LA SAGA SOULEIADO : L’INDIENNE EST PROVENCALE

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Né sur les hauteurs du Mt Faron, dans une clinique aujourd’hui disparue, Stéphane Richard est un -presque ! – pur Toulonnais, son père ayant fait carrière à l’arsenal et sa mère étant de descendance ardéchoise. Mais du plus loin qu’il remonte, sa descendance paternelle et de la vraie race des Provençaux et la marque Souleiado a bercé son enfance, sa grand mère portant déjà des vêtements de cette marque.
Si la marque est née en 1939 grâce à Charles Déméry, un entrepreneur tarasconnais, il faut remonter à 1648 pour voir naître ce que l’on a appelé l’indienne, une cotonnade en provenance des Indes, d’où son nom, qui était débarquée sur le port de Marseille. En 1660, des imprimeurs qui créaient des cartes à jouer, ont l’idée de créer des cartons divers et colorés pour imprimer sur ces indiennes.
Colbert créant en 1664 la Compagnie des Indes, la haute bourgeoisie va s’accaparer ces étoffes dont la mode sera lancée à la cour de Louis XIV par Madame de Sévigné. Hélas, le roi voit d’un mauvais oeil cette indienne qui concurrence fortement les soieries de Lyon. D’où son interdiction en 1680. Suite à des révoltes et des insurrection, Louis XIV, encore lui, fait brûler tout ce qui concerne les indiennes.
C’est alors l’exil en Suisse et en Allemagne pour tous ces créateurs, avant de revenir en Avignon qui est une enclave papale. Mais le commerce est trop limité. L’indienne ne sera réhabilités qu’à la Révolution, ce tissus devenant le vêtement du peuple.
Mais auparavant, grâce à un Suisse, Jean-Rodolphe Wette, qui implante des techniques d’impression sur coton, l’indienne revient en force et Aix-en-Provence devient alors la ville phare de cet industrie. Dès 1744, des dessinateurs issus de l’Académie de peinture de Marseille, créent des milliers de tampons et dès 1757, installé à Orange après sa faillite à Aix, Wette exporte en Espagne, au Portugal et dans tout le Nord de l’Europe.
En 1806, Jean Jourdan crée sa manufacture à Tarascon dans un ancien hôtel particulier devenu aujourd’hui le Musée de l’indienne. Reste de son travail quelque 50.000 tampons exposés au Musée. Reprise d’abord par un pharmacien, lui succède alors Charles Déméry qui crée en 1936 la marque Souleiado. En 1939, le mythe est né mais va devenir un phénomène de mode en 1947. Alors que Mme Déméry s’est elle-même crée une robe avec ses tissus, de passage à St Topez Mme Vachon tombe sous le charme et veut lui acheter sa robe. Le mariage Vachon-Souleido devient un duo référence et la mode est lancée, créée dans les ateliers Dior.
1970 verra un nouveau tournant avec Chantal Thomass qui adapte ses créations à ces tissus, devenant ainsi une marque de prêt è porter de luxe..
Mais en 1986, avec la disparition de Charles Déméry, peu à peu Souleiado s’endort. De deux mille points de vente il ne reste plus que huit magasins. Et la marque se « santonnise ».

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Et c’est là que vont intervenir nos Toulonnais père et fils qui, attachés à la marque et désolés de la voir dépérir, reprennent les choses en main en 2009.
Et Souleiado renaît de ses cendres. Notre duo  diversifie la marque en créant robes, chemises et chemisiers, sacs, chaussures et accessoires. Aujourd’hui il sont à la tête de dix-huit points de vente, dont trois dans le Var * mais ils veulent avant tout rester dans la région où est née l’indienne… hormis à Hong Kong car les Chinois essaient de récupérer leur savoir-faire et ils gardent l’œil sur eux !
Si leurs créations sont typiques de la culture provençale, leur mode est à la fois intemporelle et contemporaine, s’adressant aussi bien aux jeunes qu’aux moins jeunes, aux homme qu’aux femmes.
Deux personnalités d’ailleurs sont devenues leurs meilleurs ambassadeurs : Michèle Torr et Henri-Jean Servat à tel point que ce dernier a prêté sa superbe collection de quelque trois cents chemises au Musée de Tarascon !
Diversité des matières, des dessins, des couleurs font de Souleiado une mode tout à fait inclassable, originale et populaire.

Jacques Brachet

*Hyères : 1, rue Massillon – 04 94 14 94 08
Toulon : Centre Grand Var Est – 04 94 58 96 85
St Raphaël : Promenade René Coty – 04 98 12 02 97