Article mis en avant

AGENDA JUILLET 2025
nous avons électionné pour vous

Guillaume GIOVANETTI & Çağla ZENCIRCIen toute confidence
ZiIZE – GIGI… Rencontre avé l’assent !
Paul LAY et ses complices… Du grand art !

NUMEROS UTILES
AIX-en-PROVENCE
LE JEU DE PAUME : 04.42.99.12.00 – jeudepaume@lestheatres.netwww.lestheatres.net
AUBAGNE
THEÂTRE COMEDIA : 04.42.18.19.88 – comedia.aubagne.fr
BANDOL
Théâtre Jules Verne : 04 94 29 22 70
BRIANCON
THEÂTRE LA CADRAN : 04.92.25.52.52 – theatre-le-cadran@wanadoo.fr
CANNES
PALAIS DES FESTIVALS : 04.92.99.33.83 – sortiracannes@palaisdesfestivals.com
DRAGUIGNAN
THEÂTRE en DRACENIE : 04.94.50.59.59 – www.theatresendracenie.com
GAP
LA PASSERELLE : 04.92.52.52.52 – info@theatre-la-passerelle.com
GRASSE
THEÂTRE DE GRASSE : 04.93.40.53.00 – www.theatredegrasse.cominfo@theatredegrasse.com
HYERES
CASINO DES PALMIERS : 04.94.00.78.80 – www.ville-hyeres.fr
LA CIOTAT
LA CHAUDRONNERIE : 09 70 25 20 00 – lachaudronnerie-laciotat.com
LA GARDE
LE ROCHER – 04.94.03.58.62 – le-rocher@ville-lagarde.frwww.ville-lagarde.fr
LA SEYNE-sur-MER
7ème VAGUE – 04.94.06.02.52 – cafetheatre7vague@gmail.com
LA VALETTE
THEÂTRE MARELIOS – ESPACE PIERRE BEL – LA TOMATE – CINEMA HENRI VERNEUIL –
ESPACE ALBERT CAMUS : 04.94.23.62.06 – culture@lavalatte83.frwww.lavalette83.fr
LE CANNET
La Palestre : 04 93 46 48 88
LE PRADET
ESPACE DES ARTS : 04.94.01.77.34 – culture@le-pradet.fr
MARSEILLE
CITE DE LA MUSIQUE : 04.91.39.28.28 – www.citemusique-marseille.com
LA CRIEE : 04.91.54.70.54 – www.theatre-lacriee.com
LE GYMNASE : 04.91.24.35.24 – gymnase@lestheatres.netwww.lestheatres.net
LE GYPTIS : 04.91.11.41.50 – www.theatregyptis.com
ODEON : 04 96 12 52 74   – www.contact-odeon@marseille.fr
OPERA : 04 91 55.11.10 – www.opera.marseille.fr
THEÂTRE DE LENCHE   – MINI-THEÂTRE DU PANIER : 04.91.91.52.22 – lenche@wanadoo.frwww.theatredelenche.info
LE SILO : 04 91 90 00 00 – www.lesilo-marseille.fr
THEÂTRE TOURSKY : 04.91.02.58.35 – www.toursky.org
NICE
NIKAÏA : 04 92 29 31 29 – www.nikaia.fr
PALAIS DE LA MEDITERRANEE : 04 92 14 77 00
THEÂTRE LINO VENTURA : 04 97 00 10 70
THEÂTRE FRANCIS GAG – 04 94 00 78 50 – theatre-francis-gag.org – theatre.fgag@ville-nice.fr
OLLIOULES
CHÂTEAUVALLON : 04.94.22.02.02 – www.chateauvallon.com
SANARY
CASINO DU COLOMBET : 04 94 88 52 10 – service-culturel@casino-sanary-sur-mer.fr
THEÂTRE GALLI : 04.94.88.53.90 – www.sanarysurmer.com
SIX-FOURS
ESPACE MALRAUX : 04 94 74 77 79 – www.espace-malraux.fr
TOULON
LE COLBERT : 04 94 64 01 58 – www.lecolbert.fr
OPERA : 04.94.93.03.76 – operadetoulon@tpmed.org
PALAIS NEPTUNE : 04.98.00.83.83 – info@congresneptune.com
THEÂTRE LIBERTE : 04 98 00 56 76 – www.theatre-liberte.fr
ZENITH-OMEGA : 04.72.32.09.29 – appel@appelspectacles.com

Villa Simone : Paul LAY et ses complices… Du grand art !

Villa Simone : Paul LAY et ses complices… Du grand art ! Tout commence par une mélopée aux accents irlandais, chantée d’une voix cristalline par Isabelle Sorling, accompagnée du pianiste Paul Lay qui effleure les touches avec finesse et du contrebassiste Simon Tailleu qui rythme cette litanie. Musique étrange, voix d’ange, accentuée par la stridulation des cigales qui ont décidé de s’immiscer dans le récital.
Et l’on change de rythme avec, nous dit le pianiste, trois chansons américaines d’un autre temps, entre 1860 et 1900. Chansons d’amour, de guerre et de liberté. Le rythme a changé, entre charleston, Gershwin et Dave Brubeck, des musiques sous influence que le pianiste fait allègrement sonner.
On sent le plaisir de l’artiste qui danse sur son tabouret et voilà qu’il nous propose un moment d’anthologie avec cette « battle » qu’il nous offre avec son contrebassiste, d’une dextérité, d’une énergie, d’une intensité qui fait crier et applaudir le public. On sent toute la complicité des trois artistes qui jouent ensemble depuis onze ans. Et si Paul Lay avoue les avoir trompés avec d’autres musiciens pour d’autres aventures, ce trio demeure sa famille et il se retrouve toujours à certains moments de leur parcours
Autre instant à la fois magique et émouvant : Cette chanson qu’a composé le pianiste sur un poème d’un jeune garçon de 17 ans qui suivait ses cours en Allemagne, qui dut, par la force des choses, combattre contre ses amis et mourir dans les tranchées. Poème chanté avec une rare émotion par Isabelle Sorling. Car dans ce trio, chacun a son morceau de bravoure, soutenu par les deux autres.
Et nous voilà à la – presque – fin du concert avec ce nouveau grand moment :  « The battle of the Républic » où quand un gospel – en l’occurrence « Glory Alléluia » – devient jazzy par la voix d’Isabelle Sorling qui nous offre une performance incroyable, entre grave et aigu, entourée des deux autres musiciens. C’est du grand art !
A tel point que le public, subjugué, en redemande debout et que notre trio reviendra deux fois !


Ce fut un superbe spectacle dans ce magnifique lieu qu’est la villa Simone.
Un seul bémol : l’on nous avait placés sur le côté, le temps d’admirer durant tout le concert, le dos du pianiste ! On aurait beaucoup aimé voir les expressions de son visage, tant il y avait de jubilation dans sa façon de s’exprimer.
Mais on eut le temps de le voir de face durant l’entretien qu’il nous accorda après le spectacle… Dans  la pénombre et le chaos des chaises que l’on rempilait !« Paul, il paraît que vous avez commencé à jouer du piano à trois ans ?
(Il rit) Non ! A trois ans, mes parents m’avaient offert un petit clavier pour Noël et j’arrivais, au bout de quelques mois à jouer les chansons qu’on apprenait à l’école ! Ils se sont alors dit que je devais avoir de l’oreille et donc, au fil des ans, j’ai eu des claviers un peu plus larges. Et j’ai commencé vers mes cinq ans, des études de piano avec une prof superbe Mme Lamothe qui était dans les Landes.
Vous êtes des Landes ?
Des Pyrénées Atlantiques. Mais j’ai vécu à Mont de Marsan.
Tout de suite vous avez eu envie d’en faire votre métier ?
J’ai découvert le jazz vers 10/11 ans, et à partir de ce moment-là, grâce à mes parents qui écoutaient des musiques différentes, j’ai très vite vu que le jazz permettait d’improviser, on pouvait inventer de la musique en temps réel et j’ai compris que c’était ça que je voulais faire, que c’était la musique vers laquelle je voulais aller.
C’est incroyable, si tôt  car à cet âge on est plutôt tourné vers la variété. Y avait-il des gens autour de vous ?
Dans mon école de musique, il y avait un atelier jazz, mon prof de piano classique, qui était aussi professeur de jazz m’y a fait entrer. J’avais 11 ans et le fait de pouvoir improviser a été une révélation.

Quelles étaient alors vos influences ?
Je ne connaissais pas grand-chose, je découvrais Herbie Hancock, Miles Davis, Bill Evans, et peu à peu le fil s’est déroulé, les profs et les amis m’ont fait connaître toutes sortes de choses…
A quel moment avez-vous commencé à composer ?
Assez tôt. D’abord pour moi puis à l’adolescence. J’ai essayé de composer des choses et à les jouer avec les copains.
Quelles études avez-vous faites ?
D’abord le conservatoire de Toulouse puis je suis entré au département jazz du CNSM de Paris…
Depuis, vous avez eu un nombre incalculable de prix dont les Victoires de la Musique, L’Académie Charles Cros… et vous êtes jeune !
(Il rit) Je fais jeune mais j’ai déjà 40 ans ! Oui, je passais beaucoup de concours à l’époque, des tremplins qui aident, après, il faut accepter le temps qu’il faut pour s’insérer, que les projets mûrissent et se développent.
Parlez-moi un peu de ce trio magique avec lequel vous avez joué ce soir…
Il est né en 2013, ça fait presque douze ans, au moment où on célébrait Marseille ville culturelle européenne. Nous avons été invités par le théâtre de la Criée pour jouer un programmaeautour de Marseille, avec Isabelle qui ne parlait alors pas vraiment français.
 Nous avons repris des chansons d’Alibert, de Tino Rossi, du folklore marseillais et provençal…
On était loin du jazz !
C’était du Music-Hall venu de l’Alcazar dont on a fait un disque. Et on a beaucoup tourné avec ce répertoire. Après, pour les commémorations des cent ans du jazz à Nantes, l’on a bifurqué vers un autre répertoire en 2017.
Et le classique dans tout ça ?
J’ai commencé par le classique à l’âge de 5/6 ans mais aujourd’hui je continue pour moi. C’est une de mes grandes inspirations, une très bonne manière de continuer à étudier la musique et l’instrument. C’est une énorme source d’inspiration.
Comment sont venues les master classes que l’on peut voir sur les réseaux sociaux ?
C’est dans le cadre de la revue « Pianiste » qui n’existe plus depuis peu, destinée plutôt aux pianistes amateurs de tous niveaux, j’avais la charge  de la partie jazz. J’écrivais une composition assez simple à monter pour les lecteurs, et j’expliquais les rudiments de l’improvisation. J’ai fait ça pendant quatre ans, sur vingt-cinq à trente morceaux, pour le magazine et pour Internet.

Et vous continuez les master classes ?
Aujourd’hui je suis professeur au CNSM de Paris où j’ai intégré le corps pédagogique voici trois ans. J’enseigne aux élèves qui se professionnalisent. C’est rigolo aujourd’hui, de les voir là où j’étais il y a vingt ans ! Ils ont vingt ans, j’en ai quarante, la roue tourne !
Ici, nous vous avons vus en trio mais faites-vous des concerts solo ?
Oui, bien sûr. Demain je suis à Saint-Jamet mais selon les cas, je joue en solo, en trio. Avec celui-ci on a fait des centaines de concerts depuis douze ans. Mais je joue aussi avec d’autres trios piano-basse-batterie et je joue aussi avec orchestres. Nous avons d’ailleurs célébré les cent ans de « La rapsodie in blue » de Gerschwin avec l’orchestre de Strasbourg. Je l’ai joué aussi avec l’orchestre de Tokyo, avec le  Varsovia Symphonia de Varsovie et on va le jouer à la Roque d’Anthéron le 14 juillet.
Il y a une chose que j’apprécie sur vos disques, ce sont les pochettes toujours très belles et très originales…
C’est un travail que nous faisons ensemble avec mon photographe. Il s’appelle Sylvain Gripoix et je lui fais une entière confiance. Je lui envoie la musique du disque et je lui demande de trouver un sujet qui l’inspire. Nous nous faisons mutuellement confiance, Il me fait des propositions. Tout comme la photo des Victoires de la Musique.
Viendrez-vous un jour à des concerts classiques ?
Je n’en ai vraiment jamais fait car j’ai des collègues qui le font mille fois mieux que moi et surtout, même si j’adore ça, ça n’est pas mon mode d’expression. Pour me sentir vraiment bien sur scène, il faut que je puisse improviser. Jouer juste une sonate de Beethoven, je pourrais éventuellement le faire mais ce n’est pas là que je me sens le mieux. J’ai besoin de créer dans l’instant donc je pourrais faire de l’improvisation autour d’une œuvre de Beethoven car c’est mon élément, c’est mon univers. Mais jouer comme des concertistes,  où c’est vraiment leur univers où ils trouvent leur forme de liberté dans l’interprétation, ce n’est pas ce que j’aime. Moi, j’ai besoin de changer, de créer, de travailler la matière.

Et dans ce concert de ce soir, il y a donc de l’impro ?
A 90% ! Il y a juste la mélodie, qui est en fait une partition sommaire de trente secondes et l’on crée tout autour.
Et vos musiciens arrivent à suivre ?
Oui mais ça se travaille, c’est le fruit du mûrissement de dizaines d’années d’études mais l’improvisation se repose sur des codes, sur un langage, sur une histoire, sur un héritage qu’il faut connaître, appréhender, assimiler et ensuite on comprend les règles du jeu et on se fait mutuellement confiance. Pour ce que vous appelez « la battle », c’est complètement improvisé, on ne sait jamais ce qu’on va faire dix secondes après. On se retrouve sur le rythme, sur le tempo. L’une des particularités du jazz c’est le swing, une manière de scander le rythme, de vivre la pulsation corporellement et c’est ça qui nous rassemble.
Alors, le prochain disque ?
Ce sera en mars prochain, avec un magnifique chœur toulousain de dix-sept choristes dirigé par Joël Subiet, « Les Eléments » et un trio piano-basse-batterie. J’ai j’ai écrit une heure de musique sur le thème de la lumière, sur des poèmes de Victor Hugo,  d’Emilie Dickinson,  de Pablo Néruda. On reprend aussi des œuvres de Bach, de Purcell. Il s’intitulera « Waves of light » (Vagues de lumière). Puis nous emmènerons le concert en tournée en mars et en juin ».

Propos recueillis par Jacques Brachet

 Çağla ZENCINI & Guillaume GIOVANETTI
en toute confidence en toute confidence

Arzu est une jeune femme en instance de divorce, son mari voulant lui enlever la garde de son fils.
Pour vivre, elle travaille dans un call center érotique à Istanbul quand un séisme survient. Elle est alors appelée par un jeune garçon bloqué sous des décombres, qui demande de l’aide. Elle va tout faire alors pour le sauver, en appelant le procureur, plus que douteux et va se retrouver dans une spirale infernale où elle-même risque sa vie.
Le film est un huis clos, une sorte de thriller à la Hitchcock, oppressant, plein de dangers et de coups de théâtre dans lequel la jeune téléphoniste va de charybde en scylla, prenant de véritables risques pour sauver le gamin, risquant même sa peau, ne sachant pas dans quel guêpier elle s’est mise.
Jusqu’à la dernière image de ce film intitulé « Confidente », est suspendu à l’histoire. Les plans serrés ajoutent à l’angoisse suffocante de cette femme enfermée dans cette pièce. Angoisse que les réalisateurs nous communiquent. Les regards de cette femme qui a, à la fois, une peur immense mais un courage incroyable sont d’une grande intensité.
C’est un film signé d’un couple franco-turc : Guillaume Giovanetti et Çağla Zencirci . La comédienne Saadet. Aksoy y fait une performance digne de la grande et belle actrice qu’elle est.
Un film inattendu, hors du commun alors que l’action se passe entre une femme et un téléphone, ce qui pourrait d’ailleurs être une pièce de théâtre mais dont les réalisateurs ont fait un vrai film d’angoisse.
Sortis de la projection avec peine, tant on a le souffle coupé, l’on retrouve nos deux réalisateurs, beaux et souriants comme si de rien n’était !
Ils en sont à leur quatrième film et à leur quatrième visite au Six N’Etoiles grâce à Noémie Dumas, la directrice et Pascale Parodi, présidente de « Lumière(s) du Sud, avec qui ils sont devenus complices et amis.

« D’ailleurs – nous dit Guillaume en riant – nous avons signé pour les dix prochains films ! »
Après nous être remis de la projection, j’ai aussitôt pensé à Hitchcock !
Guillaume : C’est flatteur mais vous savez, ça fait partie de notre cinéphilie, ce sont des codes que nous avons intégré, c’est plus ou moins en nous, ces grands films. Ce n’est évidemment pas forcément conscient lorsqu’on écrit un film mais c’est quelque part dans nos neurones.
Avant de parler du film, parlons de vous…
Çağla : C’est notre quatrième film de fiction et tous sont sortis en France. Après, c’est vrai que nous venons du documentaire, nous avons aussi fait des courts métrages de fiction. Notre premier long métrage date de 2012, il a été présenté à Cannes… Et déjà à Six-Fours !
Et depuis, nous avons un pacte de fidélité avec le Six N’Etoiles !
Dans votre cas comment, un Français rencontre une Turque ?
Guillaume : Nous nous sommes rencontrés en Turquie en 2001 dans un lieu complètement improbable : l’ambassade de France. Elle y travaillait et moi je suis venu pour faire un stage dans le cadre de mes études. Nous voulions laisser tomber ce qu’on faisait et choisir une autre voie. Après moult rebondissements, comme dans le film, nous avons décidé d’essayer de faire des films.
Comment êtes-vous venus au cinéma ?
Çağla : Il est ingénieur, je suis économiste, donc loin du cinéma. C’est lui qui m’a dit de venir en France faire du cinéma. J’étais dubitative car pour moi, le cinéma était un vrai métier et nous en étions loin.
Guillaume : Il faut dire qu’avant j’avais développé une cinéphilie et elle avait chez elle une montagne de cassettes de films.
Commençant par des documentaires, qu’est-ce qui vous a poussés à la fiction ?
Çağla  : Lorsqu’on fait des documentaires, on prétend qu’on montre la réalité mais à partir du moment où on pose la caméra, les gens changent et ça change la réalité. Du coup nous avons commencé à faire de la mise en scène. Alors… Pourquoi ne pas faire de la fiction ?
Guillaume : C’est une évolution continue. On commence à faire de la docu et on se rend compte qu’on fait un peu de mise en scène. Du coup, on commence à leur écrire un rôle… Et on finit à faire de la « fiction sincère » !
Ce film, « Confidente », est en fait un huis clos qui pourrait faire l’objet d’une pièce de théâtre !
C’est vrai. D’ailleurs on a le droit d’adaptation mais, n’étant pas metteurs en scène de théâtre, pourquoi pas, si cela intéresse quelqu’un ?
Votre comédienne, Saadet Askoy, est exceptionnelle ! Comment est-elle venue sur ce film ?
Caslar : Nous la connaissions depuis longtemps et nous avions envie de travailler avec elle. Nous n’en avions pas eu l’occasion. Il faut savoir que nous travaillons pour les acteurs, avec leur visage en tête. Déjà, nous voulions travailler avec elle pour notre précédent film « Sibel ». Ça n’a pas pu se faire. Pour ce projet, nous l’avons contactée, elle a voulu lire le scénario et tout de suite elle nous a dit : « Ce film est pour moi » !

Vous avez bien fait. Elle a un talent fou et en plus elle est belle alors qu’elle est peu mise en valeur.
 Çağla : Elle n’a aucun maquillage, pas même un fond de teint !
C’est vous deux qui avez écrit le scénario ?
Guillaume : Oui. Contrairement à nos films précédents, là nous sommes dans la fiction. La seule dimension véritable, c’est la date du tremblement de terre qui a eu lieu à Istanbul mais tout ce que l’on brode autour a été provoqué par le fait qu’il y a deux ans, il y a eu un autre terrible tremblement de terre dans le sud-est de la Turquie. Caslar y était alors, pas moi, et elle a donc vu les échos malheureux des conséquences, des dégâts matériels et humains et de tout ce qui s’est socialement passé après. L’histoire se répétait de façon identique 25 ans après.
C’est ce qui vous donné l’idée de départ de ce film ?
Guillaume : Oui, nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire en tant que cinéastes. Nous avons décidé de prendre ce sujet à bras le corps et de révéler certains nombres de choses. Nous avons donc pensé  raconter l’histoire du tremblement de terre de 2023 en le plaçant en 1999.
Le départ du film est un peu glauque puisque Arzu parle au téléphone avec des types qui sont, soit détraqués, soit grossiers, avec des mots très crus et violents et peu à peu, chaque coup de fil qu’elle reçoit va l’amener un peu plus loin dans ce drame
Guillaume : Notre but au départ n’était pas de montrer les horreurs du tremblement de terre. On aurait pu montrer beaucoup de choses mais on a décidé de tout garder dans le hors champ en faisant un huis clos. On s’est souvenu que dans les années 90, les hot line téléphoniques érotiques étaient extrêmement populaires en Turquie. Nous nous sommes beaucoup documentés pour être pertinents et à partir de là, il fallait garder l’attention des spectateurs. Il fallait une écriture très ténue, avec beaucoup de rebondissements, avec un montage qui suivait ce rythme-là.
Çağla : En faisant des recherches, sur ces hot line, nous avons eu des témoignages des personnes qui avaient pratiqué ça à l’époque et elles disaient toutes : « Nous, nous connaissons tout le pire de l’humanité », d’autant que les appels étant anonymes, elles recevaient tous les désirs cachés, les frustrations, les rancœurs, les dépressions… Et nous avons quand même pensé qu’en dehors de l’histoire, on parlait de femmes qui ont vécu ça durant vingt ans et ça a dû faire un effet psychologique sur elles.
Là, elle est prise entre ce fils que le père veut lui enlever et ce jeune homme qui appelle au secours sous les décombres… Et qui n’est en fait pas si sympa que ça.
Guillaume : Chaque fois qu’on choisit un personnage, ce qui nous intéresse c’est qu’il soit complexe. S’il est négatif au départ, on se rend compte qu’il n’y a pas que du mauvais en lui et inversement. Lorsqu’on creuse un peu, chaque personnage va avoir une double facette. Arzu elle-même est dans une double facette. Et les femmes qui sont au téléphone, on s’est rendu compte qu’elles étaient pour la plupart marginalisées dans leur vie sociale pour des tas de raisons et qui sont à la fois dominantes et dominées par la force des choses.
Arzu est un personnage très très fort car elle est à la fois désespérée mais aussi d’une force et d’un courage rares… A chaque fois qu’arrive un événement, on reste en haleine…
Guillaume : Ce qui a été intéressant lorsqu’on a commencé à créer le scénario, et même après, c’est qu’on s’est documenté sur les autres films de ce genre, qui mettaient des gens dans des huis clos mais tous les protagonistes étaient des hommes et nous avons voulu aller vers un personnage féminin qui arrive à trouver sa force, sa voie. C’est drôle d’ailleurs que nous nous en soyons rends compte après coup. Naturellement nous sommes allés vers un personnage féminin parce que nous trouvions qu’il ouvrait la voie à d’autres possibilités.

Alors, chose surprenante, le film est tourné en Turquie, parlé en turc et le générique est chanté par une chanteuse française !
Guillaume : (Rires) Nous aussi ça nous a surpris !
Çağla : En fait, nous voulions terminer le film par du hard rock car à l’époque il y avait une montée de groupes hard rock et même de groupes féminins. Donc je pensais à elles pour terminer le film avec des guitares et des batteries. Un jour, alors qu’on travaillait, on écoutait la radio lorsqu’on a entendu « Douce » qui porte bien son nom tant qu’on n’écoute pas les paroles qui sont très fortes, d’une grande violence et alors on s’est dit que c’était ça qu’on devait mettre. Mais lorsqu’on a décidé de contacter Clara Ysé qui a écrit et chante la chanson, elle obtenait la Victoire de la Musique. On s’est alors dit qu’on ne l’aurait jamais. Et elle a dit oui. C’est une chanteuse très généreuse et la prod a été très sympa.
Guillaume : Nous aimons travailler par contraste. Le film est un thriller hyper rythmé et d’un coup il y a cette douceur, agréable musicalement mais au niveau du sens c’est ce dont on avait besoin.
Le film a été tourné à quel endroit ?
Çağla : A Ankara, dans la maison secondaire de mes parents. Après le décès de mon père, ma mère ne voulait pas y retourner. La maison était vide, j’ai demandé à ma mère de pouvoir l’utiliser. Elle a dit oui à condition de lire le scénario. Vu le sujet on s’est senti un peu mal à l’aise.
Mais elle a dit oui. On commence à faire tomber un mur pour agrandir l’espace et la voilà qui arrive. Elle me dit alors : « Je n’avais pas pensé à ça… Alors je veux être là tous les jours ! »
Je lui dis que le seul moyen d’être là est de jouer dans le film. Du coup, ma mère, ma tante, leurs meilleures amies, les copines de mon frère sont venues jouer les opératrice du hot line !!!

Elles n’étaient pas choquées de dire ce dialogue ?
Guillaume : Au contraire de ce qu’on pensait ! Nous, nous adorons travailler avec des non-comédiens mais là, vu le sujet, on avait un peu peur de leurs réactions. Et pourtant elles ont joué le jeu… Elles ont même inventé des dialogues et elles ont été extrêmement créatives !!! Elles se sont données à fond tout en tricotant !
Même Saadet trouvait que le dialogue « Pouvait mieux faire », elle a trouvé des personnes qui faisaient du sado-maso et elle a chopé leurs dialogues !
Alors que le sujet ne s’y prêtait pas du tout, on a tourné dans une atmosphère familiale. Certaines femmes venaient avec leurs petits enfants qu’on faisait sortir pour le tournage.
Vous êtes donc un couple, et donc vous travaillez ensemble. Comment ça se passe ?
Çağla, étant un couple dans la vie, notre travail se déroule vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble. On s’engueule beaucoup mais ce qui nous aide, c’est que nous n’avons pas fait d’études de cinéma, nous avons appris ensemble à écrire, tourner, monter  et toutes ces capacités, nous les avons développées ensemble. Nous sommes totalement complémentaires et nous ne pouvons rien faire l’un sans l’autre.
Guillaume : Et ça fait vingt-trois ans que ça dure ! »

Magnifique couple qui nous offre un film qui nous tient en haleine jusqu’au bout… Et ce n’est pas fini, tant ils cogitent plein de projets, dont trois sont sur la table : le premier est un film d’art martial de genre et d’auteur dont le rôle principal sera tenu par une athlète de Kung Fu qui va essayer de transmettre le calme et la philosophie aux femmes, pour leur permettre de se reconstruire. Le second est une tentative de long métrage à partir du court métrage tourné il y a dix ans sur un ouïghour s’est enfui en France refaire sa vie, aidé par un chinois de Hong Kong. C’est un thriller géopolitique. Le troisième projet se passe en Corée du Sud, une quête historique d’une jeune femme turque qui vient rechercher les traces de son grand-père supposé mort.
Trois films, trois voyages, trois histoires très différentes qui vont encore les mener à voyager… Mais qui feront escale à Six-Fours pour chacun, promis !
Alors… A bientôt !

Propos recueillis par Jacques Brachet

Justine, responsable de la communication et Noémie Dumas directrice du Six N’Etoiles, Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti, les réalisateurs, Pascale Parodi, présidente de « Lumière(s) du Sud





ZIZE-GIGI… Rencontre avé l’assent !

Deux pseudos très courts : Zize et Gigi.
Zize, c’est Thierry Wilson, garçon discret s’il en est qui, sous sa perruque à la Marilyn Monroe, possède la gouaille et l’accent qui viennent du quartier du Panier à Marseille.
Gigi, c’est Ghislaine Lesept, Toulonnaise bon teint qui appelle un chat un chat, qui a fière allure et mène son théâtre de la Porte d’Italie avec sa force tranquille.
Toutes deux, malgré leur accent à couper au couteau, ont créé un personnage haut en couleur dans des « seule en scène » plein de drôlerie, d’humour, d’énergie et chacune est devenue comédienne dans des pièces qui ont fait rire des salles pleines à craquer.
Les voilà réunie, Gigi recevant Zize pour son nouveau spectacle,  dans son théâtre toulonnais.
Entre les deux c’est une belle complicité. Zize, en dehors de Marseille, a démarré à Toulon, invitée par Gigi et une amitié est née. Et même, alors qu’elle remplit de grandes salles, elle revient toujours à la Porte d’Italie. La voici donc pour tester son nouveau spectacle de la rentrée, qui sera le quatrième et qui s’intitule « Irrézizetible » !
Et ce nom est on ne peut plus judicieux tant Zize y est à la fois drôle, acerbe, coléreuse, d’autant qu’elle a le mimosa qui s’est déclenche (comprendre : la ménopause !), que son mari, qui a découvert le viagra, la perturbe en pleine nuit, après avoir recommencé à se laver,  qu’ayant un oignon au pied elle va voir un médecin qui va s’occuper d’un autre oignon. Normal, elle tombe sur le beau docteur Simon Labitte, qui habite rue Escartefigues et qui est… gynécologue ! Elle va sur un ehpad, au lieu d’un IPad, pour se chercher un mec, voudrait passer à la chirurgie esthétique mais après avoir vu quelques stars défigurées, elle change d’avis.
Mais le comble c’est lorsque son fils lui annonce qu’elle va devenir mémé !
Bref, tout le spectacle est de cette veine et l’on sort de là avec les zygomatiques en compote !
Après avoir reçu tous ses fans, qui sont de plus en plus nombreux, nous nous retrouvons dans l’intimité de la loge avec mes deux complices amies (ou amis !) pour une conversation croisée.

« C’est la première fois que je vous rencontre toutes les deux et ça fait pourtant des années que vous vous connaissez !
Zize : Oui, je jouais à Marseille sur le vieux port, c’étaient mes tous débuts, je n’avais jamais joué ailleurs. Gisèle est venue voir mon spectacle et m’a proposé de venir jouer à la Porte d’Italie. C’était pour le réveillon de la Saint-Sylvestre.
Gigi : Et elle a joué quatre fois à guichets fermés !
Et aujourd’hui tu joues dans de plus grandes salles !
Tu sais, j’ai commencé dans des cabarets, dans des salles minuscules et je n’ai aucun problème avec ça. Il y a trois mois, j’ai joué au Dôme de Marseille devant 4.000 spectateurs, c’était magique, le lendemain je jouais à côté de Lille devant une salle de 90 personnes.
Vous avez plein de points communs. Vous êtes méridionales, vous avez gardé l’accent…
Zize : Oui, et ce n’était pas gagné au départ…
Gigi : C’est vrai car avec nos accents, sortir de la région ce n’est pas si facile que ça.
C’est encore un problème aujourd’hui ?
Zize : Oui mais je pense que le rejet ne vient pas du public. Il vient des programmateurs, des organisateurs et surtout ceux de la télé qui pensent toujours que ce n’est pas vendeur, pas commercial. Un exemple : de  tous les comédiens de la série « Plus belle la vie », il n’y en a pas un qui ait l’accent… Et ça se passe à Marseille ! D’ailleurs, la production m’a contacté et veut que je gomme mon accent ! C’est hors de question et dans ce cas je ne le ferai jamais. On me prend comme je suis ou on me laisse !
Et toi, Gigi, tu as eu le même problème ?
Eh bé, mon plus gros carton, je l’ai fait à Lille !!! Le public était mort de rire et j’ai été surprise. Ce qui veut dire que le public accepte – mieux – aime les accents car tout le monde a un accent. Et puis, il fait partie du spectacle, que ce soit un one woman show ou une pièce de théâtre.
Zize : Gigi a raison. L’un des premiers spectacles que j’ai fait c’est la fête du poisson à Boulogne sur mer !  Et ils ont adoré mon accent. Mais partout où on va, on aime notre accent. En plus, ça fait partie de notre personnalité, du personnage qu’on a créé. D’ailleurs, quelquefois, après le spectacle, les gens sont surpris que mon accent ne soit pas le même mais alors je lui parle normalement avec ma voix et mon accent !
Autre point commun…
Zize : La fidélité !
Ça c’est sûr, mais du « Seule en scène », vous êtes passée au théâtre.
Gigi : C’est très différent, c’est beaucoup plus stressant lorsqu’on est seule sur scène et c’est peut-être plus gratifiant. Mais au théâtre, j’ai la chance d’avoir de bons partenaires, c’est une équipe, une famille qui se forme. Et puis moi, j’ai toujours alterné les genres.
Zize : Jouer avec quelqu’un, c’est magique lorsqu’on s’entend formidablement bien. Avec Didier Constant on s’amusait beaucoup, ça a été une très belle expérience mais pourtant, je ne sais pas si je le referais…

Pourquoi ?
Parce que je suis très bien seul sur scène, je m’amuse beaucoup, je suis libre de faire ce que je veux, il n’y a pas d’obligations comme la mise en scène, les déplacements, les entrées et les sorties… Le théâtre, c’est la course, sans compter qu’il avait le décor, un escalier, quatre changements de costume, c’était énorme, il y avait deux personnes en coulisses pour nous aider. Et on était suivi par un camion avec le décor à monter. Alors que là, on arrive avec le régisseur et un décor tout simple. Ça coûtait beaucoup d’argent même si tous les soirs c’était magique. On a fait plus de trente représentations à guichets fermés
Et toi Gigi ?
Moi ça me plait bien d’alterner les deux. Le problème, comme le dit Zize, c’est qu’au théâtre, le décor, les comédiens, ça coûte de l’argent et comme je ne veux pas payer les artistes au rabais, automatiquement ça revient très cher par rapport au one woman show. De plus, j’aime écrire des pièces. Mais c’est  financièrement c’est différent !
Zize : Il faut dire que les producteurs cherchent la rentabilité. Soit ils prennent un grand nom comme Josiane Balasko ou un chanteur connu, mais lorsqu’on prend un de ces artistes, on éponge tout le budget et il ne reste plus grand-chose pour les autres.
Du coup, le retour sur scène pour les deux, c’est solo !
Zize : Oui, je me sens bien seul. Peut-être qu’un jour je repiquerai au jeu. D’autant qu’on me propose beaucoup de choses. Entre autres on m’a proposé de mettre en scène une pièce avec Chantal Ladesou, et bien sûr, ce projet me plaît mais pour l’instant je préfère me concentrer sur ce quatrième volet des aventures de Zize.

Et toi Gigi ?
Je suis en train d’écrire et au départ, je ne savais pas si j’allais écrire une pièce ou un seule en scène car il y a plusieurs personnages qui interviennent. Mais peu à peu, ça s’est imposé à moi, d’abord parce qu’avec tous ces personnages, ce n’était pas viable financièrement. Alors j’ai décidé d’interpréter tous  les personnages, ce qui n’est pas si facile car à chaque fois, il faut changer de voix, de ton, afin que le public comprenne quel est le personnage que j’interprète.
Donc Zize, toi, tu continues tes aventures…
Déjà dans « La famille Mamma mia, Zize en avait un peu marre de son mari et avait tendance à un peu s’oublier. Là, elle n’a plus confiance en elle, elle a vieilli, elle a ce problème de mimosa, la ménopause étant une remise en question pour une femme et le coup de grâce, c’est qu’elle va être « mémé »…
Gigi : En fait, toi comme moi, nous parlons de choses qui concernent tout le monde !
Zize : Oui, hier soir une spectatrice m’a avoué : « Ce que vous dites à votre fils, j’ai eu envie de le dire à mes enfants »
Et toi, Gigi, ton spectacle ?
Il s’intitule « Il n’y a pas quele sapin qui a les boules » ! Je suis la secrétaire du docteur Barbaque qui doit faire patienter les gens car il est parti sur une urgence. Le lendemain il y a un repas de famille à qui je vais raconter l’histoire à ma sœur qui est c.. comme un balais, mon frère qui a l’énergie d’une limace en fin de vie, sa femme qui est une bimbo, qui a un fils gay dont je suis la marraine, la grand-mère avec un accent pied noir, dont le mari qui vient d’avoir un AVC… Bref, une famille Mamma mia à ma façon ! »
Voilà. Les deux amis-amies se sont retrouvé(e)s et je suis heureux, alors que je les ai souvent rencontrées seules, d’avoir les deux complices face à moi. Ça a été un vrai grand plaisir. Et on les retrouvera à la rentrée dans leur nouveau spectacle… On s’en délecte d’avance ! Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Nice : « Une journée à l’Opéra »

Etienne Guiol transforme l’Opéra de Nice en expérience immersive et sensorielle
Une performance à découvrir du 5 juillet au 31 août 2025.
L’artiste vidéaste Etienne Guiol signe cet été une nouvelle œuvre immersive monumentale. Inédite et novatrice, « Une journée à l’Opéra » incarne la première expérience immersive à 360° dans un Opéra.
Son ambition ? Réinventer les codes de l’Opéra, institution souvent perçue comme élitiste ou intimidante.
« Une journée à l’Opéra » est une œuvre originale, audacieuse et fédératrice qui donne à l’Opéra un nouveau souffle, et invite le grand public à franchir ses portes.
L’Opéra Nice Côte d’Azur, choisi pour son cadre exceptionnel, à la fois chargé d’histoire et propice à l’innovation, accueillera cet été « Une journée à l’Opéra » et dévoilera tout son potentiel émotionnel et sensoriel.
Un voyage onirique de 45 minutes
Artiste pluridisciplinaire, Etienne Guiol a fait partie de l’équipe artistique des cérémonies des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. On lui doit notamment la grande fresque des sports olympiques projetée sur le Pont d’Austerlitz ainsi que la création de la vidéo immersive présentée à l’ouverture des Jeux Paralympiques. Il est également l’auteur des sculptures des huit femmes célèbres surgissant des eaux.
Alliant vidéo-projection et musique, la performance immersive « Une journée à l’Opéra » entraîne le spectateur dans un voyage onirique de 45 minutes. Plongé dans le décor majestueux de l’Opéra Nice Côte d’Azur et dans l’univers fantastique de la création lyrique, il vit une expérience vibrante et puissante qui ne le laissera pas indemne…

Dialogue entre technologie et émotion
Dans ce dialogue subtil entre tradition et modernité, technologie et émotion, Etienne
Guiol expose une nouvelle vision de l’Opéra, celle d’un lieu plus accessible, plus libre, où l’on ne vient plus chuchoter mais ressentir et vivre !
Une expérience unique, qui révèle sous un jour inédit un des joyaux du patrimoine français et invite petits et grands, amateurs d’art et néophytes, à se laisser surprendre par l’Opéra.
L’œuvre d’Etienne Guiol vient ouvrir la saison 2025-26 de l’Opéra Nice Côte d’Azur.
Intitulée “Libre d’esprits” et portée par son Directeur Général, Bertrand Rossi, elle incarne la vision d’un opéra ouvert à tous et toutes, et plein de surprises.
Etienne Guiol
« Animer c’est donner du mouvement à un objet, mais c’est aussi lui donner la
vie, l’anima, le souffle vital en latin. J’ai eu la chance de travailler avec les plus grandes scènes lyriques comme l’Opéra National de Paris, la Scala de Milan, le Bolchoï, le Teatro la Fenice…et si je considère que l’Opéra est un lieu absolument merveilleux, je regrette qu’il soit considéré comme élitiste aujourd’hui. Autrefois c’était un lieu très populaire.
Mon objectif avec « Une journée à l’Opéra » est de donner au public l’envie de le découvrir, ou le redécouvrir autrement. »
Bertrand Rossi, Directeur de l’Opéra de Nice
« L’Opéra de Nice a un potentiel immense. Ma priorité est de le hisser au niveau européen en misant sur l’ouverture, l’audace, la co-production et l’innovation. Je veux une programmation exigeante, lisible et ouverte à la société, sans rompre avec
la tradition.
Le travail d’Etienne Guiol embrasse parfaitement cette vision, son œuvre est à la fois moderne, lyrique et universelle.          
Il réinvente l’Opéra pour en faire un lieu plus accessible, plus libre ! »

L’hymne à la vie de Lorène VIVIER

Elle à un regard et un sourire lumineux. Elle est belle et porte en elle une sérénité incroyable.
Et pourtant…
Pourtant, depuis deux ans, sa vie a totalement changé lorsqu’on a décelé chez elle la maladie de Charcot, maladie ravageuse et dont hélas, encore aujourd’hui, on n’a rien trouvé pour ne serait-ce que ralentir la fatale maladie.
Lorène Vivier a alors décidé de se battre jusqu’au bout et de faire des choses qu’elle n’aurait pas faites et qu’elle ne se serait jamais cru faire. Et elle décide de faire des choses hors du commun, d’abord pour elle-même mais aussi pour faire parler de cette maladie aujourd’hui incurable et dévastatrice mais aussi pour faire connaître l’ARSLA, qui lutte contre celle-ci nommée aussi sclérose latérale amyotrophique, qu’un certain Jean-Martin Charcot en découvert… en 1865. Ce n’est pas d’hier mais si la science avance, ce n’est hélas qu’à petits pas et c’est pour cela que Lorène a décidé d’en parler et de faire des choses incroyables pour apporter un soutien financier aux chirurgiens qui ne cessent de chercher une solution pour endiguer cette maladie dégénérative.
Et voilà que Lorène se lance dans l’émission « Fort Boyard », qu’elle part faire un trek au Groenland avec  Pascal Bataille, l’animateur, avec Laurent Fontaine, de l’émission « Il n’y a que la vérité qui compte » et qui, lui-même a eu un cancer du poumon. Mais on la retrouve aussi à vélo pour un tour du lac d’Annecy et c’est à Six-Fours que nous la découvrons, alors qu’elle participe avec sa sœur Marine, au Défi d’Elles, cet événement invité par le docteur Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé de la ville de Six-Fours, dans le cadre de la manifestation annuelle « Octobre Rose » défi qui se déroule à pied, en vélo, en canoé.
Lorène, avec sa sœur qui ne la quitte pas, a participé à toutes les épreuves avec un courage exemplaire, sans se départir une seconde de son beau sourire malgré la souffrance.
C’est d’ailleurs entre Six-Fours et les Embiez, que Myriam Seurat, réalisatrice à France Télévision, a décidé de lui consacrer un film : « Du côté de la vie », après que Lorène ait sorti son livre « La vie est belle, essaie-la »
Retour à Six-Fours où Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles l’a invitée pour nous faire découvrir ce film et dédicacer ce livre.
Depuis ces épreuves, la maladie a encore gagné du terrain mais elle arrive, soutenue par Marine, omniprésente et Myriam et toute son équipe, venus avec elle présenter ce film tourné entre le Groenland, Six-Fours et les Embiez. L’équipe de Myriam étant varoise.
Et toujours avec ce magnifique sourire, Lorène nous offre un court – trop court ! – moment d’entretien où elle nous parle avec une infinie douceur et une sérénité qui nous semble irréelle.

« Lorène, je suppose que depuis la sortie du livre et toutes les interviewes que vous avez bien voulu donner à la presse, que l’on va vous poser de sempiternelles questions !
Comment avez-vous découvert cette maladie ?

Au départ ce n’était qu’une perte de force dans ma main gauche à laquelle je n’ai pas prêté beaucoup d’attention mais s’en est suivie une atrophie du muscle au niveau de la main. Je m’en suis aperçu en garant ma voiture. Je n’ai pas pu actionner la télécommande. Il s’est passé quelques mois mais peu à peu j’ai eu des difficultés, par exemple en tenant un saladier, en faisant une omelette. Je massais alors des amis et ils se sont rendu compte que j’avais beaucoup moins de force dans la main gauche. C’est ce qui m’a alerté et j’ai consulté mon médecin traitant. Huit mois plus tard seulement car ça ne m’inquiétait pas plus que ça.
Et bien sûr, c’est à partir de là qu’il m’a fait faire des tas de contrôles pour enfin découvrir ce que j’avais. J’ai été hospitalisée trois jours
Et lorsque vous l’apprenez, quelle a été votre première réaction ?
Entre ma consultation et mon diagnostic, il s’est passé deux, trois mois mais, comme vous l’imaginez, c’est rarement plaisant de découvrir qu’on a une maladie neuro-générative mais je n’ai pas réagi tout de suite car je ne savais pas ce que c’était, je n’avais jamais entendu parler de sclérose para-amyotrophique, de la maladie de Charcot, d’autant que le médecin n’a pas évoqué ces noms. Je l’ai su plus tard par des amis.
Le médecin ne vous l’a pas dit ?!
Non car plus tard, il m’a dit que ça faisait peur aux patients !
C’était reculer pour mieux sauter !
Non car en fait j’ai bien aimé la façon dont il s’est pris avec moi, c’était très doux et c’était très bien comme. J’ai préféré ça.
Et y a-t-il eu un traitement qui s’est instauré ?
Non, pas du tout, car c’est une maladie incurable. Il n’y a hélas aucun traitement. Il y a seulement un ralentisseur de symptôme  qui augmente seulement de quatre mois d’espérance de vie… Ça me fait une belle jambe !
On sait d’où vient cette maladie ?
C’est une maladie génétique mais ce n’est pas héréditaire.
A partir de là, vous avez décidé d’en parler ?
Oui, parce que je trouve qu’on n’en parle pas, personne ne connaît cette maladie, je m’en suis rendu compte dans mon entourage, moi la première et je ne veux plus entendre ça aujourd’hui car elle reste trop dans l’ombre et dans le silence. Il faut parler de l’urgence d’agir car elle se propage très vite et l’espérance de vie est de trois à cinq ans.

Le Dr Stéphanie Guillaume, Myriam Seurat, la réalisatrice, Marine & Lorène Vivier, Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours

Alors, vous en parlez mais vous l’avez aussi écrit avec ce livre « La vie est belle, essaie-la »
Je l’ai co-écrit avec Mélanie Garnier-Potier et l’on a fait quelque chose dont je suis très fière aujourd’hui et je suis toujours très émue lorsque je le vois.
Vous pouvez l’être car tout le monde en parle dans la presse, la radio, la télé
C’est super chouette et je suis heureuse que Pascal Bataille m’ait écrit la préface. C’est lui qui m’a présenté les éditions Trédaniel.
Et après le livre, le film  « Du côté de la vie « !
Qui a été tourné en partie ici, chez vous, par Myriam qui est là ce soir auprès de moi !
Alors, Myriam, comment ce film s’est-il décidé ici, à Six-Fours ?
Lorsque Lorène a voulu commencer à parler de la maladie, elle s’est greffée à un événement féminin et solidaire, « Défi d’Elles », qui récolte de l’argent pour la prévention du cancer du sein et Christelle Gozet, qui chapeaute ces raids sportifs, connaissait Pascal Bataille, Ils se sont rencontrés tous les quatre, avec Marine et ont décidé de faire ce raid en Laponie, ce qui a permis de médiatiser l’événement, la parole de Lorène et ils ont récolté plus de cent mille euros pour la recherche.
Quelques mois sont passés et Lorène a décidé de défier à nouveau son corps sur le troisième raid « Défi d’Elles » en octobre l’année dernière ici. Moi-même je faisais ces raids en tant que participante et j’ai décidé de raconter l’histoire de Lorène.
Lorène, aujourd’hui vous êtes encore capable de réaliser ce genre de défi ?
Aujourd’hui c’est devenu compliqué pour moi de marcher, je ne pense pas pouvoir faire un raid mais je continue à faire beaucoup d’autres choses !
J’admire cette force et cette sérénité que vous dégagez !
‘Elle rit) Vous auriez voulu que je sois comment ??
Je ne veux rien d’autre au contraire mais vous pourriez être dans la peine, dans la rage…
Tout le monde me le dit mais il y a des jours où s’est plus compliqué, le quotidien est devenu très dur mais qu’y faire ? Accepter la maladie est peut-être un grand mot mais il faut essayer de mieux vivre avec parce que sinon, c’est double peine si l’on reste dans son coin, si l’on pleure tout le temps, si on est en colère. Il n’y a pas le choix de toutes manières, il vaut mieux aller bien !

Et vous allez partout avec votre livre ?
J’ai cette chance, depuis qu’il est sorti au mois d’avril, je parcours la France, dont Annecy puisque j’y habite et où on organise pas mal de choses et ce n’est pas fini. Il y a encore plein de belles choses pour cet automne, dont un événement ici le 18 septembre… On vous en parlera ! A chaque vente du livre il y a une partie de l’argent qui va à l’ARSLA.
Et donc, il y a ce film !
Dont je suis très fière, le public est ému et moi-même, j’ai toujours une larme lorsque je le revois. Je le trouve lumineux et ce que j’avais demandais à Myriam de faire quelque chose qui ne soit pas larmoyant mais plein d’espoir. Je n’avais pas envie que les gens se lamentent, aient envie de se pendre à la fin du film mais qu’en sortant de là ils aillent dégommer toutes les entreprises pour demander des dons, je veux qu’à la fin du film il en ressorte quelque chose de positif et d’actif.
Aujourd’hui, savez-vous où en sont les recherches ?
Il y a quelques trois cents projets de recherches en cours, mais ce n’est jamais assez rapide lorsqu’on est concerné. Pour moi, ça ne va pas assez vite ! »

On aurait pu parler encore longtemps avec cette femme magnifique, cette femme-courage et aussi parler de Marine, la secrète, dans l’ombre de sa sœur, mais tellement indispensable, aussi souriante que sa cadette et qui lui a voué sa vie, indispensable et aimante. Mais l’heure tournant, le film nous attendait.
Un film à la fois émouvant et ensoleillé qui, terminé, a vu beaucoup de mouchoirs essuyer une larme. Que j’ai eu moi-même comme le Docteur Guillaume, assise à mes côtés.
Un grand moment d’émotion mais aussi d’admiration et d’empathie pour cette frêle jeune femme qui a décidé de se battre contre un Titan.
Merci Lorène

Jacques Brachet

Mission Locale de l’Ouest Varois…
Des graines de stars !

Les missions locales existent dans toute la France, entre autres, sur l’Ouest Varois, présidé par Patrick Perez, adjoint au maire de Six-Fours.
La Mission Locale a reçu cette année le prix « Graines de cinéma » du festival national Vox Milo, grâce à une équipe de jeunes adolescents qui ont créé de bout en bout un court métrage « Parle-moi » dont le thème était la santé mentale.
Une équipe s’est donc créée pour écrire le scénario et réaliser le film.
C’est ainsi que, soutenus par l’association « Lumière(s) du Sud présidée par Pascale Parodi et le Six-N’Etoiles, dirigé par Noémie Dumas qui soutient les jeunes talents, le film (Un court métrage de sept minutes) a été présenté au public, réunissant toute l’équipe du prix, soutenue par la directrice de la Mission Locale, Catherine Rossi, suivi d’un film choisi par « Lumière(s) du Sud pour clore la saison, « Ollie » d’Antoine Besse, qui allait tout à fait dans la direction du court métrage, sur le mal être d’un jeune écolier qui a perdu sa maman, harcelé par des garçons de sa classe, passionné de kart, qui va rencontrer un type paumé lui aussi passionné de kart.
Un très beau film à la fois violent et émouvant où la passion du kart et l’amitié de ces deux paumés de la vie vont triompher.
Quant au court métrage il donne un film très abouti et en fait, très professionnel, lorsqu’on sait les moyens restreints qu’ils possédaient.
Mais avant ces projections, nous rencontrons Anthony Roulois, protagoniste et meneur de jeu du court métrage, entouré de Pascale Parodi et Catherine Rossi.

Anthony, comment es-tu arrivé sur ce projet ?
Je suis entré il y a un an à la Mission Locale Ouest Var où l’on m’a proposé de faire un service civique sur la communication. C’est là que j’ai appris l’existence de Vox Milo…
Explique-nous ce qu’est Vox Milo
Ça vient de « La bonne idée », une filiale de la Mission Locale qui permet aux 16/25 ans d’exprimer un sentiment à travers une œuvre, soit, comme dans notre cas, un court métrage ou un livre audio, ou encore un post cast… En fait, ce peut être tout et n’importe quoi selon les idées ou les envie de chacun.
Et quel est ton rôle dans ce projet ?
Le but était de mettre toute l’équipe sur un pied d’égalité, de participer au scénario tous ensemble… Nous avons parlé de longues heures sur le déroulement du tournage, chacun, par la suite, apportant ses idées et son expérience, l’un écrivant les musiques, un autre, spécialisé dans le dessin et la colorimétrie, puisque des images se mêlent au film, une autre a écrit le scénario définitif. Moi, je me suis occupé de tout ce qui est le montage vidéo, dont je ne connaissais rien à la base… Et voilà !
L’équipe est formée de combien de participants et de quel âge ?

Nous sommes huit entre 19 et 25 ans… C’est moi le plus vieux !
Comment chacun a été choisi ?
Simplement de la manière dont ils ont eu envie de s’exprimer et de partager. Nous avons fait des ateliers pour savoir qui était intéressé et on a réuni les personnes choisies. Il y a eu une excellente cohésion.
Ils ont été choisis en fonction de ce que chacun voulait faire ? C’était plus pour leur personnalité et ce n’est qu’après que chacun s’est découvert des talents, des affinités, comme l’animation 2D que le jeune a appris à faire sur le tournage parce qu’il dessinait bien. On a eu la chance de réunir des personnes talentueuses.

Ça vous a demandé combien de temps ?
Déjà deux, trois mois pour tomber d’accord sur l’écriture du scénario, à raison de  quatre, cinq heures par semaine car ce n’était pas toujours facile de réunir tout le monde en même temps. Et l’on avait à cœur que chacun ait sa petite saynète à lui et libre à Malo Pelletier et moi, de faire en sorte que ça se corrèle bien afin que le projet soit quelque chose d’homogène. Et puis il y a eu un mois et demi de tournage. Là aussi, on voulait que tout le monde puisse assister au tournage. Et là encore, des idées sont venues de chacun.
Il n’y a qu’un seul comédien ? Oui, c’est Malo Pelletier, dont on suit son cheminement.
Le sujet de la santé mentale est venu comment ?
Nous nous sommes rendus compte en parlant que, certains d’entre nous avaient vécu ce problème, soit qu’on connaissait quelqu’un qui avait vécu cet isolement social. Vous avez remporté ce prix devant d’autres projets cinématographiques ?
Dans le Var il n’y en avait qu’un mais il y a eu je crois 80 films en compétition sur toute la France.
Le concours s’est déroulé à quel endroit ?
D’abord sur l’île de Lerins puis dans une salle de cinéma à Cannes et à Saint-Tropez.
Pendant le festival  de Cannes ?
Non mais les gagnants avaient la possibilité de participer une semaine au festival de Cannes. Deux d’entre nous y sont allés.
Où peut-on voir ce film, hormis ce soir au Six N’Etoiles ?
Pour le moment sur les réseaux sociaux. Ils seront présentés ici cet été en première partie de projections.
Et toi, Pascale, comment t’es-tu branchée sur cette soirée ?
Avec Noémie, nous devions présenter « Ollie » en clôture de notre saison et lorsqu’elle m’a parlé du projet, depuis le temps que je rêve des faire des premières parties d’un film avec des courts métrages, ça tombait exactement dans ce que je voudrais faire à l’avenir. J’avais raté « Ollie » à Cannes car on ne peut pas tout voir, hélas. J’étais un peu frustrée de ne pas l’avoir vu et je l’ai proposé à Noémie. Après l’avoir visionné et quand Noémie m’a parlé de ce projet, j’ai trouvé que tout collait parfaitement au sujet puisque les deux films parlent de la difficulté de s’intégrer, du harcèlement, de l’enfermement.

Anthony, est-ce que cette expérience, a permis à chacun de trouver sa voie ?
A mon niveau, a uparavant j’étais dans l’informatique, maintenant j’aimerais m’orienter vers le montage vidéo.
Parmi les autres, ça a suscité d’autres vocations ?
Oui, bien sûr. La personne qui s’occupait de la colorimétrie a le rêve de partir vers le cinéma, celui qui a fait la musique, qui était plutôt DJ, s’est mis à la composition, celui qui s’occupait de l’animation était à la base seulement sur du dessin papier, aujourd’hui il fait de l’animation pure et il a déjà quelques contacts.
Catherine Rossi, parlez-nous de cette Mission Locale dont vous êtes la directrice…
La nôtre est donc basée à la Seyne-sur-Mer et l’on intervient sur les treize communes de l’Ouest Var. Nous avons sur l’année accueilli 2800 jeunes et l’on en accompagne 2600 sur des projets. On a à peu près mille accueils par an de 16 à 25 ans. Ce que nous faisons, c’est de l’accompagnement global sur des jeunes sans situation, sans formation, qui sont en recherche d’emploi, mais qui peuvent aussi avoir des problématiques sociales, de mobilité ou de santé.
Que font-ils une fois chez vous ?
D’abord, nous repérons tous les freins qu’ils peuvent rencontrer puis nous avons plusieurs degrés d’accompagnement pour nous adapter au plus près aux demandes des jeunes, leur donner confiance en eux, leur offrir des formations et les accompagner  vers des emplois, des entreprises chez qui ils sont reçus. Nous avons fait l’an dernier entre 450 et 500 immersions dans des entreprises.
Il y a des jeunes qui n’ont pas d’idées de ce qu’ils veulent faire, d’autres qui ont des idées mais n’en voient pas la dimension, d’autres qui changent en cours de route. »

Et justement, le soir de la présentation du film, toute l’équipe était là, heureuse de voir l’aboutissement de ces mois de travail en commun. Une belle équipe de jeunes qui, pour la plupart, ont découvert une passion, un chemin qu’ils vont pouvoir suivre, et dont ils feront peut-être leur métier.
Et lorsqu’on voit ce film qu’ils ont réalisé avec peu de moyens et beaucoup d’imagination, de passion, de talent on imagine que l’on retrouvera certain au générique de films à venir !

Jacques Brachet

« 7 jours en juin » : De bruit et de fureur

Sonia Perez, Laurent Guiot, Franck Rasamison, Laurent et David Aboucaya, Alain Marseglia, Lydie Manzano
camera-woman, Manuel Gonçalves, Anthony Wauters

Nous sommes le 6 juin 1944 dans un petit village de Normandie, Graignes, où des parachutistes américains sont largués dans les champs et les marais, à trente kilomètres de Gourbesville, la zone prévue pour le largage. Ils vont rencontrer les autochtones qui vont leur venir en aide, au péril de leurs vies.
C’est un film fort, spectaculaire, superbement maîtrisé, signé David Aboucaya qui n’en est pas à son premier film de guerre. Un film plein de violence, de bruit, de sang, mais aussi beaucoup d’émotion et d’humanité entre ces soldats perdus et ces villageois apeurés qui vont se défendre ensemble becs et ongles, dans la peur mais aussi la fraternité, le courage, avec un seul et même espoir : celui de vaincre les nazis, sauver leur village, retrouver la paix, devenant malgré eux des héros de guerre.
David, scénariste, réalisateur, comédien, est un habitué du Six N’Etoiles et l’on a toujours un grand plaisir à se retrouver à chaque fois avec ses compagnons de route, car il n’arrive jamais seul !

« David, comment est né ce projet ?
Il est né il n’y a pas si longtemps, il y a un peu plus d’un an. Au départ, je voulais faire un film sur un épisode du débarquement qui n’était pas connu. Je suis tombé par hasard sur cet évènement et avec Franck Rasamison, qui un membre de l’équipe, un ami collaborateur depuis longtemps, qui habite en Normandie, nous avons commencé à voir s’il y avait des possibilités de décors qui pouvaient ressembler à Graignes à l’époque, c’est parti de là.
Où as-tu trouvé ce sujet ?  
Sur Internet. Je cherchais des histoires qui se seraient passées à l’époque du débarquement et je suis tombé sur cette histoire que je ne connaissais pas du tout. Elle m’a semblée intéressante pour plusieurs raisons : par rapport à l’histoire de ces soldats américains tombés là mais surtout par rapport aux villageois qui n’étaient pas des résistants mais des villageois lambda et qui n’ont pas hésité une seconde à apporter leur aide à ces soldats. Pleins d’éléments m’ont interpellé, comme les vétérans qui ont appelé cet épisode « Le petit fort Alamo normand »
Tu avais beaucoup de documentations sur cette histoire ?
C’était très documenté, trop d’ailleurs, car ce qui est compliqué dans cette histoire c’est qu’il y a plusieurs versions qui l’ont faite évoluer au fur et à mesure qu’on la découvrait. Il fallait donc faire le tri dans toutes ces informations.
Alors, encore un film de guerre ?
(Ca fait rire toute l’équipe !)
Tu sais que la seconde guerre a toujours été un sujet qui me passionne, alors, pourquoi ne pas continuer dans cette lignée-là, d’autant que je m’aperçois au fur et à mesure qu’il y a plein d’histoires de la seconde guerre mondiale qui n’ont pas été racontées et qui méritent de l’être pour que la mémoire continue à perdurer. Au niveau de la nouvelle génération, il y a plein de choses qu’elle ne connait pas, qui méritent d’être connues parce que ces choses-là se sont passées en France
Manuel Gonçalvès précise :
Cette histoire est connue aux Etats-Unis car les Américains en parlent et du coup elle est plus connue chez eux que chez nous. En France, il n’y a que les normands de pure souche qui la connaissent. Ce sont les américains qui ont hâte de voir le film et qui nous ont envoyé des messages nous disant qu’il étaient heureux qu’il y ait un film qui raconte cet épisode.

Le village dont vous parlez n’existe plus ?
Il a été détruit et pas reconstruit. Il ne reste que le seul point de vue extérieur que l’on voyait de Graignes. Ce qui reste, c’est le monument que l’on voit à la fin du film. Mais il était impossible de tourner là-bas car il n’y a plus rien. Franck, qui habite Azeville, m’a envoyé des photos, nous y avons fait des repérages en nous apercevant qu’on pouvait y recréer ce qui pouvait ressembler à Graignes à cette époque-là car il n’y a plus rien qui ressemble au Graignes de l’époque. Nous avons eu la chance que le maire nous ait accompagnés et aidés comme jamais, ce qui a permis le tournage dans des conditions idéales.
Manuel : Il était heureux de nous recevoir, de nous aider et ça a donné une vie à son village de trente habitants. Il y a une cinquantaine de figurants  qui ont bien voulu participer, même lorsqu’on le leur demandait au dernier moment.
Les personnages ont-ils réellement existé ?
Oui, le maire, le curé, les soldats. Ce qu’il me fallait, c’était un point d’ancrage qui, au départ, devait être un couple, Laurent et Sonia qu’on voit dans la scène de flashback. Mais à quelques jours du tournage, elle a eu un soucis familial. Du coup c’est devenu le père qui est veuf et son fils que joue Noé Aboucaya. C’était ancré sur le quotidien d’un couple et ça l’est resté avec bien sûr un rapport différent. En fait, ils représentent beaucoup de témoignages et d’actions que j’ai pu lire
sur les villageois de l’époque.
Tu restes fidèles à tes acteurs…
… Et amis ! Manuel, je le connais depuis le lycée, nous y faisions déjà des films amateurs. Franck, je le connais depuis  le long métrage de guerre en 2005 sur « Enfer 44″. Anthony Wauters et Sonia Perez, je les connais depuis « Winter War ». Alain, je le connais depuis vingt ans.
Et le maire ?
C’est Laurent Aboucaya… mon frère !!! Par contre, il y a des gens de la famille du vrai maire, dont sa fille qui à l’époque avait 7 ans et qui  était dans l’église et qui ont pu voir le film lors des avant-premières.
Manuel, toi qui le connais bien, parle-nous de David 
C’est toujours un plaisir de travailler avec David parce qu’on sait qu’on fait des films de guerre qui ne sont pas aussi belliqueux que ce qu’il paraît car il y a toujours beaucoup d’émotion et d’humanité derrière. Il a un peu du Pierre Schoendoeffer dans la façon de filmer, à hauteur de soldat. Il fait des films qui lui correspondent.
Sonia Perez : J’ajouterais –  même que si je n’ai là qu’un petit rôle –  que j’aime la pudeur qu’il a lorsqu’il filme les comédiens. C’est rare de trouver ça chez un réalisateur, il arrive à mettre vraiment l’acteur au cœur de sa scène en laissant le temps de faire venir les émotions. Il s’efface  pour vous laisser à l’image.

Laurent Guiot
Anthony Wauters
Manuel Gonçaves

Manuel : Tout ça parce qu’il est aussi un excellent acteur et lorsqu’on fait les deux, on a un rapport différent avec les acteurs que lorsqu’on est un simple réalisateur.
David : J’avoue que sur ce film, être comédien était un peu compliqué et, devant être partout, souvent je me suis demandé : pourquoi je me suis donné cette scène ? D’autant qu’on a tourné le film en seize jours. Notre distributeur Arnaud Kerneguez a trouvé ça inouï en voyant le film car normalement ce devrait être trois mois de tournage
Manuel : Je pense que travailler ainsi sert aussi aux personnages car physiquement on est marqué par la fatigue comme l’ont dû être les vrais personnages qui ne devaient dormir non plus !
David : Ce qui a de bien sur ce tournage-marathon c’est que j’ai des gens multi-casquette. Par exemple, Franck au départ, avait le rôle du maire, mais en parallèle il s’occupait de tous les figurants qu’il gérait dès le matin, il était aussi assistant-réalisateur, il y a eu des soucis de casting, du coup on lui a proposé le rôle du capitaine Sofiane.
Franck : Je devais aussi apprendre mon rôle, je devais préparer le matos, regarder que chacun soit bien habillé, qu’il ne manque pas un bouton…
Manuel : Comme David, il était le deuxième à courir partout et il a beaucoup de patience parce que nous sommes tous inquiets avec nos uniforme et l’on vient tout le temps lui demander si ça va
De toutes façon, il y a une entente, une complicité de longue date, David ?
Oui car je ne peux pas fonctionner s’il n’y a pas une ambiance qui me convient. Il faut que tout le monde s’entende bien, qu’on puisse un peu déconner à côté, sinon, ce genre de tournage, ça ne peut pas marcher.

Laurent Aboucaya
Alain Marseglia
Franck Rasamison

Manuel : Et puis, tous les villageois nous aidaient pour les repas (Qu’est-ce qu’on a bien mangé !) pour rafistoler nos pantalons qui souffraient du tournage… Ce sont deux personnes de la famille de Franck qui s’en occupaient.
David, pour les scènes de guerre, où il y a beaucoup d’explosions, est-ce que tu as dû les refaire plusieurs fois ?
Il valait mieux qu’on répète avant, même si c’était très court, mais on tournait quand même avec trois caméras et donc on avait toujours un plan de secours au cas ou. Il y a aussi un gros travail avec les effets spéciaux..
J’imagine que vous n’avez pas brûlé les maisons ?
Manuel : Si bien sûr et le maire n’était pas content… Mais il va pouvoir créer un plan d’urbanisme !!!
Lorsqu’on fait un film de deux heures vingt, y a-t-il beaucoup de rejets au montage ?
Manuel : la totalité (Rires de tout l’équipe)
David : Pas tant que ça… Après, suite aux avant-premières, je vais avoir quelques retouches à faire car ça sert aussi ça, les avant-premières.. Mais sinon, il n’y a pas eu tellement de déchets, pas de scènes que j’ai pu oublier, après, sur certaines scènes faites quarante fois, il faut choisir.
La sortie du film ?
Normalement novembre. Nous attendons avec impatience les retours de ces séances de la presse, du public qui aura envie de voir le film… Donc… On compte sur vous ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet

David Aboucaya
Sonia Perez

Yannick CLAEYMAN, l’homme qui dessine les arbres

Les arbres de Yannick Claeyman… Il faut les mériter !
Déjà, il faut sinuer sur les petites ruelles pavées du le petit village moyenâgeux ardéchois de Largentière. Belle ballade un peu accidentée mais tellement agréable !
Arrivés devant son atelier il faut grimper un escalier en colimaçon qui n’en finit pas.
Ouf, on y est et l’on est accueilli par  l’artiste, tout sourire, surmonté de petites lunettes rondes, qui respire la gentillesse, dans ce lieu de silence entre ombre et soleil et l’on entre dans sa forêt.
Une forêt d’arbres torturés, qui jettent audacieusement leurs branches vers le ciel  où qui se nouent autour du tronc pour donner des formes inattendues, fantastiques, presque irréelles, entre la forêt de Blanche Neige, d’Ardèche ou de Bretagne, mais des arbres inattendus pleins de force, de majesté, de poésie, qu’ils soient créés à l’encre de Chine, au stylo à bille, au crayon…
L’effet est saisissant, audacieux et original.
Elevé dans un monde de BD par son bijoutier de père, puis aux Beaux-Arts de Dunkerque, les arbres l’ont toujours fasciné au point d’en faire l’objet de toute sa passion.

« Yannick, pourquoi choisir Largentière, dans le pays ardéchois ?
Cela fait un an que j’y suis installé, d’abord parce que j’ai trouvé ce lieu car il est très difficile de trouver un logement dans ce coin d’Ardèche qui est près du Vallon Pont d’Arc, de Ruoms, lieux de plus en plus fréquentés. Et puis, ma compagne, docteur en pharmacie, qui travaillait sur Calais, a trouvé, il y a cinq ans, un poste à Vallon Pont d’Arc. C’est donc le hasard qui a fait que nous nous sommes retrouvés ici. Nous avions le choix entre Long le Saunier et Ruoms !
Les arbres, le dessin… Comment y êtes-vous venu ?
J’étais technicien de laboratoire mais j’ai pris un congé d’un an pour faire une formation d’ébéniste car j’ai toujours aimé le bois. Quant aux arbres, ça a démarré avec la rencontre d’une artiste qui dessinait pour le Guide Michelin et que j’ai suivie. Du coup, de la voir dessiner un arbre, que je trouvais magnifique, je me suis dit que c’était sympa et j’ai fait mon premier arbre à l’encre de Chine. Je l’avais exposé à la maison, des amis l’ont vu et m’ont tous fait une commande. De là on m’a proposé des expos et j’ai même fait un livre avec plusieurs artistes, sur les arbres remarquables.
Alors, ces arbres, comment naissent-ils ?
Je passe mon temps à les photographier, après je m’inspire des photos que j’ai réalisées, je dessine, j’arrange, je modifie selon mon imagination.

Vous travaillez donc dans le silence et la solitude…
Je n’habite pas ici puisque c’est mon atelier. J’arrive vers 8h30 et je peux rester sur ma table à dessin jusqu’à 19h. Mais je ne fais pas que dessiner, je suis également musicien, je suis batteur et je m’entraîne car je fais tout le temps de la musique, et je joue dans deux groupes ardéchois
Deux groupes en même temps ?
Lorsque j’étais dans le Nord, j’étais dans cinq groupes avec lesquels je tournais beaucoup. Mais bon, j’ai dû arrêter car il a fallu choisir entre deux passions. Il fallait bien vivre !
Mais je n’ai jamais arrêté et j’ai trouvé ces deux groupes, dont un qui n’est pas trop mal !
En dehors des arbres, vous dessinez d’autres choses ?
Rarement, des bâtiments comme le Parlement de Budapest que j’ai dessiné au stylo à bille.
Ce n’est pas commun le stylo à bille !
J’adore ! En fait, c’est aussi de l’encre, comme l’encre de Chine.
En fait, ce qui est intéressant avec le stylo à bille, c’est que le solvant, c’est de l’huile, ce qui donne un effet particulier. J’ai eu cette idée en découvrant les œuvres d’un aquarelliste flamand qui l’utilisait.
Vous travaillez ici entre ombre et soleil…
Oui, l’été, je suis obligé de fermer les volets car il y a à la fois trop de soleil et trop de chaleur… J’aime travailler dans la pénombre.
Ces arbres que vous photographiez, où les trouvez-vous ?
Un peu partout en balade, dans les environs et lorsque je voyage. Il y a des arbres magnifiques partout. J’ai adoré découvrir Brocéliande, en Bretagne, où je suis allé plusieurs fois et où il y a des arbres emblématiques. Il y a entre autre un arbre nommé le hêtre de Ponthus, plusieurs fois centenaire, l’arbre doré qui a été brûlé et dont on a repeint les restes en doré, l’arbre de Merlin… A chaque voyage je découvre des arbres.

Le Parlement de Budapest

Et vous ne dessinez jamais sur place ?
Non car je fais de la rando, sur des boucles de quatre/cinq heures et si je dois m’arrêter pour dessiner, c’est trop compliqué, trop long. Il m’est arrivé de dessiner sur place mais en fait ce n’est pas mon truc.
Noir, bleu… Jamais de couleur ?
Oui, cela m’arrive.
Et toujours des petits ou moyens formats ?
Quelquefois des plus grands. J’ai fait un dessin d’étude préparatoire de quatre mètres sur trois mètres.
Vous arrivez à faire beaucoup d’expos ?
Oui, on me sollicite souvent mais j’en refuse aussi pas mal. J’essaie d’aller dans des endroits où je sais que je pourrai vendre parce c’est quand même mon métier, mon activité principale ! Il faut que je gagne ma vie. Les déplacements ont un coût et j’évite les lieux où il n’y a pas de passage. Je prépare en ce moment un dossier de sélection pour Arles.
Ne vous êtes-vous pas essayé à d’autres techniques ?
Non, pas vraiment. A une époque, je faisais de l’aquarelle, j’ai fait quelques délires sur la montagne de Sainte-Victoire devenue un volcan !

Vos prochaines dates ?
Le 29 juin au Marché de l’Art de Barjac, le 6 juillet à Allègre les Fumades, du 10 au 16 juillet à Beaune, du 18 août au 4 septembre à Saint-Alban Auriol, les 6 et août à Thueyts pour le Blue Art…
Pour quelqu’un qui a ralenti, ce n’est pas mal !
(Il rit) Par rapport à ce que je faisais avant, j’ai vraiment ralenti ! Il me faut du temps pour travailler et les déplacements coûtent cher… Même si, avec ma compagne, on a aménagé un van très confortable ! »
Ainsi va l’artiste, d’arbre en arbre, d’encre à stylo, de forêts en atelier, dans un monde végétal qu’il transcende par son imagination et sa passion.

Auprès de ses arbres, il vit heureux. Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta


Frédérik HAMEL… Retour aux sources

C’est un bel ardéchois au sourire lumineux sous un beau regard bleu.
Il est comédien et ce franco-hollandais de naissance a pris des chemins de traverse, faisant ses études dans sa région avant de s’expatrier aux Etats-Unis, pour mieux revenir « plein d’usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge »… ou peut-être pas !
Aujourd’hui il vit à Aubenas où l’on ne pouvait pas ne pas se rencontrer, étant tous deux ardéchois, et s’il continue son boulot de comédien, il anime un atelier-théâtre à Lanas et vogue entre ses métiers d’artiste.
Nous nous retrouvons donc sur le marché d’Aubenas, où il a ses habitudes et son marchand de pain entre autres. Nous l’avons découvert dans la série « Demain nous appartient », où il joue un homme au passé trouble venu rechercher ses enfants et son ex-femme, Louise qui l’a fui.
Sombre et barbu, il est le contraire de ce premier rôle qu’on lui a proposé en France.
C’est dans l’intimité du café de France qu’il me raconte une vie pour le moins originale.

« Frédérik, expliquez-moi comment un franco-néerlandais vivant en Ardèche, se retrouve aux Etats-Unis pour mieux revenir au fin fond de l’Ardèche ?
Je suis né en Ardèche, à Aubenas où nous sommes. J’y suis resté jusqu’à mes 18 ans, donc je suis « Un Ardéchois cœur fidèle » comme vous ! En fait, je dis que je suis franco-hollando-ardéchois, ayant vécu vingt-deux ans aux Etats-Unis !
Explication !
Mes parents sont hollandais, ils sont venus en France fin des années 70. Quand mon père avait 18 ans, il est parti faire une année d’échange saux Etats-Unis. Il y est retourné faire des études supérieures dans une grande université américaine et à part l’Ardèche, mon enfance a été bercée par ce rêve américain qu’il nous racontait en faisant briller mes yeux. Il racontait bien les histoires, mon père !
A 18 ans, je faisais un bac scientifique à Aubenas en, pensant me lancer dans la médecine…
On est loin du comédien !
 (Il rit) C’est vrai et à ma dernière année de lycée, je ne sais plus trop comment, j’ai eu envie de m’essayer au théâtre. J’imaginais pouvoir aller à Paris pour faire à la fois ma première année de médecine et du théâtre en même temps, ce qui était une idée saugrenue. J’avais même appelé l’Académie pour savoir s’il était possible de faire les deux à Paris. L’on m’a répondu qu’étant en Ardèche, c’était soit Montpellier, soit Grenoble… Et je me suis dit que, puisque c’était comme ça, j’allais faire comme mon père, une année d’échanges au Etats-Unis. Je me suis inscrit dans une université en Californie, en option principale biologie, en option secondaire théâtre et au bout d’un mois j’ai su que je serais acteur !
Et alors ?
L’université où j’étais était à une heure au nord de Los Angeles, à partir de là j’ai vécu l’aventure hollywoodienne sans faire marche arrière. J’ai obtenu deux diplômes de théâtre, un master de théâtre, équivalent d’un bac + 6. J’ai déménagé à l’université de Los Angeles.
Et ça a duré…
17 ans à Los Angeles, En tout 22 ans aux Etats-Unis !

Gary Lanon et son ex-femme, Louise…
… Avec son fils, Justin

Et alors, pourquoi le retour en France ?
C’était juste avant le premier confinement, je suis revenu en France et j’ai eu un problème pour renouveler mon visa. Je me suis alors retrouvé coincé en France pendant trois/quatre mois. Du coup, j’ai eu envie d’aller à Paris pour voir ce qu’était la vie d’acteur. J’ai commencé à démarcher quelques agences. J’avais obtenu quelques touches et lorsque j’ai eu mon visa, je suis reparti aux Etats-Unis avec quand même l’idée de revenir en France. L’Ardèche me manquait tous les jours, ma famille me manquait. Mon vol était le 4 mars et le 7 mars les frontières fermaient pour le premier confinement.
Comment avez-vous pu vous en sortir ?
Plutôt bien car pour vivre je faisais de la livraison de bouche, les gens ne pouvant plus sortir. J’avais donc beaucoup de travail, c’était extrêmement rémunérateur et en plus, dans cette ville fantôme de Los Angeles c’était d’une poésie incroyable. J’ai vécu une expérience assez remarquable durant un mois et demi et j’ai gagné beaucoup d’argent. A la fin du confinement, je suis revenu en France.
Comment s’est fait ce retour ?
J’ai démarché les agences et l’une d’elles m’a pris dans son équipe et assez rapidement je me suis retrouvé sur la série « Demain nous appartient ». Après ce tournage je suis revenu m’installer en Ardèche.
Et après ?
Il ne s’est pas passé grand-chose. Mais comme souvent, dans ce métier, il faut se réinventer
Mais faire ce métier en s’installant en Ardèche, ça n’est-il pas risqué ?
D’abord il y a eu le second confinement et nombre de corps de métiers de Paris ont voulu aller vers la campagne, entre autre beaucoup d’acteurs. L’idée de m’installer en Ardèche n’était pas si folle car aujourd’hui les castings se font beaucoup par vidéo, ce qui ne m’empêche donc pas de passer des castings. Le plus délicat est que, arrivant des Etats-Unis, je manquais de réseaux en France et la difficulté était de rencontrer des gens avec qui partager des affinités artistiques. Mais… Je suis bien en Ardèche ! Ça me fait du bien.
Et voilà que vous prenez un autre chemin !
En 2024 j’ai mis en scène une pièce à Avignon « Noir est une couleur qui a besoin de lumière ». Et puis, j’ai lancé un cours de théâtre. On va essayer de monter une pièce avec certains des élèves. La mise en scène est quelque chose que j’aime énormément. Je pense qu’il est tout à fait possible de monter une pièce qualitative avec peu de moyens.

Revenons aux Etats-Unis où vous aviez une carrière ?
Sans être très connu, j’avais mon réseau, je m’étais fait une place qui me permettait de faire mon job  mais sans vraiment percer car le métier est difficile.
Mais vous avez quand même été nommé pour les Oscars !
Oui… Avec un dessin animé sud-coréen « Blanche Neige, les souliers rouges et les sept nains »! J’y jouais un petit prince français en anglais, avec un accent français et le film a été pré-nominé aux Oscars
C’est grâce à mon agent de voix off qui m’a toujours obtenu de très bons jobs. Grâce à lui j’ai aussi fait une voix off pour un jeu vidéo « Medal of honor », avec des budgets faramineux. Mais ce n’est pas parce qu’on travaille sur des projets d’envergure, qu’on a pignon sur rue.
J’ai tourné également dans « Mes meilleures amies » de Paul Feig. Qui a été un des plus gros cartons de ces vingt dernières années aux Etats-Unis… Et a fait un flop en France ! Je jouais un serveur français.
Après « Demain nous appartient » n’y a-t-il pas eu de retombées ?
Oui, il y a eu quelques castings mais qui ne m’intéressaient pas vraiment. Les rôles, il faut les ressentir et avec mon agent, nous n’avons jamais eu cette alchimie. J’en cherche un autre, d’ailleurs !
Du coup, j’ai un agent à Londres, un autre à Los Angeles mais pas en France.
Par contre, je viens de faire mon premier job sur un long métrage (sans agent !), le film s’intitule « Les gendarmes », avec Arnaud Ducret, Fred Testot, Alice David, Julien Arruti,  basé sur la BD éponyme.
Par ailleurs, la télé semble être un circuit dans lequel, je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas entré. Mais en fait, ai-je vraiment envie d’y entrer ? Etre dans une quotidienne, c’est un rythme de travail où on ne peut pas donner le meilleur de soi-même. Je préfère faire du théâtre. Alors, je me pose la question : est-ce que je me bats pour entrer dans ce circuit ou est-ce que je me concentre sur le théâtre ? Même si je gagne moins bien ma vie, au moins je serai épanoui. Et surtout, dans quel circuit vais-je être accueilli ?
Mais en fait je ne sais pas si j’ai envie qu’on vienne me chercher.

Tournage au Pont de l’Arc
La grotte Chauvet

Pour travailler, il faut bien qu’on vienne vous chercher !
Mais je continue à frapper aux portes et si l’on monte ici une pièce, j’aimerais aller la jouer à Paris. Mais est-ce que c’est possible avec des acteurs « du coin ». Je ne sais pas mais c’est le but que je me donne et j’essaie de donner tout ce que j’ai à ces amateurs et voir où ça va nous mener.
Alors, l’Ardèche, c’est définitif ?
Non, c’est une étape qui me permet de faire cette transition de retour en France, qui permet de me ressourcer, humainement, en tant que cadre de vie, de faire ce pas vers la mise en scène, car je viens du théâtre, même si j’aime le cinéma, la télé mais, chaque fois que je vais moins bien, je reviens au théâtre et je ne me soucie pas de savoir qui je dois fréquenter pour « réussir »
Le star system ne vous intéresse pas ?
Il y a longtemps que j’ai abandonné cette idée. J’ai bossé avec des stars, je les ai côtoyées, j’ai encore les étoiles dans les yeux mais ce sont des étoiles d’épanouissement, pas d’envie.
En attendant, que faites-vous en Ardèche ?
Je retape une maison !
Mais je viens quand même de tourner un film avec un ami d’enfance que j’ai retrouvé : Laurent Krief. C’est un docu-fiction sur la grotte Chauvet « Préhistoires » qui sera présenté au FID de Marseille qui se déroule du 8 au 3 juillet. Les deux petits ardéchois que nous sommes avons réalisé quelque chose de magnifique et c’est la chose dont je suis le plus fie et le plus heureux d’avoir refait du kayak dans les gorges.
Mais théâtre, télé, cinéma, il faut que ça prenne ! Et ça peut prendre en restant là ?
Pourquoi pas ? Ici, la semaine dernière, j’ai passé un casting pour le prochain film de Martin Scorsese ! Si j’ai le rôle, je vais tourner en Italie. Vous voyez ! Pourquoi les portes me seraient fermées parce que je vis en Ardèche ? Je suis en train de vivre un retour aux sources qui est la chose la plus importante pour moi ». Propos recueillis par Jacques Brachet

Sur le pont d’Aubenas où à côté de son bras droit, l’école où il a étudié, et dans le feuillage,
à droite, la maison de ses parents cachée par les arbres

Nicole CROISILLE :
La plus belle voix de France s’est éteinte

Johnny… Johnny… Johnny !
Le stade Mayol de Toulon et bondé.
Et ce n’est pas pour assister à un match mais pour applaudir l’idole des jeunes. Oui mais voilà, il y a une première partie et la chanteuse qui doit passer à la casserole n’en mène pas large dans les coulisses. Elle est dans ses petits souliers car l’animateur vient juste de l’annoncer et, depuis qu’on a dit son nom, les fans de Jojo n’ont pas mis longtemps à scander son nom à lui, chose qu’ils font depuis une heure.
Alors, la chanteuse de la première partie, celle qu’on a l’habitude d’appeler la vedette « américaine », est un peu sur les nerfs. D’autant que ce jour-là, tout s’est mal passé : des problèmes de voiture qui l’avaient faite arriver en retard sur les lieux du concert et l’avaient empêchée de répéter. Dès son arrivée, elle était empêtrée avec un problème de contrat et elle n’avait vraiment pas la tête à ça. Enfin, au moment de passer sur scène, voilà que la foule, venue uniquement pour Johnny et se fichant pas mal de quelque première partie que ce soit, scande le nom de celui qu’ils attentent.
Tout est donc au top !
Préparée en catastrophe elle est prête à entrer dans l’arène au moment où les cris redoublent.
Johnny… Johnny… Johnny…
Elle est là, en bas de la scène, morte de trac, à bout de nerfs. Elle respire, ferme les yeux, se raidit et crie, avant de se jeter dans la fosse aux lions : « Les salauds… Je les aurai !. Et la voilà qui se précipite sur scène, toute de noir vêtue, mue par un ressort, sous les cris de cette foule qui n’est pas – ou si peu ! – pour elle. Première chanson : « Les ronds dans l’eau ». C’est une chanson qui, en plus, démarre lentement, qui est sublime mais qu’elle entonne sous les cris. Je la regarde, je tremble pour elle et je me dis qu’elle court à la catastrophe. Mais peu à peu, la chanson démarrée tout en demi-teinte, s’accélère, monte avec cette voix unique qui tout à coup éclate comme un orage et qu’elle va terminer sur un tempo à couper le souffle – sauf le sien ! – et avec une puissance de voix qui, tout à coup, cloue le public sur place. Le souffle, c’est à eux qu’il commence à manquer et il y a tour à tour un effet de surprise, d’ébahissement, de curiosité et enfin d’admiration et de respect. Jamais public toulonnais n’a eu l’occasion d’entendre une telle voix, française de surcroît ! Du coup, ils arrêtent leur chahut pour découvrir une authentique artiste qui, en quelques chansons, leur prouvera son talent, en chantant du rock comme leur idole, mâtiné bluesy et jazzy, en se mouvant sur scène avec un rythme et une grâce uniques.
En une demi-heure, elle a retourné une salle hurlante qui est subjuguée et heureuse et lui fait une ovation. A tel point que Johnny, curieux et surpris, vient jeter un œil. Il dira en riant : « Ça va être dur de passer après elle ! »
En fait, c’est la première fois que je rencontre cette artiste. Je l’avoue, j’étais aussi venu pour Johnny et je suis totalement subjugué. Je succombe à une admiration qui ne se démentira jamais. Je viens de rencontrer Nicole Croisille !

Première rencontre à Toulon
Un show magnifique et unique avec Jean-Pierre Cassel
Vladimir Cosma & Nicole, mes invités de la Ciotat

Après ce grand coup de poing dans le ventre, je m’empresse à l’entracte, d’aller la saluer, la féliciter et lui demander un moment d’entretien. Elle est KO même si elle est heureuse d’avoir gagné ce rude combat. Elle a besoin de se remettre et je le conçois. Mais comme elle dort à Toulon, elle me donne rendez-vous le lendemain midi à l’hôtel… Et m’invite à déjeuner avec elle au bord de la piscine !
Elle me reçoit en toute simplicité, en maillot de bain. Toute fraîche et remise de ses émotions de la veille. Le soleil brille, on fait des photos dans la piscine et l’on se met à table. Je lui dis toute l’admiration et tous les sentiments qu’elle a provoqués en moi. Elle en est heureuse et rit, de ce beau rire clair que j’apprendrai à connaître car de ce jour, nous ne nous quitterons plus. Je deviendrai son fan et son ami et nous continuerons à nous retrouves pendant des décennies avec le même plaisir et évoquerons souvent, cette première rencontre, cette galère qu’elle a transformée en triomphe :
« La plus belle trouille de ma carrière ! J’avais le trac comme jamais je ne l’ai plus eu de ma vie, même avec Claude François avec qui la même chose s’est à peu près passée. Mais le public de Claude était plus jeune, plus malléable que les purs et durs de Johnny ! Ce soir-là, je ne savais plus si je devais monter sur scène ou m’enfuir à toutes jambes. Mais ma réputation était en jeu et je ne pouvais pas reculer. Je ne l’aurais d’ailleurs pas accepté si on me l’avait proposé car je suis quand même une battante et j’aime arriver à convaincre quand je sens de la réticence. Mais là, c’était plus que de la réticence, c’était un rejet total. Donc ça te galvanise et tu te dis qu’il n’y a qu’une solution : gagner et penser très fort : « je les aurai ». Et je crois que ce soir-là je les ai eu au-dessus de toute espérance ! »

Concert à Aix-en-Provence
Au festival de Cannes émission de Drucker avec l’ami Brialy
La Ciotat avec Xavier Deluc


Le temps allait souder une belle amitié et toujours, pour ma part, une grande admiration pour cette artiste multiple, cette femme énergique et belle, au caractère bien trempé, qui appelle un chat un chat – ce qui n’a pas l’heur de plaire à tout le monde mais qui me plaît bien ! – et qui est toujours là où on ne l’attend pas. Car elle est unique dans notre panorama artistique. Et je ne dis pas « musical » car, pour elle, c’est réducteur dans la mesure où elle sait chanter, danser, mimer, jouer… Elle a suivi des voies originales et tout à fait atypiques, a fait du jazz quand le rock débarquait, du mime quand tout le monde parlait, dansé dans les ballets de Plashaert au lieu de ne se consacrer qu’à la chanson, chantant en anglais quand tout le monde traduisait les chansons anglo-saxonnes en français, (-Ca a bien changé !) donnant de la voix à une époque où les chanteuses n’en avaient plus… Bref, elle savait tout faire mais voilà : elle habitait en France et la France alors n’était pas l’Amérique où là-bas, savoir tout faire est un atout. A l’époque, et même encore quelquefois aujourd’hui, il faut cataloguer, étiqueter, mettre des noms et des qualifications sur des petites boites. C’est pour cela qu’on a eu du mal à imposer les comédies musicales en France car il fallait savoir tout faire. Et savoir tout faire, en France, durant longtemps, ça voulait dire s’éparpiller, ne rien faire à fond, survoler des disciplines…
Même si elle a fait de belles choses dans les années 60, elle avait déjà dépassé les 16/18 ans pour que, à l’instar d’Isabelle Aubret, de Dalida, de Pétula Clark, elle intéresse «Salut les copains». Même si, en 66 il y avait eu le fameux «Da ba da ba da». Même si en 68 il y avait eu «I’ll never leave you» consacré au MIDEM sous le nom de Tuesday Jackson. Même si, en 69 elle a gagné le prix d’interprétation au festival de la Rose d’Or d’Antibes avec «Quand nous n’aurons que la tendresse»
Pourtant, tout ce qu’a fait Nicole, elle ne l’a jamais fait en survolant. Elle y est toujours allée à fond. Elle a, il faut le dire, des dons pour tout. La danse où, très vite remarquée par son sens du rythme et ses dons exceptionnels, elle est engagée dans une troupe américaine. Elle jouera même, comme elle le dit en riant « avec des plumes au cul » ! Donnant de la voix, elle excelle tout autant dans les demi-teintes et sait faire « monter la sauce » comme personne.

« Femme » est une chanson que personne, à part peut-être Céline Dion, pourrait arriver à chanter aussi haut qu’elle ! En plus, elle a la voix pour chanter du jazz. Une voix de noire qui d’ailleurs, par un subterfuge, lui donnera l’un de ses plus grands succès. Je vais y revenir.
Nous sommes dans les années 60 et la chanteuse existe déjà… dans l’ombre. Car avant d’exploser, elle fut, pour gagner sa vie, choriste d’autres chanteurs qui naissaient alors et allaient surfer sur la vague dite «yéyé». : Claude François (Le Nabout twiste, son premier disque sous le nom de Coco). On y trouve aussi la voix d’Hugues Aufray ! Frank Alamo (Biche ma biche), Pierre Perret, Pierre Vassiliu, Claude Bolling dont elle fut l’une des quatre «Parisiennes» pour le disque seulement. Elle fut aussi des tournées avec Jacques Brel et… Johnny Hallyday débutant. Un premier album en 63 passé inaperçu, un autre de jazz puis le fameux «Da ba da ba da » où l’on ne connaissait alors que sa voix qui fit le tour du monde avec cette chanson du film «Un homme, une femme»
A l’époque, elle était très déçue de ne pouvoir monter une comédie musicale en France alors qu’en Angleterre et aux Etats-Unis, ça cartonnait
« En France , à cette époque, la comédie musicale est un problème insurmontable, insoluble. C’est presque devenu un sujet tabou. D’abord, les idées manquent, ça c’est un fait, ensuite, peu d’artistes peuvent donner tout ce qu’on attend d’un spectacle. Les comédiens ne savent pas chanter, les chanteurs ne savent pas danser, les danseurs ne savent pas jouer… Il y en a, si l’on cherche bien mais il faut chercher longtemps ! Et puis, si tu es cataloguée dans une discipline, il faut te battre pour en changer.
Regarde Marie Laforêt, qui s’est battue pour pouvoir faire accepter qu’elle savait « aussi » chanter ! Mais une fois passée sur scène, on ne lui proposait plus rien au cinéma ! On ne s’en sort pas ! Moi, on me propose encore moins car on ne sait pas où me ranger ! J’ai d’abord été cataloguée comme chanteuse de jazz, puis j’ai fait la doublure de  Zizi Jeanmaire, dans « La dame de chez Maxim’s » de Feydeau (Toujours dans l’ombre car en fait je ne l’ai jamais doublée… Elle avait la santé !). Du jour au lendemain on s’est dit : « Mais alors, elle est comédienne ! ». Cela a été renforcé par le fait que j’entrais à la Comédie française… comme danseuse ! Avec Annie Girardot. De ce jour, je ne pouvais plus me permettre de chanter. J’ai tenu bon et suis revenue à la chanson, par le biais d’une supercherie. J’en ai même effaré plus d’un quand on a su que j’avais fait du mime avec Marcel Marceau ! »


A tel point que, malgré son « Da ba da ba da » et son « I never leave you » (Voir plus loin), elle a mis un certain temps pour s’imposer vraiment. Son premier disque date de 61. «Femme avec toi» de… 75 !
Et tout à coup la révélation et deux tubes énormes : « Parlez-moi de lui » et « Femme avec toi ».« Eh oui, le hasard est ainsi fait : lorsque j’ai enregistré « Parlez-moi de lui », je l’ai fait comme à chaque fois que j’ai enregistré : avec conviction et parce que la chanson me plaisait. On espère toujours qu’on fera un succès mais là, on n’est pas maître du jeu. Et ça a marché. Pourquoi ? Dieu seul le sait. La chanson a plu, c’était dans l’air du temps, c’était le bon moment… Du jour au lendemain, je suis devenue une vendeuse de disque que tout le monde s’arrachait : les tourneurs, la presse, la télé. Je n’avais pas changé mais j’étais devenue populaire. On m’a couverte de lauriers, d’honneurs, de compliments et… d’amitié aussi car tout à coup tout le monde me disait qu’on avait toujours cru en moi… Mais bon, tout cela fait partie du jeu. Ça ne m’a ni aigrie, ni étonnée. J’ai pris tout ça avec humour, fatalité et surtout avec joie, lucidité et recul, en étant consciente que tout ça retomberait vite. Je commençais à connaître ce métier et ça ne me tombait pas dessus à 18 ans. Avec mes deux premiers succès, j’étais considérée comme une chanteuse « à coups ». Du jour au lendemain j’ai été considérée comme une chanteuse « à tubes »… Jusqu’à ce que ça passe ! »

C’est vrai que Nicole est toujours restée lucide, consciente de son potentiel, de ses talents mais sachant que ça ne suffit pas pour rester toujours au premier plan, le métier étant cruel, le public versatile même s’il reste toujours des poignées d’inconditionnels. De plus, elle n’a jamais fonctionné en pensant à sa carrière mais sur des coups de cœur, des envies. La preuve : tous les disques à thème qu’elle a pu enregistrer sans se poser de questions mais tout simplement par envie. Tour à tour elle a joué la carte des « coups de cœur » magnifique disque où elle chante Brel, Aznavour, Ferré, Nougaro et quelques autres, puis ce fut ce superbe « Paris-Québec », reprise de chansons de nos amis francophones. Puis « Jazzille » où elle a donné le meilleur d’elle-même dans un style qui lui va comme un gant, Puis elle est passée aux musiques de films… Elle en a tellement chanté, entre autres pour Lelouch. N’oublions pas ce disque « Black et blanche» aux couleurs africaines si magnifique que le même Lelouch a produit et lui a fait un superbe clip… Elle a également rendu hommage à son ami Nougaro avant de revenir au jazz.
Nicole n’a jamais vécu dans le stress d’un succès aléatoire. Elle vit simplement son métier à fond, avec passion. Ce qui, souvent a fait vaciller  sa carrière… et ses finances !
On la retrouve ainsi avec un spectacle musical sur Victor Hugo Hugo, une pièce de théâtre, reprenant un rôle de Maillan, un film de Lelouch, une télé, un disque particulier, un concert piano-voix. Sa carrière est faite comme ça, toujours avec talent et qualité et même si ça n’est pas toujours un super succès, c’est toujours une magnifique réussite.
Le film de son grand ami Lelouch « Un homme, une femme » a été un énorme succès. La fameuse chanson « Da ba da ba da » a fait le tour du monde mais on a mis longtemps à savoir qui la chantait.
Quant à l’aventure des « Jeunes loups », film de Marcel Carné, l’histoire est belle et drôle. Elle avait une folle envie d’enregistrer la chanson générique mais on l’a refusée sous prétexte que la production cherchait une voix noire américaine.
Elle a donc enregistré le titre sous le nom de Tuesday Jackson et les producteurs n’y ont vu que du feu ! Le pot aux roses a été découvert au MIDEM car la chanson avait superbement marché et l’on remettait un prix à Tuesday Jackson… et c’est Nicole qui est arrivée, chanteuse on ne peut plus blanche, blonde et française ! Sans cela, elle aurait pu rester dans l’ombre. Mais elle l’aurait quand même fait !
Quand on pense qu’après l’énorme succès de « Parlez-moi de lui » qui lui ouvrait alors toutes les portes, elle est partie sur une aventure sans lendemain qui aurait pu arrêter sa carrière. Souvenez-vous : Elle est Numéro 1 partout et au lieu d’en profiter, elle se lance dans une comédie musicale, ce qui, à l’époque, était voué d’avance à l’échec. En plus de ça, pour corser le tout, elle se retrouve dans ce projet intitulé « Comme une neige en hiver » auprès d’artistes dont on n’entend plus parler : Catherine Sauvage, qui a remplacé Régine, Mouloudji. Ce fut un bide dont elle faillit ne pas se relever. Heureusement, on en a parlé si peu que rien n’a empêché le second énorme succès d’arriver. C’était « Femme avec toi ». Lucide, elle savait qu’elle risquait sa carrière, mais elle croyait au projet et avait envie de le faire. Et rien ne l’en aurait empêchée !

Encore un exemple de cette passion et de ce coup de cœur. Une chose que très peu de gens ont vue et que j’ai la chance d’avoir vécu : monter pour un soir, à l’occasion d’un gala privé pour le centenaire de l’Ecole de Commerce de Marseille, un spectacle musical avec Jean-Pierre Cassel, tous deux au mieux de leur forme. Un enchantement de les voir évoluer, légers, gracieux, élégants, étourdissants, de faire des claquettes et d’unir leurs voix… Pour le plaisir d’un soir car personne après ça n’a eu le courage de reprendre ce spectacle qui méritait d’être montré au plus large public possible. C’était merveilleux de les voir tous deux se renvoyer la balle avec une belle énergie, sur la même longueur d’onde. Du beau travail. Pour un soir seulement.
Je suis heureux d’avoir été témoin de ce moment magique où virevoltaient nos Ginger Rogers-Fred Astaire français !
La mode étant aujourd’hui aux comédies musicales, personne encore n’a pensé à elle… Bizarre, non ? Sans compter qu’à part « Starmania », les sujets n’ont rien d’original, d’ « Ali Baba » aux « Dix commandements » en passant par « Notre-Dame de Paris », « Autant en emporte le vent », « Le petit Prince », « Cindy », « Roméo et Juliette », « Les demoiselles de Rochefort »… N’y aurait-il plus d’auteurs et d’idées nouvelles pour monter une vraie comédie musicale originale
Bref, le sujet original aujourd’hui n’est pas de mise mais peut-être est-ce pour cela qu’on ne l’y voit pas. Mais on l’a vue dans un très joli spectacle musical autour de la vie de Victor Hugo, « Ce lion superbe et généreux » monté par Marie-Sylvia Manuel, fille de Robert Manuel et Claudine Coster où elle montrait, une fois de plus, ses talents de comédienne et de chanteuse auprès d’Anne Roumanoff, de Bernard Lavalette, de Claudine Coster et de Patrick Préjean. On l’a tout de même vue aussi dans une très belle reprise de « Hello Dolly » en anglais qui, hélas, n’est pas restée longtemps à l’affiche. Il ne reste en souvenir qu’un joli petit disque.
Mais aujourd’hui, si elle ne fait toujours que ce qu’elle aime, elle a quelque peu ralenti pour pouvoir se reposer, vivre pour elle, découvrir des pays. Elle a instauré le système des tournées-vacances où, partant pour plusieurs concerts dans un pays, elle les échelonne pour, entre temps, avoir le temps de visiter le pays en question.
« J’ai passé des années à ne connaître des villes ou des pays que je parcourais, que les salles et les loges, les restaurants et les hôtels.
Aujourd’hui je prends le temps de visiter, de musarder, d’étirer le temps, de connaître les lieux et leurs habitants ».
Elle y retrouve souvent des amis, car elle en a un peu partout, au music-hall, dans le show-biz, même dans des cirques qu’elle aime beaucoup.
« C’est au cirque que tu rencontres les gens les plus humbles qui font souvent d’énormes prouesses. C’est un monde qui travaille pour la plupart du temps avec peu de moyens mais qui vit sur l’illusion, la féerie, la performance qui paraît si simple à voir. Ce sont de vrais saltimbanques qui te donnent la banane. Et l’on en a besoin dans cette époque où la merde s’installe partout ! Nous autres artistes, nous devrions planer dans l’inconscience pour voler, créer, imaginer, faire rêver. Il faut arriver à occulter tous les problèmes pour faire passer notre plaisir au public. Ça devient dur aujourd’hui ! Pourtant le public compte sur nous. Ça n’a l’air de rien mais une chanson peut aider à vivre si elle est chargée d’espoir, de gaieté. Ce n’est pas pour rien si aujourd’hui, les comiques tiennent le haut du pavé et sont si nombreux ».
Sensation, émotion, échange, partage…
Ce sont les maîtres-mots, les mots-clés de la vie de Nicole.

Hugo, Nicole & Anne Roumanoff
Eddy Barclay remet une rose d’or d’honneur à Antibes
Avec Aldo Frank, son musicien de toujours

Je vous le disais : elle sait tout faire !
Voici quelques années, elle est encore arrivée à nous surprendre en jouant une femme des plus moches, des plus rouées, des plus méchantes, des plus calculatrices dans la saga qui a fait un boum sur TF1 : « Dolmen ». Elle y était époustouflante ! Elle était d’ailleurs venue présenter la série en avant-première, avec mon ami Xavier Deluc, au festival de la Ciotat où je l’avais invitée.
Et puis elle est passée à un hommage sublimissime à l’ami Nougaro…
En sept ans, elle joué quatre comédies musicales : «Follies» en 2013, «Cabaret» en 2014, «Irma la douce» en 2015, «L’Opéra de quat’sous» en 2016, et a enchainé sur trois pièces de théâtre : «Jeanne» en 2017, «Hard» en 2018, «N’écoutez pas mesdames» de Guitry en 2019 ! A 88 ans, elle n’aurait pas fini de nous surprendre si ce n’est la maladie qui l’a surprise. Je perle encore d’elle au présent car c’est une artiste qui a beaucoup compté pour moi. Et je suis fier d’avoir été son ami et de l’avoir toujours suivie, à quelque endroit qu’elle ait été et pour quelque projet que ce soit.
Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai toujous

Jacques Brachet

La Ciota
Sanary
Follies à l’Opéra de Toulon