Le monde fantastique de Patrice GARCIA

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Du plus loin qu’il s’en souvienne, Patrice Garcia a toujours dessiné. De plus, n’ayant pas beaucoup de jouets, il se les fabriquait et créait déjà un monde à lui, des personnages de science fiction.
Bien lui en a pris puisqu’il a fait de ces premiers éléments (avant le 5ème qui arrivera plus tard !), un métier fait d’imagination et de passion, qui l’a amené à créer des BD, des clips, des séries TV et puis, il y a eu la rencontre avec un certain Luc Besson;
Belle trajectoire que Patrice me raconte, installé dans un café de Six-Fours où nous vivons tous les deux.

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Le 5ème élément

Patrice, comment, d’amateur, as-tu sauté la pas ?
D’abord, pour vivre, j’ai fait plein de petits boulots jusqu’à ce que Séline, ma compagne, m’encourage à faire de ma passion un métier. J’ai donc créé ma première BD « Allande ». A l’époque, il y avait beaucoup moins de concurrence qu’aujourd’hui et ça n’a pas été trop difficile.
« Allande » c’était quoi ?
Une BD d’héroïc Fantaisy en couleur directe. Ça n’était pas d’une beauté extraordinaire, ce n’était pas encore très abouti mais ça avait le mérite d’exister et de me mettre le pied à l’étrier. A l’époque, il n’y avait pas encore d’école pour ce genre de métier, j’ai appris sur le tas. Mon travail était expérimental mais j’avais ma façon de raconter les choses car j’ai toujours créé des histoires fantastiques, avec l’aide de Séline car nous collaborons toujours ensemble.
Ce goût de la science-fiction t’es venu comment ?
Petit, je regardais à la télé de petits films de SF en noir et blanc qui m’ont très vite passionné; j’étais même malade si j’en ratais un ! Ce goût-là ne m’a jamais quitté.

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Le 5ème élément – Arthur et les Minimys

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Tu es ensuite passé au cinéma ?
Oui, tout à fait par hasard. Luc Besson était venu à Toulon présenter son film « Atlantis ». J’avais préparé un dossier mais, ne pouvant pas l’approcher, je l’ai confié à Eric Serra, le musicien qui signe toutes ses musiques de films. Un an après, une assistante de Luc m’a téléphoné pour savoir si je voulais collaborer avec lui sur « Le 5ème élément » qu’il mettait en chantier. Il trouvait que mes images, mes illustrations, correspondaient à ce qu’il voulait réaliser. Je suis donc entré dans l’aventure et j’ai travaillé un an à Paris et six mois en Angleterre.
Qu’as-tu fait sur ce film ?
J’ai créé les décors, les véhicules, les personnages comme la fameuse diva.
Et tu as continué ?
J’ai pris beaucoup d’autres chemins; je suis revenu à la BD avec « Les fils de la nuit » et « Le rempart de sang » puis j’ai été contacté par Hélène Giraud, la fille de Moebius, qui m’a proposé de travailler sur des séries TV comme « Highlander » ou « Le magicien ». J’ai travaillé longtemps avec elle sur ces séries. J’ai aussi travaillé aussi avec Guillaume Ivernel sur « Le chasseur de dragons »

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Le 5ème élément

Puis il y a eu ta rencontre avec Mylène Farmer !
Surtout avec Jean-Christophe Spadaccini qui m’a proposé de travailler sur le design et le maquillage sur son clip « Paradis inanimé » puis plus tard sur « City of love »; Cela m’a beaucoup intéressé car c’était une nouvelle expérience, un nouveau challenge car il faut travailler vite. c’est donc une toute autre façon de travailler.
Et comme tu le disais, tu aimes varier les plaisirs, et il y a eu les pubs !
Oui, j’ai aussi fait beaucoup de pub dont les plus prestigieuses sont Renault, Dior, Chanel. J’en ai fait beaucoup d’autres. Chanel, je l’ai d’ailleurs faite avec Luc Besson.
Que tu a donc retrouvé !
Oui, pour « Arthur et les Minimoys » où Séline a écrit l’histoire. Et là, ça a été une très longue production. J’ai bossé deux ans en amont, j’ai réalisé le pilote, l’univers visuel; durant un an j’ai été réalisateur mais c’était trop compliqué et j’ai arrêté. J’ai préféré continuer sur la création visuelle; C’est une aventure qui a duré 7 ans car ça a été une réalisation très complexe.
Et puis il y a eu « Valérian et la cité des mille planètes »;
Tu as aussi réalisé des projets plus personnels ?
Oui car j’adore être à la création de pilotes, j’aime développer des univers, des concepts, donner l’intention du projet; mais réaliser n’est pas une finalité pour moi. Après je passe la main à ceux que j’appelle « les pirates », des gens motivés, de vrais mercenaires !
Tu travailles toujours avec Séline ?
Nous sommes indissociables depuis plus de trente ans. Elle écrit, je me cale sur elle le projet évolue en cours de route. Nous avons beaucoup de discussions, des disputes quelquefois mais on trouve toujours un terrain d’entente. J’aime cette confrontation d’idées, nous nous nourrissons l’un l’autre, ce qui fait avancer les projets.

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Valérian -Arthur

Justement les projets : et la BD ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour, j’ai trop de choses à faire. Mais j’y reviendrai quand j’en aurai vraiment envie, quand ça commencera à me manquer.

Propos recueillis par Jacques Brachet