui a eu la palme d’or à Cannes en 2015 et je me suis dit que ce serait dur d’arriver derrière ce film. Du coup j’ai mis beaucoup de temps à écrire le mien, d’autant que je n’avais pas de tête d’affiche pour le porter. J’ai donc tout misé sur le scénario et du coup, le financement a été très rapide. On n’a mis que six mois.
Vous avez quand même mis sept ans pour le faire ?
Oui, j’ai commencé en 2017 et j’ai terminé le film en juillet dernier. Et j’ai fait depuis, plus d’une trentaine de festivals, à commencer par Venise et Toronto et on a enchaîné. Le film est sorti en France le 30 avril et là il y a eu un problème : il a été considéré comme un film étranger alors qu’il a été 100% financé en France et tourné en France. Les comédiens sont effectvement franco-tamouls. C’était important pour moi de mêler les deux langues à égalité. Je ne voulais pas qu’il soit considéré comme un film du cinéma du monde. Mais ça a été un frein pour la sortie en France.

Et pourtant, ce sont des jeunes qui existent…
Oui, ce ‘est pas purement fictionnel mais ce que j’aime faire c’est mettre la lumière sur les gens qu’on ne voit pas, et c‘est vrai  qu’au sein de la communauté tamoul, les mecs de bandes c’est ce qu’on voit encore moins car on veut les cacher et moi, en tant que metteur en scène, c’est eux que je voulais voir briller. Ce qui a occasionné des tensions jusqu’à créer un boycott à la sortie du film en France.
En fait ils voulaient qu’on montre les gentils contre les méchants alors que je voulais que ce ne soit pas manichéen  car de chaque côté, forcément, dans une guerre il y a des parties d’ombre, des parties de lumière dans chaque clan. C’est ce que j’ai voulu montrer mais eux ne veulent pas l’entendre. Ce que je voulais montrer que ce qu’on considère comme des terroriste, ce sont en fait des résistants. La frontière est très fine entre les deux.
Le choix de vos comédiens, comment s’est-il fait ?
Pour la plupart des jeunes qu’on voit dans le film, c’est leur première fois. Dans les acteurs confirmés, il n’y en a que deux : Vela Ramamoorthy qui joue Aya et Radhika Sarathkumar qui joue la grand –mère deux grands acteur en Inde. Radhika est l’équivalent d’Isabelle Huppert ou Catherine Deneuve même si en France, on ne la connait pas et c’est ce qui l’enchantait. D’ailleurs, la communauté ne venait pas pour moi mais pour la voir, elle ! C’est pour moi le personnage principal du film.
Etre scénariste, réalisateur, comédien principal, ce n’est pas un peu compliqué ?
Quand on n’a pas le choix, il faut le faire ! J’avais tellement soif de jouer que c’est ce qui m’a porté tout le long. C’est ce qui m’a donné l’envie d’écrire et réaliser, même lorsqu’on me disait que ce n’était pas possible. Je suis allé le chercher ce film car, sachant qu’on n’allait pas demandé à un franco-tamoul pour faire le film, c’était une manière de créer ma place. Mon critère de départ, vis-à-vis des producteurs, était que je n’écrirais pas si je ne jouais pas dans le film.

Réaliser un premier film est, je pense, difficile ?
Ce film, je ne l’ai vraiment pas fait comme un premier film mais comme mon dernier film. Ce qui m’a enlevé toute la pression qu’on a sur un premier film en pensant à la réussite, à la critique, à la suite. Je m’en fichais en fait, je me disais que j’avais besoin de faire ce film pour moi et je serais le plus heureux de le pouvoir le faire exister. C’était très important de parler de ce conflit. Du coup, j’ai profité de chaque moment. Je voulais prendre du plaisir même si je devais me planter. En tout cas le film serait là. J’ai travaillé à tous les postes avec chaque responsable.
Alors en fait, ce ne sera pas votre dernier film ?
C’est vrai que, dès le film terminé, on a envie d’en refaire un autre ! Je suis déjà en train d’écrire le deuxième… Et le plus dur sera de le financer ! Mais avant, je vais accompagner ce film tant qu’il faudra le faire ».

Propos recueillis par Jacques Brachet

Hyères, Fête du Livre… La Provence était là

C’est par un magnifique week-end ensoleillé, que des centaines de gens sont venus découvrir livres et auteurs à Hyères.
Il y en avait pour tous les goûts, des romans au thriller en passant par des bios, des documents, des polars venus de tous les coins de France.
Etant auteur invité, le journaliste est un peu passé devant l’auteur qui signait son livre.
J’en ai profité pour faire le tour des amis qui, comme moi, ont passé leur temps derrière leur table, à parler avec le public, à signer les livres et à se retrouver autour du repas du midi.
Je vais donc en profiter pour parler de mes amis provençaux.

Gui GEDDA
Jean-Pierre SAVELLI

Gui GEDDA : la Provence dans tous ses états.
C’est notre chantre de la cuisine provençale qui, à 93 ans, continue à vivre sa passion entre cuisine provençale et livres tout aussi ensoleillés que son regard et sa faconde qui nous vient de Marseille mais qui, depuis des décennies, vit du côté de Bormes-les-Mimosas où, avec son frère, il tenait le restaurant La Terrasse. Cuisine 100% provençale dont il nous parle avec amour, avec passion et dont les livres nous font saliver. Pour lui, ses vedettes sont le fenouil, les favouilles,  la figue, la châtaigne,  et même la tomate qu’il a mis longtemps à célébrer.
Ensemble, nous avons animé, dans les années 2000, « Stars en cuisine » durant des années, formant des duos de chefs et d’artistes dans un concours original, devant un public nombreux qui s’assemblaient devant les pianos (de cuisine !) pour voir travailler toutes ces personnalités jugées par un jury de choix.
Il vient de sortir une bible de 300 pages « Une vie frottée d’ail » où il mêle recettes, souvenirs, anecdotes et personnalités venues s’installer à sa terrasse.
On va aller l’y retrouver pour parler de tout ça.

Jean-Piere SAVELLI… Souvenirs, souvenirs
Nous étions allés le voir chez lui il y a quelques temps, pour évoquer des souvenirs communs dans la mesure où je l’ai connu à ses débuts, où j’ai vécu avec lui, tournées et festivals, galas et galères. Ensemble nous avons sillonné la France et il en a fait, du chemin, de Toulon à Paris où Michel Legrand l’a pris sous son aile, où il a gagné la Rose d’Or d’Antibes avec « Ciel », où nous avons fait la fête (les fêtes) avec Barclay, où il a fait « la Révolution » avec Claude-Michel Schonberg, où il était avec « Les uns et les autres » entre Lelouch, Croisille et encore Michel Legrand, où Goldorak et Albaror l’ont fait aimer des enfants, où Peter a rencontré Sloane et bien d’autres choses encore, avant de revenir, plein d’usage et raison vivre dans sa ville natale avec Sandry, son épouse avec qui il crée des spectacles. « Regarde, le jour se lève » est le titre de son livre de souvenirs… Ce début de chanson rappelle un énorme succès pour des milliers de fans, « Besoin de rien, envie de toi » resté des dizaines de semaines au top 50 qui fut d’ailleurs le succès N°1 de cette émission. A 74 ans, bon pied, bon œil et toujours belle voix, il continue ses spectacles avec Legrand, les années bénies entre 60 et 70, les spectacles avec sa femme.
On pourra d’ailleurs l’applaudir le 29 mai et le 29 juin à la Valette, et encore le 2 juillet à Baudouvin.

Yes PUJOL
René FREGNI

Faire l’aïoli avec Yves PUJOL
Même s’il est né à Maseille Toulon est son pied à terre, qui a vu naître le groupe Aïoli en 1992. Leader de cette équipe de fadas chantants, Yves Pujol a très vite connu un énorme succès. Mais pas que…
Car deux humoristes se sont mis sur sa route : Wolinski et Eric Carrière l’un des Chevaliers du Fiel, avec qui il a écrit des spectacles d’humour. Un humour à la provençale, piqué d’ail et d’accent avec des spectacles qui ont cartonné et qui l’ont amené au cinéma. Coiffé de son éternel chapeau, il amuse le public avec un côté mi-naïf, mi-roublard et ses spectacles sont des explosions de rires.
Il ne faut pas oublier qu’il a fait le conservatoire de Toulon avant de « monter » à Paris au Cours Florent et qu’il a été élu membre de l’Académie Alphonse Allais, humoriste s’il en fut.
Chanteur, musicien humoriste, comédien… Il sait tout faire « avé » l’accent. Accent dont il se glorifie et que l’on entend dans ses disques et dans ses livres « Parlez-vous le Sud ? » en deux volets, où avec sa faconde, il glorifie le langage, les expressions, le patois de chez nous.
Un vrai régal qui fait entrer le soleil partout où il passe.
René FREGNI : Une vie passionnante
D’infirmier à écrivain, de prisonnier pour avoir déserté l’armée à visiteur de prison, René Frégni a eu une jeunesse mouvementée  faite de voyages mais aussi de planques et de menaces de mort, lorsqu’il était recherché, avant de découvrir la lecture puis l’écriture.
Il raconte touttes ses pérégrination dans son live « Déserter »
Il est aujourd’hui un écrivain bien rangé et bien aimé de ses lecteurs et vit une vie bien tranquille  du côté de Manosque d’où il ne sort de sa tanière que pour présenter un nouveau roman.
J’ai toujours plaisir à le retrouver sur des fêtes du livre pour parler de son nouveau thriller car il a la plume facile mais il est aussi un conteur magnifique que l’on a plaisir à écouter raconter sa vie qui est loin d’avoir été un long fleuve tranquille mais qui est passionnante. Et on peut l’écouter des heures avec autant de plaisir que de lire ses polars qui sentent toujours le thym et le romarin !
Il est de toutes les fêtes du livre car il a toujours un roman à nous offrir. Ecrire est devenu sa vraie passion et il a une imagination débordante qui vous tient en haleine jusqu’au mot fin.
Tel « Les gabians se lèvent à 5 heures », son dernier roman qui commence comme une autobiographie : Un écrivain retrouve son enfance à Marseille avec toutes les émotions qui lui reviennent… Avant, évidemment, qu’un meurtre le rattrape… A suivre !

Jean-Claude GUEGAN
Jacques BRACHET

Jean-Claude GUEGAN… Flic devenu romancier
Encore un flic qui a mal tourné !!!
Ancien Officier de Police à Toulon puis à Marseille, l’ami Jean-Claude en a vécu des aventures dans lesquelles, quelquefois, il a risqué sa vie.
Il aurait pu la raconter, cette vie aventureuse, il a préféré créer un personnage nommé Benjamin Lecomte, ancien flic devenu détective privé, dans lequel il y a certainement de lui, qui traque les assassins de tout bois. Entre polar et thriller, entre vécu et imaginaire, il nous entraine à chaque fois sur la trace de tueurs de haut vol. Et son dernier roman, « Le sculpteur » nous emmène en Sologne, où nous suivons le détective sur la piste d’un assassin psychopathe, tueur en série de crimes sordides.
L’ami Jean-Claude était à la Fête du livre… Sans livre et désespéré  car entre la maison d’édition et Hyères ils se sont volatilisés !
Vengeance d’un de ses assassins qu’il a poursuivi ? Le Sculpteur n’est jamais arrivé sur son stand. Nous étions de tout cœur avec lui.
Jacques BRACHET… d’Antan !
Quant à moi, mon dernier livre « Le Var d’Antan » est bien arrivé mais… « Toulon d’Antan » était absent pour cause de rupture de stock. La rançon de la gloire !
Une quatrième édition reviendra chez les libraires en octobre. Affaire à suivre !
En attendant, avec cet album illustré de cartes postales anciennes de ce Var qui nous est cher, permet à toutes les générations de découvrir comment il était car même les plus de 20 ans ne peuvent pas connaître ! Et il est souvent difficile de resituer quelques endroits mais justement, il nous permet de découvrir comment les générations vivaient et dans quels décors et environnements.
Je voudrais remercier la librairie Olbia qui m’a reçu sur son stand et dont l’équipe fut on ne peut plus sympathique.

Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Six-Fours – Six N’Etoiles
Laure PRADAL, réalisatrice de l’Humain

C’est un plaisir que de retrouver la réalisatrice Laure Pradal, qui vient régulièrement au Six N’Etoiles, invitée par Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud ».
En plus du fait que nous sommes compatriotes « Ardéchois cœur fidèle », à chaque fois elle nous présente un documentaire plein de vie et d’humanité, d’émotions ou de rires, sur les gens de l’ombre et des sujets de société brulants ou plus légers.
En 2009, elle nous proposait « Village vertical », l’histoire de la Tour d’Assas de Montpellier, la plus haute tour de la région où s’entassaient  nombre d’émigrés, de sans-papiers souvent,  de déracinés qui vivaient en autarcie comme ils pouvaient, s’entraidant, entendant souvent cette phrase qui fait froid dans le dos : « Les Arabes entre eux ».
Cette année, elle revient sur la tour,  quinze ans après donc, avec « La tour fantôme ».
C’est la suite du premier documentaire dont elle en a fait qu’un, sous le titre à nouveau du « Village vertical ».
C’est vrai qu’on s’y perdait un peu et sa venue au Six N’Etoile était le prétexte de faire le point avec elle :

« Laure, au départ, je n’avais pas compris pourquoi vous reveniez sur ce documentaire qui date de 15 ans avec un nouveau titre puis la reprise du premier titre…
Pour le second, je l’avais appelé « La tour fantôme » puis en fait c’était plus parlant de revenir au premier titre qui me paraissait plus simple et plus parlant. Le public de Montpellier avait suivi le premier documentaire et donc avaient suivi « La tour fantôme ». Mais je me suis dit que pour les festivals ou les lieux dans lesquels j’allais les présenter, ce serait plus simple de n’en présenter qu’un, afin que les spectateurs voient l’ensemble des deux. Le second a existé parce que le premier existait et j’ai trouvé plus judicieux d’en faire un seul film, dans la mesure où le public n’avait pas vu le premier.
Ainsi on peut voir dans la continuité ce qui s’est passé en quinze ans…
Oui, ça a quelquefois été difficile de retrouver tous les protagonistes. Par exemple, je n’ai retrouvé que deux des enfants. Certains personnages ont disparu, d’autres ne sont pas venus au rendez-vous, certains sont en prison, d’autres encore sont décédés, sans compter qu’il y a eu le Covid..
Ça a été le parcours du combattant !
(Elle rit) Oui, ça n’a pas toujours été facile.
Dans le premier doc les enfants justement disaient : «  C’est pas une cité, c’est un quartier » mais ça reste une cité quand même ?
Oui, c’est la plus grosse tour de Montpellier et de sa région. Déjà, il y a vingt ans, il était question de la détruire, dès sa construction car il avait été constaté que la fondation n’était pas terrible. Du coup sont aussitôt nées des légendes, des rumeurs que la tour penchait !

Laure Pradal & Pascale Parodi

Par contre, cette tour, tout en étant inhumaine, possèdaient beaucoup d’humanité…
Bien sûr, car tous se connaissaient et s’épaulaient dans cette détresse, où ils vivent à part, entre eux. D’ailleurs, certaines femmes qui sont parties vivre dans des immeubles de Montpellier pour que les enfants aillent à l’école et soient mêlés à d’autres enfants, avouent qu’elles ont perdu cette entraide, cette solidarité qu’elles vivaient dans cette tour.
Mais d’un autre côté, en restant ainsi entre eux, les choses ne peuvent pas avancer, il est difficile pour eux de s’intégrer. Mais ils venaient tous du Maroc pour la plupart, ils se connaissaient et reformaient un clan, une famille. C’est un peu comme nous, lorsque nous partons nous installer dans un autre pays. On a le réflexe de chercher des gens qui nous ressemblent, qui parlent et vivent comme nous.
Alors, cette tour aujourd’hui ?
En terminant mon tournage, j’ai filmé la tour où il n’y a plus qu’une sorte de façade assez fantomatique. D’où le titre du film. Il a été relogé quelque 800 personnes, soit dans dans des villages alentour, soit au centre de Montpellier. Mais beaucoup de personnes âgées ont voulu rester dans le quartier
Vous avez filmé beaucoup de marocains…
Oui, c’étaient 95% de marocains qui vivaient là.
Beaucoup étaient français mais ils ont ce dilemme d’être considérés comme maghrébins en France et comme français lorsqu’ils retournent au Maroc
Effectivement. C’était il y a quinze ans et ça n’a pas changé. Ils sont toujours entre deux en permanence. Pour certains, leurs grands-parents étaient en France. J’ai rencontré une femme qui habitait à Lodève, au-dessus de Montpellier, qui n’avait pas connu ce problème et a découvert cette discrimination en se mariant et en faisant connaissance avec sa belle- famille.
Est-ce qu’il y en a qui sont repartis au Maroc ?
Je pense qu’il y en a très peu car là-bas ils sont considérés comme des étrangers. Ceux qui repartent, ce sont les plus âgés qui veulent terminer leur vie dans leur pays. Mais en même temps c’est compliqué car toute leur famille est en France.
Je suis en train de tourner un film sur un psychologue à Nîmes. Il est d’origine algérienne et il reçoit des primo-arrivant marocains qui sont passés par l’Italie, l’Espagne et arrivés en France, ils le regrettent. Ils disent qu’ils n’avaient pas d’avenir au Maroc mais ils se retrouvent en France à cinq dans un minuscule appartement, nombre d’étudiants sont sans papiers. En plus, ils parlent italien et marocain. C’est compliqué pour eux. Ils pensent qu’en France c’est l’Eldorado, mais ce n’est pas le cas.

Lors de votre passage au Six N’Etoiles pour présenter « Des livres et des baguettes » vous aviez montré cette jeune franco-algérienne qui avait une voix d’or. Qu’est-elle devenue ?
Entretemps j’ai fait un film sur elle et après ça elle est partie faire carrière en Arabie Saoudite mais elle n’a pas fait le métier de chanteuse d’opéra qu’elle voulait faire. Elle est devenue coach pour des chanteurs. C’est dommage. Elle essaye toujours de percer dans l’opéra mais ça semble difficile. Déjà est compliqué pour tout le monde mais pour elle il y a quelques obstacles en plus. C’est aussi un peu la course contre la montre car elle a déjà 35 ans.
Alors, vos projets aujourd’hui ?
Comme je vous l’ai dit, je tourne ce film avec un psychologue dont le thème est : comment les problèmes sociétaux peuvent influer sur le psychique des gens. Je filme dans le cabinet du psychologue, les patients de dos ou de trois quart. Mais le film est centré sur le psychologue et j’entends quelquefois des histoires incroyables. Il lui faut dénouer des intrigues presque plus policières que psychiques.
J’ai un autre projet : filmer un archéologue qui a la cinquantaine et veut adopter un migrant albinos roux, ce qui pose d’énormes problèmes, d’autant qu’en Afrique cet enfant risque sa vie, les albinos étant sensés porter malheur… Il a eu un parcours incroyable.
Je prépare aussi un court métrage autour de Gaza avec une plasticienne qui dessine un story-board au pastel qu’on filme par en-dessus. C’est très beau ce qu’elle fait. Et moi je reprends des témoignages pris sur Internet que l’on fera lire par des acteurs et actrices palestiniens.
Et l’Ardèche dans tout ça ?
J’avais fait, il y a quelque temps, un film institutionnel sur Olivier de Serres mais je n’habite plus beaucoup en  Ardèche… Même s’il y a beaucoup de belles histoires à raconter ! Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Six-Fours – Six N’Etoiles : Ron DYENS…
Un producteur heu-reux !

Un oscar, un César… Et quelques autres trophées !

Un chat vivait tranquille dans une belle forêt lorsqu’une énorme vague l’envahit et submerge la terre. Il ne devra sa vie qu’en nageant malgré sa peur et va trouver refuge dans un bateau à la dérive, sur lequel peu à peu quelques autres animaux vont s’y réfugier.
Ils devront apprendre à se connaître, à s’apprivoiser, à vivre ensemble malgré leur différence, et à s’entraider.
Que voilà un magnifique film d’animation signé Gintz Zilbalodis, un Letton à la fois réalisateur et scénariste de films d’animation, qui a signé ce film « Flow, un chat qui n’avait plus peur de l’eau » et qui en a aussi signé la musique.
C’est un film un peu étrange, dans la mesure où les dialogues ne sont que miaulements, cris, caquètements, grognements, aboiements mais qui expriment tous les sentiments, tous les épisodes dramatiques ou drôles que vont vivre tous ces animaux, dans des décors somptueux de fin du monde.
Un film plein de sensibilité, de poésie, d’humanité, même si ce ne sont que des animaux en l’absence d’humains qui ont l’air d’avoir disparus de la terre. On suit cette épopée pleine de symboles et de vérités, même si l’on peut se poser une question : Est-ce un film pour enfants comme le sont en principe des dessins animés, où un film pour adultes qui, sous forme de conte, dit des vérités sur l’âme humaine, qui pourraient se passer au-dessus de la tête de certains enfants ?
Pour en savoir plus, nous avons rencontré Ron Dyens, le producteur du film venu le présenter au Six N’Etoiles avec sous le bras, l’oscar et le César qui a remporté le film. « Que » deux trophées parmi les 80 reçus pour le film, du prix Lumière au Golden Globe, en passant par le prix Ciné-Europe et tous ceux reçus un peu partout, du festival d’Annecy qui en a reçu 4, au festival de Montréal, au festival de Cannes et même de Guadalajaro au Mexique !
Ron est un garçon souriant au regard bleu plein de tendresse et avec le sourire de l’homme heureux quelque peu dépassé par ce qui arrive au film !

« A 24 ans – nous dit-il – Gintz a réalisé ce film tout seul, à tous les postes, ce qui est une performance incroyable… Même si c’est une chose qu’on ne devrait jamais faire ! Il a même composé la musique !
Qu’est-ce qui vous a convaincu à produire son film ?
C’est le premier film de lui que j’ai vu, « Ailleurs » qui m’a totalement hypnotisé. Je l’ai vu sur un ordinateur et lorsqu’on visionne un film sur ce support, on s’arrête souvent pour aller boire un coup, envoyer un SMS, chercher des chips…
Faire pipi !
Oui, il y a la pose pipi et là, je n’ai pas eu envie de faire pipi !
Qu’est-ce qui vous a plu dans ce film ?
Le sujet du film correspond à son désir de travailler en équipe. En fait, le sujet du film c’est la cohabitation, la collaboration, face à l’adversité, c’est un film qui parle beaucoup de ce qu’on vit aujourd’hui. Etrangement, j’ai moi-même un discours sur le risque de la fin du monde et de son acceptation et en fait, peu de personnes me contredisent. C’est je crois, aujourd’hui, ancré dans la mentalité des gens. Il y a un jour des chances que tout pète mais la beauté de ce film est de montrer, à travers les animaux, un monde sur les humains où la coopération fonctionne, l’altruisme existe, l’apprentissage par rapport à l’autre, notamment le don à l’autre. C’est un peu le désir du réalisateur d’apprendre à échanger avec les autres.
Comment pourriez-vous définir le réalisateur ?
C’est un homme à la base très réservé, grâce aux festivals où il a été invité, il s’est ouvert… Les gens des pays baltes sont à la base plutôt renfermés car ils ont été ballotés entre le nazisme, le soviétisme, ayant Poutine comme voisin. Ce ne sont pas des bavards, ils ont du mal à s’ouvrir et ce film est pour lui, d’une certaine manière, une thérapie qu’il a très bien réussie.

Est-ce que les enfants peuvent se rendre compte de toute la symbolique du film ?
Ce film est en fait pour tout le monde, enfants, adultes mais chacun ne comprend pas le même message. Les films de David Lynch, on ne les comprend pas toujours. Ce sont des  métalangages mais en les regardant, on se sent intelligent, on sent une sorte de connivence, il y a des choses qui crépitent un peu dans nos têtes. Comme ce film où le fait que ce ne soit pas justement clair, on s’approprie certaines choses plus que d’autres. Et du coup, ce film touche tout le monde pour des raisons différentes et personnelles, avec aussi ce que chacun a de l’expérience de la vie. Les jeunes spectateurs n’ont pas la même appréhension de la fin du monde que des personnes plus âgées qui voient l’état du monde, le désastre écologique, par exemple. Les jeunes ressentent inconsciemment des choses auxquelles on n’a plus accès, cette tension perpétuelle. Beaucoup de jeunes pleurent mais pas de colère. Pour vous la fin du film est-elle ouverte ou fermée ?
Je pense qu’elle est positive…
Et pourtant, avant la fin, il y a à nouveau cette course de biches et de cerfs qui peuvent faire penser qu’un autre danger arrive, comme la première fois. Il prend conscience, en voyant la baleine échouée, que de toutes façons nous allons tous mourir, d’une manière ou d’une autre, à un moment où à un autre. C’est une certaine acceptation de la mort puisqu’un nouveau déluge se rapproche et qu’enfin la seule survivante sera la baleine. Malgré ça, vous avez raison, c’est très positif ! Car le chat ne mourra pas seul, il a découvert l’altruisme, l’amitié, l’altérité, toutes ces choses qui sont belles et qui font grandir les gens. Je me rends compte que les gamins sont des éponges, ils voient les tensions familiales, leur souffrance peut-être, celle des éducateurs. Même s’ils ont des étapes à passer, ils voient autour d’eux ce qui va ou pas. A chaque époque, chaque enfant s’est adapté à son monde.
Le fait que ce soit un film sans dialogues est-ce une difficulté ou une grande liberté ?
Gintz a toujours fait des films sans dialogues. C’est un taiseux de nature et il n’aime pas beaucoup faire parler les gens. Il préfère que les spectateurs ressentent des sentiments à travers l’action des personnages. C’est un parti pris dès le départ.
Et le fait qu’on ne voie aucun humain est aussi un parti pris ?
C’est vrai qu’on voit des sculptures, des habitations, des lieux habités par des humains, suggérant qu’il y en avait et que même le chat était un chat domestiqué dans la mesure où on le voir dormir dans une maison. Comme dit Gintz : « Faites-vous votre film » !
Et cet oiseau qu’on voit mourir dans ce tunnel blanc que certains appellent le tunnel de la mort, dont certains sont revenus ?
Le bouddhisme dépeint un autre monde dans lequel on va aller. Quand je parle de la mort avec mes enfants, je leur dis qu’elle n’est pas une fin en soi. Personne ne le sait. Donc, pour moi, le chat part avec l’oiseau dans cet endroit de passage, il y a une porte qui s’ouvre certains la franchissent d’autres non. L’oiseau est blessé, n’a plus de fonction sociale, il n’a donc plus d’intérêt sur cette planète, il doit donc quitter ce monde. Quant au chat, on dit qu’il a plusieurs vies, qu’il a pu en perdre pendant son périple. Et pour moi cette barque, ce n’est pas la barque de Noé, c’est plus la barque de Charon, qui est la barque pour aller vers la mort. Tant qu’on est sur la barque, on n’est pas mort, on va vers un autre monde. L’oiseau considère que le chat n’est pas prêt à changer de monde. Il rate donc le passage car il a autre chose à faire.

Qu’est qui, pour vous,  a créé un tel engouement partout où le film est passé ?
Je pense qu’il y a beaucoup de choses. Il y a le mysticisme, il y a aussi beaucoup de spiritualité. On est aujourd’hui dans un monde très dur, où partout dans le monde il y a de la violence. Indépendamment d’être chrétien, juif, boudhiste ou autre, on s’aperçoit que peu à peu le monde disparaît, on a besoin de s’accrocher à des valeurs, qu’elles soient familiales, spirituelles, car on sent qu’il y a quelque chose d’inéluctable et de très violent. Il faut donc arriver à une forme de sagesse, d’acceptation de ce qui est en train d’arriver.
Si on a une forme de conscience de soi, plutôt correcte et positive, c’est aussi une façon de lâcher prise face à cette violence.
Ce qui est drôle c’est que c’est un film de son temps. Par exemple lorsque le réalisateur a reçu trois prix au festival de Séville, au même moment il y avait ces inondations à Valence. Le lendemain où nous avons gagné le Golden Globe, il y a eu les feux à Los Angeles… En fait, cela fait quatre-cinq ans qu’on est sur ce film, on voit l’état du monde qui nous alerte mais qui ne fait pas changer le monde.
Le titre de Flow ?
C’est le courant mais en musique ça désigne aussi l’ensemble des rapports rythmiques, du temps, de la mesure.
Quelles ont été les difficultés pour arriver à faire ce film ?
Je vous avoue que tout s’est super bien passé… Ce film a été béni des dieux, tout s’est passé avec une évidence incroyable, même les financements, alors qu’on a un film sans dialogues, avec des animaux non anthropomorphisés. C’est un peu comme « The artist » qui est sans dialogues et en noir et blanc ou « La haine » tourné en couleur mais sorti en noir et blanc aussi. On s’aperçoit que des films « différents » fonctionnent aussi. Je vais vous avouer quelque chose : on a même refusé de l’argent. Ça montre bien que le monde devient fou !!!
Ça va certainement être pire, avec tous ces prix, non ?
Mon gros problème aujourd’hui est : Qu’est-ce que je fais après ? J’ai d’autres projets mais ils n’atteindront pas le niveau de celui-ci. L’avantage est que je vais remettre le couvert avec Gintz, ce sera une nouvelle coproduction franco-lettone. Il y a déjà deux millions du CNC letton et on espère donc beaucoup de ce prochain film car pour moi le réalisateur est un génie.
On peut donc déjà en parler ?
C’est toujours sur le même thème et on se rapproche de plus en plus de la fin du monde ! (il rit) mais avec toujours beaucoup de poésie ». Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Avec Pascale Parodi, présidente
de l’association « Lumières du Sud »


Six-Fours : Atelier théâtre du collège Reynier
Retour en fanfare !

Marie-Paule Martinetti est une femme d’exception : Professeur de Français au collège Reynier de Six-Fours, elle est, depuis trois ans à la retraite… Enfin, disons qu’elle est quasi retraitée car, passionnée de théâtre, en dehors de sa compagnie « Théâtre de Fortune », elle a créé depuis des années un atelier théâtre au collège qu’elle continue d’ailleurs d’animer, où sont passés de nombreux élèves dont certains ont trouvé leur voie et aujourd’hui sont dispersés en France avec cette passion qu’elle leur a fait découvrir.
Cette année encore elle a réuni dans son atelier des élèves de la 6ème à la 3ème et monté avec eux des pièces de théâtre dont une qui les ont amenés jusqu’au Pôle Jeune Public du Revest, pour le neuvième festival du théâtre amateur, où ils ont reçu le prix d’interprétation collective en seulement quelques mois

C’est à l’occasion des portes ouvertes qu’organise chaque année le Collège Reynier, qu’ils ont pu montrer leur talent devant les parents d’élèves de la prochaine rentrée en 6ème avec l’extrait d’une pièce de Julie Duchaussoy « Le monde du silence gueule ». Le thème choisi du Pôle Jeune Public en était cette année « Espérer demain »
Julia est la fille de Michel Duchaussoy et de celle qui était mon amie, Corinne le Poulain.
Autrice, comédienne, réalisatrice, Julia a écrit ce qui fut une BD, en collaboration avec Sébastien Salingue, avant de devenir une pièce de théâtre qu’elle a joué et mise en scène. Mais, amoureuse de la mer, elle est aussi une plongeuse émérite et se préoccupe de la faune marine qui, par la faute des humains, est en train de crever peu à peu à cause des déchets que l’homme qui dit aimer la mer, rejette jour après jour.
Elle a donc écrit cette pièce pour deux comédiens dont elle, où elle fait parler tour à tour des animaux marins qui s’adressent aux humains sous forme de stand up. Une pièce pleine de bon sens mais non dénuée d’humour dont Marie-Paule a fait une piécette en y faisant parler quelques-uns de ces animaux marins.

En cette matinée à Reynier, tous étaient stressés de se produire devant le public, composé de parents dont leurs enfants entreront l’an prochain en 6ème et Marie-Paule n’était pas la moindre, ce démenant, comme toujours entre mise en scène et costumes, son et lumière, réception du public, bref, toujours à mille postes à la fois pour que tout soit le plus parfait du monde.
Et elle peut être fière du résultat et de ce qu’elle a obtenu en quelques mois de ces comédiens en herbe, qui, s’ils étaient stressés, et on le comprend, n’étaient pas peu fiers de montrer leur talent, certains ayant déjà des dons de comédie.
Déjà, Marie-Paule a plein de projets, avec cette jeune équipe  tout comme avec sa compagnie car elle reste infatigable et mène ces jeunes avec ses talents d’ancien prof et de théâtreuse, jeunes qui la suivent avec un plaisir non dissimulé.
On attend la suite !
Jacques Brachet

Le Club « Coeur et santé » inauguré à Six-Fours

Le Dr Kesri-Tartière, Yves Martin, le Dr Stéphanie Guillaume, Jean-Sébastien Vialatte, Guillaume & Pierre

On le sait, aussi bien Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours, que le Docteur Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé, font un travail formidable pour que Six-Fours soit une ville en pleine santé, en y installant médecins, professeurs, spécialistes afin que les Six-Fournais soient au plus près des soins dont ils ont besoin.
Voilà encore une étape qui montre que la santé n’est pas que le travail mais une hygiène de vie par le sport entre autre.
Et c’est les bras grands ouverts qu’ils ont accueilli M Yves Martin qui proposait de monter une association ouverte à tous « Le Club Cœur Santé » qui propose des rencontres de gym cardio et des marches en forêt, entouré du Docteur Lamia Kesri-Tartière, cardiologue et présidente de l’association Cardiologie Côte d’Azur, de Guillaume laprade, directeur adjoint d’UFOLEP 83 et de d’un dynamique animateur, Pierre, que toutes ces dames apprécient et chouchoutent !
Tout ce beau monde s’était donné rendez-vous au complexe sportif de la Mascotte, où auront lieu la gym cardio le lundi de 10h à 11h et le jeudi de 14h à 15 h.

Et c’est le maire qui a inauguré de nouveau lieu de santé :
« Ce club est une émanation de la Fédération de Cardiologie sous l’impulsion du Docteur Kesri-Tartière et de son époux, tous deux cardiologues, que nous avons décidé de monter ce club destiné à accueillir des patients qui ont des pathologies vasculaires ou cardiaques un peu lourdes. Il fallait un responsable – mais pas coupable ! – en la personne de Monsieur Martin qui en est donc le président .Cette association fonctionnera grâce à deux jeunes animateurs, Pierre et Guillaume. Le succès a l’air au rendez-vous puisqu’à peine ouvert, le club réunit déjà une quarantaine de patients. »
C’est le Docteur Stéphanie Guillaume qui a coordonné cette naissance de ce club.
« Je remercie Monsieur le Maire de pouvoir avoir cette dynamique à propos de la santé dans notre ville. La délégation santé est donc très heureuse de recevoir le Club Cœur et Santé . Dans l’ouest toulonnais, nous n’avion pas de club, nous avons été choisis pour notre dynamique et notre implication dans le domaine de la santé et nous sommes très heureux d’avoir mis cette salle à disposition, d’avoir réalisé ce projet essentiel de remise sur pieds de ces malades. L’idée est d’être novateur et de pouvoir lutter contre les déserts médicaux… »
Le maire devait reprendre une déclaration du président de l’ordre des médecins qui va à contre-courant de ce que l’on constate : « Il a en fait déclaré que l’on formait aujourd’hui trop de médecins, compte-tenu d’une population qui tendait à diminuer ! »

Ce qui fit réagir le public et dire au Docteur Guillaume : « Il ne doit pas vraiment être sur le terrain, loin de la réalité, chaque jour je vois des patients qui n’ont pas de médecin traitant. C’est pour cela qu’à Six-Fours nous avons réalisé des cabinets médicaux, cinq nouveaux médecins généralistes vont être accueillis chez nous au centre-ville car c’est aujourd’hui une chose indispensable. Le Club Cœur et Santé est une grande opportunité pour notre ville, ouverte à tous les patients de l’aire toulonnaise. »
Le docteur Tartière devait à son tour prendre la parole :
« La Fédération de Cardiologie travaille tous les jours  pour créer de nouvelles structures mais c’est impossible à mettre en place sans le soutien d’une mairie pour soutenir ces projets. Il faut des dispositions, des salles, et l’association de plusieurs compétences comme l’UFOLEP, la mairie bien sûr, notre fédération, compétences réunies pour que les patients puisse retrouver une vie normale. L’activité physique permet d’améliorer la qualité de vie et même la survie des patients, grâce à un environnement adapté et qu’ils puissent être accompagnés à chaque pas. La particularité de Six-Fours est que ça se déroule dans un centre sportif, ce qui permet un retour, une réinsertion après les soins dans un lieu où l’on peut pratiquer du sport adapté et s’épanouir à nouveau et progresser ».
Pierre et Guillaume devaient préciser que ce club répondait à vrai besoin et devaient remercier tous ceux qui en étaient les instigateurs.


Enfin, Yves Martin, l’instigateur de ce club devaient en présenter la genèse :
« Par un ami de la région nantaise, je savais que ce genre de club existait un peu partout en France et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de club ici. J’ai été mis en relation avec le Docteur Tartière et nous avons décidé de relever le défi en montant un club et grâce à la rencontre avec l’équipe de la ville de Six-Fours qui nous a réservé un accueil magnifique, donné les moyens matériels et financier de mettre les choses en place. Le 19 novembre nous avons proposé une marche dans les jardins de la Méditerranée. Nous étions quatre. Le 25 novembre nous avons organisé la première séance de gym avec Pierre. Nous étions trois. Le 12 décembre nous avons fait le lancement officiel au Brusc, nous étions une vingtaine, on a fait une marche et aujourd’hui 22 avril nous sommes trente-cinq ! »
A noter que le club organise deux marches par mois, de 9h30 à 11h30 et le 24 mai prochain il recevra « Le parcours du Club » qui fêtera cette année ses 50 ans. C’est une journée de sensibilisation portée par la Fédération Française de Cardiologie. C’est un événement national et c’est la ville de Six-Fours qui a été choisie cette année.
Pour vous inscrire et participer, prenez-rendez-vous au 06 97 61 13.16
ccsouestvarois@gmail.com – Site internet : cote-d-azur.fedecardio.org

Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta