Six-Fours – Six N’Etoiles
Laure PRADAL : la passion Doc

Après avoir quitté son Ardèche natale à 18 ans, Laure Pradal a fait des études scientifiques et d’enseignement math-physique, à Lyon, Nîmes, Montpelier. Suite à un déclic, une rencontre à la fac de lettres avec un réalisateur, elle décide de s’orienter vers le cinéma. Non pas de fiction mais de documentaire. Et la voilà qui va très vite réaliser des courts-métrages pour l’émission de « Strip Tease », émission venue de Belgique mais qui s’installe sur Canal Plus.
Ce sera le coup de foudre et de ce jour,elle n’arrêtera pas de réaliser des documentaires pour France 2, France 3 et Arte.
Grâce à sa rencontre au festival Méditerranéen de Montpellier avec Pascale Parodi, présidente de l’association six-fournaise « Lumières du Sud » et de Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles, la voici venu nous présenter son dernier doc : « Des livres et des baguettes ». Un documentaire où un jeune animateur, Nourdine Bara, a eu la superbe idée de réunir, dans une boulangerie d’un quartier populaire de Montpellier, la Paillade, des rencontres autour du livre « Dites-le avec un livre ». Un lieu de rencontres mensuel où se retrouvent, adultes et enfants venus de tous horizons, de toutes ethnies, qui se réunissent pour parler de leurs livres préférés ou leurs propres écrits, d’en lire des passages, de faire de la musique, de chanter, de parler d’eux dans une joyeuse convivialité, avec des témoignages émouvants ou drôles, en toute liberté d’expression. Un lieu chargé d’universalité, de bonnes ondes et de fraternité.
Et on ne pouvait s’empêcher de se dire que si la même chose se produisait partout ailleurs, le monde serait meilleur.

Laure Pradal a toujours choisi des sujets qui parlent à tout le monde, qui parlent d’humanité.
« Mes sujets sont variés puisque, pour « Strip-Tease » je réalisais des films sur l’enfance, puis je suis passée à d’autres sujets comme le portrait d’une enfant handicapée que j’ai suivie durant quinze ans ou celui de Jean Carrère, je choisis un thème et je tourne autour de lui avec comme principe, comme pour « Strip-Tease », de ne faire aucune interview ou d’ajouter une voix off. Je laisse parler les gens et me contente de les filmer comme pour ce documentaire « Des livres et des baguettes » où chacun s’est exprimé en toute liberté, seulement canalisé par Nourdine. Après, chacun s’exprime comme cette petite fille qui nous lit un extrait de son livre préféré, cet homme qui nous fait un rap qu’il a écrit, cette jeune femme qui chante l’opéra magnifiquement, ces musiciens qui font danser les gens, cette femme qui nous raconte comment elle est venue à la lecture alors que ses parents sont illettrés…
Comment choisissez-vous vos sujets ?
Très souvent par hasard, au gré d’une rencontre, d’un fait divers, comme le film que je prépare pour juin sur un immeuble vertical où vivaient des marocains et qui va être détruit.
Je suis aussi en train de préparer un film sur la chanteuse d’opéra que vous voyez dans le film. Elle se nomme Narimène, elle a un talent fou et n’a pas été prise à un concours alors qu’elle était l’une des meilleues, tout simplement parce qu’elle n’a pas voulu enlever son turban qui fait partie intégrante de sa personnalité ! En ce moment elle est à Londres où sa vie va peut-être changer. J’ai un collaborateur qui est allé la filmer.
Ce ne sont donc pas des films de commande ?
Non, je choisis mon sujet, je me renseigne, je fais des repérages et puis le monte mes films et je tourne avec une équipe réduite de deux ou trois. J’écris d’abord un scénario que je propose à divers producteurs et quelquefois je tourne sans savoir si le scénario ou le film sera accepté.

Ce peut être frustrant ?
Oui, lorsque le sujet est refusé. Ça ne m’est pas arrivé souvent mais alors je le mets de côté en me disant que j’y reviendrai plus tard. J’ai toujours deux ou trois sujets dans ma tête et souvent, entre l’écriture, l’acceptation et le tournage ça prend du temps. J’arrive à réaliser un film dans l’année. Quelquefois deux, maisc ‘est rare. C’est un travail de longue haleine… et de patience ! L’intérêt est que je travaille en toute liberté, que j’ai tout mon temps, que je n’ai pas de dead line.
Avez-vous réalisé des films de fiction ?
Non, et ça ne me préoccupe pas, d’abord parce qu’un film de fiction dépend de trop de choses : l’argent, les comédiens, les producteurs, le sujet qui, une fois écrit, doit être suivi. Je ne l’ai fait qu’une fois avec un film sur un prisonnier. Difficile de tourner en prison, d’y faire entrer des enfants, dnc je l’ai tourné comme une fiction… sans les contraintes d’une fiction !
Et ce que j’aime c’est le côté inattendu car certaines fois, au cours du tournage, il se passe quelque chose qu’on n’attendait pas.
Êtes-vous journaliste ? Avez-vous eu envie d’écrire autour de vos sujets ?
Non, je suis simplement réalisatrice et j’écris la colonne vertébrale de mon sujet. Je n’interview personne et mes reportages sont des moments de vie. Vous savez, il suffit de regarder autour de soi pour trouver un sujet. Après ça, peut-être qu’un jour viendra où je pourrai écrire les expériences que j’ai vécu autour de ces tournages.
Avez-vous eu des refus de gens qui ne voulaient pas que vous les filmiez ?
Ça m’est arrivé mais pas si souvent que ça. Pour certains c’est un non définitif et je n’insiste  pas. Pour d’autres, ils ont envie de s’exprimer et je les laisse s’exprimer en toute liberté. D’ailleurs, on est le plus discret possible et très vite ils oublient qu’ils sont filmés. Ils sont même ravis de se voir sur écran après car le leur montre toujours le film une fois monté.
Je suppose qu’étant donné le format de 50’, vous devez mettre des séquences de côté ?

C’est ce qui m’est arrivé pour « Des livres et des baguettes » car j’ai dû écourter certaines interventions et j’ai même dû carrément enlever certaines personnages pourtant intéressants, et je le regrette. C’est pour cela que j’ai envie de remonter le film et d’en faire un long métrage car j’ai dû sacrifier de beaux moments.
Rencontrer le public est indispensable pour vous ?
Oui car si certains téléspectateurs m’écrivent, beaucoup  se contentent de regarder et d’écouter. Les rencontrer et discuter avec eux est quelque chose d’indispensable. Sans compter que voir le film sur grand écran, ça donne une autre dimension au sujet ». Ce soir-là le public a beaucoup apprécié cette projection et cette rencontre qui a duré longtemps avec la réalisatrice qui parle de ses films avec une passion qu’elle nous a fait partager.

Jacques Brachet

Toulon – Le Colbert
Gil ALMA, un homme heureux

Cela faisait deux ans que l’on se courait après avec Gil Alma. Trois rendez-vous manqués à cause du Covid qui repoussait à chaque fois les dates du spectacle ;
Mais enfin voilà que le Colbert le reprogramme… Et qu’il y vient enfin, avec son inséparable acolyte Benoît Joubert, dit Ben. Gil & Ben, ça fait un joli duo, non ?
D’autant qu’ils en ont écrit l’histoire car ce n’est mas un two men show, ce n’est pas un stand up, c’est une histoire totalement foldingue où Gil, qui va se marier, appelle à la rescousse son ami Ben. Est-ce le bon choix ? Evidemment oui et non car s’ils sont de vieux amis, l’ami en question est quelque peu déjanté, ce qui va donner tout au long du spectacle un spectacle tout aussi déjanté, un duo fait d’énergie et de dinguerie, d’impros quelquefois, de coups de théâtres et de rebondissement. Un match de tennis où chacun renvoie la balle à l’autre avec maestria, où Gil est dépassé par les événements, Ben est le roi de l’embrouille. Bref un duo complémentaire et irrésistible.

Je retrouve Gil avec plaisir car nous nous étions rencontrés autour de bulles de champagne au festival télé de la Rochelle. Le sourire est toujours chaleureux, le regard toujours vrillant mais peut-être un peu plus posé. Il faut dire qu’on est à une heure du spectacle.
La tension monte, Gil, avant le spectacle ?
Toujours un peu mais ça fait 140 fois que nous montons sur scène ensemble avec Ben donc on commence à être rodé. Il n’y a plus d’angoisse. D’autant qu’on a à peu près autant de spectacles à venir d’ici les mois qui viennent. Donc tout va bien. Le Covid nous avait ralentis dans notre élan mais on est en train de rattraper le temps perdu. Nous faisons des salles de 250 à 700 places et ça fonctionne !
Comment sont nés cette pièce et ce duo ?
Le duo, c’est une amitié qui date de treize ans. Nous nous sommes rencontrés sur le téléfilm de Charles Némès « I love Périgord » en 2011, nous sommes restés amis, nous vons ensuite fait des one man shows, j’ai produit les siens et l’idée nous est venue d’écrire ensemble une pièce. Je précise que ce n’est pas une série de sketches mais une vraie histoire à deux personnages.
Jeune, le théâtre t’a peut-être sauvé d’une adolescence un peu turbulente…
N’exagérons rien, j’ai été un ado comme d’autres, qui fait des bêtises, je le vois aujourd’hui avec mon fils. Mais c’est vrai que j’ai très vite eu envie de monter sur scène, j’écrivais des sketches, je faisais du théâtre avec des copains, j’ai monté un groupe « Les Trois », j’ai fait du café-théâtre, des pubs, de la figuration, j’ai pointé mon né dans divers spectacles jusqu’à ce que « Nos chers voisins » ma fasse connaître.

Les débuts au cinéma ne sont pas mal : tu tournes dans un film de Costa Gavras quand même !
Oui, dans le film « Eden à l’Ouest ». Il y a aussi eu « Vilaine » de Jean-Patrick Benès. Mais c’est surtout la télévision qui m’a permis de me faire connaître. Après le succès de « Nos chers voisins », j’étais un peu catalogué comme un comédien comique puis il y a eu « César Wagner » qui m’a donné une image plus dramatique.
Parlons-en : un flic hypocondriaque, ce n’est pas banal !
C’est ça qui m’a plu car il est à la fois énervant avec ses peur, ses doutes mais aussi attachant car il n’est pas sûr de lui, il se pose des questions sur le fait d’être dans la police. Il ne se considère pas comme un vrai flic. Il est hypersensible
Peut-on dire qu’il est « attachiant » ?
(Il rit). Oui, c’est ça, il est à la fois pathétique et drôle, avec un peu d’ambigüité, c’est en fait un anti-héros, qui est devenu flic pour plaire à sa mère, femme politique et être à sa hauteur.
Bref, tu l’aimes !
Oui, c’est vrai et je m’y suis attaché. C’est donc avec plaisir que je continue à le faire vivre. Nous en tournons en principe deux par an depuis 2019. Nous sommes d’ailleurs en train de tourner un épisode à Strasbourg.
Entre deux spectacles ?
Exactement ! C’est quelquefois un peu compliqué car c’est du boulot h24 et 7 sur 7 ! Mais je ne vais pas me plaindre lorsque ça marche !
Tu as aussi monté une maison de production. Tu produis« César Wagner » ?
Non, pas du tout, pour le moment je produis mes spectacles. J’ai produit Benoît mai j’ai arrêté car c’était trop compliqué. Pour le moment je me contente de tourner des choses qu’on me propose et que j’aime et je suis heureux qu’on fasse appel à moi.

Festival de la Rochelle « Nos chers voisins »
Gil Alma & Olivia Cote dans « César Wagner »

Comme « L’abîme » ?
Oui, une série de six épisodes, réalisée par François Velle avec Sara Mortensen. Je suis très heureux qu’on me propose des rôles de ce type, forts, dramatiques, loin du personnage comique dans lequel on me casait. Ce qui prouve qu’on a confiance en moi.
Et la production alors ?
J’ai très envie de produire mais pour le moment je suis trop occupé par mes tournages et la tournée. J’ai déjà des idées, nous écrivons avec Benoît et nous verrons ce qu’il en sortira. Mais avec lui ça fonctionne bien car nous sommes très complémentaires.
Et le cinéma ?
Tu sais, il y a encore du chemin avant que des acteurs dits « de télévision » soient aussi considérés comme des acteurs « de cinéma », même si le contraire est plus évident. Mais ça ne me gêne pas plus que ça. Lorsqu’on me propose des rôles aussi formidables que « César Wagner » et « L’abîme » à la télévision, je suis très heureux.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier – Mathieu Colin

Notes de lectures

Claire DELANNOY : Wanted (Ed Albin Michel – 123 pages )
Ancienne éditrice, Claire Delannoy est auteure de plusieurs romans. Celui-ci porte sur le bandeau la mention « la cavale d’une icône du terrorisme ». Nous découvrons une femme âgée, qui vit seule dans une maison dans la forêt. Elle reçoit un homme plus jeune, Anton, qui vient régulièrement pour l’interroger sur son passé. Au fil des pages, Elsa raconte son passé, sa jeunesse alors qu’elle était étudiante en médecine, son engagement révolutionnaire, son arrestation puis sa longue cavale à travers le monde. Que cherche Anton ? Q u’a vraiment fait Elsa ? Nous ne le saurons qu’à la fin du roman après de multiples chapitres mettant en scène le face à face des deux protagonistes.
Jacqueline TAÏEB : Je chante si on me donne des chocolats (Auto édition – 146 pages)
Milieu des années 60… Une toute jeune fille au regard aussi noir que la frange qui les balaie, vient avec une énergie et un culot grimper dans les hit parades avec « 7 heures du matin » le premier rap qu’on n’appelait pas ainsi puisque c’était alors un OVNI. Sans compter que c’était une femme qui l’assenait !
De sa toute petite enfance elle a voulu chanter et sa guitare, un cadeau de son père, a tout déclenché.
Elle a 20 ans et le monde lui appartient. Mais, si elle est toujours restée dans le métier, elle n’a pas eu le succès que d’autres ont eu et qui n’étaient pas plus talentueuses qu’elle. Malgré ça, si elle a toujours travaillé entre ombre et lumière cette battante d’origine tunisienne n’a jamais baissé les bras, a toujours enregistré des disques, écrit, composé pour elle et pour d’autres comme Jeane Manson, Michel Fugain, Maurane qui s’appelait encore Claude Maurane, Yves Montand, ces trois derniers collaborant à une comédie musicale pour enfants « La petite fille Amour chez les cousins de miel ». C’est elle qui a écrit « Les Sud-Américaines » à Fugain. C’est elle qui découvre et produit Dana Dawson, hélas trop tôt disparue. Son seul et unique tube a fait le tour du monde, souvent employé dans des pubs ou dans des films. D’autres pubs aussi dont elle signe la musique (Lolita Lepimka, Axe, Les 3 Suisses…)
Contre vents et marées, trahison et ingratitude des gens du métier mais aussi de sa famille, elle a toujours débordé d’énergie. Elle s’est toujours relevée de tout et a continué en trouvant des chemins de traverse mais toujours dans la musique qui est et reste sa seule passion.
Elle écrit comme elle parle, sans tabou, sans langue de boit, appelant un chat un chat, un con un con, un salaud un salaud.
Remerciant ses père et mère elle n’oublie pas ses profs de math qui l’ont tellement gonflée qu’elle a pu écrire ses chansons pendant leur cours !
Ses amis, ses amours, ses emmerdes… elle déballe tout avec une sincérité et un humour confondants.
Quel plaisir de la retrouver !
Peter D. MASON : Destins mortels à Chamonix (Ed Paulsen – 173 pages)
Gabriel Santonini, 28 ans, vient de perdre son père, juge d’instruction. Il trouve un dossier non résolu par celui-ci, concernant un mafieux franco-serbe de la pègre de Chambéry. Il décide de se transformer en justicier et devient tueur à gages. Et voici le lecteur parti dans des aventures rocambolesques toutes aussi improbables que drôles.
Un roman policier très réussi. On attend avec hâte le suivant.

Zoé BRISBY : LES MAUVAISES ÉPOUSES (Ed Albin Michel – 335 pages)
Dans le désert du Nevada, pas très loin de Las Vegas vivent très confortablement des jeunes femmes dont les maris travaillent sur la base militaire qui étudie la bombe atomique. Cela se passe en 1952.
La jeune femme profitant du soleil dans une piscine sur la page de couverture du livre serait-elle une de ces mauvaises épouses que l’auteure veut nous faire rencontrer ? Ces mauvaises épouses vivent dans des maisons alignées toutes identiques, leur seule occupation étant le prochain cocktail ou barbecue qu’elles qualifient d’atomiques pour singer la profession de leur mari. Tout le monde connaît tout le monde et rien ne doit transpirer d’une maison à une autre sauf les cris étouffés qui parviennent de la maison de Charlie. Sa gentille voisine Summer, découvrira la sauvagerie de son mari et s’émancipera à son contact. Rien ne doit troubler les explosions qui malgré tout provoquent des saignements de nez et troubles divers, la vie est réglée pour que les femmes vivent en vase clos avec leur cachoteries, leurs manigances, leurs mesquineries, leurs transgressions, tout est fait pour la gloire de cette fameuse bombe qui éliminera ces affreux communistes.!
Un roman qui replace bien le mode de vie de ces jeunes femmes dans une base militaire. Ce n’est pas caricatural, heureusement ces temps ont changé pour les femmes. L’auteure a voulu pimenter  son histoire en y ajoutant des amours transgressives, ce n’est pas le plus intéressant.
Etienne de MONTETY : La douceur (Ed Stock – 267 pages)
Le narrateur se présente dès la première page comme un journaliste ayant travaillé vingt-cinq ans dans les services « Arts de vivre » de magazines hauts de gamme. Il part en Australie à Constantia pour la Convention Internationale de la Rose, toujours mieux qu’un salon de la voyance pense-t-il, mais ce sera l’occasion de rencontrer une pétillante consœur allemande, Barbara et surtout la merveilleuse May de Caux, présidente de cette vingt-troisième convention. Une femme élégante, racée, distinguée qui écoute, sourit délicieusement et ne répond qu’aux questions relatives aux roses. Il y a pourtant derrière cette façade une femme cachée et le journaliste fera tout pour découvrir ce qu’elle ne veut pas révéler. Il ne sera pas facile de briser le silence de cette aristocrate élevée dans un milieu privilégié.
La persévérance, la correction, la patience amèneront May de Caux à confier les notes secrètes  écrites au fil des ans depuis sa libération du camp de Ravensbrück. L’horreur des camps ne s’oubliera jamais, d’ailleurs May a besoin de retrouver ses amies de camp, celle par exemple qui lui a mis du rouge à lèvres, donné un semblant de bonne mine alors qu’elle avait le typhus. Au fil des ans, malgré les épines de la vie  c’est la douceur qui dominera sa vie, notamment avec les roses.
Ce livre est dédié à Lily de Gerlache, figure de la résistance en Belgique, qui s’est efforcée de faire reconnaitre la place des femmes dans la lutte de celles-ci contre le nazisme.
Le titre choisi par Etienne de Montety montre la dignité face à l’horreur de la guerre, un titre malheureusement toujours d’actualité.



Lumières du Sud
Kamel BENKAABA… Le Toulonnais de Copenhague !

Kamel Benkaaba est toulonnais. Il a fait ses études au Lycée Dumont d’Urville, poursuit ses études à Aix-en-Provence où il rencontre sa première femme, une suédoise qu’il suit dans son pays. Elle parle français, il ne parle pas suédois mais s’y met très vite et s’installe là-bas où il devient chargé de cours en cinéma à Copenhague. Un peu plus tard il rencontrera… une autre danoise qui deviendra sa seconde épouse.
Mais notre toulonnais n’oublie pas ses racines varoises et y vient ponctuellement « pour gagner vingt degrés et le soleil » me dit-il en riant.
C’est ainsi que, lors de ses séjours, on le retrouve à l’association « Lumières du Sud » où à chaque fois, invité par sa présidente Pascale Parodi, il vient parler cinéma bien sûr et vient nous disséquer un film ou nous parler d’un réalisateur, comme Kubrick, Fellini et, lundi soir, de Claude Sautet.
Pourquoi Sautet ?

« Parce que – me dit-il –  c’est un grand cinéaste qui fut sous-estimé par la Nouvelle Vague, Godard, Truffaut et consort, critiques de cinéma devenus réalisateurs dans le milieu des années 50 qui le remisaient, comme Tavernier ou Boisset et les plus anciens grands réalisateurs de l’ancienne génération comme des réalisateurs du « cinéma de papa » alors que chacun, (comme René Clément qui a fait « Plein soleil » avec Delon et Ronet) a fait des chefs d’œuvres mais alors, en 1954, il fallait tuer le père. Alors pourquoi les disqualifier alors qu’ils ont fait de très grands films ?
Claude Sautet a eu le malheur de tourner « Classe tous risques » en 1960, la même année où Godard sortait « A bout de souffle » et il fut aussitôt classé comme réalisateur de polars.
Pourtant Sautet est d’un grand modernisme car il a apporté des idées originales comme, par exemple, les hommes qui portent l’impuissance des choix de leur vie. Sautet ne fait partie d’aucune école et il est le seul à savoir filmer l’impalpable des sentiments. C’est pour cela que « César et Rosalie » fait partie aux USA des films français marquants. « Si la vie passe dans un film, c’est que le film est bon » aimait-il à dire.
Il a su également imposer le film choral, des portraits de groupes où l’amitié, la famille, l’amour, la vie, la mort se mélangent autour de nombreux comédiens comme dans « Vincent, François, Paul et les autres ». Il a su également filmer la femme des années 70, une femme forte, libre, qui s’assume, qui avorte parce qu’elle n’aime plus l’homme avec qui elle est, qui mène deux amours en même temps, ce qui était alors très nouveau. Et à ses côtés, l’homme qui n’est plus le héros, qui a des difficultés à être l’homme, qui a des failles ».

On écouterait des heures parler Kamel de cette passion qu’il a du cinéma, qu’il connaît sur le bout des doigts, véritable encyclopédie de tous les cinémas et il nous fait partager cette passion.
Ce soir-là, Sautet a été rendu à sa lumière et à travers des écrits, des séquences de deux films « Les choses de la vie » et « Un cœur en hiver », il nous révèle un réalisateur imaginatif, sensible.
Cet accident des « Choses de la vie » est quelque chose d’unique, qui démarre dès le début du film, pour y revenir tout au long, avec les derniers souvenirs d’un homme qui ne sait pas alors qu’il va mourir mais qui se remémore sa vie. La scène de l’accident est unique, superbement filmée et rythme le film avec cette musique de Philippe Sarde mêlée à celle de Vivaldi et avec cette sublime chanson que Romy Schneider et Michel Piccoli interprètent « La chanson d’Hélène ».
« La musique – dit-il – prend une grande place dans les films de Sautet, on le voit dans « La choses de la vie » qui accompagnent tout le film dont l’accident filmé au ralenti puis en accéléré qui revient au fur et à mesure.
Pour « Un cœur en hiver » La musique de Ravel est d’autant plus omniprésente qu’il s’agit d’une histoire complexe entre une violoniste (Emmanuelle Béart) et deux luthiers (André Dussolier et Daniel Auteuil) et il a choisi des musiques de Ravel, quelquefois dissonantes, mais qui épousent parfaitement les sentiments de ce trio amoureux ambigu et compliqué. Trois personnages, trois instruments : le violon, le violoncelle, le piano. Et aussi la musique de Philippe Sarde qui se mêle à la complexité des sentiments des trois comédiens. Et toujours cette façon de filmer l’ineffable ».

Que dire de cette soirée qui nous a fait retrouver et mieux comprendre l’un de nos plus grands réalisateurs français, malgré seulement 13 films à son actif, alors que Chabrol, par exemple, en a réalisé 57, souligne Kamel qui nous a redonné l’envie de redécouvrir ce magistral réalisateur.

Jacques Brachet

France 2 – Le goût du crime
avec Cécile Bois, Charlie Dupont & Bernard Lecoq

Samedi 15 avril à 21.10
Cécile Bois incarne Laure Grenadier, une critique gastronomique, qui va développer un goût prononcé pour… une enquête criminelle corsée !
Résumé
Ancienne chef étoilée, Laure Grenadier se consacre désormais à ses activités de critique gastronomique pour la chaîne qu’elle a créée sur internet. Et veille à garder ses distances avec son ex et père de sa fille Amandine, le capitaine de police Nicolas Garnier : Laure n’a pas digéré en effet qu’il la quitte pour une jeune femme. Pourtant, lorsqu’une vague de crimes frappe les restaurateurs lyonnais, les résolutions de Laure vont voler en éclats. Car Nicolas et son nouvel adjoint Baptiste comprennent que la position de Laure dans le milieu très fermé de la restauration lyonnaise et le respect qu’elle inspire aux chefs régionaux sont des atouts inestimables pour leur enquête. Impliquée émotionnellement — son oncle est la première victime —, Laure se laisse convaincre de leur servir d’indic

Avec 
Cécile Bois (Laure Grenadier), Charlie Dupont (Nicolas Garnier), Antoine Ferey (Baptiste Toussaint), Denis Marechal (Olivier Potemski), Victoria Eber (Amandine), Stéphanie Pareja (Céline Mandrin), Bernard Le Coq (Jérôme Grenadier)…
Inédit – 90 min
Réalisation : Chloé Micout
Scénario : Isabelle Polin & Frédéric Lozet
D’après « Petits meurtres à l’étouffée« , de Noël Balen et Vanessa Barrot,
paru aux éditions Fayard)

France 3 – Cassandre  » Ondes de choc « 
Avec Gwendoline Hamon & Alexandre Varga

En novembre dernier, 2 inédits de Cassandre ont été diffusés et ont réuni 5,2 M de tvsp et 22,4 % de pda consolidée.Synopsis 
La victime Laura était une ancienne championne olympique de natation. Elle a radicalement changé de vie quand elle est tombée enceinte. Entre un fils aujourd’hui très turbulent et un ancien coach accusé de méthodes douteuses, Cassandre et son équipe vont devoir démêler le faux du vrai en côtoyant les bassins et le monde de la compétition. 

Boris Baroux & Carole Richert
Gwendoline Hamon & Alexandre Varga

90 min
Créateurs de la série Bruno Lecigne et Mathieu Masmondet
Auteurs Natascha Cucheval et Iris Ducorps
Réalisation Floriane Crepin
Une production Barjac Production
Produit par Marie Dupuy d’Angeac et Laurence Bachman
Directeurs de production Didier Carteron et Cédric Eyssautier
Direction littéraire Lolita Franchet et Charlotte Faure
Musique Axelle Renoir et Sathy Ngouane
Direction de la fiction française de France Télévisions Anne Holmes, Anne Didier
Conseillère de programmes Julia Girot-Benedetti

Alexandre Varga
David Brécourt

Avec 
Gwendoline Hamon (Florence Cassandre), Alexandre Varga (Pascal Roche), Dominique Pinon (Marchand), Jessy Ugolin (Maleva), Emmanuelle Bougerol (Kerouac), Soren Prevost (Procureur Chappaz), Vincent Jouan (Montferrat), Yann Sundberg (Antoine), Valérie Vérone (Sarah), Luca Malinowski (Jules), Fanny Ami (Lili), Serge Hazanavicius (Patrick Weber), Mélanie Maudran (Diane Weber), Elisabeth Mbaki (Camille Robert), Axel Naroditzky (Stan), Antoine Hamel (Olivier Clavel), Gabriel Diefenthal (Thomas Clavel),  Marie Berto (Maryline Rivière)

Emanuelle Bougerol, Gwendoline Hamon, Alexandre Varga, Dominique Pinon, Jessy Ugolin
Soren Prévost, Nicolas Robin, Fabrice Lang (FTV – Newen Studios)


Huguette s’en est allée

A mes tout débuts de journaliste, j’avais alors 20 ans, Marion Game a été l’une des premières rencontres que j’ai faites. Ceci grâce à Monique Gérard, attachée de presse des tournées Karsenty Herbert.
Une vraie attachée de presse comme on n’en fait plus, qui mettait toujours ses artistes en valeur et qui ne boudait pas les « journalistes de province » comme c’est le cas aujourd’hui où rencontrer un artiste – surtout dans la chanson – est un parcours du combattant. Le fameux « on vous écrira » est devenu « Envoyez un mail », auquel on ne répond jamais.
Mais bon, on n’est pas là pour pleurer mais pour dire un petit au-revoir à notre Huguette nationale, (surnommée Gueguette par son mari Raymond, alias Gérard Hernandez) que des milliers de spectateurs ont tant aimée.
Je rencontrai donc Marion Game à chacune des pièces qu’elle emmenait en tournée avec arrêt à l’Opéra de Toulon où nous nous rencontrions.
Elle n’a jamais été une star comme purent l’être Presle, Darrieux, Morgan mais a toujours été une comédienne on ne peut plus populaire. Chaque rencontre était parsemée de rires et d’humour.

Avec Sophie Brachet
Avec Luq Hamett

Avec « Scènes de ménages », surprise et heureuse, tout à coup elle entrait tous les soirs chez près de cinq mille spectateurs et ce fut un raz de marée de popularité et d’amour ! Je pus m’en rendre compte au festival télé de la Rochelle ou encore à la fête du livre de Toulon où elle signait ses souvenirs « C’est comment votre nom déjà ? ». A chaque fois c’était la folie.
Car d’un coup Marion s’éclipsait derrière ce personnage pourtant assez bête et méchant mais qui faisait rire tout le monde ! « Depuis « Scènes de ménages » – me confiait-elle – c’est comme ça. Un tel débordement d’amour et d’amitié, je n’aurais jamais cru cela possible en fin de carrière. C’est un succès inattendu et bien sûr, je ne vais pas cracher dessus tant il est fait de vraie émotion, de vraie joie, de vraie sincérité de la part du public qui nous invite chez lui tous les soirs.
A mon âge (elle allait alors avoir 80 ans), c’est un succès inattendu mais quelquefois encombrant. D’un côté, ça me fait plaisir mais de l’autre ça efface tout le reste de ma carrière et c’est un peu réducteur. Pour moi, c’était au départ un rôle comme un autre. J’ai fait, au théâtre et au cinéma tant de choses différentes et peut-être plus intéressantes qu’aujourd’hui j’en suis réduite à être Huguette. C’est presque trop énorme et du coup plein de gens oublient que je suis la comédienne Marion Game ».

Festival TV de la Rochelle
…Avec son complice Gérard Hernandez

Mais elle m’avouait quand même être heureuse de jouer un personnage bête et méchant qu’elle n’avait jamais joué auparavant et de plus, avec lui, de devenir aussi populaire.
« Nous avons avant tout cherché l’authenticité sans entrer dans la caricature, les dialogues sont précis et percutants, bien écrits et avec Gérard, qui est un ami de longue date, c’est le bonheur ». Si le théâtre ne l’oubliait pas, au cinéma c’était silence radio. Et même à la télé où elle regrettait qu’on ne pense pas plus à elle.
« Le métier aujourd’hui est géré par des technocrates qui n’y comprennent rien. D’autant que malgré le succès de la série, ça n’a pas changé grand-chose. Heureusement, le théâtre c’est ma survie, c’est ce qui me fait avancer… C’est mon schmilblic ! »
Au théâtre, j’allais la retrouver à Carqueiranne au festival « In situ » qui hélas a disparu, avec une pièce  de Sophie Brachet (Non, elle n’est pas de ma famille !), intitulée « C’est pourtant simple ! ». Nous avions rendez-vous en début d’après-midi à l’hôtel où elle était descendue. Elle y était accompagnée de son ami Luq Hamett, comédien, producteur, directeur de théâtre, qui devait jouer le lendemain mais qui l’accompagnait et était aux petits soins pour elle. Il m’apprit avec beaucoup de peine qu’elle avait un début de maladie d’Alzheimer et qu’elle ne pouvait pas rester seule.
Ce fut pourtant un après-midi de joie, de fous-rires, de souvenirs, même si, de temps en temps, elle perdait le fil de la conversation.

Mais je devais m’en rendre compte après le spectacle où, invité à un pot avec le maire elle vint me demander qui j’étais, alors qu’on avait passé la journée ensemble.
Par contre, avant de jouer, alors que Sophie Brachet et son mari Jacques Pessis nous avaient rejoints elle nous avouait : « Chaque soir, je suis liquéfiée, j’ai une peur panique de monter sur scène, je me dis : « Qu’est-ce que tu fous là ? Tu ne peux pas rester chez toi ? » Et puis je me dis que j’ai de la chance et une fois sur scène c’est le bonheur »

Un bonheur qu’elle ne tardera pas à devoir abandonner même si, durant quelque temps, elle continua de tourner pour « Scènes de ménages », comme elle le faisait depuis plus de dix ans.
Juste avant d’entrer en scène, elle s’écria : « Je veux rentrer à la maison ! ». Mais elle entra sur scène.
Et ce fut notre dernière rencontre.
Ciao belle amie !

Jacques Brachet
Photos Christian Servandier



Vincent NICLO : « Ma mission : transmettre »

Avec Vincent Niclo, c’est aujourd’hui une habitude : A chaque disque, une rencontre ou un appel pour en parler.
Et là, c’est pour parler d’un disque somptueux qui sort ces jours-ci : « Opéra Celte » qui, comme son nom l’indique, est composé de musiques celtique dont certaines sont connues et font partie du patrimoine, comme « Greensleeves », « Amazing Grâce », « Tri martelod », « La tribu de Dana », revus et corrigés façon opéra tout en gardant la substantifique moelle de l’esprit et des racines celtes.
La voix de Vincent est un diamant brut dans un écrin qui lui va à ravir de bombardes, de violons, de cornemuses, une ambiance, une fois de plus, très différentes de ses précédents albums. On se souvient des chœurs de l’Armée Rouge, de Luis Mariano, de tangos, de musiques classiques, de comédies musicales… Avec cette voix de ténor, il peut se permettre de tout chanter.
A chacun de ses disques, il nous surprend, il nous émerveille par la façon qu’il a de s’approprier une ambiance musicale, à chaque fois différente.
On ne pouvait donc pas ne pas parler de ce nouvel et magnifique opus.

Vincent, toi le parisien, comment es-tu venu à cette musique ?
Ça s’est imposé en moi car toute ma vie mes parents m’ont fait écouter cette musique et ça faisait très longtemps que j’y pensais. Je connaissais ces titres qui racontent tous une histoire et j’ai pensé que ça pouvait être un bel écrin pour ma voix. Je suis donc entré en studio pour enregistrer « Borders of salt » de Dan Ar Braz et je l’ai envoyé à Dan, car à chaque fois que je m’approprie des chansons des autres, je les leur propose afin de savoir s’ils sont d’accord. Dan m’a très vite répondu que j’allais dans la bonne direction. Il est venu à Paris avec sa guitare et nous l’avons enregistrée.
Dans toutes ces chansons qui font partie du patrimoine celte, comment as-tu fait ton choix ?
J’ai écouté énormément de choses et j’ai fait un choix par rapport à ma voix et mon espace. Il y a certaines que j’ai très vite enlevées et d’autres qui m’ont aussitôt accrochées. Il y avait aussi quelque chose d’important, c’est que les instruments celtes sont très puissants. Lorsqu’on joue avec le Bagad de Quimper il faut s’adapter à cette puissance musicale. J’ai donc dû choisir en fonction de ça. Avec l’équipage de Soldat Louis, nous avons fait des essais dans son moulin à Lorient et c’est là que nous avons enregistré « Fils de Lorient »
Lorsque j’ai contacté Martial j’ai eu envie de remanier le succès énorme de la reprise qu’il avait faite avec « La tribu de Dana » et ça a très bien collé.
Tu as fait une reprise très martiale de « Greensleeves » !
Ca s’y prêtait. C’est une chanson très forte, qui je trouve, développe une incroyable puissance. Lorsque tu l’as écoutée, elle ne t’a pas fait penser à une autre chanson ?
Non… laquelle ?
« Amsterdam » de Jacques Brel ! On y trouve la même puissance et je l’ai interprétée avec cette énergie et cette force.

J’ai été étonné de ne pas retrouver Alan Stivell, que pourtant tu chantes dans cet album.
Oui, j’ai enregistré « Tri martolod », « La suite sudarmoricaine » et, comme avec les autres, je lui ai envoyé les maquettes car je voulais son assentiment. Qu’il m’a donné d’ailleurs mais son planning ne permettait pas qu’il puisse se joindre à nous.
Et Nolwenn Leroy ?
Je n’ai collaboré qu’avec des auteurs et compositeur. Nolwenn, comme moi, n’est qu’interprète.
Evidemment, il y a l’incontournable « Amazing Grâce »
Oui, elle s’imposait à l’espace de ma voix. C’est devenu un cantique international. Ce sera d’ailleurs mon premier single et je la chanterai dans mes récitals.
Parlons-en : tu pars en tournée avec encore quelque chose d’original : les églises et les cathédrales.
Oui, j’avais très envie de faire ça mais pour cela, j’ai dû remanier tout mon répertoire car il y a des choses qu’on ne peut pas chanter dans les édifices religieux. C’est très strict. J’ai donc dû faire un choix et je pars aussi avec une petite formation qui s’adapte aux lieux. Il y aura bien sûr « Amazing Grâce » qui est à la fois un chant celte mais qui a aussi un côté gospel. C’est un vrai cantique chrétien.
Ta tournée ne possède qu’une date près de chez nous : le 25 mai à l’Eglise Notre-Dame de l’Assomption à Nice. Le Breton snobe les Provençaux ?
(Il rit). Non bien sûr mais ce n’est pas moi qui ai choisi les lieux et les villes. Peut-être des dates s’ajouteront-elles à la tournée… Il faudra donc que tu viennes à Nice !
A chaque disque, tu prends des chemins de traverses. Tu m’avais dit un jour : « Je suis un chanteur hybride »… Là tu l’es plus que jamais !
Oui, mais c’est ma façon de concevoir la musique car je suis curieux de découvrir des musiques différentes et tout part aussi du côté humain. Lorsque je m’intéresse à une musique, je découvre aussi l’âme humaine, une façon, un aspect différent et lorsque je découvre quelque chose, j’ai envie de le faire partager, je me donne pour mission de transmettre.
J’ai ainsi fait découvrir à beaucoup de gens la musique russe avec les chœurs de l’Armée Rouge, j’ai fait redécouvrir le tango ou encore Luis Mariano qui est à mon avis l’une de nos plus belles voix et qui fut la première rock star emblématique de la chanson. J’ai travaillé avec Pascal Obispo, avec Michel Legrand… J’aime varier les plaisirs, découvrir des choses nouvelles. Je n’ai pas envie de faire à chaque fois la même chose. Je m’ennuie très vite !

N’as-tu jamais pensé que tu t’éparpillais ?
Non, jamais, d’autant que, si tant est que je prenne des risques, c’est le public qui m’a toujours suivi qui m’a donné raison et je l’en remercie.
Alors, quelle sera la prochaine étape ?
(Il rit) Ah ça, je ne te le dirai pas mais saches que j’ai déjà trois projets pour mes trois prochains albums. Mais tu n’en sauras pas plus !
Comme tu aimes varier les plaisirs musicaux et autres, te voilà présentateur télé et peut-être bientôt comédien !
Animateur est un bien grand mot : Je me contente, depuis quatre ans de présenter l’émission « 300 chœurs » qui réunit des chorales amateurs et des chanteurs. D’ailleurs, nous sommes toujours en recherche de chœurs pour les faire connaître*. Et puis, depuis deux ans, je présente l’émission pour le Sidaction, avec Julia Vignali qui est une femme adorable et solaire. Nous fêterons cette année la trentième édition avec les 50 ans du disco.
Tous les chanteurs feront revivre cette musique festive…
Tiens, voilà une idée de thème pour un prochain album !
Pourquoi pas ? J’adore cette musique, sans compter que c’est une musique très vocale. Mais bon, pour le moment ce n’est pas dans mon actualité.
Alors, il se dit que tu aurais été approché pour devenir comédien. Info ou intox ?
Non, c’est vrai que l’on m’a proposé une pièce de théâtre que j’étudie. Pour l’instant je ne me suis pas engagé car j’ai une actualité chargée. Ce n’était pas prévu dans mon parcours mais pourquoi pas ? »

Pour l’instant, l’actualité est ce très beau disque « Opéra celtique » qui sortira le 31 mars et cette tournée en France avec arrêt à Nice le 25 mai.
Après… suivons la vie d’artiste de Vincent qui mêle la voix, le talent, la curiosité et laissons-nous mener par lui sur ses chemin de traverses  aussi inattendus que passionnants.
Salut l’artiste

Jacques Brachet

* » Bonjour les amis
Je suis ravi de vous voir toujours aussi nombreux à suivre l’émission les 300 CHOEURS sur France 3, une émission à laquelle je participe avec beaucoup de joie, tant j’aime les chœurs et les chorales de notre beau territoire.
D’ailleurs, sur toutes mes dates de tournée en église et cathédrale, j’aimerai inviter un chœur, une chorale de la ville ou de la région qui m’accueille afin de mettre en lumière votre talent !
Pour participer, c’est simple !
Envoyez votre candidature sur choeurs.vincentniclo@gmail.com avec vos coordonnées en ajoutant un lien youtube ou facebook ou encore un extrait audio et on vous recontactera si vous êtes sélectionnés.
J’ai hâte en tout cas de vous croiser sur les routes de France »
Bien à vous tous !

Vincent Niclo

Notes de lectures

Florence AUBENAS : Ici et Ailleurs (Ed de l’olivier- 355 pages)
Florence Aubenas , reporter- journaliste nous restitue un compte à rebours des évènements majeurs de la période 2015 à 2022 soit sept années.
Son livre est un recueil de reportages issus de son activité professionnelle de journaliste. Elle nous fait retourner sur notre époque avec des témoignages tous empreints d’une grande réalité sur le monde.
Les thèmes abordés tour à tour ne peuvent nous laisser indifférents et leur diversité nous montre un monde qui bouge : On passe, de l’engagement de deux jeunes gens en Syrie, du confinement à l’Ephad, de la police aux gilets jaunes, de la fermeture de la sucrerie de Toury, de la mort tragique d’un jeune agriculteur puis à la guerre en Ukraine…
Le livre révèle l’humanisme de Florence Aubenas, ses compétences à écrire avec simplicité la vie quotidienne de gens dans des situations personnelles exceptionnelles qui montrent l’évolution du monde.
Elle fait parler ses témoins en restant au plus près de la réalité des faits.
Livre intéressant, facile à lire mais à aborder en plusieurs étapes car chaque chapitre présente un sujet différent qui interpelle et questionne le lecteur.

Gérard ESTRAGON : « Cellou » (Ed l’Harmattan  – 283 pages)
Mais qu’est-ce qu’il nous fait, notre ami toulonnais Gérard Estragon ?
Est-ce l’âge qui exacerbe sa libido ?
Voilà qu’il nous offre un roman très particulier, non pas par l’histoire assez intéressante, mais chargée d’expressions égrillardes, de mots grossiers et crus, où « la baise » est à tous les étages, avec des filles plus que légères, ouvertes – dans tous les sens du terme – à des hommes chargés de testostérone !
C’est l’histoire d’une compagnie théâtrale médiocre, avec entre autres une  jeune comédienne, Germaine, au talent incertain mais avec une plastique qui fait chavirer les mecs, d’une liberté totale, passant de l’un à l’autre avec gourmandise et de quelques mec « queutards » qui en profitent largement. Sauf Marcel, dit Gilou, amoureux fou mais, à l’inverse de Germaine, timoré, terne et n’arrivant pas à exprimer son amour.
Georges, dit Jo, comédien de la troupe, en profite tout en lutinant Séraphine, autre comédienne de la compagnie, fille exaltée et anarchiste qui en fera un militaire révolutionnaire. Fait prisonnier il se retrouvera envoyé en Nouvelle Calédonie… Ou comme par hasard la compagnie ira en tournée. Sur un bateau où il se passe plein de choses dans les cabines et sur mer, durant plus de dix semaines, jusqu’à un incendie et après de multiples aventures, les voici donc, même lieu, même pomme. Et que pensez-vous qu’il arriva ?
Pendant que Celou est resté chez lui dans son magasin, s’organisant une petite vie plan plan, c’est Robert qui devient l’amoureux transi, pendant que Germaine couche avec tout ce qui bouge.
Et tout le monde couche avec tout le monde dans une folle liberté.
Mais que vient faire Celou, qu’on retrouve à la fin,  dans cette galère ?
Gérard Estragon, au contraire de ses autres romans dont « Frère Jean », « L’illusion du châtiment » et autre « Du sang dans le maquis », livres forts et sérieux, a l’air de s’être amusé à écrire ce roman aussi léger que ses personnages avec une totale liberté d’expression.
Venant de lui, un livre qui détonne et nous étonne. !

Charles-Henry CONTAMINE : La mort est derrière moi (Ed. Plon – 288 pages)
Ce roman est le roman du deuil.
Pierre apprend soudain le suicide de sa compagne qu’il adorait. Que comprendre alors qu’on  pensait tout savoir d’elle. ! La souffrance de l’amant est pire, du fait de ne pas l’avoir pressenti. Terrible échec qui l’amène à tourner la page de sa vie antérieure : travail, famille, amis il tire un trait sur son passé. Ne plus savoir, ne plus chercher, ne plus faire que ce que son instinct lui dicte : une rencontre inopinée le tirera de son marasme !
La vie est un éternel recommencement ! L’homme fort et fragile à la fois va se reconstruire au lieu de sombrer.
Belle étude des sentiments qui gouvernent la vie, écriture vive et sensible même si   l’on se sent parfois dans la démesure .  
Laurent ESNAULT : Parce qu’ils sont là (Ed Sixième(s) – 351 pages)
Un père avec deux fils, Romain l’ainé et Hadrien, celui qui malheureusement n’a jamais connu sa mère morte juste après l’accouchement.
Ce père est merveilleux, il élève magnifiquement ses deux garçons à Toulon, il jongle bien sûr avec les horaires, les enfants sont responsables mais le père est bien obligé de remarquer que Hadrien est très souvent absent et surtout trop silencieux. Que se passe-t-il dans sa petite tête ? Il cache manifestement quelque chose à son père qui avec beaucoup d’amour arrive à lui faire dire qu’il voit réellement sa mère, qu’elle lui parle, mais qu’il voit aussi d’autres personnes aujourd’hui décédées.
Ces manifestations se répètent, aussi le père décide de se faire aider par un ou une psychologue qui s’engage à suivre Hadrien. Et c’est là que le roman dérape vers ce monde des disparus.
Charlatans, attrape gogo ? Que répondre à un enfant ou un père éprouvé par un deuil ? Où se situe la vérité ? Comment trier le vrai du faux ? Faut-il laisser croire à la communication entre les vivants et les morts ?
Rien ne dit qu’il n’y a rien après la mort mais rien ne dit non plus qu’il y a quelque chose.
Un roman toutefois qui se lit avec plaisir. Mais le lecteur doit rester conscient qu’il ne s’agit que d’un roman.

Jean-Noël FALCOU : Cultiver des agrumes bio (Ed Terre vivante – 189 pages)
Tout, tout, tout… Vous saurez tout sur les agrumes…
Les citronniers, les limetiers, les combavas et les kimquats
Les orangers, les cédratiers, les clémentines et les yusus…
Dans notre région ensoleillée et peu pluvieuse, les agrumes poussent sans difficulté et ce livre signé de Jean-Noël Falcou, qui est agrumiculteur à Golfe Juan, les cultive sur 7.500 mètres, nous propose, de tout connaître sur ces beaux fruits jaunes et oranges gorgés de soleil et l’on est surpris de découvrir le nombre de variétés existantes.
De leur histoire à leur récolte en passant par leur plantation, leurs soins, le tout agrémenté de magnifiques photos, après avoir lu ce livre, on n’a qu’une envie : en planter soi-même dans un pot ou dans un jardin.
On apprend de plus à les traiter, les arroser car les agrumes sont un monde complexe et fascinant à ses yeux mais qu’il faut apprendre à planter, où et quand, à les tailler et à les récolter, à les protéger des intempéries, des maladies et des ravageurs.
Grâce à ce livre, Jean-Noël Falcou nous fait faire le tour du monde et l’on découvre la genèse de chaque agrume dont certains d’entre eux ont plus de cent mille ans.
Il nous apprend à aimer ces beaux fruits du soleil et en lever les mystères.
Un bel album tout autant instructif qu’artistique.
Arnaud ROZAN : Mémoires de maisons blanches (Ed Plon – 222 pages)
Après son premier roman « L’Unique goutte de sang » l’auteur offre au lecteur un livre étrange. Immédiatement le titre vous fait penser à la résidence du président des États-Unis à Washington, et les mains croisées sur la première page du livre sont bien celles d’une vieille femme…
Aurait-elle un lien avec le président actuel Joe Biden ?  Car il s’agit bien de Joe Biden, un président qui gravit les marches de sa résidence, mais aussi d’un homme qui a eu un fils, Beau, qui est né le même jour qu’un enfant dont la mère a supplié du regard ce président, alors seulement préoccupé par ses ambitions politiques et prétendant au siège de sénateur du Delaware.
Ce fils souffrira d’une tumeur au cerveau et avec un sang-froid, une dignité extraordinaires, il voudra jusqu’à son dernier souffle suivre l’évolution de son mal. Les deux enfants auront des destins tragiques, l’un par la maladie, l’autre car héritier de cette longue lignée d’esclaves venus du Ghana, enchainés encore aujourd’hui dans une société raciste.
L’auteur remonte à la création de la ville de Washington avec cartes à l’appui, le traçage exact du périmètre et les tractations entre George Washington, Alexander Hamilton et Thomas Jefferson, sans oublier les cales toujours remplies d’esclaves noirs. Et parmi ces esclaves, ceux qui n’auront pour seule richesse qu’une demi-calebasse décorée d’un crabe bleu, à eux de retrouver l’autre moitié pour construire leur histoire.
Ce livre est une plongée dans l’histoire des États-Unis, un état construit avec la sueur des esclaves, un passé qui hante encore aujourd’hui l’histoire de ce pays. Joe Biden a tant à accomplir mais pour cela il lui faudra tenir compte de cette déchirure, de cet arrachement, de cette mémoire qui fait le présent de la Maison Blanche.

Cécile David-Weill  la Cure (Edi Odile Jacob – 324 pages)
Dernier livre de l’auteure franco  américaine, qui nous raconte un séjour en cure d’amaigrissement dans une station du sud de l’Espagne ; elle y rencontre quatre personnes : trois femmes et un homme. Détail amusant parmi d’autres : l’auteure est dans la vie chroniqueuse gastronomique. On lit beaucoup de détails sur les différents menus et aussi sur le jeûne, moins on mange et plus on paie ! On a le droit de changer son choix en cours de cure.
Tout le monde vit en huis clos, d’où certains problèmes qui prennent des proportions  importantes. Des amitiés se créent,  d’autres se dénouent, on suit les évènements au jour le jour, la cure dureantdouze jours, chaque jour donnant lieu à un chapitre  nouveau. Ces problèmes sont souvent causés par les femmes et résolus par elles,
Par moments, cela paraît un peu long. Le texte se veut humoristique  et ironique, c’est vraiment un livre d’aujourd’hui . A chacun de le lire et de se faire une opinion !
Samuel DOCK : L’enfant Thérapeute (Ed Plon – 334 pages)
Récit autobiographique, inspiré de faits réels écrit par Samuel Dock, docteur en psychopathologie exerçant dans la protection de l’enfance.
Ce livre est construit en 3 parties :      
La première raconte des retrouvailles familiales pour fêter Noël.
Elle illustre des relations pathologiques ou la mère surprotège excessivement sa fille, droguée et fragile mentalement. Samuel, l’auteur, lui, est en quête de l’attention et de l’amour de sa mère. Il remémore des souvenirs de son enfance et s’adresse par la pensée directement à sa mère comme dans un face à face et nous fait partager toutes ses souffrances mêlant colère, culpabilité et besoin malgré tout de réparer, de sauver cette mère.
La deuxième partie constitue le journal écrit tardivement à 68 ans par la mère, après qu’elle ait fait une psychothérapie. Elle décrit son enfance maltraitée, les sévices physiques, et psychologiques qu’elle a subi par un père violent, elle, la dernière enfant d’un fratrie de quatorze enfants.
La troisième partie, c’est le temps de la résilience et la parole devient remède. L’auteur renoue des liens  différents avec sa mère, de plus en plus sereins. Samuel l’entend, la comprend et ils se découvrent.
Ce livre amène réflexion et plusieurs enseignements : le renoncement à secourir l’autre pour se sauver soi-même; faire le deuil de son enfance impliquant de faire celui de l’enfance de sa propre mère; la parole salvatrice.
Ce livre sur les violences familiales, d’une grande profondeur et d’une grande densité sur l’enfance maltraitée, ne peut laisser le lecteur indifférent émotionnellement.
L’analyse des relations familiales, très finement décrite et écrite rend ce livre poignant.

Notes de musique

STÉPHANIE ACQUETTE – Chacun pour soi – Frémeaux & Associés (FA 8599) – 13 titres.
Stéphanie Acquette entre en musique dès l’âge de 8 ans par une pratique peu courante en France : Cornemuse et flûtes irlandaises. Puis elle apprend la guitare et la basse avec des musiciens russes et tziganes, plus des études au conservatoire de Créteil. La voici chanteuse. Si on y ajoute des études à Sciences PO, cela ne pouvait donner que quelque chose de bien : une artiste complète. Elle a fait ses classes dans différents  lieux dont les 3 Baudets, l’Eden, le Volcan, etc.
Une voix vibrante, pleine de charme et de tendresse, de décontraction, ou de punch, et toujours de l’élégance. Et elle chante vraiment, de vraies chansons, avec de bons musiciens et de bons arrangements. Musiciens divers selon les morceaux.
La chanson éponyme qui ouvre l’album « Chacun pour soi » pose d’emblée les qualités de l’artiste. Musique qui coule bien sur une bonne rythmique, paroles fortes : introspection, liaisons amoureuses ou amicales (ce qui en découle), histoire contemporaine, contradictions : Exemple «A croire que seul on n’est plus personne » alors que la chanson s’appelle « Chacun pour soi ». Bravo l’artiste ! Côté paroles on trouve de belles images de poésie : On ne risque plus rien / Que d’être / Un soupir avorté / Par un pas de côté. » Au fond toutes les paroles sont à citer, qu’elles soient de Stéphanie ou de Juan Tabakovic, c’est de la littérature qui donne des images de l’humaine condition et du temps présent, et qui poussent à penser. Les mélodies sont à croquer. Quelques rythmes latinos pimentent le parcours musical. « Je m’en vais » est assez emblématique l’art de Stéphanie Acquette. Avec elle on est dans la belle tradition de la chanson française.
NOGA – Songs That Light The Night – Evidence Musique – 11 titre
Chanteuse, pianiste, auteure, compositrice, improvisatrice, pédagogue, libre penseuse, fantasque, voyageuse de l’âme, c’est ainsi qu’on définit Noga (étoile du matin en hébreu), née à Genève, de parents émigrés d’Israël, élevée en plusieurs langue, elle travaille beaucoup sur le souffle et la voix. Elle a déjà plus de 10 albums comme bagage. « Elle cherche en tout cas à rétablir le lien entre le passé et l’avenir, le visible et l’invisible, pour vivre le présent à cœur ouvert. »
La voici avec son deuxième disque en hébreu, LEV, inspiré par des poèmes, des psaumes, des chansons traditionnelles. Les mélodies s’appuient sur des modes sépharades ou ashkénazes, me semble-t-il, mêlés aux gammes occidentales. Il en va de même pour les rythmes : orientaux, africains, pop. Le choix des instruments accompagnateurs : piano, sanza, flûtes diverses, synthétiseurs, violoncelle, théorbe guitare, contrebasse, sont constitutifs de ce creuset musical. On pourrait craindre un mélange extravagant. Il n’en est rien. Quelques exemples : « Shevet Hachayot » repose sur un rythme africain lancinant, la sanza dans le rôle de la kora. « Honneni » est tout à fait oriental. Etc.
Noga chante avec une voix solide mais flexible sur les modulations, chaude avec une pointe acidulée, du charme et de la conviction. Dommage que je ne comprenne pas l’hébreu pour goûter le sens des textes.
Ce disque vous emporte en plein dans la musique et la poésie sans frontières.
(Ne pas confondre NOGA avec la jeune Noga Erez)

LEO SIDRAN – What’s Trending – Bonsaï Music  (BON230302) – 13 titres
Léo Sidran est le fils de Ben Sidran, pianiste et chanteur de jazz éminent ; voilà qui aide à l’entrée en musique. Encore au lycée il joua de la batterie dans le groupe de son père, même dans les enregistrements, et participa à des shows avec des jazzmen, Richard Davis (b), Frank Morgan (s),et Richie Cole (s). ll est chanteur et multi instrumentiste : claviers divers, batterie, percussions, basse, guitare et vibraphone. Il étudia à l’université du Wisconsin, puis passionné par l’Espagne et sa langue il étudia une année à Séville. On retrouve cette influence dans toute sa production. (Ici dans « Everybody’s Faking Too ») Il vit maintenant à Brooklyn. Il est aussi producteur. Pour son huitième disque il a fait appel à 21 musiciens utilisés à la demande selon les morceaux.
Il possède une voix assez crooner,  chaude et charmeuse, comme celle de son père, mais un peu plus nasale. A noter une diction parfaite et de la douceur dans les inflexions.
Dans l’ensemble on peut dire que c’est du jazz, tant par les arrangements, les solos, même si la rythmique est assez rock sur les quelques tempos rapides. Ecouter « There was a fire » avec Mark Dover à la clarinette solo. C’est une valse lente à écouter allongé devant la cheminée. Le groupe est excellent dans les tempos lents, toute la nostalgie du slow « It’s All Right », ou encore, « Hanging by a Thread », c’est cela, on est pendu au fil du plaisir.
CHRIS CODY – The Outsider –  Chris Cody Music (CCM012) – 9 titres enregistrés en juillet-aôut 2022
Chris Cody est un musicien de jazz australien. Il joue et enregistre dans différents pays, notamment la France où Il a souvent séjourné. Après son diplôme en jazz du Conservatoire de Sydney et quelques récompenses, Chris Cody quitte l’Australie pour jouer aux Etats Unis et ailleurs dans le monde, partageant la scène avec les plus grandes « pointures » du jazz. Il compose également pour le théâtre, le cinéma et la télévision. Il doit être à la tête d’une dizaine de disques sous son nom.
Un jeu de piano (Chris Cody) enthousiasmant, lumineux, qui respire, avec des attaques tranchantes, une main gauche en appui avec des accords très personnels, sur une main droite qui chante. Ses compositions reposent sur de belles mélodies et les arrangements qui entourent et accompagnent les solos sont basés sur les cuivres, phrases toujours mélodiques, le plus souvent en tenues, avec des voicings très proches qui leur confèrent un son d’ensemble très riche. La rythmique swingue avec un vrai batteur de jazz (James Waples) qui donne le tempo, suit et relance, et une contrebasse (Lloyd Swanton) très souvent en contrepoint du piano. Ça roule tout seul.
A noter un ténor charnu (Michael Avgenicos), très en verve, un trombone (Alex Silver) au son grave et puissant, une trompette agile au son cuivré (Simon Frerenci), un percussionniste qui sait se fondre dans le drumming, et un oud au jeu très enlevé, très arabo andalou, comme « La Goutte d’Or », une petite merveille. On n’oublie pas le blues « The Truth », oui la vérité du jazz et un court piano solo « Reflection », un Chopin en mode phrygien!
Un disque parfait pour les auditeurs fatigués des complexifications d’un jazz trop savant, ou trop Musique du Monde. Partir de la source pour arriver à la mer.

Serge Baudot