RAMA YADE : BAIN DE FOULE A HYERES

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Venue quelques jours avant le premier tour des élections, soutenir à Hyères le candidat UDI Francis Roux, Rama Yade a pris un bain de foule ensoleillé sur le marché. Foule dense, souriante, amène, admirative de sa beauté, la femme politique la plus aimée de France a fait un véritable carton de popularité, se faisant offrir, tout au long du marché, plein de petits cadeaux dont beaucoup de fleurs.
C’est au restaurant de l’Hyppodrome, où le calme était revenu, qu’elle nous a offert un fort sympathique moment d’entretien.

Née au Sénégal, à Dakar, Rama Yade est baignée dans la culture par sa mère, prof de lettres et par la politique par son père diplomate et secrétaire prticulier de Léopold Sédar Senghor. Elle ne viendra à Paris qu’à l’âge de 11 ans.

Rama Yade, quels souvenirs gardez-vous de votre petite enfance à Dakar ?
D’excellents souvenirs. j’y ai vécu une enfance heureuse, studieuse et familiale.

Votre déracinement vers Paris a-t-il été difficile ?
Je vous dirai à la fois oui et non.
Oui parce que pour une enfant que j’étais encore, ce n’est jamais facile de se retrouver dans un autre pays, avec une autre façon de vivre, avec des gens différents, des gens qu’on a quittés.
Non car je connaissais déjà la France, nous y avions des relations très étroites et l’école et le voisinage ont fait que je m’y suis facilement adaptée. Et puis, à cet âge là, on s’adapte très vite.

Je pense que la politique, de par votre père, est venue tout naturellement à vous ?
Je dirai que c’est le goût politique de mes deux parents qui ont fait que, très jeune, je m’y suis intéressée. Ils en parlaient souvent entre eux et avec moi. Cela a développé chez moi le goût de l’engagement, des vraies valeurs. C’est pour cela que j’ai fait Sciences Po et que je suis devenue administratrice au Sénat. Je voulais m’engager dans quelque chose de plus grand moi. J’ai eu la chance de vouloir et de pouvoir rencontrer Nicolas Sarkozi et tout a démarré très vite.

Lorsqu’on est femme, black, qui plus est jeune et belle, est-ce un atout ou un handicap dans ce milieu macho !
Elle rit. D’abord, si vous dites que je suis belle, je vous en remercie mais bon, est-ce un atout ou pas ? En tout cas, rien de tout ça a été un handicap pour moi. C’est peut-être un handicap par rapport à certaines personnes qui ont des préjugés, à qui l’évolution de la vie et des femmes échappe. Certains me perçoivent comme une étrangère, ce sont des jugements qui datent un peu aujourd’hui qui font que ces gens voudraient que tout le monde leur ressemble. Tant pis pour eux, moi, je suis bien dans mes baskets.

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J’aimerais savoir ce que vous pensez de la parité en politique ?
Que voulez-vous que j’en pense ? Évidemment que je suis pour et ce n’est pas parce que certaines se retrouvent sur des listes par la force des choses, parce qu’il faut qu’il y en ait autant que des hommes, que c’est une mauvaise chose. Vous savez, on trouve sur les listes autant de types incompétents que de femmes. Ni plus ni moins. Donc je dirai que c’est même nécessaire car cette parité a permis à des femmes de valeur d’émerger.
Tant pis si certaines mentalités n’ont pas envie d’évoluer et que certains prennent des femmes simplement par alibi ou pour discréditer la politique.
Et puis je vous dirai que si certaines femmes ne sont pas au niveau, elles ne peuvent pas suivre longtemps. Et celles qui restent sont vraiment des femmes intéressantes et magnifiques.

Vous avez écrit, voici quelques mois, un livre paru aux éditions du moment « Les carnets du pouvoir ». Certains y ont vu un livre « règlements de comptes. Qu’en pensez-vous ?
Chacun y voit ce qu’il veut bien y voir. Moi j’ai surtout voulu raconter trois ans de ma vie au gouvernement, y montrer les joies et les difficultés car, pour en revenir à votre question de tout à l’heure, je n’ai pas fait l’unanimité lors de mon arrivée si rapide dans le paysage politique. Ca en a gêné plus d’un, plus d’une et même si l’on veut passer au-dessus, il y a des choses, des mots qui blessent, qui choquent
Mais comme partout ailleurs je pense, il y a les jalousies, les coups bas, j’ai entendu beaucoup de choses et des gens bien intentionnés m’en ont aussi rapporté. J’ai voulu raconter tout ça et surtout témoigner de mon cheminement, des écueils que j’ai rencontré, des beaux moments aussi que j’ai vécus, montrer un peu les coulisse du pouvoir.
J’ai rencontré de belles personnes, de moins belles, je le raconte sans acrimonie, sans regrets, sans amertume, sans esprit de vengeance. Toujours avec honnêteté, je pense et avec franchise… ce qu’on m’a souvent reproché !

Passer de secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l’Homme, au sport, comment se fait une telle reconversion ?
Tout d’abord on ne choisit pas, on vous impose. On est libre d’accepter ou pas et j’ai accepté car j’avais envie de continuer à appartenir à ce gouvernement car je savais que j’avais des choses à y faire.
Vous savez, entre le sport et les droits de l’homme il y a beaucoup de points communs comme les valeurs de tolérance, de fraternité, d’ouverture aux autres. On les retrouve dans les deux.
Et puis le sport m’a beaucoup apporté. Il m’a d’abord permis, et c’est loin d’être négligeable, de rencontrer tous les plus grands joueurs du monde. et puis, restera de moi l’organisation de l’Euro de football en 2016 et celle du Ryder Cup de golf 2018 et ne serait-ce que pour cela, je suis fière et heureuse d’y avoir contribué et que ça puisse se réaliser.

Vous êtes, parmi les femmes politiques, la femme la plus aimée du public et de beaucoup  de jeunes… Qu’en pensez-vous ?
Si c’est vrai, ça ne peut que me faire plaisir. Et je pense que je dois ça à mon franc parler, à ma façon d’être à l’écoute des gens, à mes convictions et mon honnêteté. Je suis claire dans mes idées et dans mes convictions, si quelque chose me contrarie, je le dis. Peut-être que les gens n’ont pas l’habitude de cette façon de faire ! J’espère que les Français continueront à m’écouter et que j’aurai, dans l’avenir, l’opportunité de faire encore plein de choses et continuer à être acteur de la vie politique…

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Propos recueillis par Jacques Brachet