Article mis en avant

AGENDA MAI 2025 nous avons électionné pour vous

Laure Pradal, réalisatrice de l’humain
Ron DYENS, un producteur heu-reux !

NUMEROS UTILES
AIX-en-PROVENCE
LE JEU DE PAUME : 04.42.99.12.00 – jeudepaume@lestheatres.netwww.lestheatres.net
AUBAGNE
THEÂTRE COMEDIA : 04.42.18.19.88 – comedia.aubagne.fr
BANDOL
Théâtre Jules Verne : 04 94 29 22 70
BRIANCON
THEÂTRE LA CADRAN : 04.92.25.52.52 – theatre-le-cadran@wanadoo.fr
CANNES
PALAIS DES FESTIVALS : 04.92.99.33.83 – sortiracannes@palaisdesfestivals.com
DRAGUIGNAN
THEÂTRE en DRACENIE : 04.94.50.59.59 – www.theatresendracenie.com
GAP
LA PASSERELLE : 04.92.52.52.52 – info@theatre-la-passerelle.com
GRASSE
THEÂTRE DE GRASSE : 04.93.40.53.00 – www.theatredegrasse.cominfo@theatredegrasse.com
HYERES
CASINO DES PALMIERS : 04.94.00.78.80 – www.ville-hyeres.fr
LA CIOTAT
LA CHAUDRONNERIE : 09 70 25 20 00 – lachaudronnerie-laciotat.com
LA GARDE
LE ROCHER – 04.94.03.58.62 – le-rocher@ville-lagarde.frwww.ville-lagarde.fr
LA SEYNE-sur-MER
7ème VAGUE – 04.94.06.02.52 – cafetheatre7vague@gmail.com
LA VALETTE
THEÂTRE MARELIOS – ESPACE PIERRE BEL – LA TOMATE – CINEMA HENRI VERNEUIL –
ESPACE ALBERT CAMUS : 04.94.23.62.06 – culture@lavalatte83.frwww.lavalette83.fr
LE CANNET
La Palestre : 04 93 46 48 88
LE PRADET
ESPACE DES ARTS : 04.94.01.77.34 – culture@le-pradet.fr
MARSEILLE
CITE DE LA MUSIQUE : 04.91.39.28.28 – www.citemusique-marseille.com
LA CRIEE : 04.91.54.70.54 – www.theatre-lacriee.com
LE GYMNASE : 04.91.24.35.24 – gymnase@lestheatres.netwww.lestheatres.net
LE GYPTIS : 04.91.11.41.50 – www.theatregyptis.com
ODEON : 04 96 12 52 74   – www.contact-odeon@marseille.fr
OPERA : 04 91 55.11.10 – www.opera.marseille.fr
THEÂTRE DE LENCHE   – MINI-THEÂTRE DU PANIER : 04.91.91.52.22 – lenche@wanadoo.frwww.theatredelenche.info
LE SILO : 04 91 90 00 00 – www.lesilo-marseille.fr
THEÂTRE TOURSKY : 04.91.02.58.35 – www.toursky.org
NICE
NIKAÏA : 04 92 29 31 29 – www.nikaia.fr
PALAIS DE LA MEDITERRANEE : 04 92 14 77 00
THEÂTRE LINO VENTURA : 04 97 00 10 70
THEÂTRE FRANCIS GAG – 04 94 00 78 50 – theatre-francis-gag.org – theatre.fgag@ville-nice.fr
OLLIOULES
CHÂTEAUVALLON : 04.94.22.02.02 – www.chateauvallon.com
SANARY
CASINO DU COLOMBET : 04 94 88 52 10 – service-culturel@casino-sanary-sur-mer.fr
THEÂTRE GALLI : 04.94.88.53.90 – www.sanarysurmer.com
SIX-FOURS
ESPACE MALRAUX : 04 94 74 77 79 – www.espace-malraux.fr
TOULON
LE COLBERT : 04 94 64 01 58 – www.lecolbert.fr
OPERA : 04.94.93.03.76 – operadetoulon@tpmed.org
PALAIS NEPTUNE : 04.98.00.83.83 – info@congresneptune.com
THEÂTRE LIBERTE : 04 98 00 56 76 – www.theatre-liberte.fr
ZENITH-OMEGA : 04.72.32.09.29 – appel@appelspectacles.com

dimanche 4 mai 20h, la Palestre, le Cannet

vendredi 30 mai 20h, le Silo, Marseille
lundi 3 mai 20h, le Pasino
Aix-en-Provence
vendredi 23 mai 20h,
le Vélodrome, Marseille
vendredi 16 mai 2àh, le Silo, Marseille
samedi 25 mai 20h, le Silo, Marseille
samedi 17 mai 20h, Espace Malraux, Six-Fours
vendredi 30 mai 20h, le Dôme, Marseille
Dimanche 18 mai 17h, le Silo, Marseille
samedi 10 mai 20h, le Colbert, Toulon

Six-Fours – Six N’Etoiles
Laure PRADAL, réalisatrice de l’Humain

C’est un plaisir que de retrouver la réalisatrice Laure Pradal, qui vient régulièrement au Six N’Etoiles, invitée par Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud ».
En plus du fait que nous sommes compatriotes « Ardéchois cœur fidèle », à chaque fois elle nous présente un documentaire plein de vie et d’humanité, d’émotions ou de rires, sur les gens de l’ombre et des sujets de société brulants ou plus légers.
En 2009, elle nous proposait « Village vertical », l’histoire de la Tour d’Assas de Montpellier, la plus haute tour de la région où s’entassaient  nombre d’émigrés, de sans-papiers souvent,  de déracinés qui vivaient en autarcie comme ils pouvaient, s’entraidant, entendant souvent cette phrase qui fait froid dans le dos : « Les Arabes entre eux ».
Cette année, elle revient sur la tour,  quinze ans après donc, avec « La tour fantôme ».
C’est la suite du premier documentaire dont elle en a fait qu’un, sous le titre à nouveau du « Village vertical ».
C’est vrai qu’on s’y perdait un peu et sa venue au Six N’Etoile était le prétexte de faire le point avec elle :

« Laure, au départ, je n’avais pas compris pourquoi vous reveniez sur ce documentaire qui date de 15 ans avec un nouveau titre puis la reprise du premier titre…
Pour le second, je l’avais appelé « La tour fantôme » puis en fait c’était plus parlant de revenir au premier titre qui me paraissait plus simple et plus parlant. Le public de Montpellier avait suivi le premier documentaire et donc avaient suivi « La tour fantôme ». Mais je me suis dit que pour les festivals ou les lieux dans lesquels j’allais les présenter, ce serait plus simple de n’en présenter qu’un, afin que les spectateurs voient l’ensemble des deux. Le second a existé parce que le premier existait et j’ai trouvé plus judicieux d’en faire un seul film, dans la mesure où le public n’avait pas vu le premier.
Ainsi on peut voir dans la continuité ce qui s’est passé en quinze ans…
Oui, ça a quelquefois été difficile de retrouver tous les protagonistes. Par exemple, je n’ai retrouvé que deux des enfants. Certains personnages ont disparu, d’autres ne sont pas venus au rendez-vous, certains sont en prison, d’autres encore sont décédés, sans compter qu’il y a eu le Covid..
Ça a été le parcours du combattant !
(Elle rit) Oui, ça n’a pas toujours été facile.
Dans le premier doc les enfants justement disaient : «  C’est pas une cité, c’est un quartier » mais ça reste une cité quand même ?
Oui, c’est la plus grosse tour de Montpellier et de sa région. Déjà, il y a vingt ans, il était question de la détruire, dès sa construction car il avait été constaté que la fondation n’était pas terrible. Du coup sont aussitôt nées des légendes, des rumeurs que la tour penchait !

Laure Pradal & Pascale Parodi

Par contre, cette tour, tout en étant inhumaine, possèdaient beaucoup d’humanité…
Bien sûr, car tous se connaissaient et s’épaulaient dans cette détresse, où ils vivent à part, entre eux. D’ailleurs, certaines femmes qui sont parties vivre dans des immeubles de Montpellier pour que les enfants aillent à l’école et soient mêlés à d’autres enfants, avouent qu’elles ont perdu cette entraide, cette solidarité qu’elles vivaient dans cette tour.
Mais d’un autre côté, en restant ainsi entre eux, les choses ne peuvent pas avancer, il est difficile pour eux de s’intégrer. Mais ils venaient tous du Maroc pour la plupart, ils se connaissaient et reformaient un clan, une famille. C’est un peu comme nous, lorsque nous partons nous installer dans un autre pays. On a le réflexe de chercher des gens qui nous ressemblent, qui parlent et vivent comme nous.
Alors, cette tour aujourd’hui ?
En terminant mon tournage, j’ai filmé la tour où il n’y a plus qu’une sorte de façade assez fantomatique. D’où le titre du film. Il a été relogé quelque 800 personnes, soit dans dans des villages alentour, soit au centre de Montpellier. Mais beaucoup de personnes âgées ont voulu rester dans le quartier
Vous avez filmé beaucoup de marocains…
Oui, c’étaient 95% de marocains qui vivaient là.
Beaucoup étaient français mais ils ont ce dilemme d’être considérés comme maghrébins en France et comme français lorsqu’ils retournent au Maroc
Effectivement. C’était il y a quinze ans et ça n’a pas changé. Ils sont toujours entre deux en permanence. Pour certains, leurs grands-parents étaient en France. J’ai rencontré une femme qui habitait à Lodève, au-dessus de Montpellier, qui n’avait pas connu ce problème et a découvert cette discrimination en se mariant et en faisant connaissance avec sa belle- famille.
Est-ce qu’il y en a qui sont repartis au Maroc ?
Je pense qu’il y en a très peu car là-bas ils sont considérés comme des étrangers. Ceux qui repartent, ce sont les plus âgés qui veulent terminer leur vie dans leur pays. Mais en même temps c’est compliqué car toute leur famille est en France.
Je suis en train de tourner un film sur un psychologue à Nîmes. Il est d’origine algérienne et il reçoit des primo-arrivant marocains qui sont passés par l’Italie, l’Espagne et arrivés en France, ils le regrettent. Ils disent qu’ils n’avaient pas d’avenir au Maroc mais ils se retrouvent en France à cinq dans un minuscule appartement, nombre d’étudiants sont sans papiers. En plus, ils parlent italien et marocain. C’est compliqué pour eux. Ils pensent qu’en France c’est l’Eldorado, mais ce n’est pas le cas.

Lors de votre passage au Six N’Etoiles pour présenter « Des livres et des baguettes » vous aviez montré cette jeune franco-algérienne qui avait une voix d’or. Qu’est-elle devenue ?
Entretemps j’ai fait un film sur elle et après ça elle est partie faire carrière en Arabie Saoudite mais elle n’a pas fait le métier de chanteuse d’opéra qu’elle voulait faire. Elle est devenue coach pour des chanteurs. C’est dommage. Elle essaye toujours de percer dans l’opéra mais ça semble difficile. Déjà est compliqué pour tout le monde mais pour elle il y a quelques obstacles en plus. C’est aussi un peu la course contre la montre car elle a déjà 35 ans.
Alors, vos projets aujourd’hui ?
Comme je vous l’ai dit, je tourne ce film avec un psychologue dont le thème est : comment les problèmes sociétaux peuvent influer sur le psychique des gens. Je filme dans le cabinet du psychologue, les patients de dos ou de trois quart. Mais le film est centré sur le psychologue et j’entends quelquefois des histoires incroyables. Il lui faut dénouer des intrigues presque plus policières que psychiques.
J’ai un autre projet : filmer un archéologue qui a la cinquantaine et veut adopter un migrant albinos roux, ce qui pose d’énormes problèmes, d’autant qu’en Afrique cet enfant risque sa vie, les albinos étant sensés porter malheur… Il a eu un parcours incroyable.
Je prépare aussi un court métrage autour de Gaza avec une plasticienne qui dessine un story-board au pastel qu’on filme par en-dessus. C’est très beau ce qu’elle fait. Et moi je reprends des témoignages pris sur Internet que l’on fera lire par des acteurs et actrices palestiniens.
Et l’Ardèche dans tout ça ?
J’avais fait, il y a quelque temps, un film institutionnel sur Olivier de Serres mais je n’habite plus beaucoup en  Ardèche… Même s’il y a beaucoup de belles histoires à raconter ! Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Six-Fours – Six N’Etoiles : Ron DYENS…
Un producteur heu-reux !

Un oscar, un César… Et quelques autres trophées !

Un chat vivait tranquille dans une belle forêt lorsqu’une énorme vague l’envahit et submerge la terre. Il ne devra sa vie qu’en nageant malgré sa peur et va trouver refuge dans un bateau à la dérive, sur lequel peu à peu quelques autres animaux vont s’y réfugier.
Ils devront apprendre à se connaître, à s’apprivoiser, à vivre ensemble malgré leur différence, et à s’entraider.
Que voilà un magnifique film d’animation signé Gintz Zilbalodis, un Letton à la fois réalisateur et scénariste de films d’animation, qui a signé ce film « Flow, un chat qui n’avait plus peur de l’eau » et qui en a aussi signé la musique.
C’est un film un peu étrange, dans la mesure où les dialogues ne sont que miaulements, cris, caquètements, grognements, aboiements mais qui expriment tous les sentiments, tous les épisodes dramatiques ou drôles que vont vivre tous ces animaux, dans des décors somptueux de fin du monde.
Un film plein de sensibilité, de poésie, d’humanité, même si ce ne sont que des animaux en l’absence d’humains qui ont l’air d’avoir disparus de la terre. On suit cette épopée pleine de symboles et de vérités, même si l’on peut se poser une question : Est-ce un film pour enfants comme le sont en principe des dessins animés, où un film pour adultes qui, sous forme de conte, dit des vérités sur l’âme humaine, qui pourraient se passer au-dessus de la tête de certains enfants ?
Pour en savoir plus, nous avons rencontré Ron Dyens, le producteur du film venu le présenter au Six N’Etoiles avec sous le bras, l’oscar et le César qui a remporté le film. « Que » deux trophées parmi les 80 reçus pour le film, du prix Lumière au Golden Globe, en passant par le prix Ciné-Europe et tous ceux reçus un peu partout, du festival d’Annecy qui en a reçu 4, au festival de Montréal, au festival de Cannes et même de Guadalajaro au Mexique !
Ron est un garçon souriant au regard bleu plein de tendresse et avec le sourire de l’homme heureux quelque peu dépassé par ce qui arrive au film !

« A 24 ans – nous dit-il – Gintz a réalisé ce film tout seul, à tous les postes, ce qui est une performance incroyable… Même si c’est une chose qu’on ne devrait jamais faire ! Il a même composé la musique !
Qu’est-ce qui vous a convaincu à produire son film ?
C’est le premier film de lui que j’ai vu, « Ailleurs » qui m’a totalement hypnotisé. Je l’ai vu sur un ordinateur et lorsqu’on visionne un film sur ce support, on s’arrête souvent pour aller boire un coup, envoyer un SMS, chercher des chips…
Faire pipi !
Oui, il y a la pose pipi et là, je n’ai pas eu envie de faire pipi !
Qu’est-ce qui vous a plu dans ce film ?
Le sujet du film correspond à son désir de travailler en équipe. En fait, le sujet du film c’est la cohabitation, la collaboration, face à l’adversité, c’est un film qui parle beaucoup de ce qu’on vit aujourd’hui. Etrangement, j’ai moi-même un discours sur le risque de la fin du monde et de son acceptation et en fait, peu de personnes me contredisent. C’est je crois, aujourd’hui, ancré dans la mentalité des gens. Il y a un jour des chances que tout pète mais la beauté de ce film est de montrer, à travers les animaux, un monde sur les humains où la coopération fonctionne, l’altruisme existe, l’apprentissage par rapport à l’autre, notamment le don à l’autre. C’est un peu le désir du réalisateur d’apprendre à échanger avec les autres.
Comment pourriez-vous définir le réalisateur ?
C’est un homme à la base très réservé, grâce aux festivals où il a été invité, il s’est ouvert… Les gens des pays baltes sont à la base plutôt renfermés car ils ont été ballotés entre le nazisme, le soviétisme, ayant Poutine comme voisin. Ce ne sont pas des bavards, ils ont du mal à s’ouvrir et ce film est pour lui, d’une certaine manière, une thérapie qu’il a très bien réussie.

Est-ce que les enfants peuvent se rendre compte de toute la symbolique du film ?
Ce film est en fait pour tout le monde, enfants, adultes mais chacun ne comprend pas le même message. Les films de David Lynch, on ne les comprend pas toujours. Ce sont des  métalangages mais en les regardant, on se sent intelligent, on sent une sorte de connivence, il y a des choses qui crépitent un peu dans nos têtes. Comme ce film où le fait que ce ne soit pas justement clair, on s’approprie certaines choses plus que d’autres. Et du coup, ce film touche tout le monde pour des raisons différentes et personnelles, avec aussi ce que chacun a de l’expérience de la vie. Les jeunes spectateurs n’ont pas la même appréhension de la fin du monde que des personnes plus âgées qui voient l’état du monde, le désastre écologique, par exemple. Les jeunes ressentent inconsciemment des choses auxquelles on n’a plus accès, cette tension perpétuelle. Beaucoup de jeunes pleurent mais pas de colère. Pour vous la fin du film est-elle ouverte ou fermée ?
Je pense qu’elle est positive…
Et pourtant, avant la fin, il y a à nouveau cette course de biches et de cerfs qui peuvent faire penser qu’un autre danger arrive, comme la première fois. Il prend conscience, en voyant la baleine échouée, que de toutes façons nous allons tous mourir, d’une manière ou d’une autre, à un moment où à un autre. C’est une certaine acceptation de la mort puisqu’un nouveau déluge se rapproche et qu’enfin la seule survivante sera la baleine. Malgré ça, vous avez raison, c’est très positif ! Car le chat ne mourra pas seul, il a découvert l’altruisme, l’amitié, l’altérité, toutes ces choses qui sont belles et qui font grandir les gens. Je me rends compte que les gamins sont des éponges, ils voient les tensions familiales, leur souffrance peut-être, celle des éducateurs. Même s’ils ont des étapes à passer, ils voient autour d’eux ce qui va ou pas. A chaque époque, chaque enfant s’est adapté à son monde.
Le fait que ce soit un film sans dialogues est-ce une difficulté ou une grande liberté ?
Gintz a toujours fait des films sans dialogues. C’est un taiseux de nature et il n’aime pas beaucoup faire parler les gens. Il préfère que les spectateurs ressentent des sentiments à travers l’action des personnages. C’est un parti pris dès le départ.
Et le fait qu’on ne voie aucun humain est aussi un parti pris ?
C’est vrai qu’on voit des sculptures, des habitations, des lieux habités par des humains, suggérant qu’il y en avait et que même le chat était un chat domestiqué dans la mesure où on le voir dormir dans une maison. Comme dit Gintz : « Faites-vous votre film » !
Et cet oiseau qu’on voit mourir dans ce tunnel blanc que certains appellent le tunnel de la mort, dont certains sont revenus ?
Le bouddhisme dépeint un autre monde dans lequel on va aller. Quand je parle de la mort avec mes enfants, je leur dis qu’elle n’est pas une fin en soi. Personne ne le sait. Donc, pour moi, le chat part avec l’oiseau dans cet endroit de passage, il y a une porte qui s’ouvre certains la franchissent d’autres non. L’oiseau est blessé, n’a plus de fonction sociale, il n’a donc plus d’intérêt sur cette planète, il doit donc quitter ce monde. Quant au chat, on dit qu’il a plusieurs vies, qu’il a pu en perdre pendant son périple. Et pour moi cette barque, ce n’est pas la barque de Noé, c’est plus la barque de Charon, qui est la barque pour aller vers la mort. Tant qu’on est sur la barque, on n’est pas mort, on va vers un autre monde. L’oiseau considère que le chat n’est pas prêt à changer de monde. Il rate donc le passage car il a autre chose à faire.

Qu’est qui, pour vous,  a créé un tel engouement partout où le film est passé ?
Je pense qu’il y a beaucoup de choses. Il y a le mysticisme, il y a aussi beaucoup de spiritualité. On est aujourd’hui dans un monde très dur, où partout dans le monde il y a de la violence. Indépendamment d’être chrétien, juif, boudhiste ou autre, on s’aperçoit que peu à peu le monde disparaît, on a besoin de s’accrocher à des valeurs, qu’elles soient familiales, spirituelles, car on sent qu’il y a quelque chose d’inéluctable et de très violent. Il faut donc arriver à une forme de sagesse, d’acceptation de ce qui est en train d’arriver.
Si on a une forme de conscience de soi, plutôt correcte et positive, c’est aussi une façon de lâcher prise face à cette violence.
Ce qui est drôle c’est que c’est un film de son temps. Par exemple lorsque le réalisateur a reçu trois prix au festival de Séville, au même moment il y avait ces inondations à Valence. Le lendemain où nous avons gagné le Golden Globe, il y a eu les feux à Los Angeles… En fait, cela fait quatre-cinq ans qu’on est sur ce film, on voit l’état du monde qui nous alerte mais qui ne fait pas changer le monde.
Le titre de Flow ?
C’est le courant mais en musique ça désigne aussi l’ensemble des rapports rythmiques, du temps, de la mesure.
Quelles ont été les difficultés pour arriver à faire ce film ?
Je vous avoue que tout s’est super bien passé… Ce film a été béni des dieux, tout s’est passé avec une évidence incroyable, même les financements, alors qu’on a un film sans dialogues, avec des animaux non anthropomorphisés. C’est un peu comme « The artist » qui est sans dialogues et en noir et blanc ou « La haine » tourné en couleur mais sorti en noir et blanc aussi. On s’aperçoit que des films « différents » fonctionnent aussi. Je vais vous avouer quelque chose : on a même refusé de l’argent. Ça montre bien que le monde devient fou !!!
Ça va certainement être pire, avec tous ces prix, non ?
Mon gros problème aujourd’hui est : Qu’est-ce que je fais après ? J’ai d’autres projets mais ils n’atteindront pas le niveau de celui-ci. L’avantage est que je vais remettre le couvert avec Gintz, ce sera une nouvelle coproduction franco-lettone. Il y a déjà deux millions du CNC letton et on espère donc beaucoup de ce prochain film car pour moi le réalisateur est un génie.
On peut donc déjà en parler ?
C’est toujours sur le même thème et on se rapproche de plus en plus de la fin du monde ! (il rit) mais avec toujours beaucoup de poésie ». Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Avec Pascale Parodi, présidente
de l’association « Lumières du Sud »


Six-Fours : Atelier théâtre du collège Reynier
Retour en fanfare !

Marie-Paule Martinetti est une femme d’exception : Professeur de Français au collège Reynier de Six-Fours, elle est, depuis trois ans à la retraite… Enfin, disons qu’elle est quasi retraitée car, passionnée de théâtre, en dehors de sa compagnie « Théâtre de Fortune », elle a créé depuis des années un atelier théâtre au collège qu’elle continue d’ailleurs d’animer, où sont passés de nombreux élèves dont certains ont trouvé leur voie et aujourd’hui sont dispersés en France avec cette passion qu’elle leur a fait découvrir.
Cette année encore elle a réuni dans son atelier des élèves de la 6ème à la 3ème et monté avec eux des pièces de théâtre dont une qui les ont amenés jusqu’au Pôle Jeune Public du Revest, pour le neuvième festival du théâtre amateur, où ils ont reçu le prix d’interprétation collective en seulement quelques mois

C’est à l’occasion des portes ouvertes qu’organise chaque année le Collège Reynier, qu’ils ont pu montrer leur talent devant les parents d’élèves de la prochaine rentrée en 6ème avec l’extrait d’une pièce de Julie Duchaussoy « Le monde du silence gueule ». Le thème choisi du Pôle Jeune Public en était cette année « Espérer demain »
Julia est la fille de Michel Duchaussoy et de celle qui était mon amie, Corinne le Poulain.
Autrice, comédienne, réalisatrice, Julia a écrit ce qui fut une BD, en collaboration avec Sébastien Salingue, avant de devenir une pièce de théâtre qu’elle a joué et mise en scène. Mais, amoureuse de la mer, elle est aussi une plongeuse émérite et se préoccupe de la faune marine qui, par la faute des humains, est en train de crever peu à peu à cause des déchets que l’homme qui dit aimer la mer, rejette jour après jour.
Elle a donc écrit cette pièce pour deux comédiens dont elle, où elle fait parler tour à tour des animaux marins qui s’adressent aux humains sous forme de stand up. Une pièce pleine de bon sens mais non dénuée d’humour dont Marie-Paule a fait une piécette en y faisant parler quelques-uns de ces animaux marins.

En cette matinée à Reynier, tous étaient stressés de se produire devant le public, composé de parents dont leurs enfants entreront l’an prochain en 6ème et Marie-Paule n’était pas la moindre, ce démenant, comme toujours entre mise en scène et costumes, son et lumière, réception du public, bref, toujours à mille postes à la fois pour que tout soit le plus parfait du monde.
Et elle peut être fière du résultat et de ce qu’elle a obtenu en quelques mois de ces comédiens en herbe, qui, s’ils étaient stressés, et on le comprend, n’étaient pas peu fiers de montrer leur talent, certains ayant déjà des dons de comédie.
Déjà, Marie-Paule a plein de projets, avec cette jeune équipe  tout comme avec sa compagnie car elle reste infatigable et mène ces jeunes avec ses talents d’ancien prof et de théâtreuse, jeunes qui la suivent avec un plaisir non dissimulé.
On attend la suite !
Jacques Brachet

Le Club « Coeur et santé » inauguré à Six-Fours

Le Dr Kesri-Tartière, Yves Martin, le Dr Stéphanie Guillaume, Jean-Sébastien Vialatte, Guillaume & Pierre

On le sait, aussi bien Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours, que le Docteur Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé, font un travail formidable pour que Six-Fours soit une ville en pleine santé, en y installant médecins, professeurs, spécialistes afin que les Six-Fournais soient au plus près des soins dont ils ont besoin.
Voilà encore une étape qui montre que la santé n’est pas que le travail mais une hygiène de vie par le sport entre autre.
Et c’est les bras grands ouverts qu’ils ont accueilli M Yves Martin qui proposait de monter une association ouverte à tous « Le Club Cœur Santé » qui propose des rencontres de gym cardio et des marches en forêt, entouré du Docteur Lamia Kesri-Tartière, cardiologue et présidente de l’association Cardiologie Côte d’Azur, de Guillaume laprade, directeur adjoint d’UFOLEP 83 et de d’un dynamique animateur, Pierre, que toutes ces dames apprécient et chouchoutent !
Tout ce beau monde s’était donné rendez-vous au complexe sportif de la Mascotte, où auront lieu la gym cardio le lundi de 10h à 11h et le jeudi de 14h à 15 h.

Et c’est le maire qui a inauguré de nouveau lieu de santé :
« Ce club est une émanation de la Fédération de Cardiologie sous l’impulsion du Docteur Kesri-Tartière et de son époux, tous deux cardiologues, que nous avons décidé de monter ce club destiné à accueillir des patients qui ont des pathologies vasculaires ou cardiaques un peu lourdes. Il fallait un responsable – mais pas coupable ! – en la personne de Monsieur Martin qui en est donc le président .Cette association fonctionnera grâce à deux jeunes animateurs, Pierre et Guillaume. Le succès a l’air au rendez-vous puisqu’à peine ouvert, le club réunit déjà une quarantaine de patients. »
C’est le Docteur Stéphanie Guillaume qui a coordonné cette naissance de ce club.
« Je remercie Monsieur le Maire de pouvoir avoir cette dynamique à propos de la santé dans notre ville. La délégation santé est donc très heureuse de recevoir le Club Cœur et Santé . Dans l’ouest toulonnais, nous n’avion pas de club, nous avons été choisis pour notre dynamique et notre implication dans le domaine de la santé et nous sommes très heureux d’avoir mis cette salle à disposition, d’avoir réalisé ce projet essentiel de remise sur pieds de ces malades. L’idée est d’être novateur et de pouvoir lutter contre les déserts médicaux… »
Le maire devait reprendre une déclaration du président de l’ordre des médecins qui va à contre-courant de ce que l’on constate : « Il a en fait déclaré que l’on formait aujourd’hui trop de médecins, compte-tenu d’une population qui tendait à diminuer ! »

Ce qui fit réagir le public et dire au Docteur Guillaume : « Il ne doit pas vraiment être sur le terrain, loin de la réalité, chaque jour je vois des patients qui n’ont pas de médecin traitant. C’est pour cela qu’à Six-Fours nous avons réalisé des cabinets médicaux, cinq nouveaux médecins généralistes vont être accueillis chez nous au centre-ville car c’est aujourd’hui une chose indispensable. Le Club Cœur et Santé est une grande opportunité pour notre ville, ouverte à tous les patients de l’aire toulonnaise. »
Le docteur Tartière devait à son tour prendre la parole :
« La Fédération de Cardiologie travaille tous les jours  pour créer de nouvelles structures mais c’est impossible à mettre en place sans le soutien d’une mairie pour soutenir ces projets. Il faut des dispositions, des salles, et l’association de plusieurs compétences comme l’UFOLEP, la mairie bien sûr, notre fédération, compétences réunies pour que les patients puisse retrouver une vie normale. L’activité physique permet d’améliorer la qualité de vie et même la survie des patients, grâce à un environnement adapté et qu’ils puissent être accompagnés à chaque pas. La particularité de Six-Fours est que ça se déroule dans un centre sportif, ce qui permet un retour, une réinsertion après les soins dans un lieu où l’on peut pratiquer du sport adapté et s’épanouir à nouveau et progresser ».
Pierre et Guillaume devaient préciser que ce club répondait à vrai besoin et devaient remercier tous ceux qui en étaient les instigateurs.


Enfin, Yves Martin, l’instigateur de ce club devaient en présenter la genèse :
« Par un ami de la région nantaise, je savais que ce genre de club existait un peu partout en France et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de club ici. J’ai été mis en relation avec le Docteur Tartière et nous avons décidé de relever le défi en montant un club et grâce à la rencontre avec l’équipe de la ville de Six-Fours qui nous a réservé un accueil magnifique, donné les moyens matériels et financier de mettre les choses en place. Le 19 novembre nous avons proposé une marche dans les jardins de la Méditerranée. Nous étions quatre. Le 25 novembre nous avons organisé la première séance de gym avec Pierre. Nous étions trois. Le 12 décembre nous avons fait le lancement officiel au Brusc, nous étions une vingtaine, on a fait une marche et aujourd’hui 22 avril nous sommes trente-cinq ! »
A noter que le club organise deux marches par mois, de 9h30 à 11h30 et le 24 mai prochain il recevra « Le parcours du Club » qui fêtera cette année ses 50 ans. C’est une journée de sensibilisation portée par la Fédération Française de Cardiologie. C’est un événement national et c’est la ville de Six-Fours qui a été choisie cette année.
Pour vous inscrire et participer, prenez-rendez-vous au 06 97 61 13.16
ccsouestvarois@gmail.com – Site internet : cote-d-azur.fedecardio.org

Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Notes de lectures

Jason HANSON : Guide de survie des espions (Ed Nouveau Monde – 279 pages)
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Gilles Bouley-Franchitti
L’auteur est un ancien officier formateur de la CIA, spécialiste des questions de sécurité. Dans ce guide étonnant il souhaite transmettre au public son expérience afin d’utiliser dans la vie de tous les jours des méthodes de contre-espionnage pour être en sécurité. Savoir examiner son environnement pour prévenir toute attaque, posséder le matériel nécessaire à sa défense, savoir se détacher de cordes ou de menottes, protéger son domicile, techniques d’auto-défense de base, détecter les mensonges, etc.
Le lecteur se dit que de tels conseils sortent d’un film et qu’ils ne concernent que les américains qui semblent selon l’auteur vivre dans une totale insécurité.
Mais ne vont-ils pas devenir utiles un jour aux européen ?
Une drôle de lecture.
Mathias ENARD : Mélancolie des confins (Ed Actes sud – 305 pages)
L’auteur a reçu le prix Goncourt en 2015.
« Nord » est le premier de 4 volumes et présente une première étape soit Berlin par temps automnal.
Alors qu’il vient de quitter la clinique de Beelitz ou il a rendu visite à un ami hospitalisé à la suite d’un accident cérébral , il revient à l’auteur, un vers de Blanca Varela poétesse péruvienne « là ou tout s’achève, déploie tes ailes ». Cela lui parut chargé d’espoir et de mélancolie, de promesses d’avenir et de douleurs mêlées, tout comme l’état de son ami. S’ensuit une errance dans un Berlin glacial qu’il nous décrit en mêlant histoire personnelle et histoire collective.
Le lecteur déambule dans les époques, les pensées et les souvenirs personnels, la littérature et la poésie. Le livre est instructif  par ses nombreuses références historiques, géographiques, littéraires mais aussi nostalgiques.
Le vocabulaire choisi est souvent poétique mais la lecture quelque peu difficile

Jean-Marc GENEREUX : Chaque pas Est une leçon de vie (Ed Leduc – 283 pages)
Il a une voix tonitruante, une voix de dessin animé qui, durant l’émission « Danse avec les stars » devient quelquefois insupportable entre deux « Oh la la Chiwawa », trois « canonnissime » et cinq « Et ça…J’achète » sur lesquels il se trémousse et hurle à épuiser nos oreilles !
Ce Québécois surdosé, survolté, dynamité et débordant d’énergie est à la longue très fatigant durant trois heures  d’émission.
Et pourtant… C’est lui qui fait le buz, qui fait rire le public, les danseurs et le jury mêlés et ce bruit de fond cache certainement  un mal être que l’on comprend lorsqu’on lit son livre qui vient de sortir, presque en même temps que celui de Christophe Licata.
En effet, si toutes les planètes  étaient alignées pour qu’il soit heureux : la danse, sa passion, la reconnaissance et la gloire, une femme et un fils qu’il aime par-dessus tout, tout vient se gripper à la naissance de sa fille Francesca, handicapée à vie, qu’il adore par-dessus tout mais reste une plaie béante qu’il gardera jusqu’à sa disparition. D’où cette exubérance, cet optimisme acharné qui cachent son drame et sa peine. Mais, bien entouré, il continue sa route, celle de la danse qui reste sa passion, une route faite de joies, de peines, d’amour, de doutes car il aime la vie, il aime les gens et les gens le lui rendent bien et en font l’artiste québécois préféré des Français.
Ce livre est bouleversant, plein d’émotion et de lucidité, de pleurs et de rires et pour tout ce qu’il vit, on lui pardonne  ce trop plein de vitalité qui lui permet d’avancer car, comme il l’écrit, chaque pas est une leçon de vie.     
Nicolas MARTIN : FRAGILE/S (Ed Au diable Vauvert – 427 pages)
Nous sommes en France en 2100.
Les naissances se font de plus en plus rares. Les enfants qui naissent sont victimes d’un handicap dit « le X fragile ».
Le gouvernement d’extrême droite a organisé un programme médical pour permettre à des femmes choisies de donner naissance à des enfants sains en implantant des embryons génétiquement modifiés.
Tiphaine, poussée par son mari, accepte de s’y soumettre. Commence alors sa descente aux enfers lorsqu’elle comprendra la particularité de son fils. Un roman de science-fiction étonnant qui nous propulse dans une société totalitaire dépassée par ses projets médicaux technocratiques.
Un premier ouvrage interpelant et original quant à la mise en page et la typographie

Patrice FRANCESCHINI : Patrouille au Grand Nord (Ed Grasset – 231 pages)
L’auteur, écrivain de marine aux nombreux récits d’explorations, reprend du service en nous conviant à un merveilleux voyage à bord d’un patrouilleur de la Marine pour une mission au Groënland.
Il y retrouve un jeune officier qui a naguère fait ses débuts avec lui à bord d’un vieux grément.
On découvre tout au long ce périple, le rude quotidien de ces hommes, tout petits devant l’océan déchainé. On assiste aux manœuvres, aux prises de quarts comme à la découverte de la vie de ces peuplades du grand Nord prises entre coutumes ancestrales et ravages de la modernité.
Il nous peint les paysages majestueux et grandioses, les fjords gigantesques et les tempêtes effrayantes, le tout dans un univers d’hommes vivant dans un espace réduit, où la solitude laisse le temps à la réflexion et l’observation de ces paysages somptueux.
Très bien rendu par une sobriété de mots, de phrases courtes. Un récit vibrant et poétique  à la fois.
Paul THURIN : Le livre de Joan (Ed Stock – 359 pages)
C’est avec jubilation que l’auteur Paul Thurin fait découvrir à son lecteur la vie de Joan de Leeds.
Tout commence en Angleterre en 1318 alors que Joan de Leeds est chez les sœurs bénédictines. D’origine noble mais désargentée, elle y a été placée dès son plus jeune âge, tout comme les garçons étaient envoyés à l’armée. L’esprit rebelle de Joan est régulièrement muselé par de fréquentes séries de coups de fouet, de mises à l’ombre, mais cela ne fera que renforcer l’envie de cette moniale de s’échapper de cette prison religieuse.
Avec l’aide de quelques sœurs, elle organisera sa fuite pour vivre quelques années de liberté à Londres.
La lecture de ce roman policier est passionnante. Echappée du couvent, la mère supérieure n’aura de cesse de la ramener au bercail. Mais c’est également un roman truffé de citations de la Bible tellement appropriées, et surtout un roman jubilatoire. Merci à l’auteur Paul Thurin d’avoir relevé cet épisode truculent et subversif dans l’histoire religieuse des bénédictines ! C’est en même temps une admiration pour l’esprit rebelle des femmes soumises malgré elles.
Une lecture vraiment addictive.

Meredith HALL : Plus grands que le monde (Ed Philippe Rey – 365 pages)
Traduit de l’anglais (Etats Unis) par Laurence Richard
L’histoire se passe à Alstead dans le Maine dans le Nord Est des Etats Unis.Tup et Doris Senter et leurs trois enfants Sonny, Dodie et Beston, vivent dans la ferme laitière que Tup a décidé d’exploiter à la mort de ses parents.
La vie s’écoule en communion avec la nature crée et donnée par Dieu dans un paisible bonheur familial. Les journées sont rythmées par les soins aux vaches, aux poules, l’entretien des champs, du potager et des arbres fruitiers, la fabrication des conserves. Le soir la famille se rassemble pour des jeux ou des lectures. Mais ce petit paradis va se transformer en un lieu de douleur et d’incompréhension quand un drame va s’abattre sur la famille.
En donnant la parole à tour de rôle à chacun des parents et à leur fille Dodie, l’auteur décrit leurs réactions face à l’épreuve et leur chemin vers la reconstruction. Sur une durée de vingt années (de 1947 à 1965 ), elle sonde avec finesse et poésie les caractères de chaque membre de cette famille à laquelle le lecteur s’attache. 
Zined MEKOUAR : Souviens- toi des abeilles (Ed Gallimard – 167 pages)
Il existe à quatre vingt kilomètres d’Agadir au Maroc, dans le village d’Inzerki à près de mille mètres dans le Haut Atlas, le plus ancien rucher collectif du monde. C’est le rucher du Saint, construit en terre sur cinq étages, chacun étant composé de cases pouvant contenir plusieurs ruches de formes circulaires, faites de roseaux tressés.
L’auteur, née à Casablanca et vivant en France depuis ses dix-huit ans, imagine une histoire qui se déroule dans ce lieu si particulier. Le jeune Ani, âgé de dix ans, vit avec son grand père, apiculteur et sa mère qui est emmurée dans une sorte de folie depuis une nuit tragique. Le père est allé travailler à Agadir, espérant gagner assez d’argent pour soigner sa femme.
Sous une chaleur écrasante, Anir apprend à soigner les abeilles et à récolter le miel mais la terre se réchauffe, on manque d’eau et les abeilles meurent en nombre.
Ce récit à hauteur d’enfant est plein de poésie et nous entraine dans les traditions et légendes du village à travers un lourd secret de famille.

Six-Fours… Marius est de retour !

Frédéric Achard nous l’avait promis : il passerait dans la région avec « Marius » de Marcel Pagnol, après qu’on l’ait applaudi dans « Jules et Marcel » au Comoedia d’Aubagne (voir interviewes). Avec la Cie Biagini, le voici donc qui s’est installé à Six-Fours pour une soirée.
Une longue soirée de trois heures car l’œuvre est dense mais on ne voit pas le temps passer !

Un peu d’histoire : Marcel Pagnol écrit « Marius » en 1929. A la même année, il le transforme en pièce de théâtre avant que celle-ci ne devienne, en 1931, le film que l’on connaît, véritable chef d’œuvre qui a fait le tour du monde et la gloire de l’auteur.
Depuis, on ne compte plus les versions cinématographiques et théâtrales, l’une des plus récentes qu’avec la Cie Biagini Frédéric Achard a recréée en reprenant le rôle de César.
César est bougon, colérique, emporté, avec une voix de stentor… Mais derrière le patron du bar de la Marine, se cache un être au cœur débordant de tendresse et malgré cet air bourru, quoiqu’il ne le ménage pas,  il aime son fils par-dessus tout.

Un rôle énorme qu’enfile l’acteur avec une présence, une prestance,  une force, une vérité dont Raimu aurait été jaloux, mêlant rires et émotions auprès d’une distribution de comédiens magnifiques, tous plus vrais les uns que les autres : Honorine, plus marseillaise qu’elle tu meurs, Marius d’une stature impressionnante au sourire ravageur, Panisse éloquent et émouvant, Fanny toute belle et fragile, Monsieur Brun hilarant et Escartefigue aussi naïf que fainéant… Et cocu en plus !
Malgré l’inconfort des chaises de la salle et les têtes gênant la visibilité de la scène, tous nous ont donné cette pièce tragi-comique avec un brio exceptionnel et une grande humanité et à aucun instant ils n’ont modifié l’œuvre de l’académicien qui n’a pris aucune ride, tout en restant d’une grande universalité et d’une grande humanité.
Frédéric Achard est un immense comédien qu’aurait aimé Pagnol. Il nous fait presque oublier le génie de Raimu tant il est un Marius plus vrai que nature.
C’était une belle soirée.

Jacques Brachet

Distribution : Marius : Julien Bodet – César : Frédéric Achard  – Fanny : Patritsia Koeva -Panisse : Fabrice Fara – Honorine : Christiane Conil – Monsieur Brun : Pierre Blain -Escartefigue : Fabien Rouman

Mougins – Galerie ABCD – 19 avril/25 mai
Les Artistes Américains

La galerie ABCD à été créée à l’initiative de messieurs Diehl galeriste depuis dix-huit ans, Cazorla homme d’affaires, investisseur et Benamou collectionneur de renom, ambassadeur de la galerie. Cet espace a pour ambition de faire découvrir des artistes connus ou émergents et de faciliter la rencontre entre les oeuvres et le public, tout en facilitant l’accès de tous à l’art. Trois personnalités au parcours complémentaires : Charles DIEHL, marchand d’art et galeriste soutient depuis 18 ans, des artistes qui sont devenus des noms familiers, comme Shepard FAIREY, JONONE, des figures emblématiques de l’art urbain. Il affectionne l’abstraction des années 1960 : Mannessier, Kijno, Bazaine, Hayter mais également les monstres sacrés de l‘Art Moderne, Mirò, Picasso, Braque, Chagall. Patrick CAZORLA a consacré de nombreuses années à une carrière d’entrepreneur dans l’industrie et l’immobilier. Établi dans la région depuis près d’une dizaine d’années, il aspire à enrichir le tissu culturel de la ville en lançant une galerie d’art d’importance. Albert BENAMOU est l’un des galeristes et marchand d’art français les plus respectés et un spécialiste incontesté de la peinture et de la sculpture. Il exerce depuis plus de 50 ans une activité de marchand, d’expert notament pour Auguste RODIN et de conseiller auprès d’importants collectionneurs et commissaires-priseurs. Chevalier des Arts & Lettres, Albert Benamou se consacre à l’art contemporain et la promotion de jeunes artistes.

Les Artistes Américains
L’histoire des artistes américains venus à Paris commence au XIX ème siècle avant et après le courant impressionniste. Elle se poursuit au XX ème siècle avec l’attrait de courants nouveaux tels que le fauvisme et le cubisme. Dans l’entre-deux guerres, la Génération Perdue des écrivains américains, dont le plus connu est Ernest Hemingway, s’installe à Montparnasse qu’Henri Miller qualifiera de « nombril du monde ». L’invasion allemande de la France provoque le mouvement inverse avec l’exil aux États-Unis de nombreux artistes. Parmi eux, les surréalistes dont Marcel Duchamp, André Masson et Stanley William Hayter s’installent à New York et influencent fortement de jeunes artistes américains inconnus qui plus tard donneront naissance au mouvement expressionniste américain. A la fin de la guerre de 1939-1945, New York n’est pas encore le centre mondial de la création artistique et du marché de l’art. Paris garde pour encore quelques années son attrait en tant que lieu d’inspiration et de création culturelle et est aussi une porte d’entrée vers les autres centres culturels européens, notamment l’Italie et l’Espagne. Une vague d’anciens GI s’installe à Paris grâce aux subventions du G.I. Bill pour les vétérans de la seconde guerre mondiale. Il s’agit d’une loi votée par le Congrès des États-Unis qui fait bénéficier d’une bourse les soldats démobilisés qui souhaitent reprendre leurs études aux États-Unis ou à l’étranger. Son montant varie selon le nombre d’années d’enrôlement et leur permet de couvrir leurs dépenses de vie courante, le financement de leurs études ou de leurs formations professionnelles ainsi qu’une année de chômage éventuel. Le G.I. Bill prend fin en 1956 et a profité à 7,8 millions de vétérans sur un total de 16 millions. Ces soldats démobilisés cohabitent dans des ateliers parisiens, notamment impasse Ronsin où se trouve l’atelier de Constantin Brâncusi, ils mènent une vie de bohême, villageoise et communautaire, fréquentent les cafés de Montparnasse et de Saint Germain- des-Près.

Galerie ABCD – 9, place Commandant Lamy – Mougins
galerie@gmail.com

Nicolas LOTH, l’homme qui kiffe la vague

Nicolas Loth est un homme discret, sympathique, qui ne « se la pète pas » parce qu’il est surfeur. Il est tout simplement passionné par ce sport, après avoir été un champion cycliste et être un chroniqueur sportif, ce qui le faisait déjà rêver tout petit. « Surfeur-chroniqueur », c’est original et c’est ce qu’il dit être.
Il vient de tourner son premier documentaire sur ce sport de glisse, « Demain, ça rentre ? » qu’il a réalisé, produit et distribué. Et il était l’invité du Six N’Etoiles » de Six-Fours, accompagné de deux charmantes jeunes filles : Mallorie et Mélina, qui ont assuré la présentation du réalisateur et le débat après le film.
Toutes deux font partie de l’association « Unis-Cité » dont le but est de donner aux jeunes envie de pouvoir agir, de les rapprocher du monde de l’entreprise, de leur faire vivre une expérience collective et solidaire en étant accompagnés et formés pour apprendre à agir en équipe. Ce qu’elles font dans le domaine du cinéma en allant dans les écoles et de temps en temps venant au cinéma pour animer des soirées.
Rencontre amicale entre les deux animatrices et le réalisateur.
Et rencontre avec moi pour en apprendre plus de ce surfeur-chroniqueur !

« Nicolas, vous êtes à la fois journaliste et surfeur. Qu’est-ce qui est arrivé en premier ?
Le journalisme. Par ailleurs, je viens du monde de la glisse ; étant plus jeune, je faisais du skate, donc j’avais déjà quelque chose avec les sports de glisse. Par contre, j’ai fait du vélo à haut niveau. Après ma petite carrière de cycliste, j’ai commencé à m’intéresser aux sports de la glisse.
Et le journalisme ?
Je suis plutôt commentateur sportif et j’ai commencé en faisant des chroniques sur le vélo pour une chaîne de télévision…
Laquelle ?
La chaîne de « L’Equipe ». Au début j’étais pigiste aux sports. J’avais envoyé des CV, on m’a pris et j’ai dû me familiariser avec le micro t me retrouver sur des courses de vélo par chez moi en tant qu’animateur. Et puis… J’ai dû enfoncer des portes pour commenter à la télévision. Je suis resté aux sports quelques années parce qu’il y avait une opportunité.
Et le journalisme a toujours été une passion ?
Je préfère dire : le commentaire. Ce qui me plaisait, c’était de parler dans un micro et cette envie est arrivée assez tôt dans ma vie, vers cinq/six ans. Sans doute un besoin de m’exprimer ! Je n’étais peut-être pas très sûr de moi au début.
Vous êtes varois ?
D’adoption, car je suis né à Paris mais j’ai grandi à Saint-Raphaël et aujourd’hui j’habite à Lamartre, un petit village varois

Où pratiquez-vous le surf ?
J’ai commencé à le pratiquer – je le pratique toujours – à Antibes, car mes beaux-parents y habitent. Mon beau-frère, que vous voyez faire du paddle dans le film, habite lui aussi à Antibes. Mais je me déplace sur de nombreux spots où il y a de la houle…
Vous suivez les vagues ?
(Il rit) Exactement. Il y a aussi un spot à Saint-Aygulf. Ca dépend de l’entrée de houle !
Dans le film, vous comparez la Méditerranée à l’Atlantique…
Oui, car il y a effectivement des différences. Tout est différent. En fait pour moi, ce n’est pas le même sport, ce n’est pas la même pratique. Il n’y a pas le même rapport au temps. On vient beaucoup plus fréquemment sur l’Atlantique, car il y a souvent de plus grosses vagues qui peuvent atteindre jusqu’à six mètres. Chez nous c’est un hymne à la patience, à l’attente et c’est cette singularité que j’ai voulu filmer car c’est très rare en Méditerranée, même si parfois il y a de grosses houles. C’est aussi beaucoup moins dangereux.
Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a pas cet effet de marée, il n’y a pas non plus ce qu’on appelle ces fameuses baïnes, ces courants qui vous emmènent vers le large. Ce sont en fait deux façons différentes de surfer.
Et vous préférez surfer chez vous ?
Oui, même si j’aimerais que ce soit un peu plus fréquent. Il y a aussi le fait que j’ai grandi sur les bords de la Méditerranée, cette mer qui est très parlante pour moi. L’Atlantique, c’est magnifique, j’y vais assez souvent mais ce n’est pas pareil. Ici, je me sens chez moi.
Mais j’ai vécu dans l’Atlantique des cessions incroyables.
Pourquoi ce film ? Est-il le premier ?
J’en ai fait plusieurs sur le monde du vélo. J’ai créé une association qui s’appelle « La Bordure » parce que j’avais beaucoup de mal avec les documentaires qui étaient faits sur le fait que c’était très manichéen. Il y avait d’un ôté les bons, de l’autre, les méchants. Et moi, je m’intéressais beaucoup aux méchants, ceux qui s’étaient faits prendre pour dopage, qui avaient des histoires singulières. Mais comme je sentais que ces histoires étaient difficiles à présenter en télé, on a créé cette association avec un ami journaliste.

Comment les présentez-vous s’ils ne passent pas à la télé ?
Sous forme de soirées-débats, de rencontres où l’on veut bien nous recevoir. Comme ce soir au Six N’Etoiles. C’est pour nous un modèle économique. Nous sommes nos propres producteurs, nos propres distributeurs. Aujourd’hui j’aimerais que ça prenne une autre forme. Je commence un peu à m’épuiser de toute cette énergie que ça implique.
Donc c’est le premier film sur le surf ?
Oui et c’est le plus personnel parce que là, je parle vraiment de mon addiction, mon rapport au surf par le prisme de ces quatre personnages et c’est vraiment moi… Qui est venu parler de moi !
Ce qui m’a surpris, c’est qu’il y a beaucoup d’interviewes et de portraits pour peu d’images du surf…
Ce qui m’intéressait, c’était la psychologie des personnages, ce qu’ils cherchaient dans ce sport. Je voulais emmener les gens avec moi en leur montrant cette attente de la houle, comment on peut être aussi addict, aussi frustré parfois lorsque la vague ne vient pas mais aussi si « jouasse » lorsqu’elle est là, aussi gamin… C’est tout cela que je voulais montrer à travers ces quatre personnages.
Cette addiction peut poser des problèmes avec la famille, l’entourage… La femme attend souvent à la maison…
(Il rit) Bien sûr mais il se trouve que ma femme surfe aussi, ce qui est encore plus difficile car si elle m’attendait à la maison, il est fort probable qu’on se serait plus ensemble ! Mais comme le dit Yann, dans le film, il faut pouvoir et savoir dompter son égoïsme. C’est un vrai travail d’introspection pour moi. Comment est-on ou veut-on être avec son entourage ?
Est-ce qu’on veut laisser sa femme, ses enfants ? Mais quelquefois, on a vraiment envie d’être un gros égoïste car les belles cessions sont tellement rares qu’on a envie d’y aller. C’est le petit garçon qui parle, qui dit « laissez-moi faire ce que je veux ».

Vous avez des enfants ?
Oui et du coup c’est quelquefois compliqué de les faire garder ! Aller à l’eau ensemble n’est pas si facile.
Quel âge ont-ils ?
Ma fille a deux ans, mon fils sept ans et demi.
Et ils aiment le surf ?
Ma fille est encore trop petite. J’ai emmené mon fils sur une planche mais il n’est pas très téméraire. Il est assez craintif pour l’instant mais je ne le bouscule pas. Il est plutôt dans la création, le dessin. Il a beaucoup moins le besoin de se dépenser que moi.
De « kiffer » comme vous aimez dire ?
Comme le disent les jeunes ! Mais j’ai 38 ans et je le dis !
Les quatre personnes que vous avez filmées sont des copains ?
Ce sont des amis, vraiment. Dont mon beau-frère. Ce sont eux qui m’ont initié au surf en Méditerranée, qui m’ont accueilli, montré comment faire, qui m’ont vraiment fait découvrir la sensation de la vague.
A propos : quelle est la signification du titre du film ? »
C’est sous-entendu : « Est-ce qu’il y a des vagues ? », « Est-ce que la houle rentre ? »
Vous êtes en tournée ?
Si l’on veut. J’ai quelques dates à Cassis, à Marseille, à la Ciotat puis je vais aller présenter le film en Bretagne. J’ai quelques dates.
Vous faites des compétitions ?
Non. Je fais juste ça par plaisir, pour me challenger, pour être meilleur. Mais ça reste avant tout un plaisir ».

Propos recueillis par Jacques Brachet

John GADE… « Je suis un éternel romantique » !

Il a tout du romantique : cheveux longs et frisés, regard sombre, tout de noir vêtu.
John Gade est cannois, il est pianiste, violoniste et à 27 ans, il a déjà une longue série de prix, de festivals, de concerts. Il vient de publier son premier album « Opium » (Scala Music) consacré à 8 sonates pour piano d’Alexandre Scriabine. Une petite merveille de douceur et d’exubérance, d’énergie et de mystère. J’avoue que ne connaissant pas ses œuvres, j’aurais pu penser à Chopin, par sa fougue et son romantisme qui va très bien à notre pianiste virtuose
J’ai voulu en savoir plus sur artiste talentueux.

« John, d’où vient ce nom qui, malgré votre naissance, ne fait pas très « cannois » ?
 (Il rit) Effectivement, il est américain pour le prénom et hébreux pour le nom.
D’où vous vient cet amour de la musique ?
Mes parents étaient mélomanes et j’écoutais beaucoup de musique grâce à eux. Mais j’ai eu le coup de foudre pour le Requiem de Mozart  à en devenir schizophrène. A tel point que je jouais à être Mozart !
Du coup je suis entré au conservatoire de Nice où, je me suis partagé entre violon et piano durant trois ans et où j’ai eu le prix. J’ai fait mes études de piano au Conservatoire National Supérieur de Paris où j’ai eu mon master J’ai commencé très vite à composer pour un trio avec piano à cordes. D’ailleurs lorsque je compose je suis synesthésique…
C’est-à-dire ?
Pour moi, chaque note, chaque instrument porte une couleur. La musique de Scriabine est pour moi quelque chose d’obsessionnel et de très coloré. Elle me fait voir beaucoup de couleurs car c’est pour moi elle est mystique, poétique, addictive, explosive… Narcotique et hypnotique ! D’où le titre de l’album « Opium » consacré à 4 sonates des plus emblématiques sous le label Scala Music. C’est vraiment une musique qui me transporte.
La découvrir a été un énorme choc, ça a nourri mon imaginaire. Ces sonates, cela commence en douceur, très romantique, comme un rêve contemplatif et peu à peu ça va crescendo, de plus en plus vite,  à la huitième ça devient très cosmique, c’est même diabolique !

Ce qui est fou, c’est que votre premier prix, vous l’avez remporté au concours international… Scriabine !
Oui, j’étais très jeune, et j’avais découvert le compositeur vers 18/20 ans. De ce jour j’ai alors délaissé les autres compositeurs que je jouais.  Il a cette âme russe romantique dans laquelle je me reconnais.
Vous avez eu de beaux professeurs au conservatoire national de Paris et vous avez déjà joué avec les grands.
Oui, j’ai eu la chance d’avoir Bruno Rigutto, Misha Katz, Igor Lazko, Denis Pascal, Franck Braley. Et j’ai joué sous la direction de Philippe Bender et Jean-Jacques Kantorov…
Vous êtes aussi allé jouer à Rome et au festival de musique de film. En avez-vous composé ?
Alors, j’ai joué au Palais Farnèse de Rome où j’ai été invité par l’Ambassadeur d’Italie. Puis en Sacile pour un festival de pianos prestigieux. C’était à la Grande Fabrique Fazioli où j’ai rencontré son créateur Paolo Fazioli qui m’a dit qu’il n’avait  jamais entendu un aussi bon pianiste depuis Trifonov. J’ai tes ses pianos devant lui pour en choisir un lors d’un concert. Quant au festival du film en question il s’est déroulé à Lambersart. C’est un festival de musiques de films muets et j’ai joué sur « A film Johnny » de Charlie Chaplin devant son petit-fils
Une belle rencontre.
Oui mais j’ai aussi rencontré le petit-fils de Rachmaninov…
Racontez
Etant cannois je suis allé au festival de Cannes, invité par un producteur qui devait faire un film sur ce compositeur. Il était accompagné du petit-fils de Rachmaninov et il m’avait proposé de jouer le compositeur jeune aux côtés d’Adrian Brody qui devait jouer le compositeur adulte. Le film ne s’est jamais fait mais j’ai eu le plaisir de rencontrer son petit-fils. D’ailleurs, je serai le 25 mai à la Scala de Paris pour « Opium » et un concerto de Rachmaninov sur le thème de Paganini, quoique tous deux de la même époque mais de tempéraments très différents.
Ce sera une version inédite pour piano et percussions avec Pierre-Olivier Schmitt.

Vous avez été invité dans nombre de festivals. Et obtenu de nombreux prix…
Oui, j’ai cette chance et je suis ambassadeur de la Fondation Banque Populaire. Et j’ai été invité dans de nombreux festivals.
Mon prochain concert sera le jeudi 3 avril à la Scala Provence d’Avignon. J’y interprèterai des extraits d »Opium » « La pensée des morts » de Liszt, la sonate N°5 de Scriabine et « Alborada del gracioso » de Ravel.
Des projets ?
Oui, mon second album « Mémento » dédié à Schubert avec David Moreau, toujours chez Scala Music John gade déjà un immense pianiste… Peut-être le verrons-nous un jour au festival « La Vague Classique » de Six-Fours ?
Jacques Brachet

Christiane BROUSSARD, peintre et aujourd’hui auteure

Christiane Broussard a gagné, année après année, la maîtrise de sa passion, de son art.
Cette artiste originale seynoise a su s’imposer dans un métier d’autant moins facile qu’elle est une femme et aujourd’hui, nombre de lieux et de galerie la demandent.
Comme cette belle exposition qui vient de se dérouler à l’Office de Tourisme de la Seyne où la galerie ne s’est pas désemplie durant toute l’exposition.
En toute discrétion, elle est passée de l’impressionnisme à l’expressionniste et jusqu’à l’art abstrait, tout en gardant en fil rouge, la terre, la mer de sa région varoise.
Digne fille de son père, le peintre provençal Constant, c’est toute petite qu’elle le suivait dans ses ballades pour trouver le paysage idéal et c’est tout naturellement qu’elle s’est retrouvée un pinceau à la main, tout en étant dans l’enseignement.

Aujourd’hui elle vit de sa peinture et sait avec un plaisir et une maestria, assembler les couleurs, quelquefois violentes mais quelquefois tout en camaïeux de bleus ou de gris. On y sent souvent le soleil et la sérénité et de la sérénité, il lui en a fallu en ces jours où la maladie l’a atteinte de plein fouet. Ça ne l’a jamais incitée à baisser les bras. Elle a continué de peindre, même si l’on sent dans ses dernières toiles, un changement de ton, d’approcher son art.
Et durant les pires moments où elle ne pouvait plus peindre, elle s’est mise à écrire.
Petite-fille d’Italiens qui, comme beaucoup, ont dû fuir Mussolini et ses chemises noires, c’est vers la France, proche de l’Italie et près de la Méditerranée qu’ils émigrèrent.
On le sait, ce ne fut pas facile, comme tout émigré, quel qu’il soit, de quitter leur terre, d’arriver dans un pays où ils ne parlent pas la langue, où on ne les attend pas, pire, où on n’en veut pas.
C’est cette épopée qu’elle nous raconte dans ce livre intitulé « Ardéa et Constant » prénom de ses grands-parents, en mémoire de ce couple qu’elle a chéri et qui a su donner à sa descendance, l’amour du prochain, l’amour du travail, en remerciement à cette terre qui les a accueillis : la France.
Ce livre, édité à compte d’auteur, raconte cette saga familiale, l’une parmi tant d’autres, dont elle a aussi voulu garder la trace pour ses enfants et petits-enfants.

Elle a pris goût à l’écriture et m’assure qu’il y aura une suite, ne serait-ce que pour parler de l’œuvre de son père qui lui a transmis cet amour de l’art.
Christiane, c’est l’amour à fleur de peau. L’amour de la peinture, l’amour des autres, et malgré tout l’amour de la vie.


Jacques Brachet