Jamais la médiathèque de Sanary n’a vu tant de têtes pensantes réunies autour de la même table. Grâce à Georges Klimoff et Oleysia Sudzhan, Russes et Français, unis par une même passion, un même but, génies modernes qui oeuvrent dans la même direction, dépassant les langues originelles, se retrouvaient en ce lieu pour nous faire rêver.
C’était à la fois émouvant et excitant de voir côte à côte deux magnifiques astronautes, le français Jean-Pierre Haigneré, le russe Oleg Kotov, entourés d’éminents scientifiques comme Hans Schneider, ingénieur scientifique qui travaille sur les champs magnétiques, Peter Weiss, responsable du département « Espace » de la COMEX, Michel Fadeev, directeur du département des communications de Roscosmoss, agence spatiale russe, Patrick Strozza, chargé de mission par l’Inspection Pédagogique Régionale, coordinateur académique d’Edusismo-Provence.
Qui aurait pu imaginer, voici 50 ans, de voir devenir ce qui était alors de la science-fiction, le présent et le futur qui a fait qu’aujourd’hui, on a vraiment marché sur la lune, on marchera un jour sur Mars et la conquête de l’espace ne s’arrêtera plus. Hergé, Verne et quelques autres étaient des visionnaires et seraient fiers et heureux de voir ce qui se passe aujourd’hui entre la terre et le ciel.
Oleg Kotov et Ollesya Sudzhan – Georges klimoff avec Jean-Pierre Haigneré et Oleg Kotof
Malgré cela, Oleg Kotov était encore ébloui par ce qu’il découvrait de la Provence… Comme quoi la terre a encore son charme !
Médecin, ingénieur, pilote, cosmonaute, il se souvient que la collaboration avec la France date déjà de 50 ans et qu’elle ne s’est jamais démentie depuis. L’Amérique aussi a joué son rôle et ce n’est d’ailleurs que de cette façon, précisait-il, en alliant les moyens de chacun, que l’exploration de l’espace pourra se poursuivre.
Il nous a proposé des photos et un film afin de nous montrer la vie dans une station de l’espace. Une vie de tous les jours avec de nombreuses tâches à effectuer, des expériences à faire très techniques mais aussi pratiques, comme faire pousser des plantes dans l’espace, la façon de se mouvoir, et comme il n’existe ni haut ni bas, la façon de dormir debout dans un sac de couchage accroché aux parois, ou encore la façon de s’alimenter.
Il nous a proposé des images sublimes vues du ciel, de notre planète, images magiques de déserts, de champs, de villes, de montagnes et même d’orages impressionnants.
Il se souvient aussi d’avoir fêté deux de ses anniversaires en plein ciel, souvenirs inoubliables, tout comme son collègue Jean-Pierre Haigneré qui a aussi quelques souvenirs similaires (voir interview).
Hans Schneider – Un échantillon de la nourriture des cosmonautes
Hans Schneider nous avoue avec humour et son bel accent, qu’il n’a jamais quitté la terre mais, spécialisé dans les champs magnétiques, il nous explique que si la terre possède des millions de grains de sables, il y a dans l’espace encore plus d’étoiles… quelque 200 milliards identifiées !
Sur terre comme dans l’espace, c’est le champ magnétique qui nous protège, sans cela il n’y aurait pas de vie possible.
« En ce moment – nous précise-t-il -nous essayons de prouver l’existence de la matière noire, nous tentons de la mesurer. Les travaux sont en cour, toutes nations confondues et nous poursuivons une coopération fructueuse avec le Centre de Recherches Nucléaire de Russie ».
Il nous avoue encore sa passion et toute sa vie dédiée à la science, à la recherche, qui l’a amené à recevoir avec son équipe, le prix Nobel.
Patrick Strozza (à droite) et ses collègues
Et puis, à côté de ces éminents scientifiques, un « simple » professeur, selon ses dires, mais tout de même chef de l’Inspection Pédagogique Régionale, Patrick Strozza, qui, avec quelques collègues de collèges d’Aix-en-Provence et de Valbonne a monté un projet éducatif, avec la collaboration de la Nasa et de l’Agence européenne de l’Espace, autour de la mission « Insight », dont le module a été lancé ce samedi, donc un jour après cette rencontre, pour une arrivée prévue sur la planète Mars en novembre de la même année. L’engin est en fait une station géophysique fixe qui déploiera deux instruments principaux et qui convoiera aussi avec lui deux micro-puces sur lesquelles seront gravées les noms de centaines de milliers de personnes qui se sont inscrites sur le site de la NASA l’année dernière.
« Nos élèves – dit-il – sont les futurs touristes de l’espace et ce samedi à 13h, de la NASA en Californie, ils assisteront en direct à son lancement. Il est doté de capteurs européens et possède une station sismologique conçue par les Français afin de réaliser des échographies et des forages sur Mars, d’enregistrer les nombreux séismes et d’en découvrir les origines »
Pour cela, ils ont réalisé de superbes panneaux pour expliquer la mission et les élèves vont suivre ces recherches au jour le jour et faire des études en direct.
Une magnifique idée pour ouvrir aux ados les portes de l’espace et certainement susciter des vocations.
Patrick nous a dit sa joie et son honneur de rencontrer aujourd’hui de tels scientifiques, se sentant tout petit à côté d’eux !
Tout petit peut-être, mais à sa place, avec ses collègues car il fait partie de cette chaîne qui, au fil des années, fait découvrir un monde encore mystérieux que l’on n’a pas fini d’explorer.
Jacques Brachet
Photos, Monique Scaletta